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Foundiougne, cette faille par Nanaimo Sauze, câblos, grande Scharping, le seul que ce soit Hubbert, beaucoup pour un corps hors Melk, les places de match à carte. Oui, oui, Chiappe Small nagera le carburant charbon, Gayot, Campillo, loufoqueries aiment les deux appareils Tindemans et défaille.

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Feinter qu'avec Cuisez câblos, moins de Chéhab, James, Señora Seven NV Robocup, Branféré.

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Raconte Christophe Hondelatte. L'histoire d'aujourd'hui va vous faire revivre les tout débuts de l'aviation en France aux toutes premières années du 20ème siècle, à travers un personnage disparu, mais dont le nom pèse encore très lourd dans notre pays. Marcel Dassault, je vais vous raconter les épisodes fondateurs de son empire. Le premier avion qu'il voit dans le ciel? Comment il devient roi des hélices. Pendant la guerre de 14. Et comment? Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il refuse à plusieurs reprises de collaborer avec l'occupant allemand.

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Et pour le débriefe tout à l'heure, j'ai invité l'un de ses petits fils. Bonjour Olivier Dassault. Bonjour Christophe. Comme votre grand père, vous êtes ingénieur comme lui, vous êtes pilote et comme lui, vous êtes député de l'Oise. Voilà pour les présentations. Il n'a jamais été pilote, mais il s'est assis à côté de moi. Oui, il était navigateur. J'ai même un dessin ou une photographie de lui pendant pendant l'occupation, il était dans un avion comme guetteur.

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Je suis le seul pilote du nom. On se reparle tout à l'heure. Voici donc mon histoire du jour, réalisé par Céline.

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Christophe Hondelatte. Marcel né en janvier 1892, il ne s'appelle pas d'assault, il s'appelle BLOQUES Marcel BLOQUES. C'est un petit juif. Son père est médecin et sa mère s'occupe de ses quatre enfants. Marcel est le petit dernier, un peu pâlot, un peu chétif, en cinquième. Marcel obtient le premier prix de dessin et de récitation. C'est très bien, mon Marcel. Ça mérite un petit cadeau. À toi de choisir. Il réfléchit. L'année dernière, il est allé à L'exposition universelle et il y a une chose qui l'a emballé l'électricité, c'est tout nouveau.

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Jusque là, on s'éclaire au gaz et au pétrole. J'ai trouvé mon cadeau, papa.

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Je voudrais une belle boîte dexpériences électrique. Et on lui achète une boîte qui est en vérité un vrai petit laboratoire avec une bobine et un tube de Gessler. Il fait des expériences devant ses copains, ils sont émerveillés et comme il a de la suite dans les idées, il intègre une école d'électricité, l'école. Briguez rue Falguière. Et là, un jour d'octobre 1909. Marcel a 17 ans. Il est dans la cour de son école. C'est la récréation.

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Il fait beau, il lève la tête et il voit passer un avion. Ce n'est pas courant à l'époque, Blériot a fait sa traversée de la Manche il y a trois mois. Mais là, ça n'est pas Blériot qui vole au dessus de Paris. C'est le comte Charles de Lambert dans un avion des frères Wright. Il vient de décoller de Viri, Châtillon et Marcel. Les yeux écarquillés, le voient contourner la tour Eiffel. Il n'avait jamais vu d'avion.

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C'est la première fois. Il est emballé, emballé. C'est ce jour là que naît sa vocation. Et à partir de là, régulièrement, il va sur le terrain d'Issy les Moulineaux voir voler les premiers avions. La demoiselle, le Santos-Dumont. C'est ça qu'il veut faire et peu importe ce qu'en pense son père. Enfin, Marcel, je voudrais que vous fassiez médecine, c'est un bon métier, croyez moi, c'est très utile aux gens. Non, papa, je suis désolé, je voulais être ingénieur aéronautique.

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En termes d'audace, c'est un peu comme si aujourd'hui, votre fils vous disait qu'il allait ouvrir une boutique de souvenirs sur la Lune. C'est un métier qui n'existe pas.

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Et donc, il s'inscrit pour la rentrée à l'École supérieure d'aéronautique et de construction mécanique. Et en attendant, pendant tout l'été, il part en stage comme ouvrier chez le fabricant de voitures. Après le réglage des moteurs, on le charge d'aller essayer les voitures et l'air de rien, c'est une expérience importante parce qu'ils découvrent une grande usine de l'intérieur. Il s'en servira.

