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Européens ont de la très compte. Cette histoire, qui débute en 1973 à nos Farris, près de Montauban, est une histoire de famille, une famille de têtes de mule, une famille de borique, comme on dit dans le Sud-Ouest, et peut être une famille de fous et ce sera à vous d'en juger.

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La famille portale. Il y a le patriarche Léon Sportal. En 1973, il a 89 ans. Il y a sa femme Anna, 42 ans, plus jeune, une Polonaise et leurs enfants. Marie-Agnès et Jean-Louis, une famille de quatre, donc. Mais en vérité, une famille de cinq Karo, quatre humains de cette famille. Il faut ajouter la MADD, la propriété familiale Les Portale. On l'a vu MADD dans la peau.

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Les gens du coin l'appellent le château. En vérité, c'est un petit manoir, une maison bourgeoise, avec tout de même 157 hectares de terres agricoles, un rectangle de 1 kilomètre et demi sur un kilomètre, des coteaux couverts de blés, de pâturages pour l'élevage des vignes et au temps de sa splendeur, pour exploiter le domaine. Il fallait quatre familles de métayers qui vivaient dans quatre fermes. Du temps de sa splendeur passée, la splendeur de Laffut Mad, la splendeur des Portales, ça fait longtemps que c'est fini.

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Les Portales sont ruinés, endettés jusqu'au cou. Alors la Lafuma a été saisi et vendu l'année dernière à un certain Monsieur Rivière, un agriculteur de Balma, près de Toulouse. Et maintenant, les Portales doivent partir partir. Vous n'y pensez pas? Le vieux Léonce ne partira pas à ça. Non? Jamais, jamais. Vous m'entendez? Jamais. Ou alors les pieds devant. Paroles de Portale, paroles de tête de mule, paroles de borique.

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Voilà voilà pourquoi ils ont barricadé les portes et les fenêtres avec des plans. Ils s'organisent pour un siège. Le problème, c'est que M. Rivière. En principe, il est chez lui et il voudrait au moins cultiver ses terres. Le château? On verra plus tard. On verra avec les gendarmes. Mais la terre, ça n'a pas l'intention d'y renoncer. Alors, il a envoyé des ouvriers agricoles pour remettre le domaine en état. Et ça s'est mal passé avec Anna Portales, la mère.

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Ce monsieur Rivière, elle lui a hurlé dessus et lui a dit d'aller se faire voir et de ne pas remettre les pieds sur ces terres, sinon sinon on a des fusils et ça va pas nous gêner de nous en servir. Pour ces injures et ses menaces envers M. Ribière à n'apporta, il a été condamné l'année dernière à quatre mois de prison ferme. Mais ce n'est pas tout. Quelques mois plus tard, un adjudicateur a eu l'outrecuidance de se présenter à la fumée pour notifier aux Portale l'arrêté d'expulsion expulsion, expulsion, expulsion ormond que Jean-Louis, le fils, a reçu la adjudicateurs à coups de fusil.

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Et ce n'était pas son coup d'essai. Quelques jours plus tôt, il avait menacé M. Rivière, terrorisé les ouvriers agricoles et saboter leur matériel. Il était convoqué chez le juge épaulé. Alors il fallait s'y attendre. Les gendarmes sont venus le chercher. Sa sœur leur a dit qu'il était grippé, alors ils sont revenus une heure plus tard avec un mandat d'amener du renfort et un serrurier au moment où le serrurier s'est attaqué à la porte d'entrée. Sa sœur Marie-Agnès s'est mise à crier Je vous préviens, Jean-Louis va vous tuer.

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Il a le fusil à la main. Alors les gendarmes ont battu en retraite. On ne va pas risquer un mort pour ça.

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Mais maintenant, les voilà de retour. Et là, ça rigole plus. Ils encerclent Lafuma avec leurs estafettes bleu, ils portent des gilets pare balles. Non, ça rigole plus. Plus personne ne rentre, plus personne ne sort. Vous êtes cernés alors? Cantonna, la mère rentre de Montauban où elle est allée faire ses courses. Elle se fait cueillir au bas du chemin en sortant de l'autocar. Les gendarmes ont de bonnes raisons de l'arrêter. D'abord, elle est condamnée à quatre mois de prison et doit purger sa peine.

