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Christophe Hondelatte Je vais vous raconter aujourd'hui un miracle, un vrai, une histoire absolument unique, l'histoire d'une petite Franco comorienne de 13 ans qui s'appelle Bahia et qui, un matin de juin 2009, prend l'avion pour les Comores et se retrouve le soir même seule survivante du crash de son avion. Elle a passé dix heures accrochée à un bout de fuselage dans l'océan Indien et on l'a retrouvé dix ans plus tard. Elle est là, face à moi. Bonjour Bahia.

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Ça n'est pas complètement une histoire sympa à raconter parce que dans cet accident d'avion, vous avez perdu votre maman, ce qui est toute l'ambivalence d'ailleurs de cette histoire. Vous êtes miraculé, mais aussi crucifié par ce qui vous est arrivé. Vous avez raconté toute cette histoire dans un livre paru à l'époque sur lequel, évidemment, je me suis appuyé pour raconter votre histoire. Moi, Bahia, la miraculée, paru aux éditions Jean-Claude Gawsewitch, il sera évidemment intéressant que vous nous disiez tout à l'heure où vous en êtes de tout ça.

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Dix ans après. Mais d'abord, donc, le miracle. Une histoire que j'ai écrite avec Hocus Réalisation Céline Debroise.

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Repin, Christophe Hondelatte. Cette histoire, au début, c'est l'histoire toute simple d'une petite Comorienne de France, Bahia Bahia Bakari, qui, en juin 2009, s'apprête à découvrir ses racines. Le pays d'où viennent ses parents? Les Comores. Elle a 13 ans. Elle est née en France. Elle habite une cité HLM de Corbeil-Essonnes, en région parisienne. Elle n'est jamais allée sur la terre de ses ancêtres. Jamais trop cher. Mais cette année, ses parents ont cassé la tirelire.

[00:01:57]

Et ce matin, elle embarque à Paris avec sa maman. Elle laisse derrière elle son père et ses trois petits frères. C'est la première fois et ce soir, elle et sa maman seront tous les deux à Moroni, la capitale des Comores. Ce soir, Bahia va rencontrer pour la première fois ses grands parents, ses oncles, tantes, ses cousins et cousines. Toute cette famille qu'elle a vu tant de fois en photo et en vidéo, mais qu'elle ne connaît pas.

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Quelle journée! Quel voyage!

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Ça commence à 4 heures du matin dans le HLM de Corbeil-Essonnes quand l'oncle Youssouf sonne à l'interphone. Vous n'êtes pas poète. Vous êtes en bas. l'Oncle Yousouf les accompagnait à Roissy. Mère et fille avec sa Ford Fiesta. Et c'est le début d'une longue journée, car il n'y a pas de vols directs entre Paris et les Comores et la maman a pris les billets les moins chers. Elles voyageront Sery Maya Airways, une compagnie du Yémen, et donc elles feront d'abord Paris Sanaa, la capitale du Yémen, avec une escale à Marseille.

[00:03:09]

Ça, c'est incontournable. Il y a beaucoup de Comoriens à Marseille et elles ne changeront d'avion pour faire Sanha Moroni, sur l'île de la Grande Comore. Pendant les deux premiers vols Paris, Marseille et Marseille, Sanna Bahía a les yeux grands ouverts. Elle prend l'avion pour la première fois. Elle ne veut pas louper une miette. Mais quand elle embarque à Sanaa, au Yémen, pour le dernier vol en direction des Comores, franchement, elle en a marre.

[00:03:45]

14 heures qu'elle a quitté Paris. Il est plus d'une heure du matin. Il lui tarde d'arriver. D'autant que ce dernier avion, un Airbus A310 pourtant beaucoup moins confortable que les deux précédents. Les sièges sont tous serrés. Il y a des mouches dans la cabine et ce sont les toilettes du premier au dernier rang. L'avion décolle. Le vol se passe normalement et ça y est, on approche. Ha ha! Ha! Ha, ha, ha ha!

[00:04:19]

Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Il est tout neuf. 55 du matin. Et par le hublot, Bahía voit les premières lumières de lit de ses ancêtres. Elle est tout émue. C'est de là qu'elle vient. Et là, d'un coup, une première secousse, puis une deuxième plus forte. Les moteurs qui se mettent à rugir. Une troisième secousse encore plus fort bien voit les hôtesses assises à l'avant de l'avion terrorisée.

