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[00:00:02]

La seconde, c'est Christophe Hondelatte. On est d'accord sur un truc que vous et moi, et depuis longtemps, il est inutile de tuer votre femme alors qu'il est si simple de divorcer.

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Alors voici l'enquête sur l'assassinat d'Isabelle Mossay en 2013 à Firth, près de Mulhouse, que nous allons débriefer avec l'avocat de la famille, maître Thierry Moser, du barreau de Mulhouse. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. Réalisation Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. C'est l'histoire d'une maman, Isabelle Mansard, qui, en septembre 2013, A Firth, près de Mulhouse, ne va pas chercher ses enfants à l'école ni à midi pour déjeuner, ni le soir à 5 heures. Alors vous allez me dire elle a peut être eu un contretemps au travail. Maintenant, elle est au chômage. Et puis, ne pas venir chercher ses gosses, ça n'est pas du tout son jean. Et en plus, elle n'a prévenu personne, ni son mari Eric, ni sa soeur Karine, ni son beau frère Ludovic.

[00:01:12]

Et là, il faut que je vous explique.

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Éric et Isabelle, sa soeur Karine et le beau frère vivent sous le même toit, dans la même maison. Moi, perso, c'est un truc qui ne me plairait pas du tout. Vivre avec ma soeur et mon beauf ou avec mon frère et ma belle soeur, ça m'angoisse totalement. Mais bon, c'est leur choix. Ils ont fait construire une maison ensemble il y a 12 ans, rue du Château. Mais attention, chacun a son propre appartement. Faut pas pousser mémé dans les orties, Membrolle, ville comme ça côte à côte depuis 12 ans.

[00:01:50]

Bon, revenons en à la disparition d'Isabelle, sa mère, évidemment. Et tout de suite inquiète, sa fille Karine essaye de la rassurer.

[00:01:59]

Ecoute maman, je suis en train de rentrer à la maison. Je tente des réglages pour arriver en route. Karine, la soeur, appelle son beau frère.

[00:02:07]

Éric, qui est donc le mari d'Isabelle, hérite. Courant juin. Isabelle n'est pas allée chercher les enfants à l'école. Je crois que moi aussi, j'essaye de l'appeler depuis midi. Je vais faire un message ne m'a pas rappelée. On se retrouve à la maison. Quand Karine arrive finalement chez elle, enfin chez eux, elle trouve son beau frère Éric, le mari d'Isabelle, livides, au bord du malaise. Secoué de spasmes comme s'ils allaient dégoupillé. Qu'est ce qui se passe?

[00:02:46]

Eric? Börner était cambriolé. On a été cambriolé. Pourquoi est ce qu'il dit ça? Ils n'ont pas été cambriolés. Il y a une voiture du SAMU et un camion des pompiers devant la maison et là, d'un coup, elle comprend et elle se met à hurler.

[00:03:05]

Après, je veux quoi, ma sœur? Je veux voir ma sœur. Elle est où? Mme. C'est fini pour. Isabelle a été retrouvée morte dans son salon, mais pas de mort naturelle, d'un infarctus ou d'un agressaient, on l'a retrouvé dans une mare de sang, lardé de coups de couteau. Dans la foulée des pompiers arrivent les gendarmes et ce qui les frappe d'entrée, c'est que la maison est dans un désordre épouvantable. Un souk intégral, ce qui les met tout de suite sur une piste.

[00:03:48]

La fameuse piste du cambriolage qui a mal tourné. Des voleurs qui pensent pénétrer dans une maison vide, qui tombent sur la propriétaire qui panique et qui la tue. C'est un classique. Mais est ce que c'est vraiment ça qui est arrivé? Vous vous doutez bien que si je suis là, ce n'est pas pour vous raconter une histoire de monte en l'air qui pète les plombs. Je ne me serais pas dérangé et je ne vous aurais pas dérangé pour une histoire certes douloureuse, mais tristement banale.

[00:04:31]

Les gendarmes débutent leur enquête par du classique Qui était cette femme et qui sont ces gens?

[00:04:45]

Isabelle avait 41 ans. Elle était donc au chômage et son mari, avec lui est chauffagiste, artisan indépendant. Sa petite entreprise marche plutôt bien. Ils ont une petite fille de six ans et Isabelle, d'après ce qu'on dit, était plutôt timide, réservé, introverti, alors qu'Eric, son mari. Toujours d'après ce qu'on dit, c'est une grande gueule.

[00:05:07]

Et puis, il y a donc cette singularité, cette vie en somit communauté dans la même maison, avec la soeur d'Isabelle et son mari Ludovic Somit Communauté. Enfin, ce qui est commun, c'est surtout le jardin et la piscine. Pour le reste, je vous l'ai dit, chacun a son appartement avec juste une porte entre les deux dans la cave.

