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Christophe Hondelatte Il fallait bien qu'un jour, je vous parle de Francis Heaulme, l'un des plus grands tueurs des années 90. Onze meurtres sans aucun mobile, aucune explication. Commis avec une grande sauvagerie, Heaulme a tué des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes et trois enfants. Il ne sait pas pourquoi et vous ne le sauraient pas non plus. Il est un mystère criminel. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. Réalisation Céline n'embrasse. Christophe Hondelatte.

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Le dimanche 14 mai 1989, en milieu d'après midi, la section de recherches de la gendarmerie de Rennes reçoit un appel. Le cadavre d'une quarantaine d'années. Le cadavre a été retrouvé sur la plage de Relecq-Kerhuon, près de Brest. Le gendarme de permanence qui s'appelle Jean-François Abrial je vous donne son nom parce que c'est l'un des héros de cette histoire font sur place.

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Et là, sur la plage, ils découvrent le corps de cette femme en maillot de bain criblée de coups de couteau. Aline Bérès, 49 ans, aide soignante, mère de famille. D'après un témoin, à 17 heures, elle était encore vivante. Bah oui, elle prenait le soleil. On a discuté un peu. Cinq minutes plus tard, des promeneurs l'ont retrouvée morte, mais personne n'a vu le tueur passer à l'acte.

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L'autopsie révèle qu'elle a reçu des coups de couteau très ciblés et très violents. Alors, on a des coups de couteau ici et là, vous voyez au niveau du coeur. Et puis d'autres là, au niveau du rein. Et puis enfin, des coups portés ici, au niveau de la gorge. Lequel de ces coups mortels? Docteur? Pour moi, à mon sens tous, je dirais que chacun de ses coups a pu être mortel. Et l'arbre, docteur?

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Un petit couteau, Jean Opinel, vous voyez, ça ressemble à un crime de rôdeur. Et justement, il y a des bouteilles et des canettes vides un peu partout sur le bord de la plage. A mon avis, il y a pas mal de SDF qui traînent Parigi. Et voilà qu'un témoin dit qu'il a vu deux hommes mal habillés aux abords de la plage au moment du meurtre. Il paraît qu'un centre Emmaüs qui accueille des élèves pas loin d'ici.

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On devrait aller faire un tour dans. Le centre est tout près de la plage. Gendarmerie, indiqueton. On voudrait voir la liste des pensionnaires que vous avez hébergés ces dernières heures. Oui, bien sûr, je vais trouver ça alors. Enfin, la plupart sont partis quand ils ont vu arriver les gendarmes dans le coin, je peux vous dire qu'ils se sont envolés comme des moineaux. Enfin, voilà la liste. Cette liste est diffusée dans toute la France.

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Un mois et demi plus tard, une gendarmerie de la Manche appelle. On vient d'arrêter un SDF d'une trentaine d'années qui voyageait sans billet et on s'aperçoit que son nom figure sur votre liste.

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Holmes Francis, 30 ans. OK, on va venir l'interroger. Et c'est encore le gendarme Abgrall qui s'y colle. Il tombe sur un homme tabac, un homme qui a une tête de coupable stressé. Pas très clair dans ses explications et qui, spontanément, dit des choses très étranges. Quand je fais mon service, j'ai appris une méthode qui permet d'immobiliser une sentinelle. Il suffit de trois coups bien placés au cœur PAM, PAM, PAM et à la gorge gore.

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Ça marche à tous les coups. A l'intuition, le gendarme Integrale se dit c'est lui, c'est lui. Sauf qu'il a un alibi. L'homme a beau être Arrays Lecaron, j'étais à l'hôpital. Je vais me faire un malaise cardiaque.

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On vérifie, c'est vrai. Il y a dans son dossier médical un relevé de température à 17 heures, c'est à dire l'heure du crime. Et donc après sa garde à vue. Au revoir, monsieur. Pardon de vous avoir dérangé, mais à l'intuition, au pivot, au Tara, à Abrial, se dit je le suis en train de libérer un assassin. Le lendemain, Abagnale va à l'hôpital de Campenaires. Moi, je me demandais comment est ce que vous faites pour relever les températures de vos patients?

