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[00:00:02]

Raconte Christophe Hondelatte. Bonjour a tous, je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire d'un très grand tueur en série qui, pour une fois, n'est pas un Américain. Il s'agit d'un Russe, Alexandre Pouchkine Chine en 2006 à Moscou. Il a, vous et tenez vous bien, 61 assassinats. Il a été condamné à la prison à vie pour 48 meurtres, tous commis au même endroit. Un grand parc au coeur de Moscou. Pourquoi les a t il tué tous ces gens?

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Ne vous attendez pas à une réponse rationnelle. Il les a tués parce qu'ils étaient. Mais ce qu'il dit, lui, c'est qu'il les a tué pour entrer au panthéon du crime, pour être le plus grand tueur en série russe. Et pourquoi 61 victimes?

[00:00:54]

Parce que son ambition était de tuer autant de personnes qu'il y a de 15 sur un jeu d'échecs. 64. Il n'a pas pu aller au terme de son projet pour débriefer cette histoire. Tout à l'heure, j'ai invité le grand écrivain russe, ancien diplomate Vladimir Fédorovski, que je salue. Bonjour Vladimir Fédorovski. Bonjour! Quel plaisir de vous retrouver avec mon accent, avec votre accent. Vous êtes là pour nous, pour nous, Russie fiée cette histoire. En vérité, Vladimir, vous n'êtes pas un spécialiste de Pouchkine.

[00:01:26]

Je vous demande juste d'écouter cette histoire et de nous aider tout à l'heure à la restituer dans le contexte moscovite. Voici donc Mychkine, le tueur à l'échiquier. C'est une histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard. Réalisation Céline le brave.

[00:01:45]

Christophe Hondelatte. A Moscou, il y a un moyen d'échapper aux trépidations de la ville, aux voitures, aux klaxonnent, aux gaz d'échappement, à la foule. Le parc bity offusquez que tout le monde appelle Bissa. Un enchantement. 22 kilomètres carrés de nature en pleine ville, une vraie forêt, des pelouses, des sentiers balisés, des tables sur lesquelles, en général, les gens jouent aux échecs. Le paradis, jusqu'à l'automne 2005. Ça commence le 15 octobre, quand un promeneur découvre le premier cadavre.

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Une horreur, une barbarie, une folie. Le type a une bouteille de vodka enfoncée dans le crâne et la cervelle qui dégouline. Il a été fracassé et il n'est que le premier d'une très longue liste. Un mois plus tard, nouveau cadavre, toujours dans le parc Bitat, un homme de 63 ans. Deux semaines plus tard, nouvelle victime. Et encore une autre, deux semaines après, quand l'année 2005 se termine. On compte sept cadavres, tous ramassés dans le parc Bissa.

[00:03:01]

Des hommes uniquement de tous les âges, tous fracassés. On leur a enfoncés dans le crâne, soit une bouteille, soit un tesson de bouteille, soit un bout de bois. Il faut être un sacré barbare pour faire ça à un bonhomme et il faut avoir une sacrée force. C'est solide, un crâne.

[00:03:20]

Au début, vous n'allez pas le croire, tous les meurtres du parc Bitte, ça se ressent. On peut imaginer dès maintenant que c'est le même tueur, le même monstre. Sept cadavres en quelques semaines. Et pour la police de Moscou? Ce sont des cas séparés et donc des enquêtes séparées. Quelle perte de temps! Mais quand ça continue. Début 2006, au rythme d'un cadavre, tous les quinze jours, toujours des hommes, le crâne explosait. Le procureur finit par se rendre à l'évidence c'est un tueur en série et un sacré tordu.

[00:04:00]

Tous les dossiers sont donc rassemblés dans une seule enquête.

[00:04:07]

Mais qu'est ce qu'il y a dans ces dossiers? Eh bien, pas grand chose, surtout des informations sur les victimes. Mais à part, ça ne vaut rien. Pas la moindre trace d'ADN, pas la moindre empreinte digitale. Aucun témoin. Jamais le vide sidéral. Et pourtant, à chaque découverte de cadavre. Le chef de la criminelle donne des consignes très strictes sur place.

[00:04:36]

Vous me relever tout, tout ce qui peut appartenir au tueur. Le moindre papier et le moindre mégot.