[00:05:28]

Et les enfants, qui sont donc cousins, ont quasiment le même âge. C'est commode. Le mercredi, le week end, ils jouent ensemble dans le jardin, du matin au soir.

[00:05:46]

La soeur d'Isabelle, Karine, est bien entendu interrogée par les gendarmes. Je préfère vous prévenir tout de suite mon beau frère Éric. C'est un impulsif, alors on vient de tuer sa femme. C'est un peu le genre justicier. Vous voyez, je vous conseille de faire vite votre travail parce que sinon, il va le faire à votre place. S'il trouve qu'il a fait ça, il va le faire à votre place. Or, je vous connais. Vous êtes toujours pressé.

[00:06:22]

Vous vous dites grande gueule, le genre justicier. C'est lui qui l'a tué. Enfin, combien de fois il va falloir que je répète que la vérité se cache toujours derrière les apparences.

[00:06:40]

Et maintenant, suivez moi dans la salle d'autopsie de l'Institut médico légal de Strasbourg.

[00:06:47]

Elle a reçu huit coups de couteau. En tout, sept dans le dos et au thorax. Quel genre de couteau, docteur? Je pencherais pour un couteau de cuisine dont la lame ferait aux alentours de 15 cm. Quelque chose de particulier dans ces coups de couteau daucun.

[00:07:05]

Oui, oui, ce ne sont pas des coups francs net. Il y a eu comme une sorte de va et vient avec la lame. Et c'est bien sûr ça qui a provoqué la mort, docteur? Oui, bien entendu. Les cours ont perforé le poumon, ce qui a entraîné naturellement un arrêt cardiaque. Est ce qu'elle est morte immédiatement? Pas tout à fait. Mais très vite, je dirais dans les quatre minutes et l'heure de la mort. Pardon, mais je ne vais pas pouvoir répondre très précisément.

[00:07:40]

Et ma réponse ne va pas beaucoup bouger. Je dirais qu'elle est morte entre huit heures, vingt huit heures et quart du matin et deux heures et quart de l'après midi.

[00:07:52]

Effectivement, c'est une plage horaire assez large de presque six heures. Les gendarmes vont devoir faire avec.

[00:08:06]

Et donc, pour affiner l'heure de la mort, il ne reste plus qu'à reconstituer au plus près l'emploi du temps d'Isabelle. Le 12 septembre au matin. Sa soeur Karine a vu le couple tôt le matin, dirait qu'il était 8 heures moins quart. Isabelle était encore en pyjama et Éric était en tenue de travail. Eric avait un rendez vous pour son travail à Dannemarie. C'est à 15 kilomètres le Firth qu'Eric. C'est ce qu'Isabelle avait prévu de faire ce jour là.

[00:08:42]

Le chargé du travail avait prévu d'aller déposer des CV dans deux magasins. Elle voulait postuler comme vendeuse et après, elle devait aller chercher les gossé, l'économiser pour déjeuner. Et on sait qu'elle n'est jamais allée à l'école. Elle n'est pas non plus allée dans les deux magasins déposer son CV. Jeune femme blonde, Judith. Nous, nous n'avons pas vu du tout ce dont on pouvait se douter puisqu'on l'a retrouvé avec un pantalon de jogging et un haut de pyjama.

[00:09:21]

Or, tout le monde dit qu'elle était coquette. Elle ne serait jamais sortie de chez elle dans cette tenue.

[00:09:28]

Donc, après le départ d'Eric pour le travail, elle n'a pas bougé de chez elle. Sa mère a tenté de la joindre à 9 heures 8 précisément. On a la trace de cet appel sur son portable. Isabelle n'a pas décroché. Eric aussi a essayé de la joindre beaucoup plus tard, deux fois à 11h59 et à midi. Et la deuxième fois, il a laissé un message, donc, hypothèse la plus probable. Isabelle est morte entre 8 heures et 4 heures de départ d'Eric et 9 heures 8 heures à laquelle elle ne répond pas à sa mère.

[00:10:03]

Hypothèse 1 parce que elle ne lui a peut être pas répondu parce qu'elle était occupée à faire autre chose.

[00:10:15]

À part ça, les gendarmes restent sur la piste d'un ou plusieurs cambrioleurs. Même si quelques détails les chagrine, il n'y a pas de trace d'effraction ni sur la porte ni sur les fenêtres. Certes, la maison a été retournée. Je vous l'ai dit, c'est un souk intégral. Enfin, d'habitude, les voleurs prennent les ordinateurs et les téléphones portables. Et là, selon Eric, ils se sont contentés de prendre de l'argent.