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Ils le font eux mêmes en général. Nous, on n'a pas le temps. Ils laissent le thermomètre sur la table de nuit, puis on passe plus tard quand on a le temps pour relever quoi? Ça change tout. D'autant que la femme de ménage qui a nettoyé la chambre de Holmes raconte qu'elle a trouvé du sable sous son lit. Sauf qu'entre temps, il a disparu. Les gendarmes diffusent à nouveau son signalement et trois mois plus tard, des gendarmes de Meurtres et Moselle appellent.

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Le gendarme intégral traverse la France et il se retrouve à nouveau face à Houlme, l'entretien qu'il a avec lui ce jour là, sans grand intérêt. Il n'y est pour rien. Il n'était pas sur place. Sauf qu'à la fin, Heaulme se lève. Il regarde, kral, il lui dit. Je sais que tu sais, ça ne fait que renforcer son intuition, mais une fois de plus, il doit le relâcher.

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Deux ans plus tard, en décembre 1991, un SDF surnommé Le Gaulois est arrêté lui aussi était pensionnaire au centre Emmaüs de Relecq-Kerhuon. Le jour du meurtre d'Aline Pérès, jusque là, il n'avait rien dit parce qu'il avait peur.

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J'étais sur la plage le jour morte. J'ai vu bon, rien. Moi, je sais qu'il a tué, a dû faire. Ah bon? Bronchioles, c'est Francis Heaulme. Le gendarme Abgrall localise Holmes à Bischwiller, en Alsace. Il l'interroge à nouveau dans l'espoir de déclencher quelque chose. Il pose sur la table un album photo dans lequel il y a, entre autres, une photo du Gaulois. Effet immédiat. Où la trouver, celui là? Oui, Francis.

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Tony. Il m'a dit que c'était toi, Francis. Il a stupéfiant, il déroule qu'il fait un dessin de la plage, La femme, le taulards Tour. Moi, je tello. Puis, Le Gaulois est. Quelle sorte de couteau que tu ritualisée! Dans un hôpital que j'avais et le mobile, alors? Eh bien, il n'y en a pas. Il l'a tué, c'est tout.

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Et là, Jean-François, grâce à une nouvelle intuition, l'intuition que ce n'est pas son premier crime. Et si ça n'est pas son premier crime, alors il faut tracer la carte des endroits par lesquels il est passé ces dernières années. Ce Francis Heaulme étant routard, il bouge beaucoup tout le temps et pour se déplacer, il utilise le train et on s'aperçoit qu'il ne paye jamais son billet. Il a pris beaucoup de PV ces dernières années et ça donne déjà une idée de son parcours à travers tout le pays.

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Et puis, la gendarmerie elle même l'a verbalisé plusieurs fois pour vagabondage, bagarres, rixes, ivresse manifeste sur la voie publique. Et ça aussi, ça complète la carte de ses déplacements. En général, il dort dans des centres Emmaüs. Et eux aussi ont gardé la trace de son passage, tout comme les mairies, où il est allé retirer des colis alimentaires, ou les hôpitaux où il est allé se faire soigner. Ou les services de psychiatrie, où il a été interné pour ses délires ou pour tenter de sauver son alcoolisme.

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Bref, au bout de ce travail de fourmi, les gendarmes savent que Francis Heaulme est passé par au moins 87 départements. Autant de points sur la carte de France et en superposant cette carte avec celle des crimes non résolus. Bon, ben bien, ça fait 44 ans, les gars. Potentiellement, nos trois hommes a pu commettre 44 crimes. On a du boulot. 44 crimes, c'est un coup à se noyer, alors il faut faire un tri.

