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Christophe Hondelatte Bonjour à tous! Vous connaissez sans doute Jacques Séguéla, le publicitaire célèbre pour avoir fait la campagne de François Mitterrand en 1981, la fameuse Force tranquille? Eh bien, c'est un petit bout de son histoire que je vais vous raconter aujourd'hui devant lui, puisqu'il est là. Bonjour Jacques Séguéla. Bonjour! Quel bonheur d'être là en 1958! Vous aviez alors 25 ans et avec l'un de vos amis, Jean-Claude Baudot, vous vous êtes lancé dans un tour du monde en touche.

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Ça vous a pris treize mois? Vous avez parcouru 100 000 km. Vous avez vécu des tas d'aventures? Absolument incroyable. Et en rentrant, vous avez écrit un livre qui, en 1960, a été un best seller. Nos auditeurs s'en souviennent peut être La terre en rond, paru à l'époque aux éditions Ouest-France et réédité d'ailleurs trente ans plus tard, en 1990. C'est un livre qui a donné des ailes et le goût de l'aventure à toute une génération et que je vais revisiter maintenant.

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C'est une histoire que j'ai écrite avec Quentin Mouchel, réalisation de Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Je sais ce que vous allez me dire, c'est parce que c'est Séguéla qui nous raconte cette histoire. Le communicant de Mitterrand, la force tranquille, il y en a eu d'autres qui ont fait le tour du monde à pied, à cheval ou en voiture. On en a pas fait toute une histoire. Il fait ça parce que c'est Séguéla. Copains coquins? Eh bien, pas du tout. Je vous raconte cette histoire parce que l'air de rien faire, le tour du monde en deuche en 1958, c'était un petit exploit.

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À l'époque, le monde n'était pas grand ouvert comme aujourd'hui. Faire le tour du monde, c'était partir sans savoir où on allait du tout. C'était une petite folie et je crois bien que ça a changé leur vie à tous les deux. Alors, je vous embarque.

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Prenez la machine à remonter le temps. Octobre 1958, vous y êtes à Perpignan. C'est là qu'habite Jacques. Jacques Séguéla et son pote de toujours, Jean-Claude. Jean-Claude Baudot, 25 ans tous les deux, Jacques étant en dernière année de pharmacie. Et Jean-Claude termine ses études de droit. Ils sont au bord d'entrer dans la vie active et ils se sont mis en tête de faire le tour du monde en deux chevaux. Deux chevaux. Tu vas avoir ton doctorat cette année.

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Qu'est ce qui te prend? Partir faire le tour du monde? Maintenant? Ben oui, maintenant, pour voir, pour changer, pour prendre l'air d'ailleurs, pour connaitre des gens qui vivent là où on ne vit pas. Mais la France, ça ne suffit pas à la France, qui a tout à découvrir en France. La France, si tu réfléchis bien, Bordeaux ressemble à Lyon, Dupont et Durand, on parle toujours des mêmes sujets dans la même langue.

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C'est rasoir, tu sais quoi, moi? Les blés de la Beauce et les vignes de l'Hérault.

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Je trouve ça trop plat, c'est trop plat.

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Le jeune Séguéla a réussi à embrouiller la faculté. Il profitera de ce voyage pour étudier les plantes médicinales et il en fera le sujet de sa thèse. Ça rassure les parents, mais il est probable qu'il passera plus de temps à bricoler son carburant qu'à jouer les herboristes. Mais passons à un détail qui va vous amuser avant de partir.

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Ils se font enlever l'appendice tous les deux pour ne pas se retrouver avec une appendicite à Babbel wed et là, deux chevaux. Alors pourquoi est ce simple? La douche, ça consomme très peu d'huile et peu d'essence. C'est une voiture rustique et facile à réparer, avec un nombre limité de pièces détachées et surtout sur une, deux. Il n'y a pas de radiateur, c'est une voiture à refroidissement à air et disons que ça fait un problème de moins. Et bien évidemment, le publicitaire sommeille en déjà chez Séguéla.

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Ils ont essayé de s'en faire donner une par Citroën. Un type quai de Javel leur a montré une liste longue comme le bras d'aventurier. Ils n'étaient pas les seuls à avoir eu cette idée et donc ils ont dû se payer eux mêmes une 2 chevaux 4 125 centimètres cubes de type P.O. Qu'ils ont aménagé. Double cardan. Deux réservoirs supplémentaires, des phares antibrouillard, un poste de radio, un thermomètre, un altimètre et même une prise pour le rasoir électrique.

