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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Il est 10 heures du soir, ce 6 octobre 1789, lorsque le carrosse royal emmenant Louis 16, Marie-Antoinette, Madame Royal et le dauphin Madame Royal a dix ans. Le petit dauphin est le deuxième dauphin à 4 ans, lorsque cette grosse voiture arrive au palais des Tuileries, à Paris. Environne est entouré d'une foule considérable. On arrive de l'hôtel de ville où la famille royale a effectué une longue halte.

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Il faut vous dire que le carrosse est parti du château de Versailles à une heure de l'après midi, sous les vociférations, les sarcasmes du peuple de la capitale qui les a escortés tout au long du parcours. Le roi, la reine, les enfants. Il faudrait parler aussi du comté de la comtesse de Provence. Bref, tout le monde était épuisé. Plusieurs ministres et gentilshommes attendent la famille royale à l'intérieur de ce grand palais des Tuileries qui a été vidé depuis des décennies, dont la plupart des appartements sont inhabitables.

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Marie-Antoinette est au bord des larmes. Elle qui n'a jamais montré la moindre faiblesse s'est drapée dans la dignité face à cette foule qui n'est pas encore tout à fait la foule haineuse qu'on connaîtra au moment du retour de Varennes, mais qui, déjà, est une foule assez malveillante, en tout cas très excitée. Au milieu de ses proches, la reine essaie de se rassurer en cherchant le seul regard qui lui manque, celui d'Axel de Fersen. Elle ne trouve pas Axel.

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Il était bien là pour accueillir la famille royale. Seulement, le secrétaire d'État à la Maison du roi, le comte de Saint-Priest, lui a demandé de quitter les lieux. En effet, le ministre a considéré que la présence du favori de la reine pouvait provoquer un nouveau déchaînement de colère des Parisiens. Bref, il constitue en quelque sorte un péril pour le couple royal et pour Fersen lui même. D'ailleurs, Fersen est très proche de la reine. Il faut, il faut le dire, ça fait des années maintenant que cette proximité là lui vaut une forme d'impopularité.

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La rumeur en a depuis longtemps fait l'amant de la reine. Certains prétendent même qu'il serait le véritable père de ce second fils de Marie-Antoinette. Ce petit dauphin dont je vous parlais.

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Fersen est aussi accusé d'être un des instigateurs d'une espèce de complot visant à anéantir la révolution du 16 juin au 11 juillet, entre la proclamation d'une Assemblée nationale et le serment du Jeu de Paume, etc. Et le renvoi de nègre fait, Fersen a envoyé seize lettres à Marie-Antoinette. Il s'est dit prêt à rejoindre Paris avec son régiment régiment qui est basé à Valenciennes. L'idée, c'est d'écraser cette révolution pour rétablir l'ordre. Malgré le risque élevé que représente sa présence auprès de la souveraine dans cette capitale en ébullition.

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Fersen va rester là. Il va rester à Paris tout près. Il va tout tenter pour sauver cette souveraine en péril et pour tenter aussi, bien sûr, de restaurer la monarchie.

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Franck Ferrand, c'est raté. Christique. Tout avait commencé, vous le savez sans doute, au cours d'un très beau bal masqué à l'opéra. C'était dans une autre ambiance. Quinze ans plus tôt, le 30 janvier 1774. À l'époque, Axel avait 18 ans. Il était beau comme un dieu et il rencontrait cette dauphine de France, Marie-Antoinette, venue d'Autriche, qui avait le même âge que lui et qui, elle, était ravissante et même assez sublime pour tout vous dire.

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Axel de Fersen est issu d'une des plus grandes familles de la noblesse suédoise. Son père est très bien connu à Versailles. Il faut vous dire que il est ambassadeur. Il a servi la France plusieurs années participer à la guerre de Succession d'Autriche. Les Fersen sont très fortunés. Ils possèdent d'immenses terres, comme le veut l'usage pour les jeunes gens de si haut rang et promis à un si grand avenir. Axel était en train d'effectuer son fameux Grand Tour. Vous savez, on allait dans les capitales d'Europe.

