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Crystal Sandalettes L'histoire d'aujourd'hui va nous ramener à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître le temps du Minitel rose dans les milieux homosexuels, notre assassin d'aujourd'hui tous les trois, presque quatre. Et tout ça parce qu'ils n'étaient pas sortis du placard. Commandés, on débriefe pas cette histoire avec son avocat tout à l'heure, maître Gérard Serfaty, du Barreau de Paris. J'ai écrit cette histoire avec O'Keefe. Réalisation Céline Brace.

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Christophe Hondelatte. Si vous avez plus de 50 balais, c'est évidemment un nom qui vous dit quelque chose. Le mage Nathanaël, un zygomatique qui prétendait être voyants, astrologues, Pretenders parce qu'à titre personnel, je n'y crois pas une minute. Mais vous, vous faites ce que vous voulez. Comme d'habitude. Ton soi disant ton est apparu dans les années 70 et lui est devenu célèbre à partir des années 80 avec l'arrivée des radios libres et dans la foulée, on lui a donné une émission de télé l'été sur TF1, Astro Vacances, animée par Jean-Pierre Descombes.

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Ça ne nous rajeunit pas.

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En direct de Saint-Tropez dans quelques secondes, Astro Vacances, présentée par Jean-Pierre Descombes.

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En effet, en direct de Saint-Tropez. Bonjour à tous. Merci les amis de nous accueillir avec autant de bonne humeur. J'espère que vous allez bien chez vous et que vous êtes prêts pour suivre Astraux vacances avec notre ami Nathanaël. J'entends dire le message. Vous avez entendu bonjour à tous. Excusez moi, je suis en train de regarder le soleil de Saint-Tropez. Je vous appelle le prince de la voyance.

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Il proposait des séances de voyance en direct à de braves gens naïfs. Ce n'était pas son nom. Bien sûr, il s'appelait Gilbert Duquenoy.

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Quelques années plus tard, Nathaniel s'est fait pas mal de pub à la télé et à la radio, ouvre un cabinet à Paris, un gros cabinet dans lequel il emploie aussi d'autres voyants dans son cabinet. On fait de la voyance en direct, c'est à dire que le client est assis en face et de la voyance par courrier.

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Il reçoit des dizaines de lettres par jour et aussi de la voyance par Minitel. Bref, un petit business.

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Mais un jour d'octobre 1990, le 22, un samedi, les clients viennent sonner. Pas de réponse. Le match n'est pas là et là, il faut que je vous affranchissent, n'atteignaient, est homosexuel. Et c'est son petit ami Alain qui l'appelle alors chez lui, à Champigny sur Marne. Pas de réponse non plus. Le téléphone sonne dans le vide, alors il est inquiet.

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Il appelle les voisins à aller jeter un coup d'œil chez Gilbert. J'arrive pas à le joindre. Je ne comprends pas me rappeler ensuite le voisin.

[00:03:29]

Il voit tout de suite. Le portail est ouvert. Il s'avance vers le perron. La porte d'entrée n'est pas fermée à clé. Il entre, la lumière est allumée Gilbert. Gilbert, vous êtes là, il monte à l'étage. Il découvre Nathanaël nu sur son lit, dans une mare de sang.

[00:03:55]

Il descend les escaliers quatre à quatre anneaux. Là, c'est horrible. Gilbert est mort et après, bien sûr, il appelle la police.

[00:04:13]

Quand les policiers arrivent sur place, ils découvrent donc Gilbert Duquennoy, alias Nathaniel, sur son lit, allongé sur le ventre, à poil, les mains attachées dans le dos et les chevilles ligotés, la tête couverte d'une cagoule en cuir noir. Et sur le sol, il trouve une mallette, une mallette, disons, assez intime puisqu'elle contient un godemiché, c'est à dire un brackman en caoutchouc et un tube de lubrifiant. Bon, il était en train de s'envoyer en l'air avec un tordu qui l'a tué.

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Voilà ce que les policiers pensent immédiatement. Le lendemain, l'autopsie révèle que le mage Nathaniel a reçu sept coups violents sur la tempe droite.

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Je dirais qu'on a utilisé un objet assez lourd avec des arêtes assez vives d'autres choses docteur du sperme.

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Des traces de relations sexuelles. Un nom n'auront strictement aucune. Pas la première impression était donc fausse. Ça n'était pas une partie de jambes en l'air qui a mal tourné. Ça ressemble plutôt à l'oeuvre de ce qu'on appelle à l'époque un truc dans les années 90, c'est un vrai phénomène des marlou qui se font passer pour des partenaires d'un soir ou juste pour se faire ouvrir la porte et pour voler tout ce qu'ils peuvent. Les flics du 36 qui sont en charge de l'enquête interrogent le petit ami.