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Un vrai petit vaisseau.

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Alors, par où vont ils passer? Ils ont prévu un trajet en zigzag de Paris. Ils vont descendre tout droit jusqu'en Afrique du Sud. Et puis là, ils vont traverser en bateau jusqu'au Brésil. Et après, ils remontent tout le continent américain vers le nord. Et ensuite, ils s'attaquent à l'Orient, l'Extrême-Orient, le Moyen-Orient et le Proche Orient. Et après, ils rentrent. Ça doit faire dans les cent mille bornes. Un an de voyage minimum entre deux chevaux, c'est gonflé.

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Jacques et Jean-Claude partent de Paris du Salon de l'auto, le 9 octobre 1958. Quatre jours plus tard, ils embarquent à Port-Vendres, près de chez eux, dans un bateau pour l'Algérie qui, à l'époque, est encore française. Et ils débarquent à Alger, où ils prennent la route du Sud vers Tamanrasset.

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Au début, elle est goudronnée et puis très vite, c'est le sable. Ils viennent d'atteindre le Sahara. Ils voulaient voir autre chose. Ils sont servis. Nous nous sommes teu comment? Voûtés par ce paysage immuable lorsque vient le crépuscule, L'immensité des sables est une gigantesque fresque abstraite que nous admirons sans la comprendre. Le Sahara signe aussi leur première galère. Leur premier ensablement, leur premier Miral et leur première tempête de sable. Elles arrivent Dancourt, alors ils s'arrêtent, ils se calfeutre dans la voiture et ils attendent.

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La tempête dure deux heures et d'un coup, elle retombe la douche et complètement ensevelie. Allez les gars, y'a plus qu'à creuser pour sortir de là. Je vous rassure, ils vont en voir d'autres.

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Et à In Guezzam, encore plus au sud, il tombe sur un Touareg seul qui vient de passer six mois à garder un poste militaire et qui rentre chez lui dans sa tribu, à quelques centaines de kilomètres au sud. Physiquement, le type est absolument incroyable. Il fait plus de deux mètres au moins deux mètres. 10. Il a un turban bleu sur la tête, une grande djellaba bleue et un couteau attaché à la ceinture et le visage dur, comme taillé dans du bois.

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Vous savez comment il s'appelle le Touareg. Il s'appelle Albert. Le type s'appelle Albert et ils lui font une petite place à l'arrière de la d'Och.

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Et les voilà repartis avec Albert, plié en deux. Albert, qui baragouine trois mots de français, mais qui connaît le désert et qui s'avère très coquet. De temps en temps, il sort un petit miroir. Comme ça, il se regarde. Il se recoiffe et il dit okay. L'air de dire Est ce que ça va comme ça?

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Quatre cents kilomètres plus tard, les voilà dans sa tribu au Niger, et Halbert les invite pour un méchoui de gazelle. Fier de montrer aux hommes de sa tribu sa dernière trouvaille deux Français et leurs deux. Et là, Jacques et Jean-Claude décide de rester quelques jours. Et au soir du troisième jour, ils sont réveillés en pleine nuit par des bruits métalliques. Ils passent une tête incroyable. Deux Touaregs sont en train de se battre en duel avec des épées énormes, des coups bas et à un moment, l'un d'eux donne un coup puissant et son Akbar s'abat sur le poignet de l'autre, tranchant net, le poignet pend par un lambeau de chêne.

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Non, monsieur, ce n'est pas fini. Le type avec une seule main continue de se battre et il parvient à toucher son adversaire à l'épaule. Et là, les deux s'écroule sur le sol.

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Tu crois qu'ils sont morts? Je ne sais pas qu'est ce qu'on fait.

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Jacques et Jean-Claude décide d'aller chercher un médecin en deux chevaux dans un village voisin. Docteur, docteur, faut venir vite. Il y a deux Touaregs qui se sont battus à l'épée et il y en a un qui a le poignet étranger et l'autre qui a pris un coup sur l'épaule. Vous inquiétez pas, ça arrive. Laissez moi rire.

