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Européens ont de la compte. C'est la scène fondatrice de cette histoire, le samedi 28 août 1982, vers 18 heures. On voit des Alpine Renault se garer au pied d'un immeuble en briques à deux pas du bois de Vincennes, à l'est de Paris. Dix hommes en descendent, tous en civil. Ils appartiennent au G ligériennes, le Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale. À leur tête, le capitaine Paul Barril. En quelques secondes, ils se glissent arme au poing dans l'immeuble et prennent position dans la cage d'escalier.

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Soudain, au troisième étage, une porte s'ouvre. Deux hommes sortent de l'appartement. On y va, les gars, c'est la cible. En moins d'une seconde, les super gendarmes leur saute dessus. Les plaques au sol leur couvrent la tête d'un T-shirt, leur attache les mains avec un lien en plastique.

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Les deux hommes interpellés à Vincennes avec force moyens sont des Irlandais, l'un étant rouquin barbu, l'autre un grand blond. Et si on a mobilisé le gégène pour les arrêter, c'est qu'on pense qu'ils préparaient un gros coup. Il faut donc tout de suite perquisitionner l'appartement dont ils viennent de sortir leur planque. C'est un tout petit deux pièces et pour conduire les perquisitions, il faut un officier de police judiciaire. Les gendarmes du gégène ne sont pas là pour ça. Ils ont serré les deux bonhommes.

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Ils les remettent à leurs collègues de la section de recherches. Et d'ailleurs, le voilà le patron de la section de recherches de la gendarmerie, le commandant Baut, et derrière lui, un de ses adjoints, le Major Bundles. Et quand il arrive, le deux pièces est sans dessus dessous. Il y a du monde partout. Le commandant Bo est furieux. Mais merde, arrêtez de toucher à tout. Et du coup, on évacue les deux Irlandais.

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Direction le fort de Vincennes, où loge la section de recherches de la gendarmerie.

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C'est un peu après leur départ, alors que les gendarmes sont toujours en train de fouiller l'appartement, qu'une femme se présente à la porte avec une valise dans la main gauche et dans la main droite. Un gamin, un garçon de 8 10 ans. Les gendarmes les embarquent immédiatement tous les deux. Direction le fort de Vincennes. Eux aussi. La perquisition se termine et ma foi. La pêche a été bonne. Dans l'appartement, les gendarmes ont trouvé deux armes à feu et surtout dans les toilettes.

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Sur une étagère au dessus de la porte, ils ont trouvé un pain de plastic enveloppé dans du papier kraft avec deux mèches. Il suffisait de les relier à un détonateur et on avait une bombe. Les gendarmes ont aussi trouvé cinq faux passeports, dont deux ont la même photo du même homme, le barbu rouquin. Alors oui, c'est une bonne pêche. Le gégène vient de neutraliser un groupe terroriste irlandais qui, manifestement, était prêt à passer à l'action.

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D'où le communiqué triomphal de l'Elysée le soir même. Deux arrestations jugées importantes ont été opérées aujourd'hui en France dans les milieux du terrorisme international. Ont été également saisies des documents et des explosifs.

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C'est la première grosse opération de la toute nouvelle cellule antiterroriste de l'Elysée créée par le président Mitterrand trois jours plus tôt. Sa réponse aux attentats qui ont frappé la France depuis le début de l'année. Une bombe dans le train. Paris Toulouse, le 29 mars 5 morts, 29 blessés, une explosion de voiture rue Marbeuf le 22 avril, un mort, 63 blessés et l'attentat de la rue des Rosiers, dans le quartier juif, le 9 août 6 morts, 22 blessés.

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Le terrorisme international, nous le traque. Nous n'atteindrons à la racine. Viendra le jour où il succombera sous nos coups, a dit Mitterrand au milieu de l'été.

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C'est juste après qu'il a donc créé cette fameuse cellule à la tête de laquelle il a placé Christian Prouteau, l'homme qui, dix ans plus tôt, a créé le gégène, et Paul Barril, venu lui aussi du gégène. C'est lui, Barril, le capitaine Barry, qui vient de mener l'opération de Vincennes contre les Irlandais. Cette affaire, c'est son succès. Ça va devenir son boulet. Mais à propos, qui sont ces Irlandais? Au fort de Vincennes, ils sont maintenant trois en garde à vue.

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Le rouquin barbu, le grand blond et la dame qui est arrivé après la bataille avec son gamin à la main.

