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Christophe Hondelatte La vie est parfois un miracle. C'est ce que vous vous direz peut être en écoutant l'histoire du docteur Bougara de Marseille qui, en 1925, est condamné pour un meurtre aux travaux forcés. Il est envoyé au bagne en Guyane et il va terminer sa vie. Les doigts de pieds en éventail sous les cocotiers. Il n'y a aucune morale dans l'histoire d'aujourd'hui. Aucune. La réalisation de Céline Brace.

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Christophe Hondelatte. Un samedi de mars 1925. Le 14. Une femme toute tourneboulé se présente au bureau de police de Marseille. Son mari, Jacques Rumen, a disparu depuis le matin.

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Disparu depuis le matin et parti, il rentrera ce soir. Énorme, c'est inquiétant à cause de son métier qu'il a encaissé à la Société des céramiques. C'est lui qui, toutes les semaines, va chercher l'argent à la banque pour payer les ouvriers. Il a toujours beaucoup d'argent sur lui. Forcément, je suis vraiment inquiète. On la comprend. Et le commissaire André Robert, de la Sûreté de Marseille aussi. Alors, il se met tout de suite sur le coup.

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Alors, qu'est ce qu'on sait sur ce jaque remède? A priori, une vie pépère. Il aime la pétanque, les dominos. Il a fait la Grande Guerre comme tous les hommes de sa génération. Il a fini lieutenant et obtenu la croix de guerre. Un Marseillais sans histoire, à part son métier d'enquêteur. Le jour de sa disparition, il avait beaucoup d'argent sur lui 8500 francs dans une sacoche. Il est allé les chercher au siège de la Société des Amis, près du Vieux-Port, et il devait aller distribuer la paye aux ouvriers de l'usine de Saint-André.

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Il n'y est jamais arrivé. Et là, une première hypothèse vient à l'esprit qui a forcément traversé la tête de tous ceux qui se promènent avec une grosse somme d'argent liquide qui n'est pas homme. Il sait qu'à Rabaté, avec l'argent, c'est une piste. Et pour l'instant, c'est la seule. Les cocotiers et les vahiné. Le beau temps.

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Quinze jours plus tard, un ami de Jacques Remèdes demande à voir le commissaire Robert André vous. Alors, vous vouliez me voir? Monsieur le commissaire, j'ai peut être une piste. Jacques avait la syphilis là, Asheton, Yokoi. Et il se faisait soigner discrètement. Vous comprenez pas la parole de ses anciens camarades de trajet, le docteur Bourras, il allait se faire faire une piqûre tous les samedis et vous noterez qu'il a disparu samedi. Et à votre connaissance, il y est allé le Samanide de sa disparition.

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Oui, j'ai vérifié qu'il est allé. Jacques Rumen aurait donc disparu après être allé voir ce docteur plombera. Ça change tout. Le commissaire se rend immédiatement sur l'oiseau docteur Bougard, docteur Pierre Bougara. Il est à la colle avec une ancienne prostituée. Rendrais. Ça sent pas l'enfant de cœur et la cocotte doit être gourmande. Il a signé récemment plusieurs chèques sans provision. Il y a des procédures en cours là dessus. Ce qui veut dire que le coco était aux abois.

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Il avait besoin d'argent. Ça nous ferait un mobile. Le commissaire alpaga deux de ses hommes et il va sonner chez lui. Qu'est ce que c'est? S'étendraient sa cocotte qui ouvre là a une odeur, une odeur de charogne, une odeur de mort. Le commissaire rentre. L'odeur vient d'un placard. Il loue une nuée de mouches, s'en échappe et dans le placard, il y a le cadavre de Jacques Rumen. Et voilà donc le docteur Bruguera face au juge d'instruction.

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Ou Rara? Fait le cadavre de Jacques Brummel dans votre placard. Mon rami! Moi, je n'y suis pour rien. Quand il est arrivé chez moi, il venait d'être dévalisé. Alors je suis sorti pour trouver l'agresseur. Je ne l'ai pas trouvé. Et quand je suis rentré, je l'ai trouvé gisant par terre. Il venait de s'empoisonner. Ça nous donne je ne sais pas avec quel produit. Un suicide, autrement dit un remède, se serait suicidé chez lui alors qu'il venait de se faire dévaliser et dévalisé.

