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La seconde jusqu'à sandalettes, voici une salade niçoise absolument exceptionnelle. L'enquête sur la mort en 1996 du patron d'un laboratoire d'analyses médicales de Nice qui s'appelait Pascal Vito. Il a fallu 15 ans pour connaître la vérité dans ce dossier. Quinze années d'hésitations. Pour débriefer cette histoire, il fallait un invité exceptionnel le procureur de la République de Nice de l'époque, Eric de Montgolfier, qui était aussi avocat général au procès, auteur d'un coup de théâtre assez couillu, histoire écrite avec Thomas Audouard.

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Réalisation Céline Debroise.

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Christophe Hondelatte. Cette drôle d'histoire débute en février 1996 dans un drôle de décor, un laboratoire d'analyses médicales de Nice, labo dans lequel le patron, un certain Pascal Vito, possède commander un appartement privé, une garçonnière. Si vous voulez, au bout du couloir, entre les microscopes et les tubes à essai, ce n'est pas banal comme décor et la suite ne l'est pas non plus.

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Un matin de février 1996, vers 10 heures du matin, une femme qui se trouve être l'ex femme de Pascal Vito, qui travaille au labo Evelyne, pénètre dans la garçonnière et elle le trouve mort, tout habillé, étendu sur son lit, avec près de lui, un bout de papier sur lequel est écrit ceci.

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Valium Terral, une Barbie rapide, trois médicaments dont le mélange est très efficace pour se donner la mort. C'est un suicide.

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Les policiers arrivent et comme c'est d'usage pour un suicide, le procureur ordonne non pas une autopsie avec démontage complet du corps, mais un examen externe par un médecin légiste et l'ex femme de Pascal Vito, qui a découvert le corps et convoqué au commissariat.

[00:02:16]

Il était très dépressif ces derniers temps, mais il n'avait pas bien du tout. Il y a trois jours. Il m'a dit qu'il voulait mettre fin à ses jours. Ce n'était pas la première fois. Il avait déjà parlé plusieurs fois d'en finir. Je me suis dit il n'ira pas au bout. Cette fois, il l'a fait.

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Et maintenant, venez avec moi dans la salle d'autopsie, le docteur Séba, médecin légiste, est à la manœuvre.

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Nous procédons au déshabillage du corps virgule et nous constatons les points suivants deux points. Pas de traces de coups, pas d'hématomes, pas de lésions traumatiques. La mort est survenue dans la nuit qui précède la découverte de corps, aux alentours de 23 heures. Selon nos constatations Virgule la mort semble résulter d'une auto autorises par injection massive de médicaments de la classe des tranquillisants.

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Auto en langage médical, ça veut dire suicide, c'est un suicide, avec une bizarrerie tout de même. On a retrouvé aucune boîte de médicaments près du corps, et pas non plus dans le reste de la garçonnière. Bizarre. D'où cette demande des policiers qui assistent à l'examen par le légiste.

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Dites au docteur, vous pourriez faire des prélèvements en vue d'une analyse toxicologique. Il s'agit juste de vérifier que Pascal Vitaux est bien mort d'un coquetel de Valium, de Terral et de barbituriques. Et après, on pourra boucler le dossier. Et d'ailleurs, le corps est immédiatement rendu à la famille sans même attendre les résultats. C'est un suicide, ça saute aux yeux. D'autant qu'on vient de l'apprendre. Pascal Vitaux était bipolaire. Une maladie psychique qui conduit plus de la moitié des malades au suicide.

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Alors, certes, il n'y a pas de plaquette de médicaments dans la garçonnière et Vito n'a pas laissé de lettre pour ses enfants. Mais c'est un suicide et un suicide. C'est très intime. Ça ne se raconte pas. Je suis désolé. Bye-Bye. Les obsèques de Pascal Vitaux ont lieu trois jours après la découverte du corps à la cathédrale Saint Répara, dans le Vieux-Nice. Toute la famille de Pascal Videau est là son ex-femme, ses enfants et aussi ses amis et bien sûr, ses collègues du laboratoire, dont l'associé de Pascal Vitaux, le docteur Dominique Com.

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Après les funérailles, tout le monde se retrouve comme c'est l'usage dans un café près de la cathédrale. Et là, le docteur va voir les enfants. Vous devez savoir que j'ai vu votre père quelques heures avant sa mort. Il était très déprimé, très, très angoissé. Au point d'ailleurs que j'ai dû lui administrer une injection calmant de l'écho. Vous savez, il n'était vraiment pas bien, a fait nouveau ça avant d'avaler le coquetel Valium Terral N barbituriques, Pascal Vitaux aurait donc reçu une injection, décoiffent Niles, un anxiolytique de la part de son associé.

