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Christophe Hondelatte voici l'histoire de la séquestrée de Poitiers, qui a fait beaucoup de bruit à l'époque. En 19 ans, l'histoire de Blanche Maunier, malade mental que sa mère enferme pendant vingt cinq ans dans sa chambre, volets fermés, nus et vivant sur ses excréments, toute la ville était au courant. Personne n'a osé intervenir. La mère a t elle refermé blanche parce qu'elle était malade, mental ou létale? Devenue parce que sa mère l'a enfermée pour le débriefe tout à l'heure, j'ai invité Jean-Marie Augustin, qui a écrit le livre de référence sur cette affaire.

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L'histoire véridique de la séquestrée de Poitiers chez Fayard. La réalisation de cette histoire est signée Céline le bras.

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Christophe Hondelatte. Au matin du 23 mai 1901, monsieur le procureur. Tenez un courrier pour vous. Une lettre anonyme arrive sur le bureau du procureur général de Poitiers. Monsieur le procureur général, j'ai l'honneur de vous dénoncer un fait d'une exceptionnelle gravité. Il s'agit d'une demoiselle qui est enfermée chez madame Monnier, privée d'une partie de nourriture. Vivant sur un grabar infecte et en un mot, dans sa pourriture depuis 25 ans. Signé un compatriote indigné.

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Pour être honnête, ce n'est pas la première fois que le procureur de Poitiers entend parler de Sokka. Ça fait quelque temps, en effet, qu'on dit en ville qu'une fille de bonne famille vit recluse, mais on dit qu'elle est folle, qu'elle est folle à lier et que sa mère, Louise Monnier, ne fait que la protéger. Alors jusqu'ici, on s'en est tenu à cette version. Le procureur n'a pas bougé, les Maunier étant par ailleurs une famille forte, honorable.

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Mais là, il y a une lettre et le procureur se dit qu'il serait peut être temps de cesser de faire l'autruche. Et donc, il confie au commissaire central de Poitiers, Pierre Busto, qu'une enquête et l'après midi même, le commissaire se présente chez les Maunier, au 21, rue de la Visitation.

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Malmaison, presque un hôtel particulier. Et quand le commissaire lève la tête, il remarque tout de suite une fenêtre dont les volets sont clos. La seule qui soit fermée au deuxième étage, c'est la bonne qui lui. Mme Monnier, je vous prie. Mme Maunier ne reçoit pas Létalité vous de Mme Veuve Monnier. Je ne suis commissaire principal de police. Je désirais absolument lui un commissaire. Normalement, ça impressionne, mais pas Madame Veuve Monnier, monsieur le commissaire.

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Madame ne peut pas vous recevoir. Elle vous prie de vous adresser à son fils. Il habite juste en face.

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Là, vous voyez mon rapport, l'office. Le commissaire traverse la rue. Il sonne et il s'entend dire par la bonne du fils que monsieur Meunier est indisposé.

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Décidément, chez ces gens là, tout le monde est indisposé. Il insiste et il menace peut être un peu. Et finalement, Monnier fils consent à le recevoir. Bonjour monsieur! Je suis ici parce que une lettre anonyme dénonce madame votre mère comme séquestrant votre soeur. On nous dit qu'elle serait tolly depuis 25 ans au milieu d'une nourriture infecte. Mais Génivar, tout ce que vous me dites, monsieur le commissaire? Ce qui est embêtant, c'est que cette lettre dit que la fenêtre de la chambre de votre sœur est cadenassée.

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Justement, je vois qu'au deuxième étage se trouve une fenêtre dont les machines sont closes. Voudriez vous me mettre en présence de votre sœur, monsieur? Écoutez, je suis tout à fait étranger à tout cela. Ma mère et ma sœur habitant se rendant dans une maison qui est là, vous la voyez qui n'est pas la mienne et je ne peux pas vous autoriser à voir ma soeur si le docteur n'y consent pas. Écoutez moi bien, M. Cette lettre porte une accusation grave.

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Amenez moi auprès de votre soeur, j'ai pleuré ou pas, d'ailleurs.

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Marcel Monnier accompagne le commissaire chez sa mère en face, laquelle monte tout de suite sur ses grands chevaux. Mais c'est un commissaire. Elle n'a pas le choix. Et d'ailleurs, il est déjà dans l'escalier. Il est en route pour le deuxième étage, là où il a vu les volets fermés, et le fils lui emboîte le pas. Et arrivé devant la porte où pouvait m'ouvrir, s'il vous plaît.