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Il l'a été. On a retrouvé sa sacoche vide, son portefeuille a disparu et son alliance en engrosser. Comment le traiter, vous? Pour la syphilis, le docteur? Par d'Épicure, une piqûre par semaine. Et vous l'avez traité le jour de sa mort. Oui, oui, le matin vers 9 heures. Et pourquoi avez vous mis dans le placard, docteur? Pourquoi n'avez vous pas appelé? Je ne sais pas gérer, je n'étais plus maître de moi à quoi?

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Je ne savais pas quoi faire. Et puis j'avais peur d'être soupçonné.

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Comme c'est touchant, ça l'est moins quand on apprend que le lendemain, le bon docteur Bourras, par magie, lui qui était fauché comme les blés, a payé ses deux domestiques 50 francs chacun le lendemain et que le soir, il est parti en goguette avec madame et qu'ils ont fait valser.

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Brodeuse. Elle aime les bulles. Madame le docteur Bourras a tué son copain. Un remède pour le volet? Voilà la vérité. Le 17 juin, le commissaire Robert conclut son enquête et rédige son rapport. Bruguera, Romeu sans volonté, amorales, en proie à tous les vices et dont la responsabilité était sans doute affaiblie par les graves blessures à la tête reçue pendant la guerre, était de surcroît débilités par l'abus de stupéfiants. André Audibert en profitait pour exiger de son ami des sommes dépassant ses ressources fort réduites depuis son divorce.

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Mais le médecin, redoutant de voir fuir celle dont il était violemment épris, finissait toujours par céder aux volontés de son ami. De là la gêne qui mit Bourras aux abois. Et de là aussi, les chèques sans provision, les vols, peut être, et sans doute l'assassinat. Et Bougara fils en prison, André y passe quelques jours. Et puis elle est libérée. Je vais être honnête avec vous. En 1925, le bon docteur Bourras est bien parti pour terminer sa vie la tête dans un panier d'osier rempli de sciure.

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Il est bon pour la guillotine. Cela dit, il a fait la Grande Guerre tout de même. Il était médecin à Verdun et après, dans les Dardanelles. Touché à la tête, il est resté aveugle pendant cinq mois et on dit qu'il plongeait sous la mitraille pour récupérer les blessés et pour l'ensemble de son oeuvre. On l'a fait chevalier de la Légion d'honneur. Est monsieur, alors il a peut être occis son copain Rumen. C'est même probable. Mais c'est un héros de guerre.

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Et cette guerre terrible s'est achevée il y a à peine sept ans. Allez savoir si ça ne va pas un peu changer le cours de cette histoire. C'est le juge de Bozel qui est chargé de l'instruction à Marseille en 1925. Il a une sacrée réputation. D'abord, il paraît qu'il est sourd comme un pot, ce qui, pour rendre justice, est toujours un léger problème. Il n'est pas commode, mais surtout qu'il est très lent. Il va attendre 15 mois pour interroger le docteur Bruguera.

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15 mois pour l'entendre raconter les mêmes mensonges. Mais avant ça, bien sûr, il mène l'enquête et il découvre que le docteur a un joli passé de voleur. Une patiente l'accuse de lui avoir soutiré 300 francs lors d'une consultation à domicile. Une autre femme dit que lors d'une visite, il a dévalisé son tiroir à bijoux. Un soldat l'accuse de l'avoir droguée pour lui prendre vingt mille francs. Et les amis d'un patient décédé dans son cabinet affirment qu'il l'a dépouillé de trois mille francs.

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Ça fait beaucoup.

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À part ça, le juge se demande si Bougherra ayant été blessé à la tête pendant la Grande Guerre, ça ne peut pas expliquer et excuser ses errements et donc on lui fait subir 9 ponction lombaire pour vérifier s'il ne serait pas atteint d'une lésion cérébrale à la dixième.

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Ça fait tellement mal. Bougherra dit stop et le médecin déclare qu'il est irritable, mais responsable de ses actes.

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Un autre expert analyse les viscères de la victime. Il en conclut que Rumen n'a pas été empoisonné et c'est un mauvais point pour Bougara, mais qu'il s'agit possiblement d'un accident thérapeutique. Un choc après la piqûre du matin. Et ça, c'est un bon point pour Bourrat qui, sans doute, n'en n'espérez pas tant.

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Avec tout cela, le juge clôt son instruction et il renvoie le docteur Pierre Bruguera devant la cour d'assises d'Aix en Provence pour assassinat et pour vol.

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Le procès s'ouvre le 22 mars 1927 et on lui demande bien sûr de raconter sa version de la mort de Rumen. Il était venu faire sa piqûre à Novare. Et ensuite, je crois qu'il est allé chercher la paye des ouvriers. Et après, il est revenu vers 2 heures, totalement paniqué vous lui avez volé tout l'argent? Et il m'a dit qu'il avait peur de la réaction de son patron, qu'il fallait tout de suite qu'il trouve 9000 francs pour aller payer les ouvriers.