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Et le soir même, au dîner qui rassemble la famille et les amis proches, les enfants en parlent naturellement aux copains médecins qui sont là.

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Vous savez quoi? Comme lui a fait une injection de Coigny, j'ai appris cela tout à l'heure. Une injection d'Écaussinnes. Mais autant que je me souvienne, Numico, une médecine Coigny, ça se braham comprimés. Ou alors ça s'administre un intramusculaire. Mais ça, ça éjectent pas en intraveineuse, non? Dans mon souvenir, c'est même écrit sur les ampoules voy intramusculaire. C'est bizarre, ça, non?

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Quelques jours plus tard, les résultats des analyses de sang ordonnées par le procureur. Et là, surprise.

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Bon, alors on a bien retrouvé des traces de balles anglaise Lépine, ce qui pourrait correspondre à une prise de Valium. En revanche, aucune trace de Terra Hanin ni de barbituriques. Strictement aucune. Et donc, on a un problème parce que je vous le dis tout de suite, on ne meurt pas d'une prise de Valium, surtout dans les doses qu'on a retrouvées. C'est une révélation considérable. Les enfants se disent que leur père ne s'est pas suicidé. Alors il décide de porter plainte.

[00:07:15]

Une plainte qui ne vise pas directement le docteur comme. Mais eux, ils l'ont clairement dans le viseur. Et d'ailleurs, quand ils portent plainte, ils évoquent cette injection, décoiffent Niles en intra veineuse. Et il signale au passage que depuis la mort de leur père, le docteur Com a pris pleinement la tête du laboratoire. Sur cette base, le procureur ouvre donc une information judiciaire. Un juge d'instruction est nommé et à partir de là, rien.

[00:07:49]

Une année s'écoule sans que le juge ne procède à aucune analyse complémentaire à la recherche de l'équation. Il faut attendre une année entière avant que le juge, enfin, demande à l'expert toxicologue d'effectuer de nouvelles analyses sur les échantillons de sang qui ont heureusement été conservés par l'Institut médico légal. La question posée à l'expert est bien sûr la suivante y a t il dans le sang de Pascal Videau des traces de mes proba mattes, qui est le principe actif de l'équation?

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Ils vont chercher les analyses que le procureur m'a demandé.

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Il y a bien du mépris banal dans son sang et des quantités très élevées, très élevées, audite, c'est à dire 15 fois supérieur à la prise en comprimés. Ça me paraît énorme. D'ailleurs, je me demande si je n'ai pas fait une erreur. Si vous le permettez, je vais recommencer toutes mes analyses à je vous tiens au courant. Et il recommence. Il n'a pas fait d'erreurs la dose des Coigny, l'administré à Pascal Vitaux et une dose de cheval administré par intraveineuse.

[00:09:06]

Qui plus est, et qui est donc allé directement au cœur. Le docteur. Com ne pouvait pas ignorer qu'avec une dose pareille, il allait plonger son collègue dans le coma qu'il allait le tuer. Il ne pouvait pas l'ignorer et pourtant, il l'a fait. Et la suite est donc logique. Le docteur Dominique Com est convoqué par le juge d'instruction. A mesure, je vous informe que j'ai décidé de vous mettre en examen pour homicide involontaire contre la personne de Pascal Vitaux et quand ils l'interrogent quelques jours plus tard, voilà comment le docteur s'explique mal ce jour là, le 27 février, j'étais au labo et vers midi, Pascal Vitaux trouverait.

[00:09:57]

Il m'a demandé de l'aide avec lui dans l'appartement qu'il occupait au laboratoire. Et là, il m'a dit que lui qui souffrait, qu'on. Et qu'il était très mal. Et puis s'est mis à sacrifier le corps ostensiblement. Vous devez savoir que chez nous, c'est un signe qui veut dire Bouskoura.

[00:10:19]

Chez-Nous. Vous voulez dire par là bas, les francs maçons, quoi? On était tous les deux francs maçons dans la même loge. Et là, il m'a tendu une ampoule de guanine et m'a demandé de lui injecter l'ampoule. Je lui ai dit que je n'avais pas la bonne seringue pour une intramusculaire parce que bon ça en injectant en intra musculaire en général. J'ai voulu aller chercher une autre seringue.

