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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. C'est l'été 1821. On est donc six ans après le retour de Louis 18 sur le trône, Louis 18, petit frère de Louis 16, qui donc a succédé à Napoléon? On est en pleine restauration. Un sergent major de 26 ans s'offre un peu de bon temps dans les tavernes du Quartier latin. Il s'appelle Jean-François Borie. Il est fils d'un marchand protestant du Rouergue, dans le Sud-Ouest.

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Il faut imaginer ce garçon en civil avec une fine moustache bouclée de mousquetaire. Il a le front large et sérieux. Il est un peu désoeuvré, pour tout vous dire, puisque son régiment est en garnison. Son régiment, c'est le 45ème de ligne et il est basé à la caserne Sainte-Geneviève. On peut dire que ça manque un peu d'action. Oui, c'est la restauration. On est dans une période de paix. Jean-François Borie aime Paris, l'aime le Quartier latin.

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Il aime fréquenter les étudiants, notamment Jean Larock, étudiant en médecine, lui aussi originaire du Sud-Ouest, et dans les cafés et dans les tavernes. Ces deux là refont le monde. Boeri, asservies. l'Empire Larock serait plutôt républicain et il est surtout franc maçon. Il invite Boeri à intégrer sa loge qui s'appelle Les Amis de l'honneur français. Et dans cette loge, on n'en peut plus de la restauration de Louis 18. On vilipende le régime après l'assassinat du duc de Berry, l'héritier du trône.

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Je vous avez raconté ça. Ça a eu lieu à peine un an plus tôt. Les royalistes les plus ultras ont imposé un virage réactionnaire. Ils agissent maintenant pour un véritable retour à l'ancien régime. Et évidemment, vous avez en face tous ceux qui défendent l'héritage de la révolution qu'ils appellent de leurs vœux une monarchie constitutionnelle ou mieux encore, pour la plupart d'entre eux. Une république avec le suffrage universel, c'est ça qu'on défend dans les loges maçonniques. Et le sergent Boeri est évidemment non seulement séduit, mais exalté par ses idées.

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Voilà ce que nous dit justement Jacques-Olivier Boudon dans Les quatre sergents de La Rochelle, paru aux éditions Passées Composé et nous donne le portrait de ces francs maçons qui s'appelait Ulysse.

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Trélat va faire de Boeri. Il n'avait de l'Etat militaire que la valeur et la franchise, sans aucun des défauts que produit l'oisiveté des casernes. Ses mœurs étaient pures, ses goûts simples, sa vie retirée. Il consacrait la plus grande partie de son temps à la lecture et je l'ai trouvé plus d'une fois, se complaisant à l'étude et tout joyeux doccuper dans le collège des grands des Grassin, la chambre occupée autrefois par Boileau. Son cœur était exempt d'ambition. Son vœu le plus ardent était de mourir au moment de la victoire du peuple.

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Voyez que ce Boeri est un idéaliste et qu'il ne fréquente pas le Quartier latin par hasard. Il aime les grandes idées. Il se nourrit d'elle un jour. L'étudiant Larock donne rendez vous à son ami dans un hôtel discret du quartier Sainte-Geneviève. l'Hôtel de la paix et ils veulent lui faire rencontrer un troisième homme, si je puis dire. Ce troisième homme est un ancien officier. Il est devenu maintenant instituteur. Il s'appelle Louis. Et non, il y a de la graine de révolutionnaire dans ce parcours.

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Ce profil, veux tu faire partie d'une réunion qui a pour but de conquérir la liberté à main armée? Lui demande les deux hommes. Et il explique aux sergents Bories qu'ils appartiennent à une société secrète armée, la grande milice secrète libérale, comme l'a défini Pierre-Arnaud Lambert dans la Charbonnerie française. Et oui, c'est le nom de cette société secrète, la Charbonnerie. On se bat contre les ultras, lui dit nous, cette nouvelle recrue. Si tu acceptes, tu dois prêter serment de ne rien révéler sous peine de mort.

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Et La Rocque? Et non, explique ta Boeri, le fonctionnement de cette Charbonnerie.

