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Ils sont les maîtres absolus de la dissimulation, du mensonge, des fausses identités pendant des mois, des années, ces hommes et ces femmes ont réussi à tromper leur famille, leurs amis, leurs collègues de travail, mystifié la société tout entière des doubles vies fascinantes, dangereuses, toujours secrètes. Bienvenue dans le monde parallèle des rois de l'imposture.

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Je suis Jean Alfonse Richard. Vous écoutez les imposteurs dans ce podcast, je vais vous raconter des vies invraisemblables, des personnages qui sont devenus des virtuoses du mensonge, au point parfois de ne plus savoir qu'il était vraiment simple, affabulateur, criminel ou escroc. Ils ont passé leur temps à travestir la réalité, à devenir un autre qui serait enfin respecté, reconnu et admiré. Une soif de reconnaissance effrénée qui mène toujours à l'imposture. Dans ce nouvel épisode consacré aux imposteurs, direction la bonne ville de Pau, dans le Béarn, épicentre d'une formidable escroquerie avec un faux banquier persuadé d'être un génie de la finance.

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Mais qui donc se cachait derrière le visage de monsieur Jacky? Voici donc l'histoire de Jacques Milesi, roi de l'imposture, ce 29 octobre 1992, dans la matinée, un petit homme aux cheveux grisonnants, costume et cravate, attend un imperméable clair, soigneusement plié sur le dossier d'une chaise, attend patiemment les policiers dans un appartement de Pau.

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Il sait que les fonctionnaires de la PJ vont venir le chercher, puisque c'est lui qui les a prévenus de sa présence à cette adresse. Pour cela, il a écrit quelques jours auparavant une longue lettre au juge d'instruction Jean-Louis Le Cuers. Le magistrat qui avait délivré un mandat d'arrêt contre lui, Jacques Milesi, 49 ans, retient sa respiration avant que les policiers ne frappent à sa porte. Il sait ce qui l'attend, très probablement la prison. Et cette perspective lui donne le vertige.

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A deux reprises, il a songé à mettre fin à ses jours. Il était prêt à se pendre. Ses ennuis se seraient arrêté là et son nom aurait disparu en quelques heures de la chronique judiciaire. Mais il n'a tout simplement pas eu le courage de passer à l'acte.

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Perdu pour perdu, autant essayer désormais de montrer son vrai visage. Mais lequel? Celui de Jacques Milanesi, père de famille. Homme affable et prévenant à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Ou celui de monsieur Jacky, le faux banquier, l'imposteur qui aurait mis deux mille deux cents victimes sur la paille. Les visages se superposent et au fil des années, personne ne sait lequel est le vrai millésime. Le fait que si la justice et la police s'apprêtent aujourd'hui à s'emparer de lui et à lui passer les menottes et à le jeter dans le panier à salade stationné au bas de son immeuble, c'est parce qu'on le compare déjà à l'escroc mythique des années 30, Alexandre Stavisky, qui, lui, s'était suicidé de deux balles dans la tête dans un chalet de Chamonix.

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Et comme Stavisky, le faux banquier et usurpateur Jacky Milesi va hériter du même surnom, qui ne cessera désormais de lui coller à la peau et avec lequel il lui faudra vivre. L'escroc du siècle.

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Jacques Millésime n'est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Loin de là. Il a vu le jour à La Motte, ayant un tout petit village posé dans les montagnes de l'Isère. C'est un fils d'ouvrier. Il ne manque de rien, mais l'argent est rare. Pas vraiment le temps, ni les moyens, ni peut être même l'envie. Pour Jacques Milesi d'entreprendre de longues études à la fin de l'adolescence, il fait quelques petits boulots, puis se met en quête d'un poste plus solide, d'un travail de bureau.

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Le voilà embauché dans la ville voisine, La Mure, chez un agent d'assurances de la compagnie baptisée La Prudence. Le jeune Milesi est, lui, plutôt intrépide. Il semble n'avoir peur de rien. Il est intelligent, rapide, doué pour les chiffres. On lui confie donc les portefeuilles de plusieurs clients. Ils sont ravis, emballés par ce jeune employé qui s'est arrangé leurs affaires. C'est lors de ses premières années que Jacques Milesi apprend les subtilités de la finance.