[00:04:42]

Vous relevez tout, mais c'est ce qu'on a fait la dernière fois. Oui, je sais, mais la dernière fois, on n'a pas relevé une seule empreinte digitale exploitable. Et pas non plus d'ADN cette fois. Vous ne négligez rien. On ne sait même pas s'il y a un ou plusieurs tueurs ou si c'est un homme ou une femme. Ça pourrait être une femme puisque les victimes sont toutes des hommes.

[00:05:10]

Un par un, les cadavres sont t'emmener chez le vieux médecin légiste de Moscou, le docteur Vorontsov. Il s'attarde sur le crâne. Il l'examine dans tous les sens. Je ne peux pas trop m'avancer, mais je pense pouvoir dire que le tueur utilise un marteau et un marteau. Pour l'instant, c'est la seule donnée un peu concrète dans ce dossier. Le ou les tueurs fracassent leurs victimes à coups de marteau. Mais pourquoi ça? On n'en a aucune idée.

[00:06:02]

La presse, bien sûr, est au courant maintenant, elle l'appelle le tueur de bite, ça, et c'est peu dire que les habitués du parc sont gagnés par la psychose. Alors, pour tenter de rassurer les Moscovites, les autorités ont assigné 200 policiers à la surveillance du parc qui, tous les jours, contrôlent des dizaines de personnes. Tenez, cette femme là bas qui s'enfonce dans la zone boisée du parc, elle est louche, non? Mahlab où allez bon comme ça, la voilà qui se met à courir.

[00:06:39]

Les policiers se lancent à sa poursuite. Ils la rattrape et à ce moment là, la dame perd sa perruque. C'est un homme. Est ce que ça ne serait pas notre homme? Veuillez nous présenter vos papiers. Monsieur le travesti se met alors à fouiller dans son sac à main. Et qu'est ce qu'il y a dans son sac à main? Un marteau? Qu'est ce que ça fait dans votre sac? Ce n'est pas ce que vous croyez, mais messieurs les policiers, je ne l'utilise que pour me défendre.

[00:07:08]

C'est risquer d'être travesti ici, vous le savez bien. L'oiseau est tout de même à emmener au poste de police. On vérifie son emploi du temps ces derniers mois. Il a des alibis pour la plupart des assassinats. Il est donc relâché. L'enquête, qui patine évidemment, laisse libre cours aux rumeurs les plus folles. Tu vois le bâtiment qui est au nord du parc, c'est un hôpital psychiatrique. Quelqu'un m'a dit que c'était un fou qui s'est échappé et qui a fait tous ces morts.

[00:07:45]

Ah bon? Tu racontes? Il ne s'est pas échappé. C'est un fou à qui on donne des autorisations de sortie et qui assassine le premier qu'il croise. Pure spéculation. Une semaine à peu près après l'arrestation du travesti, on découvre un nouveau cadavre. Même mise en scène, le crâne fracassé, un morceau de bois enfoncé dans la cervelle. A ce détail près que la victime, cette fois, est une femme, une employée de supermarché. Tous les rituels des crimes précédents sont là, mais pour la première fois, c'est une femme.

[00:08:21]

Ça fait douze victimes et la victime suivante, en avril, c'est aussi une femme, de même que la victime, découverte mi juin. Et ça, c'est absolument incompréhensible. Voilà un type qui tue des hommes et rien que des hommes pendant six mois et qui maintenant tuent uniquement des femmes. Pourquoi ça n'a pas de sens? Mais dans la poche de la dernière victime, Marina Mosca, le violeur, une mère célibataire, on trouve un ticket de métro et c'est enfin une piste.

[00:08:57]

Les policiers entament le visionnage des caméras de vidéo surveillance du métro en se disant que peut être, le tueur a suivi sa victime en amont dans le métro avant qu'elle n'entre dans le parc. C'est long, c'est fastidieux. Alors en attendant, ils vont interroger le fils de la victime, un petit garçon prénommé Sergueï. Sergueï, tu peux me dire ce que ta maman avait l'intention de faire quand elle est partie de chez vous. Oui, monsieur, mais moi je n'étais pas là quand elle est partie de la maison.

[00:09:28]

Mais elle m'avait laissé un mot sur la table pour me dire qu'elle allait se promener avec un petit copain qu'elle appelait Sasha.

[00:09:37]

Les policiers vont chez elle et ils trouvent le mot en question sur la table de la cuisine. Sergueï, je pars me promener au parc Bissa avec Sacha. Mon téléphone ne fonctionne pas, mais tu peux appeler Sacha à ce numéro à tout à l'heure. Intéressant parce que non seulement on a le prénom de cet homme qui est allé au parc avec elle, mais en plus, on a son numéro de téléphone.