[00:10:49]

Il m'a dit C'est pas grave. Finalement en intraveineuse. Et donc, j'ai sorti l'ASRA, un quoi, je lui ai fait un garrot, j'ai fait ce qu'il me demandait.

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Mais vous saviez, Karmen Traviole, ça pouvait le tuer, n'est ce pas? Bah non.

[00:11:11]

Je me souviens que pendant mes études à l'hôpital Cochin à Paris, ça nous est arrivé de faire des injections d'Écaussinnes en intraveineuse et des petites doses.

[00:11:20]

Bien sûr, oui, mais. Sauf que là, docteur, il ne s'agit pas de petites doses. Assis chez moi, j'ai le, je lui ai injecté une dose infinitésimale. Même pas un cinquième de l'ampoule.

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Tellement petite, d'ailleurs, que Cocon n'était pas loin de l'effet placebo.

[00:11:41]

Vous noterez que ça ne colle pas du tout avec le rapport de l'expert toxicologue du tout.

[00:11:57]

Et là apparaît un problème d'horaire le légiste dit dans son rapport que Vito est mort à 23 heures. Or, le docteur, comme dit qu'il a pratiqué son injection vers midi. Alors soit le légiste s'est trompé. Soit le docteur. Com ment. Et d'après le témoignage de l'ex femme de Vito, Évelyne. Moi, je suis allé voir Pascal dans son appartement aux alentours de 19h30. Il était vivant et j'y suis resté jusqu'à 9 heures du soir et quand je suis parti, je l'ai laissé avec le docteur.

[00:12:33]

Il est resté seul avec lui, j'en suis certaine. Vous n'êtes pas juge d'instruction et moi non plus, n'est ce pas? Mais enfin, il n'y a pas besoin d'avoir fait cinq ou six années d'études de droit pour conclure de tout cela. Qu'il y a un gros problème, que l'hypothèse que le docteur. Com est tué son associé en lui injectant une dose létale des qu'Hannibal et sérieuse Banon. Le juge d'instruction retient l'hypothèse d'un suicide et il prend une ordonnance de refus de plus ample informé, c'est à dire que le dossier est classé.

[00:13:04]

Imaginez la tête des enfants de Pascal Vitaux immédiatement. Il conteste la décision du juge et ils rencontrent une oreille attentive, celle du procureur qui lui aussi a de gros doutes sur le docteur comme résultat début 1998. L'enquête redémarre. Ouf! Et elle va s'intéresser à une question négligée jusqu'ici le mobile. Quel serait l'intérêt du docteur, comme de faire disparaître son associé Pascal Vito?

[00:13:42]

Et là, il faut que je vous dise quelque chose que je ne vous ai pas encore dit, Pascal Vitaux était à la tête de ce gros laboratoire d'analyses médicales, le laboratoire du Pont-Neuf. C'est lui qui l'a créée. Une belle affaire. Mais officiellement, ça n'était pas lui le patron. Pour une raison très simple, il n'était pas du tout docteur. Il n'était pas médecin. C'était un homme d'affaires hors la loi française, c'est très clair. Un laboratoire biologique ne peut être dirigé que par un médecin.

[00:14:14]

Et c'est là qu'apparaît le docteur comme biologiste de bonne réputation. Mais effacez pas assez d'ambition pour créer son propre labo. C'est Évelyne, la femme de Vito à l'époque, qui lui a présenté le docteur comme elle aussi d'ailleurs, qui, pour obtenir les crédits des banques pour racheter le labo, a mis en gage sa maison. En contrepartie, elle détient un quart des parts du laboratoire et le reste le reste. La loi française. Là aussi est très claire.

[00:14:43]

Le reste doit obligatoirement appartenir au médecin qui le dirige et donc au docteur. Comme dans la tête de Pascal. Vito n'est qu'un prête nom. Que les choses soient bien claires. Le patron, c'est lui. Et d'ailleurs, ils ont un accord secret à un pacte. Un tiers des parts chacun. Mais fiscalement, ça ne peut pas apparaître. Ce qui fait qu'à la fin de l'année, quand vient le temps de la distribution des bénéfices, le docteur.

[00:15:12]

Com prend trois quarts du gâteau et Évelyne, un quart. Et Pascal Videau. Alors, comment lui sortir son argent? Et il en a. Et bien, il tape dans la caisse tous les soirs, il ramasse le liquide tranquillou dans sa tête. C'est normal, c'est lui le boss. Et d'ailleurs, les policiers qui mènent l'enquête sur son possible meurtre s'aperçoivent que ce n'est pas la première fois que Vito tape dans la caisse. Et là, je vais réveiller de vieux souvenirs que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.