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Les gendarmes plongent dans les fichiers d'Interpol. Le premier, le rouquin barbu, s'appellerait Michael's Planquette. Aïe, aïe! C'est dur de l'IRA, l'Armée républicaine irlandaise. Il appartiendrait à la branche la plus radicale. Les fichiers d'Interpol disent que c'est le logisticien. C'est lui qui, en général, fournit le matériel, les armes et les bombes pour les attentats. Les Anglais ont longtemps pensé qu'ils avaient participé à l'assassinat du conseiller aux affaires irlandaise de Margaret Thatcher. Mais ils n'ont pas pu le coincer par manque de preuves.

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Le capitaine Barril, de la cellule de l'Elysée, pense qu'il était à Paris pour préparer un attentat.

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Met en garde à vue Planquette, il donne valeur. Il réclame juste un avocat. En 82, il n'y a pas droit. A part ça, il n'a rien à dire.

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Le second, le grand blond, s'appelle Stephen King.

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Lui consent à dire deux ou trois choses. S'il est à Paris, c'est parce qu'il s'est enfui des Pays-Bas, où les services secrets britanniques ne le lâcherai pas d'une semelle. Au point qu'il avait peur, peur d'être éliminé. Alors, il a pris le premier train et il est allé se planquer à Paris chez son copain Planquette. Voilà. Pour le reste, il ne comprend pas très bien pourquoi il est là. Et puis, il y a cette femme qui a débarqué à l'appartement pendant que les gendarmes menaient leur perquisition avec un gamin à la main.

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Elle s'appelle Marie RAIDH, elle a 29 ans et elle baragouine un peu le français. Elle aussi est une militante irlandaise, ex rédactrice en chef du journal nationaliste La Charrue étoilée. C'est aussi la copine du rouquin barbu Plunkett. Et elle, elle s'inquiète pour son fils Cathal. Qu'allez vous faire de lui? La réponse des gendarmes, ça dépend de vos réponses. Et comme elle n'est pas loquace, le blondinet est envoyé dans un foyer de la DDASS. Quand elle l'apprend, elle entre dans une colère noire.

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Vous ne pouvez pas faire ça. Il n'a que 9 ans. D'accord, madame. Mais est ce vraiment la place d'un enfant que de participer aux activités clandestines de sa mère? Je vais vous dire quelque chose, monsieur. Son arrière grand père est mort pour la cause. Son grand père est mort pour la cause. Et s'il le faut, il mourra lui aussi pour la cause. Et quand finalement les gendarmes emmènent l'enfant, elle devient une furie. Ils s'y mettent à quatre pour la maîtriser.

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Et pourtant, elle ne pèse que 40 kilos. Quel est le rôle exact de cette femme dans la bande? Quand elle s'est pointée à l'appartement, elle tirait une grosse valise.

[00:08:16]

Dans cette valise, il y avait des cartes de tarot, un tabouret pliant et un bloc de mots étranges. Un temps, les gendarmes se disent que la mousse a pu servir à caler une bombe. Ils comprendront plus tard qu'avec cet attirail, elle allait tout simplement sur l'esplanade du musée Beaubourg. Elle s'installer sur son tabouret et elle tirait les cartes aux passants. Le bloc de mousse, c'était son coussin ou celui du petit. Voilà donc le premier portrait qu'on peut tirer des trois terroristes que les super gendarmes de l'Elysée sont allés pêcher à Vincennes.

[00:08:52]

S'il n'y avait pas les armes et les plastiques, franchement, on ne voit pas bien où ils sont dangereux.

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Les gendarmes interrogent les trois Irlandais sur les armes et le pain de plastic qu'on a retrouvé dans l'appartement de Vincennes d'où ça vient et à quoi est ce que ça devait servir? Marie RAIDH jure qu'elle n'était au courant de rien. Elle ne savait pas Plunkett. Il reconnaît qu'il avait une arme, mais une seule, pour se protéger des services secrets britanniques. Tout le reste. Le deuxième pistolet? L'explosive, les mèches et les détonateurs. Ils jurent tous les trois à leurs grands dieux que ce n'est pas à eux.

[00:09:42]

Et ils vont même plus loin. Ils accusent les gendarmes de les avoir placés dans leur appartement. La vieille excuse. Et puis quoi encore? Des gendarmes qui placent des armes chez les gens pour le faire tomber. On n'est pas dans une république bananière. On est en France, on est dans la patrie des droits de l'homme. On est en démocratie. Alors messieurs, il va falloir inventer autre chose parce que là, on marche sur la tête. Arrivé au bout de leur garde à vue, les Irlandais sont déférés devant le juge d'instruction.

