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Jusqu'à Sandalettes, je vais vous raconter aujourd'hui une histoire absolument unique et ce faisant, d'ailleurs, je vais tenir une promesse. Un jour, il y a bien longtemps, Ivan Levaï, que vous connaissez peut être c'est journaliste historique d'Europe1, me tend un livre et me dit Lisa, ça sort de chez un petit éditeur. Personne ne va le voir passer. C'est Simone Veil qui me l'a donnée. Elle m'a dit de le faire tourner autour de moi, alors je ne te demande qu'une chose tu le lis et tu le fais passer à quelqu'un et se livre le témoin imprévu.

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C'est un livre de JO Vache Blatt dont je vais vous raconter l'histoire aujourd'hui. Et je confesse à Ivan Levaï que j'ai gardé ce livre pour moi comme un talisman. Je l'ai prêté, mais j'ai toujours veillé à le récupérer. Et aujourd'hui, je vais tenir enfin ma promesse. Je vais vous le faire passer. Georges Blatt est un jeune juif polonais de 15 ans qui est déporté en août 44 à Auschwitz-Birkenau, où il vit une expérience absolument unique.

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Il entre dans la chambre à gaz du crématorium numéro 4 et il en ressort vivant et pendant 50 ans, de peur de ne pas être cru. Il n'a jamais raconté son histoire à personne même, avoue Chantal Meignanne. Vaches, blatte, bonjour, bonjour. Et pourtant, vous êtes sa fille. Vous nous raconterai tout à l'heure comment est ce que vous avez reçu ça tard? Comment est ce que vous avez reçu cette histoire coup de poing? Je veux préciser que le livre de JO, Le témoin imprévu que l'on trouve aujourd'hui chez J'ai lu, n'a vu le jour que grâce à un journaliste qui s'appelle Gilles Lambert, qui a accompagné cet accouchement douloureux.

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Voici donc cette histoire absolument exceptionnelle. La réalisation est signée Céline.

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Christophe Hondelatte. Je suis certain qu'il se trouvera des gens pour dire vous êtes sûrs, vous êtes sûrs que ce jour, Vasse Black n'a pas tout inventé. Il n'a rien dit pendant des décennies à personne, même pas sa femme. Et là, il raconte qu'il est rescapé de la chambre à gaz. Et vous le croyez? Oui, et ça n'est pas que je le crois, c'est que je suis certain que son histoire est vraie avant de tout raconter.

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Il faut lever cette hypothèse. C'est essentiel et c'est fascinant. Le jour où on a sorti le petit JO de la chambre à gaz de Birkenau à une poignée de secondes de la mort, on n'a pas sorti que lui. On a sorti cinquante trois personnes et joue beaucoup plus tard, on a retrouvé deux. Jacques, qui est ensuite aller s'installer en Australie, et Hermann Goldberg, qui a poursuivi sa vie en Israël. Il raconte la même histoire, la même MM.

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Il n'y a aucun doute quant à l'histoire que je vais vous raconter, mais cette histoire ne commence pas à Auschwitz-Birkenau. Elle commence en Pologne. Mais elle loge une grande ville industrielle du centre du pays qui, avant la guerre, est sans doute la plus grande ville juive de Pologne. Les vaches blatte sont là, du quartier Balbus le père. Il y a un atelier, une forge qu'il emploie quinze ouvriers et c'est lui qui a sorti les deux candélabres dorés de la grande synagogue de l'Aude.

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Nous sommes en janvier 1939 et aujourd'hui, c'est l'anniversaire du petit Theo. Il a 9 ans. Sa mère a préparé un thulin et elle l'a donné à cuire au boulanger en se disant C'est peut être la dernière fête de famille avant longtemps, car en janvier 1939, tout le monde a l'auge a compris que la guerre est là. On ne parle que de ça dans les journaux. Alors, le soir de l'anniversaire du petit Théo, le seul sujet de conversation à table, c'est Qu'est ce qu'on fait?

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On reste ou on part? Le père de JO a un avis très tranché. On reste, on reste. Partiront en Israël un jour peut être. Je nous le souhaite, mais en pratique, là, aujourd'hui, c'est impossible. Ça n'existe pas. C'est un rêve, c'est un songe. Je sais qu'il y en a qui veulent aller chez les Soviétiques, qu'ils y aillent. Mais je ne crois pas que les Juifs soient les bienvenus chez les communistes.