[00:15:49]

Jacques Médecin, ça vous dit quelque chose? Député maire de Nice de 1966 à 19 990. Trois fois ministre, Les Tontons flingueurs de la Côte d'Azur. Ami avec les puissants de Paris et avec les marlou de la région niçoise. Sulfureux, très sulfureux. Et un jour, médecin dit à Vito Burdinnois Pascal.

[00:16:14]

Je voudrais que tu mettent au service du maire de Draguignan, il a besoin d'un coup de main.

[00:16:18]

Je te fais confiance en Vito, crée une association paramunicipale et déjà il tape dans la caisse. Il détourne une patate, un, mais il ne fait pas assez et il file en prison pour 54 jours. Et c'est quand il sort, en 1986, qu'il rachète le laboratoire. Voilà toute la tambouille qui entoure cette affaire.

[00:16:47]

Alors, au début ou au laboratoire, tout va bien. Et puis, en 1994, le vent tourne. Evelyne demande le divorce et c'est à ce moment là que Vito s'installe dans sa garçonnière au labo. Et là, d'un coup, il perd de sa superbe. Il plonge dans la dépression et répétait tout le temps cette phrase.

[00:17:09]

Il disait Il faut que j'aille rejoindre mon père. Il voulait mourir. Et puis arrive le jour où il annonce à ses associés Je veux vendre mes pas. D'autres projets séparent, mais quelle part? Officiellement, il n'y a pas d'OPA, mais dans sa tête. Oui, il a un tiers des parts.

[00:17:31]

Ils ont aurait un impact, non? Le docteur, comme sinsurge. Mais ils ont écouté. Gonflé Pascal. Avec tout ce que tu attablées, tapé dans la caisse avec le train de vie a eu depuis des années sur notre dos, Évelyne et moi, rien de rien. Ce n'est pas si simple. Pascal Vito est tout sauf un naïf au titre de leur pacte à un tiers, un tiers, un tiers. Il leur a fait signer à tous les deux Évelyne et le docteur que des reconnaissances de dettes.

[00:18:03]

Je te préviens, Dominique, si tu me fais chier, si tu ne paie pas mes parts du labo, je sors les plats, les plats qu'on a signé. Le voilà le mobile possible. Le pognon, le flouze, la maille est toujours de mise.

[00:18:21]

Ça, quand c'est pas le cul, c'est la Tùng. A ce moment là, l'enquête bénéficie d'un coup de pouce. La dernière maîtresse de Pascal Videau, Christine, a vu le docteur. Com quelques semaines après la mort de Vito et elle l'a enregistré leur conversation.

[00:18:54]

Confirmation que le sujet qui opposait les deux hommes est bien le rachat des parts fantômes de Vito.

[00:19:05]

Autre chose? Plusieurs témoins rapportent que Évelyne, l'ex femme de Vito, a découvert le corps aux alentours de 10 heures, mais elle n'a appelé les flics qu'à midi. Et qu'a t elle fait pendant tout ce temps? Elle a fouillé la garçonnière. Et que chercher telle reconnaissance de dette? Et si oui, pour son compte ou pour celui du docteur? Comme quel est le rôle exact d'Évelyne dans cette affaire? Voilà quoi. L'enquête est terminée et l'hypothèse est assez lourde que le docteur.

[00:19:45]

Com a tué Pascal Videau. Non merci. Vous êtes d'accord avec moi. Et pourtant, le juge d'instruction conclut à une erreur médicale, une simple erreur de dosage. Et il décide de renvoyer le docteur comme non pas devant la cour d'assises, mais devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Décidément, on a l'impression dans cette affaire que la justice ne veut pas aller au bout. Et pourquoi là, on en est réduit aux hypothèses. Mais il y en a une qui fait son chemin dans la tête de beaucoup la franc maçonnerie, les réseaux maçonniques.

[00:20:25]

Car le docteur comme les franc maçons comme Pascal Vitaux, l'était d'ailleurs. Et il se dit qu'au tribunal de Nice, à cette époque, les francs maçons sont comme chez eux. Et donc, en octobre 2002, Dominique Com comparaît devant le tribunal correctionnel de Nice pour homicide involontaire. Il encourt trois ans de prison maximum. Sauf qu'à la fin, le tribunal lui même conclut que les faits sont criminels et que dès lors, il est incompétent à les juger.

