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On raconte sur un Robyns avec la nouvelle série nordique de polars, plus seulement avec Canal+, Sylvain, un jeune enquêteur finlandais envoyés résoudre un crime commis dans le village de son enfance, va devoir affronter son douloureux passé. Tous les dimanches, dès le 6 décembre, en exclusivité sur Polar pieuse et en intégralité via Bacchanales. La fréquence jusqu'à sandalettes. Une histoire criminelle biscornu de 1994 1995, qui a pour théâtre le département de l'Ain et qui met en scène un couple d'assassins, une femme et son amant Daniel d'Iona et Patrick Sarrazins, un couple de partouzes heures absolument sans foi ni loi.

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Ils se sont rencontrés via le Minitel, le Minitel rose, et ils tuent une fois pour se débarrasser du mari de madame et une deuxième fois. Tenez vous bien pour 100 francs. Vous avez bien entendu 100 francs 15 euros pour le débriefe tout à l'heure. J'ai invité un avocat du barreau de Lyon, maître Jacques Dufour. Bonjour, bonjour monsieur Hondelatte. Vous avez été dans ce dossier l'avocat de l'une des parties civiles, la famille de l'une des victimes, Sébastien, faisant celui qu'ils ont tué pour 100 francs et vous nous expliquerait d'ailleurs pourquoi tout à l'heure, ce dossier vous a marqué?

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Parce qu'il paraît que vous le gardez depuis plus de vingt ans dans un coin de votre cabinet pour le montrer aux jeunes avocats stagiaires. Vous confirmez? C'est exact, le confirme. Nous nous expliquerait pourquoi j'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard, réalisation de Céline Brace.

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Christophe Hondelatte. Cette histoire, comme beaucoup, commence par la découverte d'un cadavre le 13 octobre 1995 à Montagna, près de Bourg en Bresse, dans l'Ain, en pleine campagne dans un fossé. C'est un agriculteur qui tombe dessus, un jeune homme d'environ 25 ans de type asiatique. Aucun papier d'identité sur lui, mais salement amoché. Il semble avoir pris plusieurs balles dans la tête et une autre dans le cœur. Et ce n'est pas tout. Le cadavre présente aussi une grosse entaille au niveau de la gorge, avant ou après s'être fait tirer dessus.

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Le gamin a donc été égorgé.

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Et il faut que je vous dise quand même l'endroit où on le retrouve, c'est dans un lieu, disons, spécial olé olé à bois en pleine cambrousse, jonché de capotes et de kleenex usagés.

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Ça vous parle? Un peso drom en pleine mer qui attire en général un drôle de mélange de part 12heures des deux sexes, des exhibitionnistes et parfois même de prostituées.

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Voilà pour le décor qui, d'emblée, suggère une piste, un règlement de comptes dans les milieux partouzes à. Et d'ailleurs, dans l'une des poches du cadavre, le seul indice qu'on retrouve est un petit bout de papier sur lequel il est écrit Bruno et Chantal. Alors, est ce que ce jeune garçon était là pour faire des cabrioles avec Bruno et Chantal?

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C'est une hypothèse et pour l'instant, c'est la seule.

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Rapidement, les gendarmes parviennent à identifier le mort, Sébastien Faisant, un étudiant de 24 ans qui vivait à Lyon, c'est à dire à peu près une heure de voiture du bois de montagne pour financer ses études. Il travaillait dans un sex shop. Ça colle pour le décor. Les gendarmes interrogent son frère. A votre connaissance? Est ce que votre frère fréquentait des milieux échangistes? Oui, vous l'avez dit. Oui, oui, oui, Sébastien se confiait beaucoup, il me racontait pas toute sa vie sexuelle, mais je savais des choses, disons, pour la soirée du 12 octobre.

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Vous avez dit quelque chose? Pour cette soirée là, non, mais deux, trois jours avant, je savais qu'il avait rendez vous avec un couple, un homme et une femme. C'était un rendez vous nocturne vers 22 heures, je crois. Puis il est tombé en panne d'essence et il m'a expliqué qu'il n'avait pas pu s'y rendre. Vous avez une idée de la manière dont il a rencontré ces gens. Oh! Par le Minitel, jepense le Minitel rose.

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Je sais qu'il se connectait pas mal en général. C'est comme ça qui y rencontrer ses partenaires. Très intéressant ça, parce que ça va simplifier les recherches. Une connexion Minitel, c'est comme Internet aujourd'hui, ça laisse des traces. Il n'y a qu'à les regarder dans l'historique de ces connexions et on saura avec qui il avait rendez vous.