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Je vous explique qu'il y a beaucoup de beaucoup de membres 30 000 membres qui sont essentiellement des militaires, des bourgeois. Il y a quelques étudiants, quelques ouvriers. Tout ce monde réuni en cellule de 20 membres qui sont complètement cloisonnés entre elles et qui composent une espèce de structure pyramidale qui va infiltrer le plus possible la société et ses élites. Et à la tête de celles de cette Charbonnerie, une poignée de personnalités libérales. Et on retrouve là des noms alors que l'histoire a parfaitement retenu.

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On retrouve là le général Lafayette et le général Foua et le député Benjamin Constant et l'avocat Joseph de Meillerie loue. Le cadre idéologique est un peu flou de cette Charbonnerie, ce qui fait que c'est un peu l'auberge espagnole. Si vous voulez, chacun y apporte ce qu'il veut et chacun s'y retrouve. Il y a là des républicains. Vous l'aurez compris, des bonapartistes aussi. Il y a aussi des monarchistes constitutionnels. Bref, tous se retrouvent sur un seul et unique objectif.

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Ils veulent voir chuter Louis 18, Franck Ferrand sur Radio Classique et Bourry qui, vous l'avez compris, rêvent d'action, accepte de participer à tout ça. Ils cotisent. Il va participer aux réunions. Cité chez l'avocat Baradez, il se sent comme un poisson dans l'eau dans ce petit monde là, les chefs de la Charbonnerie lui confient à ce moment là une mission. Il doit constituer une cellule au sein de son régiment, donc au sein du 45m de ligne à Paris.

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Il va s'y employer avec volonté. Il repère les sous officiers libéraux, tous ceux qui sont nostalgiques de Napoléon. Inutile de vous dire qu'ils ne manquent pas. On est en 1800 21. Napoléon vient juste de mourir et on vient d'en apprendre la nouvelle.

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Il recrute le sergent major Joseph Paumier, qui a 24 ans, qui est engagé dans l'armée depuis pas mal de temps puisqu'il y est entré à l'âge de 17 ans. Paumier est si enthousiaste qu'il va devenir le numéro deux de la cellule. Puis Bourry convint un troisième agent, Thomas Goubin. Alors lui, c'est un Normand où il est encore plus jeune. Il a 22 ans. Il va raconter. Il me demanda si j'étais capable de conserver un secret. Il me fit montrer dans sa chambre.

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Il me fit envisager la position dans laquelle nous étions depuis le règne des Bourbons. Il me fit entrer dans une société qui avait pour but de conquérir la liberté. Ce gamin y croit à la liberté. Il entre là dedans volontiers. Et puis, il y a un quatrième sergent. Ben oui, pour que ça fasse nos quatre sergents. Vous vous doutez bien qu'il fallait un quatrième homme. Celui là s'appelle Marius Hooks. Il est originaire d'Aix en Provence.

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Il a 27 ans. Un jeune homme d'un excellent cœur ayant l'âme ardente, comme le décrira son professeur Benjamin Apaire. Voilà donc nos quatre sergents. Vous avez retenu leur nom? Boeri, bien sûr. Paumier, Goubin, Ranks. Et puis une quinzaine d'autres sous officiers qui composent cette cellule de la Charbonnerie du 45m d'armes infanterie. On organise tout ça au nez et à la barbe du commandant, le général Stain de Fonds de Boscq, qui lui, évidemment.

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Est ce que j'ai besoin de vous le dire, est un ultra et qui se plaint sans cesse de cette armée infestée de bonapartistes et de mauvais sujets? Ah ben oui, ça, il peut s'en plaindre. C'est vrai qu'il y a ce qu'il faut.

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Fin décembre 1821, à la tombée de la nuit, dans un petit restaurant de la montagne Sainte-Geneviève, le restaurant s'appelle au roi Clovis. Ça ne s'invente pas. Vous dire qu'on est sur la montagne Sainte-Geneviève aussi. Voilà nos vingt hommes, notre cellule du 45m qui se réunit. Ils ont des capes qui recouvrent leur uniforme. Sous la restauration, les réunions politiques sont interdites, mais les banquets sont autorisés. Les militaires disent aux tenanciers qu'ils se retrouvent pour pratiquer l'escrime dans la salle du haut.