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Et puis. Et puis, elle pourrait servir d'appât. Le lendemain, les gendarmes sortent le porte voix, sortaient de là depuis une fenêtre de la fuma Marie-Agnès Scry ramène. On va voir. Eh bien, justement, le juge d'instruction en charge de l'affaire, le juge Terral, arrive avec maman, Mme Portal. Je vous en supplie, allez convaincre votre fils de sortir sans faire d'histoires. C'est mieux comme ça que si mes hommes vont le chercher. Évidemment, à N'apporta n'a aucune intention d'aider le juge.

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Manquerait plus que cela. Et soudain, Jean-Louis apparaît à la fenêtre. Il a quelque chose à dire aux juges Terral. Le juge tend l'oreille et s'entend prêter de vieille fripouille yaura bien fripouilles. Il a compris. Il repart avec Anna et l'expédie à la prison Saint-Michel de Toulouse. Maintenant, ils ne sont plus que trois fumeurs, ou plutôt deux et demi parce que le père les ronces. Il est grabataire, il est cloué au lit ou à l'étage.

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Il ne reste plus pour défendre la propriété que Jean-Louis, 20 ans, et Marie-Agnès, 21 ans, qui font cette déclaration aux journalistes d'Europe1 qui leur rend visite.

[00:06:44]

Nous, on a réussi à se procurer des mines qui viennent d'Angleterre, mais aussi un trou. Ça veut dire que tout le printemps, on a été calme. L'ami Langrée tout en insupporte. Supporté ça, mais la fort, on ne la supportera pas. On s'y opposera par tous les moyens parce qu'il n'a pas le droit. Pour le moment, il n'est pas vraiment propriétaire. Il n'a qu'à tuer des Catalans. Vous avez mis des mines, alors? Un ami, véritable mine?

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On ne sait pas. Ça ne marche pas. Même principe forfait pour Morphy. Alors passera dessus ou pas, fera pas le mal. Ça devrait sauter plus. On n'a pas Kaurava avec véhicules blindés. On a même un mortier si on ne nous rend pas justice. C'est la guerre.

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C'est le début d'un siège qui va durer. Tenez vous bien deux ans.

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Pour l'instant, les gendarmes se contentent de surveiller les allées et venues. C'est qu'il ne faudrait pas que ça dégénère comme l'année dernière à Cestas, près de Bordeaux. Un père qui réclamait la garde de ses gosses et qui s'était retranché avec eux. Les gendarmes avaient donné l'assaut. Le père avait tué les deux enfants, plus un gendarme, et il s'était suicidé. Une maison, même si elle a des airs de château, ça ne mérite pas un carnage. Et comme les enfants Portales ont menacé de se suicider, de tout faire sauter, de tuer leur père, les gendarmes y vont mollo mollo.

[00:08:15]

Ils ont installé un téléphone de campagne pour garder le contact. Ils laissent passer de la nourriture envoyée par de bonnes âmes. Ils sont tellement détendus qu'ils ne voient pas un jour la mère Ania, qui revient à la fuma. Elle s'est évadé de prison. Figurez vous, elle a prétexté une crise d'appendicite pour se faire transférer de la prison à l'hôpital et elle s'est enfuie par la fenêtre. Et elle est rentrée à la Fumagalli. En faisant du stop. Un jour, Léon, le père, meurt.

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Le patriarche lâche le combat et il s'ensuit un épisode assez pathétique.

[00:09:02]

Les gendarmes autorisent les pompes funèbres à livrer un cercueil. Mais au cas où la maréchaussée en profiterait pour jouer le cheval de Troie avec le cercueil. Jean-Louis, le fils, a sorti le fusil. Mais une fois la mise en bière terminée, les Portales refusent de rendre le cercueil. Chez nous, chez nous, on enterre les gens dans son jardin, à l'affut, MADD. Il y a un cimetière. Jean-Louis creuse un trou et annonce Nous ne lintercom dans cette terre que le jour où notre droit de propriété aura été reconnu.

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En attendant, le cercueil reste à la Heymann et cette saga du cercueil de Léonce passionne la presse. Vous vous en doutez et les Portales la mettent en scène. Ça aussi, vous vous en doutez. Les photographes s'en donnent à cœur joie le cercueil avec Anna, le cercueil avec Anna et les enfants, le cercueil avec le fusil. Après cet épisode, il se passe des semaines et bientôt des mois sans que rien ne bouge. Les gendarmes encerclent toujours la fumette.