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Comment jongler avec des bilans, des chiffres, des prêts? Il ne travaille pas dans une agence bancaire, mais il tient déjà parfaitement ce rôle.

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Jacques Milesi est alors promis à un avenir radieux. Il se passionne pour le conseil financier sans que l'on sache s'il voit déjà à travers cette activité la possibilité de posséder sa propre clientèle, de briller auprès d'hommes et de femmes qui lui font confiance. Milesi grimper les échelons et s'affirme. Il change plusieurs fois d'employeur. Toujours bien vu, tellement cet homme jeune et entreprenant, affable, disponible. A croire qu'il ne vit que pour son travail et qu'il en attend beaucoup.

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Peut être pour pouvoir faire fortune. Lui, l'homme parti de rien.

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L'autodidacte qu'il n'a jamais eu un sou en poche dans sa jeunesse, se sent pousser des ailes dans ses activités financières. Les années 80, les années fric sont porteuses de promesses. Les entrepreneurs sans scrupules font fortune. On pourrait presque tout se permettre. Le conseiller détourne alors certains contrats à son profit. L'escroquerie dure deux ou trois ans. Puis elle est découverte. La route de la réussite est brutalement coupée pour Milanesi du jour au lendemain. Il perd tout l'estime de ses clients.

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Sa réputation jusque là flatteuse et son emploi. En 1983, il est condamné pour escroquerie par le tribunal correctionnel de Grenoble. Il ne peut plus rester dans la région où il est marqué au fer rouge. Son nom n'est plus le bienvenu en Isère et aux alentours. Il n'y a pas d'autre solution que de se faire oublier de partir à l'étranger, pourquoi pas? Songe t il. Mais il ne va pas aller aussi loin. Il sera quelqu'un d'autre. Là où personne ne le connaît, dans une région tout aussi montagneuse que les Alpes, les Pyrénées.

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Jacques Milesi s'installe à Pau, dans le Béarn. Le coin ne lui est pas totalement étranger dans sa jeunesse, il a passé quelques jours de vacances dans la région. Il a ici la ferme intention de renouer avec la réussite et de gagner de l'argent avec ses activités financières. Pas question de refaire les erreurs de Grenoble qui lui ont coûté sa réputation. Ici, Milesi est un homme neuf. Personne ne le connaît et il lui est facile de s'inventer une activité respectable et bien rémunéré.

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L'homme s'installe donc dans un immeuble moderne, au numéro 17 de l'avenue du Béarn, à Pau. Rien de ronflant ni de spectaculaire. Et c'est tant mieux. C'est comme cela aussi qu'il va attirer la confiance des locaux modestes, une silhouette passepartout, un sourire affable et toujours être disponible au téléphone pour répondre à toutes les sollicitations, chaque client doit devenir son ami Milesi. L'imposteur se présente comme conseiller financier, un banquier qui a de l'expérience et s'est mis à son propre compte après avoir fréquenté de grandes institutions.

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Milesi ne sera jamais un banal escroc. Il connaît effectivement par cœur les rouages des mécanismes de prêts, leurs faiblesses, et a appris depuis longtemps à ne pas se faire repérer du fisc.

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Le faux banquier Jacques Milesi propose des placements quasi miraculeux. Du jamais vu. Des produits qui peuvent rapporter jusqu'à 30, voire 50 pour cent d'intérêt par an. Lors de ces années grenobloises, il s'est déjà fait tout un réseau de contacts et de clients potentiels. Il va en profiter pour lancer une entreprise qui va bientôt être florissante.

