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Jusqu'à Sandalettes, voici la plus incroyable aventure humaine de tous les temps. L'histoire des survivants de la cordillère des Andes. En 1972, leur avion s'écrase dans la montagne et ils survivent deux mois et demi en mangeant les cadavres. Une histoire que je tire du livre de l'un des survivants, Nendo Paradot Miracle dans les Andes, que vous trouverez au Livre de poche pour le débriefe tout à l'heure. Je ferais appel à un anthropologue, le professeur Mondher Kilani, qui publie Au seuil du goût de l'autre, Fragments d'un discours cannibale.

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J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. La réalisation est signée Céline, l'OVRA. Repin, Christophe Hondelatte. Le jeudi 12 octobre 1972, un avion décolle de Montevideo, la capitale de l'Uruguay, en direction de Santiago du Chili. C'est un avion militaire à faire jaillir FH 227. Il appartient aux forces armées uruguayenne et entre nous, c'est le pire des avions de la Terre all, un cul de plomb commandé tellement lourd qu'il a toujours du mal à décoller.

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Aujourd'hui, ce ne sont pas des militaires qui transportent. C'est une équipe de rugby qui a affrété cet avion des rugbymen vétérans uruguayens, les All Brushings, qui vont disputer un tournoi au Chili. Ils ont eu le droit d'emmener quelques uns de leurs proches. Quarante cinq passagers en tout. Parmi eux, laissez moi vous présenter tout de suite. L'un des héros de cette histoire, Fernando Paradot, que tout le monde appelle Nendo. C'est l'un des joueurs de l'équipe de rugby et il a emmener avec lui sa maman Regnat et sa sœur Susana.

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Normalement, ils seront à Santiago du Chili ce soir. Mais assez vite, l'avion rencontre un problème météo à le faire, il se pose donc à Mendoza, en Argentine. De contretemps, rien de grave. Tout le monde descend et va pour une nuit à Mendoza. L'avion redécolle le lendemain matin, il reste juste à traverser la cordillère des Andes. Et derrière se trouve Santiago du Chili. Le pilote roulions, offrira là sait très bien que passé la muraille des Andes, c'est délicat.

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C'est un militaire. Il a deux mille neuf cents heures de vol à son actif. Il sait qu'au dessus des Andes se nichent des tempêtes très violentes, avec des vents redoutables et des masses nuageuse très compacte. C'est pour cela que, sur son plan de vol, il a prévu de contourner les ondes. Il va d'abord descendre vers le sud en longeant les montagnes d'Argentine, puis virer à droite à la hauteur du col du Plan Jaune pour entrer dans l'espace aérien chilien et ensuite remontera vers le nord, toujours en suivant les montagnes.

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Côté chilien, jusqu'à Santiago du Chili. Mais quand l'avion s'engage vers le sud en longeant la cordillère, il entre tout de suite dans une épaisse couche de nuages. Et les avions, à l'époque, n'ont pas les équipements d'aujourd'hui et ils virent à droite beaucoup trop tôt, bien avant le col du Plan jaune, et il va droit vers la montagne, vers la cordillère des Andes, vers le plus dangereux des massifs montagneux du globe et avec son cul de plomb.

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Il ne peut pas passer. Mais pour l'instant, il n'en sait rien, lui et son copilote n'ont pas réalisé, et les passagers non plus d'ailleurs dans la cabine. Ça rigole, ça discute. Il y en a même qui s'envoient un ballon de rugby d'un bout à l'autre de l'avion. Et puis, d'un coup, il y a des turbulences. Et là, par le hublot, les passagers ou à la cordillère, très proches, trop proches, beaucoup trop proches.

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On va se crasher. Plus tard, on va se crasher dans le poste de pilotage. Roulions, Ferrasse tire sur le manche comme un soudard. Mais les gaz butane, les gaz. L'avion fait un boucan d'enfer. Il ne passera pas.

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Il est trop lourd, le cul de plomb, l'aile droite de l'avion et la première a heurté la montagne dans un fracas indescriptible et ensuite, c'est la queue qui heurte un rocher qui se détache.

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Elle emporte avec elle les passagers des sièges arrière, assis dans le vide avalé par la montagne, et l'avant de l'appareil. Lui s'abat sur la neige et ils se mettent à dévaler la pente comme une luge, comme une louche devenue folle.