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En attendant, on vient de recevoir le rapport du légiste qui a pratiqué l'autopsie, ce qu'ils l'ont tué ne lui ont laissé aucune chance.

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Il a pris quatre balles de revolver au total, une dans la tempe gauche, une dans la tente de droite, une à l'arrière du crâne et une dernière dans le cœur. Et comme si cela ne suffisait pas, pour finir, on l'a égorgé d'une oreille à l'autre. Vous imaginez la boucherie?

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On ne lui a laissé aucune chance, aucune. Et donc, c'est pas compliqué, il n'y a qu'à demander à France Télécom l'historique de ses connexions Minitel. Et ça vous donne le nom du site. 36 15. Et ensuite, le site nous dira avec qui il avait rendez vous ce soir là. Alors voyons, voyons. Ben voilà, Sébastien avait effectivement rendez vous avec un couple le 12 au soir, Bruno et Chantal, comme le suggérait le petit papier qu'on a retrouvé dans sa poche.

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Et évidemment, ce sont des pseudos. Mais grâce à France Télécom, les gendarmes obtiennent très vite leur vrai nom Daniel et Patrick Daniel, deux Yonah, 33 ans, et Patrick Sarrazins, 41 ans, qui habite Nuria Bologna, près de Bourg en Bresse. Alors, qu'est ce qu'on fait? On va les arrêter tout de suite. C'est trop tôt. Les gendarmes décide de les placer sur écoute et de les philos chez discrètement à l'ancienne. Fin octobre, deux mois après la découverte du cadavre.

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Ils les suivent dans un restaurant, un restaurant où ils ont réuni quelques amis. Imaginez la scène. Daniel, Patrick et leurs amis à une table, une grande table et les gendarmes à une petite table. Les oreilles grandes ouvertes. Et voilà ce qu'ils entendent.

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Eh bien voilà, on voulait vous annoncer une grande nouvelle. On va se marier. Ça se passera au mois de mars prochain. On a choisi la robe de Danièle hier. Bien sûr, vous êtes tous invités. Allez, champagne, c'est mignon. C'est mignon comme tout.

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C'est beau l'amour. Vous avez compris que c'est un remariage, non? Alors je vous le dis, Daniel est veuf depuis un peu plus d'un an et elle s'est retrouvée seule avec trois enfants. Elle a rencontré Patrick, qui s'est installé chez elle. Elle a refait sa vie, autrement dit. Cela dit, en attendant les épousailles, nos deux tourtereaux vont connaître une légère déconvenue.

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Gendarmerie nationale. Ouvrez svp! Délicate attention. Les gendarmes ont attendu que les enfants soient partis à l'école. Les deux oiseaux mettent un peu de temps à répondre parce qu'une fois les enfants partis, ils se sont recoucher. Figurez vous, il est vrai que ni l'un ni l'autre ne travaille. C'est elle qui vient ouvrir en robe de chambre.

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Bonjour Madame, madame Danielle d'Iona.

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Monsieur Patrick Sarrazins était là. Oui, oui, il est encore Hollie aller le chercher, je vous prie. Alors, à dater de ce moment, vous êtes placé en garde à vue dans le cadre d'une information pour homicide volontaire. Nous allons procéder à la perquisition de votre domicile, Mme. Perquisitions fructueuses, car on trouve chez eux plusieurs armes à feu et un couteau encore taché de sang. Et des quantités industrielles de revues et de cassettes vidéo pornos.

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Ou est ce que vous achetez cette littérature? Matsuda dans un sex shop à Lyon, il donne une adresse.

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Figurez vous que c'est pile le sex shop où travaillait le jeune Sébastien fesant.

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Et les interrogatoires de garde à vue commencent chacun dans un bureau séparé. Ils savent bien sûr que le sang sur le couteau va parler et que les armes retrouvées chez eux collent avec les balles retrouvées dans le corps du jeune Sébastien Faisan. Ils ont compris qu'ils sont cuits et donc qu'ils se couchent tout de suite. Daniel d'Iona, la première. En fait, dans le plan. C'est par moi qu'il était intéressé. Alors, j'ai servi Dapa avant que Patrick passe à l'action.

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Et elle raconte. Il lui avait donné rendez vous à deux heures du matin dans le bois. Ils l'ont attiré à un endroit très à l'écart, tout près de leur voiture. Daniel, alias Chantal, s'est assis sur le fauteuil passager de la voiture, vitre ouverte, et elle a commencé à le chauffer. Mont-Joli. C'est ça que tu voulais voir des vrais nichons, de vraies femmes. Ça te plaît? Tu veux en voir plus? Et lui a proposé de lui attacher les mains.

