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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Quand nous parlons de la Renaissance, ce sont des images brillantes, à tout le moins aimables, qui nous viennent à l'esprit. Mais dites vous que cette renaissance, elle ne s'est pas infiltrée de la même manière partout? Elle n'a pas atteint en même temps toutes les contrées du royaume. Si vous prenez par exemple, la belle campagne l'Angoumois, donc aujourd'hui du côté des Charentes, dites vous qu'au début du règne d'Henri II, on est en juillet 15 148.

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Ce n'est pas tellement une scène de renaissance, comme insiste imaginez, un homme vêtu de hardes. Il avance sur le chemin de Châteauneuf. Le visage et le corps tuméfié, il avance en boitant, poussé par trois autres hommes qui sont en train de le frapper et de le traiter de canaille. Cet homme est un vendeur clandestin de sel. C'est ce qu'on appelle un faux sauniers. A l'époque, il a été capturé. Il a été désarmé par le gabelous, le gabler.

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Comme on dit aussi. Autant dire le collecteur de La Gabelle, le collecteur d'impôts sur le sel. Il est entouré par les chevaux chez les miliciens du Gabler et ce Gabler, ses chevaux Cheurfa conduisent le faux sauniers jusqu'à la prison du chef lieu, jusqu'à la geôle de Châteauneuf. Ce pauvre homme risque la peine de mort pour contrebande de sel et rébellion avec arme.

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Le sel, c'est la grande affaire. A cette époque, vous savez que nous utilisons le sel pour la cuisine et pour pour saler les aliments. Mais dites vous qu'à l'époque, c'est un des principaux moyens de conserver la viande, le poisson, etc. C'est une denrée absolument essentielle. Et l'impôt sur le sel? La gabelle, constitue dès lors pour l'État une recette absolument considérable. Quatre ans avant ce qui nous préoccupe. Quatre ans plus tôt, en 15 144, le père du roi Henri de François 1er avait étendu la gabelle à tout le royaume pour renflouer les caisses d'un trésor toujours en grande difficulté et pour financer ces fameuses guerres.

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Bien entendu, notamment en Italie, des provinces qui jusqu'alors avaient été dispensées de gabelle. Désormais, s'y sont trouvées soumises. C'est le cas de ces provinces de l'Ouest, tellement riches en marais salants, où le sel était produit, vendu et acheté librement. On oblige désormais les producteurs de sel, les sauniers à vendre tout ce qu'il récolte aux Gabler.

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Ce sont des intermédiaires privés, mais qui annonce qui agissent au nom du roi. C'est un peu le principe de la ferme générale, si vous voulez, sont des gens auxquels on délègue une autorité de puissance publique. Et ces Gabler stockent le sel dans ce qu'on appelle les fameux greniers à sel. Et les habitants, s'ils veulent acheter du sel et doivent passer par les Gabler et payer la célèbre gabelle et la très impopulaire gabelle. Et au passage, vous dire que les Gabler prélèvent une jolie marge.

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Ils font des bénéfices qui sont assez impressionnant, cet impôt.

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Vous comprenez bien est. Je vous l'ai dit, mais c'est pire que ça. Il est conçu comme une véritable injustice. Il est conçu comme quelque chose d'humiliant. Il va mettre l'Angoumois, la Saintonge, la Guyenne. Si vous voulez, le Bordelais touche toutes ces régions là en ébullition. Les sauniers sont exaspérés. Ils tentent de vendre leur sel directement aux villageois. Ils se rendent ipso facto coupables de fraude de contrebande. Et vous avez ces gabelous qui sont là pour traquer les faux sauniers, pour les envoyer en prison.

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Bien entendu, ils sont là avec leurs chevaux, leurs chevaux chèvres qui arrêtent à droite et à gauche, comme ceux qui essaient de contrevenir aux règles. Et c'est ainsi que notre pauvre sauniers se retrouve jeté au cachot de Châteauneuf. Il rejoint là une dizaine d'autres faux sauniers qui ont été capturés, qui à Barbezieux, Blanzac ou Jonzac, qui ont été comme lui rossé. La plupart seront fouettés, condamnés à croupir dans les geôles, et ceux qui ont résisté par les armes sont donc condamnés à mort.