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Nendo Paradot écrit Ma mère et ma sœur se sont retournées vers moi. Un air glacial m'a balayée le visage, les nuages s'engouffrer dans la travée centrale. Je n'ai pas eu le temps de comprendre, de prier ou de ressentir de la peur. J'ai été arrachée à mon siège par une force incroyable et projeter vers l'avant, dans l'obscurité et le silence absolu. La partie avant de l'avion glisse dans la neige pendant un kilomètre et demi et elle s'arrête le nez en l'air.

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Il est 15h32 et c'est le début de l'une des plus grandes aventures humaines de tous les temps. Personne ne répond. Et pourtant, dans la carlingue, il y a des survivants. Certains vont détacher leur ceinture. Ils sont là, debout, hagards. Il tourne la tête. Il manque tout l'arrière de l'avion et tous les passagers qui étaient assis au fond et autour d'eux. Y'en a qui gênent. Il y en a qui hurlent et il y en a d'autres qui ne bougent pas puisqu'ils sont morts.

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Les survivants se comptent. Ils sont 33 33 sur 45 passagers et membres d'équipage. C'est un miracle. Dans le poste de pilotage, le pilote est mort sur le coup et le copilote est gravement blessé. Il est incarcéré dans la cabine. Il souffre tellement qu'il demande qu'on lui apporte un revolver pour en finir.

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Il vous plaît, s'il vous plaît.

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Et puis, au moment où les survivants qui peuvent marcher sortent de l'avion, pas besoin de passer la porte. Tout l'arrière donne sur la neige directement ou son petit. En Argentine ou au Chili, ils n'en ont pas la moindre idée. A quelle altitude? Ils ne le savent pas non plus. Tréo, sans doute. On voit les glaciers tout près 4000, 5000 mètres, 3000 en tout cas, qui fait un froid de queue. La cabine de l'avion est le seul refuge possible, mais il faudrait fermer le trou.

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Je pense que le mieux, ça serait de monter un mur de neige.

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Mais avant ça, il faut sortir les morts dans la cabine, il n'y en a trois. Tous les autres ont été emportés avec la queue. Les survivants, mais des tâches de leur siège et ils vont les poser dehors, dans la neige. Et parmi ces corps encore tièdes se trouvent, regnat la maman de Nendo Paradot. Et non, nous Nendo, il est dans un sale état et ne bouge pas. Il est inconscient, probablement dans le coma, et sa soeur Susanna est grièvement blessée elle aussi.

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Les survivants passent leur première nuit blottis les uns contre les autres. Parmi les blessés qui râlent et qui gênent.

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Quand le soleil se lève le lendemain matin, tout le monde a faim. Bien sûr, et un constat s'impose il n'y a aucune réserve de nourriture dans la carlingue de cet avion. C'est il y a quelques chocolats et quelques bouteilles d'alcool, mais ça n'ira pas bien loin. Carlitos, l'un des jeunes rugbymen, est élu à l'unanimité chef du stock de nourriture et de boissons. À partir de maintenant, c'est lui qui rationne et qui distribue. Un peu plus tard dans la matinée.

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Regardez, regardez un avion, ils lui font de grands signes. Bien sûr, mais l'avion ne les a pas vus.

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Dans l'après midi, les survivants ne sont plus que 28. Cinq blessés viennent de mourir, dont le pauvre Nando Paradot. Comme les autres ont le sort de l'avion et on va le poser dans le froid. À côté des autres cadavres. Et là, il se passe quelque chose d'extraordinaire. Quand je serai bien en peine de vous expliquer, Nendo, que tout le monde croyait mort, se réveille.

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Il a ressuscité. C'est un miracle. Juste ternie par ce moment où il faut bien lui dire que sa maman est morte et que sa soeur Susanna est grièvement blessée. Suzanna, qu'il va veiller pendant deux jours et qui finalement meurt dans ses bras et qu'il va déposer avec les autres sur le tas de corps, dans la neige, leur cercueil de classe. Ce matin, ça fait 10 jours qu'ils sont là depuis le début. Ils peuvent écouter la radio pas rappelé, mais écouter.

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Ça leur fiche un gros coup au moral.