[00:10:43]

Oui, il y avait de l'argent dans une enveloppe sur le bureau et l'enveloppe est plus là. Et combien y aurait il y avait, il y avait 500 euros, mais les ordinateurs et les portables sont là à leur place.

[00:11:01]

Bref, ce cambriolage ressemble à une mise en scène.

[00:11:04]

Parce que quel sens ça a d'ouvrir le placard de la cuisine, de balancer des rouleaux de Sopalin au milieu de la pièce dans la foulée de la découverte du corps?

[00:11:19]

Les gendarmes ont bien sûr fait venir leurs experts, leurs tics, leurs techniciens en identification criminelle.

[00:11:25]

Ils ont ratissé la maison à la recherche de poils, de cheveux et d'empreintes digitales. Ils ont prélevé plus de 300 échantillons qui ont été tous envoyés au laboratoire de la gendarmerie de Rosny sous Bois, en banlieue parisienne. Alors, qu'est ce que ça donne? Eh bien, pas grand chose. Essentiellement l'ADN des membres de la famille Sopha sur la poignée d'une porte qui mène au garage. Et sur ces vêtements, rien non plus. Non, juste l'ADN de la victime et celui de son mari.

[00:11:59]

Décidément, les gendarmes n'ont pas de chance. Le dimanche qui suit demeure, une marche blanche est organisée à Halford. Elle rassemble 600 personnes, dont le maire et le député du coin.

[00:12:21]

Juste après, Karine, la soeur d'Isabelle, se souvient d'un événement récent qu'elle n'avait pas pensé à signaler aux gendarmes. Sur le moment. C'était il y a trois mois, dans la maison, juste en face. J'ai vu des cambrioleurs et après j'ai entendu l'alarme se déclencher, alors j'ai appelé les gendarmes. Ils sont arrivés et ils ont arrêté deux types des Roumains, et après ils m'ont demandé de les identifier, ce que j'ai fait. Je me dis peut être que ils ont voulu se venger et du coup, ils ont confondu Isabelle avec moi.

[00:12:57]

Les gendarmes creusent cette piste et au début, ils y croient. Parce que figurez vous que l'un des deux Roumains a effectué, la veille du meurtre, un paiement avec sa carte bancaire dans un hôtel première classe à 20 km, dit Firth. Mais cette carte, il dit qu'elle l'a prêté à un ami, ce qui se confirme. Le second, Roumain, est en prison en Allemagne. Fin de la piste roumaine. Faute de mieux. Les gendarmes font alors ce qu'on appelle lentourage et là, ils tombent sur une amie d'Isabelle, Mounzer, qui les met sur une piste déjà au carrefour Mayanga, qu'elle n'aimait pas trop.

[00:13:45]

Isabelle, c'est un copain d'Eric. Elle leur chevrillon à la maison. Mais force, est quoi? Et qu'est ce qu'elle lui reprochait? Marie Il était macho, Jean Jean Relous? Vous voyez? Mais cette piste ne va pas plus loin. Le relou a un alibi le jour du meurtre.

[00:14:11]

Et c'est là que dans cette affaire, un mois et demi après le meurtre d'Isabelle, apparaît un corbeau. Un jour, Eric Mosshart, le mari, ouvre son courrier. Son beau frère et sa belle sœur sont présents. Ils pourront vous confirmer. Ils tombent sur une carte postale bourrée de fautes d'orthographe. Je vous Lalli, Isabelle, cette belle grande blonde. Je l'ai accosté, Vester, sur le parking Leclerc, Décathlon et Cora pour l'inviter. Et elle m'a dénigré.

[00:14:44]

Je voulais juste baiser. Et cette blonde, son mari, est parti toute la journée et accent aigu. Nous aurions eu le temps de faire l'amour. Je ne suis pas qu'on y fout. Son mari ne la baissera plus. Adieu. C'est troublant. Voilà donc un type qui revendique son crime, qui s'accuse et qui donne comme motif qu'Isabelle a refusé ses avances sur parking. Eric Monseur lit la carte une fois, deux fois, trois fois cette phrase.

[00:15:22]

Je suis Nikon et vous? Ça me dit quelque chose. Je connais quelqu'un qui dit tout le temps. Je n'arrive pas à me souvenir et là, sa belle soeur Karine vole à son secours. C'est pas le voisin qui dit ça, tonton. Bah oui, chez lui, oui. Et en plus, il s'appelle enfin il a reluquer pas mal quoi? Ouais, ouais, c'est ça, c'est Vreizh, c'est lui. T'as raison, il dit tout temps Je ne suis pas contre Iffou.