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Le vice pour le commissaire fait un pas dans l'obscurité, là une odeur, une odeur. Il ressort tout de suite. Il est au bord de vomir.

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Il prend un peu d'air frais. Il bloque sa respiration et il rentre à nouveau dans la chambre. Et la première chose qu'il voit, c'est la chaîne qui maintient les volets cadenassées. C'est une précaution, c'est pour éviter que ma sœur ne se jette par la fenêtre. Sa sœur, justement, elle est là, dans un angle de la chambre, sur un tas d'immondices. Une silhouette humaine, enfin, à peine humaine, ratatiné, recroquevillé, décharné. Le commissaire file dare dare au palais de justice.

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Prévenir le procureur. Et il revient une heure plus tard avec un juge, le juge Dufrêne. Vous allez voir. C'est absolument insupportable, monsieur le juge. Vous pouvez lire les pages Chiên ou s'il vous plaît! Avec la lumière du jour, la scène est terrifiante. Voilà ce qu'il écrira dans son rapport. Nous apercevons dans le fond, étendu sur un lit, le corps et la tête recouverte d'une couverture d'une saleté repoussante. Une femme que Marcel Monnier nous dit être Mademoiselle Blanche Monnier, 52 ans, sa soeur.

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La malheureuse est couchée toute nue sur une paillasse pourrie. Tout autour d'elle s'est formée une sorte de croûte faite d'excréments, de débris de viande, de légumes, de poisson et de pain en putréfaction. Des bêtes courent sur le lit. Nous lui parlons. Elle pousse des cris. La maigreur de Mlle Monnier est effrayante. Sa chevelure forme une natte épaisse qui n'a point été peignés et démêlé depuis longtemps. L'air est tellement irrespirable. L'odeur qui se dégage de l'appartement est tellement fétide qu'il nous est impossible de rester plus longtemps pour procéder à d'autres constatations.

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Dans la chambre, le juge prend les choses en main au moment du hors enroulez là immédiatement dans une couverture s'il vous plaît et en est là à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu. Et vite un. C'est au moment où on leur maines que le juge s'aperçoit qu'elle sait parler. Faites ce que vous voulez, mais m'enlevez pas ma chère petite grotte.

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À l'Hôtel-Dieu, on lui coupe les cheveux. Ou plutôt on lui coupe la grosse natte immonde qui lui sert de chevelure.

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Et on la met sur une balance. La note de cheveux crasseux pèse 25 kilos. On va la garder. Tiens, comme pièce à conviction. Pendant ce temps là, le juge est toujours sur place. Moi, Maunier, et je vous prie, vous pouvez me montrer le reste de la maison. La maison est bien tenue, il y a des lits en veux tu en voilà inutilisés. Il y a des draps propres à profusion. Donc, si elle est dans cet état, c'est qu'ils l'ont voulu.

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Il va falloir nettoyer cet endroit. J'avais fait une infection, mais avant, le juge fait mettre dans des bocaux tous les insectes qui grouillent dans la paillasse. On en remplit un plein bocal. Il note aussi qu'il y a deux trous au mur qui permettent la circulation des rats. Il remarque enfin qu'il y a un deuxième lit dans la chambre, bien tenu celui là, avec des draps bien propres. A quoi sert donc Salli?

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C'est pour Eugénie, un domestique. Elle dort là pour veiller sur Blanche toutes les nuits.

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Le lendemain, le commissaire est de retour avec un mandat d'amener. Le juge lui a demandé d'arrêter le fils et la mère et de les mettre en prison. Quand elle franchit le soir même les portes de sa cellule, la mère Louise Maunier, 75 ans, déclare Or était impossible de faire tant d'affaires pour rire.

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Dans les jours qui suivent, le juge fait venir les deux bonnes d'aumônier, Juliette et Eugénie. Elles vivent au coeur de la maison. Elles savent. Je vous jure que Mademoiselle Blanche est bien nourrie, ça, oui, on lui parle de tout. Elle mange pas grand chose le soir, elle mange qu'une brioche ou un gâteau. Et le matin, rien qu'une tasse de chocolat. Jamais de pain. Le midi, il y a souvent une seule frite ou une côtelettes entourée de pommes de terre.

