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Christophe Hondelatte voici l'histoire de la séquestrée de Poitiers, qui a fait beaucoup de bruit à l'époque. En 1900, l'histoire de Blanche Monnier, malade mental que sa mère a enfermée pendant 25 ans dans sa chambre, volets fermés, nus et vivant sur ses excréments. Toute la ville était au courant, mais personne n'a jamais osé intervenir. La mère a t elle refermé blanche parce qu'elle était malade mental? Ou est elle devenue malade mental? Parce que sa mère l'a enfermée.

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J'ai écrit cette histoire en m'appuyant largement sur le livre de Jean-Marie Augustin. L'histoire véridique de La séquestrée de Poitiers chez Fayard. La réalisation de cette histoire est signée Céline le brave. Christophe Hondelatte. Au matin du 23 mai 1900, un monsieur le procureur. Tenez un courrier pour vous. Une lettre anonyme arrive sur le bureau du procureur général de Poitiers. Monsieur le procureur général, j'ai l'honneur de vous dénoncer un fait d'une exceptionnelle gravité. Il s'agit d'une demoiselle qui est enfermée chez madame Maunier, privée d'une partie de nourriture.

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Vivant sur un grabar infecte et en un mot, dans sa pourriture depuis 25 ans. Signé un compatriote indigné.

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Pour être honnête, ce n'est pas la première fois que le procureur de Poitiers entend parler de Sokka. Ça fait quelque temps, en effet, qu'on dit en ville qu'une fille de bonne famille vit recluse, mais on dit qu'elle est folle, qu'elle est folle à lier et que sa mère, Louise Monnier, ne fait que la protéger. Alors jusqu'ici, on s'en est tenu à cette version. Le procureur n'a pas bougé, les Maunier étant par ailleurs une famille forte, honorable.

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Mais là, il y a une lettre et le procureur se dit qu'il serait peut être temps de cesser de faire l'autruche. Et donc, il confie au commissaire central de Poitiers, Pierre Buxton, qu'une enquête et l'après midi même, le commissaire se présente chez les Maunier, au 21, rue de la Visitation.

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Malmaison, presque un hôtel particulier. Et quand le commissaire lève la tête, il remarque tout de suite une fenêtre dont les volets sont clos. La seule qui soit fermée au deuxième étage, c'est la bonne qui lui. Mme Monnier, je vous prie. Mme Maunier ne reçoit pas Létalité Voyage de Mme Veuve Monnier, que je ne suis commissaire principal de police. Je désirais absolument lui parler un commissaire. Normalement, ça impressionne, mais pas Madame Veuve Monnier, monsieur le commissaire.

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Madame ne peut pas vous recevoir. Elle vous prie de vous adresser à son fils. Il habite juste en face. Là, vous voyez.

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Bon, pour l'office, le commissaire traverse la rue. Il sonne et il s'entend dire par la bonne du fils que monsieur Monnier est indisposé.

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Décidément, chez ces gens là, tout le monde est indisposé. Il insiste, il menace peut être un peu et finalement, Monnier fils consent à le recevoir. Bonjour monsieur. Moi, je suis Jici par une lettre anonyme, dénonce Madame, votre mère, comme c'est castra, votre soeur. On nous dit qu'elle serait tolly depuis 25 ans au milieu d'une nourriture infecte. Mais Génivar, tout ce que vous me dites, monsieur le commissaire? Ce qui est embêtant, c'est que cette lettre dit que la fenêtre de la chambre de votre sœur est cadenassée.

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Justement, je vois qu'au deuxième étage se trouve une fenêtre dont les machines sont closes. Voudriez vous me mettre en présence de votre sœur, monsieur? Écoutez, je suis tout à fait étranger à tout cela. Ma mère et ma sœur habitant se rendant dans une maison qui est là, vous la voyez qui n'est pas la mienne et je ne peux pas vous autoriser à voir ma soeur si le docteur n'y consent pas. Écoutez moi bien, monsieur! Cette lettre porte une accusation grave.