[00:15:58]

Eric Mosset appelle donc les gendarmes et il leur donne la carte postale. Et il les met sur la piste de ce voisin qui n'est ni con ni fou. Les gendarmes se penchent discrètement sur son cas. Ils étudient son téléphone portable, ses emails et SMS et il se rend en cartes sur son emploi du temps. Le jour du meurtre, ça ne peut pas être lui. Il était peut être amoureux transi d'Isabelle, mais ça n'est pas lui. En revanche, la carte postale.

[00:16:26]

Elle est bien réelle et elle est là, posée sur le bureau de la juge d'instruction. Et le chef d'enquête de la gendarmerie est là avec elle.

[00:16:35]

Elle ne devrait pas faire une expertise en écriture auprès de l'entourage. Oui, d'accord. D'accord, juge, on va faire un. Et là, je veux m'arrêter deux secondes et demi parce que par facilité souvent, on appelle ce genre d'expertise de la graphologie. On ne devrait pas. La graphologie est une science, un Danois qui prétend expliquer qui vous êtes. Là, on parle d'expertise en écriture. Ça n'a rien à voir. Il s'agit de comparer scientifiquement telle et telle caractéristique d'une écriture, telle manière d'écrire le Luger, le R, etc.

[00:17:15]

Et donc, on compare l'écriture de la carte postale à celle des voisins, des amis et de la famille d'Isabelle.

[00:17:23]

Bon, j'ai terminé, je suis désolé, mais ça n'aboutit à rien. Aucune similitude. J'envoie mon rapport. Moi. Sur ordre de la juge, les gendarmes enchaînent avec une analyse ADN de la carte et dessus, il ne trouve qu'un seul ADN, celui d'Eric, le mari. Normal, puisque c'est lui qui a ouvert le courrier.

[00:17:57]

C'est à partir de ce moment là que Karine, la soeur d'Isabelle, commence à manifester des doutes auprès des gendarmes et ses doutes, j'en suis certain, recoupent les doutes. Que vous avez vous depuis le début pour vous dire la vérité?

[00:18:14]

Je me pose beaucoup de questions sur Éric, mon beau frère. Son attitude, sa manière de dire tout le temps depuis le crime qu'il faut, il faut tourner la page que la vie continue et que vous avez des éléments qui pourraient nous faire penser qu'il est responsable de la mort de sa femme. Oui. Il s'est déjà requinqué, figurez vous. Avec une blonde mince, grande, qui ressemble beaucoup à Isabelle, beaucoup physiquement, je veux dire. Alors on en a parlé tous les deux.

[00:18:51]

Il prétend que c'est Isabelle Weyler qui a mis cette femme sur son chemin. Vous voulez dire que elle vit avec lui? Oui, oui, à peine quelques semaines après la mort d'Isabelle. Elle est venue s'installer à la maison. Elle vit avec nous maintenant. Pour moi, autant vous dire que cette femme qui la voie et qui ressemble tellement à ma sœur. Je trouve ça très douloureux, qu'on voit un peu de mal à m'y faire. Et lui, qu'est ce qu'il vous dit à son sujet?

[00:19:27]

Que c'est comme ça, il faut qu'on accepte. C'est étrange, en effet, un homme qui se console si vite à partir de là, les gendarmes se penchent sur la vie privée d'Eric Mosset et il découvre le pot aux roses. Il cachait bien son jeu. Le lascar, ça fait des années qu'il avait des maîtresses. Pas une, mais plusieurs en même temps. Et je peux vous dire que j'ai vu sa photo. Physiquement, ce n'est pas Brad Pitt, mais c'est un peu tard.

[00:20:03]

Il envoyé jusqu'à 2 le même jour sur son temps de travail, bien sûr, mais aussi le week end, en inventant des urgences. Je vous rappelle qu'il est chauffagiste et de chauffage. C'est connu, ça tombe en panne. On étudiant sa ligne téléphonique.

[00:20:19]

Les gendarmes s'aperçoivent que dans le lot, ils avaient une chouchou qu'ils voyaient plus souvent que les autres. Et cette femme, les gendarmes, la convoque et une liaison avec Eric et me promettait Tonton, on va vivre ensemble, on va vivre ensemble.

[00:20:38]

Je vais divorcer. Et puis, je n'ai jamais quoi me balader. Et donc, un jour, j'en ai marre puisque c'est comme ça. Je ne veux plus toi.

[00:20:49]

Et ça s'est passé quand cette dispute, madame? Le 11 septembre, la veille de la mort de sa femme.