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Je ne pense pas qu'ils les laisseront vivre selon la Torah. Alors, on reste, on reste. On verra bien. Le 3 septembre 1939, le petit Jos est réveillé en pleine nuit par du vacarme dans la rue avec son père et son petit frère Jonatan. Ils se mettent à la fenêtre. C'est l'armée polonaise qui bat en retraite des soldats épuisés, hagards, piteux, qui fuient devant l'avancée des Allemands. Regarde en allemand, le premier soldat allemand entre dans le quartier Balbus.

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Un éclaireur sur un side car et derrière des chars, des automitrailleuses, toute une armée s'installe à Lochs et là commencent les pillages. Les soldats entrent dans les magasins juifs en priorité et ils prennent tôt tout.

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Et se repose chez les vaches Blatt. La question de partir, à laquelle le père Jos fait une réponse désarmante. Ils n'oseront pas prendre mes machines, elles sont anglaises. Et en attendant, il devient de plus en plus difficile de trouver quelque chose à manger. Ils ont tout emporté.

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Fin novembre, les Allemands mettent le feu à quatre synagogues. On ne peut rien sauver, même pas les rouleaux sacrés. En décembre, on annonce que les juifs doivent porter deux brassards jaunes. Même les enfants qui n'ont plus le droit de voyager ni de sortir la nuit, ni de se promener en groupe. Et un bruit court dans le quartier de Bannu.

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Il paraît qu'ils veulent recenser les Juifs. Ils veulent nous mettre tous ensemble, tous les Juifs, dans le même quartier. Rencontre. C'est là que va commencer l'enfer pour le petit duo dans ce ghetto que les nazis s'apprêtent à construire. Le ghetto de lochs est instauré par les Allemands le 8 février 1940 et tous les Juifs de Lodz doivent rejoindre la vieille ville et le quartier Bannu maintenant et toujours les voir arriver sous la neige qui tire des sortes de traîneaux avec leurs meubles dessus.

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C'est d'ailleurs lui qui est un petit futé, s'est fabriqué un traîneau et il propose ses services en échange d'une petite pièce. Après, on demande aux Juifs de construire eux mêmes la palissade qui doit fermer le ghetto et de poser les barbelés. Et quand c'est fini? Interdiction de sortir. Le premier qui sort est abattu. La conséquence de tout ça, c'est qu'assez vite, il n'y a plus rien à manger et là, que fait le petit duo 9 ans avec son frère Jonathan?

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Il se faufile sous les barbelés et il va voir les Polonais. Vous n'auriez pas de la nourriture avant? On n'a plus rien dedans et il repasse dans l'autre sens avec des pommes de terre, un peu de pain, un petit paquet de graisse. C'est très risqué et parfois, il fait ça deux fois par jour.

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Les semaines passent les mois et le père de JO tombe malade et sa mère aussi. Et le gamin se retrouve avec la lourde responsabilité de nourrir toute sa famille. A 10 ans, il continue de temps en temps de passer sous les barbelés, mais c'est de plus en plus risqué. Les gamins se font tuer, alors il se débrouille. Il finit toujours par trouver un peu de lait de chèvre à 9 ou de.

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Et surtout, maintenant, il travaille à ça, c'est une idée du juif qui dirige le ghetto rhumes COFCO et rendre les juifs du ghetto de Łódź indispensable aux Allemands, et donc il leur a proposé de travailler gratuitement en échange de nourriture. Et c'est comme ça. COJO, qui a maintenant 11 ans, se retrouve à faire de la gravure sur métal pour les Allemands. Le ghetto devient un gigantesque camp de travail. On y fabrique de tout, des boutons, des insignes d'uniformes pour la Wehrmacht, des pièces d'artillerie, des bottes et même des robes.

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Mais à partir de là se met en place un autre plan. Tous ceux qui ne peuvent pas travailler. Les trop vieux, les trop jeunes, les malades doivent être déportés vers des camps.

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On est flou sur ce qu'ils vont devenir. On va les réinstaller dès lors, que va devenir le père de JO? Il est trop malade pour travailler. JO n'aura pas à se poser la question longtemps, car un matin, on retrouve le père mort dans son lit à l'âge de 38 ans. Au cimetière de Balbus, c'est JO qui récite Lokadi. Le voilà chef de famille à 11 ans. Au printemps 1942, les Allemands se mettent à réclamer des juifs pour la déportation, pour la réinstallation toujours plus de Juifs.