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Et les gendarmes décide de privilégier les meurtres sauvages sans mobile comme celui d'Aline Pérès. Et la liste se réduit un peu. Et elle a de quoi laisser perplexe. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards. Si c'est lui qui a tué tous ces gens là, ces victimes n'ont pas de profil. Il semble tuer au hasard. Cette enquête titanesque est impossible à raconter dans le détail. Je m'y perdrais et vous avec moi. À ce jour, Francis Heaulme a été condamné pour onze meurtres, son premier meurtre.

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Il le commet à l'âge de 25 ans dans sa région. Lestes et je vais vous raconter tout à l'heure son histoire personnelle et intime. Ce premier meurtre? Il le commet trois semaines après la mort de sa maman. Dans la forêt de plus Venel, aux environs de Pont à Mousson, le 6 novembre 1984, un garde forestier découvre encore une jeune fille dans les 16 17 ans, nue face contre terre. Elle a été étranglée et porte trois coups de couteau au niveau de la gorge.

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Elle s'appelait Lionel Gineste. Elle avait en vérité 17 ans et elle était belle comme un coeur. L'autopsie a lieu le lendemain. Première chose elle a été violée. Ou alors elle a eu un rapport sexuel juste avant, mais pour moi, c'est plus spécialement un viol. Et puis ça, ça va vous intéresser. Je pense qu'ils étaient deux. Je vous explique. L'un d'entre eux est d'abord étranglé avec une cordelette en tirant d'une main de chaque côté, vous voyez le sillon là et là.

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Elle a essayé de se sauver en mettant sa main sous la gorge. Vous voyez, là, on voit clairement la trace de sa bague sous son menton. Et là où je dis qu'ils étaient deux, c'est qu'en parallèle, elle a aussi été égorgée avec un couteau par celui qui l'étrangler, avait les deux mains prises. Donc il était forcément deux. Cette enquête va durer dix ans, sans la moindre piste, jusqu'en 1994. Cette année là, un inspecteur de la police judiciaire de Nancy découvre en lisant le journal l'existence de Francis Heaulme, qui vient d'être jugé à Brest pour le meurtre d'Aline Pérès.

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Et il s'aperçoit que le gars du coin Hall de Metz. Alors, il appelle le gendarme Integrale en Bretagne.

[00:12:30]

Dites moi, je me demande s'il n'est pas impliqué dans une affaire que j'ai sur les bras depuis dix ans. Une affaire de novembre 84. Vous savez s'il était dans la région à l'époque?

[00:12:54]

Linspecteur le fait extraire de sa prison, ils le placent en garde à vue. Et là, ils découvrent le bonhomme avec son menton en galoche, son drôle de visage immobile. Il n'y a que la bouche qui bouge et ses yeux, ses yeux, capable de vous fixer sans jamais ciller. Ramez! Monsieur Holmes, dites moi est ce que vous connaissez la forêt? De plus, Venel à mon ovines, vous connaissez? S'il connait bien oui, que je connais.

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Bien sûr, j'ai fait, je fais du vélo là bas. Il vient de faire un premier pas à la deuxième audition. Holman fait de plus. Moi, cette fille là, on l'a prise en stop, mais on l'a déposée. Je faisais leurs preuves et c'est à la troisième audition qu'il dito à la montée dans notre voiture. Et puis, quand le conducteur a tourné à gauche, bah, elle a crié C'est pas! Moi, je l'ai maintenue pour qu'elle sorte pas quoi.

[00:13:51]

Puis on a roulé dans la forêt. Ce n'est pas moi qui l'ai tué, c'est l'autre. Moi, je suis resté dans la voiture. Je vais écouter la radio jusqu'à ce qu'il revienne au bout d'un quart d'heure. Je l'ai entendu, il a crié Casse toi, salope, puis. On a reporté, il donne le nom de son complice au juge d'instruction. Il l'a connu sur un chantier. Il s'appelle Joseph Molasse. Ce Mollin s'est arrêté. Il reconnaît les faits, mais pas du tout le scénario.