[00:21:06]

Le bon sens est de retour et sept ans après la mort de Pascal Videau, un nouveau juge d'instruction est désigné et l'enquête est confiée aux gendarmes qui placent immédiatement le docteur, comme Évelyne sur écoutes. Mais rien ne bouge.

[00:21:24]

Alors un jour, les gendarmes débarquent au labo sous le prétexte de faire des photos de La Garçonnière. Et quand ils arrivent, ils tombent sur Évelyne, charmante. Ce jour là, les gendarmes ont une idée derrière la tête trouver les fameuses reconnaissance de dette. On leur a dit que, peut être, elle était dans le faux plafond. Alors, il retourne le faux plafond et il ne trouve rien.

[00:21:45]

Mais Évelyne a vu qu'il cherchait. Et c'était ça aussi le but des gendarmes la faire réagir, la faire bouger. Parce que n'oubliez pas qu'elle est sur écoute. Et ça marche. Quelques jours plus tard, elle appelle un ami.

[00:22:06]

C'est du lourd, ça.

[00:22:08]

Et dans la foulée, les gendarmes passent à l'action. Ils interpellent Évelyne et avec elle, 17 personnes de son entourage. Et c'est très payant parce qu'on leur donne les fameux pas. La preuve de l'accord secret entre comme Vito et Évelyne. Et ça, en garde à vue. Évelyne l'assume totalement, mais ça n'est pas le sujet. Le sujet, c'est la mort de Pascal Vito. Je pense que Pascal a demandé au docteur Dominique de se suicider et je pense que Dominique a accédé à sa demande.

[00:22:42]

C'est tout.

[00:22:44]

Elle n'avait encore jamais dit ça. C'est la première fois qu'elle met en cause le docteur, comme pour l'instruction. Ça change tout. Le docteur n'a donc pas fait une erreur de dosage. Il l'a tuée à la demande de Vito. Peut être, mais il l'a tuée. Et là, là, il est bon pour la cour d'assises.

[00:23:12]

Dans la foulée, le juge d'instruction ordonne l'exhumation du corps de Pascal Videau ça, je vous le dis tout de suite, c'est assez crados parce que le corps est là depuis neuf ans. Il est très, très abîmé et d'ailleurs, c'est tellement crado que beaucoup d'experts se défilent. Mais un expert parisien accepte de chercher dans ce qu'il reste des traces des koinè, c'est à dire dans le foie et surtout dans les cheveux. Car les cheveux, vous devez le savoir, gardent la mémoire de toutes les substances que le mort a consommé.

[00:23:44]

Et il conclut que Pascal Vitaux a reçu en injection non pas une, mais deux ampoules, des il et comme les cheveux ont la mémoire de tout. Il établit que l'injection a eu lieu à 18 heures 30. Et ça, ça confirme que le docteur. Com est bon pour la cour d'assises. Quoi qu'en pensent ses copains franc maçon. Le procès devant les assises s'ouvre le 29 juin 2009. Le docteur est jugé seul. Le juge a décidé finalement d'épargner Yvelines et ce procès a l'honneur d'avoir pour avocat général le procureur de la République de Nice en personne, Eric de Montgolfier, qui n'est pas là par hasard.

[00:24:41]

Dans ce dossier, il a un compte personnel à régler, car il a engagé un combat contre les réseaux francs maçons dans la justice niçoise. Et ça n'est pas un fantasme de sa part. Je vous raconterai un jour l'affaire Agnès Le Roux à Nice. Justement, comment le suspect, Jean-Maurice S'annuler, a été protégé par les réseaux maçonniques. Bref, Eric de Montgolfier a trouvé dans ce dossier une belle occasion de ronger son os favori.

[00:25:16]

Et c'est parti dès le début. Dominique, comme est à la peine et le coup de grâce, est porté par l'expert toxicologue qui a identifié les guanine dans le corps de Pascal Vitaux. Vous savez, il est extrêmement difficile d'injecter de Coigny. Avec les seringues que le docteur, comme dit avoir utilisées, il faut beaucoup de force, beaucoup d'insistance, beaucoup de persévérance. Je dirais que ça prend au moins dix minutes. Autrement dit, à mon sens, ça marque la volonté de tuer ou c'est pas bon, ça, c'est pas bon du tout.

[00:25:54]

Mais vous le savez, c'est à la fin de la foire qu'on compte les.

