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Krista Sandalettes, je vous offre l'une des plus grandes affaires criminelles de l'histoire de France, une affaire de 10 817 à Rodez, dans l'Aveyron. L'assassinat du procureur Foldès. C'est la première enquête criminelle mondialisée de l'histoire judiciaire, car elle a été suivie au jour le jour dans toute la France, dans toute l'Europe et même dans le monde entier et jusqu'à la cour du tsar de toutes les Russies, à Saint-Pétersbourg. J'ai écrit cette histoire avec Nicolas Loupian. La réalisation est signée Céline Brace.

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Christophe Hondelatte. Le jeudi 20 mars 1817, à l'aube, la femme Saale Akrouh, qui habite le monastère, un gros bourg de l'Aveyron, se rend à Rodez à pied en longeant la rivière. C'est pas loin. Deux kilomètres et à environ un kilomètre de Rodez, à la hauteur du moulin, des baisses sous le moulin, dans les remous de la rivière, elle voit une forme noire. Elle s'approche, beau du corps. Alors elle appelle le meunier qui vient à moi.

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Foulquier va chercher une perche. Il tire le corps sur la rive. L'homme est un monsieur. Un monsieur, autrement dit un bourgeois. Car le cadavre portant par dessus un gilet noir, pantalon rayé gris, une cravate et des chaussures en cuir alors que les gens du coin portent plutôt des sabots. Les deux font tout de suite prévenir les gendarmes. Vers 9 heures, il arrive à quatre un gendarme, un juge et son greffier. Le substitut du procureur du roi et un médecin, le docteur Bourgeais.

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Et là, ils se penchent tous sur le cadavre et le monsieur. Ils le reconnaissent tout de suite.

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Ce grand front, ses cheveux blancs et son nez fort, mais ses poils baissent. C'est largement Cunin. L'ancien procureur de Rwandaises s'est noyé dans ce coin paumé de campagne. Un homme de son âge et de sa condition. En pleine nuit. Bon, le docteur Bourgeais, pour ces constatations, décide de déshabiller le corps. Il coupe la cravate et là, les gens autour, pousse un cri d'épouvante. Il a été égorgé. Il n'est pas mort noyé.

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Il a été écorché.

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Le corps est emmené à la mairie pour l'autopsie et le docteur est formel il a été congelé, mais un jeudi, il a été soigné. Et ce, c'est qu'après qu'ils ont jeté son canal à La Mellor. L'entaille a tranché le larynx, la veine jugulaire et la carotide gauche, et la blessure est bizarre. Elle était régulière et sinueuse. On dirait qu'on a utilisé un couteau mal aiguisé et je me dis pourquoi pas une aussi?

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La nouvelle fait très vite le tour de Rodet. Enfin, un magistrat égorgé et saigné comme un cochon. Forcément, ça ferait cause. Surtout que ce Foyle là, Antoine Bernardin Walder, en plus d'avoir été procureur impérial de l'Aveyron sous l'Empire il y a deux ans.

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C'est un enfant du pays, une grande famille de magistrats et par ailleurs, il a été membre du tribunal révolutionnaire à Paris avant de vendre son âme à l'empereur Napoléon 1er. Mais il y a deux ans, il a anticipé sa retraite. Il a refusé de servir les Bourbons et le roi Louis 18.

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Du coup, est ce que ça ne serait pas un assassinat politique? Peut être, d'autant qu'il s'est enrichi sous la Révolution et sous l'Empire, comme tant d'autres, mais en même temps foil d'aise. C'était un modéré. Depuis sa retraite, il vivait la vie d'un bourgeois de province. Il était franc maçon, membre de la Grande Loge de Rodez, qui n'avait l'air de déranger personne. Enfin, a priori.

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En tout cas, ce que je peux vous dire, c'est que dans les jours qui suivent, faute de piste, la rumeur va bon train sur la place du Foirail, d'un côté de la place. On dit avoir vu Foldès la veille et parler comme je l'ai vu. Oui, il était temps de discussion. Ils sont à de charge. Et puis vous traversez la place et on dit que le avait l'air très préoccupé et que les deux hommes se sont disputés.

