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La seconde jusqu'à Sandalettes, une histoire absolument extraordinaire aujourd'hui, l'histoire d'un homme qui s'appelle Jacques Michel Huré.

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Cette histoire, Jacques Michel, vous l'avez racontée dans un livre paru il y a quelques années chez Michel Lafon. J'ai oublié trente ans de ma vie. Vous êtes amnésique des trente premières années de votre vie. Vous avez espéré pendant longtemps que ça revienne et ça n'est pas revenu. Et donc, à 30 ans, vous avez dû reconstruire une nouvelle vie sans aucun souvenir de la première. Et vous l'avez fait avec la même femme, avec vous, Martine. Et si j'ai bien compris, vous n'êtes pas loin de penser Martine.

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Il a été un meilleur mari dans sa deuxième vie que dans sa première vie. Voici cette histoire qui commence le jour où vous vous retrouvez sans aucun souvenir du passé. C'était en juin 1987. Une histoire que j'ai écrite avec Simon Veil. Réalisation Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. J'ouvre les yeux, je ne reconnais rien, je suis sur un banc, sur une place pleine de monde. Il y a une fontaine, un abribus, une cabine téléphonique. Qu'est ce que je fais là? Rien, absolument rien, ne me revient. Je tente de lancer ma mémoire en arrière, je ne me rappelle ni de mon nom ni de mon prénom. Je ne sais pas quoi faire. Qui suis je? Je regarde un film.

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Je ne suis pas dedans.

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Cette scène absolument hallucinante se déroule fin juin 1987, place de l'Opéra à Paris. Un homme est assis sur un banc. Il a oublié qu'il est tiré. Il a une alliance, une alliance. Il sait ce que c'est. Il se dit Donc, j'ai une femme. Qu'est ce qui m'arrive? Et là, il lève la tête et tout d'un coup, il reconnaît l'Opéra de Paris. Il se souvient de l'opéra, mais pas de son propre nom. Ensuite, il se regarde.

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Il porte un manteau rouge. Il fouille ses poches et à 60 francs dans l'une des poches, il regarde ses pieds. Il porte des chaussons dans la rue. Et ça aussi, il sait que ça ne se fait pas. Porter des chaussons dehors comme ça. Mais s'il ne sait pas comment il s'appelle et deux mots lui viennent spontanément à l'esprit Beaubourg et la scène, il sait ce que c'est. Beaubourg, c'est un bâtiment plein de tuyaux et la Seine, c'est un fleuve qui traverse Paris.

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Il sait ça, mais il ne sait pas ce qu'il fait là, ni comment il s'appelle sur le banc, près de lui.

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Il y a un sac plastique et l'eau dedans. Il y a une cordelette, un ticket de métro, un jeu de tarot, un crayon, mâchouiller, un carnet et une carte de Paris. Tiens, une carte de Paris. Je ne suis pas parisien. Il attend un peu. Cinq minutes, peut être. Il ouvre le carnet. Il sait lire, mais il ne reconnaît rien de ce qui est écrit. Et étrangement, ça parle de Beaubourg et ça parle de la scène.

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Il se lève, il déplie la carte, il regarde où est Beaubourg et il se met à marcher. Et il va à Beaubourg et il reconnaît l'endroit. À un moment, il a faim. Il a ans dans la poche. Il ne fait pas le lien. Il ne sait pas qu'avec cet argent, il peut s'acheter à manger et il revient d'où il est parti. Il revient. Place de l'Opéra. Il passe la nuit dans un parking au dernier sous sol et il s'endort avec une peur terrible.

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Et si Thomas? J'oublie tout. Encore une fois. Mais non. Le lendemain, il se souvient de la veille. C'est déjà ça. A un moment donné, il est dans la cabine téléphonique, il dort. Trois policiers frappent à la vitre. Contrôle d'identité. Il est paniqué, il bondit hors de la cabine. Il bouscule le flic. Il part en courant. Il court, il court, il slalome entre les voitures et là, il se planque sous une voiture.