[00:21:02]

La veille, mais ça change tout. Ça ouvre la porte à un scénario terrible. Éric touche sa femme parce que sa maîtresse favorite lui a posé un ultimatum. On serait donc dans le cas assez classique d'un homme qui ne réalise pas un truc qui saute à vos yeux et au mien, qu'il est plus facile de divorcer que de tuer Séchelles quand ce n'est pas le premier. C'est fou, ça arrive très souvent. Zigouiller sa femme au lieu de l'acquitter. Alors, les gendarmes se mettent à décortiquer l'emploi du temps d'Eric le jour du crime.

[00:21:46]

Lui a toujours dit qu'il a quitté la maison à 8 heures et quart, et c'est corroboré par le témoignage d'un voisin qu'il a vu partir. Et Eric dit aussi que ce matin là, il avait rendez vous à Dannemarie, à 15 km où il est arrivé à 8 heures et demie. Alors, les gendarmes ont interrogé sa cliente.

[00:22:05]

Mais il n'est pas du tout arrivé à 8 heures et demie. Un homme, monsieur Mosshart? Je dirais qu'il est arrivé à 9 heures passées dans les sacs. Ça change tout ça. Il lui faut un peu plus d'un quart d'heure pour aller à Dannemarie. C'est donc il n'est pas parti de chez lui. 8E Rekha. Neuf mois après la mort de sa femme, Eric Moser est donc placé en garde à vue.

[00:22:33]

Selon vos dires, vous quittez le domicile conjugal le matin du crime, à huit heures et quart. Vous dites ensuite que vous avez un rendez vous à Dannemarie avec une cliente et que vous êtes arrivée chez elle un quart d'heure plus tard, c'est à dire à 8 heures et demie. Or, nous avons vérifié auprès de votre cliente. Elle affirme qu'en vérité, vous êtes arrivée chez elle après 9 heures, sachant qu'il faut un peu moins de 20 minutes pour faire le trajet entre votre domicile et celui de votre client à Dannemarie.

[00:23:07]

Il y a donc un trou dans votre emploi du temps de près d'une demi heure. Alors, je vous pose la question qu'avez vous fait pendant cette demi heure? Monsieur Mosshart, je change la camionnette. Il y avait des travaux sur la route. Ça m'a ralenti. Forcément, j'ai joué Beauregard dans la mort de ma femme. J'ai joué pour rien.

[00:23:35]

Il n'y est pour rien et il le répète jusqu'à la fin de sa garde à vue. N'empêche que la juge d'instruction, dans la foulée, le mettant en examen pour homicide volontaire, sans aveux, sans preuve, sur la base d'un sentiment d'une impression de ce trou dans son emploi du temps. Et puis des maîtresses de celle qui a remplacé s'évitent Isabelle et de ce cambriolage qui a l'air bidon. Et aussi du côté grande gueule du bonhomme. Et enfin, d'un témoignage dont je ne vous ai pas encore parlé.

[00:24:08]

Celui de l'une des maîtresses d'Eric Mosshart. Le meurtre de sa femme a eu lieu le 12 septembre. C'est ça. Je voulais vous dire que la veille. Le Hurts, Eric, il est venu me demander de cacher une arme chez moi, une arme qui n'est donc pas l'arme du crime, puisque Isabelle a été tuée avec un couteau de cuisine, mais s'est donné la mort. De plus, Eric qui dans la foulée de sa mise en examen pour assassinat et placé en détention provisoire.

[00:24:41]

Ça tourne au vinaigre pour la grande gueule.

[00:24:56]

Le procès des rythmes scolaires s'ouvre devant la cour d'assises de Colmar le 13 mars 2017. Trois ans et demi après le crime, c'est un procès qui va voir s'affronter deux grands avocats Maître Thierry Moser, partie civile qui représente la mère, la sœur et le beau frère d'Isabelle et maître Moser.

[00:25:14]

Vous vous en souvenez peut être? C'est celui qui a défendu et qui défend depuis 29 ans Christine et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory. Et enfin, pour défendre Eric. Le mayen le plus coriace Eric Dupond-Moretti, acquitté à tort, comme on l'appelle, parce qu'il avait acquitté bon nombre de ses clients, que tout le monde avait condamné par avance. Ça promet du sport.

[00:25:45]

Le président commence par projeter des photos prises au domicile d'Isabelle et d'Eric le jour de la découverte du corps.