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Il nous faut 20.000. Nous voulons tous ceux qui ne travaillent pas. Il nous faut famile. Jusqu'ici, JO a réussi à planquer son petit frère Henry, mais jusqu'à quand? Il a 9 ans et demi. Il est trop jeune pour travailler. Il doit donc être déporté en décembre 1942. Ses longues idoles et sa femme et ses trois enfants, qui sont les premiers de la famille à partir Jourova jusqu'à la gare. Pour leur dire au revoir, le tonton se penche à son oreille.

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Je sais pas où nous allons. Je ne sais pas si nous reviendrons, mais quelqu'un de notre famille doit rester en vie pour témoigner. Fait tout ce que tu peux toujours. Tout ce que tu peux.

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En juillet, les Allemands réclament tous les enfants de moins de dix ans et donc un jour, on vient chercher Henry ou le petit Rivaz Blatt.

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Je n'en sais rien. Ça fait des mois qu'il a disparu. C'est faux. On l'a vu aujourd'hui dans la cour de l'immeuble. On le trouvera. Et la fois d'après, il le trouve planqué dans la cave dans son livre Je vous raconte, ma mère a lavé Henri dans le baquet à lessive. Elle l'a habillé de ses beaux vêtements de Chabad. Ils se sont embrassés. Il y avait une charrette en bas avec d'autres petits enfants qui ne pleuraient pas.

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Je n'ai jamais revu mon frère. J'ai su, après la guerre qu'ils avaient abouti à Chełmno, à 70 km où ils avaient été gazés dans un camion sans conducteur.

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Gadins veille.

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La maman de Theo meurt en août 1943, probablement d'un cancer, et Tejo se retrouve dans l'appartement familial sous la responsabilité de sa tante, avec son frère Jonathan et sa soeur Esther, trois enfants, programmée tous les trois pour partir à leur tour.

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Âge, gadins valide, grade II, gadins, guide cadet.

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À partir de l'été 43 le matin, on trouve des cadavres dans les rues de l'Auge de-ci, de-là, un peu plus. Chaque jour, on dirait des squelettes. Les gens crèvent de faim. Ils travaillent toujours autant, mais les rations baissent tous les jours. C'est la famine. Le matin du 11 août 44, je rentre chez lui avec quelques carottes et deux ou trois feuilles de chou. L'appartement est vide. Sa tente, sa petite sœur et son petit frère ont été arrêtés.

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Il est tout seul. A 14 ans, il est tout seul, seul dans un ghetto qui se vide tous les jours. Et à un moment, je rejoins le point de rassemblement et il monte dans le train.

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Quand la porte du train s'ouvre. Il est midi dehors, le ciel est bleu et ça s'agite, saute du wagon. Il va prendre son sac avec les photos de ses parents et de ses frères et soeurs qui a emporté à l'intérieur. Vous viendrez les chercher plus tard? Bon. Et là, des déportés en pyjama rayé viennent discrètement passer des messages. Vous êtes à Birkenau? C'est près là, Auschwitz, en Silésie. T'as quel âge? J'ai 15 ans.

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Tu diras tant A17. Des miradors, des chiens à ce moment là, je pense que c'est un camp de regroupement pour les travailleurs. Il n'a aucune idée de ce qui l'attend et il se retrouve face à un SS, un officier avec une cravache à la main. Il saura plus tard que c'est Joseph Menguellet, le médecin chef du camp. Les gens défilent devant lui et du bout de sa cravache, il lit à gauche pour la mort ou à droite pour le camp.

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Les camps de jour passent devant lui. Il indique la droite. Ils vont se revoir tous les deux plus tard. Et d'Io avance dans le camp et il voit les grandes cheminées, il sent l'odeur de chair brûlée. Sans comprendre les barbelés, les gens derrière. Très maigre. Et il retrouve un copain du ghetto de Lodz, mosquée MOSSER, où je suis content de te voir. Ceux qui viennent d'arriver demandent Vous savez comment je peux savoir où est ma femme.

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Elle s'appelle Fella et mon fils s'appelle Yankel. Ils sont arrivés il y a quelques semaines. C'est Moché qui lui explique en montrant des yeux La cheminée pense plus bas. Sont déjà là.