[00:05:54]

Il nous semble que des objets ont disparu des objets de valeur d'un nom, non? J'ai cherché rien du tout, donc ça ne nuit pas non plus en truqueurs. Cela dit, Truqueurs ne se serait pas déchaîné comme ça sur sa victime. Alors, si ce n'est pas une histoire de cul qui a mal tourné. Ni un cambriolage. Qu'est ce qui s'est passé? Les policiers de la CRIM établissent que Nathaniel a quitté son cabinet de voyance pour rentrer chez lui le vendredi 19 octobre vers 18h30, soit trois jours avant la découverte de son corps.

[00:06:39]

Depuis, plus de nouvelles sur son répondeur.

[00:06:42]

Il n'a pas écouté un seul des messages qui lui ont été laissés tout le week end, donc. Le meurtre a probablement eu lieu dans la nuit du vendredi au samedi, dans la cuisine, dans l'évier. Les policiers trouvent de la vaisselle sale, deux assiettes et deux verres. Et les vieilles. Il y a une bouteille de vin, un grand cru et sept bouteilles. Les flics l'envoient tout de suite au labo qui isole une empreinte digitale, une empreinte sur laquelle ils n'ont pas de mal à mettre de nom, car le petit ami Alain leur a donné ce nom dès le début.

[00:07:16]

Gilbert avait un amant. Enfin, un garçon qui voyait de temps en temps. On l'avait surnommé Crocodile. Ça vous donne une idée du personnage, c'est à dire qu'il s'intéressait surtout à son portefeuille. Gilbert n'arrivait pas à s'en défaire.

[00:07:33]

Il trouvait son compte, sans doute et d'après ce que je sais, c'est un type assez violent.

[00:07:41]

L'empreinte digitale sur la bouteille de vin est à lui. Le crocodile en question est immédiatement interrogé.

[00:07:48]

Oui, j'ai. J'ai dîné avec un gars de chez lui. Le mercredi soir. Le vendredi soir est la date probable de son meurtre. Vous étiez où? Vendredi soir, j'ai dîné chez une copine. On vérifie. Il n'a pas menti. Exit le crocodile. Ce n'est pas lui.

[00:08:17]

À ce moment là, les policiers du 36 s'aperçoivent que ce meurtre en rappelle un autre.

[00:08:23]

Un autre crime commis une semaine plus tôt. Le 12 octobre, c'est la police judiciaire de Versailles qui a le dossier Boyko.

[00:08:32]

C'est vrai qu'on a pas mal de similitudes avec ton affaire à regarder. Donc, je te raconte rapide. C'est un homme de 46 ans, un certain Paul Bernard. On l'a retrouvé mort près du port de Draveil, dans l'Essonne. Il était comme. Il était nu. Il était couché sur le ventre. Il avait les mains attachées dans le dos.

[00:08:55]

Il avait une ficelle attachée autour des couilles et il a été tué, commente le crâne fracassé par un objet.

[00:09:05]

Jean, grosse Pierre.

[00:09:07]

Oui, ces deux meurtres se ressemblent. D'autant que Paul Bernard était homosexuel lui aussi. Pas un homosexuel assumé comme Nathanaël. Sa maman n'était pas au parfum, mais ne lui jetez pas la pierre. On est en 1990 et dans son agenda, on a trouvé les noms de messagerie rose sur Minitel. Jean Guy Roux 36 15 jeunes mecs des messageries pour les hommes qui aiment les hommes.

[00:09:35]

Alors on a fouillé dans ses factures de téléphone. Et alors on s'est aperçu qu'il se connecter à des messageries sur Minitel plusieurs fois par jour, pendant des heures. Et dans son agenda, il y avait des dizaines de pseudo gens, hommes poilus. 75 exhibent Reway, Haarde. Ce genre de choses. Alors, d'après ce qu'on a compris, il multipliait les rendez vous dans la foulée avec un tableau pour le sadomaso. Oui, je faisais aligoté. Ce genre de choses.

[00:10:07]

Les flics de la PJ de Versailles en ont conclu que Paul Bernard avait été tué par l'un de ses hommes avec lequel il avait rendez vous.