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Et là, une secousse encore plus forte que les autres, qui envoie valdinguer Bhagat sur le hublot et sa mère qui lui crie Tu colle pas une blow qui va tout casser. Mais la suite est un immense fracas. l'Airbus A310 de la Yéménite Airways vient de s'écraser en mer. Je suis en pleine mer, seul, accroché à une bouée. Mes vêtements sont lourds, mes chaussures pèsent une tonne. Elle me tire vers le fond. Les mouvements que je fais pour rester à la surface me font mal à l'épaule et à la hanche.

[00:05:36]

Mes jambes me brûlent, agite les bras. Je bats des mains pour garder ma tête hors de l'eau, pour continuer à respirer, à vivre. Il fait nuit noire. Une nuit, donc, sans lui. Mais j'aperçois quatre débris blancs qui flottent pas loin de moi. Je parviens à nager vers le plus grand, dont la surface a l'air suffisamment important pour que je puisse m'asseoir dessus. Je n'ai jamais été à l'aise dans l'eau. Je sais nager, j'ai appris.

[00:06:02]

Mais déjà, quand on allait à la piscine avec l'école, je n'étais pas rassuré. A ce moment là, Bayane ne pense pas une seconde que l'avion s'est écrasé. Elle pense qu'elle est tombée de l'avion. Elle n'a absolument pas conscience que tous les autres sont là, autour d'elle, quelque part, morts ou peut être vivants. Elle pense que sa mère est restée là où elle lui avait dit de ne pas se coller au hublot. Elle n'a pas obéi et elle est tombée de l'avion.

[00:06:43]

Seul.

[00:06:52]

Et pourtant, il y a ces débris autour d'elle. Il y a ce morceau de fuselage sur lequel elle est couchée. Il y a cette odeur d'essence aussi épouvantable qui lui brûle la gorge. Tous ces signes que l'avion s'est écrasé, mais elle ne réalise pas. Là, elle a tellement vite tourné. Elle se sent comme tirée vers le sommet. Elle résiste. Elle ne doit pas dormir. Les vagues sont trop fortes. Si elle dort, elle ne tiendra pas une minute sur son radeau de fortune.

[00:07:28]

Alors, pour se tenir en vie, elle pense à Badiane, sa petite sœur Abbad Roux et Badaoui, ses petits frères. Et puis, elle finit par s'assouplit autant que la disparition de cet Airbus A330 de la compagnie Yemenia cette nuit.

[00:07:47]

Un avion qui s'est donc écrasé entre le Yémen et les Comores avec 147 personnes à bord. Il s'agit d'un Airbus qui avait décollé de Roissy hier matin, avant de faire une escale au Yémen.

[00:07:57]

Hors Bahia émerge à nouveau. Un coin du ciel s'est éclairci. Elle veut bouger les jambes en dessous de sa taille. Elles ne sont plus rien. Est ce qu'un requin lui a mangé les gens? Elle se retourne. Une douleur lui déchire le dos. Et maintenant, avec le jour, elle voit bien qu'elle est couchée sur un morceau d'avion. Y'a un hublot au milieu. Mais à ce moment là, quand le soleil se lève sur l'océan Indien, elle pense toujours qu'elle est tombée de l'avion, que l'avion a dû arriver à Moroni, que sa maman a alerté les secours, qu'ils vont venir la chercher.

[00:08:38]

Au même moment, Kassim, le papa de Baya, qui était bouilleur à Corbeil-Essonnes, s'est levé comme tous les jours à trois heures et demie du matin. Il va quitter l'appartement.

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Le téléphone sonne. Maganga. Tu vas allumer la télé. Non, non, je pars au travail, est ce que tu as des nouvelles Kajeem? Non, mais logiquement, elle doit être arrivée avec Bayal. Allume la télé Qassim. Tu verras qu'ainsi m'allume la télé, il zappe de chaîne en chaîne et il aperçoit un bandeau rouge en bas de l'écran. Un avion de la Yéménite Airways a disparu.

[00:09:19]

Des écrans de contrôle expliquaient aussi peu de temps après l'accident. C'est difficile, mais on voit bien que d'une part, il y a des conditions météo difficiles, avec en particulier beaucoup de vent, des rafales à 69, c'est à dire environ 100 km heure.

[00:09:33]

Ensuite, Kassim, le papa de Bahia, est tétanisé. Il vole. Il appelle en tremblant un cousin aux Comores.

[00:09:39]

On n'a pas de nouvelles k-films. On est à l'aéroport, on attend. On a vu les lumières de l'avion dans le ciel, mais là, il n'est pas arrivé chez. On sait rien. A Moroni, la rumeur que l'avion s'est écrasé commence à courir vers 2 heures du matin, malgré la nuit. Elle se répand comme une traînée de poudre. Des milliers de Comoriens vont vers l'aéroport en voiture, en vélo ou en mobylette à pied. Ils viennent aider si besoin.