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Ça, ça se répand, la nouvelle. Bien entendu, on parle de toutes ces arrestations brutales. On en parle beaucoup dans la province et l'on s'insurge dans les villages. Vous avez des groupes d'habitants, de paysans qui se créent avec une colère qu'on voit monter. On va tirer nos sonier de là, disent les gens.

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Le curé de CRER Sac fait sonner le tocsin. Le curé de Barbezieux aussi. Et des centaines de villageois munis de faux, de fourches, de piques, entre dans Château-Neuf. Ils vont prendre d'assaut la prison, mettre les gardes en fuite et libérer les sauniers. Alors on se dit ça pourrait s'arrêter là. Mais non, ça va continuer, bien entendu maintenant. La population veut en finir avec tous ces gabelous, qu'on aille littéralement, qu'on est pardon. On traque partout les agents du fisc, on les menace de tous les sévices et les Gabler vont être obligés d'aller se réfugier dans les.

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Saintes à Cognac, à Angoulême, à Poitiers ou à Bordeaux. C'est une insurrection qui vient de se lancer et cette insurrection ne s'arrêtera plus maintenant. Pendant des jours et des jours, l'armée des paysans va grossir jusqu'à 20 000 hommes. Tous ces gens là se réunissent dans des assemblées. Eux mêmes se nomme les Pitau. C'est un mot qui est dérivé de petto qui veut dire les paysans dans le patois de la Dordogne. Petto les paysans, Biercée, Pitau.

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Ils se choisissent des chefs des coronel en occitan, c'est à dire des colonels, si vous voulez. Le premier s'appelle Boix Meunier. C'est un bourgeois de Blanzac. Il attribue le titre de Coronel, de Périgordins, l'Angoumois et de Saintonge. Rien que ça. Et puis avec lui, un au bureau local, Antoine Bouchard, seigneur depuis Moreau, qui va s'arroger carrément le droit de vie et de mort. Ces gens là sont en train de devenir des petits seigneurs de la guerre.

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Si vous voulez d'hopitaux se donne pour mission maintenant de débarrasser tout le Bordelais, la Guyenne, des collecteurs d'impôts, des Gabler, des chevaux chers et de tous ces gens tellement impopulaires.

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On va mener de véritables expéditions punitives à ponces. Les Pitau brûlent le grenier à sel, le grenier qui donc est un lieu de puissance publique et un grenier du roi. Ils pillent la maison d'un marchand à Saintes. On les voit qui saccagent la demeure d'un procureur du roi et capturent le principal gabelous. Ils vont l'amener d'ailleurs devant le coronale Antoine Bouchardeau, puis Moreau et se câbleur et terrifiées. Pitié Monseigneur d'ITIL! Et Bouchard se montre magnanime. Disparais, ne reparaît jamais devant mes yeux.

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Un Pitau surgit de la foule.

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Il assène, à un moment où personne ne s'y attendait, un coup de feu sur le crâne du Gabler. L'homme est transporté encore vivant à l'A.B.I. Seulement. Le curé va l'achever d'un coup de dague et lui voler jusqu'à sa chemise. Vous imaginez ça? Et à Cognac, les Pitau se ruent sur le receveur du grenier à sel et sur son employé. On les attache tout nu sur une planche, on leur brise les membres, on les jette à la Charente en criant Allez saler les poissons de la Charente.

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Méchant Gabler!

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Vous voyez jusqu'où avait pu se hisser la haine de tous ces gens faite à Barbezieux? La fin du mois de juillet, le gouverneur envoie une troupe de 300 gendarmes montée troupe qui va se révéler insuffisante face à la colère de tous ces révoltés qui brandissent de leur côté les FPIC des fourches et tout ce qu'on peut trouver comme comme arme possible. Les gendarmes. Très vite, capitule, se dispersent en pleine campagne.

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Ils n'ont plus qu'à essayer d'échapper aux eaux battues organisées par les paysans. Et à la fin d'août 15 148. Les hôpitaux ont pris le pouvoir, en tout cas. Ils sèment la terreur dans tout l'Angoumois, dans toute la Saintonge. Ça va loin jusqu'à l'île de Ré, en se vengeant des méchants Gabler et des receveurs brutaux et des chevaux cruels. Les Pitau s'en prennent à l'impôt. Ils attaquent l'Etat. Ils attaquent le roi, mais il n'est pas dit qu'on rit d'eux se tiennent coi.