[00:26:04]

L'expert parisien, qui a bien voulu examiner le cadavre pétrifié de Pascal Vitaux, vient alors à la barre. Je vous rappelle que c'est lui qui a affirmé qu'on avait injecté à Vito deux ampoules déconnait et finalement, il n'en est plus tout à fait certain. Il a un doute. Les experts. Et là, basculements. On commence à se dire que peut être le docteur comme lui a injecté, comme il le dit, une faible dose d'inconnu pour le calmer.

[00:26:35]

Et qu'après son départ, Pascal Vito, qui était au fond du trou, s'est peut être envoyé une plaquette entière des qu'Hannibal en comprimés, ce qui expliquerait le dosage retrouvé dans le corps. Ça n'est pas certain, mais ça n'est pas impossible. Et là, vous allez me dire mais non, puisqu'on n'a pas retrouvé de plaquettes vides près du corps. Sauf qu'un témoin, un ami d'Évelyne, son confidents, vient dire à la barre Graveline elle même a jeté les plaquettes à la poubelle pour faire croire à un suicide.

[00:27:10]

La suite est logique et même l'avocat général Montgolfier, qui était venu là pour régler des comptes, est obligé de le reconnaître.

[00:27:19]

Vous le savez. Règle dans la justice. C'est que le doute doit toujours profiter à l'accusé. Et dans ce dossier, reconnaissons que nous avons un doute. J'adore les avocats généraux qui ont les couilles de dire ça, ils sont très rares et pourtant Montgolfier n'a fait que son devoir et du coup bas, l'issue est logique elle aussi. Dominique, comme à qui t'es? Eric de Montgolfier pardon, merci de ne pas avoir trouvé d'autre mots que le mot couille pour qualifier votre revirement, mais c'est le mot qui m'est venu comme je suis sans filtre.

[00:28:14]

Je ne vous ai pas vu depuis cette époque.

[00:28:19]

Alors c'est extrêmement rare qu'un avocat général se comporte comme ça. Est ce que ça vous était déjà arrivé de faire ça? C'est à dire? Vous vous représentez l'accusation dans un procès d'assises. D'où? Demande finalement, à la fin l'acquittement du prévenu.

[00:28:35]

Ça m'est arrivé assez tôt dans ma vie professionnelle puisque la première année de mes fonctions, j'étais substitut du procureur Acon. J'ai eu l'occasion, en préparant un dossier, de me rendre compte que l'un des accusés ne pouvait pas avoir commis les faits qu'on lui reprochait. Il avait subi un traitement assez particulier. C'est sur une règle en quelques heures qu'il avait tout d'un coup acquis le besoin de reconnaître des faits qu'il nie nié auparavant. Je me souviens bien d'être allé voir un peu en avance.

[00:29:14]

Ce jour là, la cour d'assises et les présidents magistrats chenu auxquels je ne pas vous surprendre. Mais j'ai l'intention de demander l'acquittement de cet accusé président. Je me dis mais ne faites pas ça, mon cher collègue, ne le faites pas. On vous sent, vous aurait rapporté, vous, à la sagesse de la cour et que ce n'est pas comme ça que je vois mes fonctions. Je crois parce que je suis persuadé que cet accusé n'y est pour rien qu'il faut.

[00:29:50]

Je lui dise ça fait partie de mes fonctions et c'est ce que l'on attend d'un procureur de la République.

[00:29:57]

Mais vous êtes d'accord qu'en en général, les avocats généraux, au contraire, s'enfoncent dans le rôle de l'accusateur?

[00:30:04]

Oui, mais que voulez vous dire? Ça fait partie du folklore judiciaire. Si je peux me permettre ce vilain mot à propos de quelque chose si grave. Le procureur de la République dans l'opinion publique, dans l'idée générale. C'est quelqu'un qui accuse d'ailleurs dans cette affaire l'affaire Mojitos. Après que j'ai indiqué qu'il n'y avait pas assez de preuves pour que je puisse requérir une condamnation. Je me suis fait prendre dans la presse à partie par qui? Par les avocats de la partie civile, c'est à dire les avocats des enfants de Vito à qui ils n'avaient pas admis que je prenne cette position.

[00:30:48]

Et ils disaient oui, oui. Ce n'est pas normal. Comment le procureur de la République n'a pas soutenu l'accusation? C'est pourtant son rôle qui est curieux. C'est que les avocats de la partie civile, l'un des deux, lequel avait commencé son intervention juste avant la mienne, c'était sa place en disant cette affaire aussi ressemble à un appel auquel il manque des pièces. Mais comment ne pas dire que le procureur de la République n'était plus en mesure de réclamer une condamnation?