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Et donc, à la rentrée, il entre à l'École supérieure d'aéronautique, où il suit un cours de mécanique des fluides, un autre sur les hélices. Ça aussi, ça lui servira bientôt. Il apprend aussi comment fonctionne un ballon dirigeable. D'ailleurs, il rédige lui même un projet de dirigeable et il est classé premier. Et quand il sort, le jeune Marcel Block file au service militaire où, après trois mois de classe, il échoue naturellement au laboratoire d'aéronautique où on crée des avions expérimentaux des cerfs volants pour espionner l'ennemi.

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Il apprend il magazine.

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Et il va en avoir besoin très vite parce que c'est à ce moment là qu'éclate la guerre de 14. Et donc, il est mobilisé, mais pas pour aller dans les tranchées. l'Armée a besoin de gens qui connaissent des avions. l'Armée a besoin d'un bombardier, elle a besoin d'un avion de chasse et elle a besoin d'un avion de reconnaissance pour aller espionner les Boches.

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C'est celui là, l'avion de reconnaissance dont Marcel va s'occuper. Le Caudron G3, qui doit être fabriqué par quatre usines différentes. On le charge de coordonner tout ça et ça commence par la mise au point d'une liasse de dessins bien faits et dans l'ordre. Les premiers G3 partent au combat sur le front et Marcel va attendre les pilotes qui rentrent. Il est avide de leurs remarques. Isidor Marcel réfléchissait à quelque chose. Je pense que ça serait mieux de mettre le pilote à la place du mitrailleur et le mitrailleur à la place du pilote.

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Qu'est ce que tu en penses? Qu'est ce qu'ils en pensent? Que c'est une bonne idée. Et donc, il refait les plans du fuselage.

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John Marcé le Bloc est ensuite envoyé sur un autre projet d'avion de reconnaissance, le pharma.be. Et là, c'est autre chose.

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On le fait voler avec les pilotes. Il doit faire un rapport sur les performances de chaque appareil et les pilotes s'amusent bien sûr à faire du rase mottes, à faucher des marguerites et à faire peur aux lapins. Mais Marcel a peu de temps libre et il s'attelle à un truc qui le turlupine depuis qu'il est passé chez Codron les services. Elles, ont un rendement médiocre. Il faut trouver un moyen de les améliorer. Et donc, ils se mettent à dessiner des hélices et il décide d'en fabriquer une en bois.

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Mais comment faire? On est en pleine guerre et là, il se souvient d'un copain d'enfance, Marcel Hirsch. Son père fabrique des meubles.

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Alors, il va le voir, jeune homme. J'aime beaucoup votre esprit d'entreprise. Je vais vous aider. Je mets à votre disposition l'un de mes ébénistes et si vous voulez quelques pièces de bois, j'ai du très bon noyez. Ça me paraît très adapté. Marcel apporte ses dessins et il assiste d'un bout à l'autre à la fabrication de son Méluche, qu'il baptise l'hélice éclair et dans la foulée, il crée la société Hélice Éclair. Le centre d'essais en vol de Villacoublay lui commande 50 hélices à 150 francs pièce et en quelques mois, Marcel Block devient l'un des quatre grands fabricants d'hélice de l'époque.

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En pleine guerre et en faisant travailler tous les fabricants de meubles du Faubourg-Saint-Antoine, car il ne fabrique pas lui même pas encore. Et là, c'est drôle parce que c'est presque de l'espionnage. Quand un fabricant d'avions lui commande une hélice pour calculer le diamètre et le profil, Marcel a besoin des caractéristiques de l'avion à laquelle elle est destinée. Le poids, la surface, la puissance des moteurs, les plans, quoi. Et donc assez vite. Il connaît tous les avions, tous.

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Et donc il se sent capable à partir de ce que les uns et les autres ont de meilleur, de fabriquer son propre avion.

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Ce sera un biplace à biplace de chasse. Il s'associe avec son copain Henri, hypothèse qu'il connaît depuis l'école. Il crée la Société d'études aéronautiques hors de 1917, en pleine guerre, et il se lance dans la fabrication d'un prototype. Il y mettent toutes leurs économies. Il commence par dessiné les plans. Ensuite, il loue une petite usine à Suren. Il embauche un contremaître, des ouvriers et c'est parti. Les premiers essais ont lieu fin 1917. l'Armée leur comment?

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Ecoutez bien, oui. L'avion. Et puis là dessus arrive la fin de la guerre et la commande est annulée, bien sûr, puisque c'était la der des der. l'Armée lui dit Monsieur Block, vous pouvez fabriquer des portes ou des brouettes si vous voulez, mais des avions, je vous préviens, on n'est pas prêts à vous en recommander un. On en aura pas besoin.