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Amenez moi auprès de votre soeur ou pas, d'ailleurs.

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Marcel Monnier accompagne le commissaire chez sa mère en face, laquelle monte tout de suite sur ses grands chevaux, mais c'est un commissaire. Elle n'a pas le choix et d'ailleurs, il est déjà dans l'escalier. Il est en route pour le deuxième étage, là où il a vu les volets fermés, et le fils lui emboîte le pas. Et arrivé devant la porte où on pouvait m'ouvrir, s'il vous plaît. Le vice pour le commissaire fait un pas dans l'obscurité, là une odeur, une odeur.

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Il ressort tout de suite. Il est au bord de vomir.

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Il prend un peu d'air frais. Il bloque sa respiration et il rentre à nouveau dans la chambre. Et la première chose qu'il voit, c'est la chaîne qui maintient les volets cadenassées. C'est une précaution, c'est pour éviter que ma sœur ne se jette par la fenêtre. Sa sœur, justement, elle est là, dans un angle de la chambre, sur un tas d'immondices. Une silhouette humaine, enfin, à peine humaine, ratatiné, recroquevillé, décharné. Le commissaire file dare dare au palais de justice.

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Prévenir le procureur. Et il revient une heure plus tard avec un juge, le juge Dufrêne El. Vous allez voir? C'est absolument insupportable. Monsieur le juge. Gellhorn Vous ouvrir les chiennes ou s'il vous plaît! Avec la lumière du jour, la scène est terrifiante. Voilà ce qu'il écrira dans son rapport. Nous apercevons dans le fond, étendu sur un lit, le corps et la tête recouverte d'une couverture d'une saleté repoussante. Une femme que Marcel Monnier nous dit être Mademoiselle Blanche Monnier, 52 ans, sa soeur.

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La malheureuse est couchée toute nue sur une paillasse pourrie. Tout autour d'elle s'est formée une sorte de croûte faite d'excréments, de débris de viande, de légumes, de poisson et de pain en putréfaction. Des bêtes courent sur le lit. Nous lui parlons. Elle pousse des cris. La maigreur de Mlle Monnier est effrayante. Sa chevelure forme une natte épaisse qui n'a point été peignés et démêlé depuis longtemps. L'air est tellement irrespirable. L'odeur qui se dégage de l'appartement est tellement fétide qu'il nous est impossible de rester plus longtemps pour procéder à d'autres constatations.

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Dans la chambre, le juge prend les choses en main Oh mon Dieu, her enroulez l'a immédiatement dans une couverture. S'il vous plaît et en est là, à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu est vite un. C'est au moment où on leur mayne que le juge s'aperçoit qu'elle sait parler. Faites ce que vous voulez, mais m'enlevez pas ma chère petite grotte.

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À l'Hôtel-Dieu, on lui coupe les cheveux. Ou plutôt on lui coupe la grosse natte immonde qui lui sert de chevelure et on la met sur une balance.

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La note de cheveux crasseux pèse 25 kilos. On va la garder. Tiens, comme pièce à conviction. Pendant ce temps là, le juge est toujours sur place. À Maunier et je vous prie, vous pouvez me montrer le reste de la maison. La maison est bien tenue. Il y a des lits en veux tu en voilà inutilisés. Il y a des draps propres à profusion. Donc, si elle est dans cet état, c'est qu'ils l'ont voulu.

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Il va falloir nettoyer cet endroit. Ça fait une infection. Mais avant, le juge fait mettre dans des bocaux tous les insectes qui grouillent dans la paillasse. On en remplit un plein bocal. Il note aussi qu'il y a deux trous au mur qui permettent la circulation des rats. Et il remarque enfin qu'il y a un deuxième lit dans la chambre, bien tenu celui là, avec des draps propres. A quoi sert donc Salli?