[00:10:02]

Petite recherche dans les fichiers des opérateurs de téléphone. Le type s'appelle Alexandre Pouchkine. Il est manutentionnaire dans un supermarché. Il habite à Moscou, chez sa mère. On va le chercher maintenant. Depuis le temps qu'on cherche une piste dans cette affaire terrifiante, on y va tout de suite à 22h30, le soir même. Les policiers vont interpeller Pouchkine chez lui, enfin chez sa mère.

[00:10:27]

Il n'oppose aucune résistance et il répond à toutes les questions qu'on lui pose sur la disparition de sa copine Marina. Je ne suis pas allé au parc avec elle. Ce n'est pas vrai. Je n'ai rien à voir avec tout ça. Ah bon, je vous ai raconté tout à l'heure que les policiers s'étaient lancés dans le visionnage de toutes les bandes vidéo du métro. Eh bien, ils viennent de trouver des images de Marina à la station Rakoff Sky. On la reconnaît parfaitement sur le quai, dans son manteau bleu clair, celui qu'elle portait quand elle a été tuée dans le parc et qui est à côté?

[00:11:00]

Alexandre Pouchkine. Il ment donc quand il dit qu'il n'est pas allé au parc. Il ment. Et quand on visionne toute la bande, on les voit côte à côte. Dans la rame, on voit d'autres images dans lesquelles ils descendent côte à côte de la rame et on les voit sortir de la station ensemble. Alors, M. Pitiot, Jacqueline, vous êtes certain que vous n'êtes pas allée au parc avec votre copine Marina? Absolument certain. M.

[00:11:30]

Tchourkine. Pourquoi ne voulez vous pas reconnaître que vous êtes allé au parc ce jour là? On vous a vu descendre avec Mme Mosca yaura du métro et moins d'une heure après, elle est morte. Alors que s'est il passé? Racontez nous. Silence. M. Mychkine, êtes vous allé au parc avec Mme Mescaline? En vain. Ouais, nous nous sommes retrouvés pour faire un pique nique habite ça et c'est moi qui l'ai tué. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai eu envie de la tuer, alors je l'ai tué et je l'ai fait parce que si je ne le faisais pas, ma vie allait devenir un enfer.

[00:12:06]

Désaveu incroyable, le type se couche d'un coup, même si ses explications sont étranges, alors accrochez vous bien, parce que maintenant qu'il a commencé à vider son sac, il ne va plus arrêter le maniaque de pizzas comme vous l'appelez. Bas, c'est moi. Hallucinant! La policière qui l'interroge ne lui avait pas encore posé de questions sur les autres crimes. Il y va tout seul. Du coup, elle appelle tout de suite ses supérieurs.

[00:12:41]

Allo, plutôt Jacqueline. Le suspect du dernier crime, il vient de désavouer tous, tout d'un coup. Ah non, non, j'ai rien eu à lui demander. Il m'a tout dit tout de suite le maniaque de bizzard. Il m'a dit c'est moi.

[00:12:55]

Du coup, la jeune policière est remplacée par un collègue plus expérimenté qui lui colle un par un le nom de ses 14 victimes sous le nez. Et à chaque fois, il dit ouais, ouais, ouais. Il assume les 14 meurtres, mais il ne s'arrête pas en si bon chemin. Là où vous vous trompez, c'est que je n'ai pas seulement tué 14 personnes, j'en ai tué 61. Mais comme vous ne faites pas bien votre travail, les autres, vous les avez pas trouvés.

[00:13:33]

Soit santéune se pitchou, qui serait donc le plus grand tueur en série de l'histoire de Russie parce que 61, c'est neuf de plus qu'en breakée. 4 Ilot condamné en 1992 pour 50 de meurtre. Et vous avez remarqué? Il se vantent, il se moque de la police. Vous ne faites pas bien votre travail.

[00:14:02]

Il faut que vous me donner plus de détails, plus de choses. Il faut nous dire ou nous dire qui nous dire comment vous avez tué ces soixante et une personnes puisque c'est le chiffre que vous nous donnez.

[00:14:14]

C'est simple. Sur les 61 meurtres, j'en ai commis 60 dans le parc de Bisa pendant 14 ans. J'ai fait absolument ce que je voulais, absolument tout. J'étais presque comme un dieu. Et pourquoi avez vous tué autant de personnes? Vous savez, sur un échiquier. Il y a 64 cases. Je voulais atteindre ce nombre de 64, commettre autant de meurtres qu'il y a de cases sur l'échiquier.