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Ces gens là n'en savent rien. En vérité, ils inventent. Et comme par ailleurs, la foire de printemps vient de s'achever. D'autres accusent les marchands espagnols. Oh là, ils sont capables de tuer un honnête citoyen pour pas grand chose. Mais Cailleux?

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Cet éternel on accuse les Strangers comme Foldès était franc maçon. D'autres croient à la piste d'une vengeance maçonnique parce que, d'après ce qu'on dit, il a eu des problèmes à sa loge. Des problèmes dont personne, bien sûr, ne sait rien du tout, mais dont on parle. Et puis, on ne peut pas écarter non plus qu'un ancien condamné, un de ses anciens clients, ait voulu se venger. Dans cette affaire, vous le voyez, on ne manque pas de pistes.

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Quelques jours plus tard, le maire de Rudesses tente d'enterrer le poisson à la demande de qui on ne sait pas. Le préfet, peut être. Il se lance dans une manœuvre assez misérable. Bien Hanotaux, le sens, je dirais qu'il s'agit. Un suicide sans auto? Ça, ça fait marrer les gens peut suffire à ce trash à la gorge. Et oui, il y en a qui riaient. On en revient donc plus raisonnablement à un assassinat.

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Alors, à quelle heure le procureur LDS a t il quitté son logement? On interroge sa gouvernante. Mais dans l'après midi. Il ne m'a pas donné rendez vous à un rendez vous pour le soir même à Whittle. Il m'a dit qu'il devait voir un homme, Paul, pour échanger des valeurs. Échanger des valeurs, on vérifie, ça colle LDS avait des problèmes d'argent. Avait des têtes et donc qu'il avait vendu un de ses domaines. Il était donc en possession de lettres de change des chèques de l'époque, qu'il cherchait sans doute à échanger contre des espèces.

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Sa gouvernante dit qu'à 8 heures, elle l'a vu partir. Oui, oui, je l'ai vu mettre le serveur morte et son chapeau est plein de canne à Beaumont. Et après, il est sorti et il avait sous le bras un paquet. Et pour la planète, sa lanterne? Un an, il a plu à long terme. Or, s'il n'a pas pris sa lanterne, c'est qu'il ne voulait pas être vu. Mais avec qui avait il rendez vous?

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Avec qui?

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À la gendarmerie de Rodez. Le lendemain de la découverte du corps, c'est le défilé des témoins spontanés. Des tas de gens l'ont vu dans la journée qui précède le meurtre. Lui et possiblement le ou les assassins. C'était vers Whittle. Moi, j'ai vu l'homme près de chez lui, au coin de la rue des hebdos Maggi, et il m'a semblé qu'il attendait qui ne sais pas. D'autres parlent d'un groupe d'hommes, dont un très grand qui faisait le guet dans la même rue des hebdomadaires.

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Et il y a aussi des habitants de cette même rue qui, entre 8 heures et 9 heures du soir, ont entendu des joueurs de vielle. Et de. Je me demandais si je n'étais pas bon pour couvrir le bruit. Quoi? Oui, pour couvrir le bruit du meurtre.

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Et d'autres encore parlent de cris et de coups de sifflets et de gens qui couraient dans la rue et même de bruits de lutte. Il faut se méfier de tous ces témoignages. La rue des Hebdomadaires à Rodez, c'est le théâtre de beaucoup de fantasmes. C'est la rue la plus malfamés de la ville. Elle est sale. Elle est étroite. Elle est longé dans le long mur crasseux et la nuit, elle est seulement éclairée par la lune. Se méfier donc des fantasmes des uns et des autres.

[00:09:18]

Mais vous noterez que c'est au milieu de cette rue des hebdos, maniée dans l'égout qui coule à ciel ouvert, que l'on retrouve la canne à pommeau de le le. D'où la décision du commissaire Constant, qui dirige maintenant l'enquête. Vous allez me fouiller toutes les maisons suspectes de cette rue à.