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JO est installé dans le bloc 4 du camp. Et le lendemain, transférés au bloc 12. Le premier défi, c'est de manger. Pour survivre, il faut manger et manger plus que la ration quotidienne composée d'un ersatz de café le matin, d'une soupe où flottent quelques légumes à midi et d'un morceau de pain et parfois d'un peu de lard le soir, comme dans le ghetto. JO se bat tous les jours pour avoir double ration.

[00:16:43]

Et puis, il y a la pelle qui dure des heures dans le froid, accompagnée d'humiliations. Un jour, on lui demande de crier Non, les juifs, nous avons voulu la guerre plus fort. Nous, les juifs, nous avons voulu la guerre. Vous l'avez. Vous êtes content? Mais le grand défi pour JO, comme pour tous les déportés, c'est d'échapper aux sélections SS qui s'avancent dans le Bloc qui dit Toi, toi, toi et toi.

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Ne pas en faire partie, se faire tout petit. Devenir transparent. Quinze jours après son arrivée dans le camp, tous se retrouve avec les autres sur la place d'appel du camp, les SS ont placé une planche entre deux poteaux. Tout ce qu'il a franchi sans se baisser partiront pour la chambre à gaz. José, qui trotté même sur la pointe des pieds, il n'atteindra pas la planche. Un kapo lui dit AKG, va se cacher là bas, il lui désignant Phocée, une sorte d'égout puant et d'où il reste planqué jusqu'à la nuit.

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Dans les semaines qui suivent, plusieurs fois, il est sélectionné par les SS pour la chambre à gaz et à chaque fois, il réussit à s'enfuir. Et puis, un jour d'octobre, Joe ignore la date exacte. On les rassemble sur la place d'appel. Les SS sont là avec leurs chiens. L'officier a l'air ivre mort. Avoir ces parents de sac, cette fois, impossible de s'enfuir. Un garçon près de JO décide de jouer le tout pour le tout.

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Il bondit vers la clôture et les arbres. Il est abattu et les voilà partis tous les autres vers le crématoire numéro 4. On les aligne dans la cour. DSRP Yavo VERITES. Et notez bien l'endroit où vous avez posé vos vêtements, vous allez prendre une douche. Pourquoi manque t il? Et là, dans une bousculade, les SS les poussent tous vers une petite porte.

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Des enfants sanglote. D'autres disent la prière des morts. Jésus, qui est arrivé dans la cour parmi les premiers, rentre dans la chambre à gaz. Parmi les derniers, la porte étanche se referme et d'un coup, la lumière s'éteint, d'où on a l'impression de commencer à suffoquer. Depuis qu'il est à Birkenau, on lui a dit Il faut respirer un grand coup pour mourir tout de suite. Mais comme tous les autres, il retient sa respiration. Et puis soudain, soudain, la porte s'ouvre.

[00:19:42]

Un homme hurle à l'extérieur et quelques secondes plus tard, JO se retrouve dans la cour avec une cinquantaine de déportés. Ce qui était le plus près de la porte? La porte qui maintenant se referme jour et tous ceux qui l'entourent viennent d'échapper à la chambre à gaz. Râblé, Yéro? Pourquoi? Pourquoi? Est ce que JO et les autres ont été épargnés? Il va le comprendre quelques jours plus tard. L'homme qui a hurlé à l'extérieur, c'était Joseph Menguellet.

[00:20:18]

La sélection s'était faite dans son dos. Or, il voulait superviser toutes les sélections et c'est pour ça qu'il a fait sortir 50 personnes pour faire acte d'autorité. On dit qu'il a giflé l'officier qui avait fait fi de son pouvoir. Sur les 53 déportés épargnés par Menguellet, la plupart seront gazés dans les jours qui suivent. Mais pas de JO, parce que dans les jours qui suivent, il parvient à se faire enrôler pour du travail à l'extérieur du camp loinde à Auschwitz, dans le nord de l'Allemagne, près d'Hambourg.

[00:20:53]

Il survivra jusqu'à l'arrivée des Américains.

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Et là, les Américains qui l'ont pris en affection, c'est un gamin de 15 ans tout de même? Lui demande. Qu'est ce que tu vas faire? Tu vas retourner en Pologne. Tu veux aller où? Tu peux venir en Amérique avec nous. Ouais, mais au même moment, Diou rencontre deux Françaises, deux sœurs, Georgette et Madeleine, et elles aussi se prennent d'affection pour lui. Viens avec nous, viens, on rentre en France.

