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On devient très con. Christophe Hondelatte Bonjour à tous. Un grand bol d'air frais aujourd'hui puisque je vais vous raconter la dernière course de l'aventurier Nicolas Vanier. Sa dernière sortie dans le Grand Nord avec ses chiens en Alaska, dans une course qui s'appelle Liddy Taraude, qui est la plus mythique des courses en chiens de traîneau. Et bien sûr, il est là. Bonjour Nicolas Vanier. Bonjour, nous voilà donc parti pour 1.800 km dans la taïga d'Alaska par mois de 30° et jusqu'à moins 50 degrés.

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La réalisation de mon histoire est signée Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Le vrai début de cette histoire? La raison pour laquelle, tous les ans, en plein hiver, des dizaines et des dizaines de marcheurs s'élancent avec leurs chiens pour une course de 1.800 km dans la neige et la glace remonte à 19 cents. 25 janvier 1925 Un homme, une petite ville au Nord-Ouest de l'Alaska. L'unique médecin détecte une épidémie de diphtérie. Quatre enfants sont morts. Et si ça continue, tous les gamins du village vont y passer.

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Il lui faut d'urgence de l'anti toxines. En plein hiver, par moins 35 moins 50 la nuit, en avion impossible. En bateau, toute la région est prise par la glace. C'est un relais de marcheur avec leur chien qui va sauver les enfants de Nome. L'anti toxines est livré à un homme. Le 2 février 1925, par un équipage dont le chien de tête s'appelait Balto. C'est en souvenir de ça que, tous les ans a lieu Liddy Taraudent.

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Une course de chiens de traîneau mythique qui rassemble en Alaska les meilleurs marcheurs de la planète.

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Et le Français Nicolas Vanier en saura de cette Edith A-Rod 2017. Ce sera d'ailleurs sa dernière course après avoir sillonné le Grand Nord pendant 35 ans. Canada, Alaska, Laponie, Sibérie. A 54 ans, il a décidé de raccrocher. La carcasse ne suit plus. Il y a deux ans, il s'est déplacé deux vertèbres dans une chute en Sibérie. Depuis, il fait des crises terribles. Alors cette course, c'est la dernière. Elle est risquée. C'est peut être la course de trop, mais il la fera.

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Et après, il raccroche. Et pour l'instant, il s'entraîne.

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René Vaillant aujourd'hui.

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Il s'entraîne dans le Yukon, même latitude que l'Alaska, mais côté Canada, la course démarre dans quelques jours. On est en février. Il est cinq heures du soir. Il fait moins 30 degrés. Le soleil rose est en train de disparaître derrière la montagne et d'un coup, tout devient bleu. Et il est là, sur son traîneau qui file à 15 kilomètres heure, tiré par ses 16 chiens. Instant de grâce. C'est en ces temps que Nicolas Vanier et ses chiens parcourent le Grand Nord ensemble.

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Il les connaît par coeur. Ce sont des Laïka, une race venue de Sibérie en Russie. Physiquement, on pourrait croire que ce sont des loups. Ce sont des bêtes extraordinaires qui aiment avaler les kilomètres dans la neige. Inutile de leur crier dessus pour avancer. Ils aiment ça et ils sont prêts pour Liddy taraude 2017. Comme tous les ans l'édite, A-Rod relira en Corrège, au Sud-Est de l'Alaska, à NOMMES, au Nord-Ouest, sur le détroit de Béring, 1800 km à travers la taïga glacée.

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Cette année, soixante treize traîneaux sont engagés dans la course. Ils seront tirés par 16 chiens chacun. Ça fait presque 1200 chiens sur la ligne de départ. Imaginez le bazar. Imaginez la cacophonie. Nous sommes le 4 mars 2017. Il est 10 heures du matin, il fait moins 30 degrés. Grand soleil. Toute la ville est là pour assister au départ. Enfin, au faux départ, il n'y a pas assez de neige, a encore Hecq.

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Le vrai départ aura lieu demain, plus au nord. Disons que là, c'est pour la parade. Et Nicolas Vanier, en tout cas, affiche un grand sourire. Il porte le dossard numéro 26 tchèque. Les mains qui se tendent sur son passage. Il prend des selfies avec ses fans. Ces chiens sont habillés de petit manteau bleu et de bottines rouges, des sortes de chaussettes pour protéger leurs pattes et éviter l'accumulation de glaçons sous les coussinets. C'est demain que ça commence vraiment.