[00:10:24]

Alors, est ce que Nathanaël, lui aussi, rencontré des hommes via le Minitel? La réponse est oui, et pas qu'un peu. En deux mois, il s'en est mis pour 16 000 francs de 1500 euros. C'est l'occasion de rappeler, si vous êtes trop jeune, que le Minitel était une ruine beaucoup plus qu'Internet. Sur les 36 15 homosexuels, Nathanael se faisait appeler Daisies et les policiers de la CRIM s'aperçoivent que quelques jours avant son meurtre, il a été en contact avec un type dont le pseudo était jeune homme poilu.

[00:11:00]

Le gars disait qu'il était libre le vendredi soir et les week ends. Ça sent bon tout ça. Malheureusement, techniquement, les sites Minitel ne permettent pas de remonter jusqu'à la ligne téléphonique à laquelle ils étaient connectés. En revanche, dans l'un de ces messages, le jeune homme poilu a donné son numéro de téléphone, le ballot. Il est assez facile à identifier.

[00:11:27]

C'est un garçon de 22 ans. C'est vrai que je passe pas mal de temps sur les messageries homosexuelles.

[00:11:34]

Je veux bien le reconnaître, mais je dirais que c'est plus par fantasme. Moi, je ne vais jamais au bout. Est ce que le pseudo de Daisies vous dit quelque chose? Daisies? Oui, ça me dit quelque chose. Vous avez échangé des messages avec lui le 19 octobre en fin d'après midi. N'est ce pas? Est ce que vous l'avez rencontré dans la foulée? Un ange vous dis J'ai accepté le rendez vous. On devait voir le dimanche.

[00:12:02]

Mais je n'avais pas du tout l'intention d'y aller. Moi, ce qui m'excite, c'est de l'échauffourée, ces mecs. Je ne vais pas au bout.

[00:12:15]

Et ce n'est pas lui non plus qui a tué Nathaniel. Il a un alibi en béton pour le soir du meurtre. Mais si ça n'est pas lui, c'est peut être un autre. Un autre de ses contacts sur les messageries roses du Minitel, France Télécom, livre alors toute une liste de pseudos. Et les flics les font Venera par an au quai des Orfèvres. Mais tous ont un alibi pour le soir du meurtre. L'enquête sur le meurtre de Nathanaël et de Paul Bernard est au point mort et ça va durer comme ça un an.

[00:12:54]

Un an plus tard survient une autre affaire un autre homosexuel est retrouvé, toujours dans le Val de Marne, nu chez lui, allongé sur le ventre, dans une mare de sang. Il a pris plusieurs coups sur le crâne, sans doute avec un pied de lampe qu'on retrouve à côté, mais celui là, il est vivant, il respirait encore. Il est tout de suite transporté à l'hôpital. Et pendant ce temps, les policiers fouillent sa maison.

[00:13:24]

Regarde ce que j'ai trouvé un sac, un sac dans lequel on trouve tout un tas de jouets pour adultes, c'est à dire des masques, des bracelets en cuir clouté, des pinces à tétons ou ça fait mal et des chaînes. Même profil sado maso. Trois jours plus tard, la victime était en état de répondre à nos questions. Je suis homosexuel, c'est vrai. J'assume. L'homme qui vous a agressé. Vous l'avez rencontré comment sur le Minitel, sur les messageries du Minitel?

[00:14:03]

La victime se faisait appeler autrechose et il se présentait comme ça cherche autre chose que du sexe. Complicité, tendresse. Et pourquoi pas de l'amour? Autrement dit, le bonhomme n'a pas du tout le même profil sadomaso que les deux autres.

[00:14:20]

Le gars qui m'a agressé. Il avait pour pseudonyme Domine dans le langage du Minitel, ça veut dire dominateur. Il voulait qu'on soit tout de suite. J'ai accepté. Il est arrivé trois quarts d'heure plus tard. Comment ça s'est passé? On a commencé à discuter autour d'un verre et il m'a dit qu'il était passionné par la voile, qu'il écrivait des articles sur des revues spécialisées. Et puis, un moment, il m'a dit qu'il aimait bien les plans sadomaso.

[00:14:51]

Il m'a proposé de m'attacher avec des bracelets en cuir qu'il a sorti dans le sac, mais moi j'ai dit non, je dis que ce n'était pas du tout mon truc, mais il a insisté. Et puis, à un moment, je me suis levé pour aller à la cuisine et c'est là que j'ai senti comme une décharge électrique sur la tête. Pour décrire ce type. Oui, ouais, non, les. Un mètre soixante quinze, la trentaine, brin un peu gros.

[00:15:31]

Il m'a volé Mashako. J'avais tout dans vos cartes d'identité permis de conduire, passeport, chéquier intéressant.