[00:10:20]

Un avion de reconnaissance décolle et à une vingtaine de kilomètres au nord ouest de la Grande Comore, ils repèrent une nappe de débris blancs et des corps qui flottent sur la mer. Le crash est confirmé officiellement à cette heure trente trois heures de Moroni. Il y avait 153 personnes à bord, personnel de bord compris, dont 66 Français. Les Comores sont beaux. C'est donc l'ambassadeur de France qui prend les choses en main. On est tout près de Mayotte et pas si loin de la Réunion.

[00:11:01]

Il a demandé par radio à tous les bateaux français qui naviguent dans le coin de se rendre sur la zone le plus vite possible, sachant que la météo est mauvaise et que sur les lieux du crash, les vagues atteignent 5 mètres. Pendant ce temps là, accroché à son but, Carlingues, qui lui sert de radeau baillard terriblement froid et soif, elle a très mal à l'épaule. Très mal au dos. Très mal à l'œil gauche qu'elle n'arrive pas à ouvrir.

[00:11:43]

Et soudain, elle aperçoit, comme posé sur l'horizon, les montagnes de la Grande Comore. Elle reconnaît le grand volcan au milieu. Elle l'a vue tant de fois en photo et elle se dit. Le courant va me pousser vers la plage. Je vais survivre. Je vais retrouver maman. Mais les heures passent et la terre est toujours là, loin, trop loin, et il n'y a pas de courant qui l'attire vers la plage. Elle va mourir là, si près de la terre, si près de sa terre et une fois de plus, elle s'endort.

[00:12:30]

A Moroni, le major al-Mahdi, de la brigade du Port, se dit faut trouver un bateau le plus vite possible. Il faut aller sur place. On ne sait jamais. Il peut peut être y avoir des survivants. Vu l'état de la mer, il vaudrait mieux que ce soit un gros bateau. Et sur le port est amarré. Un cargo de la compagnie Sima, comme il réveille l'équipage. Ils sont d'accord et donc ils prennent la mer.

[00:12:53]

Le bateau quitte le port de Moroni à 3 heures du matin et au lever du jour, les marins s'aperçoivent qu'ils ne sont pas seuls. Partout autour, il y a des dizaines de petits bateaux qui, comme, se dirigent vers la zone du crash. Mais la mer démontée, la plupart doivent faire demi tour. Le cargo continue seul en direction de la position GPS qui a été transmise par l'avion qui a repéré les débris. A 11 heures et demie du matin, les marins du cargo voient des bagages qui flottent et des rangées de sièges et un bout de la dérive.

[00:13:27]

Ça y est. Ils sont sur zone. Et maintenant, il faut ouvrir l'oeil. Le cargo navigue maintenant au milieu des débris et des cadavres. Et soudain, là bas, au loin, un marin croit apercevoir une forme Bagaza. On dirait un encore. Un corps posé sur un morceau de la carlingue, ballotté par les vagues. Ils se mettent à crier. Bon. Et c'est incroyable. Le corps se met à bouger, une tête se soulève.

[00:14:25]

C'est une jeune fille. Elle répond par un cri, un cri de joie et de détresse mélangés. Le bateau s'approche autant qu'il peut, mais il est ballotté par les vagues. Alors, ni une ni deux, l'un des marins qui s'appelle Liboux Nasser Lémaniques Materazzi, retenez son nom. C'était un héros se déshabille. Il va quand même pas plonger. C'est trop dangereux. Il plonge. Sa tête disparaît dans l'écume. Elle réapparaît. Il nage de toutes ses forces en direction de la rescapée.

[00:14:53]

L'équipage lui lance une boue et au bout d'une corde, Cibona l'attrape. Il est maintenant à un mètre de la petite rescapée. Il lui agrippe enfin le bras. Ne bouge pas, laisse quoi faire. On va être amené à l'autre bout, les marins se mettent à tirer sur la corde et la rescaper est tissée sur le pont du cargo. Mais pendant la manœuvre, les Bonas a lâché la bouée. Ils s'éloignent. Il est emporté par le courant.

[00:15:20]

Le commandant remet les gaz. Il s'approche de Bouna. Il lui lance une nouvelle bouée et finalement, le héros est récupéré à bout de force. Comment tu t'appelles Bahia Bakari? Et de quel village es tu? De New Mazzara, Baie-Mahault. Bahia est née à Corbeil-Essonnes, en région parisienne, mais elle vient de donner spontanément le nom du village de ses parents aux Comores.