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Comme toujours, les 16 laïcat de Nicolas sont chauds bouillants. Les 73 concurrents de la course s'élancent chacun à leur tour à deux minutes d'intervalle. Il faut souligner que Ouanne. Et c'est parti! Nicolas s'est donné comme objectif de parcourir 200 kilomètres par 24 heures, deux jours et deux nuits par mois, cinq ans malgré les deux minutes de décalage. On finit toujours par se faire doubler ou par doubler les autres et c'est assez risqué. Il ne faut pas que les chiens viennent s'en mêler les uns aux autres et donc il faut sortir de la trace du précédent.

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Bien décalé que tous les chiens suivent les meneurs, que le traîneau enchaîne sans se renverser. Et après? Nicolas et ses chiens tracent à une allure moyenne de 10 à 16 km. Et quand la nuit arrive? Pas question de s'arrêter tout de suite. Nicolas allume sa lampe frontale et les chiens courent toujours dans la forêt de sapins et au milieu de la nuit.

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Oh oh! C'est bien avec les chiens. C'est bien aller, mes maître chiens. Allez, on s'arrête là. Il décide de faire une petite pause de quatre heures. C'est le temps qu'il faut aux chiens pour récupérer. Il choisit un endroit protégé. Il installe les chiens sur de la paille. Et là, il revient vers son traîneau. Et crac! Il s'enfonce dans un trou. Putain, c'est de l'astrologie, comme disent les Québécois. C'est de la neige fondue.

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Le trou n'est pas profond. Il s'en sort sans difficulté, mais par mois 45. Le voilà trempé. Alors, il a allumé un feu et au lieu de dormir par moins 45, il passe toute la nuit à se sécher au coin du feu. Et après, il faut repartir. Jusqu'au premier de chaque pogne. Le premier village sur la piste, même été Chua. Mais c'est bien mal. C'est bien beau. Snow, c'est bien, c'est bien.

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Mais nous, aller, c'est bien. C'est bien déchec, pointe. Il y en aura comme ça 12 tout au long du parcours. Le Tchad pointe. C'est avant tout l'occasion de nourrir les chiens. Un vétérinaire est disponible au kazoo. Ça va être très bien, les chiens, ça va. Tu ne voulais pas s'arrêter. Des fous furieux, je peux les examiner. Oui. Les marcheurs, eux, se retrouvent pour manger et pour souffler un peu dans un chalet de rondins de bois bien au chaud.

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Nicolas Vanier est déjà épuisé. Normal, il n'a pas dormi depuis 36 heures. Alors, est ce qu'il va dormir un peu? C'est la grande question. La question stratégique quand se reposer? Combien de temps? Combien de fois? Il y a deux pauses obligatoires pendant les 8 à 10 jours de course. Pour le reste, chacun gère son endurance et celle de ses chiens, comme il le veut. Et dès le premier soir, comme toujours, il y en a qui ruse celui là.

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Là bas, par exemple, ils se collent à côté de son concurrent direct. Regardez le, il fait mine qu'il va se coucher. L'autre, du coup, ferme les yeux. Et dès qu'il dort, hop, il se lève et il file à l'anglaise. Et il reprend la course en douce. C'est ça, la compétition. D'ailleurs, Nicolas Vanier, lui aussi, repart. La prochaine grosse étape, ce sera le village indien de Tananarive, dont 200 km.

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Ouais, c'est bien. Ouais, c'est bien babouchkas, oui, Khali. Oui, Mandard, je t'ai pas oublié mon Darques année, mes petits chiens. On roule, on y va, mes chiens.

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Pendant qu'il trace dans la nuit, il faut quand même que je vous parle des chiens ils sont de race russe, des laïcat, mais ils sont français au titre du droit du sol, né dans le Vercors, dans l'Isère. Les deux chiens de tête s'appellent Minuk et Bourgas. Et c'est rigolo. Ils se ressemblent le même pelage brun et blanc. Le chef, c'est Burgas. Quand Nicolas Vanier la dispute, elle le regarde avec des grands yeux innocents. Jean, j'ai rien fait.