[00:14:19]

Mais moi, je n'ai fait que la violer. C'est lui qui doit tuer. C'est son premier meurtre. Il ne pourra jamais plus s'arrêter de tuer.

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Son deuxième meurtre, chronologiquement, vous le connaissez plus que les autres. C'est le double meurtre de Montigny lès Metz, toujours dans l'Aisne. Le meurtre pour lequel Patrick Dils a passé quinze ans en prison pour rien. Le 28 septembre 1986, vers 17 heures, d'un petit garçon de 8 ans, Cyril Beining et Alexandre Beckrich vont jouer sur un talus qui borde une voie de la SNCF, près de chez eux. On les retrouve un peu après 19 heures, le crâne fracassé à coups de pierre.

[00:15:05]

On a cru que c'était deal. C'était Francis Heaulme. Raul commet son troisième crime sept mois plus tard, en avril 1987, près de Metz, à Ogy. Il est avec deux compères qu'il a rencontré dans un centre de désintoxication. Il est 4 heures 45 du matin. Ils sont bourrés comme d'Écouen. Et là, il croise la route d'Annick Maurice, qui travaille au supermarché de Wapi et qui va embaucher Holmes. Et les deux autres l'attendent à la sortie d'un petit tunnel et on retrouve le cadavre d'Annick.

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Six mois plus tard, au bord de la Nationale 3, il l'a frappée à la tête et finalement étranglée.

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Holmes récidive 14 mois plus tard à Charleville-Mézières. Il poignarde Guylaine Ponsard, 61 ans, et Georgette Manesse, 86 ans, qui le surprennent en train de cambrioler leur maison. Dix mois plus tard, en avril 1989, Olmeta Port-Grimaud, sur la Côte d'Azur, en hôpital psychiatrique, devant un camping. Il est avec un complice. On n'a jamais su qui il croise un petit Belge de 10 ans, Joris Viville. Moi, gamin, queleur qu'il est lent.

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Mais le gamin est belge, il est flamand. Il ne comprend pas la question. Heaulme l'emmènent. Il l'étrangle et il le frappe 83 fois à coups de tournevis. Trois semaines plus tard, il tue Aline Pérès sur la plage près de Brest. Et encore deux mois plus tard, Sylvie Rossi, près d'Horace, à coups de pied et de poing. Deux ans plus tard, en mai 1991, le Routard est rentré chez lui, près de Metz.

[00:17:12]

Il croise la route d'une gamine de 14 ans, Laurence Guillaume, qui rentre chez elle à scooter. Holmes est avec le cousin de cette gamine. C'est le cousin qui la viole. Et c'est Holmes qui la tue. Son dernier meurtre, Holmes le commet sept mois plus tard à Boulogne sur Mer. Jean Rémy, 65 ans, il le poignarde et il le pousse du haut d'une falaise. Pardon pour cette insupportable litanie de meurtres, mais qui est ce routard qui tue avec une sauvagerie sans limites des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes sans mobile, jamais sans les violer lui même?

[00:18:01]

Qu'est ce qui se passe dans sa tête? A la recherche du pourquoi, on commence par solliciter des psychiatres et à côté de ça, on mène une enquête approfondie dite de personnalité. Comment s'est fabriqué cet homme qui n'est pas fou? Enfin, c'est ce que disent les psys, mais qui tue, comment respire?

[00:18:34]

Commençons par ses parents. Les parents façonnent leurs enfants. Francis Heaulme, né en 1959, est le fils aîné de Nicole et Marcel Holmes. Elle est femme de ménage. Il est électricien et alcoolique et violent. Il bat sa femme et il est très dur avec Francis et Christine, qui naîtra sept ans plus tard. Ils n'ont pas le droit d'avoir des amis, par exemple. En revanche, Heaulme dit que sa maman est une sadd, ce qu'elle n'est pas.