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Oui, c'est le prétexte. Il n'y a pas de chef de la Charbonnerie dans cette réunion, je vous ferai remarquer. Brillent par leur absence les chefs, l'instituteur et non en revanche là, qui prononce au nom de tous. Tout ce beau monde au nom de La Fayette et des autres. Undiscours. Il glorifie l'armée de 1792, celle de Valmy. Il promet les honneurs. Il promet un rang dans le nouveau régime à chacun de ceux qui travaillent et qui travaillent, qui travaillent au changement de société.

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Et on va distribuer à chacun un poignard poignard, symbole de force et de fidélité. Et on arrose tout ça au vin de Suren en trinquant à la liberté.

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Vous allez me dire pour l'instant, ça ressemble plutôt à un complot d'opérette quand même, y'a rien de bien subversif. Sauf que deux mois plus tard, le 45ème régiment est envoyé à La Rochelle pour aller contrôler une région réputée turbulente. Et à ce moment là. Une idée a germé dans l'esprit des chefs de la Charbonnerie. Ils se disent là haut on pourrait peut être profiter du départ de ce régiment vers l'ouest pour soutenir un soulèvement général depuis ces villes qu'on sait libéral, qu'on sait républicaine.

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Je pense à Poitiers, à Niort, à Rochefort, à La Rochelle. Les conjurés du 45e régiment d'infanterie. Vous comprenez bien, sont maintenant sur le point de préparer une révolution.

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Les notes de Méhul, Étienne Nicolas Méhul.

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C'était le premier mouvement de sa première symphonie interprétée par les solistes européens au Luxembourg, sous la direction de Christophe Kuni Franck Ferrand sur Radio Classique et il est en marche. Ce 45ème régiment d'infanterie se met en marche le 22 janvier 1822. Il passe par Orléans. On est à Orléans le 27. Boeri a reçu des consignes de la Charbonnerie. Un ordre d'insurrection lui parviendra avant même l'arrivée du régiment à La Rochelle, dans un restaurant d'Olivet Olivet, pas loin d'Orléans.

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Et là encore, le restaurant s'appelle À la fleur de lys. Vous voyez qu'on est quand même sous la restauration et que chacun s'est mis au goût du jour. Eh bien, on va voir Boeri galvaniser ses hommes. Soyez patients, leur dit il. Lorsque nous arriverons au sud de Saumur, tenez vous prêts. La garnison nous ouvrira les portes de la ville. Soyez prêts à mourir pour le salut de la France. Je lève mon verre à la liberté.

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Seulement, ces tours, aucun ordre d'insurrection n'est toujours parvenu et la troupe poursuit son chemin. On est d'ailleurs sous une pluie battante et c'est sous cette pluie averse qu'on entre à Poitiers. À Poitiers, Borie est chez l'habitant où il va dîner avec un sergent de 22 ans qui s'appelle Choulet. Boeri apprécie le vin de la maison. Il boit, il boit et malheureusement, quand il boit, il a tendance à laisser son esprit s'échauffer. Il a tendance à parler de politique et avec ses hôtes et avec le fameux choulet, ils se mettent à critiquer ce roi, ce gros roi pédagogue et l'oppression de ce régime qui s'est institué depuis plus d'un an.

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Depuis la mort du duc de Berry, il dit qu'il va falloir que tout ça change. Alors, il a l'impression. Choulet sourit et hoche la tête. Il se dit que Choulet est du même avis que lui. Seulement, dès le lendemain, ce fils de militaire s'en va tout rapporter au général Tostain. Et tout cela, je vous l'ai dit, est un ultra, c'est à dire un archi royaliste qui immédiatement fait mettre Boeri aux arrêts. Au départ, ce n'est pas pour grand chose et pour proposer d'issue.