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Et il n'en manque pas, à commencer par le bout qui est au numéro 65, la maison bancale qui porte assez bien son nom parce que ce qui se passe à l'intérieur n'est pas réglo, réglo. C'est ce qu'on appelle une maison à parti, comprenez à parties fines. Bref, l'endroit accueille des couples illégitimes et peut être des prostituées. D'après ce que m'ont dit la maison bancale et donc la première à être perquisitionnée et ma foi, la pêche est assez bonne dans un tas de linge.

[00:10:14]

Les policiers saisissent une couverture pleine de sang et sous l'escalier, d'autres linge taché de sang eux aussi.

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Et dans la foulée, les voisins de la maison bancals, bien contents qu'on s'intéresse à la maison, bancals plutôt qu'à eux, se mettent à Cancalais comme de vieilles chosir. Ou je me souviens que le soir du crime, la porte des bancals où elle était fabriquée alors qu'elle est toujours Ouest-Est. Nul ne l'admet, la table et le sol de la cuisine ont été lavé à grande eau. Je l'ai vu. La mère bancals. Le lendemain, elle est allée laver son linge à la rivière et elle est revenue sans linge.

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Et pourtant, elle n'est pas bien. Et si le pauvre DS avait été conduit de force dorso bout nos forces, évidemment, parce que il n'a pas pu y aller lui même? Enfin un procureur à la retraite.

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Et là, il a été égorgé dans la cuisine et saigné comme un cochon sur la table. D'où le linge taché de sang. Voilà, j'en serait ça, la vérité. C'est un peu tiré par les cheveux, mais il y a des témoignages à l'époque, c'est ce qui compte. Alors, le juge fait immédiatement arrêter le couple bancal et au passage, leur petite fille de 8 ans qui s'appelle Madeleine, ainsi que plusieurs locataires de la maison 5 locataires.

[00:11:56]

Au total, la gamine est placée dans une maison d'enfants et les autres films en prison. Et pourtant, ils nient tous. Je vous jure que je n'y suis pour rien ou rien. Je vous le jure. Peut être, mais l'arrestation de ces mauvais sujets arrange tout le monde. D'autant qu'à force d'insister, la petite Madeleine, un jour, raconte le crime au juge. Le monsieur, il a été amené le foie à la cuisine. Et ils l'ont couché sur la table et ils lui ont coupé le cou.

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Et le Sanha la bassine, ils l'ont donné à manger aux gens et elle dit aussi qu'il y avait là un homme gigantesque et une femme masquée. Sauf qu'entre nous, ça ne colle pas du tout avec les déclarations de la gouvernante. Elle dit que Foldès avait rendez vous à 8 heures pour négocier des lettres de change. Ça n'est pas avec les bancals qu'il est allé négocier ses lettres de change. Ils n'ont pas de sous. C'était avec quelqu'un en qui ils avaient confiance.

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Forcément. Malgré l'arrestation des bancals, les témoins continuent de défiler au commissariat et beaucoup, décidément, parlent d'un homme de très haute taille. Alors on se met à chercher un Juillan et on en trouve dans la minute. Dans l'entourage immédiat de Falaise, son beau frère mastique Grammond.

[00:13:32]

Il fait un mètre 90 et en 1817, c'est vraiment pas banal. Et quand on interroge les domestiques de Foldès, Vassil, nous l'aimons. Puis il est passé chez Foldès. Thomas. Le lendemain, Jamra. Le lendemain. Et pourquoi elle? Pour récupérer les papiers, il a fouillé le secrétaire et après il est parti, il y a aussi des gens qui disent qu'ils l'ont vu avec un sac de pièces d'argent. Oh Jacques Guillon!

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Oui, qu'ils ont le PS et d'autres disent encore qu'ils l'ont vu s'engueuler avec Voilait l'après midi qui précède le meurtre.