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On allait voir les grandes collections. Bref, on faisait tout ça pour parfaire son éducation. C'est donc la raison pour laquelle il se trouve en France. C'est une des étapes de son périple initiatique. Marie-Antoinette est arrivée de son côté à peine quatre ans plus tôt pour épouser le dauphin Louis, le duc de Berry. L'aîné des petits fils du roi Louis 15. Et alors? Elle était là. Ce bal, la dauphine, qui n'est pas le moins qu'on puisse dire, est qu'elle n'est pas très bien mariée.

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S'étourdit beaucoup, en fait, en sortie. Elle a souvent la permission de minuit. Et voilà qu'ils se sont retrouvés ces deux jeunes gens d'une grande beauté. Je cite Henry Bordeaux, qui nous parle de Fersen, un ovale parfait. Il parle du visage, le nez régulier, de grands yeux voilés, la bouche mince, bien qu'un peu grande, et sur la jeunesse, un air de noblesse et de tristesse qui devait le prédisposée au tragique amour.

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Quant à Marie-Antoinette, un des nombreux chroniqueurs. Brosser le portrait, nous dit elle, a les cheveux blonds, le front élevé, un visage un peu allongé, ses yeux bleus expriment leur vivacité, la tendresse et la douceur plus que l'esprit. Son nez et d'un aquilin, trop prononcé, mais non disgracieux. Les lèvres sont épaisses et vermeil. Son sourire laisse voir les plus belles dents du monde. La blancheur du teint établissant le plus vif carmin relève encore l'éclat.

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Il y a beaucoup de noblesse et de dignité dans ça. Dans sa démarche, son d'abord est encourageant. Sa voix douce, ses manières affables après cette première rencontre fortuite au bal. Axel va quitter la France et poursuivre son grand Tour à Londres. Il revient en Suède. Il recroise Marie-Antoinette à plusieurs reprises, de façon assez espacées et à la fin d'août 1778, c'est à dire quatre ans et demi maintenant. Après ce bal masqué, Fersen revient et revoit celle qui est devenue maintenant la reine de France et qui attend son premier enfant.

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Rencontre qui a lieu à Versailles. Fersen accompagne ce jour là l'ambassadeur de Suède. Marie-Antoinette revoit son beau Suédois et elle dit Ah, mais c'est une vieille connaissance. Fersen écrit à son père C'est la plus jolie, la plus aimable princesse que je connaisse. En mars 1780, après un an et demi de séjour régulier à la cour, Fersen fait ses adieux à la reine puisqu'il va partir pour l'Amérique. On est en pleine guerre d'indépendance. Il est un des six aide de camp du comte de Rochambeau, qui commande l'escadre française, bien entendu.

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Et quand il revient à Versailles, eh bien, il va retrouver la reine. Bien sûr, on est là dans la soirée du 15 juillet 1783, dans Le grand amour de Marie Antoinette, qu'elle vient de faire paraître. Évelyne Levert, qui connaît tout cela mieux que quiconque, nous dit on, ne saura jamais rien de cette rencontre essentielle dans leur relation. Tout laisse supposer que la reine a dévoilé ses sentiments ce jour là. Si elle ne l'avait pas déjà fait plus tôt.

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Il est d'ailleurs vraisemblable qu'il a échangé plusieurs lettres pendant que Fersen était en Amérique, malgré les difficultés de communication. Désormais, les affaires de Fersen sont menées tambour battant. Marie-Antoinette met tout en œuvre pour qu'il obtienne ce qu'il souhaite et ce qu'elle souhaite elle aussi.

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Toutefois, comme lors du précédent séjour, les instants passés entre Marie-Antoinette et Fersen, qui sont des instants le plus fréquent possible, n'en sont pas moins furtifs. On se voit à Versailles, on se voit à Saint-Cloud ou Fontainebleau. Fersen pense beaucoup, ne pensent quasiment qu'à Marie-Antoinette. Il lui envoie des lettres depuis la Suède où, depuis son régiment dans le Nord, il l'appelle Joséphine. Dans les courriers destinés à ses proches, il la nomme, elle, avec une belle majuscule.

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La relation, évidemment, doit rester secrète. J'ai besoin de vous le dire. Et l'impopularité de la reine, d'ailleurs, est déjà très grande. Elle est voué aux gémonies à l'occasion de l'affaire du collier, mais aussi de ses douleurs de mère, puisqu'elle va perdre deux de ses quatre enfants, Sophie, Béatrice, puis l'aînée des dauphins. Le premier dauphin, Louis Joseph Fersen, écrit à sa sœur. C'est un ange de bonté. C'est une héroïne de courage et de sensibilité.