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D'autant que maintenant, il faut être lucide. Ils n'ont rien à manger, les mecs. On est foutu, on a encore un chocolat. Chacun. Et après, plus rien. On fait comment maintenant? Depuis deux jours, ils ont tout essayé, ils ont essayé de manger le cuir des valises, mais le cuir est traité. C'est un mangeable. D'autres ont essayé de manger la mousse des sièges, mais ils ont toujours aussi faim.

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C'est à ce moment là que Nendo Paradot se penche vers Carlitos démanger le pilote. J'ai décidé de manger le pilote. C'est ça ou mourir de faim. Carlitos va voir les autres. Nando est devenu complètement fou. Il veut manger le pilote.

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Il n'est pas faux. Nous aussi, on a eu la même idée. On n'a pas le choix. Carlitos, on n'a pas le choix. Carlitos s'aperçoit qu'ils sont quatre ou cinq à avoir eu la même idée que Nando Paradot manger des cadavres.

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Alors avec pour Koodo les débris de hublot et avec une hache retrouvée dans l'avion, les voilà qui se mettent à découper un cadavre, celui du pilote qui les a mis dans cette galère. C'est toujours plus facile que de manger un ami. Quand ils sont revenus. Il avait des petits morceaux de chair dans les mains. Gustavo m'ont attendu. Je l'ai pris. La chair était d'un blanc grisâtre, dur comme un morceau de bois et très froide. Je me suis forcé à penser que ce n'était plus une partie d'un être humain.

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Que l'âme de cette personne avait quitté son corps. Pourtant. Il m'a fallu du temps pour amener la viande jusqu'à ma bouche. J'évitais le regard des autres, mais je les voyais du coin de l'oeil. Il essayait de rassembler leur courage pour la manger, notre mâcher d'un air forcé. Et j'ai fini par trouver le courage de mettre la viande dans ma bouche. Elle n'avait aucun goût, mais mâcher une ou deux fois avant de me forcer à avaler. Je ne ressentais ni honte ni culpabilité.

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Je faisais simplement ce qui s'imposait pour survivre. Je comprenais l'ampleur du tabou que nous venions de briser, mais la seule émotions fortes que j'ai éprouvé à ce moment là, c'était du ressentiment contre le destin qui nous avait contraints de choisir entre cette horreur et l'horreur d'une mort certaine. Dix jours après l'accident, les survivants ont brisé le tabou ultime de l'humanité. Ils ont mangé de la chair humaine et ils ne l'ont pas fait par cruauté ni par barbarie. Ils l'ont fait parce qu'ils n'avaient pas le choix.

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Et quand le corps du pilote sera réduit à l'état de squelette, eh bien, ils feront pareil avec les autres. Dix huit jours, ça fait 18 jours qu'ils sont là, prisonniers de la montagne, et ça fait quatre jours qu'il neige, qu'il neige à gros flocons en continu. Sortir de la cabine est devenu impossible. Il soudain en pleine nuit, ils sont réveillés par un bruit gigantesque, comme un énorme craquement qui vient de la montagne, une avalanche, une avalanche qui est en train de fondre sur eux.

[00:15:22]

Ils ont à peine le temps de réaliser. La cabine reçoit une secousse phénoménale qui projette la carlingue à plusieurs dizaines de mètres et qui vient la recouvrir entièrement. Ils sont maintenant prisonniers sous la neige. Quelque chose de mouillé. Et de glacer se presser contre mon visage et un poids écrasant m'était tombé dessus, qui avait vidé ma poitrine de tout l'oxygène. Je suis bort, me suis je dit. Maintenant, je vais voir ce qui est de notre côté.

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En pénétrant dans la cabine, la neige a fait huit morts de plus. Maintenant, ils ne sont plus que 18 et bientôt, ils n'auront plus d'air. La bulle d'air sous la neige ne durera pas une éternité. Et c'est là que Nendo a une idée. Ils repèrent une tige métallique. Ils se mettent à creuser une sorte de cheminée jusqu'à l'air libre. Et ça marche, ça marche. Et au bout de trois jours, en autarcie, Nendo parvient à creuser un tunnel et il sort à l'air libre.

[00:16:36]

Dehors, c'est toujours l'enfer. Il souffle un vent glacial et il neige. On continue. Et puis, le temps se calme. La neige fond un peu et le fuselage de l'avion apparaît à nouveau dans la poudreuse. Sauf qu'avec la neige qui fond, l'avion se met à bouger. Pourvu qu'ils ne tombent pas dans la crevasse qui est en dessous. Ça fait trois semaines maintenant qu'ils sont là. Bon, moi, je propose qu'on aille maintenant chercher la queue de l'avion.