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Derrière ce nom qui est tout blanc avec sa truffe, Rose est un joueur et un ambitieux. Nicolas sent qu'il veut devenir leader. C'est l'étoile montante de sa meute, Darques. C'est le plus porté. Et moujik, c'est le plus costaud, celui qu'on place près du traîneau. Parce que la charge est plus lourde. Deuxième nuit, pleine lune, mais pâle moins 50 degrés. Debout sur son traîneau, Nicolas Vanier est recouvert de givre au coeur de la nuit.

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Nouvelle pause et cette fois, il va essayer de dormir. Et là, n'imaginez pas une tente et un matelas gonflable. De la paille comme les chiens dessus, une peau de reine tendue, un sac de couchage et hop, c'est qu'on a droit à 150 kilos maximum sur le traîneau, matériel et nourriture compris. Et comme il faut une hache, une ancre à neige, une boîte à outils, une pelle, des gamelles pour les chiens, des harnais, des raquettes.

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Il n'y a rien de superflu.

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Le lendemain matin, Nicolas Vanier trouve que l'une des chiennes Siddhi a un petit coup de mou, alors il la trompe. Il lamers sur le traîneau. Ça ne sert à rien de faire courir des chiens qui n'ont pas envie. Et les voilà qui arrivent au village indien de Tannane dans une robe bleu glacé, et là, malheureusement, Nicolas va voir le véto. Si elle est trop fatiguée, elle ne finira pas la course. Il la récupérera à l'arrivée et Nicolas repart de Tatyana avec quinze chiens.

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Rassurez vous, il n'est pas le seul et deux attelages ont même abandonné. Il reste à parcourir les deux tiers de la course. Sur son traîneau, Nicolas rêvasse. Et soudain, il aperçoit une forme au loin dans la neige, un élan brun et blanc et un peu plus loin, tout un troupeau d'élan. Ils sont huit. Et là, attention! Il les connaît, ces chiens. Ce sont des chasseurs et il ne faudrait pas grand chose pour qu'ils retrouvent leur instinct.

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Devant devant l'épluchage et devant Fresneau devant devant. Et puis, la petite équipe arrive sans encombre à Rubi, un petit village de maisons bleu et rouge figé dans la neige comme dans tout les Tchèques, pointe Nicolas Vanier. Il trouve un stock de provisions qu'il a fait déposer pour les chiens avant le départ, parce que ça, ça ne peut pas le transporter lui même sur le traîneau. Rendez vous compte pour les 16 chiens 15. Maintenant, il lui faudra une tonne et demie de nourriture pour toute la course, une tonne et demie.

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Et puis, une fois que les chiens sont nourris, Nicolas va se retaper dans la cabane en rondins de bois. Éternelle odeur de chaussette mouillée et à un moment donné, il avait accroché son cache nez au porte manteau. Il a disparu. On lui a piqué son carnet. Il a bien des soupçons sur deux concurrents installés dans un coin, deux jumelles avec de longues tresses blondes. Mais pas question de chercher l'embrouille. Il s'en bricole une autre. Et puis, c'est tout.

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Et c'est reparti à la nuit tombée, les chiens ont un coup de mou, ils rechignent. Ils s'en mêlent. Ça suffit! Pour Cataplasme Hilo, oui, la grosse montée. Mais allez, c'est bien. C'est bien. Quand la nuit tombe, c'est toujours plus compliqué. On découvre le terrain du mètre après mètre, les dos d'âne, les virages. Nicolas ne voit même pas son chien de tête. Il faut être en alerte en permanence. Sans compter que les chiens reniflent des tas de paille au bord de la piste, laissés par les attelages précédents.

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Alors, ils ralentissent. Ils sentent. Il faut sans cesse les relancer.

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Devant devente, devant Devaud, devant, devant, devant. Au. La fatigue commence à peser. Après cinq jours de course, Nicolas Vanier décide de s'arrêter 24 heures dans le village Dos Liya. Le point le plus au nord du parcours. Et là, il a droit à un comité d'accueil en tous reached. Les enfants, dont Sylvia, il lui demandent des autographes et après quoi ils en emmènent une demi douzaine. Faire un tour de traîneau.