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Jamais on a aimé comme cela. La succession des évènements de 1789 va rapprocher encore un peu plus ces deux êtres. Leurs destins, désormais, sont liés à la tempête révolutionnaire. l'Orchestre de chambre de Bâle, sous la baguette de Giovanni Antonini, interprétait un extrait, le troisième mouvement de cette symphonie en ut mineur de Joseph Martin Kramo Crows, qui était allemand, mais qu'on surnomme le Mozart suédois parce que ses dates de naissance et de mort correspondent à peu près à celle de Mozart et qu'il a beaucoup travaillé en Suède.

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Franck Ferrand sur Radio Classique, c'est déjà la fin de 17 100 89.

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Il y a toute cette année 90 où les lettres de Fersen montrent qu'il a le plus grand mal à supporter les malheurs qu'endurent Reine. Il écrit à sa sœur. Elle est extrêmement malheureuse, mais très courageuse. Je tâche de la consoler. Le mieux que je peux, je le lui dois. Elle est si parfaite pour moi. C'est à la fin de l'année 90 qu'il décide d'organiser ce fameux projet d'évasion de la famille royale. Il écrit à son père le 5 novembre 90 Je suis attaché au roi et à la reine par la manière pleine de bonté dont ils m'ont toujours traité lorsqu'ils le pouvaient.

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Et je serais vil et ingrat si je les abandonnait quand ils ne peuvent plus rien faire pour moi et que j'ai l'espoir de pouvoir leur être utile à toutes les bonté dont ils m'ont comblé. Ils viennent d'ajouter encore une distinction flatteuse, celle de la confiance. C'est par une porte dérobée que Fersen entre au palais des Tuileries et rend régulièrement visite à Marie-Antoinette pour échafauder ses plans. On va essayer d'aller envoyer la famille royale du côté de mon midi, tout près de la frontière du Luxembourg, où se trouve le quartier général du marquis de Bouillé, dont les troupes sont toutes dévouées à Louis 16.

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Le départ de Paris est fixé, vous le savez, au lundi 20 juin 1791 et ce soir là, déguisés en cochers de remise. Fersen attend la famille royale près des Tuileries, rue de L'échelle. Il a tous les faux papiers nécessaires, en toute discrétion. Le roi, la reine, ou plutôt monsieur Durand et madame Rochais sont accompagnés de leurs deux enfants, de la gouvernante, des enfants de France, Madame de Tourvel, de la sœur du roi, Madame Elisabeth.

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Tout le monde est déguisé sous une fausse identité. On monte dans un fiacre, puis Saillé, une berline qui attend derrière la barrière et on a tel quatre chevaux à cette berline. Et les fugitifs sont partis deux heures et demie du matin. Et puis, on arrive au relais de Bondis. Et là, comme il était prévu, la mort dans l'âme, Fersen va devoir dire adieu à la famille royale et surtout à celle à celle qu'il voit partir le coeur serré.

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Lui doit rejoindre Bruxelles, où le roi et la reine sont attendus pour le surlendemain. L'équipée, vous le savez, va tourner court. La famille royale est arrêtée à Varennes et lorsqu'il apprend la nouvelle, mais Fersen est dévasté. Tout est perdu, écrit il à son père. Jugez de ma douleur et plaignez moi. Et le 29 juin, alors qu'elle est rentrée aux Tuileries, cette fois sous les crachats de la foule. Marie-Antoinette fait de son mieux pour essayer de rassurer son amie de coeur.

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J'existe, mon bien aimé. C'est pour vous adorer, écrit elle. J'existe!

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Mon bien aimé. Et c'est pour vous adorerez que j'ai été inquiète de vous et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n'avoir point de nos nouvelles. Le ciel permettra t il que celle ci vous arrive? Ne m'écrivait pas? Ce serait vous exposez et surtout, ne venez pas ici sous aucun prétexte. On sait que c'est vous qui nous avez sortis d'ici. Tout serait perdu si vous partiez. Nous sommes gardés à vue jour et nuit. Soyez tranquilles, il ne m'arrivera rien.