[00:17:18]

Il y a peut être des batteries avec. On pourra peut être faire fonctionner la radio du Cowper. Qu'est ce que vous en pensez? C'est à ce moment là que Nendo Paradot devient le vrai chef de la troupe. Il pense que la queue de l'appareil est à deux kilomètres juste au dessus. Alors il répartit le travail. Bon, toi, toi et toi, vous vous débrouillez pour fabriquer des outils comme.

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Il nous faudrait quelque chose qui ressemble à un tournevis et aussi quelque chose qui ressemble à une pince. D'autres fabriquent des raquettes pour marcher dans la neige avec les coussins en mousse des sièges, et Nendo prend la tête de cette première expédition loin de l'avion et assez vite, il tombe sur la queue de l'avion. Pour une fois, ils ont eu de la chance et dedans, ils trouvent un appareil photo, une boîte de chocolat et surtout des batteries 24 volts.

[00:18:13]

Roy, l'un des survivants qui s'y connaît un peu en électronique, se met en tête de connecter la radio du cockpit aux batteries. On entend des grésillements. Ça soulève beaucoup d'espoir et ça n'a pas marché.

[00:18:36]

Avec l'appareil photo, Nendo se met à prendre des clichés de la vie quotidienne autour de l'épave. Dans sa tête, ça n'est pas pour avoir des souvenirs dans sa tête. Ils vont tous mourir. Il veut juste laisser la preuve que des hommes ont survécu ici. Et je vous invite à aller voir ces photos sur Internet. Elles sont irréelles. On voudrait voir la terreur sur leur visage. On ne la voit pas. Ils sont souriants. Nouma vient de mourir.

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C'était le plus jeune de l'équipe, il était très faible, très maigre, et Raphaël est mort. Depuis l'accident, il se battait avec une mauvaise blessure. Il est mort de gangrène. Et vous savez ce qu'ils ont dit tous les deux avant de mourir vous donne l'autorisation de me manger. Nous sommes le 11 décembre. Demain, ça fera deux mois qu'ils sont là et ils ne sont plus que 16. Et Nando a une idée, un projet. Il veut aller chercher du secours à pied à travers la montagne et il veut convaincre Roberto de partir avec lui.

[00:19:51]

Enfin, Nando, comment tu peux avoir une idée pareille? Enfin, c'est infaisable. On va mourir. Qu'est ce que tu veux faire d'autre? De toute façon, on va tous mourir ici. Les secours vont arriver. Roberto, ce ne sont pas des secours qui nous cherchent. Ce sont des croque morts. Ils vont mettre des mois à nous retrouver. Ils pensent qu'on est tous morts.

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Ce qui motive Nendo à ce moment là, c'est que dans le garde manger, on en sera bientôt arrivé à manger sa mère et sa sœur. Il veut partir plutôt que d'affronter ça, partir, mais partir Paro, de quel côté? Parlait vers l'Argentine ou par l'Ouest? Vers le Chili? De quel côté est ce qu'on est le plus près de la civilisation? Nendo a une certitude. Moi, je pense que le Chili est beaucoup plus proche. On va partir à l'ouest, même si à l'ouest il y a, il y a une grosse montagne qu'il faudra gravir.

[00:21:01]

Je vous lEglise comme ça, mais Nendo n'a pas fait le bon choix. Car à Lestes, à 27 kilomètres seulement, il y a un hôtel dans la montagne. Mais bon, il fallait bien choisir. Ils ont choisi de partir dans l'autre sens.

[00:21:25]

C'est décidé. C'est aujourd'hui qu'ils partent. La météo est bonne, le soleil brille. C'est maintenant ou jamais. Ils partent à trois Nendo Paradot. Son copain Roberto Kané et Antonio Visiting, que toute la bande appellent Tin-Tin. Ils se sont fabriqué un seul grand sac de couchage pour trois. Ils ont enfilé plusieurs couches de vêtements. Ils ont pris de l'eau et de l'alcool et bien sûr, un peu de nourriture. Pas besoin de vous faire un dessin. Il n'y a rien d'autre.