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Enfin, quand même, le régiment reprend la route. Il arrive à La Rochelle à la mi février 1822 et Boeri se trouve enfermé dans la tour de la Lanterne, sur le Vieux Port, juste un tout petit peu en dehors du Vieux Port. Elle est surmontée d'une très belle flèche, cette tour. Le sergent Paumier prend la succession de la tête de la cellule puisque maintenant, Boeri n'est plus là, bien entendu. Mais la Charbonnerie n'a pas du tout l'intention de laisser tomber ses plans.

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On attend tout simplement l'ordre pour déclencher l'insurrection. On en est là lorsque, le 24 février. Pas très loin de Saumur. À Toire, exactement. Le général Berton, qui est le type même de l'officier bonapartiste. Désoeuvrées, si l'on en croit Jacques-Olivier Boudon, ce général Berton décide de lancer l'insurrection. Entre parenthèses, il n'a pas reçu les ordres précis. Il n'y a pas de coordination. Tout ça ressemble quand même un peu à une entreprise de pieds nickelés.

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Il se proclame commandant de l'armée nationale de l'Ouest.

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Ce général Berton. Il y a 150 hommes qui le suivent, qui n'arrivent même pas à prendre Saumur. Les renforts du 45ème régiment qui lui ont été promis n'arrivent pas. Je lui dirai pour cause. Le coup de force va bien sûr capoter. Le général Berton va passer à la clandestinité. Il n'aura réussi qu'à mettre l'état major en alerte. Parce que là, maintenant, on comprend à Paris que le risque de sédition est un risque tout à fait réel.

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À Nantes, le général Despina, qui est gouverneur de la division d'Ouest, va prendre les choses en main. Cet homme là est doué pour le renseignement. Il a toutes sortes d'agents qui sont bien infiltrés. Il connaît par ailleurs l'existence de la Charbonnerie parce que ça l'intéresse. Il sait comment fonctionne la Charbonnerie, comment elle est implantée dans l'ouest de la France. Et il sait aussi que c'est un petit peu infiltré dans l'armée. Et après le coup de force raté de Berton, ce général d'épine noire va demander qu'on lui amène le suspect qu'on avait arrêté là et qu'il se trouve à La Rochelle, le fameux fameux fameux Boeri.

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Eh bien moi, ce Boeri, qu'on sache un peu quelle est son implication et celle de son entourage et et arrive donc une fois devant le général. C'est une espèce. Les deux hommes se jaugent. Le général le fixe pendant de longs longs instants.

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Et puis, d'un seul coup, il se met à le questionner. Il racontera. Boeri a rougi jusqu'au blanc des yeux, il n'a plus fait que balbutier et son trouble s'est accru de la désignation successive des sur Paumier et Rawicz, considérés comme ses complices de Goubin le plus avant dans la cabale et dans l'intimité de Boeri. Sur ordre de dépit, Noua Goubin est donc arrêté. Il est conduit lui aussi à La Rochelle, la tour de la Lanterne, puis deux autres qui sont laissées libres.

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Paumier, qui est livré à lui même, va tenter d'obtenir des instructions de la Charbonnerie dans un café du port. Il rencontre un chef local qui lui promet que l'insurrection est imminente. Prendre La Rochelle et que là, ils iront prendre Poitiers, Niort et sinterroge fort que toutes ces villes là suivront seulement. On attend, on attend des jours et le signal n'arrive toujours pas. Et un soir, Paumier, qui s'est déguisé en paysan, décide de faire le mur de ses quartiers pour aller prendre des nouvelles.

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Il est repéré par la garde. Tout ça fait beaucoup de bruit. Il est arrêté et le voilà qui, à son tour, rejoint Goubin à la tour de la Lanterne. Quant au dernier round, vous savez bien, lui va simplement être dénoncé par un autre conjuré qui s'appelle le sergent Goupillon goupillé. On a eu peur de la tournure que les événements prenaient. Il a craqué devant le général Tostain, le chef du régiment, donc, goupillon, fondant en larmes, m'avouer qu'il y avait un complot exécrable formé dans le régiment durant tout ce temps que plusieurs sous officiers et soldats remplaçants y étaient entrés.