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Là, elle mange avec les doigts. Et concernant la propreté, Mlle? Ça n'a jamais été vraiment d'accord. On a souvent demandé à Mme Maunier de changer blanche. Elle a toujours refusé alors que ça aurait été facile de lui faire sa toilette. Je vais vous dire nous même on a demandé à madame de placer mademoiselle Blanche dans une maison de santé. On l'a fait plus d'une fois. Nous a toujours répondu qu'elle avait fait le voeu de rester avec sa fille jusqu'à la mort.

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Le juge apprend à l'occasion que la lettre anonyme, c'est grâce à Juliette, la bonne Juliette a un bon ami, un militaire, et un jour, elle lui a parlé de Blanche. Et comme il ne la croyait pas. Un soir tard, sur la pointe des pieds, elle l'emmenait la voir et le bonami militaire ne s'en est pas remis. Le lendemain, il en a parlé à son lieutenant et c'est ensemble que son lieutenant et lui ont écrit la lettre anonyme.

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Que fait le juge après avoir entendu les bonnes? Il ordonne qu'on lui amène la mère, Louise Meunier.

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Là, il faut que je vous explique quelque chose. La mère elle même vit claquemuré dans sa maison depuis dix ans. Elle ne voit personne. C'est une vieille folle, une vieille folle. Le juge, néanmoins, lui demande de s'expliquer. Oh, jamais je n'ai songé à séquestrer ma fille. Maintenant, elle a toujours été libre de circuler dans la maison. La vérité, monsieur le juge Jacques. Depuis 25 ans, elle s'est volontairement enfermée dans sa chambre.

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Je dirais même dans son lit. Elle s'est obstinée à rester dans son lit depuis 10 876, peut être même avant. Malgré mes efforts et ceux de mon mari pour lui lui faire prendre l'air, elle dit que sa fille est malade. Pas depuis toujours. Petite, ça allait bien. Elle a fait des études. Elle aimait la lecture. La mère dit que ça s'est dégradé d'un coup vers ses 23 ans. En 1872, je crois, ma fille a été atteinte d'une fièvre pernicieuse très grave et depuis lors, elle n'a voulu voir personne.

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Elle a refusé de mettre des vêtements sous prétexte qu'elle n'avait pas la force de les porter, mais elle mangeait très peu. Elle était extrêmement maigre. Elle ne voulait pas coucher dans des drapeaux. Vous voyez quoi? L'avez vous montrer à un docteur? Oui, oui, mais il y a déjà plusieurs années que le médecin devient plus la voix. Et la saleté dans laquelle se trouvait Mme. Elle ne voulait pas qu'on la touche. Les domestiques disent qu'elles vous ont demandé de les laisser la nettoyer et que vous avez refusé chez elles.

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Ce sont des Drolet. Celle là, menteuse. Elle dit qu'elle rendait visite à sa fille deux fois par jour, mais que depuis trois mois, elle est malade et n'allait plus du tout la voir et la tuer. Elle ne ment pas. Elle est malade du cœur. Et d'ailleurs, 15 jours après son arrestation en prison, elle meurt d'une crise cardiaque.

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A moins qu'elle ne soit morte de honte. Quand Blanche est arrivé à l'hôpital, on aurait dit une sorcière avec sa natte, sa crasse et ongles gigantesques, une sorcière. Elle pesait 25 kilos à 52 ans pour un mètre 55, c'est pas lourd. Mais depuis dix jours qu'elle est à l'hôpital, ça va déjà beaucoup mieux. La mère disait qu'elle ne mangeait pas. Elle mange. Elle a pris 10 kilos. La mère disait qu'elle refusait de se laver.

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Maintenant, elle se lave et elle fait ses besoins dans un seau.

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En revanche, son état psychique est inquiétant. Son retard intellectuel est béant. Elle écrit à peine, elle répond aux questions, mais elle n'en pose aucune. Et tout ce qui est à l'extérieur de l'hôpital indiffère totalement, à part les fleurs.

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Elle raffole du parfum des fleurs. Et surtout, elle ne veut plus entendre parler de sa famille. Voulez vous revoir votre frère? Restaus Il est vrai qu'il reste où il est. Est ce que vous étiez bien dans votre maison? Ne me parlez pas de ça. Cela dit, il lui arrive encore de dire un. Je regrette bien ma chère petite grotte. On attend avec impatience l'avis des médecins, qu'on appelle à l'époque des alliés NIST. On est en 1900.