[00:14:43]

J'y étais presque parvenu. Les policiers, je dois vous le dire à ce moment là, sont un peu sceptiques parce que 61 moins 14. Il leur manquerait quarante sept cadavres, 47 morts qui seraient passés inaperçus. C'est pas possible. Bien si. Parce que l'autre en face, il se souvient de tous les meurtres par an. Les noms, les dates, les lieux. Ce qu'il a dit, ce qu'il a fait, quel objet il lui affiché dans le crâne.

[00:15:15]

Et manifestement, il a envie de raconter ça. Le fait Picher. Puis Turski. Dans la foulée, les policiers de la criminelle vont fouiller son appartement, celui dans lequel il vit avec sa maman dans un dossier. Il retrouve tout un tas de coupures de presse sur le maniaque du parc Bitat. Il trouve surtout un marteau, un marteau avec un manche en plastique jaune. Il examine au premier coup d'œil pas de trace de sang. C'est la police scientifique qui devra dire si c'est l'arme du crime.

[00:15:48]

Mais l'objet le plus intéressant saisi au cours de cette perquisition. C'est le jeu d'échecs de Pitiot que les policiers retrouvent planqués dans un placard. Pour chaque meurtre, il a inscrit un chiffre dans l'une des cases de 1 à 61. Il ne reste que trois cases de vide. Il dit donc vrai quand il raconte que son ambition, c'était de cocher toutes les cases de son échiquier. Quand elle apprendra ça, dans quelques heures, La Presse trouvera un nouveau petit nom à Pitiot.

[00:16:20]

Il deviendra le tueur à l'échiquier. Bon. Et maintenant, il faut donc dresser la liste des 47 victimes dont la police ignorait l'existence et si possible, retrouver leurs cadavres. Le directeur d'enquête a choisi stratégiquement une jeune policière, Valeria Chouffe Quora, blonde ravissante, pour interroger Pitchou shocking là dessus. Mais en vérité, ce n'est pas nécessaire. Ce genre de type adore raconter ses exploits. Il se souvient en général de tous les détails et pitchs, juge qu'il ne va pas déroger à la règle.

[00:16:54]

Il a une mémoire phénoménale et Alexandre Pouchkine est donc interrogé par la ravissante Valeria Chouffe Cova, choisie par sa hiérarchie pour lui tirer les vers du nez.

[00:17:09]

Ce qui n'est pas vraiment nécessaire d'ailleurs, puisqu'il parle sans difficulté de ses crimes en détail et de lui aussi du pourquoi, du comment il a tué tous ces gens.

[00:17:20]

Vous savez, j'avais l'impression d'être le père de toutes ces personnes. Je leur ouvrait la porte vers un autre monde. Le premier meurtre, c'était un peu comme le premier amour. On ne l'oublie jamais. Vous êtes très proche de la personne. C'est agréable de la tuer. Ça procure beaucoup d'émotions. Et puis, il livre un par un le nom de ses victimes, pour la plupart non identifiés jusqu'ici par la police, par exemple Vladimir Fomine. Les policiers fouillent leurs fichiers.

[00:17:51]

Aucune trace. Le type a été assassiné. Il n'est même pas porté disparu. Les policiers retrouvent son père. Mon fils Vladimir, il a disparu depuis 2003. Il est sorti chercher des cigarettes. Il n'est jamais rentré. Il est vivant. Vous l'avez retrouvé? Non, monsieur.

[00:18:10]

Malheureusement, plusieurs raisons nous laissent penser qu'il a été tué depuis trois ans déjà.

[00:18:24]

Et c'est comme ça pour chaque nom que livre shocking! Et là, on va s'apercevoir d'une énormité. Certains de ces cadavres ont été retrouvés à l'époque, mais pour dix d'entre eux, on a déjà arrêté et condamné en assassin. Et oui, ça se passait comme ça à Moscou dans ces années là. Quand une enquête était trop longue, qu'elle ne débouché sur rien. On trouvait quelqu'un pour porter le chapeau. Un brave type à qui on connaît le meurtre.

[00:18:50]

C'était bon pour la statistique. La police veille sur vous. Dormez en paix. Et puis, il y a le cas particulier de la 61ème victime. Dites moi, monsieur Pouchkine, cet homme de 40 ans dont vous nous avez dit qu'il s'appelait Savine, je crois. Nous l'avons identifié, mais il s'est suicidé en se défenestrant. Ah mais oui, la vie. C'était un sans abri. Lui, c'est le seul que j'ai tué en dehors du parc.