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Dans ce complot, Go billons écrit la liste des conjurés qui vont être mis aux arrêts. Autant dire que il n'y a plus de cellule de la Charbonnerie au sein du 45m régiment d'infanterie. Jamais entendu. L'enquête préliminaire va être confiée à la gendarmerie et bien sûr, dans un premier temps, les suspects nie en bloc. Jusqu'au jour où d'EPI Noua bafouant la procédure va lui même venir interroger Goubin et Paumier. Je suis de votre bord, leur fait croire.

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Si vous me parlez, je pourrais vous aider. Je ferai bientôt tomber Nantes et vous n'aurez plus rien à craindre. Nouvelle preuve d'amateurisme puisque les deux gamins vont tomber dans le panneau. Il avoue mieux que ça. Ils signent leurs aveux plus tard. Bien sûr qu'ils se rétractent, mais peu importe, ils ont signé. Le mal est fait. Alors, je vous ferai remarquer que pendant ce temps là, on entend toujours pas parler des chefs de la Charbonnerie, ni du général Lafayette, ni du général Foua, ni de Benjamin Constant.

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Il y a douze hommes qui vont être renvoyés devant la cour d'assises de la Seine pour complot visant à détruire la royauté. Voyez la gravité de la scène présente plus du tout bourry, bien entendu. Puis Paumier, Goubin et Raoux, mais aussi Gloubi goupillon qui les a dénoncé. Un officier qui s'est tenu à l'écart. Et puis les civils parisiens dont je vous parlais l'instituteur et non Baradez. Treize autres vont être jugés pour non-dénonciation.

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Vous avez reconnu bien sûr les accords de Ludwig van Beethoven. C'est lui qui a orchestré cette marche funèbre initialement pour piano, c'était la musique de scène de Léonore. Chacun était un proche ASCA, qui était un drame de Friedrich Dunker. l'Orchestre philharmonique de Berlin en personne était dirigé par Claudio Abbado. Franck Ferrand sur Radio Classique. Alors, le procès va s'ouvrir. Il s'ouvre le 21 août 1822, il s'ouvre sous bonne garde, nous dit Pierre Enquetes, qui a conçu cette émission de main de maître.

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La gendarmerie et l'armée sont là, qui assurent la sécurité. La salle d'audience est remplie de militaires accusés, témoins, amis, curieux. Bourry. Fidèle à lui même, se défend pied à pied. Tous les accusés nient malgré les témoignages accablants de leurs collègues. Pierre Antin nous dit que le réquisitoire a duré sept heures, que le procureur général de Marc Changi s'est focalisé sur les quatre sergents. Ce sont eux qu'il va mettre en avant un ramassis de perturbateurs affamés de régicide et copiste servile des excès de 10 793 d'Idylle.

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1793, c'est la Terreur. C'est la pire époque de la Révolution. Inutile de vous dire que dans la France de la restauration, c'est le pire que l'on puisse dire. Et le procureur général soutient que la conspiration est l'héritière de la terreur, qu'elle vise tous les trônes d'Europe. Il ne cite aucun responsable d'envergure d'un éventuel complot international. Je le précise que les grands chefs de la Charbonnerie sont complètement ménagés dans cette affaire. Le conseil de Baradar, qui est l'avocat Berville, répond au procureur général.

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Bien entendu, vous dénoncez une conjuration immense. Mais où sont vos conjurés, ditil? Vous alléguer de nombreux complots, mais où sont vos preuves? Et quand vous auriez tout prouvé? Où sont les rapports de ces faits avec les accusés présents à cette barre avant le verdict? Borini une dernière fois à avoir voulu en quoi que ce soit renverser la Couronne. Mais il demande. L'avocat général n'a cessé de me présenter comme le chef du complot. Et bien j'accepte.

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Heureux, si roulant sur l'échafaud, ma tête peut sauver celle de mes camarades. C'est un magnifique dévouement et une démonstration de responsabilité, d'amitié magnifique. 5 septembre après trois heures de délibération seulement, les jurés déclarent les quatre sergents Bories, Paumier, Goupe et Rawicz, coupables de complot contre l'Etat. Et bien sûr, la Cour les condamne à la peine capitale. On entend un cri de douleur dans la foule qui est amassée dans la salle. C'est la fiancée de Boeri qui vient de lâcher ce cri avant de s'effondrer.