[00:21:49]

Et voilà comment Djo, le petit Polonais, arrive à Paris en mai 1945, à l'hôtel Lutétia, au milieu de tous les survivants. Il est adopté par des juifs polonais, Lech Kaczynski. Il apprend la couture, il travaille, il apprend le français, ce qui lui arrive de parler de ce qui s'est passé. Non? Qui ne croit personne? Personne ne croirait que son histoire. Alors, il se tait. Et en 1948, il s'engage pour aller combattre en Israël.

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Ses parents adoptifs essayent de le dissuader pour tuer le dernier match Blatt. Tu ne peux pas aller te faire tuer là bas.

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Il y va pourtant et il se bat. Il est blessé deux fois et après vingt mois passés à faire la guerre en Israël, il rentre en France. Il se marie en France avec Rachel. Ils ont trois filles Claudine, Chantal et Nathalie. Et pendant 50 ans, il ne trouve pas les mots pour leur dire ce qu'il a vécu.

[00:23:15]

Tout d'abord, il y en a beaucoup parlé, mais nous, quand on a rempli la de questions Comment t'as fait pour solives? Comment tu étais sorti et il était mal dans notre peau quand on me posait des questions comme ça.

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Beaucoup de gens ne voulaient plus rien dire pour comprenette parce qu'il se sentait un peu coupable. Comment lui a survécu à sauver des vies? Bon, alors donc ça, c'était la première saison en boulet et la seconde raison, c'était en voulait construire quelque chose. La vie, elle continuait. Donc on voulait construire. Donc, on mettait tout le monde construit pour fonder des foyers, fonder une famille. Moi, personnellement, voyez proposer un projet, rien dit à mes petits enfants.

[00:24:05]

Ils savent tout. Pourquoi pas les enfants? Pourquoi avez vous autant une génération?

[00:24:10]

Parce que c'était comme ça. Parce que je lui dis quelque chose. Moi, personnellement, je suis malté. J'aime pas des gaspillages. Un exemple? J'aime pas qu'on les gaspille, même pour la nourriture. Je n'aime pas le gaspillage. A mes enfants, quand ils mangent pas, je dis pas faire ça à la longue. Les enfants, ils répondaient Ah oui, je sais qui dit oui, toi, un total Genestar? Pas ça, tout ça.

[00:24:32]

Vous comprenez, il y avait il y a 20 ans, on voulait pas le dire et la raison était là parce que nos enfants nous disaient T'as fait ça Palisades? Et ça continue comme ça. Donc on voulait pas parler. Voilà le Kaddish de Maurice Ravel, joué par la violoncelliste Vibrateur Tông, formidable morceau pour conclure, ce serait si Chantal Meignanne Vaches Blatt. Vous êtes donc sa fille. Quand est ce que vous la découvrez? Parce que dans ce genre de secrets, de non-dits en général, il y a malgré tout des choses qui transpirent.

[00:25:46]

Il parle. Vous êtes né, vous novem après la guerre. Il parle de sa déportation. Jamais, jamais, jamais, jamais parlé. Mon père faisait des crises de nerfs. Si vous voulez qu'on fait beaucoup de déportés et qu'il se mettait à hurler et cauchemard, horrible, il cassait tout. Et nous, on ne comprenait pas du tout ce qui se passait, mais il avait son matricule gravé sur le poignet.

[00:26:15]

Je l'ai rencontré, je m'en souviens, mais il l'a fait enlever après l'a fait retirer.

[00:26:20]

Donc, vous ne saviez même pas qu'il était déporté.

[00:26:24]

On ne savait pas. La seule chose que je me rappelle. J'avais 4 ans et ma sœur aînée, 7 ans. C'est mon père en train de hurlez et de faire une crise comme il en faisait souvent. Et quand on en fait beaucoup de déportés, de s'arracher les vêtements. Et nous, on pleure. Et ma mère nous dit Taizé, vous célé quand c'est les camps, donc LLC, LLC et nous a quatre ans, c'est les camps.

[00:26:50]

C'est un peu vague. On ne comprend pas.

[00:26:52]

Mais quand vous avez 10, 12, 14 ans et que vous êtes en état de comprendre, qu'est ce que vous savez d'abord dans l'entrée chez nous?