[00:15:48]

Le commandant prévient le port de Moroni et la nouvelle fait tout de suite le tour du monde.

[00:16:06]

Les infos avec 12 et il y aurait un survivant à l'accident de l'Airbus A310 qui s'est abîmé en mer la nuit dernière au large des Comores. Et Sébastien Krebs, si vous venez de joindre l'un des trois bateaux qui effectuent en ce moment les recherches dans la zone du crash? Oui, le CIMA, comme qui patrouille depuis 3 heures ce matin. À son bord, le sergent de gendarmerie Saïd Abdulahi. Il raconte avoir repéré assez tôt les premiers débris, puis des corps et une survivante âgée selon lui de 14 ans.

[00:16:33]

A Lille, on a trouvé la jeune fille peu les qu'apportera. Et la Comorienne? Elle s'appelle Bakari Bahia. Et dans quel état de santé? Elle est, cette jeune fille. Là bas, elle est en bonne santé. C'est ça que vous nous dites? Oui, elle parle du futur. On avait donné comme un père à nos questions. On a mal là le village. On va lui amener à l'hôpital l'urgent.

[00:17:17]

À Corbeil-Essonnes, Qassim, le père de Bahia, apprend la nouvelle par un ami gendarme qu'il appelle de Mauronnais. Ta fille, elle s'appelle Comment? Elle s'appelle Bahia Bakari. C'était elle, alors c'était quoi Cassine Tafilalet vivante? Un marin sur un bateau de commerce l'a trouvé dans l'eau. Il l'a ramené à Moroni. Cette méthode est sûre si tu n'as jamais vu ma fille. Si je n'étais pas sûr, je ne le dirai pas. Elle a dans les 14 ans, elle a dit aux marins qui l'ont repêché qu'elle s'appelait Bahia Bakari et elle a donné le nom de ton village.

[00:18:00]

Ça peut être qu'elle. Le cargo de la Sima, comme met 9 heures dans une mer démontée pour arriver au port de Moroni, où l'attend une foule qui veut voir la miraculée, Bahia, a été évacuée sur une civière vers une ambulance qui l'amène à l'hôpital de Moroni. Sur le bateau, elle a demandé plusieurs fois des nouvelles de sa maman. On lui a dit. Ne t'inquiète pas bien, ne t'inquiète pas. A son arrivée à l'hôpital, Bahia, épuisé, s'endort et quand elle se réveille, elle n'est pas au milieu de l'océan.

[00:18:52]

Elle est dans un lit d'hôpital et elle a mal partout. La première phrase qu'elle prononcée Je veux voir ma mère.

[00:19:00]

Le médecin chef rentre dans la chambre. Il est accompagné d'une dame. Bonjour Bahia. Je suis psychologue. Ces Bahía? Il est normal que les survivants d'une catastrophe et un suivi psychologique, tôt ou tard, tu peux te sentir coupable d'être l'unique survivante d'un crash aérien. L'unique survivante. Mais de quel crash parle Ten Maya ne comprend toujours pas. Elle est toujours accrochée à son scénario irrationnel. Elle est tombée de l'avion. Oui, ma mère. Pourquoi ma mère est elle pas avec nous?

[00:19:53]

Je ne crois pas qu'on ait retrouvé ta mère. On a retrouvé que tout va bien. Que la seule survivante de cet accident d'avion. Bahía écrit dans son livre que ce choc fut bien plus violent que tout ce qu'elle a vécu jusque là. Plus violent que les heures de détresse passées en mer, sa maman est morte. Elle est la seule survivante de tous ces gens qui étaient dans l'avion avec elle. En France, les radios et les télés parlent en boucle de la miraculée de la Guéméné, où son père vient de l'avoir au téléphone et m'a dit Papa, j'ai vu la Gironde tomber dans l'eau, on se trouvait dans le noir.

[00:20:47]

J'entends des gens me parler et je ne vois personne. Et du coup, je ne savais pas. J'ai gardé aux alentours. Il y avait. Je me suis accroché jusqu'à l'arrivée des secours. Pour l'instant, je ne crois pas qu'il l'imagier. Ce qui vient de se passer par téléphone. Envoyé, qui a la voix qui tremble et parle tranquillement, mais avec un associé caché parce qu'il ne voit pas vraiment comment il s'accroche trop à sa moment. Je ne sais pas si ça va, je sais pas.

[00:21:20]

Physiquement et moralement, j'espère y aller au plus vite. Bahia est rapatriée à Paris par un Falcon ministériel français. A l'arrivée, elle est transportée à l'hôpital Trousseau, où elle est admise dans l'unité des grands brûlés parce qu'elle a des brûlures un peu partout. Plus une clavicule cassée et une plaie à l'oeil gauche. Quelques jours plus tard, ô surprise pour Bahia, le président Sarkozy débarque dans sa chambre pour Bonjour Bahia. Tu sais, ma petite Beya, je viens d'avoir Carla au téléphone.