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C'est pour Eugénie, un chat domestique. Elle dort là pour veiller sur Blanche toutes les nuits. Le lendemain, le commissaire est de retour avec un mandat d'amener. Le juge lui a demandé d'arrêter et l'office et la mère et de les mettre en prison. Quand elle franchit le soir même les portes de sa cellule, la mère Louise Maunier, 75 ans, déclare Hors, est elle possible de faire tant d'affaires pour rire?

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Dans les jours qui suivent, le juge fait venir les deux bonnes d'aumônier, Juliette et Eugénie. Elles vivent au coeur de la maison. Elles savent. Je vous jure que Mademoiselle Blanche est bien nourrie, ça, oui, on lui parle de tout. Elle mange pas grand chose le soir, elle mange qu'une brioche ou un gâteau. Et le matin, rien qu'une tasse de chocolat. Jamais de pain. Le midi, il y a souvent une seule frites ou une côtelette entourée de pommes de terre.

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Là, elle mange avec les doigts. Et concernant la propreté, Mlle? Ça n'a jamais été vraiment d'accord. On a souvent demandé à Mme Maunier de changer blanche. Il a toujours refusé alors que ça aurait été facile de lui faire sa toilette. Je vais vous dire nous même on a demandé à madame de placer mademoiselle Blanche dans une maison de santé. On l'a fait plus d'une fois. Nous a toujours répondu qu'elle avait fait le voeu de rester avec sa fille jusqu'à la mort.

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Le juge apprend à l'occasion que la lettre anonyme, c'est grâce à Juliette, la bonne Juliette a un bon ami, un militaire, et un jour, elle lui a parlé de Blanche. Et comme il ne la croyait pas. Un soir tard, sur la pointe des pieds, elle l'emmenait la voir et le bonami militaire ne s'en est pas remis. Le lendemain, il en a parlé à son lieutenant et c'est ensemble que son lieutenant et lui ont écrit la lettre anonyme.

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Que fait le juge après avoir entendu les bonnes? Il ordonne qu'on lui amène la mère Louise Maunier.

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Là, il faut que je vous explique quelque chose. La mère elle même vit claquemuré dans sa maison depuis dix ans. Elle ne voit personne. C'est une vieille folle, une vieille folle. Le juge, néanmoins, lui demande de s'expliquer.

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Jamais je n'ai songé à séquestrer ma fille et maintenant, elle a toujours été libre de circuler dans la maison. La vérité, monsieur le juge Jacques. Depuis 25 ans, elle s'est volontairement enfermée dans sa chambre. Je dirais même dans son lit. Elle s'est obstinée à rester dans son lit depuis 10 876, peut être même avant. Malgré mes efforts et ceux de mon mari pour lui lui faire prendre l'air, elle dit que sa fille est malade. Pas depuis toujours.

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Petite, ça allait bien. Elle a fait des études. Elle aimait la lecture. La mère dit que ça s'est dégradé d'un coup vers ses 23 ans. En 1872, je crois, ma fille a été atteinte d'une fièvre pernicieuse très grave et depuis lors, elle a voulu voir personne. Elle a refusé de mettre des vêtements sous prétexte qu'elle n'avait pas la force de les porter, mais elle mangeait très peu. Elle était extrêmement maigre. Elle ne voulait pas coucher dans des drapeaux.

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Vous voyez quoi? L'avez vous montré à un docteur? Oui, oui, mais il y a déjà plusieurs années que le médecin ne vient plus la voir. Et la saleté dans laquelle se trouvait Mme. Elle ne voulait pas qu'on la touche. Les domestiques disent qu'elles vous ont demandé de les laisser la nettoyer et que vous avez refusé chez elles. Ce sont des Drolet, celle là, menteuse. Elle dit qu'elle rendait visite à sa fille deux fois par jour, mais que depuis trois mois, elle est malade et n'allait plus du tout la voir et la tuer.

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Elle ne ment pas. Elle est malade du cœur. Et d'ailleurs, quinze jours après son arrestation en prison, elle meurt d'une crise cardiaque.