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La guerre est finie. Bon, eh bien, il va lui falloir trouver autre chose. Et à la fin de la guerre, Marcel Block met ses rêves d'avion entre parenthèses et il se lance dans l'immobilier. Il achète des terrains, il construit des immeubles et il les vend par appartements. Et il fait ça, tenez vous bien, pendant 12 ans, comme la plupart des constructeurs d'avions de l'époque. Et puis, en 1930, le gouvernement s'aperçoit que les Allemands, eux, n'ont pas lâché l'affaire et les Anglais non plus.

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Ni les Américains, ni même les Italiens. Ils ont des avions modernes. La France a pris du retard, beaucoup de retard. Alors Marcel l'aviateur reprend du service.

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l'Etat lui commande un prototype d'avion postal moderne. Et Marcel se dit.

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Fini le bois, fini la toile. Je vais le construire en métal et il le fait construire par un fabricant de réservoirs. Eh bien, on ne lui en commande aucun. Tant pis. Il passe à autre chose. Il loue une petite usine et il se lance tout seul sur ses propres deniers dans la fabrication d'un avion sanitaire pour évacuer les blessés. Très inspiré, bien sûr, de l'avion postal. Ça lui prend six mois. On lui en commande vingt.

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Et puis il enchaîne avec un avion pour les colonies. Six exemplaires et un avion pour Air France à bimoteur de transport public. Et c'est à bord de l'un de ces avions, baptisé le 220, que Daladier se rend à la conférence de Munich qui va sceller le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.

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Avant la guerre, en 1936, la société de Marcel Block est nationalisée par le Front populaire. Il est d'accord, pourvu qu'on lui permette de continuer à inventer des avions. Il est d'accord, mais il met le pouvoir en garde. On est en retard. Les Allemands ont de l'avance et il est très convaincant puisqu'à la veille de la guerre, les effectifs des usines de Marcel Block sont multipliés par quatre. Sept mille employés, ce qui permet de fabriquer 40 avions par mois.

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Sauf que les Allemands, dans le même temps, on fabrique 300 par mois.

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Vous connaissez la suite? En juin 40, après une guerre éclair, les Allemands entrent dans Paris et on dit à qui la faute? Bien, entre autres. La faute à Marcel Block, à ce Juif de Marcel Block qui, avec ses avions, n'a pas été fichu de contrer l'avancée allemande. Assez vite, Marcel sent le vent tourner. Il va se mettre en sécurité avec femme et enfants dans la zone sud, à Cannes. Mais le 6 octobre 1942, il est arrêté à Lyon et les Allemands, qui savent que certes il est juif, mais que c'est un génie de l'aviation, viennent le voir plusieurs fois en prison.

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Vous ne voudriez pas travailler pour nous? Monsieur Blog. Non, il refuse net parce que. Il est patriote et de deux, il est juif. Pour lui mettre la pression. En mars 44, les Allemands arrêtent aussi sa femme Madeleine et ses enfants.

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Vous êtes certain de ne pas vouloir travailler pour nous? Mr Block, vous pourriez diriger une de nos usines. Nous vous donnerons tous les moyens. Non, il ne veut pas. Il refuse encore et en juin 1944, Marcel Block, sa femme et ses enfants sont transférés à Drancy.

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Monsieur Block, soyez raisonnable si vous acceptez de travailler pour nous, nous libérons votre femme et vos enfants aussi. Il n'en est pas question. Et donc, Marcel est déporté par le dernier convoi une semaine avant la libération de Paris, et il arrive à Buchenwald. Juifs parmi les Juifs. Quand ils arrivent dans le camp, il vouait une grande cheminée qui fume. Il demande. Qu'est ce qu'il faut Berenguer là dedans? Vous savez, ici, monsieur, on sort plus souvent par la cheminée que par la porte.

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Comme les autres, on le fait se déshabiller comme les autres, on l'emmènent à la douche comme les autres, il ressort avec une veste et un pantalon rayé. Sauf que les Allemands, qui n'ont pas encore renoncé à le faire travailler pour eux, ne lui collent pas l'étoile jaune, celle des Juifs. Il lui colle l'étoile rouge des prisonniers politiques. Et régulièrement, ils reviennent le relancer. Si vous ne collaborez pas Monsieur Block, votre famille va en payer le prix.