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La psychiatrie est balbutiante. L'expert s'appelle le docteur Lagrange. Elle ne jouit pas de ses facultés. C'est clair, elle tient des propos extravagants. C'est une aliénées, un mur. Il n'y a pas de doute.

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Maintenant que la mer est morte, si on veut faire un procès à quelqu'un. Absolument. Il ne reste plus que le frère. Il dit qu'il ne savait pas, mais les bons ont dit qu'il savait pourquoi. Est ce qu'il n'a rien fait? Le juge l'interroge et il confirme en gros ce qu'a dit sa mère avant de mourir. Blanche a périclité à partir de 1872, à la suite, dit il, d'une fièvre. Elle ne voulait plus sortir de sa chambre.

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Elle voulait rester toute nue. La mère a voulu la garder auprès d'elle, mais lui dit il, aurait voulu la faire interner. Voilà, monsieur le juge. Pensez vous qu'il va s'en tirer à si bon compte? On est en 10 901 et à cette époque. La presse adore ce genre d'histoires. Des journaux comme Le Petit Journal, L'illustration ou La Fronde en font leur feuilleton quotidien. Ils l'appellent la séquestrée de Poitiers et ils ne se gênent pas pour publier grand à la une sa photo en sorcière avec sa longue natte crasseuse.

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Vous trouverez sur Internet cette photo et dans cette affaire, les journalistes vont avoir un rôle, un sacré rôle, parce que là, on fait mine de tout découvrir en poussant des cris d'horreur. Mais à Poitiers, ça fait des années que ça jase sur le sujet. Des années qu'il se murmure. Une histoire qui n'a rien à voir. Vous verrez avec ce que nous ont raconté la maman et le petit frère. Une histoire que le plâtrier Théodore Touchard, par exemple, raconte au journaliste du Journal de la Vienne.

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Bambaras enfants par Mlle Blanche été pétillante après avoir était son client. Ah oui, et puis à l'âge de 22 ans environ, j'ai remarqué qu'elle n'avait pas été le seul homme qu'elle se rendait souvent dans l'impasse où demeurait me calmer le fils. C'est un avocat. Et quelque temps après, le bruit a couru que Mlle Blanche allait se marier avec sa macho calmez vous, Samuraï Tourner était bien plus âgé qu'elle. Il avait 38 ans et elle, 23. Et puis les mois ont passé et le mariage ne s'est pas conclu.

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C'est juste après que Mlle Blanchard n'est plus que jamais. Juste après le. La mer, disent les gens, c'est dans le journal ne voulait pas que cet avocat devienne son gendre et dehors parce qu'il était protestant pas de ça chez nous et de deux parce qu'il était le fils d'un républicain. Les Maunier haïssaient les républicains depuis toujours. Alors les parents ont dit non et ils l'ont enfermé. Et ça l'a rendue folle. Voilà ce que disent les gens, mais ils ne disent pas que ça.

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Ils disent aussi que Blanche serait tombée enceinte de l'avocat et qu'on n'a jamais vu le bébé. Jamais parce qu'il est mort, sans doute tué. Mornais? On ne sait pas. On ne saura pas. En tout cas, c'est après cet épisode que Blanche a été séquestré par sa mère pendant 25 ans. Elle l'a rendue folle. Elle l'a rendue folle.

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Mais qui était donc cette femme? La mère, Louise Monnier, l'abbé de la famille, l'abbé Montbron, n'y va pas par quatre chemins.

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C'était une femme à la terrible 3 que Dieu dure, impérative n'exportent. Mais lui, le père, n'était pas en reste. C'est lui qui a fait cette levée partielle à l'étage parce que blanche, elle se mettait tout nu à la fenêtre jusqu'à la croix. Et ça, c'est confirmé par les bonnes Mademoiselle Blanches. Elle avait un peu la tocade de rester le bas du corps tout nu quand on lui donnait une chemise propre. Elle faisait un trou dans le bas.

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Et puis Trakl, elle déchirait le reste par leur bouche jusqu'au bas du ventre. Elle se mettait un morceau de flanelle sur la tête et sur le dos. Elle se mettait une camisole. Elle allait se promener comme ça dans le jardin. Elle sautait comme une biquette à travers les alliés. Fallait voir ça. Tous sont d'accord sur un point ça s'est aggravé à la mort du père en 1882. Rebaix Mademoiselle Blanche ne voulait pas voir sa mère. Elle venait la voir et lui jeter son pot de chambre à la figure.