[00:25:53]

Je vous demande d'observer ici. Au niveau du porte couteaux, vous le voyez? Ce couteau en particulier. Vous noterez qu'il ne ressemble pas aux autres et il n'est pas en inox, alors que vous remarquerez que tous les autres couteaux le sont. On peut donc considérer que ce couteau a été remplacé. Pour autant, Eric Mosshart persiste à dire qu'il est innocent. Ensuite, le président fait défiler les maîtresses une par une, ce qui évidemment, peut amener les jurés à penser que pour Eric.

[00:26:32]

Mentir est une seconde nature. Qu'avez vous à dire au sujet de vos maitresses, monsieur? Je reconnais que j'avais des maîtresses, mais ça ne m'empêche pas d'aimer ma femme. À la fin, l'avocat général requiert vingt années de réclusion criminelle pour Éric Mohsin et à la toute fin. Éric Dupond-Moretti prend la parole en dernier.

[00:27:06]

Je vous regard. Mesdames et messieurs, chacun d'entre vous les yeux dans les yeux. Avez vous la certitude totale qu'Eric Mosshart a tué sa femme? Vous ne l'avez pas? Vous avez un sentiment, vous avez une impression, mais l'enquête ne vous a apporté aucune preuve, aucune preuve convaincante. Et donc, vous avez un doute. Et puisque vous avez un doute. Vous devez l'acquitter. Les jurés condamnent finalement Éric Mohsin à vingt années de réclusion criminelle. Il fait appel.

[00:27:50]

Bien sûr. Nouveau procès le 25 juin 2018, devant la cour d'assises de Strasbourg. On les fait défiler 40 témoins, disent experts. Et à la fin. Maître Dupond-Moretti redit ce qu'il a dit un an plus tôt ça peut être un cambriolage ou une tentative de cambriolage, ou le maquillage, un crime. Mais aucun de ces trois hypothèses ne désigne Eric Mohsin. L'enquête est trop fragile pour condamner cet homme qui là dans le box. Regardez le. Oui, il a eu des maîtresses, mais est ce que vous êtes certain que tous les hommes qui ont des maîtresses?

[00:28:34]

Sont capables de tuer leur femme. Bakkies Tatort vatil il a encore frappé? Ah ben non! Eric Mosshart est à nouveau condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

[00:28:55]

Voilà donc pour cette histoire que nous allons débriefer maintenant avec maître Thierry Moser. Vous êtes Didou, maître Moser, partie civile dans ce dossier. Vous avez défendu les intérêts de la sœur Caring, de la mère et donc du beau frère. Et c'est bien d'ailleurs, au passage, un livre qui paraît si Lavalette Noyez éditeur, paroles d'avocat dans laquelle vous évoquez brièvement cette affaire là, précisément. Un premier mot sur le verdict a été confirmé en appel. Est ce que 20 ans, c'est ce que vous espériez?

[00:29:27]

Est ce qu'espérait la famille?

[00:29:30]

Ce que nous espérions, c'est une déclaration de culpabilité. Nous avions face à nous, donc Marie, comme un direct très combatif qui était secondé par un avocat dont la pugnacité n'est plus à démontrer. Et dans ce dossier complexe, nous savions uniquement ce que j'appelle dans mon jargon un faisceau de présomptions, c'est à dire des indices de culpabilité, des suppositions ou des supputations, des hypothèses. Mais nous n'avions aucune preuve décisive, aucune preuve déterminante. Donc, ce qui est important pour nous, parties civiles, c'était la question de principe, beaucoup plus que le quantum de la sanction.

[00:30:04]

Nous voulions une déclaration de culpabilité que nous avons obtenu et à Colmar et à Strasbourg. Et je pense que la justice a passé comme il convenait.

[00:30:14]

C'est à dire que pour vous, il y avait un risque d'acquittement? Certainement certainement. Le procès a été difficile, a duré pratiquement une semaine devant les deux juridictions criminelles et donc face à Pierre Shoal, son associé, et moi, nous avions Dupond-Moretti et sa collaboratrice radio très, très combatif, très, très habile. Et effectivement, vu la faiblesse ou la fragilité du dossier que je viens d'évoquer, on pouvait redouter un acquittement au bénéfice du doute parce que finalement, sont bien deux secondes.

[00:30:45]

Nous n'avions que des suppositions. Nous n'avions aucun aveu de la part de MOSFET ou quelque chose qui pourrait ressembler à nos jeu. Nous n'avions aucun témoin direct du crime. On a personne n'a pu dire telle personne a frappé et des coups ont été portés de telle ou telle façon dans l'avion, au cas où aucun témoin direct du crime. Et alors? S'agissant des investigations expertises des scientifiques, nous n'avions rien puisque finalement, vous l'avez dit excellemment avec brio. Dans votre exposé préliminaire, bien.