[00:21:58]

Le départ est déchirant. Ils se serrent longuement dans les bras. Ils se promettent de se revoir vivants. Et Nando fait une dernière déclaration à ceux qui restent, mes amis. Nous partons, mais je suis sûr que nous nous reverrons bientôt. Vous savez, naturellement, si nécessaire. Vous autorise à manger ma mère et ma sœur. Et dans l'immédiat, il faut grimper, escalader un col. Ils ne le savent pas, mais ce col est à quatre mille quatre cents mètres d'altitude et donc l'air se raréfie.

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Ils s'essoufflent. Ils ont la tête qui tourne. Ils doivent s'arrêter souvent. Le soir, ils dorment dans une brèche, blottis à trois dans leur grand sac de couchage, et ils font tourner la bouteille Denieul pour se donner du courage. En montagne, c'est toujours pareil, on croit être arrivé au sommet. Et puis il y a toujours un sommet plus haut. Derrière, Antonio Visiting est épuisé. J'arrête, j'arrête au bout, je vais faire demi tour.

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Désolé, les gars, continuez. Saint-Ambroix, Nando et Roberto continuent donc tout seul. Je suis incapable de dire comment on a fait pour continuer. Je frissonné de froid et de fatigue sans pouvoir m'arrêter. Mon corps était au bord de l'anéantissement. Et puis, au dessus de moi, j'ai vu la silhouette d'une arête clairement découpée dans le ciel bleu. Il n'y avait plus de montagne derrière le sommet, mais quand je me suis hissé sur le bord de cette arête, j'ai aperçu la montagne qui s'élevait à nouveau.

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C'était encore un piège de la montagne. C'était un faux sommet.

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Ça n'est pas le courage des Français, c'est la peur, la peur de mourir ici et maintenant dans ce désert glacé.

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Ils marche comme ça pendant 10 jours, jusqu'à atteindre la limite de la neige, la terre, la terre, la terre, mais personne alentour. Avec une conséquence sordide il fait plus chaud et donc la viande congelée qu'ils transportent se mettent à pourrir instantanément. Au point quand Roberto attrape la dysenterie. Mais qu'importe, il marche encore.

[00:25:00]

Regarde, regarde, j'ai l'impression qu'il y a des détritus. Jamais des poubelles n'ont annoncé une si bonne nouvelle, même s'il n'y croit pas. S'improvisant a été jeté dans un avion. Parèdre Nando adore les avions, les hublots s'ouvrent pas. Et puis, d'un coup, la végétation devient plus dense et ils aperçoivent une vache. Nous avions tous les deux très fins. Pendant un moment, nous avons envisagé de tuer la bête, mais Roberto m'a fait remarquer que cela encouragerait certainement pas le propriétaire, à nouveau en aide au soixante dixième jour.

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Ils s'endorment au bord d'une rivière et quand ils se réveillent sur la rive, en face, il y a un homme, un homme à cheval, un homme.

[00:25:56]

Ils sont sauvés. Mais le courant de la rivière est trop fort. Impossible de le traverser. Le cavalier leur envoie alors du papier et un crayon attaché à une pierre Nendo et créer. Je viens d'un avion qui est tombé dans la montagne. Nous avons marché des jours dans l'avion. Il y a 14 personnes en mauvaise santé. Il faut les évacuer au plus vite. Nous n'avons rien à manger. Nous sommes faibles. Je vous en prie, nous ne pouvons plus marcher et il renvoie le bout de papier attaché à la pierre de l'autre côté de la rivière et il voit l'homme monter sur son cheval et disparaître au galop.

[00:26:56]

Ils sont sauvés, mais il faut attendre encore. Et l'attente dure 10 heures, jusqu'à ce que Nando et Roberto voient arriver au loin des cavaliers de la carte montée chilienne et derrière des journalistes, une horde de journalistes. Car figurez vous qu'à ce moment là, la nouvelle a déjà été annoncée à la radio et d'ailleurs dans l'avion là haut. Les survivants sont déjà au courant. Les journalistes, bien sûr, les assomme de questions.

[00:27:30]

Waterfall, Ariba, m'épauler, Suker, Kaneko, Rinaudo, des mais Schleich.