[00:31:25]

Et le rôle du procureur n'est pas d'obtenir une condamnation et de tenir la condamnation du coupable. Pas oublier l'un des éléments essentiels. Coupable, alors? Vous l'avez très bien expliqué dans votre plaidoirie.

[00:31:41]

Le doute doit profiter à l'accusé. Je précise que ça n'est pas une règle morale. C'est l'article 300 1 du Code de procédure pénale qui le dit noir sur blanc. Je lis. L'accusé est présumé innocent. D'où peut profiter ce texte lu au début du procès, d'ailleurs? Les juges et les jurés et me dire je le jure. Oui, mais si vous voulez, j'ai peur que la cour d'assises. Cet effet pervers, c'est un tel théâtre qu'on oublie parfois l'essentiel.

[00:32:14]

Chacun est tenté de jouer un rôle. Le procureur joue le rôle du procureur, l'avocat de l'avocat. Chacun joué un rôle. C'est dangereux. C'est l'idée même que l'on recherche, c'est à dire la justice. Vous disiez tout à l'heure c est pas faux d'ailleurs. C'était pour moi l'occasion de démontrer des vilénies que pouvait faire apparaître une trop grande proximité maçonnique. Mais en réalité, il n'est pas le sujet. Oui, ça peut exister. Mais le sujet, est ce que l'homme ou la femme que l'on poursuit est non coupable?

[00:32:55]

Sénéchaussées. Et quand il vous apparaît à un moment, et on y a passé plus d'une journée, quand M. Vous apparaît que celui qui est dans le box, même s'il se réforma les dieux, sait que celui ci défendait mal si on ne lui trouve pas toutes les raisons. Avec la preuve qu'il a commis les faits qu'on lui impute, eh bien il faut, il faut s'arrêter. C'est pas ou c'est pas parfois s'arrêter que l'on commet des erreurs judiciaires.

[00:33:23]

Quand vous retirez l'acquittement de comme on est d'accord qu'il faut aussi entendre que vous n'avez aucun élément qui mettent en cause les réseaux francs maçons dans la longue immunité dont il a bénéficié.

[00:33:36]

Ce n'était pas vraiment le sujet du dossier. Quand j'ai demandé à un substitut devant le tribunal correctionnel d'aller soutenir que la décision du juge d'instruction, c'était le fameux juge Renard, déjà celui qui me préoccupe tant que j'étais arrivé en 99 à Nice. Quand j'ai demandé à mon substitut, c'était pour aller devant la cour d'assises parce qu'il me paraissait que la procédure était bizarre. Elle était bizarre aussi parce qu'elle était effectivement truffée de francs maçons. Les parties, sans doute, mais parmi les enquêteurs aussi.

[00:34:19]

Cette instruction, dont le juge d'instruction, celui qui avait tant de peine à envoyer une cause devant la cour d'assises, c'était un ensemble d'interrogations qui se posaient et qui méritaient qu'on l'éclaircissement judiciairement.

[00:34:38]

Mais ma question était la suivante lorsque vous requéraient à la fin l'acquittement du docteur. Vous constatez aussi, du coup, qu'il n'y a pas eu d'interaction avec la franc maçonnerie ou pas, comme si c'est bien secondaire. Oui, si vous voulez. Le problème n'était pas là pour moi. Le problème était de savoir ce qu'il y a des charges suffisantes contre le CUSM pour que je puisse requérir une condamnation, dit que j'ai requis l'acquittement, la sémantique. Mais c'est pas le temps de vous rappeler qu'il doit bénéficier à l'accusé.

[00:35:15]

Voilà, j'ai dit je ne suis pas en état de démontrer des charges suffisantes pour requérir une condamnation, me prononce face voleraient et je ne me prononce pas sur une éventuelle intervention de deux réseaux maçonniques ou autres. Peut être qu'ils ont bougé. Peut être qu'ils ont eu de l'efficace, mais c'est précisément ce n'est pas le sujet dans mon cas.

[00:35:39]

Alors vous, à cette époque, vous êtes donc procureur à Nice? Vous avez été nommé par la garde des Sceaux Elisabeth Guigou faire le ménage? Clairement oui, dans la justice niçoise, c'est à dire faire tomber les réseaux francs maçons.

[00:35:54]

Ce que disait la ministre, c'était il ne faut pas que Nice ressemble à la Corse. Désolé pour les Corses, mais c'est l'expression qui est utilisée. Vous la voyez en face, c'est son directeur de cabinet que je n'ai pas vu à ce moment là. J'ai vu son directeur de cabinet.