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L'homme a du bagout. Il joue en permanence sur l'ambiguïté d'un nébuleux passé dans la banque. S'il peut promettre des taux d'intérêt stratosphériques, ça n'est pas du tout parce qu'il est meilleur que les autres cabinets de conseil. C'est parce que lui ne taxe pas le client. Il se passe des charges monstrueuses qui enrichissent les banques. Il se contente d'une marge réduite. Jacques Milesi, appelez moi Jacky, concède t il souvent à ses interlocuteurs. Arrive le plus souvent à convaincre les plus réticents.

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Il est difficile de lui résister, d'autant plus que monsieur Jacky ne force pas la main. Il sait se mettre à portée de toutes les bourses. Tout le monde, de l'ouvrier au grand patron, peut profiter de ses placements juteux, mais aussi extrêmement discrets, à l'abri de la curiosité des agents des impôts. Comme le conseiller financier n'est pas très regardant sur l'origine des fonds déposés. Des proches du milieu grenoblois lui confient des liasses. Les placements de Jacky sont un excellent moyen de blanchir l'argent des petits trafics en tout genre.

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Jacques Milesi s'est transformé en Monsieur Jacky. Il a trouvé la martingale après avoir satisfait les tout premiers clients. Il s'avère qu'il ne pourra pas tenir ses promesses de rendements mirifiques. Alors, quand les millions arrivent, des nouveaux entrants vont servir à rémunérer ceux arrivés avant eux. Les intérêts versés aux épargnants sont alimentés par les souscripteurs suivants. Ni vu, ni connu. Une mécanique qui tourne sur elle même. Un système en cascade illégal qui a déjà fait ses preuves.

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Inspiré de la pyramide de Ponzi du nom de Charles Ponzi, qui, dans les années 20, avait monté cette retentissante escroquerie aux Etats-Unis, l'échafaudage financier est fragile, mais le faux banquier veille au grain.

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Il tient une comptabilité scrupuleuse. Le moindre mouvement est acté dans son ordinateur. Tous les flux sont notés, les rendements adaptés, les profils de chaque client répertoriés. Aucun grain de sable ne doit venir gripper le fonctionnement de cette machine infernale. Milesi n'a de toute façon rien d'un escroc et encore moins d'un fantôme. Il est toujours joignable dans son petit F2 pour transformer en une quasi agence bancaire clandestine. L'ex petit employé aux écritures d'une compagnie d'assurances vieillottes est certainement fier d'accéder ainsi à une reconnaissance à laquelle il a toujours rêvé.

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On se fie à ses avis. On l'écoute, on le respecte. Il se trouve lui même excellent, jubile quand il reçoit des encouragements, persuadé d'être bien plus talentueux que tous les as de la finance. Milesi a du charisme et apparaît parfois pour ses souscripteurs comme un authentique gourou. L'un d'eux résumera ainsi son admiration Pour nous, c'était un génie de la Bourse. Jacques Milesi est le plus arrangeant des conseillers financiers. Il est toujours là. Il n'hésite pas à rencontrer ses clients à déjeuner ou à dîner avec eux si le besoin s'en fait sentir.

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Il est très souvent en voyage dans la France entière, vantant en petit comité ses rendements miracles et en profitant aussi pour conduire cette double vie. Si Jacky Milanesi n'est pas le banquier scrupuleux que ses clients croient, il n'est pas non plus l'époux idéal que ses voisins connaissent. L'ESI a connu sa femme en arrivant dans la région. Avec elle, il a eu deux enfants, puis il a divorcé. Il continue pourtant à la voir de temps à autre. Les apparences sont sauves.

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Celle d'un couple discret installé dans une belle villa avec piscine et vue sur la chaîne des Pyrénées, à Sauvagnon, près de Pau. Un mari qui n'attire jamais l'attention, portant des costumes chics, mais jamais voyants. Roulant dans une berline allemande rassurante de bon père de famille, Milesi mène en fait une vie sentimentale des plus dissolue. Il a une maîtresse à peau qui l'emmènent souvent au restaurant. Il en a une autre à Lyon, où il dispose d'une clientèle aisée, et une troisième aux Lilas, près de Paris, à qui il rend visite une fois par semaine.