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Ils veulent savoir. Myriade de survivants, ce qu'ils ont mangé. Nando et Roberto, évidemment, n'ont pas prévu de répondre aussi vite à cette question. Et dans pour dénoncer ça, on ne peut pas le dire. L'urgence maintenant, c'est d'aller chercher les autres. Alors on leur tend une carte Nendo, indique le lieu du crash. Et c'est en hélicoptère que Nando remonte vers les sommets. Mes craintes se sont évanouis au moment où j'ai vu de minuscules silhouettes sortir du fuselage.

[00:28:11]

J'ai reconnu Gustavo à sa casquette de pilote et Daniel et Pedro phytos et ils ravières. D'autres couraient en gesticulant. J'ai essayé de les compter, mais les soubresauts de l'hélicoptère rendaient la tâche impossible. Les retrouvailles sont bouleversantes. Ils ont survécu et c'est incroyable et le récit de cette expérience humaine unique fait immédiatement le tour du monde. Entachée Paramo Rameau, sur lequel il va falloir qu'il s'explique et s'explique encore le mot cannibalisme. Car finalement, les autres, ceux d'en bas, ceux de la vallée, ne vont retenir que ça.

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Ils ont mangé de la chair humaine. Au point qu'il faudra que le pape Paul Six vienne dire et ils n'ont pas commis de péché. Dans les Andes, nous vivions un battement de cœur après l'autre, chaque seconde de vie était un miracle. Je me suis efforcé de vivre ainsi depuis et je vous engage à faire de même, comme nous disions dans les montagnes. Respire, respire encore à chaque fois que tu respire. Tu es vivant. C'est encore le meilleur conseil que je puisse vous donner, ne cachait pas la moindre respiration.

[00:29:46]

L'incroyable histoire du choisi de débriefings avec un anthropologue, professeur honoraire à l'Université de Lausanne, en Suisse, Mondher Kilani. Vous avez écrit au seuil du Goody l'autre fragments d'un discours minimal de mon professeur. Quelle place tient cette histoire dans la grande histoire du cannibalisme dans le monde?

[00:30:11]

En fait, comme vous venez de la raconter, une grande place parce que ça a frappé l'imaginaire jusqu'à ce que le pape intervienne, comme vous venez de le dire, pour absoudre les survivants. En fait, c'est un cas extraordinaire de cannibalisme, de survie ou de cannibalisme ou de catastrophe. A vrai dire, on a déjà eu des cas comme ceux là, notamment dans La conquête de l'Ouest. Il y a eu plusieurs qui ont été dans un premier temps cachés, mais qui, après, ont été dévoilés parce que le secret était trop fort tant que des personnes qui sont trouvées quand elles devaient donc des pionniers de l'Ouest qui devaient traverser les Rocheuses et qui étaient prises, ne connaissant pas le terrain perdu, qui étaient prises dans des tempêtes de neige.

[00:31:00]

Et il y a eu plusieurs cas. Et si je me trompe pas, le président Reagan, lui même un de ses ancêtres, aurait été parmi ceux qui avaient pratiqué le cannibalisme sur d'autres pionniers. Vous voyez, c'est quelque chose qui a ravivé un imaginaire qui était très présent déjà dans notre culture, à savoir le cannibalisme de catastrophes ou de survie.

[00:31:26]

Il y a d'autres histoires similaires dans le monde, en dehors de celles là, et donc de celles de pionniers américains.

[00:31:33]

Oui, bien sûr, bien sûr. Bien sûr, des cas que les entrepôts Slug, classés sous la rubrique de cannibalisme de catastrophes, c'est à dire d'un cannibalisme obligé et non pas d'un cannibalisme rituel. 5,12? Absolument. Ah oui, oui, oui, oui, oui, oui. Enfin, je distingue. On distingue. Mais en même temps, on vous écoutants parce que j'ai travaillé sur ce cas. Finalement, la distinction n'est pas tout à fait étanche parce que ce cannibalisme de catastrophe ou ce cannibalisme de survie, comme ce fut le cas pour les joueurs de rugby uruguayens tombés dans les Andes.

[00:32:12]

En fait, ils ne sont passés à l'acte qu'à partir du moment où sont ritualiser le visage analysé plus. C'est à dire que le passage à l'acte ne s'est pas fait de façon sauvage ou barbare à certains moments. Vous aviez dit et pratiqué le cannibalisme, mais pas le cannibalisme barbare et sauvage. Et effectivement, pour pouvoir passer à l'acte, il faut symbolisation. C'est à dire il faut une autorisation, une autorisation spirituelle, une autorisation légale et dans les cas particuliers, il fallait décider.