[00:22:11]

Elle est très émue par ce qui t'arrive. Franchement, elle voudrait vraiment se rencontrer. Tu viendra à l'Elysée avec ta famille. Aujourd'hui, Bahia attend toujours son invitation à l'Elysée et elle va nous confirmer tout de suite.

[00:22:30]

Depuis l'écriture de ce livre, elle a été invitée par Nicolas et Carla Sarkozy. Bonjour Bayonne n'ont toujours pas toujours pas, non? Et les présidents qui ont suivi n'ont pas réparé l'oubli. Non, mais c'est pas grave.

[00:22:44]

Personnellement, je suis très bien chez moi, donc on voit dans le livre vous restez une petite blessure. Vous auriez aimé aller jusqu'à l'Elysée?

[00:22:55]

Non, mais après, c'est vrai que saurez montrer de la part du président que cette histoire a touché à tout le monde puisqu'il y avait quand même des Français à bord de cet avion 66. Et je pense que ça aurait été bien, mais ça ne s'est pas fait, ça s'est pas fait.

[00:23:11]

Alors, qu'est ce que vous êtes devenu aujourd'hui, dix ans plus tard? Exactement.

[00:23:15]

Alors j'ai fait un master en immobilier. Vous allez être agent immobilier? Non, non, non, non, non, non. Je préfère la gestion à agent. Vendre, acheter, ce n'est pas ce qui me plaît. Donc oui, je travaille au Crédit Agricole en immobilier d'entreprise de crédit bail.

[00:23:34]

Voilà. Qu'est ce qui reste de tout ça dix ans après? Bahía Et par quoi êtes vous passé? Je suppose qu'il y a eu plein de phases dans ces dix années.

[00:23:45]

Oui, effectivement. Au début, on a du mal à réaliser ce qui nous est arrivé. Il faut prendre conscience, lâche le miraculé. Il n'y a que moi qui a survécu à cet accident. Et puis après, il y a beaucoup de tristesse parce que vous l'avez dit, j'ai perdu ma mère. Donc il y a eu des phases un peu compliquée. Je me suis renfermé sur moi même. Et puis après? Avec le temps grandissant de ses blessures.

[00:24:12]

Et voilà, on devient une jeune femme comme tout le monde, avec une histoire incroyable.

[00:24:18]

Incroyable. Vous y pensez tous les jours à cette histoire?

[00:24:24]

Oui, aujourd'hui encore, j'en reviens pas de la même manière. Au début, je faisais des cauchemars. C'était assez douloureux, mais aujourd'hui, ça va. J'ai pris du recul. Cette histoire, j'arrive à en parler librement, simplement.

[00:24:43]

Et ça vient dans votre vie quotidienne. Ça vient la nuit dans vos rêves? Non, pas forcément. Mais il y a toujours quelque chose dans la journée qui va me rappeler qu'il m'est arrivé ça? Ouais, quoi, par exemple? Qu'est ce qui peut vous rappeler ça? Pas déjà. Juste l'absence de ma mère. Sinon, quand je vais rencontrer des cons, rien. Ou quand vient me parler. Parce que parfois, je reçois des messages sur les réseaux sociaux.

[00:25:06]

C'est tout le monde autour de vous. Par exemple, à la fac, dans ce master en immobilier ou au Crédit Agricole où vous vous êtes en stage, tout le monde est au courant?

[00:25:15]

Non, pas. Il y a des gens qui sont au courant, mais ils me le disent pas. Moi, je me présente pas en tant que Veillat. Ce n'est pas un sujet que j'aborde avec. Vous le sentez alors? Oui, parfois. Parfois, il y a certaines personnes qui viennent d'en parler, d'autres, je sais qui sont sans doute, mais je n'ose pas.

[00:25:32]

Elles avaient raison. Psy de Moroni. Quand elle vous dit que souvent, un sentiment de culpabilité vient après ce genre de catastrophe, la seule qui s'en est sortie. Moi, je n'ai pas recensé ça.

[00:25:46]

Non, mais c'est vrai que ce n'est pas la seule à m'avoir parler de ce sentiment du seul survivant. On se sent coupable d'avoir survécu et pas les autres. Mais moi, je n'ai pas ressenti ce sentiment là.