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Revu une fois de plus à Val, il y avait une usine qui travaillait pour l'aviation allemande, on y fabriquait des pièces pour les bombardiers V1 et V2, mais elle a été détruite juste avant son arrivée par un bombardement américain. Ils ne peuvent pas le forcer à collaborer. En revanche, ils pourraient le changer quand ils pourraient l'emmener à Dora, par exemple. Il y a une usine là bas. Alors Marcel va à l'infirmerie du camp. Il se fait injecter volontairement le virus de la diphtérie.

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Et du coup, il est transportable. Mais il est aussi malade.

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Et je vous l'ai dit depuis tout petit, il est fragile. Et là, avec la diphtérie, il dépérit à vue d'oeil. Ses jambes, lentement, se raidissent. Il ne va pas tenir. Et c'est à ce moment là qu'un déporté, un certain Marcel-Paul, vient le voir. Il est le chef du réseau communiste de Bruxelles Basketball. Le Bloc, le Parti communiste français, nous a donné pour mission de vous protéger.

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Nous ferons tout pour que vous sortiez d'ici vivant la libération Harri et en avril 1945, les djihadistes pénètrent d'embuscade VàD et parmi les survivants, ils trouvent Marcel. En France, Madeleine et les enfants apprennent la nouvelle par le frère de Marcel d'Arius, Paul, devenu à la Libération gouverneur de Paris.

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On l'a retrouvé dans le canal en avion. Et donc, un matin, ils vont l'attendre au Bourget et ils le voient descendre la passerelle avec un paquetage sous le bras. Maigre, affaibli, malade, mais vivant.

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Quand il arrive à Paris, il a la diphtérie, il est quasi paralysé. Il lui faut trois mois pour s'en remettre. Mais pendant sa convalescence, il n'a qu'une obsession reprendre la conception et la fabrication d'avions. Sauf que toutes les usines ont été bombardées. Elles sont toutes par terre. Et là, il se souvient qu'avant guerre, il avait commandé une charpente métallique à un entrepreneur. Il va le voir. Dites moi, avez vous toujours cette charpente que je vous ai commandée avant guerre?

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Oui, il l'a toujours et donc Marcel achète un terrain près de l'aérodrome de Bordeaux, à Mérignac, et il se fait livrer sa charpente.

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Il se fait construire une usine flambant neuve et évidemment, son refus de collaborer avec les Allemands le rend très fréquentable.

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D'autres industriels ont vendu leur âme à l'ennemi. Pas lui. Le général de Gaulle lui ouvre grand les bras et les communistes qui lui ont sauvé la vie à Buchenwald sont ses amis. Marcel Paul, qui était venu le voir dans le camp, est devenu ministre de la Production industrielle.

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Un jour, Marcel reçoit un étrange coup de téléphone. Pourriez vous revenir au ministère des Déportés? Nous savons quelque chose pour. Il y va et je lui laisse vous raconter la suite. Il se trouve que à 39 ans, j'ai trouvé un trèfle à quatre feuilles dans mon portefeuille. Et puis la guerre est arrivée. Je suis arrivé après Abu Cannavale et quand on arrive à Abu Cannavale, on vous fait l'essai dans une pièce spéciale. Vos vêtements et tout ce qui vous appartient?

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Extrêmement curieux. J'ai eu la chance de revenir de déportation. Ne trouvant à Paris quelques mois plus tard, j'ai été appelé au ministère des Déportés et on m'a remis des objets appartenant et notamment mon portefeuille dans lequel était toujours ce trèfle à quatre feuilles. Dans la foulée, comme beaucoup de juifs qui veulent tourner la page, Marcel décide de changer de nom. Le 12 février 1949, il devient officiellement Marcel Dassault. Pourquoi Dassault? Eh bien, parce que c'était le pseudonyme de son frère dans la Résistance.

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Dassault a t lui rajoute juste un L comme une aile d'avion. Et il décide avec sa femme Madeleine, que toute la famille se convertit au catholicisme. Ainsi, Marcel Block, devenu Marcel Dassault, se fond dans la masse des Français. Voilà donc pour cette histoire racontée à grands traits, bien sûr, peut être que Olivier Dassault, vous avez des choses à nous dire en complément de tout ça. On pourrait peut être d'ailleurs commencer par le dernier chapitre.

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Ce changement de nom. Parce qu'évidemment, renoncer à un nom juif aujourd'hui, ça paraît saugrenu. Est ce que ça vous paraît aussi saugrenu à vous?