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Elle l'aime, mais elle n'est pas une bonne mère. D'abord, elle picole elle aussi et surtout, elle le néglige et elle est absente. Il est livré à lui même tout le temps. Il y a une scène terrible dans le rapport de l'enquêteur de personnalité. Quand il a faim, le petit Francis va chez l'épicier et vous savez ce qu'il achète avec ces petites pièces jaunes volées de Sidna, nous aurons de la pâtée pour chat. Du coup, tout le monde l'appelle Félix Flats ou Félix tout court.

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Et ce surnom, Félix, il l'a adopté et même revendiqué. Et d'ailleurs, quand on l'arrête. Beaucoup de gens ne savent pas qu'il se prénomme Francis. Pour eux, c'est Félix. A côté de ça, assez petit, on détecte chez lui un retard intellectuel et une tendance à s'isoler à l'école, dans la cour. Il est toujours tout seul. Il passe ses regrets, appuyé contre un mur. Il ne parle pas aux autres. Sa grande passion, ce sont les maquettes.

[00:20:05]

Un truc qu'on fait tout seul dans sa chambre. Et puis, régulièrement, il fait des crises de nerfs. Enfin, c'est comme ça qu'on appelle ça à l'époque. Et il s'automutiler, qu'il se taillade la joue où il se cisailles le bras avec un couteau. Et puis, il se met à boire de la bière et des litres de bière, ce qui va l'amener plusieurs fois à l'hôpital psychiatrique. À part ça, il est Mireault. Il voit mal, mais enfant chez lui, personne ne s'en est aperçu.

[00:20:33]

C'est l'un de ses employeurs, un jour, qui lui a conseillé d'aller voir un ophtalmo. Et là, il a chaussé des lunettes pour la première fois et il a découvert que le monde était plus net qu'il ne l'imaginait. Francis Heaulme a 25 ans quand sa maman meurt d'un cancer à l'âge de 44 ans. C'est sa soeur qui le lui, annonce Francis. Comment elle est morte? Et là, il s'empare d'une soupière et la brise. Sa sainte mère est morte.

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Son monde s'effondre. Quant au funérarium, on veut fermer le cercueil. Il ne veut pas. Et quand au cimetière, on descend le cercueil dans le caveau, il veut se jeter dedans. Il faut le retenir. Et dans la foulée, il fait deux tentatives de suicide.

[00:21:34]

Il faut l'interner à l'hôpital psychiatrique et trois semaines après la mort de sa maman, il commet son premier meurtre. Donc, contre un père violent et sa mère qui l'aimait mais ne savait pas faire. Il avait un sac à dos commandé, une histoire difficile à porter, mais ce qu'il a par ailleurs un handicap psychiatrique. L'un des psychiatres experts qui l'examine. Le docteur Jean-Michel Masson, l'un des meilleurs de l'époque, va trouver quelque chose d'inattendu quand il le voit arriver en prison.

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Il est très surpris par sa morphologie, son corps d'adolescent, son torse très plat, séant très large. Alors, il prend une initiative qui est assez rare chez un psychiatre. De là. Je voyez vous examiner. Vous pouvez enlever votre pantalon. Ne vous inquiétez pas, je vais juste baisser votre slip Ouanna. Et là, le docteur Masson constate qu'il a de tout petits testicules, des testicules atrophié, et ça, plus. Le corps d'adolescent? Eh bien, c'est le signe d'une maladie génétique qui s'appelle la maladie de kleinfeld teurs et qui se traduit par un excès de féminité sur le plan génétique.

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Holmes n'est pas totalement un homme. Il a deux chromosomes X pour un chromosome Y. Il est intersexes et probablement par ailleurs homosexuel refoulé. La maladie de Cling Feltre, dont il souffre, explique son drôle de physique, son retard intellectuel dans l'enfance, ses problèmes de vue aussi, son manque de maturité et son impulsivité, ses fameuses crises de nerfs. Il a fait le tour des hôpitaux psychiatriques pendant toute sa vie. Personne n'a jamais détecté sa maladie. Mais attention, ça ne fait pas de lui un irresponsable pénal.