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Un extrait de la Lenore d'entree du parc, l'Orchestre national du Capitole de Toulouse, était sous la direction de Michel Plasson. Franck Ferrand sur Radio Classique. La meilleure défense, me direz vous, c'est souvent l'attaque et les Pitau sentent bien quelque part qu'ils sont allés très loin et qu'il faut qu'ils fassent quelque chose. Ils vont tenir des assemblées et il décide d'écrire au roi. Ils vont rédiger une sorte de cahier de doléances qui sati qui s'intitule Les articles des habitants des communes de Guyenne.

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Demandez au roi. Les habitants se figurent naïvement que le roi n'a pas été mis au courant des abus de pouvoir des Gabler et qu'il faut donc le prévenir de ce qui, en son nom, est commis chaque jour. Les Pitau se plaignent d'une oppression intolérable faite sur le peuple par les gens de pied et les Jean-Pier et les gendarmes. Si vous préférez, il dénonce aussi les biens aisés, c'est à dire les privilégiés qui échappent à l'impôt par leur belle puissance et autorité.

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Dans un ouvrage connu bien connu, Royauté, renaissance et réforme, Janine Garrison a analysé ces cahiers qui ont été envoyés au roi Henri 2 d'une écriture archaïque, nous dit elle. Les articles comportent trois parties exposées selon la méthode scolastique. La première détaille la cascade des exigences fiscales de la royauté. La deuxième souligne les effets pervers de ces nouveautés fiscales. Un dernier paragraphe ouvre le dialogue avec le roi, expose les revendications et exige l'amnistie de la DEA, les vies, l'élévation et exige en fait, sous peine de nouvelles rébellions, une amnistie générale.

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Les Pitau, ajoute Janine Garrison, contestent, dans une sorte de prescience tragique l'Etat moderne qui pénètre littéralement la société pour s'infiltrer dans ses rouages les plus intimes, qui rend partout l'autorité proche. Ce qui est en train de se passer sous le regard éberlué de ces pauvres gens qui s'estiment, qui s'estiment étrier. C'est en fait l'Etat moderne qui s'insinue, qui s'installe, qui se développe partout. Le maître des eaux et forêts d'Angoulême, qui s'appelle Journé, est chargé de porter ces cahiers au roi lui même.

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Voilà la mission qu'on lui a confiée.

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Le roi. Qui est il? Le roi Henri.

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Il a 29 ans à l'époque. Il est monté sur le trône un an plus tôt, après le décès de son père, François 1er.

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Il s'est rendu à Turin, dans le Piémont, pour prendre possession des terres acquises par son père. Et lorsqu'il reçoit les doléances de ces Pitau, dans un premier temps, il se dit qu'il pourrait transiger. Il renvoie le messager en lui confiant des lettres patentes pour amnistier les rebelles, mais à une condition que tout le monde se soumette et se soumette vite. On pourrait dire que l'on va droit dans le sens d'un apaisement de la situation. Chacun fait un pas vers l'autre.

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Situation qui pourrait s'apaiser, donc. Mais est ce que, au fond, il n'est pas déjà trop tard? Pendant que le messager repart vers l'ouest, sur place, en Guyenne, la déferlante est toujours à l'œuvre depuis le jour de leur triomphe contre les gendarmes à Barbezieux. Rappelez vous, les Pitau se croient pour le moins forts, presque invulnérables. Rien ne paraît pouvoir désormais les arrêter. Ils sont galvanisés. Ils sont toujours emmenés par leurs couronnait. Antoine Bouchard depuis Moreau.

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Ils vont s'emparer d'Angoulême.

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Vous imaginez bien que tout ça les dépasse complètement. Ils n'aurait jamais cru être détenteur d'une telle force, d'une telle puissance. Et les voilà maintenant qui marchent sur Bordeaux et à Bordeaux. On les voit encercler carrément le fort du. On les voit prendre d'assaut le château trompette et à nouveau, ils saccagent les propriétés. Ils incendient les greniers à sel et partout, à chaque fois qu'ils le peuvent. Traques les Gabler? Luc Marie. Dans la France en colère, 500 ans de rébellion qui ont fait notre histoire.