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Tu aimes les accessoires, ça te dirai que je t'en file des menottes à sa tête, citerait à. Il a dit oui et le piège s'est refermé. Patrick a surgi et lui a braqué un revolver sur la tête. Ce soir là, ça n'était pas du sexe qu'il voulait. Maintenant, donne moi ta carte bancaire. Tenez, prenez mon portefeuille, mon portefeuille est là très bien. Il y a déjà 100 francs dedans, c'est tout ce que t'as.

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Oui, c'est tout ce que j'ai. Mais tenez, j'ai deux cartes bancaires. Vous pouvez les prendre. Tu vas nous donner les codes? Bien sûr. Ouais, ouais. Tout ce que vous voudrez, mais peux tu pas? Donc, ils ont fait tout ça pour le volet. OK, mais alors pourquoi l'ont ils tué? Pourquoi l'ont ils tué de quatre balles et ensuite égorgé d'une oreille à l'autre? Pour le volet, d'accord. Mais alors, pourquoi l'ont ils tué?

[00:11:09]

Et pourquoi l'ont ils tué? Deux fois, une fois un coup de revolver et une deuxième fois à coups de couteau? Parce que tout de même, ils l'ont égorgé d'une oreille à l'autre. Pourquoi c'est lui qui a fait ça? Patrick Sarrazins. Évidemment, chargeur, j'avais tiré quatre fois, il raler toujours. Je ne l'ai pas supporté, je l'ai. Incroyable explication. Et tout ça, pourquoi quelques centaines de francs? Eh bien, même pas.

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Le pauvre Sébastien, faisant consciemment ou pas, ne leur a pas donné les bons codes de ses cartes de crédit. Ils sont allés dans un distributeur code faux. Ils sont allés dans un autre code faux. Au troisième distributeur. La carte a été avalée. Ils n'ont même pas pu retirer d'argent. Ils l'ont tué pour rien. Ils l'ont tué pour 100 francs qu'il avait dans son portefeuille. 15 euros d'aujourd'hui. Minable. Minable. Et ce n'est pas tout.

[00:12:13]

Il raconte la suite, ce qu'ils ont fait après vous, vous allez voir, c'est gratiné. Ils sont allés à la voiture de Sébastien, fesant dans le coffre. Il y avait des cassettes porno. Je rappelle qu'il travaillait dans un sex shop. Eh bien, ils les ont volé. Ils les ont emporté chez eux et en rentrant pour se détendre, ils les ont regardé et ça les a tellement excités qu'ils ont fini par faire l'amour. Des barbares sans aucun état d'âme.

[00:12:41]

Et le lendemain, madame a fait des tartes et des gâteaux toute la journée et le soir, ils ont reçu un autre couple et la soirée s'est terminée au plumard à quatre. Aucun regret, aucun état d'âme. La vie continue comme si de rien n'était. Des crapules.

[00:13:03]

Et là, les gendarmes se disent des gens comme ça, sans foi ni loi, sans coeur. Et si ça n'était pas leur coup d'essai? Et s'ils en avaient tué d'autres avant le mari, par exemple, de Daniel Yonah? Il est mort il y a 14 mois dans un accident de voiture, un soir tard sur une route de montagne. L'enquête, à l'époque, avait démontré qu'il avait bu. Et si ce n'était pas un accident? D'autant que le frère, le frère du mari, vient dire qu'un truc l'a intrigué.

[00:13:36]

À l'époque, le cadavre de son frère présentait une bosse derrière la tête au bas du crâne, alors qu'il était censé être mort d'un choc frontal.

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Donc, on exhume le corps du mari pour réaliser une autopsie. Et je ne sais pas si vous le savez, mais avant une autopsie, on passe toujours le cadavre à la radio de la tête aux pieds et vous savez ce qu'on voit sur la radio corps entier du cadavre de Gildo Yonah? Une balle, une balle dans la tête. Les salauds qui l'ont tué lui aussi. Le juge, bien sûr, les fait revenir dans son cabinet et l'un et l'autre, Patrick Sarrazins se met à table assez vite.

[00:14:27]

Oui, il a aussi tué Gildo Yonah, mais c'était pour de bonnes raisons.

[00:14:34]

Sauf Salò, Daniel m'a raconté qu'il l'a violée. Ça existe le viol dans le couple. Elle voulait plus avoir de rapports avec lui. Il l'a forcée. Et voilà comment ça s'est passé le soir du 4 juin 1994, Gildo Yonah rentre du travail.