[00:15:41]

Les flics appellent donc tout de suite Saban.

[00:15:44]

Bonjour, c'est la brigade criminelle de Paris, dite je vais vous donner les coordonnées de l'un de vos clients qui s'est fait voler un chéquier.

[00:15:55]

Vous pourriez nous prévenir dès que l'un de ces chèques vous est présenté et sa mort un mois plus tard, le compte en banque que vous nous aviez demandé de surveiller la déchec a été présenté chez un vendeur de télé et de vidéo.

[00:16:10]

Les policiers vont sur place. Bonjour. Brigade criminelle, dites vous avez encaissé un chèque de 15.000 mille francs que voici.

[00:16:20]

Est ce que vous pourriez me dire qui a été acheté avec? Oui, bien sûr. Alors alors, acheter une table de montage et un magnétoscope, c'était un magnétoscope un peu spécial. Il était étanche. Il m'a dit que c'était pour filmer sous l'eau et pour un chèque de ce montant. Vous n'avez pas demandé de pièce d'identité ici? J'ai fait une photocopie, je pense. Attendez, voilà, c'est son permis de conduire, c'est le permis de conduire de l'homme qui s'est fait agresser, mais ça n'est pas sa photo.

[00:16:57]

L'agresseur a donc changé la photo et on peut supposer qu'il a mis la sienne. Donc, on a pas son blaze, mais on a ça trop. Ça avance. Enfin!

[00:17:16]

Si vous êtes attentif et je ne doute pas que vous soyez parmi les informations que le survivant a donné aux policiers, il y en a une qui n'a pas été exploitée pour l'instant. Il m'a dit qu'elle était passionnée de voile et qu'il écrivait des articles pour les revues spécialisées. Une information qui est a croiser avec une autre donnée par le vendeur de matériel vidéo ben mht, une table de montage et un magnétoscope, un magnétoscope un peu spécial, vous voyez, il était temps et il m'a dit que c'était pour filmer sous l'eau.

[00:17:49]

Donc, c'est peut être un type qui travaille dans une revue nautique ou qui fait des films nautiques, et ça, ça ne va pas être dur à trouver. Surtout quand a trop. Les policiers de la CRIM font alors le tour des revues de nautisme et à un moment donné, il débarque chez Neptune Yachting.

[00:18:14]

On pourrait voir le rédacteur en chef svp.

[00:18:17]

Bonjour monsieur! Moi, je voulais vous montrer une photo. Est ce que vous reconnaissez ce monsieur? Aimer roi et il travaille chez moi. Qu'est ce qu'il a fait? Je ne peux rien vous dire pour le moment. Merci M. Quand les policiers vont toquer chez Rémi Roi et qu'ils n'auront pas l'air du tout surpris de les voir, pas du tout, on dirait qu'ils les attendaient. Bonjour messieurs! Quant à savoir pourquoi vous êtes là et il leur désigne sa parka qui pontault portemanteaux.

[00:18:56]

Les policiers fouillent les poches et ils ont sorti le chéquier du survivant et son permis de conduire.

[00:19:03]

Si ça se trouve, il va se mettre à table facilement. Placé sur le champ en garde à vue, il reconnaît tout de suite qu'il connaissait le mage n'atteignaient.

[00:19:18]

Un jour, je suis allé dans un salon de voyance pour démarcher des clients. J'ai une petite société de production vidéo et donc on a discuté avec Nathanson. Il était d'ailleurs intéressé à lui proposer de préparer un devis. Et puis, quelques semaines après, je ne sais plus quand exactement. Je suis allé le voir chez lui, à Champigny sur Marne. Alors au début, on a discuté du film qu'il voulait tourner. Puis, d'un coup, il a commencé à me draguer et il a mis un film porno sur son magnétoscope.

[00:19:52]

Moi, à ce moment là, j'ai voulu partir, mais il a insisté et il m'a demandé de le frapper.

[00:19:58]

Et puis, à un moment, il a disparu dans la salle de bain et il est ressorti complètement nu avec une cagoule noire sur la tête et il m'a dit Frappe moi, moi, j'ai été surpris.

[00:20:09]

Mais j'ai fait ce qu'il me demandait.

[00:20:11]

Je l'ai frappé. D'abord avec les poings et puis à un moment, il a basculé sur son lit. Et là, il y avait un marteau. Je l'ai Brieux et j'ai tapé.