[00:10:15]

Et là, là, c'est autre chose. Là, ils ont pu voir leur avocat. Ils sont même accompagnés par leurs avocats et tous les trois parlent d'une seule voix. C'est un coup monté. Ils n'avaient aucun projet d'attentat. Ils accusent le capitaine Barril de la cellule de l'Elysée d'avoir monté une machination contre eux avec le MI6 britannique. Au début, le juge les trouve gonflé jusqu'à ce qu'ils racontent, aux détails de leur arrestation, les gendarmes qui les ont interpellé par les gendarmes en uniforme.

[00:10:49]

Les premiers, ceux qui étaient en civil. Ils ont perquisitionné l'appartement en leur absence. Ce qui est contraire à toutes les règles. Une perquisition, ça se fait toujours en présence des intéressés. Toujours. Et le juge comprend tout de suite que si c'est le cas, toute la procédure est nulle. Les armes, les plastiques, les mèches, les détonateurs en droit, tout ça n'a jamais existé. Et si ça n'a pas existé, son dossier est vide.

[00:11:18]

Et si son dossier est vide, alors il faut qu'il relâche les Irlandais. Autre chose qui gêne le juge à ce moment là parce que des dossiers, il en a vu des centaines. Il sait que quand on trouve une arme, on prend toujours des photos, un plan serré et un plan large pour qu'on situe bien l'endroit où on a retrouvé l'arme.

[00:11:39]

Or, dans le dossier, il n'y a que des photos floues et sans intérêt. Alors le juge a le tarin qui frétille.

[00:11:46]

Ça ne sent pas bon tout ça. Ça sent pas bon du tout, lui. Lui, il voudrait annuler tout de suite toute la procédure. Mais chez le procureur, ça renâcle. Ordre d'en haut. Il faut tenir. Alors, pour marquer son autorité, il demande la libération de Marie RAIDH. Puis il fait venir dans son cabinet le commandant Baus, de la section de recherches. A lire ses procès verbaux, tout s'est passé dans les règles. Mais le juge ne le croit pas.

[00:12:16]

Le juge ne le croit plus. C'est pour ça qu'il décide de le décharger de l'enquête pour la confier aux policiers du 36, quai des Orfèvres.

[00:12:26]

Mais le scandale, c'est la presse qui va le révéler dans le numéro du journal Le Monde daté du 1er février 83, un jeune journaliste qui s'appelle Edwy Plenel publie une enquête détaillée sur l'arrestation des Irlandais de Vincennes. Procédure bâclée, récit confus, témoignages contradictoires, preuves suspectes. Plenel, déjà, ne fait pas dans la demi mesure pour justifier ces arrestations intempestives. On a fabriqué des preuves matérielles de façon à démontrer que les trois inculpés préparait un attentat. C'est énorme.

[00:13:02]

Edwy Plenel dans Le Monde, qui n'est pas vraiment une feuille de chou, accuse les super gendarmes de l'Elysée d'avoir fabriqué de fausses preuves pour faire tomber ces Irlandais.

[00:13:14]

A partir de là, le château de cartes s'écroule.

[00:13:18]

Le 13 mai 1983, le gendarme qui a pris les photos floues se met à table. Il balance tout au juge. Oui, c'est vrai, les Irlandais n'étaient pas présents pendant la perquisition et lui n'a découvert qu'une seule arme, celle qu'a reconnu Plunkett. Pour ce qui est de l'autre arme et de l'explosif avec des collègues, on a émis l'hypothèse qu'un certain nombre d'objets avaient pu être ramenés dans l'appartement. Et il ajoute qu'il a été briefé par sa hiérarchie sur ce qu'il fallait dire aux juges.

[00:13:50]

Et ça, le juge. Il n'aime pas du tout. Une semaine plus tard, les Irlandais sont relâchés.

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Vous avez des armes chez vous? Wilson Plessala. C'est ce qu'a dit la police, effectivement. Mais aujourd'hui, je suis libre de prendre un point sur lequel je voudrais insister. C'est la position du géhenne et d'hommes tels que le capitaine Barril et le commandant Bauds. Pendant mes interrogatoires au fort de Vincennes, ils n'ont cessé de parler de l'honneur, de l'espoir, de l'honneur de la gendarmerie, notamment. Or, je pense que les événements à venir montreront que Barril organise des groupes d'extrême droite à l'intérieur de la gendarmerie française, organise une secte wallen des gendarmes français.