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Bonsoir, chérie, ta journée s'est bien passée. Il coûte. L'épuiser? Un petit whisky orange, ça dirait ça ferait plaisir. On oui avec plaisir. Daniel prépare un whisky orange à son mari chéri et elle verse dedans une bonne dose de somnifère qu'elle a préalablement pilé. Gildo Yonah sirote son whisky. Et assez vite, il tombe dans le col tard et là, qui surgit de sous le lit Patrick Sarrazins. Il ne lui reste plus qu'à tuer son rival.

[00:15:34]

Et voilà comment il s'y est pris pour le tuer. Il lui a collé un oreiller sur la tête pour que les enfants dans la chambre d'à côté ne soient pas réveillés par le bruit et à travers l'oreiller. Il lui a tiré une balle dans le conduit de l'oreille. C'est pour ça que sur le moment, on a cru à un accident. L'entrée de la balle n'était pas visible. C'est futé. Ensuite, ils ont entouré la tête du mort dans un sac plastique pour ne pas en mettre partout.

[00:16:03]

Daniel a nettoyé la chambre en grand pont et Patrick Sarrazins a chargé le corps de Gilles dans sa propre voiture, une Peugeot 405. Il l'a conduit au col du Bertillon. Il avait repéré un virage un peu serré avec, en dessous, un ravin. Il a mis le cadavre dans la voiture côté conducteur, et il a poussé la voiture dans le vide et elle est allée s'écraser plusieurs dizaines de mètres plus bas. Il était persuadé d'avoir commis le crime parfait.

[00:16:41]

Comment? Comment a t il eu cette idée géniale? Il le raconte au juge d'instruction. Il lit beaucoup de polars et il écoute Pierre Bellemare sur Europe 1. Pierre avait raconté un crime presque parfait. Il a trouvé sa futée. Il s'en est inspiré et vous conviendrez qu'il a manqué de clairvoyance. Parce que quand on vous raconte des histoires de crimes, que ce soit Pierre Bellemare ou moi, c'est que l'assassin s'est fait pincer. On ne vous raconte jamais des crimes parfaits puisqu'on ne les connaît pas.

[00:17:12]

Gardez bien ça en tête au cas où vous auriez de sales idées.

[00:17:22]

L'enquête a révélé qu'avant d'assassiner le mari, ils ont fait trois tentatives. Trois. La première fois dans sa chambre, elle lui sert un whisky. Elle est fourrent de 35 pilées au cas où Sarrazins lui donne un gros coup de barre de fer sur la tête. Il le mettre dans la voiture. Ils vont au col du Persian. Il pousse la voiture dans le ravin et la voiture reste en équilibre, comme dans les films. L'autre rentre à la maison avec la tête en sang.

[00:17:54]

Il n'a rien compris de ce qui lui est arrivé, mais il ne porte pas plainte. En revanche, il en parle à son père. La deuxième fois, idem. Whisky Trenčín il le mettre dans la voiture? Il arrive sur place, sur le col du Bertillon et il a Gildo. Yonah se réveille et il voit sa femme et il voit cet homme qu'il ne connaît pas. Et là, Sarrazins, bien embêté, lui dit. C'est un enlèvement.

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Je t'ai enlevée avec ta femme et pour donner un peu de crédibilité à ce mensonge. Il fait semblant de violer Daniel devant son mari et après il l'enlève. Daniel ne réapparaît que deux jours plus tard. Elle joue les pauvres femmes violées et l'autre ne porte toujours pas plainte. Et puis, troisième tentative cette fois, elle a lieu au garage de Gildo. Yonah Sarrazins lui tire dessus. Sauf qu'il le loupe parce que l'autre pile à ce moment là, se baissent pour nouer son lacet.

[00:18:53]

On retrouvera la balle dans le mur du garage et là encore, allez savoir pourquoi Gildo Yonah ne porte pas plainte. La quatrième tentative sera la bonne.

[00:19:09]

Alors, qui sont ces gens, ces gens sans coeur, ces gens sans états d'âme qui tuent une première fois pour se débarrasser d'un mari gênant et filer le parfait amour, et une deuxième fois pour 100 francs 100 francs?

[00:19:22]

Daniel d'Iona, d'abord. À la base, c'est une mère de famille assez ordinaire qui élève ses trois enfants dans une forme d'abnégation. Son mari travaille beaucoup. Il était mécanicien, Gilles, Poyaudins, et il venait de monter son propre garage. Donc il partait tôt le matin. Il rentrait tard le soir qu'il était fatigué et petit à petit. Le couple s'est délité à ce moment là. Daniel a trouvé dans le Minitel rose une forme de libération. Le démon de minuit est d'ailleurs la nounou que le couple Yonah a employé pour s'occuper des enfants.