[00:20:23]

D'accord, sauf qu'on a retrouvé ses chevilles attachées. Mais ce pas parce que je me suis senti commander en. Humilié? Qui me proposait tout ça alors? J'ai voulu l'humilier aussi, quoi? Je l'ai attaché. Mais je ne l'ai pas tué quand je suis parti, il respire encore. Vous êtes partis juste après le temps de me calmer un peu et vous n'avez rien emporté.

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J'ai pris le verbe sur lequel il y avait mes empreintes. Son agenda pour Pâques en. Qu'on remonte jusqu'à moi et après je suis parti. Bon, bah voilà, il a roulé à moitié tuer le meurtre de Nathaniel et Paul Bernard. Alors Paul Bernard. C'est lui qui m'a contacté sur le Minitel rose. Mais attention à moi, je vais là dessus par curiosité. Je ne suis pas pédé, mais pourquoi vous allez sur les messageries si vous n'êtes pas pédé, comme vous dit?

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Disons que ça me distrait. Mais pourtant, vous l'avez rencontré, Paul Bernard, n'est ce pas? Pour les conjoints, je me suis dit pourquoi pas? C'est moi qui ai proposé la base nautique de Draveil. J'aime bien cet endroit et on s'est vu là bas. On a discuté, puis. Il m'a dit qu'il était exhibitionniste. Et puis voilà, ça s'est arrêté là. Et puis, une semaine plus tard, je me promenais au port de drivée complètement par hasard et.

[00:22:05]

Je suis à nouveau tombé sur lui et on a discuté un peu. Beeline a insisté pour le suivre dans les sous bois. Il voulait se mettre à poil, mais moi j'ai dit OK, mais je l'ai prévenu. Je dit que je faisais rien. Je n'étais pas pédé. Je trouve pas un coin.

[00:22:25]

Donc, dans le Sous-Bois, il s'est d'échappés chez Fuselées les couilles. Et puis, il m'a demandé de l'attacher à un arbre. Bon, moi, j'ai attaché sa main.

[00:22:39]

Et puis il a commencé à se frotter à moi et à me prendre la main pour caresser. Et là, j'ai vu rouge et je l'ai frappé un coup de poing. Il est tombé, il s'est cogné la tête contre une grosse pierre et moi, je me suis enfui, mais il était vivant. Ça, j'en suis sûr. Il était vivant.

[00:23:09]

Là encore, il n'avoue qu'à moitié et il avoue encore à moitié avoir fait une troisième victime, et celle là, les flics soluté garder sous le coude. C'est un chef d'entreprise du 16ème arrondissement qu'on a retrouvé mort. Je suis allé porter un devis à son bureau. Il m'a accueilli en l'imperméable, genre Barberis. Et d'un coup, il a ouvert son impair. Le grigri était un poil. Et moi, ça m'a choqué, quoi? J'ai cogné peut être un peu fort.

[00:23:46]

C'est vrai. Mais il était encore vivant quand je suis parti. Bien sur, encore des demi. Et puis, parti pour partie, Rémi Roi avoue l'agression du survivant. On s'était rencontrés sur une messagerie du Minitel. Il m'a proposé une partouze à trois avec une femme soumise.

[00:24:10]

Quand je suis arrivé, ils étaient tous. Il était nu comme un ver. Moi, je vous ai dit que j'étais pas une tarlouze, alors je l'ai frappé. Et en urbanisme, il s'est cogné la tête sur une table basse. Mais quand je suis parti, il était vivant. Cette fois, c'est vrai, Rémi Roi est donc présenté à un juge d'instruction qui n'a pas vraiment de biscuits pour le mettre en examen pour assassinat. Et d'ailleurs, même pas pour meurtre.

[00:24:45]

Alors, ils le mettent en examen pour homicide involontaire et tentative d'homicide, et ils l'envoient derrière les barreaux à Fresnes. Mais l'instruction démontre, concernant la mort de Nathaniel, que Rémi Roi est arrivé avec le squash qui a permis de lui attacher les pieds et donc que c'était prémédité. Et quand il a débarqué chez Paul Bernard, il est arrivé avec des bracelets en cuir pour lui attacher les mains. Et ça aussi, c'est un signe de préméditation. Et donc, au moment de boucler son dossier, le juge choisit de renvoyer Rémi Roi devant la cour d'assises pour assassinat et tentative d'assassinat.