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Que voulez vous, il était dans l'embarras. Alors, je suis sorti pour réunir la somme. Et quand je suis revenu? Rumen était mort. À part ça, il paraît qu'une sardine a bouché le port de Marseille. Balivernes, balivernes. Personne n'y croit. Rendrais l'ancienne prostituée qui lui aurait fait tourner la tête.

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Vient déposer à la barre combien Bougara vous donnait il par mois? 3000 Burrin. 3000 francs. Mais cet énorme. Traminots fera baisser le salaire d'un garçon boucher peu cher. Mais vous savez, si j'avais su qu'il était capable d'une chose pareille. Et puis, on fait venir le professeur Barral de la faculté de médecine de Lyon. Je tiens à dire ici qu'il me paraît possible le traitement contre la syphilis, c'est à dire les injections d'arsenaux. Barjols responsable de la mort de M.

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Rumen. Ça arrive. Que voulez vous? Malheureusement, docteur, je vous en prie, ne sortez pas du CHUM de votre mission d'expertise. Votre mission consistait à analyser les viscères. On ne vous a pas demandé de nous apprendre les causes de la mort. Pardon, monsieur le président, mais le texte de mon mandat stipulait bien de procéder à toute recherche utile. Un autre professeur de médecine vient à la barre vous semble t il naturel, docteur, qu'un médecin enferme dans un placard un client mort à la suite d'un accident?

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Je ne pense pas que ce soit courant. Non, mais il y a eu cependant des précédents. J'en ai connu un qui a mis son client dans une malle. Cela ne peut pas se justifier, mais ça peut s'expliquer et il peut se produire chez le médecin le plus honnête. Un trouble de l'esprit, non? Vous savez, vous ce que vous feriez dans ce cas? Solidarité de médecins Koopa человека. L'avocat général, à la fin, plaide pendant huit heures et il met la défense de Bougara en miettes.

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Cette histoire suicidera est absolument absurde. Et pourquoi se serait suicidé? Parce qu'il s'était fait voler 8.700 voix. Il avait parfaitement les moyens de les rembourser. Il ne s'est pas suicidé, il a été assassiné. Et le mobile, c'est le vol et la raison du vol s'étendraient. Voilà la vérité dans cette affaire, c'est la peine de mort que réclame. Je vous remercie. Le lendemain, c'est au tour de l'avocat de Bougara, maître Stéphanie Martin, de plaider Il n'y a pas de preuves dans ce dossier.

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Il y a tout un tas d'hypothèses selon lesquelles la mort de Jacques Rumen serait un accident.

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Des experts sont venus vous le dire ici et que s'il y a eu vol après la mort, éventuellement, mais même si cela n'est pas démontré.

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Quoiqu'il en soit, ça ne mérite pas la peine de mort. SHERBROOKE Vara. Avez vous quelque chose à ajouter avant que le jury ne se retire pour délibérer? Oui, permettez moi de vous jurer ici. Je ne suis pas coupable de l'assassinat de Jacques Rumen. Les jurés se retirent. Et quand ils reviennent une heure et demie plus tard. A la question Mourras a t il tué Rumen? La réponse des jurés est oui. A la question A t il volé sa victime?

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La réponse des jurés est oui. A la question A t il prémédité son crime? La réponse des jurés est oui. A la question Y a t il un rapport entre le vol et l'assassinat? La réponse des jurés est oui. Et là, on se dit il est bon pour la guillotine, mais c'est un héros de guerre qu'il s'est jeter sous la mitraille pour aller chercher les blessés. Il est chevalier de la Légion d'honneur. Alors, à la dernière question.

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A la question Bougrab bénéficie t'il des circonstances atténuantes? La réponse des jurés est oui. Il sauve sa tête. Il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il va donc être envoyé dans le terrible bagne de Saint Laurent du Maroni, au coeur de la forêt amazonienne, en Guyane. Et là, une autre histoire commence. Une histoire hallucinante.

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D'habitude, les gens qui partent au bagne, on ne sait pas ce qu'ils deviennent. Au mieux, on connaît la date de leur mort, et puis c'est tout. Mais là, c'est différent. On sait et on sait, grâce au récit que Bourras lui même en a fait. C'est une histoire exceptionnelle. En décembre 1927, Pierre Bougara échoue, comme tous les bagnards, au pénitencier de Saint-Martin, sur l'île de Ré. Il écope du matricule 49 443 et il est tondu.