[00:27:00]

Il y avait son costume de déporté en pyjama, le pyjama de déporté et on entrait dans l'entrée. Et à chaque fois qu'on posait non manteau, je voyais ce pyjama et je ne comprenais pas ce que c'était. Et on n'avait pas le droit de parler de ce pyjama. Et moi, je me suis toujours demandé. En plus, c'était un pyjama de petite taille parce qu'il était frêle et petit. Et je ne comprenais pas et on ne comprenait pas ce qui se passait.

[00:27:28]

Mais il était très strict et on nous disait Tu manges ce que tu as dans ton assiette jusqu'à ce que t'es fini. Tu te lèves pas. Tu ne parle pas et on ne parle pas chez nous. On ne parlait pas. Les enfants n'avaient pas le droit à la parole et on ne savait rien. On ne savait rien. Et un jour, je me rappelle je mange une pomme verte à côté de mon père et il me gifle. Et je ne comprends pas.

[00:27:56]

J'ai 16 ans. Je ne comprends pas ce qui se passe et je vais voir ma mère jusqu'à ce qui se passe. Mais pourquoi gifler? Et elle me dit quand ils étaient dans les camps, il y a un officier allemand qui manger une pomme devant lui et c'était un bruit qui ne supportent plus.

[00:28:11]

Alors, votre mère savait quoi? Servait elle pour la chambre à gaz? Elle savait tout. Ma mère, elle savait qu'elle nous en parlait pas non plus. C'était vraiment un sujet tabou. C'était est ce que vous pouvez comprendre ça? J'ai compris après maintes psychothérapies parce que nous sommes, nous avons été quand même trois filles abîmées et on a jamais compris. On nous a jamais expliqué que c'était terrible pour nous.

[00:28:41]

Donc votre mère, c'est tout. C'est à dire cette fameuse quand on dit pendant 50 ans, il n'a jamais rien dit à personne, sauf à votre mère. Oui, elle savait qu'il était survivant de la chambre. Elle savait tout dès 1963. Je crois qu'il retourne à Birkenau.

[00:29:01]

Il retourne et il retourne vers les 8 ans. Oui, il nous dit rien. Je sais qu'il a été en Pologne à l'époque, faire une sépulture pour ses parents. Il est allé à l'hôtel. Oui, il a été allowed. Il a été visiter le camp, mais on ne nous raconte rien.

[00:29:18]

On ne sait rien. Il a fallu attendre dix neuf cent quatre vingt six dates où ma mère est décédée. Ou une semaine avant sa mort ou deux semaines avant sa mort.

[00:29:32]

Nous sommes au salon tout en entourant ma mère et il raconte une histoire dans le camp où on lui a arraché une dent. Bien sûr, sans anesthésie, il saignait tellement qu'il a craché le sang dans la soupe des nazis. Il était tellement heureux de ça et c'était la première histoire qu'il nous racontait.

[00:29:57]

Et à partir de là, après la mort de votre mère, ils se mettent à parler.

[00:30:01]

Ils se mettent à parler comme une thérapie et il se met surtout à emmener des groupes visiter Auschwitz.

[00:30:10]

Il a fallu attendre 86, 40 ans.

[00:30:16]

Et là, il a commencé petit à petit, petit à petit, jusqu'à sa rencontre avec Gilles Lambert.

[00:30:22]

Et ce livre est ce livre. Ce journaliste qui va l'aider en refaisant le parcours avec lui et qui est allé à Auschwitz avec lui et qui est allé à l'hôtel avec lui. Qui va l'aider à redire tout ce qu'il a vécu. Il a dit dans quelques interviews qu'il lui a été plus facile de parler à vos enfants qu'à vous. Bien sûr. Pourquoi? Je ne sais pas.

[00:30:44]

Il y avait un non-dit évident, mais je crois que notre génération n'a pas su exactement ce qui s'était passé. Moi, j'ai beaucoup d'amis qui sont dans le même cas que moi. On ne parlait pas, c'était honteux. C'était honteux et je pense qu'ils avaient peur qu'on ne les croit pas.

[00:31:01]

Et vous, les enfants? Alors, comment ils ont recueilli ça? En première ligne pour le coup. Des enfants pour enfants, mais tous les enfants et les enfants de mes soeurs l'ont toujours su depuis leur plus tendre enfance. Il racontait ça, moi et mon père ne sait jamais. Il n'a jamais dramatisé. Il racontait aux enfants comme lui raconte une histoire, un parcours difficile. Mais il racontait toujours une petite anecdote pour faire rire. Et il a très bien expliqué ce qui lui est arrivé aux enfants.