[00:10:20]

Il y aura d'autres épisodes. Je vous rassure, mais je voudrais profiter de cette pause dans le récit pour vous raconter comment on en est arrivé là. Pourquoi les Portales sont ruinés? Pourquoi ils étaient dans l'incapacité de garder la fumette?

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Le problème, figurez vous, remonte à 1933. Quarante ans plus tôt, à la mort d'un vieil oncle, c'est lui qui choisit Léonce pour lui succéder à la tête de la propriété familiale. Et pourquoi? Parce qu'il est protestant. C'est essentiel dans cette affaire. Lafuma est une terre protestante depuis des siècles. Ce qui peut expliquer cette paranoïa presque culturelle, ce sentiment de persécution. Quand Léonce hérite de la Fuma d'en prendre trois, c'est une très bonne affaire.

[00:11:16]

Cent cinquante sept hectares cultivés par quatre familles de métayers. Il y a même cinq hectares de vignes. Un petit blanc très buvable. On n'est pas loin de Gaillac. Quand les séri, il prend ses précautions. Sa première femme rédige un testament en sa faveur. Si elle meurt, Léonce récupère sa moitié. Problème quand la première épouse de Léonce meurt. Le testament a disparu. Le notaire Maître Biet, Nassi de Coluche sont là, égarés, et c'est le début des emmerdes.

[00:11:51]

Léonce n'hérite pas de sa femme.

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C'est sa belle sœur qui récupère la moitié de la Fumal et elle la vend à des marchands de biens de Gironde. Léonce va se battre pendant vingt ans pour récupérer cette moitié. Vingt ans de procédure et il va gagner. Le notaire, qui était un escroc et qui entretemps s'est enfui en Espagne, retrouve le testament. Et Léonce récupère sa fulmine. Mais entre temps, pendant ses vingt ans de combat, il faut payer les avocats. Il faut donner la moitié des revenus aux nouveaux propriétaires.

[00:12:26]

Les dettes s'accumulent. À ce moment là, bien sûr, il aurait fallu s'arranger. Chercher la voie du compromis. Un mauvais arrangement, c'est connu. Vaut mieux qu'un bon procès. Les Portales ont choisi l'inverse. Le conflit, la procédure. Je n'ai pas le courage de vous raconter toutes les procédures. Il y en a eu 71 en tout, jusqu'à les rendre fou. Fou! D'habitude, quand un forcené se retranche chez lui, au pire, ça dure une journée.

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2 maximum pour les portale, ça va durer deux ans. Et pourquoi diable? Tout simplement parce que les Portales ont gagné la bataille de l'opinion. Et comme ça dure, ça devient un feuilleton à la radio, à la télé, dans les journaux, dans les feuilletons, y'a des gentils et il y a des méchants. Tout dans l'histoire des Portales amène à les regarder avec bienveillance. Tout.

[00:13:37]

Léonce, Il s'est retrouvé veuf à 64 ans, seul, sans héritier sur ce grand domaine. C'est touchant. Anna, sa femme, elle est polonaise. Elle a connu la guerre, elle a connu la déportation. Ça aussi, c'est aux gens leur mariage. Ils étaient protestants. Et pas qu'un peu. Et elle, catholique. L'évêque de Montauban est allé voir le pape pour qu'il puisse se marier à l'Église en présence d'un pasteur et d'un prêtre. Ça aussi, c'est une belle histoire.

[00:14:03]

En 73, on s'en fiche de la guerre des religions. Leur différence d'âge 42 ans. C'est vrai, c'est beaucoup. Mais en 73, 68 est passé par là. On s'en fiche des différences d'âge. Les gens sont libres.

[00:14:21]

Et par dessus tout, ce qui marque dans cette affaire, c'est le glissement vers la misère quand les Portales ne peuvent plus acheter de semences, quand la baronne, comme on l'appelle Anna, fait le tour du pays dans sa deux chevaux à bout de souffle pour vendre du fromage, des œufs, bref, ce qui lui reste pour faire bouillir la marmite.