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Les autres accusés sont condamnés à des courtes, à des peines beaucoup plus courtes et deux à cinq ans de prison. Pour la plupart, il y en a même pas mal qui vont être acquittés.

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Franck Ferrand Si tu christiques, on a ramené les jeunes condamnés à Paris et c'est le 21 septembre 1822 qu'ils sont conduits sur la place de grève, devant une foule impressionnante. Le déploiement militaire est à la mesure pour essayer de prévenir toute tentative de sauvetage ou d'insurrection. Au pied de l'échafaud, Boris soutient encore ses compagnons. Le moment approche où nous allons quitter ce monde, leur dit il. Montrons que nous étions dignes d'y combattre et d'y mourir pour la plus sainte des causes.

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Pardonnez moi de vous avoir entraînés à cette mort tragique, mais notre sang ne sera point une semence stérile. Vive la liberté! Les quatre hommes s'embrassent. Et puis, ils sont confiés au bourreau Sanson. Il faut trois quarts d'heure pour exécuter les quatre hommes. Boeri sera décapité en dernier et à chaque fois, au moment de passer sur la machine, chacun crie Vive la liberté! C'est Alexandre Dumas qui dira Cette quadruple mort restera comme une tache de sang à la face de la restauration.

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Il écrit Ça en Dieu dispose. En 1850, les quatre sergents de La Rochelle seront célébrés en héros et même en martyrs, plus tard par la manche. Par la monarchie de Juillet d'abord, qui est beaucoup plus libérale que la restauration de Louis. 18 et Charles le disent, bien entendu, mais surtout, bien sûr, par les républicains. En 48 et tout au long du dix neuvième siècle, la gauche ne manquera pas de commémorer le centenaire de leur mort en en 1922.

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On les oubliera après 1945 au profit d'autres héros de la résistance, bien sûr, mais je pense que très bientôt, pour le bicentenaire de la mort des quatre sergents, on va de nouveau nous reparler de.

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Si vous êtes à La Rochelle, ce n'est pas très difficile, vous descendez un petit peu vers Bordeaux et vous y trouvez un certain Christian Morin. Bonjour Christophe, bonjour Franck. Bonjour à tous. Bonjour à toutes. Je remonterait quand même vers La Rochelle, où c'est un peu le berceau familial. Oui, vous avez raison. Oui, c'est un grand jour entre la Charente.

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Et puis, et puis Bordeaux. Alors, cette tour des quatre sergents, il faut absolument aller visiter seules certaines salles. Cette tour de la Lanterne, maintenant, s'appelle la tour des quatre sergents.

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Exactement, voilà. Et il y a des graffitis qui ont été gravés dans la pierre par des prisonniers qui appartenaient à l'armée française. C'était à la fin du dix neuvième siècle que vous évoquez d'ailleurs dans une des tours. Il y en a un qui a gravé son nom Viviez. J'ai quinze jours de prison pour avoir, dit un brigadier, de fermer la porte, de dire jamais, un brigadier de fermer la porte. Et il y a une autre enseigne où il y a un graffiti.

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Ça, c'est assez extraordinaire. Quand vous irez à La Rochelle, allez visiter la tour. Il y a un graffiti Franck, qui représente l'entrée d'un navire dans le vieux port de La Rochelle, dans la salle du dortoir. C'est sculpté par Émile Lafontaine au On de Montmartre, en 1872. Ce qui est formidable, c'est que la qualité de la sculpture est étonnante, rend un peu plus loin. Je me suis attendri sur des gravures sur la pierre où il y a un Jules Morin qui a gravé sera.

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Je ne sais pas s'il fait partie de la famille. Mais sait on jamais, il y a de la sédition dans cette famille là. De la graine à la révolutionnaire. Je voudrais pas terminer comme avant. Vous avez évoqué ce matin. Décidément, je vous souhaite une excellente journée et nous nous retrouverons bien sûr demain matin avec un autre sujet à la clé. Bonne journée, mon cher!