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Le policier le repère. Il l'attrape par les chevilles. Il lui colle un flingue sur le front. Bien à toi, tu nous a fait courir fumier! La suite se passe au commissariat. Qu'est ce que tu faisais dans la cabine? Pourquoi tu a pris la fuite? Pourquoi tu t'es planqué, connard? T'es qui, tu fais quoi? T'es pas bien, il s'en fout. Il ne sait pas quoi répondre. Je ne sais pas qui je suis.

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On lui tend un procès verbal mécaniquement, il le signe. Et là, il réalise que sa signature est sans doute un bout de son identité, un bout qui lui est resté.

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Le lendemain, on l'emmènent à l'hôpital Sainte-Anne, le plus grand hôpital psychiatrique de Paris.

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Et là, il se dit super, super, on va prendre soin de moi. Il va vite déchanter. Et là, on le déshabille et deux infirmiers l'examine sous toutes ses coutures à la recherche d'indices appendicite.

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Traces dopération, cicatrice à la cheville droite, des blessures positives, large bleu de la nuque à l'épaule.

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Et à partir de là, un rituel s'installe déjeuner médoc, goûter médoc, dîner Médoc. A l'hôpital psychiatrique, on gobe des médocs. Est ce que ça sert à quelque chose de bourrer un amnésique de médicaments? C'est une autre histoire. Et à chaque fois, on lui tend un verre d'eau sur lequel il est écrit. Monsieur X. Dans le petit carnet qu'il a retrouvé dans le sac plastique sur le banc de l'opéra, il est écrit N'oublie pas d'écrire.

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Alors il s'accroche à ça. Ça devient son obsession écrire. Il noircit des pages et des pages. Il raconte ses journées en détail et comme l'infirmier, lui prend tout ce qu'il écrit. Ensuite, il se met à dessiner comme un dératé en se disant On sait jamais, peut être que je vais dessiner ma maison ou ma femme. Mais rien ne vient. Ce qu'il ne sait pas, c'est que depuis le début, un médecin scrute ses écrits et ses dessins.

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Un matin, à 10 heures, on l'emmènent dans son bureau. C'est un grand type barbu. Bonjour. Bonjour, je suis le docteur C. Et je vais m'occuper de vous. Ah, c'est vous qui allez me dire ce que j'ai, je crois. Vous êtes amnésique, monsieur? Et comment ça m'est arrivé? Vous êtes arrivé ici avec un bel hématome qui va de la nuque à l'épaule gauche 20 cm sur 10 de large.

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Vous avez reçu un coup, manifestement, et ça peut expliquer votre amnésie. Ah, on va y arriver. Ce sera dur, mais je serai là à vos côtés et on finira par savoir qui vous êtes promis. Dites? Si je continue à écrire et à dessiner, on me les enlèvera plus. D'accord, tu peux arrêter les médicaments. Ah ça non.

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Mais les jours passent, les rendez vous avec le docteur C s'enchaînent et rien n'émerge. Rien sauf une chose il paraît clair que monsieur X a oublié tout ce qui est affecté. Il a oublié sa maison, ses amours, sa femme. Un jour, le médecin lui dit Je voudrais vous proposer une expérience. Elle est un peu douloureuse. Elle est assez violente et inhabituelle. Mais est ce que vous connaissez le pain total? Vous savez, on appelle ça le sérum de vérité.

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Ça va vous faire dormir, mais moi, ça va me permettre de vous accompagner dans votre esprit, d'entrer dans votre inconscient. Vous seriez d'accord? Pas au point où j'en suis, moi, je suis prêt à tout. On commence demain. Au point où j'en suis, j'aurais accepté qu'on m'ouvre la tête sur toute sa longueur. On me charcute le cerveau, on le presse comme une éponge pour analyser ce qui en sortirait. Le docteur s'est lui fait signer des papiers et lui fait signer tout un dossier sur lequel est écrit Narco Analyse Parpaings Total.

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Et il oublie de lui dire que c'est une technique très controversée. Et donc, le lendemain, on l'allonge sur un divan. Le docteur a promis de tout enregistrer. Il pose donc un magnétophone et il lui fait une piqûre.