[00:19:23]

Je l'ai amené sur son balcon, je l'ai mis au dessus du vide. Et puis, j'ai passé ses jambes par dessus le balcon. Il s'est fracassé en bas de l'immeuble. Je savais bien que tout le monde croyait à un suicide. En vérité, Pitchou, qui n'a longtemps sélectionné ses victimes parmi les gens seuls, isolés, du coup, personne ne s'est vraiment intéressé à leur disparition ou aux conditions de leur mort. Ils voulaient avoir du temps devant lui pour parvenir à cocher les 64 cases de son échiquier pour chaque victime.

[00:19:57]

On procède à une reconstitution au parc Bissa et à chaque fois, tout est filmé en vue du procès. En Russie, les reconstitutions ont valeur de preuve. Mettez vos Soleiman qu'à la commande avez vous frappé, jeté debout ici? Là, j'ai sorti le marteau. J'ai couru vers lui. Je l'ai frappé.

[00:20:20]

Il a hurlé. Comment est il tombé sur le dos?

[00:20:25]

Ah non, non sur le côté. Et ensuite, ensuite, les frappaient plusieurs fois au crâne pour lui briser. Et puis, j'ai planté la bouteille de vodka.

[00:20:34]

Au début, je voulais mettre un bâton, mais ça rentrait pas. Alors j'ai mis la bouteille. Et à chaque fois, il raconte avec les yeux qui brillent, trop content qu'on lui pose toutes ces questions. Trop heureux d'être au centre du jeu. Mais pour l'instant, on n'a pas retrouvé le quart des cadavres des gens qu'il dit avoir tué cet ouvrier, par exemple. Il dit qu'il a abandonné son corps sur place. Mais où? Pitiot Shocking désigne un chemin dans la forêt.

[00:21:12]

Les policiers le suivent. Il va précisément au pied d'un arbre, un arbre qu'il retrouve tout de suite et il dit cela on gratte au pied de l'arbre et le corps est là, effectivement.

[00:21:28]

Enfin, ce qu'il en reste. Il a été dévoré par les animaux. On trouve des ossements parfaitement propres tout autour de l'arbre pendant des années. Les gens sont passés à côté. Personne n'a rien eu.

[00:21:50]

Mais le temps passe et il manque toujours 45 cadavres et là, pour la première fois, on voit Pitiot Chine qui calpe et n'est pas capable de dire où ils sont. Il est. Et pour cause, les policiers vont découvrir où sont passés ces cadavres grâce au témoignage d'une survivante, une certaine Maria, qui vient dire qu'elle a eu affaire à Chongqing en février 2002. Il y a quatre ans qu'elle est une miraculée.

[00:22:24]

J'étais à la station de métro. Je pleurais. Je venais de rompre avec mon ami. Ce monsieur est venu me consoler. Il m'a proposé de boire un verre. Et puis il m'a emmené dans le parc. Il a voulu me montrer les égouts. Il a ouvert une plaque. Il m'a jeté dedans. J'ai été emporté par l'eau. Le courant était très fort et j'ai passé plus de vingt heures là dessous avant de réussir, de m'en sortir. C'est un miracle.

[00:22:50]

Marie aurait dû être emportée par le flot des égouts de Moscou. Elle s'en est sortie complètement par hasard. Dites moi, monsieur Pitchou Jacqueline.

[00:23:00]

Les corps qu'on ne retrouve pas. Vous ne les auriez pas jetées dans les égouts par hasard. Bravo! Je vous félicite. Les égouts, c'était ma technique au départ. C'est même comme ça que j'ai fait la première fois quand j'avais 18 ans. Dix huit ans, il a commencé à tuer à l'âge de 18 ans un de ses camarades de classe, un certain rôle, dit Tchouk. Le plan de tuer tous ces gens, c'est avec lui, oldies, tchouk que je l'avais imaginé au départ.

[00:23:32]

Et puis, au moment de passer à l'acte, il a refusé. Il m'a trahi. C'est pour cela qu'il est passé le premier dans la plaque d'égout du parc Bitat. Et le second, le second, c'était Mirka. C'était un gamin de 9 ans, vagabond lui aussi. Je l'ai jeté dans les égouts vivants. Il n'a pas dû le rester longtemps. Combien de personnes avez vous noyé de cette façon? Je dirais 16 plus ou moins. Je ne peux pas être plus précis.