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Alors madame moniale a dit comme ça. Ainsi, je te laisserai dans la saleté.

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Au début, la vieille bonne Marie, qui travaillait au service de madame depuis 45 ans, a tout fait pour la soigner. Les premières années, elle a nettoyé sa chambre tous les jours et puis elle a baissé les bras. Et voilà comment on en est arrivé là. Le juge commence à avoir une idée assez précise de la longue descente aux enfers de Blanche Maunier. C'est à ce moment là qu'on ouvre le testament de la mère Maunier. Tous les journaux le publient parce qu'il est absolument incroyable.

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La mère Maunier lègue la totalité de ses biens à sa fille Blanche. Tout, y a rien pour le fils. J'entends que tous les revenus que ma fille recueillera après mon décès soit exclusivement consacré aux soins qui lui sont nécessaires. Et du coup, la méchante mère Maunier se retrouve moins méchante que prévue. Et du coup, les journalistes retournent leur veste. Faute de pouvoir défendre la mère, ils défendent le fils. Je lis dans Le Matin, par exemple.

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On ne croit pas que M. Aumonier puisse être considéré plus longtemps comme complice d'un crime qui n'existe pas. Le juge, en revanche, a bien l'intention de faire juger le fils Maunier. Il le renvoi devant la chambre d'accusation de Poitiers pour séquestration criminelle avec tortures. Il veut la cour d'assises où Marcel Monnier risque la peine capitale. Mais l'Office Maunier a les moyens de se payer un bon avocat, maître barbier, par exemple, qui rédige un rapport de 96 pages qu'il adresse à la chambre de l'instruction.

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Il y explique que Blanche était hystérique et anorexique, qu'elle n'était pas séquestrée, mais recluse. Nuance. Et il voit au dossier une lettre que son frère a écrite à blanche en août 1882, alors qu'il était en villégiature à Saint-Jean-de-Luz, sur la côte basque. Ma petite Blanche, j'espère que tu n'es pas malade en ce moment. Soigne toi bien, prends une Europe comme tout le monde et quand je serai de retour à Poitiers, nous irons faire une promenade ensemble.

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Ça vaudra mieux que de rester enfermé dans ta chambre. Et là, il convint les magistrats de la chambre de l'instruction. Ça ne sera pas la cour d'assises avec la peine capitale en point de mire, ce sera le tribunal correctionnel devant lequel il encourt 5 ans de prison maximum. Ouf!

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Le procès s'ouvre le 7 octobre 1900 et il faut avoir le coeur bien accroché parce que dans la salle d'audience, on expose les pièces à conviction, videra, fouillée de Blanche et la fameuse note de 25 kilos. La puanteur est telle que le président n'y tient pas. Remballé moi, tout ça, s'il vous plaît, c'est une horreur. Il commence le défilé des témoins qui viennent tous dire que le fils Marcel n'avait aucune influence sur sa mère. Il disait tout le temps Je ne veux pas qu'il fasse la loi chez moi.

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Voyez. Et il disait aussi s'il continue me supprime sa pension.

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Ce que les bonnes. Juliette et Eugénie confirment à la barre, Mme Monnier lui disait T'es rien ici. L'avocat de Marcel Maitre Barbier, ajoute par ailleurs que son client est extrêmement myope depuis toujours et qu'il n'a aucun odorat.

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Figurez vous qu'un jour, des amis lui ont fait manger de la crotte de biche saupoudrée de sucre en lui faisant croire que c'étaient des fraises. Et il n'a pas vu la différence.

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Et un médecin vient confirmer qu'il est myope comme une taupe et les voix à peine audible, il est vraisemblable qu'il n'ait pas pu voir l'état dans lequel se trouvait sa sœur, étant donné d'ailleurs que la chambre était assez obscure derrière les culs de bouteille qui lui servent de lunettes. Marcel Monnier lui même en remet une couche. Je ne me figurais pas du tout que ma sœur était dans un état aussi effrayant. J'étais loin de penser. Vous avez proposé à votre mère de mettre votre sœur dans une maison de santé.

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Pourquoi ne pas avoir agi, monsieur? Mais je l'ai fait, j'ai tellement insisté que ma mère m'a mis à la porte. Vous savez, ma mère était maîtresse chez elle. Si je ne l'ai pas fait, c'est que. Et comme il faut un responsable, l'avocat de Marcel rejette tout sur les bonnes. Les vrais complices, les voilà.