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Je n'entends plus que la voix du docteur qui me quitte dans l'oubli, qui me rassure, me rassure. Sa voix se fait arrivée lointaine. Mes paupières, une. Je flotte, je flotte. Monsieur X, Monsieur X, réveillez vous, il faut manger, ma tête est pleine de gravier.

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On croirait que je respire du coton. Je n'ai aucun souvenir de ma séance. Le lendemain, on lui fait passer le rapport écrit de cette séance. Ça n'a rien donné. Alors, il faut recommencer. On recommence et à nouveau, c'est un échec. Il n'a rien lâché et là, c'est lui qui propose. Allez donc, on se fait un dernier voyage, OK. Troisième séance Quand Monsieur X se réveille cette fois, le docteur C est là, tout sourire.

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On est peut être sur une piste. À un moment, sous un total, le docteur c'est lui a proposé le mot perdu. Et là, il a répondu. Corner. Or, le mot corner, hormis pour désigner une trompette, est très peu utilisé en langue française, sauf sauf dans l'est de la France. Là bas, ils disent corner pour désigner un sac en plastique. Ils disent corner, comme d'autres disent pochons. Donc, Monsieur X pourrait être de l'ouest de la France.

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Premier indice et un peu plus tard, le docteur a proposé le mot amitié. Et là, monsieur X, a répondu Charlélie.

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Et des Charlélie, il n'y en a pas 36. Le docteur a tout de suite pensé à Charlélie Couture, le chanteur.

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Vous savez, alliance. Limette laisse lui aussi Charlélie Couture, donnant ainsi alors le docteur C. l'A appelé et il a accepté de passer pour voir s'il le reconnaît.

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La rencontre a lieu dans le bureau du docteur, M. Hicks entre dans la pièce. Il voit un homme de dos qui se retourne, qui le regarde pendant quelques secondes et qui lui sourit. Ça alors! Mais bien sûr que je te reconnais grand con. Le type le prend dans ses bras. Je ne connais pas ton nom, mais ton visage, oui, tu me souviens très bien, très bien de toi, c'est bon, t'inquiète pas existe.

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Ils ont fait les 400 coups tous les deux aux Beaux-Arts de Nancy. Quand ils étaient plus jeunes, ils ont picoler ensemble. Il n'y a plus qu'à fouiller dans les archives des Beaux-Arts de Nancy et on saura comment s'appelle Monsieur X. Ça fait quatre mois qu'il végète à l'hôpital Sainte-Anne de Paris. Et un matin, le 12 octobre 1987, Monsieur X est en train de dessiner. Jacques Michel postais Crayon, le docteur tâtant C'est moi, Jacques Michel. Il se précipite dans le bureau du médecin.

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Tu t'appelles Jacques Michel Huré et je te présente tes parents et ta femme Martine. On a retrouvé mon vieux. Sauf qu'il ne les reconnaît pas, il ne les reconnaît pas. L'écran noir, il voit bien leur regard plein de tendresse, mais lui, lui ressent rien, rien. Je sens l'angoisse monter. Je m'interdis de faire une crise devant eux de peur qu'ils me laissent comme un chien au chenil. Je dois tenir le coup. Le couple âgé se lève, se dirige vers moi.

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Je n'ai pas le temps de vérifier si les traits de leur visage ressemblent aux miens. Leurs bras m'en lasse déjà. La jeune femme n'a pas bougé. Elle est belle. Vraiment. Elle me prend la main et elle dépose un baiser sur ma joue. Et sa femme lui montre alors des photos. Ça, c'est notre mariage. Et là, c'est ta fille Sandrine. Et là, ton fils Pierre-Henri? Tiens, regarde là ça, c'est ton frère, ton père, ta mère.

[00:14:54]

Il ne reconnaît personne. Aujourd'hui, on m'a retrouvé et je ne me suis jamais senti aussi paumé. Jacques Michel Murray Reckitt Ste-Anne Trois semaines plus tard, il a passé tout ce temps à regarder les photos. Rien n'est remonté à la surface. Alors quand il quitte l'hôpital, c'est en quelque sorte un nouveau né, un nouveau né de 122 jours qui serait né place de l'Opéra à Paris, et qui va devoir tout réapprendre. Et le voilà donc dans un appartement qu'il ne connaît pas, avec une femme qu'il ne connaît pas et qui lui fait la visite.