[00:14:42]

Jean-Pierre connaît bien la Sauval. On voit discuter avec téléphonais.

[00:14:48]

Je veux voir ces gens de médias pour améliorer leur confort et leur rappeler que ce n'est pas un menteur. N'est pas pour le luxe.

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C'est ce qui va peser aussi dans le parti pris de l'opinion en faveur des portale. Ce sont les conditions de la saisie et de la vente de Lafuma. Lafuma a été vendu par des créanciers des Portale à M. Rivière pour la somme de 400 000 francs 62.000 euros pour un manoir de 15 pièces. Un total de quatre fermes et 157 hectares de terres. Quatre cent mille francs. Bien sûr, tout cela n'est pas en très bon état. Mais ces 20% de la valeur réelle du bien 20 ans.

[00:15:45]

Quand on a un genou à terre, on ne peut compter sur personne. Voilà pourquoi, quand on leur a notifié leur avis d'expulsion, les Portales ont décidé de s'enfermer. Voilà pourquoi ils ont l'opinion avec eux. Et voilà pourquoi les gendarmes sont d'une prudence de Sioux.

[00:16:05]

Pendant les deux ans que dure le siège de la rue MADD, les Portales reçoivent beaucoup de soutien de l'extérieur, des lettres et aussi des chèques, de l'argent qui vient parfois de l'étranger et les Portales qui ont le sens du spectacle et finalement de la communication. À chaque fois qu'ils reçoivent un don d'un pays étranger, ils mettent le drapeau du pays sur la façade. Et c'est ainsi que petit à petit, il y a devant Laffut MADD, un drapeau belge, puis un drapeau allemand, puis un Britannique, puis un Américain.

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Un jour, un anonyme leur envoie vingt mille dollars.

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Cette phrase avait été très brève remercier la Providence West que vous êtes allé à Londres alors avoir fait le chemin de croix.

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Nous avons fait des mal et pour entretenir l'attention des médias et de l'opinion. Régulièrement, les Portales font le cirque. Un jour, par exemple, ils donnent une interview à un journaliste de Sud-Ouest, le grand quotidien régional. Et pour faire parler d'eux, il décide de le séquestrer. Le journaliste se débat et finalement réussi à s'enfuir par une fenêtre pour l'aider dans sa fuite. Un gendarme jette alors une grenade lacrymogène le lendemain à n'apporta. Le maire prétend que sa fille Marie-Agnès en est morte de la grenade et son fils Jean-Louis hisse un drapeau noir.

[00:17:30]

Évidemment, quelques jours après Marie-Agnès ressuscitées. Pendant ces deux ans de siège, les Portales reçoivent le soutien de grands originaux. C'est ainsi que débarque un jour, dans une superbe Maserati bleu acier, le prince Dornach. Sa voiture a une drôle de plaque d'immatriculation pétée MD 01. En vérité, c'est un cinglé qui a décidé de soutenir les portale. Il n'est pas plus prince que vous et moi. Son vrai nom est Bertrand Petersen. Il tient un kiosque à journaux à Mulhouse et sa plaque d'immatriculation péteux MD 01 signifie Principauté de Mulhouse Dornach 1er.

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C'est donc une fausse plaque et elle a occupé les gendarmes. Autant vous le dire. Évidemment, le temps passant, l'entêtement des Portales commence à lasser les autorités.

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l'État, l'État ne peut pas se faire humilier durablement et publiquement. En janvier 1975, après deux ans de siège, l'État profite d'un incident dans la propriété pour demander aux gendarmes d'intervenir. Un après midi, les ouvriers agricoles de Louis Rivière, le nouveau propriétaire, veulent se lancer dans la moisson. Jean-Louis, le fils Sportal, commet la bêtise de leur tirer dessus. Un pare brise du tracteur vole en éclats et on retrouve des impacts de balles sur les sièges.

[00:19:12]

Personne est blessé, mais c'en est trop. Le préfet fait intervenir un commando de gendarmes parachutistes. Les ancêtres du gégène.