[00:25:58]

Des fois, il se plante. Ça arrive. Vous avez été suivi en France tout de suite. Vous avez été suivi par Qassim. Exact. Vos trois frères, quoi? Et votre famille, quoi? Il n'y a pas eu de suivi psychologique, on vous l'a proposé?

[00:26:14]

Oui, oui, parce que quand j'étais à l'hôpital Trousseau, j'avais un psychologue qui venait me voir. Toullier pas tous les jours, mais régulièrement. Et puis après, ils ont voulu qu'on poursuive et on n'était pas intéressé.

[00:26:26]

Vous aviez ce sentiment que vous aviez vous vous en sortir toute seule?

[00:26:29]

Tout ça m'a plu. Mon père, que moi et moi, ça me dérangeait de raconter mes sentiments à quelqu'un que je ne connaissais pas. Au final, on s'en est très bien sorti. C'est une pudeur comorienne.

[00:26:40]

Je ne sais pas si c'est Comoriens ou pas, mais en tout cas, moi, on est dans une société où on aime bien raconter ses malheurs.

[00:26:48]

C'est vrai, effectivement, parce que parfois, on est étonné. On me dit tu racontes jamais. Alors peut être que oui, c'est comme rien. Mais moi, je suis comme ça avec tous mes sentiments, que ce soit ça la tristesse ou l'amour amitié. Je suis très politique.

[00:27:02]

Vous gardez ça pour vous? Exactement des séquelles physiques, il y en a eu. Je garde l'œil gauche là, je le regarde depuis tout à l'heure. On ne voit rien.

[00:27:09]

Oui, si on regarde de plus près, on voit un petit peu la cicatrice. Puis j'ai des greffes et des greffes de peau au niveau de mes pieds, un peu ladifférence. J'avais la fracture au niveau de la clavicule, mais ça, c'est réparé très bien et j'avais une fracture au bassin. Mais tout va bien aujourd'hui.

[00:27:29]

C'était donc il y a dix ans. Le titre m'a intéressé parce que je suis posée. Connaissant les Comoriens que vous étiez musulmane, miracle. C'est vraiment un terme très chrétien. Est ce que c'est un choix de votre part? Le titre de ce livre, est ce que c'est comme ça que vous appelez la chose ou un miracle? Ou est ce que c'est l'éditeur qui vous a imposé ça? Non, c'est plus un choix de l'éditeur.

[00:27:54]

J'étais sûr de ça, mais honnêtement, je dis je suis transparent.

[00:27:57]

C'était un choix de l'éditeur parce que pour moi, ce n'est pas. Je ne parle pas de miracle, je parle de destin. J'ai cru que c'était caroube, exactement.

[00:28:06]

Plutôt mektoub que Mirallas. Là, je suis d'accord. Vous avez accepté la médiatisation à l'époque où vous l'avez regretté ou ça vous a aidé?

[00:28:18]

Ça ne m'a pas plus que ça. Si ça ne tenait qu'à moi, je ne l'aurais pas fait. Mais je n'étais pas toute seule. Il y a des familles qui attendaient des réponses. Donc, je ne me voyais pas être égoïste envers eux.

[00:28:28]

Et ne pas raconter mon histoire voulait dire enfermer les familles qui avaient perdu quelqu'un d'autre dans cet avion. Voilà parce qu'au fond, vous connaissiez des gens. En dehors de votre maman, alors moi, j'avais une tante éloignée. Je ne l'avais jamais rencontrée. En fait, je l'ai rencontrée juste pendant le voyage, mais après, je sais que chaque Comorien a une personne de près ou de loin qui a été dans cette Grande Comore. Bah oui, je me voyais mal vraiment faire l'égoïste, ne pas raconter mon histoire.

[00:28:56]

Elle avait besoin de l'entendre.

[00:28:58]

Vous avez été indemnisé? Je sais que la Yemenia Airways a versé au total 30 millions d'euros pour la totalité des familles. Cet argent représente quoi par rapport à ce qui vous est arrivé? Alors déjà, il faut savoir que ça a été très compliqué pour avoir ces indemnisations. Ils n'ont pas été très volontaires et après ça représente pas grand chose. En fait, c'est juste pas de l'argent qu'on m'a donné, mais ça va jamais. Mes blessures, ça va jamais remplacer à la l'absence de ma mère.

[00:29:29]

Ça ne va jamais rendre ces victimes disparues à leurs familles.

[00:29:32]

Donc, c'est juste un plus. Ça vous aider pour faire vos études. Il n'y a pas eu de procès? Non, il n'y a pas eu de procès à ce jour à ce jour là. Il y a toujours des démarches. Vous suivez tout ça en tant que seul survivant quelque part. Est ce que vous vous sentez une responsabilité?