[00:31:37]

Mais pas comme ça avec vous. Finalement, c'était trop tard. Il ne l'avait pas fait à temps et c'était, je pense, que c'était impossible d'en parler juste après guerre.

[00:31:49]

C'était impossible d'en parler pour eux parce qu'il voyait des amis rescapés. Oui, oui, parce qu'avec eux, il parlait.

[00:31:57]

Ils parlaient entre de ça, mais nous n'assistons pas.

[00:32:01]

Votre père lui même est mort il n'y a pas très longtemps. En 2014, il est mort de la maladie d'Alzheimer. Et vous me disiez que c'était un moment étonnant de sa vie ou ou toute cette histoire s'est effacé petit à petit, en commençant par ce qui était le plus proche. Et ça, c'est fini.

[00:32:19]

Comment Ben rappelait à la fin de sa vie chez ses grands parents avant d'habiter à Loches, avant Ouvrier, en 1930 1931. Il se rappelait de son chien. Il se rappelait des détails, mais tellement de sa grand mère et de son grand père.

[00:32:36]

Et tout le reste était effacé, effacé. Sans doute que cette maladie d'Alzheimer est déclenchée par le trauma qu'il a vécu.

[00:32:45]

Je ne sais pas, mais c'était sans doute une protection pour lui.

[00:32:49]

Évidemment, il ne s'est jamais soigné. Vous disiez que vous vous avez fait des thérapies. Lui, il n'en a fait aucune non plus. Ça ne se faisait pas. C'était à l'époque. C'était que les fous qui faisaient des thérapies lui n'étaient pas fous. Il n'était pas. C'était un homme qui allait vite, qui traçait, qui pensait toujours au lendemain, jamais à la veille. Quand on écoute ses interviews, il ne s'attarde pas, il pleure pas, il pleurniche.

[00:33:14]

Paris donne pas les détails. Quand on lui dit mais là, ça commence à se passer passé, il passe autre chose.

[00:33:19]

C'est ça, jamais larmoyant, jamais, jamais de misérabilisme. Et un jour, il m'a raconté quand même que l'on me dit bien une chose que j'ai jamais dit. Mais ils ont été bouffé par les punaises. Mais je ne l'ai jamais dit dans mon livre. C'était une petite anecdote comme ça, mais ça le faisait rire.

[00:33:38]

Voilà, il vous en donne une, mais tout le reste n'est pas raconté.

[00:33:41]

Petit à petit, après un petit peu, voilà. Et puis j'ai appris avec ses voyages avec.

[00:33:45]

C'est parce que vous allez donc à Auschwitz avec lui? Assez, assez vite. Après 86?

[00:33:52]

Oui, une année, deux années. Trois années après, je ne sais plus.

[00:33:56]

Il retrouve les lieux. Il retrouve les yeux de son baraquement, de l'endroit des latrines où il s'est caché pendant une sélection, d'une petite lucarne où il s'est échappé d'un baraquement. Mais toujours avec une force de vivre et jamais, jamais d'apitoiement sur lui même.

[00:34:15]

Alors, pourquoi conserve t il le pyjama? Et vous ne l'avez pas dit? Une savonnette de graisse humaine qui l'emmenait partout et vous disait qu'il s'est fait effacer son numéro de matricule. Lui, il l'a fait réécrire par la suite puisqu'il le présentait à la télévision dans les années 90. Il l'a fait écrire. Oui, c'est étonnant, ça. On a beaucoup reproché. Vous le savez beau aux Juifs d'avoir exploité l'histoire de la joie. Pour le coup, lui ne l'a pas exploité.

[00:34:44]

De l'empathie de cette génération, en vérité, n'a rien fait de ce qui lui était arrivé.

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Je ne connais pas de gens de sa génération qui ont exploité ça. C'est un mot terrible parce qu'il a dérivé. Au contraire, ils ont construit des vies. Alors, on a dit que les juifs sont devenus des entrepreneurs, mais ils étaient un entrepreneur, autre autre père.

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Il a bâti son entreprise pour ne pas s'arrêter et réfléchir. Exactement.

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Et il a toujours vécu à cent à l'heure. Je pense aussi pour oublier tout ça. Il faisait les marathons, il courait. Oui, c'était un destin sportif et je pense qu'il s'est noyé dans les activités pour ne pas réfléchir.