[00:19:21]

70 hommes à minuit et demi. Les gendarmes font les sommations d'usage avec un porte voix. Ils demandent aux Portales de se rendre. Pas de réponse alors, à une heure du matin, en pleine nuit, il donne l'assaut. Une grenade dans la basse cour, à l'arrière du bâtiment pour faire diversion. Ils font sauter la porte d'entrée et pénètrent dans la fuma. Rendez vous Criton, officiers Monteyne ou chercheurs pour Marie-Agnès, qui est à l'étage. C'est ce qu'ils font à l'étage.

[00:19:56]

Ils arrêtent Anna, la mère qui n'oppose aucune résistance. Mais pour les deux jeunes, ça va être une autre histoire. Car voilà qu'ils se mettent à tirer sur les gendarmes. L'un d'entre eux est blessé. Immédiatement, ses collègues ripostent. Le jeune Jean-Guy Portal est touché trois fois à l'abdomen et ils se fonde. Sa sœur est ensuite maîtrisée. Le siège de la BAD est terminé. Jean-Louis est conduit à l'hôpital par une ambulance. Il saigne abondamment. Les deux femmes, la mère et la fille, sont amenées à la gendarmerie.

[00:20:41]

Elles sont en chemise de nuit et pieds nus et les journalistes assistent à une scène surréaliste en pleine nuit. On emmen le cercueil de Léonce Portales, mort avant le début du siège et qui n'avait jamais été inhumé sur place. Les gendarmes saisissent huit fusils et un stock de munitions et posent des scellés sur les boîtes en carton qui contiennent des décennies de documents relatifs aux procédures judiciaires de la famille Portales.

[00:21:20]

En vérité, Jean-Louis est très grièvement blessé. Il est entre la vie et la mort à l'hôpital de Montauban et maintenant? Et maintenant, que faire des femmes? La mère et la fille? Le juge sait que s'il les relâche, elles vont retourner là bas. Ce sera retour à la case départ. Il peut essayer de les envoyer en prison. La mère a une peine à terminer et la fille pourrait être inculpé de complicité de tentative de meurtre. Elle était avec son frère quand il a tiré sur les gendarmes.

[00:21:49]

Le juge ne voit alors qu'une seule issue l'hôpital psychiatrique. Il ordonne une expertise.

[00:22:02]

Trois experts viennent examiner les deux jeunes femmes, un neurologue, un pédopsychiatre et un généraliste.

[00:22:09]

Dix minutes d'examen en tout. Dix minutes. Conclusion elles sont démentes et dangereuses. Ouf! On peut donc les enfermer à l'hôpital psychiatrique de Montauban. Et c'est là, à l'hôpital psychiatrique, qu'elles vont apprendre la mort de Jean-Louis. Elles ne pourront même pas assister à ses obsèques. On leur propose juste d'assister depuis le seuil de l'hôpital encadré par deux gendarmes, à la sortie du cercueil de la mort. Elles refusent conformément à leur destin de résistante. Jean-Louis est inhumé au cimetière de saint Sofaris en même temps que Léonce, en présence du maire et du garde champêtre.

[00:22:53]

Deux tombes anonymes et une croix en bois. Son nom? Mais dans les mois qui suivent, il y a bien des gens pour venir inscrire des noms sur ces tombes et à chaque fois, les gendarmes viennent les effacer. Troubles à l'ordre public. Quelque temps plus tard, les deux femmes sont transférées à l'hôpital psychiatrique L'aggrave à Toulouse. Elles ne recevront aucun soin, aucun. Sans doute parce qu'elles ne sont pas malades. Elles y seraient peut être encore sans un nouveau rebondissement qui va relancer l'intérêt médiatique pour l'affaire.

[00:23:41]

Anin est enfermé dans une cellule en sous sol de l'hôpital et par un soupirail, elle peut, en se mettant sur la pointe des pieds après être monté sur une table, apercevoir la rue et en face, une école. Elle finit par obtenir un stylo et de temps en temps, un journal et elle commence à rédiger des messages sur des feuilles de journaux et à les jeter dans la rue. Des SOS et un de ces messages va parvenir à la direction de FR3 Toulouse et un journaliste qui couvre l'affaire depuis le début.