[00:29:50]

Alors oui, je suis un petit peu puisque la partie pénale n'avance pas grandement. Nos avocats qui se sont l'affaire et qui nous font des petits comptes rendus régulièrement. C'est quoi la difficulté? La coopération des différents pays impliqués?

[00:30:04]

Le Yémen est en guerre au Yemen, et les Comores aussi, qui ne sont pas très coopératifs, mais qui ont des frictions avec la France.

[00:30:11]

On rappelle que les Comores sont vos voisins de Mayotte, qui est un département français. Maintenant, quand je dis voisins, c'est 2 kilomètres, ça se renverse à la nage en kwassa kwassa, comme on dit là bas.

[00:30:21]

Et donc, la coopération ne fonctionne pas, mais pas parce qu'ils sont en conflit avec la France. C'est parce qu'ils reconnaissent leur responsabilité dans cet accident. Les Comores, oui, ils ont leur part de responsabilité. Laquelle? Il a été prouvé qu'il y avait certaines installations qui n'avaient pas été faites et qui devrait être faite pour guider l'avion à l'atterrissage.

[00:30:41]

L'iboga, c'est les manis Matt Raffi. C'est le héros de votre histoire. Bon, d'abord, il a reçu la médaille du courage des mains du premier ministre François Fillon. Il est venu en France pour pour la remise de la médaille où on la lui a remis là bas.

[00:30:58]

Ah ça, je ne sais pas si il était venu. Si vous ne l'avez jamais revu, si je l'ai revu. Mais cette cérémonie où on lui a remis la médaille. Moi, je l'ai pas suivi, mais moi, je l'ai rencontré à chaque fois, je veux qu'on mort. On parle pères aussi, à chaque fois, fait d'effort pour aller le voir et le rencontrer. C'est quand même un type extraordinaire parce que pour vous qu'il ne connaissait pas, il a risqué sa vie.

[00:31:23]

Il aurait très bien pu se noyer dans cette affaire. Il savait à ce point nager qu'on ne savait pas. Je sais pas vous expliquer pourquoi il avait fait ça. Non, mais on parle pas trop de ça, c'est pareil. Cette pudeur, toujours, si je conçois sa vache, c'est déjà quoi? Ouais, mais on parle pas trop de cet accident. Mais pour vous, c'est sain, les boudins quand même? Oui, on peut dire.

[00:31:48]

Donc, vous êtes retourné aux Comores depuis?

[00:31:49]

Oui, retourner deux fois. Quand vous arrivez là bas, vous êtes la miraculée? Oui, ça, oui, mon père aussi. Dès qu'il y a une petite fille à côté de lui, une jeune fille à côté de lui. Est ce que c'est bien? Oui.

[00:32:04]

On veut savoir. On veut la voir et je suis un symbole là bas.

[00:32:08]

Vous êtes un symbole? Oui, ça a été difficile de reprendre l'avion.

[00:32:13]

Non, non, non. Au début, on appréhende un petit peu, mais en fait, non. A chaque fois, je me dis que j'ai déjà eu un agresseur qui ne peut pas y avoir en probabilité.

[00:32:23]

Je ne peux pas avoir de regrets. Il y a des gens comme ça. Il y a des gens qui ont été, qui ont été, qui ont survécu à un accident d'avion ou qui sont dans le deuxième.

[00:32:32]

C'est arrivé à une probabilité terrible.

[00:32:36]

Mais ce n'est pas votre nature? Non, non. Le jour où vous êtes remonté dans un avion, pas une seconde.

[00:32:41]

Vous vous êtes dit si, sinon ça va m'arriver encore une fois.

[00:32:46]

Les rapports des Comoriens avec votre histoire? Parce que moi, je ne connais pas les Comores, mais je connais Mayotte Côté. Oui, c'est le même pays à l'origine. C'est historiquement le parti qui a accepté de rejoindre la France. Et lorsqu'il a refusé que la magie noire, les sorciers et tout ça, ça compte là bas.

[00:33:05]

Oui, mais ça n'a pas une très, très grande importance.

[00:33:09]

C'est des petites histoires qu'on va raconter, mais la magie noire qui vous est arrivée n'est pas reliée à quelque chose de magique pour vous.

[00:33:18]

Non, non, non. C'est pour eux. C'est pas, c'est pas de la magie noire ou de la sorcellerie.