[00:14:42]

Non, je ne veux pas le prouver, mais en tout cas, j'ai la ferme conviction que les services secrets britanniques sont à l'origine de toute cette farce face à ce stade.

[00:14:53]

Des policiers. Pour les trois Irlandais, l'affaire est terminée. Ils obtiendront un non-lieu et un franc de dommages et intérêts, mais pour les gendarmes et la cellule de l'Elysée, l'affaire ne fait que commencer. C'est un scandale qui commence. Un scandale d'Etat.

[00:15:18]

Tous les gendarmes qui ont participé à cette improbable épopée flancs les uns après les autres. Ça tombe comme des dominos.

[00:15:31]

D'abord, l'officier de police judiciaire chargé du procès verbal de l'arrestation, le major Vendel, et, dans la foulée, le commandant Bauds lui même, il reconnaît que depuis le début, il couvre ses frères du gégène, ce qui, finalement, n'est pas très étonnant. L'autre lui a dit Tu m'arrange. Le coup, c'était un officier. Il venait tout droit du palais de l'Elysée. Il lui a donc arrangé le coup. Il a tripatouiller la procédure. Alors oui, Barril et ses gendarmes du gégène sont bien entrés seule dans l'appartement et il n'y avait aucun officier de police judiciaire.

[00:16:06]

Et quand lui et ses hommes sont arrivés après la bataille, donc les Irlandais n'étaient plus là. Quand ils ont fouillé l'appartement, ils étaient déjà partis. Et oui, il sait que c'est illégal. Et ce n'est pas fini. Le commandant Baus Ornans encore sous le pied il lui reste un dernier petit péché, a avoué il y a quelque temps. Il a convoqué dans son bureau à Vincennes tous les gendarmes qui ont participé à cette enquête pour les préparer en quelque sorte à leur prochain passage devant le juge.

[00:16:39]

Écoutez, monsieur, quand vous serez interrogés, contentez vous de dire que tout a été fait dans les règles. Restez en là, couvrirent des collègues. C'est normal, c'est même un devoir. Le juge n'a pas aimé maissin subornation de témoin. Ça peut lui coûter très cher au commandant Beau et après?

[00:17:02]

Après, c'est la débandade Prouteau lâche Baril. Alors Baril charge beau et confortable jusqu'au bout, a avoué Aibo. Le commandant Beau, le monsieur qui obéit aux ordres qui viennent d'en haut, devient le bouc émissaire. Tout le monde s'essuie les pieds dessus. Il est sanctionné par l'armée. Il sombre lentement et sûrement dans la dépression. Il finit à l'hôpital. Pauvre commandant Beau. Mais il remonte la pente. Et ce qu'il veut démontrer maintenant, c'est que les ordres venaient d'en haut.

[00:17:35]

Il venait de l'Elysée, du commandant Prouteau. Que c'est lui, Prouteau, le responsable. Et c'est beau tout seul. Qui va découvrir le chaînon manquant de cette affaire? Pourquoi diable la cellule antiterroriste de l'Elysée s'est intéressée d'un coup à ces trois Irlandais qui n'avaient aucun projet d'attentat en France? Qui les a mis sur cette piste?

[00:18:05]

Si on raisonne un peu, ils sont irlandais. Planquette est un show. Le MI6, les services secrets britanniques, ont demandé à la France d'aller un peu charger la mule contre des militants de l'IRA. C'est tentant comme théorie et c'est bien conspirationniste. C'est d'ailleurs pour cela que c'est tentant, mais on n'y est pas du tout. On y est pas du tout. Savez vous qui a mis le capitaine Barril sur la piste de ces militants irlandais? Un journaliste pigiste parisien de 33 ans, un certain Bernard Jégat, et voilà donc le tout début de cette histoire se Jégat.

[00:18:44]

C'est un sympatisants de la cause irlandaise, un type un peu fragile et plein d'idéaux. Au début, pour aider, il a hébergé son ami Planquette. Et puis, il s'est mis à jouer les porteurs de valises. Il cachait des armes, des explosifs, des détonateurs. Ce qui semble indiquer au passage, d'ailleurs, que Plunkett n'était pas loin, blanche, qu'il prétend être. C'était un vrai terroriste. Fin de la parenthèse. Et c'est au moment de l'attentat de la rue des Rosiers, dans le quartier juif à Paris, que Jégat a commencé à baliser.