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A moins qu'elle ne soit morte de honte. Quand Blanche est arrivé à l'hôpital, on aurait dit une sorcière avec sa natte, ça crasse ongles gigantesques, une sorcière, elle pesait 25 kilos à 52 ans pour un mètre 55, c'est pas lourd, mais depuis dix jours qu'elle est à l'hôpital, ça va déjà beaucoup mieux. La mère disait qu'elle ne mangeait pas. Elle mange. Elle a pris 10 kilos. La mère disait qu'elle refusait de se laver. Maintenant, elle se lave et elle fait ses besoins dans un seau.

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En revanche, son état psychique est inquiétant. Son retard intellectuel est béant. Elle écrit à peine, elle répond aux questions, mais elle n'en pose aucune. Et tout ce qui est à l'extérieur de l'hôpital indiffère totalement, à part les fleurs.

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Elle raffole du parfum des fleurs et surtout, elle ne veut plus entendre parler de sa famille. Voulez vous revoir votre frère? Restaus Il est vrai qu'il reste où il est. Est ce que vous étiez bien dans votre maison? Ne me parlez pas de ça.

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Cela dit, il lui arrive encore de dire un bien je regrette bien ma chère petite grotte. On attend avec impatience l'avis des médecins qu'on appelle à l'époque des alliés NIST. On est en 1900. La psychiatrie est balbutiante. L'expert s'appelle le docteur Lagrange. Elle ne jouit pas de ses facultés, claire, elle tient des propos extravagants. C'est une aliénées, un mur. Il n'y a pas de doute.

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Maintenant que la mer est morte, si on veut faire un procès à quelqu'un. Absolument. Il ne reste plus que le frère. Il dit qu'il ne savait pas, mais les bonnes ont dit qu'il savait pourquoi. Est ce qu'il n'a rien fait? Le juge l'interroge et il confirme en gros ce qu'a dit sa mère avant de mourir. Blanche a périclité à partir de 1872, à la suite, dit il, d'une fièvre. Elle ne voulait plus sortir de sa chambre.

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Elle voulait rester toute nue. La mère a voulu la garder auprès d'elle, mais lui dit il, aurait voulu la faire interner. Voilà, monsieur le juge. Pensez vous qu'il va s'en tirer à si bon compte? On est en 10 901 et à cette époque. La presse adore ce genre d'histoires. Des journaux comme Le Petit Journal, L'illustration ou La Fronde en font leur feuilleton quotidien. Ils l'appellent la séquestrée de Poitiers et ils ne se gênent pas pour publier en grand à la une sa photo en sorcière avec sa longue natte crasseuse.

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Vous trouverez sur Internet cette photo et dans cette affaire, les journalistes vont avoir un rôle, un sacré rôle, parce que là, on fait mine de tout découvrir en poussant des cris d'horreur. Mais à Poitiers, ça fait des années que ça jase sur le sujet. Des années qu'il se murmure. Une histoire qui n'a rien à voir. Vous verrez avec ce que nous ont raconté la maman et le petit frère. Une histoire que le plâtrier Théodore Touchard, par exemple, raconte au journaliste du Journal de la Vienne.

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Bambaras enfants par Mlle Blanche était pétillante. Elle était son client, ça oui. Et puis, à l'âge de 22 ans environ, j'ai remarqué que je n'ai pas été le seul homme qu'elle se rendait souvent dans l'impasse où demeurait monsieur calmer le fils. C'est un avocat. Et quelque temps après, le bruit a couru que Mlle Blanche allait se marier avec monsieur, calmez vous, ça a mal tourné. Il était bien plus âgée qu'elle. Il avait 38 ans et elle, 23.