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C'est bien intéressant tout ça. Le commanditaire du meurtre pourrait donc être son beau frère et Bastid. Grammond est immédiatement arrêté. Et avec lui, un agent de change qui s'appelle Jauzion et qui lui aussi était en affaires avec Foldès et qui, lui aussi, est venu fouiller chez lui après le drame.

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Bon bah voilà, il n'y a plus qu'à faire une une messe clignent avec tout ça mélangé tout ce qu'on a imaginé, ce qui a pu se passer. Bastid, Grammond et Jauzion ont commandité le meurtre et les Bancals ont fait le sale boulot. L'enquête a été rondement menée.

[00:14:58]

Le préfet va pouvoir rassurer Paris et peu importe qu'ils clament tous leur innocence. Il n'y a qu'à le juger. Et d'ailleurs, le juge suggère qu'on fasse ça fissa sur place. Harrod's devant la cour prévôtale, c'est une juridiction d'exception qui a été créée il y a 2 ans et qui est bourré d'avantages. Il n'y a pas de jurés, y'a pas de possibilité d'appel et il n'y a pas de recours en cassation. De la bonne justice rapide et efficace pour rassurer le peuple.

[00:15:33]

Le procureur général près la Cour d'appel de Montpellier réclame une cour d'assises et hors du département de l'Aveyron, car il soupçonne le juge de Rodez d'avoir bâclé son enquête, alors il écrit au garde des Sceaux. Il convient de faire transférer les accusés en un lieu où ils seraient équitablement jugés sans ennemi pour manipuler les témoignages. Et dans la foulée, il envoie un détachement de soldats à la prison de Rodez pour transférer les prévenus à Montpellier ou à Rodez. Ça passe mal et les gens se rassemblent devant la prison.

[00:16:18]

Ils sont très en colère, mais on veut nous voler nos marchés et les autorités locales refusent de livrer les prisonniers. Le général devotre qui commande les soldats est hors de lui. J'exige comme livre ces détenus contre le diable. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais me laisser manipuler par une bande de béquet au large. Je vais changer, mais là, la foule se met à hurler. Des hommes brandissent des bâtons, d'autres se mettent à lancer des pierres sur la troupe et le général est bien obligé de renoncer.

[00:16:55]

Roden garde ses assassins. Le président du tribunal fait juste une concession. Il renonce à la cour prévôtale. Ils seront jugés par une cour d'assises normale, mais sur place, à Rodez. Cela dit, l'enquête n'est pas totalement terminée. Vous vous souvenez que la petite Madeleine Bancals, du haut de ses 8 ans, a désigné un homme gigantesque et aussi une femme masquée? Elle n'a pas été identifiée, celle là. Mais qu'importe Arlonaises, il y en a une qui fera parfaitement l'affaire.

[00:17:32]

Clarisse Mormaison, forcément. D'abord parce qu'elle a 30 ans et qu'elle est jolie et qu'elle est passionné de littérature romantique. Et surtout, elle traîne une petite histoire qui fait jaser son père qui, entre parenthèses, est le président de la cour prévôtale. Son père a réussi à la marier à 18 ans pour la calmer. Il l'a mariée à un officier, mais n'est que l'officier a rejoint son régiment. Elle a pris un amant, ou plutôt des amants.

[00:18:01]

Et quand il est rentré, elle n'a pas voulu le revoir. Ils ont fini par divorcer. En a pas beaucoup des Nanak comme ça par Hodeige à l'époque.

[00:18:14]

Et son problème à Clarisse, c'est que dans l'affaire qui nous préoccupe, l'un de ses amants, un lieutenant, est allé bavasser chez le préfet. Et bien préférez vous. Elle m'a dit La mystérieuse femme voilée, c'est moi, elle me l'a dit. Elle m'a dit J'étais à la maison bancale Bourran. Rendez vous en ajoutant Je ne peux rien en dire, c'est une affaire d'honneur. Mais elle m'a dit J'ai tout vu. Voilà ce qu'elle m'a dit, monsieur le préfet.