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Raconte qu'avant sa mort, le mari avait des doutes à cause des factures de téléphone.

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Et oui, vous vous souvenez le Minitel quand on allait sur le 36 11 ou le 36 14, ça allait, mais les 36 15, ça douillet. On se retrouvait vite avec des factures qui a explosé. C'est ce qui est arrivé au duo Yonah et le mari, du coup, avait chargé la nounou de surveiller sa femme. La nounou s'est mise à espionner Danielle et elle a bien vu que, contrairement à ce qu'elle disait à son mari, ça n'était pas sur des sites de voyance qu'elle allait.

[00:20:34]

C'était sur des sites de rencontre. Et la même nounou raconte qu'à partir de ce moment là, Daniel, qui s'était un peu laissé aller physiquement, s'est mise à se pomponner, à s'habiller de plus en plus court. Et puis, elle a commencé à s'absenter une heure, deux heures, trois heures dans la journée. Et puis, un jour, un homme a commencé à passer la voir régulièrement à la maison. C'était Patrick Sarrazins, devenu son amant pour le meilleur et pour le pire.

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Lui, ce Patrick Sarrazins, qui était il, lui? C'est ce qu'on appelle un beau parleur tendance manipulateur. Il ne travaille pas. Il prétend vivre de courses de moto. Il dit aussi qu'il a été agent secret. Il est séducteur, séducteur de la tête aux pieds, et il a senti que Daniel était faible. Il a bien vu qu'elle avait une jolie maison et qu'il suffisait de tuer son mari pour s'installer tel un coucou dans le nid. Et l'enquête révèle que avant d'être assassiné, le mari avait déjà été agressé.

[00:21:41]

Une fois qu'il était à son garage, on l'a attaqué par derrière à coups de barre de fer. Il n'a pas vu son agresseur. Il est rentré chez lui la tête en sang et, étrangement, il n'a pas porté plainte.

[00:21:59]

Et après la mort de. Je vous ai dit que son frère avait des doutes à cause de cette bosse dans la nuque, mais il n'avait pas que lui. Les parents de Gilles ont eu aussi des doutes. Le père est au courant pour la première tentative de meurtre. Il sait que son fils s'est retrouvé dans une voiture en suspension au dessus d'un précipice, pile à l'endroit où finalement, il est mort. Et donc, la famille fait savoir à Daniel qu'elle n'est pas la bienvenue aux obsèques de son mari.

[00:22:25]

Et elle n'y va pas. C'est vous dire. Mais ça ne va pas plus loin. La famille ne prend pas d'avocat et comme les gendarmes n'ont aucun doute, il classe l'affaire sans suite. C'est un accident et on passe pas loin du crime parfait.

[00:22:48]

L'instruction du double meurtre commis par le duo Yonah Sarrazins dure quatre ans et tout l'enjeu est de bien distinguer la responsabilité de l'un et de l'autre. Est ce que Daniel est une pauvre femme qui a été manipulée par un amant pervers? Ou est ce qu'elle a été plus active qu'on peut le penser au début? Depuis sa prison, Patrick lui envoie des lettres énamourés, celle là, par exemple, datée du 7 décembre 1995. Daniel, mon amour, je t'aime, je t'écris tous les jours, je t'aime.

[00:23:22]

Et cette nuit, j'ai rêvé de toi et des enfants. Je t'aime. Je ne pense qu'à toi. Un jour, je sais que nous nous retrouverons ensemble, toi et moi. Mais est ce qu'il n'écrit pas ça pour tenter de gommer son rôle de manipulateur? Parce qu'elle est en revanche assez vite, elle le lâche et le charge devant le juge d'instruction. Elle le charge à chaque fois un peu plus. C'est lui qui a eu l'idée des deux meurtres.

[00:23:48]

C'est lui qui a tué. C'est lui qui l'a manipulé.

[00:24:02]

Le procès de ce couple diabolique s'ouvre le 30 novembre 1999 devant la cour d'assises de l'Ain.

[00:24:09]

Daniel Yonah a choisi sa ligne de défense. Elle a été manipulée par son amant. Ce que viennent en quelque sorte confirmer les experts psychiatres qui disent que Patrick Sarrazins est un pervers narcissique.

[00:24:23]

C'est un personnage de bande dessinée. Si vous voulez le justicier amoral, le justicier est dangereux au dessus des lois qui, dès lors que rien ne l'arrête, peut tout, tout.