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Et là, il recroise les jumelles. Comment ça va? Ça se passe bien et toi, ça va. Je prends mes 24 heures ici. Super. Et vous, vous avez tous vos chiens Ragueneau. J'en ai plus que 12. Et toi, moi, j'en ai toujours qu'un bon. Allez à bientôt, profites bien.

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La gestion des chiens, c'est le nerf de la guerre pour qui veut gagner la course.

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Si Nicolas veut vraiment faire une perf. Dans les premiers, il faudrait qu'il retire des chiens de son attelage, ce qui traîne la patte. Ceux qui ont un coup de mou pour finir avec les plus endurants. Les Civi, par exemple, père et fils, qui se tirent la bourre depuis des années pour finir sur le podium. Ils ont toujours un ou deux chiens sur le traîneau qui se requinque, qui se retape et le lendemain, ils les remettent dans l'attelage.

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Et si il y en a un ou deux qui ne remonte pas la pente, il les laisse les drop, comme beaucoup de concurrents. A ce stade de la course, certains concurrents n'ont plus que huit chiens. On pourrait croire que ça les ralentit, mais en vérité, pas du tout. Un attelage se cale toujours sur le chien le plus lent, enlevé, le plus lent, et la meute va plus vite. Si on met seize chiens dans un attelage, c'est pour avoir de la réserve et pouvoir en enlever à n'importe quel moment.

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Mais Nicolas est un sentimental, c'est un affectif. Il hésite. Ce jour là, pendant toute l'étape, il hésite groupé un ou deux chiens pour gagner de la vitesse ou les emmener tous jusqu'au bout, les 15. Et tant pis si ça lui coûte quelques places au classement général. C'est son dernier voyage, alors c'est décidé, il va finir avec tous ses chiens.

[00:17:33]

Enfin, il va essayer. On s'approche de la mer. Le détroit de Béring nomme la ligne d'arrivée de la course et d'ailleurs, sur son traîneau avec ses narines glacées, Nicolas sent l'odeur de la mer. Ce matin, le ciel est jaune, très pâle, presque gris. Et d'un coup, après avoir franchi la crête d'une colline, l'horizon s'élargit. Fini la taïga. Fini les sapins. À l'horizon apparaît une immense étendue blanche et plate. C'est la banquise, c'est la mer.

[00:18:24]

On dirait, on y est. Nicolas Vanier est à 160 kilomètres de la ligne d'arrivée.

[00:18:32]

Ça va être une journée très, très particulière. Mais bon, c'est un rêve. Voilà que j'avais envie de réaliser mon rêve vers Dieu. On y va. Au même moment, les premiers franchissent la ligne d'arrivée. C'est Mitch 6v père qui arrive le premier. C'est un peu normal, il est chez lui. Il est d'Alaska et c'est son fils, Dallages, qui finit deuxième. Ils ont mis un peu plus de huit jours. Le troisième est franco américain, Nicolas Petit.

[00:19:21]

Nicolas Vanier, lui, doit franchir une dernière montagne Whiteman de taille 1.000 mètres d'altitude. Ce n'est pas le moment de flancher. Et pourtant, il était puisaient, il est tabou. Et les chiens aussi. Et le problème avec les montagnes, mais ça, vous le savez, c'est que derrière une montée, il y en a toujours une autre qui se cache.

[00:19:58]

Allez, allez, on y est presque avec les chiens. Allez, moi aussi, je suis fatigué. Allez, allez, on y va, on y va aller. La ligne d'arrivée est à l'horizon.

[00:20:14]

Combien de semaines, de mois d'années? J'ai passé les deux pieds sur les patins traîneau. Lorsque je regarde la piste derrière moi, j'ai l'impression qu'ils se rejoignent. Toute la Finlande ou le Canada, la Sibérie et l'Alaska. Nicolas Vanier franchit la ligne de l'IDI à 2017 en trente sixième position 36 sur 72. C'est pas si mal. Trente cinq ans d'aventure, des arrivées, il y en a eu tellement c'est un moment un. Suspendu où toutes les émotions se chevauchent.

[00:20:57]

Après des mois d'isolement retrouvé, la foule, la famille, les amis, c'est parfois beaucoup d'émotions, trop d'émotions. Moi, lorsque je quitterais les plateformes, se traineaux. Ce sera plus jamais montrer un tout petit chien bien pour aller goûter à un repos bien mérité.

[00:21:16]

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