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Eh bien, vous n'allez pas le croire. Il recroise les deux Touaregs deux jours après, ils sont en pleine forme. Leurs blessures sont couvertes d'un cataplasme. Une patte d'herbe broyée. Aucune infection. Le moignon de celui qui s'est fait trancher la main est déjà en train de cicatriser. Et le plus incroyable, c'est que tous les deux sont en route pour aller se constituer prisonnier. Car en France, les duels sont interdits et à cette époque, le Niger bassey la France au bout de six jours.

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Jacques et Jean-Claude reprennent la route. Il passe le Cameroun, le Tchad et fin novembre. Les voilà au Congo belge. Et là, il s'enfonce dans la forêt équatoriale et au milieu de cette forêt, il tombe sur un panneau Attention à 50 km! Villages pygmées des Pygmées. Il faut s'imaginer ce que représentent les Pygmées dans l'imaginaire de deux jeunes Français en 1958. Des demi sauvages, quelque chose entre l'homme et le singe, et donc ils recap, note la Dauchot.

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Et ils abattent les vitres. Tu penses qu'ils sont dangereux, mais j'en sais rien, mais prends ton fusil va au cas où il avance la peur au ventre. Et là, nouveaux panneaux attention à 25km, village pygmée.

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La tension monte et les voilà qui arrivent au village où ils pensent tomber sur des indigènes dangereux et farouches. Ils aperçoivent de petits bonhommes qui entrent et sortent de cases minuscules. Et puis, un nouvel écriteau beaucoup moins exotique Barking Un Pygmée s'approche de la voiture. Un grand sourire édenté et il leur explique le programme pour prendre en photo mille francs pendant ce rituel. Pour payer d'abord l'aventure. Un attrape touristes, plutôt. L'avantage, c'est qu'il y a un hôtel tenu par un Belge qui sert un menu exotique thon à la gelée de citron, haricots verts en salade, côte de porc pané, macédoine de légumes et fraises des bois à la crème fraîche.

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Véridique. Au beau milieu de la forêt du Congo, pays à l'Équateur, en 1958.

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Une semaine plus tard, les voilà en Union sud africaine, à Johannesburg. Ils installent leur campement dans les faubourgs et vous réveillent très mauvaise surprise. Leurs deux chevaux a été pillé. La capote découpée. Les valises éventrées. Les garçons se retrouvent en pyjama. Ils n'ont plus que ça. Plus d'argent, plus de vêtements, plus de matériel, plus rien. Ou juste leur lit de camp et leurs pyjamas. Et sur le plancher, prône un guide touristique qu'on leur a donné quand ils ont passé la frontière.

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L'hospitalité sud africaine est légendaire. Partout, vous trouverez le meilleur accueil.

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Rassurez vous, au consulat de France, il récupère de l'argent et leurs papiers et ils repartent. Direction le cap où ils vont prendre le bateau pour Rio de Janeiro. Fin décembre, ils sont prêts à embarquer en Afrique. Ils ont traversé 12 pays, parcouru 16 mille kilomètres. La d'Och a tenu le coup. Maintenant, place à l'Amérique.

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Et le 7 janvier 1959, après dix jours de mer, Jacques et Jean-Claude voit surgir de la brume le pain de sucre et les immenses building de Rio de Janeiro.

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Et ils ne vont pas traîner à Rio. Ils veulent aller tout de suite à São Paulo. Et pourquoi donc? Et bien parce que pendant la traversée depuis l'Afrique sur le bateau, ils ont commandé un sac baptisé avec deux jeunes filles japonaises qui habitent justement à São Paulo. Elles auront laissé une petite carte de visite avec une adresse. Ils y vont tout droit dans le quartier japonais de São Paulo. Ils tombent sur une blanchisserie où travaillent toute une armée de Japonais.

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Vingt cinq au moins, parmi lesquels un petit monsieur âgé. Jacques, lui tend la carte de visite. Il affiche un large sourire.

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Nalco Gases encore. Et là surgissent les deux Japonaises du bateau, heureuses comme tout. Ce sont les filles du monsieur. Le soir, ils ont le droit d'inviter les deux jeunes femmes au restaurant et le père les invite à dormir dans la cave de la blanchisserie. Et au petit matin, ils vont dire au revoir au père et aux filles. Mais le petit vieux leur fait non de la main.