[00:24:36]

D'accord, mais Daniel Yonah a tout de même pris une part active à l'élimination de son mari. C'est elle qui lui donne par trois fois le somnifère et elle prend aussi une part très active dans l'assassinat du jeune Sébastien fesant. C'est elle qui la pâte, ça, explique le verdict. Patrick Sarrazins est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour deux assassinats et elle, Daniel Yonah, redevenu Daniel Guillier, de son nom de jeune fille. Elle est condamnée à 30 ans de réclusion criminelle pour 2 complicité d'assassinat.

[00:25:17]

Quelle histoire vraiment? Quelle histoire pour la débriefé! Je suis maître Jacques Dufour du barreau de Lyon. Maître, vous étiez dans ce dossier. Partie civile, c'est à dire que vous étiez l'avocat de la famille du jeune Sébastien. Je suis très content de vous avoir trouvé parce que je me suis dit une affaire de 95. Plus personne ne va s'en souvenir. Elle m'a intéressé parce que c'est une affaire du temps du Minitel que quelque part, elle a sa place dans l'histoire du crime.

[00:25:44]

Et quand on vous a appelé pour vous inviter, vous nous avez dit Ah, mais je m'en souviens très bien. J'ai toujours gardé le dossier et je le montre aux stagiaires qui viennent à mon cabinet. Et pourquoi donc? Pourquoi?

[00:25:56]

Tout simplement parce que pour des stagiaires, l'avocat et le pénaliste. Et quel plus beau dossier! Quel plus beau, plus malheureux dossier que celui ci a présenté à un jeune stagiaire un dossier à tiroirs. Vous l'avez fort bien démontré et expliqué à l'instant. Et par conséquent, c'est un dossier qui marquent les esprits et qui marque. Tous les stagiaires auxquels j'ai pu présenter cette affaire, j'adorais aller vraiment au fond de ce dossier.

[00:26:24]

Mais il me faudrait une petite semaine pour le lire, pièce par pièce. Alors tout l'enjeu de cette affaire est notamment. L'enjeu de la cour d'assises était de départager les responsabilités. Ils ont toujours été là tous les deux. Mais est ce que lui là, à ce point manipulé, qu'elle aurait pu bénéficier de circonstances atténuantes? Le verdict est clair la cour d'assises répond non. Il prend perpète. Elle prend 30 ans. Ce sont des peines assez proche. Finalement, Harriot, après qu'il va jouer sur la libération conditionnelle.

[00:26:56]

Donc Daniel Yonah n'a pas été victime d'un pervers manipulateur. C'est ce qu'elle a soutenu tout au long de l'instruction. C'est ce qu'elle a soutenu ou tenté de soutenir tout au long du procès. Et la cour ne s'y est pas trompé. Il est apparu qu'elle avait eu un rôle très actif, un rôle déterminant tout d'abord dans l'assassinat de son mari et ensuite dans la mort tragique du jeune Sébastien.

[00:27:19]

Mais elle n'est pas manipulée. Elle n'est pas une chose au service de ce grand pervers. Qui est Patrick Sarrazins? Elle l'a dit, elle l'a affirmé, elle l'a soutenu. Mais encore une fois, tous les éléments du dossier ont démontré le contraire. Elle était en admiration devant lui et c'est une certitude. Elle était subjuguée par lui. Elle était amoureuse de lui. Mais elle l'a suivi sans rechigner et sans aucune hésitation et sans difficulté. Mais comment se fait il que cette femme, qui est une mère de famille qui élève trois garçons, bascule à ce point là au point de devenir complice de deux assassinats?

[00:27:55]

Qu'est ce qui s'est passé dans cette vie là? Elle s'ennuyait à ce point qu'il lui fallait de la fantaisie?

[00:28:01]

Oui, certainement certainement. Ce n'était un secret pour personne. Elle l'avait vécu. Dix ans de mariage sans histoire avec son mari. Et au bout de dix ans, le couple s'était délitée. Il n'y avait plus d'envie. Chacun menait sa vie. De son côté, elle commençait à mener une vie très débridée avec le Minitel. Vous l'avez dit. Elle a eu quelques expériences qui n'ont pas été très satisfaisantes lorsqu'elle est tombée sur Patrick Sarrazins. Ça a été le véritable coup de foudre.

[00:28:29]

Ça a été l'amour fou. Il ouvre des horizons sexuels. Disons les choses, c'est ça. Elle avait fait l'amour, papa dans Maman pendant des années. Et là, tout d'un coup. Finalement, Patrick Sarrazins lui ouvre des horizons inconnus.