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Toutes ces femmes Signore ravies de retrouver un amant qui a un train de vie confortable et du cash dans ses poches. En amour comme en affaires, Milesi l'imposteur à compartimenter son existence.

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En cette fin des années 80, il paraît être parvenu au but qu'il s'était fixé être le meilleur. Un de ses proches dira au journal Sud-Ouest Il croyait à ces histoires, à son système et se trouvait très bon, en fait. C'était un homme extrêmement fragile, presque mythomane, qui dépendait du regard des autres. Le système mis, l'ESIEE tourne à plein régime. Le financier se sent pousser des ailes. Bien décidé à faire prospérer encore davantage une entreprise qui marche déjà très bien.

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S'il veut que l'échafaudage tienne, il faut encore plus d'argent et donc plus de souscripteurs de l'argent frais reversé aux anciens membres. Monsieur Jacky a mis en place un large réseau de rabatteurs, des apporteurs de clients qui figurent dans ses dossiers et ses livres de comptes. Il y a là, entre autres, de notaire de Lyon, un restaurateur à la retraite du lac d'Annecy et même le receveur de la poste de Phalempin, dans le Nord. Par lui, ont transité en une seule année près de 6 millions d'euros de discrets mandats adressés aux clients du cabinet Milesi, à Pau.

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Le receveur a semble t il fermé les yeux sur ces flux financiers exceptionnels et encore plus curieux. La direction de La Poste n'a jamais émis le moindre doute ou soupçon.

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Ces rabatteurs affirmeront qu'ils ne se doutait pas que Jacques Milesi était un imposteur. Pour preuve, son affaire avait pignon sur rue et elle fonctionnait depuis 1976 sans jamais avoir enregistré le moindre accident. En outre, il connaissait tous le profil de cet homme, ou tout au moins celui qu'il avait bien voulu leur présenter un banquier privé qui avait été initié, disait il, par un vieux renard de la Bourse, aux us et coutumes de toutes les places financières. L'un de ses rabatteurs, un ancien administrateur de biens, tombera des nues quand le financier sera démasqué.

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C'était un privilège de connaître monsieur Milesi et de le faire connaître, dira t il. Un autre, un ancien mineur de fond, est coiffeur à la retraite, habitant à Alès, confirmera. Pour moi, c'était fabuleux de l'avoir connu et il était normal que j'en parle à un ami en ce début des années 90. Le vent tourne pour Jacques Milesi, jusqu'ici invisible aux yeux de l'administration fiscale. Celle ci commence à être intriguée par certains transferts d'argent.

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C'est un banquier, un vrai, qui ignore tout de millésimée, qui a prévenu le fisc. Surpris par le versement de grosses sommes inexpliquées sur le compte de l'un de ses clients, les inspecteurs prennent vite la mesure de la situation. Le contribuable, Jacques Millésime, paye bien ses impôts et un train de vie très confortable. Il s'est constitué un joli patrimoine immobilier, une villa, un appartement et un studio à Pau, des appartements à Paris et à Hossegor, sur la côte basque.

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Pas moins de trente neuf comptes à son nom dans des établissements bancaires et à la poste disséminés dans toute la France. Des coffres qui contiennent quelques lingots, des bijoux et du liquide. Autant de revenus qui paraissent vite troubles, voire illégaux. L'argent semble circuler comme dans un labyrinthe. La marge de la société, qui enregistre quelque 3.000 clients en France, mais aussi en Suisse, est opaque. Il y a un trou permanent et inexpliqué dans la comptabilité. Ce qui paraît incroyable, c'est que ce manège fonctionne depuis une quinzaine d'années et qu'il a été parfaitement dissimulé.

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Tout est fictif, Jacques Milesi n'est pas banquier. Il n'a de conseiller financier que l'appellation qu'il se donne sur ses cartes de visite. C'est un génial imposteur et sans doute l'un des escrocs les plus astucieux que l'administration fiscale n'a jamais débusqué. Le 8 septembre 1992, Jacques Milesi sait qu'il est en danger. Le pot aux roses a été découvert. Il va recevoir la visite des inspecteurs du fisc et puis sans doute celle des policiers ou des gendarmes. Tout se bouscule dans la tête du petit roi de la finance.