[00:18:41]

Et le préfet, bien sûr, a prévenu le juge qui la convoque. Et là, c'est du grand spectacle. Une fois, elle dit qu'elle a vu Foldès à la maison bancale. Et le lendemain, elle dit que ça n'est pas vrai. Et une autre fois, elle dit qu'elle était présente et la fois d'après, qu'elle ne peut rien dire, car elle est menacée. Bon, c'est tout de même la fille du président de la cour prévôtale.

[00:19:04]

C'est une fille de magistrat et donc elle sera convoqué devant la cour comme comme témoin.

[00:19:17]

Le procès doit avoir lieu le 17 août, mais dès le 15 août, les magistrats sont en. On les voit parader en robe rouge à la procession du 15 août des juges.

[00:19:43]

Et le lendemain, le 16 veille du procès, la cour et les jurés, escortés par la Garde nationale, vont en procession à la cathédrale pour entendre la messe. Autres temps, autres mœurs. Cela dit, même à l'époque, ça choque. A la messe des juges, des jurés.

[00:20:06]

Ce procès, tout le monde veut en être. Alors on a construit une estrade dans la salle d'audience, une estrade pour les dames de la bonne société. C'est 10 francs la place et c'est à se demander si ça valait bien la peine de faire la révolution. Bref. Et puis, les journalistes parisiens débarquent. Ils travaillent pour Le moniteur. La quotidienne ou le Journal de Paris. Et chacun est venu avec sa sténographes, qui prendra en note les audiences, et avec son polygraphe, qui réalisera des dessins d'illustration.

[00:20:39]

Mais s'il n'y a pas que les journalistes que cette histoire intéresse, il y a aussi des imprimeurs éditeurs. Eux, ils vont beaucoup plus loin que les journalistes tous les jours. Ils comptent publier les comptes rendus exhaustifs du procès avec des gravures et des plans. Et tous les jours, ils vont imprimer une sorte de petit livre, un livret qu'ils vont envoyer à leurs abonnés et des abonnés. Ils en ont partout en France, mais pas qu'eux. Ils en ont aussi en Belgique, en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis d'Amérique et même à la cour du tsar de toutes les Russies, à Saint-Pétersbourg.

[00:21:16]

Tous les jours depuis le début de cette histoire, on débat de cette affaire, figurez vous, et de ces rebondissements à la cour avec un décalage de quelques jours. Evidemment, c'est rigolo, ça. Le temps que le livret publié quotidiennement leur parvienne. C'est fascinant. C'est la première fois dans l'histoire judiciaire que l'opinion mondiale se passionne pour une affaire française. Cent soixante dix ans avant Internet, on a là les prémices de la mondialisation. Et d'ailleurs, il faudra des décennies à Roden, la préfecture de l'Aveyron, pour se défaire de l'image détestable qu'elle a acquise avec cette histoire.

[00:22:03]

Le procès n'a pas encore commencé. Allez y, on voit le journal. Les journalistes n'y vont pas avec le dos de la cuillère. La tenancière bancale n'est pas dotée d'une figure heureuse. La ruse et la dissimulation sont emprunte la physionomie de bastid et dur et son regard est faux. Etc. Etc. Le procès débute donc le 17 août. Cinq mois pile après le crime, il est prévu pour durer trois semaines et d'entrer. La star, c'est Clarisse Clarice qui est à la barre.

[00:22:46]

Comme chez le juge, change d'avis comme de petites culottes. Une fois, elle dit qu'elle ne sait rien, qu'elle n'était pas présente et le lendemain, qu'elle était avec les autres et qu'elle était déguisée en homme. Et puis, régulièrement, elle s'évanouit. Pas portait à l'État ou alors est prise de tremblements, de convulsions et d'autres jours, elle joue les terroriser. Elle ne peut pas tout dire, car elle a peur. Vous savez? Tous les coupables ne sont pas dans les faits.