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Nikos Wilford yo yo yo yo yo Washburn. Le père veut les marier à ses filles, sourit Soru. It's not possible.

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Et là, ils vont vers leurs deux chevaux pour Sokar appâtés. Et là, ce sont les frères qui leur disent non, non, non, vous ne pouvez pas partir. Sympathique. Ils sont taillés comme des culturistes, des épaules de déménageurs bretons. Écoute, on va peut être pas les contrariens. On partira cette mi.

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Alors, la nuit, quand tout le monde dort à pas de loup, il se dirige vers l'heure de chaud pour se faire la main. Mais vous n'allez pas le croire. La deux chevaux est attaché par le pare chocs à la grille du balcon avec une chaîne et un cadenas énorme. Impossible de partir. Ils sont prisonniers et pendant cinq jours, vous entendez cinq jours. Ils essayent de convaincre le père de les libérer et à la fin, ils n'ont pas le choix.

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En pleine nuit, il démonte le pare chocs et il s'enfuit. Et l'aventure continue en célibataire. Avant de remonter le continent américain, Jacques et Jean-Claude font un crochet par le sud. Ils passent par l'Uruguay, l'Argentine, le Chili, le Pérou, la Bolivie, l'Équateur, le Mexique et au mois de juillet, ils franchissent la frontière avec les Etats-Unis. Et à Los Angeles, ils embarquent pour la suite de leur périple. Direction l'Asie. Direction le Japon.

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Mais ils n'ont plus un kopeck. Ils sont arrêtés comme délasser 10 dollars à tout casser pour deux.

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Et donc, ils traverse le Pacifique en classe économique, dans une sorte de dortoir où s'entassent au moins 50 personnes des Japonais, des Chinois, des Portoricains, des Philippins. Et ça joue au poker. Et là, nos deux amis se disent voilà une belle occasion de se refaire. Alors, pendant les dix sept jours de traversée, Jack fait équipe avec un Portoricain, Philippet, et il joue au poker 24 heures sur 24. Et ils gagnent et ils perdent.

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Et à la fin, quand ils arrivent au Japon, les 10 dollars sont devenus 100 dollars. Ça ne règle pas tous leurs problèmes, mais c'est un début. Et de toute façon, à Tokyo, ils ont l'intention de travailler pour se reconstituer un petit pécule avant de poursuivre la route. Mais bien entendu, il ne parle pas un mot de japonais, alors il trouve un emploi nuers mannequins vivants dans la vitrine d'un grand magasin. Jack est habillé à l'européenne et Jean-Claude en kimono.

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Et ils font une sorte de chorégraphie avec des gestes saccadés, un peu comme des automates. Et des dizaines de Japonais s'agglutinent devant la vitrine. Et pour compléter cette mise en scène, ils ont garé la Dauchot juste en face. Le patron explose son chiffre d'affaires. Il multiplie leur salaire par quatre. Il reste comme ça un mois au Japon. Et puis, ils reprennent la route Chine, Vietnam, Singapour, Malaisie. Et mi septembre, ils sont en Thaïlande, dans la jungle où il fait une chaleur humide à crever.

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Les deux chevaux avalent les kilomètres. Et puis, un moment, Jack, qui est au volant, pique un tronc d'arbre à leur barre. Le passage, ils descendent et à ce moment là surgissent huit hommes avec de grosses barbe noire et des trogne patibulaires. Et surtout, ils ont des fusils et des machettes. Ce sont des pirates venus de Birmanie. L'un d'eux enfonce son fusil dans les côtes de Jack et il leur retire leurs chaussures pour ne pas qu'ils puissent s'enfuir.

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Il dit à Jack de se mettre au volant de la d'Och et à Jean-Claude d'ouvrir la marche à pied pieds nus. Et ça dure comme ça, des heures. Jean-Claude a les pieds en sang. Il n'en peut plus, alors. A un moment, il s'effondre. Alors, les pirates échangent les places. Maintenant, c'est Jean-Claude qui conduit et c'est Jack qui ouvre la marche pieds nus. Et ça dure encore des heures. Au bout d'un moment, Jack tente le tout pour le tout.