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Il sait qu'il n'échappera pas aux poursuites judiciaires et qu'il ne pourra plus couvrir les pertes de centaines de souscripteurs. Il se peut aussi que le milieu grenoblois et lyonnais, qui lui a confié une partie de ses économies, se mettent désormais à le traquer. Milesi à jouer avec le feu. Et il a perdu. Il prend donc la fuite. Il emporte avec lui une mallette de billets pour financer sa cavale. Il sillonne la France, logeant dans des petits hôtels à Toulouse, Lyon, Grenoble, Strasbourg, Paris ou Lille.

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En fait, il ne sait pas vraiment où aller. Les journaux l'appellent déjà l'escroc du siècle ou comme ses clients dévoués, Monsieur Jacky. La plupart des pigeons de cette arnaque se taisent, mais quelques victimes commencent à se manifester. Le préjudice s'élèverait autour de 122 millions d'euros. Un juge d'instruction à Pau, Jean-Louis Ekoué, souhaite l'interroger. L'imposteur Jacques Milesi se taire jusqu'à ce qu'il apprenne, en lisant le journal, que l'enquête se resserre. Son ex-femme et deux des trois maîtresses qu'il fréquentait assidument dorment en prison.

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Elles sont considérées alors comme complices d'une escroquerie à grande échelle. Après sept semaines de cavale, Milesi écrit donc au juge et revient chez lui, à Pau, où il attendra tranquillement la visite des enquêteurs. Sans surprise, il est mis en examen pour escroquerie, abus de confiance, exercice illégal de la profession de banquier et écroué. Il passe quelques semaines en prison, puis est placé sous contrôle judiciaire à une adresse tenue secrète. Le faux banquier reçoit des menaces de mort et on craint pour sa vie.

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Avant son procès, Jacques Milesi se dit totalement ruiné par cette affaire, fait profil bas, mais n'en démord pas. Je ne suis pas un escroc. Si je l'avais été, je n'aurais jamais eu une comptabilité aussi bien tenue. Je suis quelqu'un de très modeste. Je ne suis pas l'escroc du siècle.

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Le 31 janvier 1994, Jacques Milesi, 51 ans, et treize de ses apporteurs d'affaires considérés comme complices, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Pau. Sur les deux mille deux cents clients, 1168 ont porté plainte et sont parties civiles. Mais l'ESI est au centre de l'accusation, mais il boit du petit lait quand il est encensé par ceux qui l'ont fréquenté. Un moment fabuleux, dit l'une de ses connaissances. Un avocat de la partie civile le présente alors comme une personnalité envoûtante.

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Le faux banquier raconte que ses clients étaient au départ ses amis. Puis il a développé son affaire quand la Commission des opérations en Bourse, la COB, lui a interdit toute opération de courtage sur les marchés. En 1987, alors, la martingale illégale a fonctionné à plein régime. Pour le reste, le prévenu reste sur ses positions, sur de son bon droit. Je ne me cachais pas. Tout le monde, des banques au fisc, était au courant.

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Je suis profondément malheureux pour ceux qui ont tout perdu.

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Trois mois plus tard, le 28 avril 1994, Jacques Milesi est condamné à la peine maximum cinq ans de prison. Ses biens saisis et revendus seront utilisés pour rembourser une petite partie des clients grugés. Les autres ne reverront jamais la couleur de l'argent. Milesi, imposteurs et faux banquier se révèlera comme un détenu modèle apprécié des autres prisonniers dont il gérait la comptabilité, et même des gardiens à qui il donnait des conseils d'épargne et de placement. L'incorrigible monsieur Jacky est sorti de prison en janvier 1997 et n'a plus jamais fait parler de lui.

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Vous venez d'écouter un épisode des Imposteurs, un podcast réunissant une collection de portraits des maîtres absolus de l'imposture. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de ce podcast sur RTL. FR et sur toutes vos applications favorites.

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A très vite.