[00:36:11]

D'ailleurs, c'est assez courageux pour Elisabeth Guigou, qui est donc socialiste et on sait que c'est dirigeants socialistes. À cette époque là, il y a pas mal de gens qui sont membres du Grand Orient.

[00:36:21]

Oui, mais je dois aussi, à la vérité, de dire que c'était peut être moi et Elisabeth Guigou qui voulaient que j'aille à Nice, que Lionel Jospin qui était premier ministre.

[00:36:32]

Vous, Ansermet, donc aujourd'hui qu'il y a eu des réseaux francs maçons à l'œuvre dans la justice de Nice dans les années 80 et 90?

[00:36:42]

Oui, quand je suis arrivé en 99 sur un front fortement dégradé, c'est moins qu'on puisse dire au tribunal de grande instance. J'ai essayé de comprendre un certain nombre de malfaçons et malfaçons en matière judiciaire. Ça peut venir d'un ensemble de choses, d'incompétence, d'erreurs, etc. Mais parfois, je rêve à mon entourage. Expliquez moi que bout d'un moment, on a fini par me dire mal cherché par la Grande Loge nationale française. C'est elle qui s'est implantée au tribunal avec quelques magistrats, dont le renard qui était doyen des juges d'instruction.

[00:37:27]

Un homme d'ailleurs plutôt habile et sachant bien utiliser le droit et le chemin qu'on veut donner aux droit qui compte pas uniquement la manière dont on se sert du droit. Et. J'ai vu les choses d'une autre manière.

[00:37:43]

Si vous avez des exemples concrets, parce que peut faire un magistrat d'une façon adoucie pour faire sortir l'accusé par la petite porte sous prétexte que son frère a écopé, il est arrivé qu'un élu important du département était impliqué dans une autre.

[00:38:03]

C'était une affaire financière, gentille crapulerie. Il a été mis en cause par la rumeur publique et il était maçon hier aussi, je crois, et le juge d'instruction, curieusement, ne l'a pas entendu. Il ne l'a pas entendu, mais il a reçu des pierres de sa main. Il savait diriger l'instruction, toujours. Le journal a reçu cet élu. Il lui a demandé des explications. Atocas, il a écouté. Il ne l'a pas entendu au sens judiciaire.

[00:38:37]

Il n'y a pas eu de procédure et on sait qu'il l'a écouté puisque cet élu lui a remis les pièces qui étaient censées le disculper. J'en ai parlé avec le doyen juste après, quand j'ai commencé à comprendre un certain nombre de choses. Mais expliquez moi comment avez vous pu recevoir des pièces de cet élu alors même que vous n'avez pas jugé utile de le convoquer pour l'entendre? On vous a répondu je ne voulais pas le compromettre pour vous accuser d'être obsédé.

[00:39:14]

Eric de Montgolfier pris par les francs maçons, par la justice aussi. Est ce que c'est une statue ou est ce que c'est encore une spécialité niçoise ou est ce que c'est assez répandu, même encore aujourd'hui, à votre avis? Dans le monde judiciaire?

[00:39:31]

Je ne sais pas ce que je suis à la retraite depuis 2013, donc je me suis un peu éloigné. Avoir raison. Je ne vois pas trop ça parce que ce nombre d'avocats, notamment m'ont Mondi, parfois notaire, m'ont dit que n'avait pu se faire une clientèle parce qu'on les avait incités à entrer dans la maçonnerie et sur le thème Si on rentres pas en maçonnerie, tu n'y arrivera pas. Alors j'espère que ça a changé parce que c'est pas une bonne chose.

[00:40:06]

Je connais des maçons vénètes, alors on ne va pas dire à un maçon, c'est forcément malhonnête. Simplement, il ne faut pas trop créer les conditions de la tentation à les lire. C'est ça le problème. Je vais vous faire une confidence mon boulot.

[00:40:21]

Si on m'a dit ça aussi dans le journalisme, si t'es pas franc maçon, tu peux faire une croix sur ta carrière.

[00:40:27]

Mais je connais même un de vos confrères qui ne ferait pas la chaine. Les voleurs travaillent tout seul. Avait dit qu'un jour, il parlait Fenway et il s'était fait tirer les oreilles par le président de la chaîne qui l'avait prié de se taire.

[00:40:43]

Je vous remercie infiniment de Montgolfier d'avoir accepté de revenir sur cette vieille très vieille affaire.

[00:40:51]

Système d'histoire, dispositif d'écoute et surtout.