[00:24:01]

Il serait peut être temps de le montrer à un psychiatre. Ce. Pitchou Jacqueline. A un moment donné, bien sûr, on présente Pitchou qui des experts psychiatres. Ils vont beaucoup aider à comprendre le fonctionnement du personnage. Il note d'abord qu'il était très doué pour mettre ses victimes en confiance, pour les appâter. Je leur parler simplement, je leur disais ce qu'elles avaient envie d'entendre. C'était simple, il me parlaient de leurs peines et souvent, je leur proposait de m'accompagner dans le parc pour se recueillir avec moi sur la tombe de mon chien.

[00:24:49]

Les psychiatres vont permettre aussi de résoudre un mystère. Pourquoi est ce qu'au début, il balançait des cadavres où les gens vivant dans les égouts et que les derniers temps, il laissait les cadavres sur place? Les psychiatres pensent qu'à un moment donné, il a voulu qu'on parle de lui quand il jetait les cadavres dans les égouts. C'étaient des disparus. Ça ne faisait pas une ligne dans le journal. Alors que quand il a commencé à laisser les corps mutilés par ses bouteilles ou ses bouts de bois qu'il leur enfonçait dans le crâne, on s'est mis à parler de lui.

[00:25:23]

Le tueur de bite, ça. À part ça, les psychiatres concluent que Pitchs juge qu'il est un pervers qui prenait sans doute un plaisir sadique et sexuel à tuer ses victimes. Un pervers, mais pas fou, donc. Il est apte à être jugé.

[00:25:51]

Le procès d'Alexandre Pouchkine s'ouvre le 13 septembre 2007 à Moscou. Il est jugé pour 49 des 61 meurtres qu'il s'attribue dans 12 dossiers. La police n'est pas arrivée à réunir suffisamment de preuves. Il est content d'être la vedette de son procès. Il assume tout et si besoin, il en rajoute. Avez vous des regrets? Toucherai? Ah ben oui, je regrette que vous n'ayez arrêté Suteau, j'avais prévu de tuer une autre femme deux jours après vous m'avez arrêté.

[00:26:31]

Le procès se déroule au rythme de cinq ou six dossiers de meurtres par jour. Il les raconte sans négliger de détails. Pourquoi est ce qu'il a mis une bouteille de vin? Parce que le bâton ne rentrait pas dans le crâne. Une bouteille, ça glisse mieux. On lui demande pourquoi léchiquier? Pourquoi avoir choisi de cocher toutes les cases d'un échiquier? Il dit qu'il a choisi cette méthode comme marque de fabrique pour marquer les esprits et pour entrer dans les annales des tueurs en série.

[00:27:01]

Le 29 octobre 2007, le juge Vladimiro SOV prononce la sentence. Au vu de la gravité des crimes commis et du danger représenté par l'accusé et afin d'établir une justice sociale et d'éviter d'autres crimes, la Cour vous condamne à la prison à perpétuité pour avoir commis des crimes d'une gravité absolument exceptionnelle.

[00:27:24]

Le juge se tourne alors vers Jacqueline. Vous comprenez votre condamnation? Ben ouais, ça va. Je ne suis pas sot. Au final, Alexandre Pouchkine, qui voulait être le plus grand tueur en série de Russie, n'est reconnu coupable que de 48 meurtres 48 sur les 61 qu'il s'attribue. Il n'est donc pas le plus grand tueur en série de Russie. Ne lui déplaise. Il n'a pas égalé le record d'Andreï Tchékhonté, ilot qui, dans les années 80, a tué 52 personnes.

[00:28:03]

Et voilà donc pour cette histoire, Vladimir Fédorovski, quelle histoire, quelle histoire et si bien contait merci que vous connaissiez dans le détail cette histoire, bien sûr.

[00:28:17]

Est ce qu'on peut dire aujourd'hui que tous les Russes la connaissent tant de détails dormants?

[00:28:20]

Évidemment, les Russes connaissent, chuchotés, très bien et très, très, très bien. C'est un tueur qui rappelle la férocité des tueurs, mais la férocité de l'histoire russe. Bien sûr, il n'est plus grand tueur de l'histoire russe. Bien sûr, Tcheka, il aurait tué plus. Mais Staline ou Lénine? Trotski? L'histoire est féroce. 25 millions de morts. Vous imaginez bien. D'une manière générale, l'histoire russe est féroce 26 millions, 27 millions de morts dans la lutte contre les nazis.