[00:28:41]

Il semblerait que oui. Il semblerait que oui, puisque il ne ressort pas d'éléments du dossier qu'auparavant, elle se livre à l'échangisme comme elle a pu le faire lorsqu'elle a connu ou qu'elle a connu. Patrick Sarrazins, donc, oui, sexuellement. Elle a découvert des choses de façon évidente avec lui.

[00:28:56]

Et vous pensez que lui, depuis le début, l'a choisie, elle, parce qu'elle est manipulable?

[00:29:03]

Non, je ne le pense pas. Je ne le pense pas. Il est amoureux. Il est amoureux. Oui, elle est amoureuse de lui et lui est très épris d'elle. Vous avez cité sincèrement? Oui, certainement certainement. La lettre d'une manipulation, ce n'est pas certain du tout. Il y a eu d'autres lettres, d'autres lettres d'amour qu'il lui a écrites et d'amour. Oui, et c'est un amour qui existait avant les faits, pendant les faits qui existaient, après, pendant sa détention.

[00:29:28]

Lui, il est ce qu'on appelle dis sans foi ni loi, mais au fond, sans morale, sans aucun repère moral, capable de tuer pour 100 francs. Aurait il eu les codes des cartes de crédit au fond? Ça aurait été moins de mille francs. Donc tuer pour moins de mille francs, lui, ça ne lui pose aucun problème. D'ailleurs, est ce qu'on est sûr qu'il n'a tué que ces deux là?

[00:29:47]

C'est une bonne question.

[00:29:49]

Tout d'abord, on a cherché qu'il a tué pour 100 francs. C'était une interrogation, du reste, d'apporter plus de précisions pour le décès de Sébastien. Il s'est agi d'un meurtre et non pas d'un assassinat. Ils n'ont pas retenu la préméditation. Non, non. Donc, la question reste entière et elle a été posée. Les jurés ont répondu par la négative. Pour eux, il n'y a pas eu de préméditation. Donc il y a eu le vol de de ses 100 francs, la carte bleue.

[00:30:16]

Dérobés. Mais on n'a jamais su s'ils avaient décidé dès le départ, de supprimer Sébastien, maître du four. A l'issue de cette instruction, quelle est pour vous le mobile du meurtre de Sébastien?

[00:30:34]

Question bien compliqué, bien complexe, à laquelle personne n'a su apporter de réponse. Le mobile, nous pensions. Nous pensions que c'était le vol, le vol crapuleux et qu'il fallait se débarrasser à tout prix de Sébastien. Du reste, il l'avait expliqué à sa compagne d'alors que s'il y avait la moindre difficulté, il n'y aurait pas de témoin et qu'il était tout à fait disposé, tout à fait prêt à supprimer Sébastien.

[00:31:01]

C'était prévu avant. Éliminer Sébastien, endifficulté en cas de difficulté? Oui, il fallait. Il ne fallait laisser aucun témoin. Il fallait supprimer. Il fallait l'éliminer.

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Mais a priori, il n'y a pas eu de difficulté. A priori, ce que les parties civiles supposaient, c'est ce que les parties civiles ont pensé. Mais ce n'est pas ce que la cour d'assises a retenu. A priori, il donne ses codes de carte de crédit. Ils ne savent pas, avant de tuer que les codes sont faux, n'ont en aucune façon. Donc a priori, ils ont le peu d'espèces qu'ils ont trouvé sur lui. Ils ont sa carte bancaire, donc ils n'ont aucune raison de le supprimer.

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Et pourtant, c'est ce qu'ils ont fait. Mais Patrick Sarrazins, d'où tient il cette faiblesse morale qui consiste à tuer un homme pour de l'argent pour aussi peu d'argent? L'explication réside peut être dans le précédent assassinat, cette fois ci celui de Gilles de Gounass, puisque les enjeux financiers étaient beaucoup plus importants puisqu'en supprimant le mari pour des motifs que l'on peut considérer comme faux puisqu'il a toujours, ils ont toujours affirmé que c'est parce que Gilles de Rais était violent avec son épouse, parce qu'elle n'a nulle part été démontrée en aucune façon, il l'a violée, qu'il l'a violée.

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Cela résulte, à notre sens, de leur imagination. Mais l'intérêt de ce que Gilles de Gounass, c'est qu'il y avait un crédit sur la maison qui est épongé par le décès de Gilles. Dégueulasse. Il y avait aussi une assurance vie, une assurance vie de 900 000. Et bonne mémoire, ce qui représente tout de même plus de 130 000. Et là, l'intérêt financier était évident.