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Evidemment, il était en face de la mort. D'abord, il y a eu les livres et les proches qui sont morts dans l'accident, mais eux mêmes, les survivants étaient face à la mort, c'est à dire face à l'absence de nourriture et donc avec le l'horizon de mourir d'inanition. Alors à leur tour, donc, il y avait une situation de nécessité. Mais que ce qui m'a frappé dans ce cas, c'est qu'il y a eu une réflexion ou une discussion entre Liddy, entre autres entre les survivants, pour s'autoriser finalement à passer à l'acte et à transgresser ce tabou.

[00:33:25]

Oui, disent ils disent.

[00:33:27]

Nous avons réfléchi à l'idée qui, sans doute les âmes étaient parties exactement.

[00:33:32]

Donc, c'est déjà une élaboration symbolique quand on dit que l'âme a quitté son corps. Donc, je cite un des survivants. Donc, je peux le manger. Déjà, ça nous rappelle l'abattage rituel, l'abattage rituel déjà dans le christianisme. L'abattage rituel a été supprimé dans le christianisme, mais il est resté dans le judaïsme et dans l'islam. Donc, l'abattage rituel, c'est quoi d'autre? Que on ne mange de viande que si l'âme et non la nécessité finalement de faire couler le sang, approuve ce besoin de symbolisation pour dire que finalement, un animal ou un humain est habité par une âme.

[00:34:13]

Donc, on ne va pas le manger alors que la méthode employée est déjà une élaboration. Jusqu'à quel point ce professeur?

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Le cannibalisme étant interdit chez les êtres humains, c'est un interdit aussi absolu finalement, que l'inceste.

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Ce n'est pas l'interdit absolu, comme l'inceste, dans la mesure où l'inceste est universel. Qu'on le retrouve dans toutes les sociétés. Par contre, le cannibalisme est pratiqué dans certaines sociétés. Il n'est pas général. Mais il est pratiqué dans un certain nombre de sociétés plutôt minoritaires, mais on pourrait dire que le cannibalisme est universel dans la mesure où même les sociétés qui pratiquent le cannibalisme ne considèrent pas le cannibalisme qu'ils pratiquent comme un cannibalisme sauvage ou barbare qui consiste juste à manger.

[00:35:03]

L'autre n'est pas de la modification de l'humain par l'humain. Alors, leur Caliber ce que nous appelons cannibalisme, trouve souvent dans ces sociétés qui pratiquent la méditation, le pratiquent à travers des rituels religieux, à travers des rituels symboliques. Par exemple, quand il s'agit de déterrer les morts, il faut que la chair pétrifié et on les déterre pour faire une deuxième cérémonie, cette fois de rupture, puis de départ final où on va quitter les eaux, va les cuisiner en quelque sorte.

[00:35:40]

On va aller manger avec des tubercules ou des bananes et si c'est au fond, c'est une technique pour se séparer des morts. Donc, c'est le cannibalisme qu'on appelle mortuaire et qui relève donc plutôt d'un rituel mortuaire. Vous êtes ici dans votre livre.

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D'une certaine manière, le cannibalisme est une invention de la colonisation.

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Nous expliquer ces fissures? C'est un peu difficile de résumer, mais très vite le cannibalisme. Déjà, le terme cannibale est un terme qui a été inventé par Colomb lors de son premier voyage. Et Christophe Colomb, bien sûr, qui a utilisé ce terme qui est une altération de Caribe cannibale qui l'a transformé en cannibale cannibale. Parce que quand il a débarqué sur, il n'était pas conscient d'avoir découvert un nouveau continent. Mais il était persuadé d'avoir atteint l'extrême Asie en contournant, en contournant, puisque Christophe Colomb partait de l'idée que la terre était ronde et donc qu'il pensait retrouver Gog et Magog, les dix tribus d'Israël, les entrepôts FAJ et donc poser la question aux insulaires qu'il a vu.