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Ça vient de paraître aux éditions Buchet Chastel. C'est un de ces ouvrages inspirés plus ou moins par eux. Le récent mouvement des Gilets jaunes, Luc @Marie nous raconte. Je le cite dans la seule journée du 21 août, pas moins de vingt collecteurs d'impôts sont ainsi tués, éviscéré et démembrées. Quant au gouverneur du roi, un certain Tristan de Monnin, il est sévèrement pris à partie au sein même de l'hôtel de ville, puis traîné dans la rue, dépecées et salé comme un vulgaire porcelet devant une foule hilliard et revancharde.

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Evidemment, ça devient extrêmement grave. C'est un meurtre collectif. La foule se rend bien compte qu'il y a eu exactions et exagérations. Sans doute, elle se retire d'un coup, comme comme après la tempête. Si vous voulez. Mais Bordeaux est en état de sidération. Ce qui vient d'être commis, c'est un régicide par procuration. Et alors qu'il se trouve toujours dans le Piémont, à Turin. Henry est informé de la chute d'Angoulême et de Bordeaux, du meurtre du gouverneur de la ville, et il apprend que des Bordelais appellent maintenant au retour en Guyenne du roi d'Angleterre.

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Vous dire que Bordeaux était revenu sous domination française seulement un siècle plus tôt. Vous savez, au moment de la bataille de Castillon en 14 cents 53 et il y a beaucoup, beaucoup de nostalgiques de la puissance anglaise qui accordaient beaucoup de licences et beaucoup de libéralités dans cette région de Guyenne. Henri 2 comprend que la petite jacquerie fiscale est en train de tourner carrément à la révolution et il a bien l'intention de frapper maintenant un grand coup. Il a auprès de lui, à Turin, le très puissant connétable Anne de Montmaur.

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Hensies, commandant suprême des armées. Un homme de 55 ans qui a été le conseiller, le très proche de François 1er. Morency n'est pas un tendre. Il dit au roi Ce n'est pas de cette heure que ces peuples là sont capricieux, rebelles et mutins, qu'il faut exterminer au besoin, planter une nouvelle peuplade pour n'y plus revenir.

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Voyez un peu où on en est.

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Alors, sans aller jusqu'à l'extermination, le roi demande à Montmaur aussi de gagner au plus vite la Guyenne, d'écraser cette révolte avec fermeté. Mon Morant si traverse le pays avec 5 000 soldats. Il va en ajouter d'ailleurs 5000 autres qui arrivent du Nord en renfort. Et c'est cette armée, car c'est bien une armée qui déferle maintenant sur les provinces rebelles et sur Bordeaux. Les Pitau qui croyait pouvoir négocier, sont effarés, bien sûr, par ce déploiement de force.

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Ils se terrent et ils ont raison, car la main brutale de mon Borcy ne tremblera point. l'Orchestre symphonique d'Islande, sous la baguette de Rothman Gamba, interprétait pour vous quelques mesures de ce Valen Stein de Vincent d'Indie. Franck Ferrand sur Radio Classique. Et pendant trois mois, c'est une répression féroce qui s'abat sur Bordeaux, nous dit Pierre Enquetes, un âne de mont Morangis révoque le Parlement, nomme des magistrats parisiens, pourchassent les meneurs de la révolte. Bien sûr, les bourgeois de Bordeaux dénoncent aisément ces manants qui ont envahi leur ville, les Qtek, les culs terreux, pardon, comme les qualifiera plus tard Madame de Sévigné.

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Mon Morant s'y fait arrêter, les Pitau en masse. Il les traduit devant une commission judiciaire qui condamne 140 d'entre eux. Et c'est son adjoint, François de Säpo, qui commente. Ils sont exécutés en diverses sortes de supplices pendus, décapités, roués, empalé, démembrés à quatre chevaux et brûlés. Autant dire qu'on veut marquer durablement les esprits. Le fameux curé de Qurayza, qui avait fait sonner le tocsin de la révolte, sera brûlé vif, le couronnait.