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L'intérêt de Daniel Yonah? Pas l'intérêt de Patrick Sarrazins, Patrick Sarrazins et sans emploi, Patrick Sarrazins connaît des difficultés. Le Minitel rose coûte une fortune et il faut de l'argent pour cela. Et par conséquent, le meurtre de Diana était parfait pour retrouver cet argent. Parlez nous de lui parce que vous, vous l'avez vu à la cour d'assises pendant les nombreuses journées qui ont duré ce procès. Je crois cinq, six jours d'une semaine ou une semaine, quatre ou cinq jours.

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Cela? Et quelle sorte d'homme est il? Parce que ça, c'est une. C'est une faiblesse pour nous qui ne l'avons pas connu. On a l'impression d'un homme d'un cynisme incroyable, d'une légèreté morale incroyable. A quoi ressemble t il?

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Et qui était un personnage inquiétant, un personnage inquiétant, impressionnant, impressionnant par un gabarit très impressionnant. Mais son visage, lui, l'était. Il faisait peur. Il faisait peur et faisait peur. Physiquement. Son regard, son regard et son regard. Et puis surtout, raide dans ses bottes. Une certitude absolue. Il a expliqué tout ce qu'il a pu faire. Il a expliqué le déroulement des opérations, si je puis dire, avec un détachement et avec une froideur inquiétante.

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Pas d'affect, nul. Nullement, nullement, assure d'affects. Et c'est ce qui a marqué les esprits. Et c'est pour ça qu'il prend perpète. Elle est là de l'affect. Pas davantage, pas davantage, qu'il s'agisse de l'assassinat de son mari ou du meurtre de Sébastien. C'est pareil, c'est pareil. Elle est active et elle participe. Elle prend part aux opérations et après coup, il n'y a pas. Il n'y a pas de regret. Il n'y a pas de remords, encore moins.

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Non, c'est quelque chose. Les événements qui se sont déroulés après, après la mort de Sébastien, le démontre amplement. On reprend un cours de vie tout à fait normal. Le soir des faits, le soir des faits, on regarde les cassettes porno, on regarde des cassettes porno qu'on était caché dans le coffre de la victime avant. Avant ça, on a essayé d'aller chercher au distributeur un peu d'argent. Ensuite, on rentre se coucher, on visionne des cassettes vidéo.

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Le lendemain, on vous l'avez dit de nouveau. On va reprendre le cours normal des choses, si je puis dire, avec avec un couple échangiste. De son côté, elle prépare des gâteaux pendant la journée. On réceptionne le soir, on festoie du champagne, il y a des rapports. Ça a été démontré sans la moindre, sans la moindre gêne, sans la moindre réserve.

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Au fond, le Minitel. Cette année là, en 1994, a permis à deux grands tordus de se rencontrer un peu par hasard. Oui, oui, oui, assurément. Oui, c'est ça. L'histoire de ce double crime. Ce sont les hasards des rencontres Minitel qui mettent deux personnes sans aucune morale. Face à face, puis main dans la main, et qui se seraient sans doute jamais rencontrés si tel n'est pas existé à l'époque, nous sommes d'accord.

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Patrick Sarrazins est un pervers narcissique, disent les psychiatres. Ça veut dire qu'il est extrêmement dangereux. Ça ne se soigne pas. Ce type de perversion, c'est ce qu'ont laissé entendre. Ou plutôt, c'est ce qu'on dit d'une façon précise, les experts. Oui, ils étaient très élevés, beaucoup d'interrogations quant à l'avenir concernant il est condamné à perpétuité en 1999. Est il toujours en détention à votre connaissance? Je pense qu'il l'est encore, mais je n'en ai pas la certitude.

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De son côté, j'imagine que sont sorties. Ouais, oui, ouais.

[00:36:07]

Ouais, ouais, puisqu'elle avait été condamnée à 30 ans de réclusion, libérable à 15 ans il y a quelques années.

[00:36:13]

Oui, oui, mais lui, j'imagine qu'il est encore. Il avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, mais avec une peine de sûreté de 22 24 ans. Lomax Oui, à l'époque, oui. À l'époque, oui.

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Merci beaucoup, maître d'avoir rouvert ce dossier pour nous. Et je vous en prie, après tant d'années. Après, c'est assez rare de trouver des avocats qui se souviennent comme ça de deux dossiers parce que les dossiers s'entassent, les dossiers passent et on est incapable de les raconter quand même. Je me souviens très bien quand on fait entrer l'accusé, on allait réveiller comme ça de vieilles histoires. Il fallait qu'on rappelle l'histoire aux avocats qui l'avaient souvent oublié. Merci, merci infiniment maître Dufour.

[00:36:54]

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