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À compter de maintenant, messieurs! Vous cessez d'appartenir au ministère de l'Intérieur? Pour dépendre directement du ministère des Colonies et un jour, il embarque sur le bateau prison La Martinière avec 800 autres bagnards enfermés par paquets de cent dans les cales du navire.

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Le bateau quitte le petit port de la citadelle de Saint-Martin et dès les premières vagues, dans la cale des gobies de tous les côtés, et ça va être comme ça tous les jours jusqu'au bout, une seule heure de promenade par jour sur le pont du bateau, de temps en temps. Évidemment, les esprits s'échauffent. Une bagarre éclate et ça castagne sec. Et les gardiens doivent intervenir avec ce qu'on appelle des gars des sortes de lances, comme des lances à incendie.

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Sauf que ce n'est pas de l'eau que ça propulse. C'est de la vapeur d'eau. La vapeur en provenance directe de la salle des machines brûlant, ça calme. Mais tout cela boudera ne va pas le subir très longtemps. Parce qu'avant le départ, un de ses anciens camarades de tranchées à graisser la patte d'un GAF bien placé. Alors un jour, le gars vient le chercher dans la cale du bateau. Vous n'avez qu'à dire que vous êtes malade. Dès que vous avez la dysenterie comme ça, je vous amèneraient à l'infirmerie.

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Il y va et il y restent dans des draps blancs jusqu'au bout du voyage. Et vous allez voir, ce n'est pas fini.

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Le bateau longe maintenant les côtes de Guyane et il pénètre dans l'embouchure du fleuve Maroni. La Martinière à Costa, Saint-Laurent-du-Maroni. Fin du voyage. Les 800 bagnards sont débarqués. Ils sont faméliques. Des loques humaines, sauf boudera. Lui, ça va. Il a bien mangé. Il a dormi dans ses draps blancs. Mais en théorie, le régime de faveur, maintenant, c'est fini.

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Bonga Case, numéro 11. Il est enfermé dès sa descente de bateau avec 60 fagots. Comme lui, c'est comme ça qu'on appelle à l'époque les forçats du bagne. Alors, il était bien question de travaux forcés. Dans le mite, les bagnards casse des cailloux. En vérité, à Saint-Laurent-du-Maroni, on est envoyé en forêt couper des arbres et souvent, on y meurt de la malaria ou de la dysenterie. C'est ça, la vérité. Les bagnards ont échappé à la guillotine, alors ils viennent mourir dans une forêt d'Amazonie.

[00:19:49]

Mais tout ça, le docteur Bourane ne le connaîtra pas, car il est médecin. Le médecin chef de l'hôpital, le docteur Rousseaux, veut le voir tout de suite, tout de suite. Asseyez vous, mon cher confrère. Voyez vous, notre service de santé manque cruellement d'hommes capables. Nous avons par exemple besoin d'un médecin au service des maladies bactériennes. Mais moi, je n'ai pas les compétences requises. J'ai exercé la médecine générale et bien vous les acquerrait les compétences.

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Et rassurez vous, les maladies ici sont toutes les mêmes. C'est la diphtérie ou ces Tiger. On lui propose d'être bagnard médecin avec les avantages qui vont avec. Vous pourrez bien entendu déjeuner à l'hôpital et circuler librement sur le domaine. Malheureusement, il vous faudra être de retour à votre case à 6 heures pour l'appel. Mais si tout se passe bien, je pencherai de vous faire obtenir une chambre individuelle. Ça ne se présente pas trop mal cette vie de bagnard.

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Le jour même, le docteur Pierre Bougara enfile sa blouse blanche et il découvre un système incroyable. S'il y a autant de malades à l'hôpital du bagne, c'est parce que, figurez vous, les bagnards se refilent les maladies entre eux volontairement pour échapper à l'enfer de la forêt. Par exemple, quand il y a quelqu'un qui a la tuberculose, bien tous les autres viennent se frotter à lui jusqu'à la voir à leur tour. C'est dire dans quel enfer vivent les bannières de la forêt.

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Mais en vérité, Pierre Bougrab prépare un grand projet. Il veut se faire la malle, alors il se met à étudier la carte détaillée de la Guyane. Il apprend l'espagnol. Il n'est pas le premier à vouloir s'enfuir. Chaque année, 20 pour cent des bagnards tentent l'aventure. La plupart sont capturés. Beaucoup se noient, d'autres se perdent à jamais dans la forêt. Et quand, par miracle, ils arrivent au Surinam ou en Guyane anglaise, on les arrête et on les rend aux Français.