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Regarde ce meuble. C'est toi qui l'a fabriqué. Très bricoleur, tu sais? À un moment, Martine s'absente. Elle va chez les voisins et elle revient avec un petit truc qui schwinn un petit garçon rose et joufflu.

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C'est Pierre-Henri, c'est son fils d'un an. Deux nouveaux nés face à face. Le lendemain, ses parents viennent le chercher. Babatunde, tu vas venir vivre chez nous, dans la maison de ton enfance, à Séchan, dans la banlieue de Nancy. On va bien s'occuper de toi. Il y aura ta fille Sandrine. Elle sera avec nous. L'idée est de réveiller ces souvenirs en retrouvant les lieux de son enfance. Et le voilà donc face à son père dans ce pavillon des années 60 où on lui dit qu'il a grandi.

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Ta mère est allée chercher Sandrine, ta fille. Surtout, tu ne lui fait pas peur. La laisse venir vers toi. Tu verras, elle est très douce, mais tu ne lui dis pas que tu ne la connais pas. Tu lui dit Bonjour ma puce. Tu fais comme un papa, quoi. Il est énervé. Je crois que je l'énerve. Qui est cet homme qui me fait honte? Et là, arrive la petite Sandrine, qui, sans doute, ne voit aucun amour dans les yeux de son père.

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Elle ne l'embrasse pas. Il s'approche pour lui donner un baiser. Elle a un mouvement de recul.

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Jacques Michel voudrait aller se promener en ville interdit. Et si tu rencontres quelqu'un que tu connectes, reconnais pas. Qu'est ce qu'on va dire de toi? Tu sais, le mieux, c'est que tu racontes paqueté, amnésique. Tu ne parles pas de l'hôpital psychiatrique. Surtout, on va dire t'étais dans une maison de repos après une dépression. Voilà tout. Les jours qui suivent, on le torture avec les photos plusieurs fois par jour. Regarde là ça, c'est toi qui monte à cheval.

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Là, c'est papa et c'est toi sur le chemin de l'école. Ici, c'est ton frère dans la piscine. Ça te revient? Ben non. On était si bien avant redeviens celui que t'étais stp. On pourrait retrouver tout ça, tu le voulais.

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Je me sens prisonnier dans cette maison où, jour après jour, je ne fais que décevoir mes nouveaux patrons. Mes parents sont en train de me détruire à petit feu. Je ne sent rien de positif qui va se produire ici. Et donc, il veut vivre avec sa femme Martine et avec leurs deux enfants et les parents acceptent à condition de trouver une maison près de chez eux.

[00:18:34]

Et là, tout change. Martine lui laisse prendre ses marques. Elle ne le soumet pas à des interrogatoires. Elle lui montre les choses sans lui demander tout le temps. S'il se souvient, elle le prend comme il est instable et cassé. Je suis son mari. Je ne suis pas une maladie. Elle ne veut pas poursuivre notre histoire. Elle veut la recommencer du début. Avec tendresse et patience. Et le soir, il se retrouve dans la chambre.

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Et lui, il a envie de baiser, comme il dit, mais il ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas comment faire. Elle se lève, elle caresse mon visage, elle l'embrasse. Elle dit Enlace moi, elle dit Caresse moi, nous avons fait l'amour des premières fois.

[00:19:30]

Jusqu'ici, Jacques Michel n'a pas cherché à savoir ce qui s'était passé, comment il a pris ce coup sur la tête, comment il a disparu. Le déclic a lieu la veille de Noël. Ça fait un mois et demi qu'il est sorti de l'hôpital. Dit Martine. Par mois, nous. Alors, elle lui raconte ils se sont connus durant l'été 80 dans une discothèque. Lui, dessinateur et fêtard, et elle, ouvrière dans une usine de chocolat. Mariage enfant maison sept années de bonheur, jusqu'au 25 juin 1987.