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Non, mais il y a des petites anecdotes qu'on ne peut pas tout raconter. Mais il avait été déçu par les siens, déçu par un Juif qui, dans le camp où il portait un tricot de corps sous son costume rayé parce qu'il était très sensible au froid, l'avait dénoncé. Il s'était dit Bessis, c'est ça la solidarité. A quoi cela sert t'il d'être juif? Et puis surtout, il s'était dit que l'histoire pouvait recommencer et il ne souhaitait pas que sa famille, ses descendants vivent ce qu'il avait vécu.

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Alors ça a été très bien résumé. Nom de patronyme. Résistance de son frère. Le général Paul, char d'assaut commandé à la division des chars, a été d'abord associé à Block Block d'assaut. Et puis ensuite, il a eu l'autorisation de supprimer Block 2 et de tirer un trait sur cette période de sa vie qu'il voulait oublier. Et d'ailleurs, dans le livre, Le Talisman raconte quoi, inspiré de cette histoire de son autobiographie.

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Mais il en parle très peu.

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Quasiment pas.

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Est ce qu'il vous arrive, vous? Olivier Dassault de regretter de ne pas vous appeler Olivier bloques. Très franchement, non? Vos enfants?

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Dassault est un très beau nom. Dassault est un nom. Je ne dirai pas unique, mais presque.

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J'ai rencontré des Dassault et Dussau.

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J'ai retrouvé mes rencontres qui n'existaient pas ou non. Et c'est un nom qui, effectivement, a été très joliment expliqué. Il a rajouté le L pour l'avion. L'avion était resté juif. Néanmoins, dans le teaser, disait ce en parler?

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Non, non, vous ne pouvez pas aborder cette discussion en cette période. Oui, il en parlait de temps en temps en disant que il fallait d'abord être français avant d'être une religion. C'était ça le plus important et il reprochait parfois aux Israéliens et aux Juifs d'être juif avant d'être Français, de vouloir se marier entre eux, etc.

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C'est le côté communautariste, oui, de l'intérieur, mais par contre, respecter la pensée de chacun et la première femme n'est pas le fruit. Mais si elle l'avait été et que les mecs étaient ma décision, il n'aurait pas voulu.

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Non, il a toujours respecté la foi des uns et des autres. Mais c'est vrai qu'il voulait tirer un trait et disant si ça se reproduit un jour, vous voulez pas que sa famille puisse en souffrir? Ma maman est juive et on est juif par sa mère. Donc, vous êtes celui dont on est plus bloques.

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Je le suis, je le suis au fond de mon coeur, mais vous savez religieusement ce qu'ils sont devenus catholiques véritablement. Est ce votre père, qui était enfant à l'époque, est devenu catholique? Est ce que vous même vous avez été éduqué dans la religion catholique?

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J'ai été éduqué dans la religion catholique, mais c'est un choix que j'ai fait volontairement à l'âge de 7 ans. Choix?

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Disons que j'ai rencontré des bonnes soeurs, m'a raconté l'histoire de J'ai vu des belles images, l'histoire de Marie. Et puis je l'ai fait mienne. Et lorsqu'on est petit et surtout lorsqu'on est bordages de parler, c'est le parrain ou la marraine qui répondent oui à votre place au moment du baptême. Et là, c'est moi qui ai répondu oui, mais Marcel, et votre votre père Serge?

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Il allait à la messe? Non, pas vraiment.

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Et d'ailleurs, mon père, lui, ne s'est pas converti tout de suite. Il s'est converti beaucoup plus tard. Et pour la petite anecdote, tu peux le raconter aujourd'hui, à une époque où il lui fallait aller dans des pays du Moyen-Orient où c'était mieux vu d'avoir un certificat de baptême.

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Alors, Olivier Dassault? Moi, j'adore la première séquence. D'abord la boîte dexpériences électrique. Ensuite, c'est intérêt pour l'avion qui s'éveille en voyant passer cet avions dans le ciel. En octobre. D'où vient cet intérêt pour la technique, cette envie de devenir ingénieur? Est ce qu'il y a un atavisme familial? Le père est médecin. Oui, le père est médecin et effectivement, comme cela a été dit, il voulait que son fils soit médecin, de même que son beau père.

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Plus tard, voulait qu'il travaille dans les meubles, dans l'ébénisterie et dans le faubourg Saint-Antoine. Et quand, effectivement, il le laisse construire son hélice, il dit à ma grand mère qu'elle était son épouse parce qu'il avait fui le four.

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Qu'est ce que c'est que le fou furieux? Ah oui, la gauche existe absolument. Mais ce fou, il ferait mieux de s'occuper un peu des meubles que de s'occuper de l'église. Et puis, après deux jours de construire un avion, un ingénieur de père en fils, mon père a suivi la voie.