[00:31:15]

Nous n'avions aucune expertise qui serait de nature à démontrer de façon indiscutable l'implication criminelle de monsieur Eric Metzert. Et alors? Finalement, on avait évidemment cet argument tiré de là de l'infidélité de Eric Mohseni. Ça vous dirait? Son appétit pour les maîtresses? Ceci n'est pas une présomption. Ce n'est pas une preuve en soi. Il y a pas mal, je crois, d'un mari volage qui, pour autant, ne deviennent pas des meurtriers de leurs conjoints. Heureusement, d'ailleurs.

[00:31:49]

Et donc, vous voyez bien que nous n'avions pas devant la cour d'assises d'éléments de preuve décisifs. Et effectivement, je redoutais avec la famille un acquittement au bénéfice du doute et fort heureusement, elle n'a pas été le cas puisque vous l'avez retracé. Condamnation d'une part en première instance à Colmar et ensuite à Strasbourg.

[00:32:09]

On est d'accord, c'est un peu une parenthèse dans le dossier, mais on est d'accord que Dupond-Moretti était un avocat avant de devenir ministre. Absolument.

[00:32:17]

Sur 12 ans, tout à fait tout à fait tout à fait. Il avait d'immenses qualités. C'est un bosseur. Il connaît ses dossiers sur le bout des doigts. C'est un orateur brillantissime. Il sent également dans quelle direction va souffler le vent à la cour d'assises. Il a l'intuition de ce qui se passe dans le ciboulot, dans le crâne des jurés. Il est formidablement redoutable et formidablement habile. Alors il a évidemment, comme vous et moi, de gros défauts qui sont les combats directs, les revers de ses qualités.

[00:32:48]

Tout comme il est surtout, comme vous vous dites, comme vous et moi, mais surtout pour moi, c'est évident au premier chef. Puis je ne vais pas me citer. Repreniez, voilà, ce serait prétentieux. Il a de gros défauts, comme tout un chacun, et notamment, il a une certaine brutalité dans sa façon de s'adresser aux gens, que ce soit les magistrats, les témoins, les parties civiles. Il y a chez lui une certaine agressivité qui est tout à fait désagréable et que je crois nuisible à la sérénité de la justice criminelle.

[00:33:17]

Et je pense que ce péché mignon chez lui a pu lui jouer notamment, notamment dans ce procès, un mauvais tour.

[00:33:26]

J'imagine qu'il y a une grande frustration pour vous et pour vos clients. C'est de ne pas connaître totalement le moteur de cet assassinat puisque mon n'a jamais avoué. Donc, on en est réduit à des supputations. Est ce que vous vous supputé?

[00:33:41]

Observation générale? Quel est le suivant? J'ai fait ce métier pendant 47 ans. J'ai vécu pas mal de procès d'assises et j'ai constaté que fréquemment ou presque toujours le procès. N'apporte de lois, pas la réponse à toutes les questions que l'on se pose les uns et les autres. C'est une frustration naturellement pour la partie civile, mais c'est vrai que souvent, l'issue d'un procès, on reste sur sa faim. Ça, c'est l'observation générale, l'observation particulière concernant ce dossier.

[00:34:12]

Vous me demandez ce que j'imagine comme scénario, à mon sens. Voilà pourquoi et comment, à mon avis, le scénario pourrait voir. Le conditionnel pourrait être le suivant. Je pense que ce matin là, ce jour funeste du crime, Karim placeurs en même les enfants à l'école, Isabelle se retrouve seule face à face avec son mari. Elle a évidemment réalisé que quelque chose cloche dans son ménage. C'est évident. Je suppose qu'elle est amenée à poser des questions à Éric, son mari.

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Ce monsieur est très, on dirait très agressif, sanguin. Il a la conviction de la supériorité masculine et il n'est absolument pas ouvert à la discussion, tout au contraire. Je suppose à ce moment là que le ton va monter. J'imagine que il va dans la colère et comme cette femme veut lui résister, il va à ce moment là s'emparer d'un couteau dans la cuisine et qu'il va frapper comme un démon. N'est ce pas sur cette femme et ensuite, ayant réalisé qu'il a fabriqué, il va simuler le cambriolage.

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Il va effectivement fiche la pagaille dans la maison, dans l'appartement disséminé, des papiers jetés par terre, toutes sortes de choses. Oui, c'est ça. Mais aucun objet de valeur ne disparaît. Il y a 500 euros qui auraient disparu, mais ça, c'est une simple affirmation de bosseur qui n'a jamais été confirmée. Et ils mettent une espèce. Ils créent une espèce de mise en scène qui est une façon de tenter d'induire la justice en erreur. Ensuite, il s'en va.