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Et ensuite, il s'est noyé dans ces témoignages qu'il est allé faire par centaines dans les lycées, dans les écoles, dans les collèges. Alors, vos enfants? Parce que ça, c'est intéressant. Ils sont donc dépositaires de l'histoire des vaches blatte dont ils ne portent pas le nom d'ailleurs.

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Notre père nous avait dit Après vous trois. Il a eu trois filles. Il n'y a plus de Vaïsse Blatt. C'était lourd à porter aussi. Alors, vos enfants sont contraints de faire quelque chose qui n'est pas contraint?

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Non, il admirait mon père, il aimait beaucoup. Ils ont été très marqués par leurs voyages et mes neveux. C'est dire qu'ils sont tous allés.

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Prenez un par un oui, il les a pris un parrain. Et il leur faisait faire le tour. Quoi exactement?

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Très détaillé, toujours dans des conditions atmosphériques très rigoureuses.

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Passe l'hiver exactement. Fallait pas y aller en août maintenant, parce qu'il fallait ressentir leur douleur et leur le froid, le froid, le froid et le vent. On les imagine ou à moitié nez, sans chaussures ou avec des sortes de paillasses. Et c'est inimaginable. C'est inimaginable.

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Il avait ce rêve, comme beaucoup de Juifs, d'aller en Israël un jour, de faire son alya. Il a eu l'opportunité de le faire dès son départ du camp. Un certain nombre de Juifs qui quittent à Auschwitz vont directement combattre en Israël pour créer l'Etat d'Israël. Lui va aller se battre, faire la guerre, mais il revient en France, il revient en France. Il n'a jamais été tenté avec l'intention d'aller aux États-Unis rejoindre ce soldat américain, un soldat américain avec qui je suis resté toujours en contact puisqu'il vivait aux Etats-Unis et qu'il appelait quotidiennement le 6 juin, comme leur renaissance.

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C'était sa renaissance, son anniversaire, et il appelait ses soldats tous les 6 juin. C'était magnifique. C'était l'anniversaire de la libération. C'était son anniversaire, de sa vie de survival, de sa nouvelle vie. Il a été tenté d'aller vivre aux États-Unis.

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C'était son rêve et mais quand il est revenu des camps, il a été adopté par une famille dont il avait toujours fait cette demande d'aller aux Etats-Unis.

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Il a obtenu le papier en juin. Un jour, il va chercher son visa qu'il avait obtenu sur la route de l'ambassade. Il s'arrête devant un kiosque à journaux et les gros titres marquent que la guerre est déclarée en Palestine et qu'Israël. Et il se dit. Ma place est là bas. Si nous avions ce pays, je pense que les choses auraient été différent. Je vais venger mes parents et donc il est parti. Il est parti s'engager dans Tsahal, l'armée israélienne.

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Il y reste 20 mois.

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Il revient en France et revient en France. Et là, il est au Carreau du Temple, où se retrouvaient les déportés avec son pyjama et les entrevues par une femme qui deviendra sa grand mère, sa mère adoptive et qui crie après les gens et lui disent parce qu'il vendait des vieilles cigarettes et au lieu de lui vendre des cigarettes, de lui acheter ses cigarettes, donnez lui à manger. Vous voyez bien qu'il crève de faim. Et elle le prend sous son aile.

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Et elle remplaceraient vraiment une mère et ses enfants. Remplacerons TV, frères et sœurs pour mon père.

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Merci beaucoup, Chantal. Magnums, vaches Blatt. C'est moi qui vous remercie de nous avoir accompagné et d'avoir complété ce récit de l'histoire de votre frère. Je voulais faire quelque chose que je fais rarement. Je ne vais pas vous nous écouter souvent à contribution, mais comme je me suis engagé à faire tourner cette histoire, à la faire connaître, je veux compter sur vous pour la faire connaître. Si vous avez Facebook, je vous demande de Twitter, pas de Twitter, d'envoyer ce lien via Facebook, de le faire tourner à vos amis.

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Si vous êtes sur Twitter, je vous demande de retweeté massivement le podcast de l'émission. Ça n'est pas pour faire du business au bénéfice de repensait parce que ce genre d'histoire doit être reconnu, ne doit jamais être oublié.

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Et je vous mets à contribution des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.