[00:19:17]

Certes, on soupçonnait les mouvements pro-palestiniens, mais lui, Bernard Jégat sur un portrait robot. Il a cru reconnaître Plunkett. Il a eu la trouille. Il a été pris de remords. Il en a parlé à un collègue journaliste qui l'a orienté vers le capitaine Barril. La suite vaut son pesant de cacahuètes. Barril récupère tout le matériel que Plunkett stockait encore. Chez Jégat, il y a du lourd dix pistolet tchèque, un pain d'explosif de 500 grammes, des détonateurs, des mèches lentes et des faux papiers d'identité.

[00:19:52]

Et le jour de l'intervention, chez Plunkett, il a monté ce qu'on appelle un chantier. Il a fourré l'appartement avec de fausses pièces à conviction et il a attendu ses collègues. Alors maintenant, maintenant que tout est sur la table, il va falloir départager les responsabilités. Proto, Baril, Jégat. Est ce qu'on va mettre tout le monde dans la même casserole? A votre avis? A mon avis, non.

[00:20:21]

On commence par le civil ah oui, c'est plus facile. Le journaliste Bernard Jégat est inculpé pour détention d'armes et de munitions. Prouteau et Beau sont inculpés pour subornation de témoins et renvoyé longtemps après devant le tribunal correctionnel de Paris. Et voilà. Il manque Barril? Ah ben oui, oui, il manque Barril alors qu'il y a un rapport remis au ministère de la Défense qui dit qu'il est l'instigateur de cette affaire.

[00:20:52]

Mais le rapport a été classé secret défense Barril et protégé par François Mitterrand, bien sûr. Pourquoi? Je n'ai pas la réponse. Et en attendant, il faut juger les autres.

[00:21:11]

1991, donc. Neuf ans plus tard, il faut replonger dans cette mascarade et en même temps, quelle justice pour François Mitterrand, qui est toujours président de la République et dont l'ombre plane évidemment sur toute cette affaire. A ce procès, vous vous en doutez, il y a foule dans le box. Ils sont quatre, trois gendarmes Prouteau, Bot et Vendel et le journaliste Bernard Jégat. Barril est le grand absent, évidemment, mais il a tout de même été invité à témoigner, à déposer.

[00:21:44]

Oui, mais c'est embêtant. Il ne va pas pouvoir témoigner. Il est en voyage au Qatar.

[00:21:49]

L'ancien adjoint de Christian Prouteau au Gégène était juste cité hier, comme témoin au procès des super gendarmes. Il n'est pas venu. Barril pris une fois de plus par son absence. Il est, si l'on en croit une lettre qu'il a envoyée avec la photocopie d'un visa en voyage d'affaires au Qatar. Excuses insuffisantes pour le président du tribunal, qui a ordonné que l'on amène Paul Barril par la force, si nécessaire à l'audience.

[00:22:16]

Sauf que Barril, en fait, il est à Paris. Il est photographié par Paris-Match. Et ce qui est drôle dans ce procès, c'est que les Irlandais sont parties civiles, sagement installés sur leur banc de victimes, alors qu'on sait maintenant qu'ils stockez vraiment des armes et des munitions. Pas chez eux, mais chez Jégat. Mais c'est tout comme. Mais là, ils sont victimes. Marieraient raconte comment elle a été arrêtée et enfermée neuf mois. Comment son enfant s'est retrouvé à la DDASS pendant neuf mois?

[00:22:47]

Comment elle ne s'en est pas remise? Et après ça, les Irlandais, on ne les entendra plus.

[00:22:54]

On commence par Jégat, le journaliste qui serait à l'origine de tout Jégat. Il a refusé l'assistance d'un avocat et dès qu'on lui donne la parole, il attaque bille en tête les magistrats. Le juge d'instruction et pour en finir, la justice tout entière qui est à la botte du pouvoir. La justice s'est discréditée. Il est hors de question qu'il soit jugé sur un dossier totalement trafiqué. Il hurle J'ai honte d'être Français. Et pour joindre le geste à la parole, il déchire ses papiers d'identité et il les jette aux pieds du tribunal du grand spectacle.

[00:23:29]

Il est expulsé sur le champ. Il ne sera plus autorisé à revenir.