[00:29:00]

Encore les tueurs en série. Et puis quand ils étaient là. Pourquoi ce choc? Ça devenait dingue. Vous savez quel était l'inflation, par exemple en 2000? d'Izieu du du 19. En 2010, 99. En 99 2000 91 plutôt. Prenons l'exemple plus 92. C'était 2500 d'inflation. 2100 pour inflation. Il y avait de quoi devenir dingue. Dingo, certes, mais quel pays? Quel pays? Si ces dictatures, parfois même saison politique, même ici, quand je réfléchis, je les regarde, je me demande est ce qu'il s'en desprix?

[00:29:48]

C'est intéressant de ramener les choses à Staline. Parce que vous avez raison. 25 millions de morts aux force. 5, les plus grands tueurs en série de l'histoire. Et bizarrement, avec Lénine et Trotski comme avec Lénine et Trotski.

[00:30:00]

Le parc, ça. Un mot sur ce parc Birsa? Parce qu'on ne réalise pas ce qu'est ce lieu qui est un parc gigantesque.

[00:30:06]

C'est une porte gigantesque. C'est vrai que je me suis promené souvent. Vous savez, on fait du ski là bas, on se promène. C'est l'endroit. Bicoques est vraiment très agréable. Les gens, les gens sont là. Parfois, il y a un peu de bois de Boulogne, des travailleurs travesties. Vous avez vous raconter, mais c'est secondaire. Cela dit, c'est vraiment l'endroit charmante. Mais maintenant, c'est quand même Montpellier avec ces histoires morbides, celle des peluches, qui est le symbole de l'échiquier.

[00:30:34]

l'Échiquier appartient à la culture russe. Les échecs appartiennent à la culture russe. Il s'est accroché à ça.

[00:30:41]

Il s'est accroché depuis son enfance. C'était un très bon joueur de l'échiquier. On dit souvent que je ne voudrais pas les comparer. Me Poutine, ce grand joueur d'échecs avec vous savez avec la géopolitique. C'est vrai que c'est une grande tradition et il voulait entrer dans l'histoire. Je vais vous dire ce qui me frappe dans ces explications, ce côté mégalo. Il cherchait, il cherchait la gloire. Mais Staline? Qu'est ce qu'elle cherchait? Elle cherchait aussi à refaire l'histoire, à entrer dans l'histoire.

[00:31:14]

Et oui, il a voté les gens Chichkine, mais Staline envoûtés, ces idiots utiles qui venaient le voir. Tout ça, ça nous fait réfléchir sur la férocité, sur la faire. Fureur dans l'histoire et aussi, ça nous fait promener dans l'espace, dans cet endroit somme toute charmante.

[00:31:34]

Vous diriez d'ailleurs que Staline était un psycho pote? Vladimir Fédorovski, amant?

[00:31:38]

Ils sont tous à leur manière. Vous comprenez? Pour le tuer? 25 millions. Vous savez, ils ont envoyé les nouveaux nés. Pour ne pas se séparer de leurs enfants. Dans le goulag, 40 degrés de froid avec le bonnet, le bonnet. Les gens tuaient et il y a ce je vous dis là la recherche de reconnaissance ou comment il dit Je suis le père de mes victimes. Comment s'appelait Staline, le petit père des peuples? Tout ça sans nous faire le parallèle qui vous fait tressaillir Vladimir.

[00:32:13]

Je vais vous soumettre une question qui, pour moi, est un mystère. Les grands tueurs en série de cet acabit, il n'y en a qu'aux Etats-Unis et là, en Russie. Vous pouvez prendre l'histoire de France. Il n'y a jamais eu dans l'histoire récente. En tout cas, de tueurs de ce niveau là en France et en Europe. Est ce que vous auriez une explication?

[00:32:34]

Je suis. Je voudrais quand même relativiser les choses. Les d'Ango existent aussi en France. Mais quand même, vous avez raison, 61 meurtres, c'est jamais arrivé en France? Oui, bien sûr, mais vous avez raison de dire, voilà que les Russes, les Russes et les Etats-Unis, il y a quelque chose. Je vais vous dire pourquoi ils fuient la fureur et la férocité de l'histoire. Ma fille habite aux États-Unis, je viens souvent aux États-Unis et il y a une sorte de pression aux Etats-Unis qui n'existe en France.