[00:25:26]

Désormais, l'oiseau risque perpétuité. Le procès de Rémi RWA s'ouvre le 21 juin 1996 devant la cour d'assises de Créteil. Et là, on attend des explications. Quel compte avait t il à régler avec les homosexuels puisqu'il prétend qu'il ne l'est pas lui même? Ce qu'on a du mal à croire? Non. Qu'est ce qui s'est passé dans sa vie pour qu'il en vienne? A tué trois personnes et presque quatre au début. Rémi RWA se pose en victime.

[00:26:03]

Voulait pas tuer. J'ai juste explosé parce qu'il se foutait un poil, ils m'ont dégouté, quoi? Si vous n'êtes pas homosexuel, M. Pourquoi est ce que vous passiez tant de temps sur les messageries roses aux homosexuels? J'étais arrivé à un moment de ma vie où. J'étais en dépression. Disons que ça m'a occupé. Dépression. Il raconte que jeune, il était passionné de voile, qu'il a côtoyé Florence Artaud, Philippe Poupon et même Nicolas Hulot.

[00:26:45]

Et qu'après, il s'est marié, qu'il a eu deux enfants, qu'il a monté une société de production de films vidéo et que ça n'a pas marché. Qui s'est retrouvé sans travail et que du coup, quand sa femme partait travailler et que ses enfants étaient à l'école, il s'est mis à pianoter pendant des heures sur le Minitel pour s'occuper.

[00:27:05]

Mais Mosco, roi! Tout ça ne nous dit pas pourquoi vous avez ses pulsions de violence à l'égard des homosexuels. Qu'est ce qui s'est passé pour que vous arriviez là? Quand j'étais au collège. J'étais le souffre douleur des autres. Et une fois? Il était tout un groupe. Ils m'ont violée. Possible, mais on n'a pas trouvé de preuves de ce viol. Et d'ailleurs, l'expert psychiatre n'y croit pas. Je crois que. Les viols relèvent du fantasme de l'accusé.

[00:27:46]

Je pense plutôt que l'accusé était profondément homosexuel et sadomasochiste et que pendant longtemps, il a refoulé ses tendances sadomasochistes et ses tendances homosexuelles et que d'un coup, elles se sont libérées quand il s'est retrouvé désoeuvré, inactif et donc dépressif.

[00:28:07]

Et au fil du procès, petit à petit aider en douceur par ses avocats, Rémi Roux a fini par reconnaître qu'il est homosexuel en donnant l'impression de le réaliser lui même. En même temps qu'il le dit.

[00:28:33]

A la fin du procès, Rémy croit à la parole en dernier. Comme c'est la règle, c'est un moment très fort. Il se tourne vers Allah, le petit ami de Nathaniel.

[00:28:45]

OPAS était un mec formidable. Lui seul avait compris ce qui se passait en. Ensuite, il s'adresse à toutes les parties civiles. Si je pouvais, je? Je vous donne un fusil pour me tuer. Le 28 juin 1996, Rémy RWA est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 18 ans. Je suis pour débriefer cette histoire avec l'avocat de Rémi RWA, maître Gérard Serfaty, du Barreau de Paris. Pour vous, évidemment, mettre, c'est un vieux dossier qui débute en 1990 et se termine il y a 25 ans.

[00:29:42]

Est ce que c'est puisque vous avez accepté d'en reparler aujourd'hui? Une affaire qui vous a marqué?

[00:29:48]

C'est une affaire, bien sûr marquante par son son, son poids, le nombre d'agressions, quatre agressions, trois personnes décédées et une autre qui survit. C'était absolument phénoménal. C'était un dossier hors norme. Que dit d'ailleurs ce verdict de 18 ans?

[00:30:08]

Il est donc poursuivi pour assassinat. Il encourt la perpétuité et finalement, les jurés le condamne à 18 ans, c'est à dire, en gros, pour faire simple, à la moitié de la peine encourue. Qu'est ce que cela signifie, selon vous?

[00:30:22]

Cela signifie que les jurés ont compris que Rémi RWA avait fini par admettre son homosexualité, ce qui avait été particulièrement difficile, qu'il avait fait la moitié du chemin vers les jurés. De leur côté, les jurés lui ont tendu la main, considérant qu'à l'expiration d'un délai de 18 ans, il était temps qu'il puisse sortir.

[00:30:44]

Est ce que cela veut dire que, selon vous, quelque part et malgré l'horreur des trois crimes et de la tentative de meurtre, ils ont un peu de compassion pour lui?

[00:30:55]

Ils l'ont manifesté, ils l'ont manifesté en prononçant cette peine. Mais sa personnalité est restée quand même pendant très longtemps une énigme. Il faut quand même pas oublier qu'il y a quelques psychiatres qui se sont penchés sur sa personnalité, un peu comme des entomologistes le ferait au travers d'une loupe pour examiner un papillon. Et les psychiatres ont fini par qui l'ont examiné? Non, pas du tout accorder de crédit à sa version des faits selon lesquels il avait été victime de deux agressions dans l'enfance.