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l'Assemblée veut nous traiter avec douceur. Adieu, adieu le plus aimé des hommes. Verser Fersen, pardon? Qui donc est toujours à Bruxelles, beaucoup plus pessimiste que la reine essaie de la convaincre d'accepter une nouvelle tentative d'évasion. On pourrait aller en Normandie, cette fois, où devrait avoir lieu un débarquement russo suédois. Fersen se rende aux Tuileries, où il arrive au soir du 13 février 92. Il va passer la nuit dans l'appartement de la reine, dans une note de son journal.

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Certains ont cru lire sous une rature. Restez là, restez là que Fersen écrivait lorsqu'il couchait avec sa maîtresse, madame Sulivan. Ce qui laisserait sous entendre que cette nuit là, Fersen et Marie-Antoinette n'auraient pas parlé de politique. Vous voyez ce que je veux dire? Le lendemain soir, en tout cas, il soumet son projet d'évasion proposé par le roi de Suède à Louis 16. Louis 16 ne veut plus rien entendre maintenant. Axel de Fersen quitte l'arène.

[00:13:57]

Il s'éloigne de Marie-Antoinette à neuf heures et demie. Et cette fois, cette fois, ils ne se reverront plus.

[00:14:53]

Sir John Eliot Gardiner, à la tête de l'Orchestre de l'Opéra national de Lyon, a interprété ces notes bien triste de l'ouverture d'Iphigénie Enos, l'IDS de Gluck Franck Ferrand, sur Radio Classique.

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Christophe Dard a préparé cette émission et il nous dit qu'après cette ultime rencontre du 13 février 1792 et les échanges épistolaires entre eux entre les deux amis se font de plus en plus rares. La reine fait part dans ses lettres de sa peur après la journée du 20 juin 92, évidemment, au cours de laquelle le peuple a envahi. Vous savez, les Parisiens ont envahi les Tuileries. La journée a été affreuse, dit elle. Ce n'est plus à moi qu'on en veut le plus.

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C'est la vie même de mon mari. Il ne s'en cache plus. Il a montré une fermeté et une force qui en a imposé pour le moment. Mais les dangers peuvent se reproduire à tout moment. C'est une inquiétude qui maintenant, transparaît constamment. La reine écrit à Fersen le 1er août. Depuis longtemps, les factieux ne prennent plus la peine de cacher le projet d'anéantir la famille royale. Il n'y a que la providence qui puisse sauver le roi et sa famille.

[00:15:58]

C'est la dernière lettre que Fersen recevra de Marie-Antoinette et les jours qui suivent sont terribles pour lui. Le 10 août, il écrit à Marie-Antoinette une lettre depuis Bruxelles, lettre dans laquelle il affirme avoir mobilisé des princes européens pour sauver encore la famille royale française. Mais il ignore qu'au même moment est en train de se passer la prise des Tuileries. Un épisode qu'il n'apprendra que par les gazettes et les rumeurs les plus folles parviennent à Fersen. Elles font état du massacre de toute la famille royale alors qu'il est incarcéré à la prison du Temple.

[00:16:32]

Il est complètement il écrit à sa sœur. Cette lettre déchirante, celle qui faisait mon bonheur, celle pour laquelle je vivais, oui, ma tendre Sophie, car je n'ai jamais cessé de l'aimer. Celle que j'aimais tant, pour qui j'aurais donné 1000 vies, n'est plus. Ma douleur est à son comble et je ne sais comment je vis. Je ne sais comment je supporte ma douleur et elle est extrême et rien ne pourra jamais l'effacer. Franck Ferrand, c'est tu christiques?

[00:17:00]

Et à ce moment là, quand Fersen apprend que finalement, Marie-Antoinette est encore en vie, il espère pouvoir la sauver, même quand la situation est désespérée et qu'elle est maintenant à la conciergerie. Il va tenter de convaincre le prince de Cobourg de marcher sur Paris pour aller délivrer l'ancienne reine. Mais Cobourg ne veut pas et Fersen se résigne. Je ne vis plus, car ce n'est pas vivre que d'exister comme je fais, ni souffrir toutes les douleurs que j'éprouve, écrit il à sa sœur.

[00:17:27]

Si je pouvais encore agir pour sa délivrance, il me semble que je souffrirait moins, mais de ne pouvoir rien faire que par des sollicitations. Voilà qui est affreux. Marie-Antoinette, vous le savez, est condamné à mort. Elle écrit une dernière lettre depuis sa cellule, juste avant de monter à l'échafaud. Et elle fait. Elle fait ses adieux à ses enfants, sa famille. La lettre épouse sa belle sœur.