[00:33:03]

C'est la pression terrible de vie et de survie. Regardez combien ils ont de vacances. Les Français sont. Vous savez, ils sont passionnés de vacances. Parfois le but de leur vie. Soyons très clairs. Mais aux Etats-Unis, 14 jours, c'est tout. La pression, la vie survis. La fureur de l'histoire. Les gens deviennent dingues. Et aussi, évidemment, à la vue, la vie. Je l'AFUL toch tôt. Comme vous dites si bien.

[00:33:29]

Si vous parlez si bien russe, je voudrais vous dire vous savez la fureur de l'histoire. 2500 peut dinflation en 80 en 1991. 92 qui peut survivre à ça? Vous imaginez en français à 2500 dimpression, il deviendra l argent qu'on ne vache rien. Vous imaginez un million. Mais la férocité de ces purges, de ces gens qui ont été tués, comme on a dit. Staline, le meilleur tueur en série? Latry psychiatrie? Pas seulement parce qu'on sait qu'aux Etats-Unis, l'une des explications, c'est la défaillance du système psychiatrique qui étant essentiellement privé, si on n'a pas d'assurance sociale et si on n'est pas bien sur le plan psychique, on ne peut pas se faire soigner.

[00:34:13]

Comment la psychiatrie en plus?

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C'est pas seulement l'explication, l'explication. C'est vrai qu'il y a des failles du système du système psychiatrique, mais je pense que ce n'est pas.

[00:34:23]

Ce n'est pas ça qui est la vraie raison de ça. Historiquement parlant, il y a cette fureur, ce chape de plomb qui tombe sur vous, qui vous écrase et qui vous rend dingue. Et ça, c'est un renforcement. Il y a ce côté mégalo dans les deux pays. Il y a les gens qui désirent entrer dans l'histoire. En France existent. Les gens veulent se comparer avec Napoléon et vous savez, ce ne sont pas un peuple modeste.

[00:34:48]

Non? Non, non plus, j'adore. Vous savez, le francophile que je suis, mais quand même quand même entrer dans l'histoire. Quelle est la logique de ces gens là? Trotski et de Lénine? Entrer dans l'histoire, changer le cours de l'histoire. Et c'est exactement la logique de notre harragas en Syrie et de tikka, l'on pourrait être le meilleur changer de l'histoire. Être père de ces victimes, tous ces gens là, ça se rajoute, mais ça me fait toujours vraiment réfléchir.

[00:35:20]

Il y a ces parallèles que vous avez si bien. Anthères. C'est étrange. On ne peut pas expliquer ça seulement par l'effet psycho psychiatrique. Je vous dis la pression dans la société est telle qu'elle est beaucoup plus grande. Vous savez, la douceur de vie en France quand même existe malgré tout, tandis que là, c'est la pression terrible. Rajoutez à cela la dictature sans précédent. Vous savez ce qui existait au 20ème siècle, tout ça, ça nous donne des Thiers, Castelot, les tueurs à gages.

[00:35:51]

Vous avez le choix entre Alexandre Pouchkine et Staline lui même? La police criminelle est gravement défaillante dans ce dossier parce que quand on se met à chercher des cadavres dont Pouchkine dit être le tueur, on s'aperçoit que certains de ces cadavres ont déjà été retrouvés. On a déjà condamné des gens pour leur assassinat. C'est vrai, sans justice, mais arbitraire. Je sais, je sais, c'est la faillite de la justice. C'est le désir. Vous savez de gommer les statistiques, ça, pour une fois, je tiens à vous dire que le les statistiques, c'est une des caractéristiques maintenant de la justice, même au 21ème siècle, en Russie, en Russie et pas seulement, hélas.

[00:36:31]

Pas seulement. Je vous assure. Allez enregistrer les plaintes ici ou ailleurs, ce n'est pas si facile que ça. Mais cela dit, vous avez raison, les failles sont absolument évident. Et puis l'inventivité d'un personnage. Il faut dire qu'elle était hyper habile quand il est, quand il. Ces gens, il a bien calculé ses coûts et ce qui me frappe dans cette histoire. Vous avez si bien raconté, vous avez senti. Il savait envoûter les personnages tel un Raspoutine ou Raskolnikov du 21ème siècle.

[00:37:07]

Merci, pas bas. Vladimir Fédorovski. Je rappelle que votre livre au cœur du Kremlin? Les tsars rouges des tsars rouges à Poutine. Explosif, s'il vous plaît. J'ai jamais dit Boulais.

[00:37:18]

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