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Va venir devant le soupirail avec une caméra et réaliser une incroyable interview de Marie-Agnès à travers les barreaux. Elle accuse les gendarmes d'avoir assassiné Jean-Louis et elle lance un appel à l'aide. C'est une bombe médiatique. Le reportage est diffusé au Journal régional de 13 heures. Il est immédiatement repris par l'Agence France-Presse, qui reçoit des demandes de 29 télévisions étrangères. Le soir même, l'interview de Marie-Agnès fait l'ouverture des journaux télévisés de TF1 et d'Antenne 2.

[00:25:05]

Dans France-Soir, l'écrivain Jean Dutourd se passionne pour l'affaire. Il publie une série d'articles plus incendiaires les uns que les autres. Ainsi, elles sont folles. On a assassiné son fils. Elle est folle. On a assassiné son frère, dont elle est folle. Le Canard enchaîné titre Mort ou d'IMG. Il se demande pourquoi le prince Michel Poniatowski, le ministre de l'Intérieur, a donné l'ordre aberrant d'organiser ce Fort Chabrol sur Garonne. L'évêque de Montauban rappelle que Jésus-Christ a refusé de donner son avis pour un partage de terres.

[00:25:42]

Un homme dit qu'il vaut mieux qu'une terre jusqu'au moment où le chef de l'opposition de l'époque, François Mitterrand, s'exprime sur Europe1.

[00:25:53]

L'affaire portale, voyez vous, je? Elle m'a beaucoup choqué. Je comprends ceux qui, aujourd'hui, se révoltent contre la façon dont l'administration s'est conduit, l'administration d'autorité impitoyable, méchante contre ces portale. Comme aujourd'hui, certains aspects de la justice. Très déplaisant, comme si la société voulait effacer une mauvaise action à l'égard des portables et portables, bien entendu, sur des gens baroques qui ont poussé. Vous avez dit le mot paroxysme des sentiments élémentaires? C'est évident, mais la façon dont ils se sont conduit, les portables que je déplore, ne va pas jusqu'à accepter le sort qu'on leur réserve.

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Et je pense que ce serait très important que approfondissent notre réflexion, qu'on organise des enquêtes et qu'on empêche la société de se comporter comme elle le fait aujourd'hui à l'égard de ces pauvres gens.

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Finalement, le garde des Sceaux de l'époque, Jean Lecanuet, ordonne la remise en liberté des deux femmes en fixant une seule condition qu'elles ne remettent jamais les pieds à la fumette. Il annonce aussi la constitution d'une commission d'enquête sur cette affaire et le 22 février 1975, les deux femmes sont libérées. Les deux acceptent l'offre d'un médecin de Montpellier qui, ému, a proposé de les héberger.

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Bien. Il faut tout de même que je vous dise ce que conclut cette commission d'enquête. D'abord, elle dit oui, oui, il y a eu des dysfonctionnements dans le système judiciaire et aussi des failles dans la législation et elle préconise une réforme de la Loi sur les saisies immobilières. Je vous rassure, elle ne verra jamais le jour. Et au passage, elle confirme la validité de la vente de Lafuma en disant on ne peut plus la remettre en cause.

[00:27:56]

Enfin, par des circonvolutions juridiques complexes, la Commission décide un peu pour s'excuser d'attribuer une partie de l'héritage de Léonce, le grand père, à Anna, la mère, et à Marie-Agnès, une petite maison à Montauban. Et les deux femmes vont donc s'installer dans cette petite maison et reprendre le cours de leur vie. Marie-Agnès finira par être embauché à la mairie de Montauban.

[00:28:30]

Anna, la mère, est morte en 1991 et jusqu'au bout. Vous devez savoir ça. Elle a douté du décès de Jean-Louis, son fils, et elle a demandé sans succès une exhumation et une autopsie. Monsieur Rivière a donc exploité les terres de Laffut. Mais il a laissé le manoir à l'abandon et finalement, le manoir, totalement en ruine, a été racheté en 2006 par un avocat de Montauban qui en a fait une superbe maison de campagne. Aujourd'hui, Marie-Agnès est la dernière survivante.

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Elle a 65 ans, elle vit toujours à Montauban et elle n'a pas perdu sa combativité. Elle se passionne, figurez vous, désormais pour la défense des chats. Le nouveau propriétaire lui a proposé, mais à ce jour, elle a toujours refusé de retourner à la fumette. Si vous voulez compléter cette histoire, lisez L'étrange affaire Portales d'Emanuel 2, aux éditions Imago.

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