[00:17:49]

Vous savez, j'avais des amis, dit elle. J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais claire. Et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'en porte en mourant. J'ai envie de dire que tout est dit dans ces mots qui ne disent rien. Qu'il sache, du moins que jusqu'à mes derniers moments, j'ai pensé à eux. Ce pluriel est une chose absolument magnifique. La reine va monter quelques heures plus tard à l'échafaud et évidemment, c'est bien acquis à qui elle pense, hantée par le supplice de la reine!

[00:18:18]

Nous raconte Évelyne Levert. Par le remords de ne pas l'avoir sauvée, de ne pas l'avoir aimée encore comme il le devait. Axel sombre dans une profonde mélancolie. Il est le veuf d'un amour tragique. Il est l'un consolé, le prince d'un royaume secret qui n'appartient qu'à lui seul. Il éponge sa douleur dans son journal. Dans ses lettres à Sophie, il se lance dans une quête éperdue à la recherche de témoignages de reliques. C'est à cette époque qu'il reçoit l'ultime message de la reine.

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Un pauvre morceau de carton sur lequel il avait tenté d'imprimer leur devise toute totémiques Guida, en disant que jamais elle n'avait été plus vraie, cette devise.

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Après les événements révolutionnaires, Fersen va rentrer en Suède et il deviendra le grand maréchal du royaume. Le 20 juin 1810, voyez qu'on a fait un grand saut dans le temps. On est dix neuf ans jour pour jour après la fuite à Varennes. Fersen est à Stockholm. On l'accuse à l'époque d'être le responsable de la mort du jeune prince héritier. Il y a dans la capitale suédoise une sorte de grande émeute. Il faut vous dire que depuis maintenant des années, lui vit les choses un peu un peu loin, un peu au second, au second degré.

[00:19:35]

Mais dans cette émeute, il se trouve pris et il va se trouver lynché, lynché au sens propre. Fersen, on le piétine. La foule le piétine. Son corps. Il reçoit des coups de poing. On se l'arrache. Finalement, il sera égorgé. On peut dire d'une certaine façon que jusque dans la mort, ces deux là auront été et auront été liés.

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Ils auront partagé une chose. Oui, incontestablement, c'est un destin tragique.

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Le moment est venu de retrouver une autre. Christian Morin Bonjour gestion, bonjour Franck. Je ne vais peut être pas sortir pour rencontrer la foule qui venait d'évoquer à l'instant deux petites choses à venir. D'abord, j'ai eu une pensée tout au long de votre narration ce matin pour quelqu'un que vous aimez beaucoup. Un historien que vous avez connu, c'est moi aussi. C'est André Bien était très sensible au personnage de Marie-Antoinette. Comment il en est tellement biographe en 1959?

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Et tout à fait. J'ai eu froid dans le dos en écoutant certaines phrases que vous prononcez tout à l'heure. La reine s'adressant à Fersen ne venait pas. Il ne nous arrivera rien. l'Assemblée veut nous traiter avec tous.

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l'Assemblée, peut être, mais il n'était pas le cas de la Commune de Paris. En fait, on pourrait revenir. Je pensais aussi au travail qui est fait. Vous savez, à l'instar d'un petit peu de recherches sur l'Egypte et les pharaons, sur le livre des villes, le verre, les utilisations de la technologie pour Ponpon, les lettres de Clonaid.

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Ces lettres, elles avaient été retrouvées en 1982. Déjà, elles avaient permis de faire largement évoluer la conception qu'on se faisait de la relation entre la reine et le beau Suédois. Et puis, il se trouve que là, en 2020, grâce à des procédés technologiques assez extravagants, on a réussi à aller lire sous les ratures et à les lire. Tout ce qui avait été caviardé par la sœur de Fersen et Nevers a eu accès avant bien d'autres assez à ces documents.

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Et c'est ce qui lui permet de parler de cet amour qui était en fait incontestablement un grand amour. Alors elle a été consommée, cet amour. Je laisse à chacun le soin d'en juger. Écoutez, ça fait partie du romantisme de l'imaginaire, dirons nous. Mais cette technologie, en tous les cas, aura permis de lire en quelque sorte entre les lignes. Exactement. Merci beaucoup, Franck.