[00:25:25]

Vous les avez là? Facile. Sauf que plus de 10 témoins viennent dire que les deux bonnes, Juliette et Eugénie les ont fait entrer en cachette dans la chambre pour qu'il se rende compte. Elles ont fait ce qu'elles ont pu. Elles n'étaient que des bonnes. Le 11 octobre 1901, Marcel Monnier est reconnu coupable et il est condamné à 15 mois de prison. Quand Blanche apprend le jugement, elle éclate de rire. Mais qu'on laisse où il est l'emmerde.

[00:26:15]

Parcel Monnier fait appel. Un deuxième procès se tient en novembre. Maître Barbier plaide à nouveau chercher l'acte de violence qu'aurait commis Marcel Monnier.

[00:26:27]

Il n'y en a pas, il n'y en a pas. Et cette fois, la Cour d'appel acquitte Marcel Monnier. Il sort de prison le jour même et dans la foulée, il touche l'héritage de sa mère et il va s'installer à Saint-Jean-de-Luz, où il meurt en 1913, à l'âge de 65 ans. Et Blanche qu'est devenu Blanc en juin 1902. Elle quitte l'hôpital et elle est internée à l'asile public de Blois, où elle vit seule dans une chambre pendant 11 ans.

[00:27:09]

Elle meurt en 1913, totalement sénile, à l'âge de 64 ans. C'est incroyable l'histoire que j'ai donc tirée du livre de Jean-Marie Augustin chez Fayard. L'histoire véridique de la séquestrait de Poutine Jean-Marie Augustin Thèze, qui a tiré l'historien du droit que vous êtes vers cette histoire en dehors du fait que vous avez longtemps sinise l'histoire à l'université de Poitiers.

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La raison, d'abord, c'est parce que moi même, je suis Poidevin et que j'ai toujours entendu parler de cette affaire. Et puis, c'est aussi une référence en droit pénal, notamment, ce qui est confirmé par la Cour d'appel. Il n'y a pas d'infraction de commission par omission, c'est à dire qu'une abstention, ne rien faire à l'époque, ne peut pas imposer des sanctions ou une peine.

[00:28:05]

Voilà donc le point de droit qui vous a intéressé. Alors, est ce que c'est une histoire qui s'était répétée? Génération après génération? Par le bouche à oreille déformé au passage, il vous a fallu rectifier, en quelque sorte, alors?

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Certainement. D'abord, il y a eu le livre d'André Gide en 1930. Ne jugez pas qu'il se contente de reprendre les faits, tout simplement. Et puis, effectivement, ça fait partie de ces grands procès. Poidevin, il y en a d'autres et on en a toujours beaucoup parlé. l'Est aussi. Je pense qu'il y a eu aussi. Il y a eu des émissions, il y a eu la télévision, etc. Je crois que c'est une affaire importante et vous l'avez dit aussi.

[00:28:54]

La Presse en a beaucoup parlé à l'époque. L'illustration, la presse nationale s'en est emparé au moment de l'affaire et au moment du procès. Ça colle à l'époque.

[00:29:05]

Cette espèce de soulèvement de cœurs en fête devant la misère de cette fin. On voit une société qui dit ça n'est pas possible. Voilà dix ans avant, elle n'aurait pas dit ça. D'ailleurs, elle ne l'a pas dit. Donc, ça colle pile à l'époque, en ce début du 20e siècle.

[00:29:19]

Oui, alors, on s'apitoie sur la pauvre Blanche, évidemment. Et ensuite après, on est scandalisé par l'attitude de la mère et du frère. On ne comprend pas que dans une famille de notables, père était doyen de la faculté des lettres. Ce n'est pas rien qu'on puisse ainsi se comporter de cette manière et qu'on laisse. Elle n'est pas séquestrée, vraiment, mais quand même, on la laisse dans cet état d'abandon et de saleté que vous avez décrit, même si, probablement à l'hospice ou à l'époque, dans les asiles de 18, on est à peine mieux traités.

[00:29:54]

Simplement, elle était à la villa liée à Blois. La famille payait, le frère s'en était occupé et elle était dans de meilleures conditions que la plupart des aliénés.

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Elle est bien traitée, mais dans des lieux absolument sordides. Vous pas? Ce n'est pas passé, elle. Elle a été bien traitée parce qu'évidemment, l'attention était focalisée sur elle. Le sort des individus à l'époque, ça fait très enviable.