[00:23:19]

Du grand spectacle, du très grand spectacle. Dans le box, ils sont onze accusés les bancals Mari et femme, Bastilles Grammond, le beau frère Jauzion, l'agent de change et des comparses, et tous disent à longueur de journée qu'ils sont innocents. Tous, au fil des audiences, ont fait défiler 320 témoins, enfin, témoins des ragots teurs. Plus tôt, c'est le défilé du grand n'importe quoi. Je m'attarde pas sur ce procès. Vous allez vite comprendre pourquoi.

[00:23:57]

Sachez seulement qu'à la fin, Bastet, Grammond, Jauzion, la femme bancals et un autre qui s'appelle Colard sont condamnés à mort et un autre aux travaux forcés à perpétuité. Mais ça n'a aucune importance puisqu'en raison d'une faute de procédure, le verdict est cassé. Un nouveau procès a lieu en mars, avril et mai dix huit sont 18, mais cette fois à Albi, c'est à dire assez loin du chaudron bouillonnant de Rodez. Mais rassurez vous, c'est le même cirque médiatique.

[00:24:36]

Les journalistes parisiens sont de retour et ce procès est marqué par un énorme rebondissement au cours des audiences. La femme bancals avoue. Brichet Vanner. C'est vrai que comme j'ai égorgé Vonêche. Comme un cochon. Sauf que le lendemain, elle se rétracte. La jolie Clarisse vient à nouveau témoigner. Bien sûr, et elle refait son numéro. Mais ce coup là, elle exaspère le président du tribunal. Garde svp! Saisissez vous de cette femme conduisait là en prison?

[00:25:13]

Claris s'est arrêté sur le champ et à la fin, comme lors du procès de. La femme bancals est condamnée à mort, ainsi que le beau frère Bastid Grammond, le susdit Jauzion et deux de leurs comparses Collard et Bacc. Un autre est condamné à la perpétuité et les sacs condamnés à mort sont exécutés en place publique. Et voilà, c'est la fin de mon histoire. Alors, est ce que ce verdict recouvre la vérité? Ça, c'est autre chose.

[00:25:52]

Vous savez que je suis toujours très légitimiste avec la justice. J'aime pas faire courir les déracine, que la justice est forcément injuste. Mais là, 1818, j'avoue que je ne sais pas. Ce que je peux vous dire, c'est que les chroniqueurs de l'époque n'y croient pas du tout. Pour eux, l'enquête et le procès ont été bâclés. Il fallait des coupables pour rassurer les gens. Mais les journalistes qui ont suivi le procès pensent que l'affaire était beaucoup plus politique que ça, qu'elle avait à voir avec le refus de Foil d'Eze, ancien révolutionnaire qui avait servi l'empereur comme procureur, de se soumettre au roi Louis 18.

[00:26:27]

Mais il n'en apporte pas la preuve non plus. A propos, qu'est devenue la jolie Clarisse, nous l'avons laissée en prison. Rassurez vous, elle ne reste pas longtemps derrière les barreaux. Et quand elle sort. J'ai tout inventé, je n'étais pas chez les bancals au moment du feu et je n'ai rien vu du tout. En vérité, après ce qu'on sait, Clarisse a fini sa vie assez misérablement en vendant ses souvenirs de l'affaire à des journaux et à des éditeurs sont venus d'ailleurs aussi fluctuant que tous ces témoignages.

[00:27:17]

Il reste que dans les années qui suivent, ce drame provincial français va continuer d'alimenter les fantasmes Balzac on parle dans cinq de ses romans, Flaubert évoque l'affaire dans son livre Bouvard et Pécuchet, et Victor Hugo y fait allusion dans Les Misérables. Enfin, le peintre Géricault représente la scène du crime dans l'un de ses tableaux et durant tout le dix neuvième siècle sur les marchés, on peut acheter des figurines de la mère bancals de Jouhaud Gironde, Bastid, Grammond et, bien sûr, de Foldès.

[00:27:53]

Sans parler des livres, des dizaines de livres qui ont été écrits sur le sujet. Tout cela fait de l'affaire Foyle Desse l'un des crimes les plus racontés de l'histoire de France. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.