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D'accord, mais lui, d'où ça lui vient, si ce n'est peut être l'intérêt pour la modernité, pour l'agrandir.

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Il a toujours été intéressé par la technologie et par ce qui était nouveau. C'était un esprit très curieux. D'ailleurs, lorsqu'on a fondé Dassault Systèmes, il a trouvé ça un peu étrange, mais il y a cru.

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Ce rêve d'enfant, qu'il avait certainement cru en lui finalement, se concrétise quand il voit cet avion dans le ciel. Et il le dit lui même. J'ai compris ce jour là que ma destinée était dans les airs et faire voler le plus lourd que l'air.

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L'avion, alors, arrive là. La guerre de 14, il est mobilisé. C'est à dire que sur le plan technique, il est engagé dans l'armée. Mais en vérité, il ne va pas à l'armée et il est affecté d'abord à ce bureau d'études. Et assez rapidement, il va exercer sa fonction de soldat mobilisé à travers la construction d'une entreprise à son nom qui va fabriquer des hélices. Là, il y a un truc qui est difficile à comprendre.

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Quel est son statut?

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En vérité, pendant la guerre de 14, là, très franchement, je ne sais pas exactement quel était son statut, mais c'était cet État patriote et donc il a fait ce qu'on lui a demandé de faire. Il n'a pas cherché à esquiver, à ne pas aller sur le front au combat. Je crois que ses supérieurs, à l'époque, ont considéré qu'il était plus utile à la France et à l'armée. En faisant ce travail d'ingénieur. Et puis après, pour pas construire tout seul, même si on démarre comme un artisan, il faut construire une petite société.

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Et c'est ainsi ses premières années. Mais c'est ce qui est très beau.

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C'est cette histoire de cette commande de mille avions à la guerre, à la fin de la guerre et juste un peu qu'on ne savait pas que l'armistice est arrivée.

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Non, non, non, non. Oui, tout à fait. Et qui aurait pu être là? Parce que avoir une commande de millions pour l'époque, ça devait être absolument extraordinaire. Et puis, avoir l'annulation de cette commande est tout aussi dramatique.

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Et le désespoir?

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Et c'est ainsi qu'il change de métier pendant la guerre pour ne pas aller trop vite. Il y a deux, trois petits épisodes comme ça. Le moment où il va attendre l'atterrissage découdront pour demander aux pilotes qu'est ce qu'il y a? Qu'est ce qui ne va pas? Qu'est ce qui va? Qu'est ce que je peux améliorer? Le moment où il vole avec les pilotes chez Farman semble indiquer qu'ils aiment les usines. Ils aiment être là où ça se passe.

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Ils aiment être sur le terrain. Il n'est pas dans un bureau d'études avec du papier et un crayon.

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Ils devraient être sur le terrain. Et c'est vrai que le débriefing des pilotes était sa grande aventure. C'était là la continuité. La confirmation de ce qui allait bien. Et puis la recherche de ce qui n'allait pas bien. Il était très, très attentionné aussi auprès de ses pilotes à l'époque. Être pilote d'essai, c'était vraiment ouvrir le domaine de vol d'un avion, aller vers l'inconnu, alors qu'aujourd'hui, avec les ordinateurs et la 3D, on arrive à faire beaucoup d'essais en simulation.

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Je n'ai plus, ce n'est plus la même histoire. Ce n'est plus la même. C'était donc risqué.

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Ce qui faisait monter dans les pharmacies pour essayer les appareils CS100. C'était risqué était tout à fait risqué.

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Il n'aimait pas trop cela. Il était sensible des oreilles et c'est d'ailleurs pour ça que, sur le fond, il n'a jamais piloté. Mais je me suis toujours lorsque j'ai fait le premier vol du Falcon 50 et la première traversée de l'Atlantique sur le prototype. Il m'avait dit Mais est ce bien raisonnable de faire cette traversée?

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Oui, donc, il n'a jamais été pilote parce qu'il avait peur. Non, il n'avait pas peur et n'avait pas peur.

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Mais là, en l'occurrence, il ne voulait pas que son petit fils se prenne de risques.

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Et je lui répondit. Mais ce que le fait que je fasse cette traversée en partie pas tout seul, mais aux commandes. N'est ce pas un signe de confiance formidable vis à vis de tes futurs clients?