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Ceux qui sont arrivés à passer au Venezuela ou au Brésil se comptent sur les doigts d'une main. Mais Bougherra est déterminé. Il a localisé à l'extérieur un ancien bagnard, un Toulonnais qui a purgé sa peine, mais qui est interdit de rentrer en métropole. Lui aussi veut partir. Alors, il est d'accord pour l'aider. Il va lui trouver un bateau. Un jour, le Toulonnais lui fait passer un message. C'est pour le tram toutes. Bruguera est au bagne depuis six mois à peine.

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Le rendez vous est fixé au 30 août 1928 dans une crique de l'embouchure du Maroni, Bougherra part avec sept autres bagnards. Le Toulonnais a planqué un canot sous la mangrove qui borde le fleuve. Mais quand Bougara tire le bateau de la végétation. Mais c'est une ruine. Ton bateau vers les plages sont bourry. Ce n'est pas ça qu'on voit passer les vagues. Le Toulonnais promet un autre bateau dans dix jours. Alors en attendant, il s'enfonce dans la forêt pour se planquer.

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Dix jours plus tard, le nouveau bateau est là 8 mètres de long, un mètre de large. En bon état et les voilà partis à 8 vers le Venezuela. Et très vite, c'est l'Atlantique, les vagues, les courants qui vous entraînent là où vous ne voulez pas aller. Et le soleil qui vous graye sur place au dixième jour. La barque essuie une tempête qui crée une voie d'eau. Il faut s'échouer, réparé. Et après, il tombe sur une série de tempêtes.

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Et au bout de deux jours, il s'échoue sur une plage où il tombe sur des pêcheurs. Un jour, bolla. Onesta, Amance, Wanner. Un insolent. Soro, mais Soro est au Venezuela. Ils ont réussi. Ils ont réussi.

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On leur donne à manger, ils reviennent, mais pas longtemps. Une escadrille déboule dans le village. Le Venezuela, à l'époque, est tenu d'une main de fer par le général dictateur Gomès. Les fuyards sont jetés dans un camion et transportés à la prison Grapa. Et voilà que déboule le maire, dit Rappa. Il paraît que vous êtes docteur. Il souffre atrocement du taux. C'est sûrement une hernie discale. C'est rien de grave, rassurez vous, vous avez de l'argile blanche.

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Demandez à votre hypothécaire. Et le maire guéri et dans la foulée, il fait savoir qu'un médecin français tient une consultation chez lui. Deux heures plus tard, c'est la queue devant sa maison. Mais cette célébrité va évidemment se retourner contre Boubat parce que la France finit par apprendre qu'il est au Venezuela. Elle réclame son extradition. Il est donc arrêté et jeté en prison.

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Mais là encore, miracle, le général qui commande la prison s'est blessé à la gorge et Bougara le recoud et en échange, le général le libère et il retourne à Hira pas et le maire l'accueille à bras ouverts et il reprend ses consultations. Et là, il tombe amoureux de sa voisine. Ils se marient, tout ça! Trois ans après le meurtre du pauvre Jacques Rumen. Et ce n'est pas fini. L'année d'après, dans un village voisin, il fait face seul à une épidémie de peste.

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800 malades ont 15 jours. Il les fait isoler. Il fait vacciner les autres. Il fait incendier les habitations infectées. Et au bout d'une semaine, l'épidémie s'arrête. Le journal local titre El Doctor Pedro Bourla, gagne alors La Plague. Le docteur Bougara, vainqueur de la peste. Et du coup, on lui offre d'ouvrir une clinique sur l'île Margarita, la perle des Caraïbes. Pour Margarita et la belle villa avec la vue sur la baie qui va avec, naissent des enfants, deux fillettes et le docteur Bougara coule des jours heureux.

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En 1948, le président français Vincent Auriol propose de le gracier. Une grâce. Mais ce serait reconnaître ma culpabilité. Ça, ça sera la réhabilitation ou rien.

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Ça sera rien. Parce que Pierre Bougrab meurt le 12 janvier 1962 sur son île d'une crise cardiaque. Et vous trouverez aujourd'hui encore sur l'île de Margarita, une statue à son effigie. Hommage du village. Reconnaissants à la mémoire du docteur Pierre Bougara, qui trouva sur cette terre un havre de paix et a su répondre à son hospitalité par les bienfaits de sa profession. On a juste oublié d'écrire qu'il a tué son copain de régiment, le brave Jacques Rumen, pour 8500 francs.

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