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On sent les anthropophages et puis les insulaires, pour lui faire plaisir ou pour différentes raisons, lui ont dit les Caraïbes viennent, nous font la guerre et prennent des gens de chez nous. Il est donc dans son journal. Il a utilisé le terme Caribe déformé en cannibale cannibale et donc on a hérité finalement de ce terme pour désigner des pratiques dont on ne sait pas très bien si elles avaient lieu ou pas. Mais ça relevait en fait des sortes de rumeurs ou ou d'un imaginaire propre à Christophe Colomb et la société, à savoir qu'il y a des sociétés anthropophage qu'on allait découvrir au fin fond du monde.

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Donc, c'est un malentendu, en quelque sorte. Le cannibalisme est un terme moderne qui résulte d'un malentendu et qui résulte surtout d'une accusation parce que finalement, l'autre, qui est très différent de moi, doit être obligatoirement cannibale. Ce qui lui est tout je suis est sauvage. Donc on associe la sauvagerie à la monstruosité, donc au cannibalisme, parce que c'est effectivement la pire chose qui puisse arriver, c'est qu'au moment où que moi, je deviens quelqu'un ou que je moi, je me transforme en une personne qui va manger des autres, qui me vient à m'intéresser, professeur.

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Donc, dans ce récit, c'est ce moment où il doit choisir qui ils vont manger. C'est très intéressant parce qu'ils disent qu'il va manger le pilote qui est responsable de notre malheur. Comme s'il fallait que ce soit un salaud pour qu'on le mange.

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L'acteur lui est venu, pourquoi pas? Mais en même temps, en vous en écoutant la citation tout à l'heure de l'Amdo, qui dit Jayson, qui a eu l'idée et qui l'a proposé. Il s'est aperçu que d'autres aussi a eu la même idée. C'est quand même intéressant d'avoir pensé au pilote, bien sûr. Peut être parce qu'ils nous prennent pour un responsable, mais en même temps, d'eux a dit C'est plus facile que de manger un ami. Donc là, vous m'avez posé la question par rapport à la prohibition de l'inceste dans le cannibalisme.

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Il y a aussi des interdits. On ne mange pas trop proche, on va manger quelqu'un qui est relativement éloigné. Donc Nendo, à un certain moment aussi. S'il a voulu partir pour chercher du secours, c'est parce qu'il avait peur. On disait de manger un seul jour. J'arriverai bientôt à manger ma mère et ma sœur. Donc, en fait, c'est pour éviter l'inceste, dont le cannibalisme, à savoir de manger la chair du Dube du proche.

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Il a finalement suit un peu la scène. Corfa, c'est une façon pour dire Moi, si je rêve, je vais être obligé de manger et si je mange. Si la pire des choses est de manger le très, très proche. Donc, dans le cannibalisme des règles, on ne mange pas. Certaines personnes qui sont trop proches, il faut une certaine distance en ne mangent pas. N'importe quel parti. Moi, ce qui m'a intéressé aussi dans ce cas, c'est que y a une sorte de cuisine.

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Ils ont inventé une sorte de cuisine, à savoir qu'il y a certains organes qui vont manger et d'autres pas qu'ils mangent dans les entrailles, par exemple. Voilà fait comme à Goya. Et puis, il aime bien les entrailles, à la différence, par exemple, des Américains du Nord. Et ils vont manger le foie, les pas, les poumons, les poumons. Ça peut dépenser beaucoup plus de morts à la personne vivante. Activation des organes en fonction de la symbolique que les drogués associent aux organes du bœuf, qu'ils mangent et sortent, mangent le cœur, leur fartage.

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Et alors là, on n'a pas mangé le cœur. Si je me trompe pas. Parce que justement, ça rappelle trop la personne vivante et parce que c'est le foyer quand même. De l'amour, du courage, c'est quelque chose de trop fort pour manger alors que le foie a, semble t il, à passer. Donc, là aussi, voilà une élaboration culinaire qui fait que même dans la nécessité, on a besoin d'une symbolisation, d'une ritualisation pour pouvoir s'atteler à la sortie l'ONI.

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J'ai bien conscience. Nous avons demandé de vulgariser en quelques minutes la somme d'années de travail et de recherches. Merci, en tout cas de nous avoir éclairé de votre science. Je rappelle le titre de votre livre ou du goût de l'autre. Fragments d'un discours cannibale, aux Éditions du Seuil. Il est disponible.

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Vous trouverez le livre de Nandou Paradou Miracle dans les Andes ou Livre de poche, des centaines d'histoires disponibles ici, remplaçant l'écoute et surtout ottintoise.