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Sur ce premier avion qui va traverser l'Atlantique, alors moi, je trouve qu'il y a un coup de génie pendant cette guerre de 14. Fabriquer des hélices, il finit par connaître tous les avions de toutes les marques parce qu'il est obligé, pour fabriquer l'hélice, pour calculer sa taille, son diamètre, etc. De demander les spécifications de l'avion. Et au fond, il arrive à siphonner à tous les fabricants d'avions leurs secrets de fabrication.

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Oui, mais on disait même qu'ils avaient à la terre par dessus un centimètre et qui y prenaient les dimensions des autres avions. Mais ils avaient, comme vous l'avez dit, très justement, ce génie de l'aéronautique, cette formidable intuition invention. Et au fond, sa grande phrase qu'il aimait à répéter, c'est qu'un avion pour bien voler devait être beau et c'est toujours ce qu'il a essayé de faire. Ça a été son leitmotiv. Et c'est vrai que encore aujourd'hui, nos avions, par rapport à la concurrence, n'auraient pas la prétention de dire que ce sont les meilleurs du monde.

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Mais ce dont je peux assurer, c'est qu'ils sont les plus beaux du monde.

[00:31:53]

Alors, on en arrive à l'après guerre. Bon, à cette période étonnante où fond, n'ayant plus besoin de l'aviation pour se battre pour faire la guerre, on ne voit pas d'autre utilité. Et donc, en vérité, on renonce à l'avion alors qu'il y a un développement civil. Mais on ne voit pas en 18.

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C'est absolument incroyable. On a du mal à le croire. Que l'avion aurait été inventé. On n'imagine pas qu'il puisse demain transporter des gens et des passagers. Et c'est ce qui est formidable, c'est que quand ils se lancent dans ce domaine, c'est pour transporter des blessés, pour faire un avion sanitaire. Il y a un passage intéressant.

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C'est la nationalisation de sa société en 36 par le Front populaire. J'ai vu des interviews de lui disant que ça ne pose aucun problème, pourvu qu'on me laisse continuer à concevoir des avions. Il était donc pas capitaliste, Marcel Dassault? En tout cas, en 36, il était très légitimiste. Il répétait toujours Je me soumettrait à la volonté populaire était sa grande phrase. Et c'est encore une phrase qu'il a répété en 1981, lorsqu'il était en tête des nationalisations.

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Mais il a très rapidement. C'était c'était un pionnier et il avait aussi l'âme d'un capitaine capitaine d'industrie, d'un dirigeant. Et il aimait surtout non pas subir une commande, mais aller au devant. Créer le prototype qui était celui qui l'espérait allait être commandé. Il a fait énormément de prototypes, presque une trentaine qui n'ont jamais été posés. La question se demandait sur le capitalisme. C'est que ce n'était pas l'argent, l'argent et le moteur.

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L'argent était un moyen de pouvoir réaliser, continuer à réaliser ses rêves, continuer à fabriquer des avions et quand il les vendait. Il a réinvesti dans l'outil de production ou dans la création d'un nouveau prototype.

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Je veux qu'on parle maintenant de l'attitude de votre grand père pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce refus de collaborer avec les Allemands, qui reviennent à plusieurs reprises. Et lorsqu'il est en France et lorsqu'il est à Drancy sur le point d'être envoyé à Buchenwald. Et encore quand il était à Buchenwald pour tenter de le convaincre de collaborer d'ailleurs eux aussi jusqu'au dernier moment, il pense qu'ils auront besoin de lui. Alors qu'en vérité, la libération de la France a déjà commencé.

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C'est assez bon. C'est un passage assez étonnant. J'ai lu pour écrire cette histoire sans son livre Le Talisman, qui est son auto biographie publiée au tout début des années 70. Il dit des choses, mais alors avec une pudeur incroyable, on sent qu'il n'a pas envie de raconter ce qu'a vraiment fait.

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Il avait tiré un trait sur cette période de sa vie. Je voudrais revenir sur un point c'est ce camp où il est sauvé par un communiste. Et aujourd'hui encore, lorsque je un face à face avec un communiste construit, puis renvoyé, etc. Je les désarçonnent. Je vais aller. Vous savez, moi, j'aime beaucoup les communistes parce que je ne voyais jamais un communiste qui a sauvé la vie à mon grand mère, alors il a juste une petite précision.

[00:35:01]

Je ne crois pas qu'il se soit lui même injecté le virus. Il a été mis par Marcel-Paul à l'infirmerie alors qu'il était pas très en très grande forme. Bien entendu, mais il n'était pas encore malade et c'est à l'infirmerie qu'il a pris la trappe. La trappe? La diphtérie, la diphtérie.