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Et puis les mois ont passé et le mariage ne s'est pas conclu. C'est juste après que maintenant, cette blancheur n'est plus que jamais. C'est juste après le plongé. La mer, disent les gens, c'est dans le journal ne voulait pas que cet avocat devienne son gendre et dehors parce qu'il était protestant pas de ça chez nous et de deux parce qu'il était le fils d'un républicain. Les Maunier haïssait les républicains depuis toujours. Alors les parents ont dit non et ils l'ont enfermé.

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Et ça l'a rendue folle. Voilà ce que disent les gens, mais ils ne disent pas que ça. Ils disent aussi que Blanche serait tombée enceinte de l'avocat et qu'on a jamais vu le bébé. Jamais. Est ce qu'il est mort? Sans doute tué Mornais? On ne sait pas. On ne saura pas. En tout cas, c'est après cet épisode que Blanche a été séquestré par sa mère pendant 25 ans. Elle l'a rendue folle. Elle l'a rendue folle.

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Mais qui était donc cette femme? La mère, Louise Monnier, l'abbé de la famille, l'abbé Montbron, n'y va pas par quatre chemins.

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C'était une offre où la terrible 3 que Dieu dure impérative n'exportent Mellul. Le père n'était pas en reste. C'est lui qui a fait Sémélé, les chiennes avec l'âge parce que blanches. Blanche se mettait tout nu à la fenêtre, faisait scandale. Et ça, c'est confirmé par les bonnes Mademoiselle Blanches. Elle avait un peu la tocade de rester le bas du corps tout nu quand on lui donnait une chemise propre. Elle faisait un trou dans le bac. Et puis, crac, elle déchirait le reste par leur bouche jusqu'au bas du ventre.

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Elle se mettait un morceau de flanelle sur la tête et sur le dos. Elle se mettait une camisole. Elle allait se promener comme ça dans le jardin. Elle sautait comme une biquette à travers les alliés. Fallait voir ça. Tous sont d'accord sur un point ça s'est aggravé à la mort du père en 1882, Robet, mademoiselle Blanche, elle, ne voulait pas voir sa mère quand elle venait la voir et lui jeter son pot de chambre à la figure.

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Alors, Mme moniale a dit comme ça, je te laisserai dans la saleté.

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Au début, la vieille bonne Marie, qui travaillait au service de madame depuis 45 ans, a tout fait pour la soigner. Les premières années, elle a nettoyé sa chambre tous les jours et puis elle a baissé les bras. Et voilà comment on en est arrivé là. Le jeu commence à avoir une idée assez précise de la longue descente aux enfers de Blanche Maunier. C'est à ce moment là qu'on ouvre le testament de la mère Maunier. Tous les journaux le publient parce qu'il est absolument incroyable.

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La mère Maunier lègue la totalité de ses biens à sa fille Blanche. Tout, y a rien pour le fils. J'entends que tous les revenus que ma fille recueillera après mon décès soit exclusivement consacré aux soins qui lui sont nécessaires. Et du coup, la méchante mère Maunier se retrouve moins méchante que prévue. Et du coup, les journalistes retournent leur veste. Faute de pouvoir défendre la mère, ils défendent le fils. Je lis dans Le Matin, par exemple.

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On ne croit pas que M. Aumonier puisse être considéré plus longtemps comme complice d'un crime qui n'existe pas. Le juge, en revanche, a bien l'intention de faire juger le fils Maunier. Il le renvoi devant la chambre d'accusation de Poitiers pour séquestration criminelle avec tortures. Il veut la cour d'assises où Marcel Monnier risque la peine capitale. Mais l'Office Maunier a les moyens de se payer un bon avocat, maître barbier, par exemple, qui rédige un rapport de 96 pages qu'il adresse à la chambre de l'instruction.

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Il y explique que Blanche était hystérique et anorexique, qu'elle n'était pas séquestrée, mais recluse. Nuance. Et il voit au dossier une lettre que son frère a écrite à blanche en août 1882, alors qu'il était en villégiature à Saint-Jean-de-Luz, sur la côte basque. Ma petite Blanche, j'espère que tu n'es pas malade en ce moment. Soigne toi bien, prends une Europe comme tout le monde et quand je serai de retour à Poitiers, nous irons faire une promenade ensemble.