[00:23:34]

Beau, le commandant Baus, le serviteur de la gendarmerie nationale. Droit dans ses bottes jusqu'au bout. Oui, oui, il l'a dit à ses hommes de mentir aux juges. Et il assume mieux. Il revendique. C'était mon devoir. Il s'attend à être sanctionné, mais il veut qu'on remonte toute la chaîne des responsabilités. Jusqu'à barils, jusqu'à Prouteau jusqu'à Mitterrand, s'il le faut. Prouteau, lui, n'est pas le même bois. C'est du bois dont on fait les flûtes.

[00:24:04]

Il nie tout en bloc. Il est là, dans son uniforme de préfet bien raide. Il n'était au courant de rien, mes enfants, s'étonne le président, qui commandait le capitaine Barril. Pas de réponse, le capitaine Barril, grâce à Paris-Match, on l'a retrouvé. Il n'était donc pas au Qatar. Alors un matin, on l'amène à la barre par la peau des fesses et le voici qui entre dans la salle d'audience avec son avocat, Maître Vergèze, le plus roublard des avocats.

[00:24:34]

Ça promet du spectacle et à la barre, le capitaine Barril. Il dégomme à tour de bras Jégat.

[00:24:41]

C'est un affabulateur. Bon, c'est un malade mental. Avez vous déposé des armes chez les Irlandais? Demande en pure perte le président. Jamais. Enfin, vous interrogez un officier de la gendarmerie. Vous n'y pensez pas, répond Barril. Fin de la pantalonnade. Barry s'en va vaquer à ses occupations et s'adresse à la sortie au micro d'Europe1.

[00:25:04]

Dans la lutte antiterroriste avec Prouteau, on avait mis une méthode au point. On avait dit il ne sert à rien d'arrêter des gens qui ont commis un attentat. Nous, on se placer avant. On voulait arrêter les gens avant que l'attentat soit connu. Et qu'est ce que j'amène comme preuves? Je ne peux pas amener des cadavres puisque j'ai arrêté. Les gens pourront jamais dire on va faire un attentat. Les gens qui sont morts dans l'avion. Si moi, Paul Barril, j'avais arrêté un type avec une valise, j'aurais jamais eu 179 cadavres.

[00:25:30]

Voilà, ça, c'est la technique de barbe et de bouton.

[00:25:33]

On arrête avant à la fin. Les quatre prévenus sont reconnus coupables. Même tarif pour Prouteau, Bot et Jégat 15 mois de prison avec sursis et 4 mois pour le gendarme Bundles. C'est écrit dans le jugement. Le commandant Prouteau a été personnellement impliqué dans la préparation et l'exécution de l'opération Prouteau et Sonnées. Il pensait s'en sortir, alors il fait appel et en appel, la justice va lui réserver un traitement aux petits oignons. Quand on fait appel, en principe, il faut attendre deux ans, au moins deux mois.

[00:26:13]

Et voici le procès en appel.

[00:26:16]

C'est ballot. On a dû rappeler un juge à la retraite qui décrète qu'il n'y a nul besoin de réentendre les témoins du premier procès. Donc ça va vite. Le procès en appel est bouclé en une après midi. Le procureur maintient ses quinze mois contre Bo, mais pour protos, il a changé d'avis. C'est plus qu'un, c'est zéro. Il demande la relaxe du commandant Prouteau et à la fin, le préfet Christian Prouteau a lavé Simone. Reux là, c'est beau qui?

[00:26:47]

Ah ouais? Bravo! Bravo la République!

[00:26:50]

Mais il y aura encore un procès et celui là sera peut être plus proche de la vérité. C'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé et c'est assez rafraîchissant, car au départ, c'est le capitaine Barril qui attaque le journal Le Monde et Edwy Plenel en diffamation. Le Monde a osé écrire que le capitaine Barril avait manipulé des preuves. Mais ça va se retourner contre Barril. Jégat bien témoigner et Barril en prend plein la tête. Et le tribunal reconnaît que tout ce que dit Plenel est vrai.

[00:27:24]

Les juges se prononcent même sur le fond, ce qui n'est pas vraiment leur mission. Petite vengeance. L'opération des Irlandais n'a été de bout en bout qu'en montage réalisé par le capitaine Barril. Ça n'aura pas de conséquence pour lui, mais il est rassurant que ce soit écrit quelque part.

[00:27:50]

Et c'est la fin de l'histoire et c'est à ce moment là qu'éclate un autre scandale. Mais je vous l'a rencontré une autre fois, cette histoire. L'affaire des écoutes de l'Elysée, vous y retrouverez nos héros Prouteau et Barril prochainement.

[00:28:06]

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