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Ça ne va pas empêcher de le juger pour ses 11 meurtres. Ça n'entre pas dans la catégorie des maladies qui dispense de la cour d'assises. Maintenant qu'on sait qu'il est et ce qu'il a fait, un Tour de France commence un autre Tour de France, le Tour de France des tribunaux. Il va falloir près de 23 années pour juger Heaulme complètement.

[00:24:12]

Premier procès en 1994 à Quimper, l'affaire par laquelle tout a commencé le meurtre d'Aline Pérès sur cette plage près de Brest. C'est la première fois que le public pour qui il est devenu le tueur en série français peut le voir de ses yeux quand il entre dans le box des accusés. La salle est pleine à craquer, se fige comme fasciné. Quel étrange bonhomme, ce grand corps difforme, maigre. Et puis ce tic qui lui déforme la bouche. On ne voit pas ses lèvres.

[00:24:44]

On dirait qu'il les aspire. Et puis son menton en galoche, là, quel humain physiquement étonnant. À la fois, l'avocat général requiert vingt années de réclusion criminelle et c'est à ça qu'il est condamné. Vingt ans pour le meurtre d'Aline Pérès. L'année suivante, le marathon judiciaire se poursuit devant la cour d'assises de Metz pour le meurtre de Laurence Guillaume. Un procès marqué par un étonnant réquisitoire. L'avocat général s'adresse directement à Heaulme. Je vais demander pour vous, monsieur Heaulme.

[00:25:27]

L'enfermement à vie? Il n'y a pas d'autre solution. Votre place est peut être en psychiatrie, mais on n'a pas la méthode pour l'instant. Alors faute de pouvoir vous soigner. Ce sera l'enfermement. Holmes prend sa première condamnation à perpétuité. En 1997, il est jugé à Périgueux avec son complice Didier Gentinnes pour le meurtre de Laurent Buros. Ça, je ne vous en ai pas parlé parce qu'il est acquitté faute de preuves. Et ça fait, je vous le dis, un sacré barouf.

[00:26:07]

À l'époque, tout le monde aurait bien aimé qu'il soit coupable la même année. Il est à nouveau condamné à perpétuité à Draguignan pour le meurtre du petit Joris Viville. Il prend ensuite 15 ans pour le meurtre de Jean-Rémy, puis 30 ans en 99 pour le viol et le meurtre de Lionel Gineste, puis à nouveau 30 ans en 2001 pour le meurtre d'Annick Maurice et encore 30 ans en 2004 pour le meurtre de Sylvie Rossi, Guylaine Ponsard et Georgette Manesse.

[00:26:37]

A ce moment là, on pense que c'est fini. Et puis non. Il lui reste l'affaire de Montigny lès Metz. Les deux petits garçons tué à coups de pierre, pour laquelle, en 2018, après avoir fait appel, il prend perpétuité. Ne perdez pas votre temps à faire l'addition de toutes ces peines de prison. En droit français, les peines ne s'additionnent pas. La plus lourde absorbe toutes les autres. Francis Heaulme est donc condamné à perpétuité.

[00:27:12]

Il mourra en prison. N'ayez pas de doute là dessus.

[00:27:21]

Alors, Francis Heaulme est il à proprement parler un tueur en série? Si l'on s'en tient au nombre de ses victimes? Oui, mais ce n'est pas ça. Un tueur en série, d'ailleurs, qu'est ce que c'est? C'est un concept américain, un type qui a des petites manies, qui fait toute une mise en scène. Toujours la même. Un type qui ne tue que des blondes ou que des femmes qui ressemblent à sa mère. Il n'y a rien de tout ça chez France Issole.

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Rien. C'est un sale type et aussi un peu un pauvre type qui tue. C'est un tueur fou, mais qui n'est pas fou.

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