[00:30:20]

Tout a fait tout à fait. C'était vraiment, malgré tout, l'hôpital très en avance. Le docteur Notre-Dame à Blois avait vraiment. C'était un bon psychiatre et elle a été mise hors d'elle, sans doute un des meilleurs asiles de France à l'époque. Avec, je vous dis quand même un traitement particulier.

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Il y a une ambivalence dans cette histoire parce que on ne peut pas dire que la mère n'aime pas sa fille. Il y a de la générosité dans le fait de dire je veux rester avec elle jusqu'à ma mort. Cette fille est fragile. Elle la protège.

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Oui, d'abord parce que dans les familles de l'époque, quand on a un problème de ce genre, on gère tout seul. On gère entre soi, donc que chez les notables, on conserve dans sa famille, chez soi, les difficultés, les gens qui sont fous, qui sont malades, etc. Donc c'est le cas et la mère a une attitude tout à fait ambivalente. Par exemple, elle fait venir des meilleurs restaurants de Poitiers les plats raffinés qu'elle propose à sa fille.

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Mais la fille marche pas parce que les deux. Si vous voulez, elle est en conflit avec sa mère et en même temps, sa mère est en conflit avec elle. Mais elle l'aime aussi. Et vous l'avez dit, le testament prouve qu'elle veut s'en occuper après sa mort. L'ancien, c'est un sentiment tout à fait ambivalent du côté de la mère Maunier. C'est vrai? Oui, tout à fait ambivalent.

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D'autant plus ambivalent que, en revanche, elle semble détester son fils.

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Oui, c'est d'ailleurs qu'on va découvrir petit à petit. Parce que au départ, on pense que elle s'intéresse uniquement à son fils qui avait été sous préfet, etc. Et elle ne s'occupait pas de la fille, alors que, comme vous l'avez dit, au moment où on découvre le testament. C'est tout à fait le contraire. Fils n'a quasiment pas le droit de traverser la rue. Voilà, voilà.

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Il y a une opposition flagrante. Il y a une histoire d'argent aussi. D'après le testament du père, cette fois, la mère devait verser une pension à son fils. Et elle ne le sait pas ou le fait beaucoup de retard. Donc il y a un conflit à la fois. Merci, merci. Malgré tout, du côté de la je crois, un sentiment de devoir aussi dunaires à l'égard d'une fille qui se trouve dans un état de dénuement le plus complet.

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Mais elle ne peut rien faire. Elle n'a pas les moyens de faire parce que s'est aussi blanche, c'est un fort caractère aussi. C'est quelqu'un qui n'est pas facile, qui arrive parfois, a hurlé, qui se défend ordurières, nymphomane, etc. C'est un gros problème pour cette mère de s'occuper de sa fille. C'est vrai aussi, ça, il faut quand même le remarquer.

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Ma mère, elle, n'était pas le même infirmière à la maison fermée depuis dix ans.

[00:33:16]

Dans cette prison, au moment où l'on avance, c'est des gens qui ne sortent pas. Ils sont toujours entre eux et on les aime presque tous. La saleté, le frère, la mère, le grand père aussi, qui est mort depuis longtemps. Il y a des tas de témoignages où ils se complaisent véritablement dans la saleté avec le fils, même des tendances au profil. Voyez que ce n'est pas une famille exemplaire de la bourgeoisie du doute.

[00:33:47]

Ça veut dire qu'ils mangent moins, qu'ils aiment les excréments et l'attrait pour les excréments dont ils ne mangent pas. Mais il y a l'histoire. Des crottes de bite étaient là. Il y a aussi des tendances, c'est à dire qu'il y a un attrait pour les excréments. Faut quand même le remarquer. Par exemple, il ne faut pas vider son sens de nuit tant qu'il n'est pas à ras bord des choses comme ça. C'est vraiment quelqu'un qui savait servir au procès parce qu'il n'a aucun odorat ou même presque une certaine satisfaction à sentir la saleté à sentir.

[00:34:25]

Les mauvaises odeurs en n'encouragent pas les marabouts.

[00:34:28]

On doit croire à notre sens un 100% tous les journalistes qui racontent cette histoire de mariage impossible avec cet avocat de 38 ans.

