Bonjour à tous! Aujourd'hui, nous allons voir pourquoi l'orthographe française est si complexe. Alors pour répondre à cette question, je crois qu'il faut d'abord partir d'un constat nous, les Français, nous pensons bien écrire alors que ce n'est pas le cas. Nous pensons bien écrire puisque dans un sondage récent, nous sommes 80 à s'estimer bons en orthographe et même 26 à penser que nous ne faisons presque pas de fautes. Or, la réalité, elle, semble bien moins glorieuse.

En effet, le niveau ne cesse de baisser. Selon les chiffres de l'Education nationale, le nombre de fautes par dictée, par exemple, est passé de 10,7 en 1987 à plus de 15 de nos jours. Et dans le même temps, le pourcentage de ceux qui faisaient plus de 15 erreurs est monté de 26 à aujourd'hui plus de 50. Face à ce constat et pour expliquer cet effritement lent et progressif des compétences orthographiques des Français, certains expliquent que les règles de notre langue sont beaucoup trop complexes.

Mais cet argument me semble peu pertinent puisque nos aînés, eux, parvenaient parfaitement ou presque à maîtriser ces mêmes règles. En tout cas, bien mieux que nous, donc, c'est plutôt notre capacité à les assimiler, ces règles, qui est en cause. Mais quoi qu'il en soit, là n'est pas vraiment la question. Retenons simplement que la langue française est complexe, ce qui est exact. Alors, pourquoi est elle si complexe? Il semble que nous connaissons l'origine de ces difficultés.

Ainsi, selon certains spécialistes en sciences du langage, c'est parce que ceux qui ont figé notre langue dans cette complexité l'ont fait à dessein. Ils souhaitaient en effet en faire un instrument de distinction sociale. Alors, je vous explique, ou plutôt Christophe Ben Zitoun va vous expliquer. Il est linguiste et il l'explique dans un article publié sur le site du Point que l'orthographe est une construction issue de choix explicite venant d'un petit nombre de personnes et non d'une évolution naturelle.

Ainsi, l'Académie française a obtenu la modification de plusieurs milliers de mots à différents moments de son histoire. Bien sûr, à chaque fois, il était possible de simplifier ces mots, soit de rendre leur écriture plus compliquée, et c'est souvent la complexité qui a été choisie. Ainsi, Nénuphar, qui s'écrivait avec un F, est devenu officiellement nénuphar avec Ph en 1935.

Donc, vous voyez, l'orthographe est un choix et n'est pas du tout le fruit d'une évolution naturelle qui s'opère au sein de la population. Christophe Ben Zitoun poursuit ainsi je cite de manière assez étonnante l'orthographe du 17ème siècle, élaborée par et pour les lettrés connaissant le latin, n'a pas été repensé à l'époque de la démocratisation de la scolarité en France, période pendant laquelle l'école représentait le seul contact avec le français pour des millions d'enfants. On a donc conservé des conventions fort complexes et depuis 1835, aucun changement notable n'est intervenu.

Et plus grave encore, je crois. La difficulté, donc l'aspect discriminant de l'orthographe entre ceux qui parviennent à la maîtriser et ceux qui n'y parviennent pas aurait été tout à fait voulu. Ecoutez plutôt, je cite, un membre de l'Académie française. En 1673, il dit l'Académie déclare qu'elle désire suivre l'ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres avec les ignorants et les simples femmes. Voilà donc qui expliquerait les nombreux pièges de notre langue. Mais là n'est pas l'objet de ce podcast.

Chacun peut considérer soit ses pièges doivent être supprimés pour rendre la langue accessible dans sa forme correcte au plus grand nombre, soit que la maîtrise de ses complexités maîtrise pas du tout inaccessible puisque nos ancêtres y sont parvenus, doit rester un objectif de l'Éducation nationale, car, comme on le dit vulgairement, cela tire tout le monde vers le haut. Mais sur cette question, je vous laisse parfaitement libres de vous faire votre opinion.