[00:31:30]

Il nous avait parlé d'une agression sexuelle dans un cinéma, d'un viol collectif dans un gymnase. Et les psychiatres, dans un langage qu'il aurait tout à fait personnel, se sont accordés sur une chose. Tous parlent de ce qu'ils dépeignait comme un éventuel vécu hallucinatoire ou reconstruction imaginaire de certains souvenirs d'enfance, comme des scènes ayant préfigurer les actes criminels. Je crois qu'il faut essayer de traduire ce que voulait dire les psychiatres, etc. Tout ça mérite. Oui, oui, c'est le moins qu'on puisse dire.

[00:32:06]

Les psychiatres voulaient simplement dire ça. On peut l'imaginer en tout cas qu'il n'était pas exclu qu'il ait été victime de violences caractérisées dans l'enfance et que soit il ne s'en souvient pas. Soit il ne peut pas le dire qu'à la place, il présente une autre version. C'est dire que, quelle que soit la vérité, il a dû être victime incontestablement d'agression et que les agressions qu'il raconte ne sont peut être pas celles qu'il a vécues. Et ça veut dire aussi qu'il a peut être été lui même été victime d'agression auparavant.

[00:32:38]

Et c'est à partir de cette situation, ne pouvant avouer qu'il a inventé autre chose et autre chose de tellement fort que quand il se retrouve face à l'homosexualité avouée, les quatre personnes qu'il a agressé, eh bien il réagit avec une violence, une violence incroyable.

[00:32:57]

Son homosexualité refoulée. Vous, quand vous prenez le dossier, que vous acceptez de nous défendre. Vous vous en doutez, vous en êtes certains au premier contact, au premier contact du dossier.

[00:33:10]

C'est une absolue certitude. Comment imaginer qu'il puisse entrer en relation avec quatre personnes qui sont des homosexuels avoués? Et qu'en plus, il ait pris contact par l'intermédiaire d'une messagerie rose? C'est une chose qui est absolument manifeste, en revanche. En revanche, confronté à miroir la question de l'homosexualité, c'est une question qui ne peut pas être abordée. Lui, il la conteste totalement. En tout cas, on était quand même à trois années avant le procès. Il y avait une volonté manifeste de sa part à la lecture du dossier d'entretenir une relation, une relation sexuelle.

[00:33:50]

Alors, avait il envie de passer? Pas ou non? Ça, c'est autre chose. Mais il fait en tout cas présenté comme ayant réagi de manière légitime à des provocations qu'il subissait de la part d'homosexuels. Ce sont les agressions que vous avez évoqués tout à l'heure dans une salle de sport. Et puis, il y a eu, je crois, un cinéma aussi, où il aurait été, où il aurait vu une autre personne en train de se masturber.

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Mais en tout cas, il se positionne comme comme une victime des fantasmes homosexuels, des différences homosexuelles auxquelles il est confronté. Très intéressant dans cette histoire, c'est le rôle que vous avez joué, vous, en tant qu'avocat de la défense. Parce que bon, on résume souvent le rôle de l'avocat, une sorte de défense acharnée de son client ou éventuellement de ses mensonges. Et là, vous l'avez amené coucher publiquement de son homosexualité. Est ce que vous pouvez nous raconter comment est ce que ça s'est passé?

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Il y a tout d'abord, il y avait l'ambiance du procès devant la cour d'assises, qui constitue une pression extraordinaire sur ses épaules, avec un enjeu la perpétuité et le risque encore, au regard de la législation à l'époque, de ne pas pouvoir sortir au bout de 18 ans. Rémi RWA nous a laissé, avec mon confrère Bernard Prévost, totalement libre de nos arguments, y compris de sous entendre devant la cour d'assises sa culpabilité, son homosexualité. Quitte à ce qu'il reste de temps à autre un peu enfermé, bétonné, enkysté dans son système de défense, même s'il était conscient, au fond, qu'il risquait d'écoper la peine maximale.

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Donc, en fait, quelque part vous lui a posé votre stratégie en lui disant pardon, mais vos mensonges et votre refus de l'homosexualité vous amènent à perpète. Nous, on peut vous en sortir.