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Ce soir là, il n'est pas rentré. J'ai pleuré pendant 48 heures devant le téléphone. J'avais nos deux petits sur les genoux des amis, des parents à arpenter la ville pour te retrouver. Les gendarmes ont lancé un avis de recherche.

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Ils ont organisé une battue en forêt. Envoyer des plongeurs fouiller la Moselle.

[00:20:24]

Tu sais, les gens disaient que s'était fait la malle en laissant femme et enfants derrière toi. Et cette nouvelle vie va s'accrocher à une envie, une envie qui le fait s'enfermait tous les jours pendant des heures dans le garage devenu son atelier. L'envie de peindre et assez vite, il expose. Et ça plaît, figurez vous. Et il se met à vendre des toiles et il donne des interviews.

[00:20:58]

Et un jour, son père, qui est par ailleurs directeur de l'Urssaf, lui dit Tu n'as pas le droit de faire tout ça en arrêt maladie.

[00:21:05]

Tu comprends, tu dois rester chez toi, tu dois te reposer, rester chez toi. Et comme par hasard le lendemain, Jacques Michel se retrouve convoqué par le médecin de la Sécu. Vous êtes en arrêt maladie. C'est une période pour vous. Recomposés, pas pour travailler. Alors vous faites un choix, soit la peinture, soit vos droits à la maladie.

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Je n'ai pas le temps, malheureusement, de vous raconter toute la suite. Au bout de trois ans, effectivement, la Sécu lui coupe les vivres. Jacques Michel doit s'inscrire au chômage. On arrête aussi ces ordonnances de Valium qui calmer ces angoisses. Tempeh. Il se fait de fausses ordonnances pour en avoir quand même un bébé né. Une petite fille. Leur troisième enfant, Emanuelle. Et puis un jour, au cours d'un rendez vous à l'ANPE. Il est question de retravailler.

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Quels sont vos diplômes? Aucune idée. Je suis amnésique dans ma nouvelle vie, je n'ai jamais travaillé. Oui, mais avant. Avant votre amnésie, vous faisiez quoi? Quel intérêt puisque je ne saurais pas le refaire? Bon, rapportez moi votre dossier professionnel et nous ferons le point demain.

[00:22:24]

Il y a effectivement un dossier à la maison, des diplômes et des fiches de paye. Le lendemain, la conseillère regarde bien.

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Je vois que vous êtes architecte spécialisé dans la rénovation des bâtiments historiques.

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Et ça tombe bien, j'ai du boulot pour vous. A Bâle, en Suisse. Et le voilà donc parti pour son entretien d'embauche. Une tour de verre de six étages avec vue sur les montagnes suisses et un certain monsieur Van der Cher qui l'accueille.

[00:22:54]

Bonjour monsieur Huré. Je suis content de vous voir. On a besoin d'un architecte français pour s'attaquer au marché des monuments historiques en France. 5 000 en Suisse tous les mois, ça vous va?

[00:23:08]

Je travaille sur quoi? La rénovation de l'ancienne préfecture de Moutier va fêter ça avec ta femme. On se revoit demain. Il est embauché. Sauf qu'il ne se souvient de rien de son métier. Le patron déroule le plan de l'ancienne préfecture de Moûtiers. Alors, comment tu vois les choses? Jacques Michel. Et là, miracle, ça lui revient d'un coup. Bah écoutez, d'après ce que je vois, les arbalétriers sont en parfait état. Enfin, il faudra rajouter quelques Ontrack pour équilibrer les arcs.

[00:23:41]

Ici et là, faut remplacer les corniches. Les goussé sont trop détériorés, mais les voûtes et la menuiserie sont récupérables.

[00:23:49]

Je crois que je peux lui redonner son histoire.

[00:24:00]

Voilà, je n'ai pas le temps de vous raconter toute la suite. C'est long, une vie.

[00:24:06]

Le livre de Jacques Michel se termine par cette phrase étonnante J'ai envie de te remercier, toi qui, un soir, m'a flanqué un coup sur la tête. Tu m'as volé 30 ans de souvenirs, mais tu m'as offert une autre chance, celle de devenir un homme dont Martine me répète tous les jours qu'il est bien mieux que celui qu'elle avait épousé.

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