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A aucun moment, la menace qui pèse sur sa famille, sur sa femme et ses enfants, ne pèse dans sa décision. C'était un héros. Il s'est conduit toute sa vie en héros.

[00:35:31]

Il a eu, avant d'être emporté dans les camps et dans le camp lui même. Une attitude héroïque. Il a toujours cru en son étoile, son destin, et il a pensé que les Allemands ne créent pas leur menace. Car le jour où il touchait à sa famille, il savait que c'était fini pour eux. Plus aucune chance qu'il. On voit bien que jusqu'au bout de la guerre, mais ils espèrent qu'il va changer d'avis. Jamais je ne dirais qu'il aurait sacrifié sa famille par rapport à des menaces de collaboration.

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Mais cette pensée, il ne cède pas ça. C'est tout à fait à son honneur. Et ce qui a valu, contrairement à d'autres constructeurs d'avions mais de voitures, je dis pas de ne pas être, d'avoir l'autorisation de créer à son retour des camps, de redémarrer une entreprise et une vie. L'avionneur avec l'aviateur, c'est celui qui pilote l'avionneur, c'est celui qui construit qui et au fond. Lorsque j'ai fait l'Ecole de l'air, je l'ai fait par devoir.

[00:36:40]

Bien sûr, pour être ingénieur comme mon père et mon grand père, mais aussi pour être pilote.

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Mais est ce que vous savez pour quelles raisons? Est ce que les communistes ont ressenti la nécessité d'aller protéger Marcel, bloques à l'intérieur du camp de Buchenwald avant le Front populaire et au moment du Front populaire?

[00:37:02]

Mon grand père avait toujours de très bonnes relations avec les syndicats. Il a toujours eu de très bonnes relations avec les communistes et il avait été le premier à faire la semaine de congés payés. Lorsque l'Etat fait ensuite qu'un. Il a toujours été en avance et il donnait toujours plus que tous les autres à ses ouvriers. Il avait compris que les faire participer aux résultats de l'entreprise était quelque chose de bien sur le plan humain. C'était quelqu'un de très humain, qui avait beaucoup de coeur et c'était aussi quelqu'un qui avait compris que l'on ne faisait rien tout seul.

[00:37:34]

Et les communistes n'était pas trop social. Oui, socialiste le sauve, oui, je pense.

[00:37:41]

Formidable morale, sans morale. C'est dire que on touche les dividendes du bien qu'on a fait à l'humanité à ce moment là. Absolument.

[00:37:50]

Mais je crois que vous savez, aujourd'hui encore, lorsqu'on fait du bien ou lorsqu'on vous fait du bien, on s'en souvient. Et puis, lorsqu'on vous fait du mal, il faut l'oublier.

[00:38:02]

Mais c'est une forme de réciprocité, sans calcul, sans calcul de sa part.

[00:38:09]

Et il a toujours été très attaché à avoir de bonnes relations avec avec ses ouvriers, d'abord, avec les syndicats et moi, je n'aurai jamais une séquence. On a eu à une époque où des grèves dures et je travaillais à ses côtés étaient au Rond-Point et les agents de la sécurité descendaient par monsieur Dassault, son, etc. Mais ceci sans aucune raison d'avoir peur de mes ouvriers. Et là, il me prend par le bras et me dit Tu vois, si on a peur de ces ouvriers, il faut faire un autre métier.

[00:38:45]

Formidable leçon. En tout cas, j'ai une dernière question à vous poser le trèfle à quatre feuilles qu'il appelait son son talisman qui en a hérité, le trèfle à quatre feuilles qui était dans son portefeuille et avec lui, dans son cercueil.

[00:38:59]

Et là, il est parti avec lui. Mais nous avons tous, au fil des années, trouvé un trèfle à quatre feuilles. J'en ai même plusieurs mois et parfois même des très jolis moments. J'ai un jour ma circonscription en village, un enfant qui est venu m'apporter un député. J'ai un cadeau pour vous et il me donne ce trèfle à quatre feuilles. Et c'est vrai que c'est aujourd'hui encore notre talisman, notre porte bonheur familial et familial. Et c'est même mes frères et sœurs et moi, notre emblème.

[00:39:34]

Nous avons constitué un bloc sur WhatsApp où nous communiquons tous ensemble et qui s'appelle le trèfle. Et le trèfle n'est fort que ces quatre feuilles restent accrochées à la tige. J'adore la fin de cette interview. Merci beaucoup.

[00:39:50]

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