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Il saute sur l'un des pirates. Il veut lui arracher son fusil et là, il prend un gros coup de crosse dans la nuque quand il reprend ses esprits, quelques minutes plus tard. Les pirates sont partis et ils sont ligotés tous les deux à un arbre. Les jambes recouvertes de fourmis et petit à petit, avec l'humidité, les liens se desserre. Ils parviennent à se libérer et ils retrouvent la douche. À une centaine de mètres plus loin, complètement vide, ils ont frôlé la catastrophe.

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Mais n'allez pas croire que ça les fasse douter. L'aventure continue vers le Cambodge, le Laos, la Malaisie, l'Inde et le Pakistan. Et là, il s'engage dans un désert, le désert du Baloutchistan 1500 km de pistes.

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Une chaleur écrasante. Il crève une fois, deux fois, trois fois et à chaque fois, ils doivent réparer en plein cagnard. Et du coup, ils perdent du temps et ils commencent à manquer d'eau.

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Ils sont épuisés, la bouche sèche, les paupières lourdes et pour ne pas s'endormir, Jacques déclame des strophes du Cid. Quand je sors de rudes combats contre mon propre honneur, mon amour Ste-Thérèse, il faut venger un père et perdre une maîtresse. L'un m'anime le coeur. L'autre requiert mon bras réduit au triste choix de trahir ma flamme ou de vivre en infame. Des deux côtés. Mon mal est infini, odieux. L'étrange peine. Et là, à nouveau, il crève.

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Sauf qu'ils n'ont plus de chambreurs de secours. Alors, vous savez ce qu'ils font au lieu de mettre de l'air dans le pneu. Ils mettent du sable, du sable, un bricolage qui ne tient que 20 kilomètres et ils font les 60 derniers kilomètres sur les champs jusqu'à la frontière iranienne.

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Ils n'ont presque rien bu pendant des heures, alors quand ils passent la frontière à 4 heures du matin, ils se ruent sur le garde frontière pour lui demander un verre d'eau, une renaissance. Et les voilà donc en Iran face à un nouveau désert, le grand désert salé.

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Et là, ils embarquent des thermos santier de thé brûlant. Et pendant quatre cents kilomètres, pas une crevaison. Rien. Ça roule, ma poule.

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Et puis, un poste militaire, un soldat leur permet de faire le plein d'eau et il leur donne un petit conseil.

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You have to Ex-ante Bolotov sollte. Prenait du sel, beaucoup de sel et aussi une bonne corde, comme si vous vous perdez, mais Perrin, un chameau sauvage. Il adore le sel, vous le capturer, vous montez sur son dos et vous vous laissez conduire jusqu'au point d'eau et il y va tous les deux ou trois jours. Il s'engage sur la piste, mais petit à petit, la poussière s'épaissit, le vent se lève et à un moment, il ne voit plus rien, plus rien.

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Et donc il ne voit plus les balises qui limitent la piste et il se perd pendant des heures et des heures. Ils cherchent leur chemin, ils n'ont plus que leur boussole et une fois de plus, ils commencent à manquer d'eau. Et surtout, à un moment, Jean-Claude lâche le volant. Il se frotte les yeux avec les pois. Merde, Jacques, putain, je vois plus rien. Tout est noir. Jean-Claude est en train de faire une crise Doves Talmi des Sables.

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Alors, il se réfugie à l'arrière de la douche, dans une sorte de torpeur.

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A partir de maintenant, c'est sur Jacques que tout repose. Et il n'y a presque plus d'essence. Le seul moyen de s'en tirer, c'est de croiser quelqu'un et en attendant, il économise tout, même leur salaire. Il ne parle plus, il ne fume plus, ils sont bons et la nuit passent. Et au petit matin, Jacques a un espoir. Il repère une balise. Mais il est tellement naze qu'il s'affaisse sur le volant et qu'il s'endort. Ils sont réveillés quelques heures plus tard par un camion.

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Ils sont sauvés, ils sont sauvés. Le chauffeur leur sert à boire. Il leur donne un morceau de pastèque. Et là encore, c'est la renaissance. Le périple touche à sa fin. La Bulgarie, la Yougoslavie, l'Italie et la France. Le 11 novembre 1959, treize mois après leur départ, ils passent la frontière française. En rentrant, ils écrivent un livre pour raconter ce tour du monde, La terre en rond, qui paraît en 1960, mais qui est un énorme best seller.

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Et pour Jacques Séguéla, c'est le début de la notoriété. Il ne sera jamais pharmacien.

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