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Ça vaudra mieux que de rester enfermé dans ta chambre. Et là, il convint les magistrats de la chambre de l'instruction. Ça ne sera pas la cour d'assises avec la peine capitale en point de mire, ce sera le tribunal correctionnel devant lequel il encourt cinq ans de prison maximum. Ouf!

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Le procès s'ouvre le 7 octobre 1901 et il faut avoir le cœur bien accroché parce que dans la salle d'audience, on expose les pièces à conviction, videra, fouillée de Blanche et la fameuse note de 25 kilos. La puanteur est telle que le président n'y qu'un pas remballé. Moi, tout ça, s'il vous plaît, c'est une horreur. Il commence le défilé des témoins qui viennent tous dire que le fils Marcel n'avait aucune influence sur sa mère. Elle disait tout le temps Je ne veux pas qu'il fasse la loi chez moi.

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Vous voyez?

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Et elle disait aussi si continue, je ne supprime sa pension. Ce que les bonnes. Juliette et Eugénie confirment à la barre, Mme Monnier lui disait T'es rien ici. Avocat de Marcel, Maître Barbier ajoute par ailleurs que son client est extrêmement myope depuis toujours et qu'il n'a aucun odorat.

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Figurez vous qu'un jour, des amis lui ont fait manger de la crotte de biche saupoudrée de sucre en lui faisant croire que c'étaient des fraises. Et il n'a pas vu la différence.

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Et un médecin vient confirmer qu'il est myope comme une taupe et les voix à peine audible, il est vraisemblable qu'il n'ait pas pu voir l'état dans lequel se trouvait sa sœur, étant donné d'ailleurs que la chambre était assez obscure derrière les culs de bouteille qui lui servent de lunettes. Marcel Monnier lui même en remet une couche. Je ne me figurais pas du tout que ma sœur était dans un état aussi effrayant. J'étais loin de le penser. Vous avez proposé à votre mère de mettre votre sœur dans une maison de santé.

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Pourquoi ne pas avoir agi, monsieur? Mais je l'ai fait, j'ai tellement insisté que ma mère m'a mis à la porte. Vous savez, ma mère était maîtresse chez elle. Si je ne l'ai pas fait, c'est que. Je n'ai pas pu le faire. Et comme il faut un responsable, l'avocat de Marcel rejette tout sur les bonnes Plévin complices. Les voilà, vous les avez là.

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Facile. Sauf que plus de 10 témoins viennent dire que les deux bonnes, Juliette et Eugénie les ont fait entrer en cachette dans la chambre pour qu'il se rende compte. Elles ont fait ce qu'elles ont pu. Elles n'étaient que des bonnes.

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Le 11 octobre 1900, Marcel Monnier est reconnu coupable et il est condamné à 15 mois de prison quand Blanche apprend le jugement. Elle éclate de rire. Mais qu'on laisse où il est l'emmerde. Parcel Monnier fait appel. Un deuxième procès se tient en novembre. Maître Barbier plaide à nouveau chercher l'acte de violence qu'aurait commis Marcel Monnier.

[00:26:26]

Il n'y en a pas. Il n'y en a pas. Et cette fois, la Cour d'appel acquitte Marcel Monnier. Il sort de prison le jour même et dans la foulée, il touche l'héritage de sa mère et il va s'installer à Saint-Jean-de-Luz, où il meurt en 1913, à l'âge de 65 ans. Et Blanche qu'est devenu Blanc? En juin 1902, elle quitte l'hôpital et elle est internée à l'asile public de Blois, où elle vit seule dans une chambre pendant onze ans.

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Elle meurt en 1913, totalement sénile, à l'âge de 64 ans. J'ai écrit cette histoire en m'appuyant sur le livre de Jean-Marie Augustin chez Fayard, L'histoire véridique de la séquestrée de Poitiers.

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