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Oui, c'était effectivement le langage que j'ai tenu. Mais il y avait également cette difficulté. C'était son extraordinaire difficulté à avouer son homosexualité dans la salle d'audience, où il y avait un grand nombre de ses proches. Et on avait le sentiment que j'avais ce sentiment qu'il risquait de perdre la face vis à vis de ses proches. Peut être pensait il au départ des choses que nier son homosexualité lui permettait de conserver un lien social ou familial avec lequel auquel il était attaché.

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Et donc, la seule voie intellectuellement admissible avant de lui faire avouer son homosexualité consistait alors à exposer devant le président les magistrats qui l'entouraient et les jurés. Les raisons personnelles par le trouble qu'il envahissait à la perspective de se trouver avec d'autres hommes. Et il savait très bien que s'il n'avait pas son homosexualité, il ne serait pas cru par la cour. Et les jurés et ses avocats devraient alors expliquer son silence en justifiant, en le justifiant par le dilemme qu'il empoisonnait face à une volonté manifeste de nier son homosexualité.

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Je développait devant la cour d'assises l'argument de l'existence d'un motif légitime qui l'animait, avoué son homosexualité pouvait pour lui être pire que tout, au risque de perdre le soutien de ses parents et de sa compagne. Il n'appartenait pas de briser cette position restée simplement exposée aux jurés. Le dilemme dont il était prisonnier à charge pour le président, les conseillers, les jurés d'en tirer toutes les conséquences est peut être aussi tenté de le comprendre.

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Mais il y a bien un moment où lui le dit ou pas. Il l'exprime par ses silences. Lorsque le président était Alain Verlaine, qui était un magistrat d'expérience qui, présidé les assises à Paris pendant 18 ans, disposait d'une parfaite maîtrise du dossier et qu'il avait toujours cette capacité de mettre les accusés en face de leurs contradictions jusqu'à obtenir des explications. C'était un magistrat qui était doté d'une immense qualité d'écoute. Il était attentif et pour faire avouer à Rémi RWA son homosexualité, il est revenu cent fois à la charge en lui posant des questions par nature provocatrice pour ne pas faire autrement.

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Il revenait sur les faits. Il les détaillait, montrant Rémi RWA que la thèse de la provocation n'était pas soutenable. Et Rémi RWA a fini par admettre qu'il ne pouvait pas ne pas admettre que c'était absolument incontournable. Mais quand il le dit.

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Avez vous le sentiment que, en le formulant, il le réalise, c'est à dire qu'il était à ce point bloqué sur le sujet, que lui même ne l'avait pas formulé dans sa tête?

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C'est exact. Il s'est débloquez au travers de la masse d'arguments qui lui étaient présentés. Il y avait le calme du président. Il y avait l'insistance de ses avocats. Il y avait les longs silences et il a fini ensuite par accoucher et par admettre qu'il ne pouvait pas faire autrement. D'une certaine manière, il vous a touché.

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Cet homme, malgré l'horreur de ce qu'il a commis, qu'on ne peut pas lui retirer. Mais ça n'empêche pas d'être touché par cette sorte de verrouillage psychologique qui a été le moteur de ces trois meurtres.

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Bien sûr qu'on est touché. Qu'est ce qui a pu pousser un homme à en tuer d'autres? D'autant plus que, a priori, il n'était pas prédisposé, comme d'autres, à basculer. Mais oui, on se dit qu'il y a toujours une fissure quelque part et des barrières émotionnelles et morales qui ont dû s'effondrer pour que se produisent de tels massacres. C'était un homme qui, au moment où il a été arrêté, pesait quelque 135 kilos pour un mètre 77.

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Manifestement, il était en pleine dépression nerveuse. Les psychiatres l'exposent et on ne naît pas meurtrier. On le devient pas par hasard. Il y avait certainement quelque chose qui était survenu dans le passé dans l'enfance, qui était susceptible d'avoir modifié son comportement et ce qui a pu expliquer cette explosion de violence.

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C'est un bouchon, quoi, qui explose parce qu'il y a tellement de tension à l'intérieur de ce bonhomme qui est dans le déni depuis tant d'années qu'à un moment donné, ça s'exprime par la violence.

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C'est exactement ça. C'était véritablement une cocotte minute, une pression phénoménale qui s'était exercée jusqu'au moment où il a relâché. Toutes les digues sont parties.

[00:40:22]

Bien sûr, j'ai adoré parler avec vous. Maître Serfaty, de cette histoire tout à fait intéressante et originale qui nous a ramenés des années et des décennies, même en arrière.

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Des centaines d'histoires disponibles remplaçant l'écoute et certains auteurs. 16.