[00:34:36]

Moi, je pense que des journalistes qui vont donner le nom séquestrait aussi. Je ne pense pas. Je pense que c'est un racontars. Peut être une rumeur qui a été rapportée. Je ne crois pas parce que on a fait aussi. On a fait des fouilles dans le jardin. On a fait aussi des fouilles à Migné. Il y avait une maison de campagne, on a trouvé, on n'a trouvé aucun ossements, sauf des ossements de chats ou de chiens.

[00:35:02]

Donc, on a pas trouvé d'ossements. Je pense que ce mariage était pratiquement impossible. La famille Calmet, dont vous avez parlé, est une famille très connue à Poitiers. Une famille d'avocats. Certes, ils sont protestants, mais je pense que peut être la mère, les parents auraient préféré peut être caser leur fille d'une manière ou d'une autre. Ce mariage était pratiquement impossible et je ne pense pas qu'il y ait eu des soupçons de des amourettes ou des.

[00:35:34]

D'autant qu'à l'époque, on fait beaucoup de mariages arrangés. Moi, je ne le pense pas du tout. Ça n'intervient qu'au moment de la découverte de l'affaire, c'est à dire en 1900. C'est en train de me dire qu'on 19ans un journaliste.

[00:35:49]

Dégoûts?

[00:35:50]

Complètement des gens, évidemment. Oui, mais la presse adore ce genre d'affaires, dit vibreurs. Bref, on en rajoute toujours. Il y a eu du reste des feuilletons sur l'époque. Il y a eu de complainte sur la sur la séquestrait. On va toujours en rajouter. C'est tout à fait normal. La Presse, c'est souvent ça. Elle a besoin du sensationnel et c'est une affaire sensationnelle.

[00:36:18]

Alors votre hypothèse, si j'ai bien compris, est donc que Blanche est malade mental? En vérité, probablement. La date autour de ses 23 ans, c'est l'âge auquel se déclenche en général les psychoses. Laquelle? Maladie mentale? Est ce que vous la reliez vous alors?

[00:36:35]

Il y a quatre poignardent, car SONATT a fait l'analyse au point de vue médical et pour lui, il s'agirait de schizophrénie. C'est à dire a notamment le fait que ce fait des fantômes de taux, qu'elle se soit coupé du monde, tout cela serait des symptômes de la schizophrénie. Mais comme vous l'avez dit, la psychiatrie à l'époque, elle balbutie. Je me demande même si le terme existe. À l'époque, on parle de et de démence précoce, mais le terme n'est jamais employé par les l'intimée formuler le nom de cette maladie qu'elle n'a pas identifié.

[00:37:14]

Vous avez. Vous avez raison, la maison en question, elle, est toujours visible. Aujourd'hui, elle est identifiée comme tel, un boîtier. Des gens disent tiens, c'est là que cette fille a vécu 27 ans au deuxième étage.

[00:37:27]

Pas tellement connu. Mais moi, quand je pas dans cette rue, je voyais la rue de la Chambre était séquestrée dans la maison et la maison a beaucoup changé. Mais la fenêtre de la séquestrer, c'est toujours vouloir garder. Evidemment, je vais vous faire une confidence.

[00:37:44]

La dernière fois que je suis allé à Bouthier, je l'ai regardé longtemps aussi en me demandant qui habite là parce que quelqu'un doit vivre dans cette chambre qui était un endroit incroyable.

[00:37:54]

Oui, il y a des gens qui doivent y habiter. Je ne sais pas s'ils le savent, mais il y a des gens qui avaient aussi un collègue qui habitait juste à côté. Ils le savait, évidemment. Rappelez moi l'adresse, c'est aujourd'hui.

[00:38:08]

Arturo, vous n'avez pas de numéro.

[00:38:10]

C'est juste que je n'ai pas de numéro. Je n'ai pas le numéro en tête pour trouver habillera et avancée d'un restaurant asiatique.

[00:38:17]

Voilà un message lancé aux habitants de la rue Grente, au dessus du restaurant asiatique l'AFM-Téléthon, qu'aujourd'hui parce que la prison a été démolie et remplacée par la grande poste.

[00:38:28]

Merci beaucoup.

[00:38:28]

Jean-Marie Augustin vous remercie de m'avoir confié votre histoire et d'avoir accepté de la commenter. Je rappelle le titre de votre livre qu'on trouve sur Internet d'occasion, où il est sorti en 2001 chez Fayard. L'histoire véridique de la séquestrée de Poitiers.

[00:38:46]

Des centaines d'histoires disponibles, les cerveaux, l'absence d'écoute et surtout ottintoise Issers.