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Il est 8h15, il va arriver en retard à son rendez vous. Et quand même, ce que moi je retiens, c'est que pendant une demi heure, donc 8 heures et jusqu'à 8 heures, il est seul face à face avec Isabelle. Et c'est là que les choses ont pu se produire, comme vient de l'indiquer. Mais je répète qu'il s'agit d'un scénario que je crois valable, mais qui n'est pas Britanniae de façon objective.

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Vous ne reconnaît pas l'hypothèse de l'ultimatum lancé la veille par une de ses maîtresses qui lui dit C'est vous, moi, il faut que tu ça à continuer à contribuer.

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Alors, il est effectivement MOSFET, qui est très, très contrarié par cet ultimatum qui a été minimisé par lui. Il a dit cet ultimatum du bout des lèvres dont il est furibond. Il est furieux. Sans son épouse légitime, qui a le culot phénoménal de lui réclamer des comptes, de lui faire des critiques. Peut être acerbe, je n'en sais rien, mais alors ça, c'est trop, ça explose. Et les choses. D'où son explosion de colère, sa violence, sa brutalité.

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N'oubliez pas que les coups de couteau sont nombreux. Ils sont violents et ils font apparaître un auteur qui, visiblement, sous l'empire d'une espèce d'orage folle. Moi, je vois ça comme ça. Alors, il commet quand même beaucoup de fautes.

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Alors, vous vous l'avez vu à deux reprises pendant deux procès. Est ce qu'il est idiot parce que son faux cambriolage est totalement pipeau? Ça se voit tout de suite. Et puis après, il n'est pas là bas.

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Il a fait illusion. Le cambriolage un certain temps, mais pas longtemps. C'est bien. Ensuite, il est en deuil, mais pas bien longtemps. Ça, c'est quand même une énorme faute si on veut attirer l'attention.

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Faut pas faire ça avec un gaillard qui sera. J'allais faire une boutade de mauvais goût. J'allais dire il fera mieux la prochaine fois, mais c'est une boutade. Voilà pour répondre à votre question sérieusement. C'est un homme. Il est pas. Il a une intelligence pratique. C'est pas un intellectuel. Mais c'est vrai que, à mon avis, ce jour là, il a agi sous l'empire de la rage, comme dirait il perd ses nerfs. C'est pas très élaboré, son son action criminelle, c'est le moins que l'on puisse en dire.

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Et ensuite, effectivement, il va réaliser des moyens. Il va utiliser des moyens qui sont presque puérils, donc, à savoir le simili cambriolage. Et ce dont vous avez parlé ici, c'est la fameuse lettre qui arrive au mois d'octobre 2013. Parce que là, on a soupçonné. Non sans raison. Finalement, fait fabriquer ce courrier pour jeter la suspicion sur le malheureux voisin qui, heureusement pour lui, a pu démontrer sa bonne foi. Mais tout ça, c'est assez puéril de la part de Mossay.

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Je pense aller très loin dans ce que je dis. Je pense que si ce monsieur avait le crime étant commis, s'il avait appelé la gendarmerie en disant venez, j'ai fait une connerie épouvantable, etc. Voilà, c'est moi. Voilà pourquoi j'ai fait ça. Je pense qu'il aurait pu être justiciable d'une sanction moins élevée que les 20. Voilà ce que je crois.

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Et je pense même moins que s'il avait dit à certains que ça va plus on divorce, il aurait encore moins été sanctionné. Ça, c'est évident.

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Je rejoins votre introduction. Tout est dit dans ce divorce même. Oui, c'est évident, c'est évident. Bien sûr que oui.

[00:38:44]

Merci beaucoup. Maître moderne. Merci à vous, Christophe. Je rappelle Paroles d'avocat, qui est votre livre qui paraît donc aux éditions Lavalette. Le noyau. Un livre de maître Thierry Moser, un des grands avocats de la fin du vingtième siècle et du début de ce 21ème siècle, des centaines d'histoires disponibles sur vos 400 écoutes et sur un point.

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FR.

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Attendez, ne partez pas. Un homme vient encore quelque chose à vous dire. Vous aimez les histoires incroyables? Vous connaissez celle de l'avocat qui a reçu par la poste une oreille coupée. Vous pouvez l'écouter dans le podcast. Mon client et moi, des avocats reviennent sur les affaires criminelles qui les ont les plus marquées, qui ont changé leur vie. Alors écoutez les nouveaux épisodes, c'est simple il suffit de taper mon client et moi dans votre application de podcast favorite et de vous abonner.

[00:39:36]

Je vous laisse découvrir.