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Le bois meniez les membres brisés, la tête cerclé d'un carcan de fer porté au rouge. Le chef de la révolte, Antoine Bouchard, puis Moreau, et simplement décapité, j'allais dire il a de la chance. Oui, il était noble. Bordeaux doit encore payer une amende de deux cent mille livres, ce qui est vertigineux à l'époque. Bordeaux qui perd tous ses privilèges. l'Hôtel de ville est rasé. Les cloches du pays qui ont sonné le tocsin sont toutes détruites et les notables doivent déterrés à mains nues.

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Le corps du gouverneur Tristan de Monnin, qui avait été, vous le savez, Salers comme un jambon. Et ils vont devoir lui élever une chapelle à leurs frais. Les campagnes sont le théâtre de cette loi du talion. À Cognac, en écho au lynchage du receveur du grenier à sel, on va jeter certains Pitau rouer de coups à demi brûlé dans la Charente en leur criant Allez, canaille enragée, rôtir les poissons de la Charente que vous avez salés des corps des officiers de votre roi et souverain seigneur.

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Les hommes de troupe bivouac désormais dans les chaumières des insurgés, nous raconte encore Luc Marie, s'adonnant comme il se doit aux excès les plus divers. Morency confisque les armes des paysans et rétablit les Gabler partout dans leur fonction. La mission du connétable est accomplie. Il a écrasé la révolte. Cependant, cependant, toute la Guyenne, le feu continue de couver. Très vite, les jacqueries reprennent. Henri 2, qui ne peut pas immobiliser quand même toute une armée pendant des mois, finit par concéder la gabelle et les vexations qui en sont inséparables.

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En peu d'années, des provinces dont toutes les ressources et presque toute l'industrie se réduisent à la pêche et à la nourriture du bétail. Quelques mois plus tard, on va donc amnistier tous les insurgés qui n'ont pas encore été exécutés, rendre à Bordeaux ses privilèges et réinstaller le Parlement. Et après de longues négociations, on va même jusqu'à supprimer la gabelle en Guyenne, en Angoumois, dans le Périgord, le Poitou, la Saintonge, avec tout de même une énorme compensation de quelque quatre cent cinquante mille livres.

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Ronsard écrira une ode à la profession du dieu de la Charente lorsque la tourbe errante, la tourbe errante et le peuple, lorsque la tourbe errante sarma contre son roi, le dieu de la Charente, fâché d'un tel désarroi, arrêta son flot, quoi, puis d'une bouche ouverte à ce peuple sans loi, prophétisent à sa perte. À la fin, la main forte du grand Montmaur s'y rendra. La gloire morte est à malices aussi. Oh, ce ne sera pas la dernière révolte contre la gabelle et toutes les taxes sur le sel.

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Les croquants dans le Kersaudy sous Louis 13, les Lustucru de Picardie, les Bonnets rouges de Bretagne sous Louis 14. On n'en finirait pas de citer toutes ces révoltes. La gabelle représente quand même, dites vous? Sous L'ancien Régime, jusqu'à six pour cent des recettes de l'État. Elle ne sera abolie qu'en 1790 et très vite rétablie par Bonaparte. Et savez vous qu'en sera supprimé le dernier impôt sur le sel en France, en 1945?

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Quand on parle de Bordeaux, il n'est jamais loin, c'est Christian Morin bonjour question. Je vous en prie, je pourrais parler de Poitiers et remonter jusqu'au Shandong. Ça vous concerne également? Bonjour. Alors je vous dirai bien que votre émission ne manque pas de sel ce matin si vous en avez beaucoup, mais je pensais à quelque chose. C'était passionnant, passionnant, parce qu'on a tous retenu, enfant, dans les livres d'histoire, ce terme de la gabelle, cet impôt dîme.

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Mais quand on demande à quelqu'un à table, passe moi le sel, on imagine pas quand même combien ça a entraîné de disparitions d'individus et de révoltes extraordinaires. Aujourd'hui, ça a été vraiment des révoltes. Vous savez, ces révoltes, elles ont émaillé tout l'ancien régime. En fait, on n'en parle pas. On fait toujours comme si la Révolution française était la première des révolutions en France. C'est loin d'être le cas. Oui, il y a eu bien sûr toutes ces jacqueries antécédents.

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Merci mon cher Franck, à demain matin. Et si vous avez besoin de sel, n'hésitez pas vous me passer un coup de téléphone et vous ferez livrer dans la journée.