[00:33:27]

Non, je veux qu'on parle de tout ce moment, que sans doute beaucoup de gens qui nous ont écouté ont eu du mal à croire et encore plus à comprendre. Vous êtes donc dans l'eau posée sur un radeau qui est un morceau d'avion où vous ne pouvez pas ignorer que c'est un morceau d'avion puisque il y a donc un hublot au milieu autour de vous. Il y a des morceaux d'avion qui flottent. Il y a des bagages qui flottent et vous ne réalisais pas que l'avion s'est crashé.

[00:33:59]

Comment est ce que vous pouvez vous expliquer à tous ceux qui écoutent cet état dans lequel vous étiez, qui ne vous a pas permis de comprendre la réalité?

[00:34:10]

Alors moi, je pense que je ne voulais pas comprendre cette réalité, mais parce que j'étais très attaché à ma mère et c'est ce qui m'a fait tenir. C'était vraiment l'idée que ma mère est arrivée au Comores et il faut que je tienne. Si je n'avais pas, je n'étais pas accroché à cette idée là. Vous auriez lâché? Oui, parce que la possibilité de lâcher le radeau existe.

[00:34:29]

Oui, elle m'a traversé l'esprit. Il faut vraiment s'accrocher pour tenir le seuil exact.

[00:34:34]

Parce que passer long. Vous voyez les minutes, les heures passées, vous vous dites, mais ça va s'arrêter. Quand est ce qu'on va vraiment me retrouver? Vous voyez un avion passer, mais vous ne savez pas si vous voulez vraiment vous faire des reconnaissances. Vous pensez que vous l'avez vu?

[00:34:47]

Oui, mais moi, je ne sais pas s'il était là pour ça. Je ne sais pas ce qu'elle a. Je ne sais pas où on n'a aucune information sajuster les bras à ce moment là. Oui, c'est brave, mais je ne sais pas ce va faire à ce moment là. Tu ne sais même pas si c'est nécessaire, si c'est utile ce que tu fais. Donc, c'est compliqué. C'est un combat que tu mènes.

[00:35:03]

Donc, c'est intéressant. Ça veut dire que l'humain, pour se sauver seulement, je pense, oui. Et ça dure longtemps. Oui, vous montez jusqu'à l'hôpital.

[00:35:14]

C'est pour ne pas regarder la réalité parce que parfois, elle est trop dur à accepter. Vous ne raconter pas et sans doute n'avez vous pas de souvenirs de la chute de l'avion? Non, je n'ai aucun souvenir du contact avec l'eau. Est ce que vous pensez que vous avez été sur une partie de la séquence de tout ça? Victime d'une ce qu'on appelle une amnésie traumatique, c'est à dire un trauma tellement fort que la mémoire efface quoi?

[00:35:39]

Je pense par confort. Oui, oui, parce que je pense que ça doit être ma saison. D'être dans un avion est tombé se voir tomber. Donc, je pense que c'est exactement ça.

[00:35:48]

Pour écrire ce livre, d'ailleurs, vous, il a fallu reconstituer tout ça. Oui, vous avez revu tous les protagonistes pour qu'ils vous racontent ce qui s'était passé.

[00:35:56]

Alors pas moi. L'auteur est parti rencontrer tout le monde, donc quelqu'un est allé reconstituer pour vous l'histoire?

[00:36:04]

Oui, avec mon père, avec votre père. Mais moi, je n'ai pas rencontré tout le monde. Il y a même des choses que j'ai découvert en lisant le livre. En lisant votre propre livre, il s'appelle Grindhouse, je crois. Oui, c'est ça le co-auteur. Quand vous pensez à cette histoire aujourd'hui, il y a toujours des images. Par exemple, en écoutant tout à l'heure le récit qui est enregistré, on a écouté tous les deux bouts l'illustrer en images dans votre tête.

[00:36:36]

Oui, en l'écoutant. Oui, ça m'est revenu de certaines images. Quand je vois les débris et que je nage pour aller en attraper un, ou quand ma fille descend dans l'eau pour me récupérer et que je n'arrive pas à rejoindre ce bateau. Il y a des images qui reviennent, mais après, au quotidien, j'essaie de ne pas trop me ressasser ces images.

[00:36:58]

Oui, mais elles reviennent quand même sans cesse. Elles reviennent de temps en temps. Selon vous, cette histoire unique, il n'y en a pas, disent des histoires sur la planète Terre comme celle là, d'une rescapée d'un accident d'avion. On peut être rescapé d'un accident de petit avion, mais d'un gros porteur comme un Airbus A310. C'est impensable. Ça n'est jamais arrivé. On en rêve toujours, d'ailleurs. Il y a toujours des gens pour envisager que sans doute peut être GaAs ou survivre, mais qu'on en trouve, ça n'arrive pas.

[00:37:28]

Ça vous a aidé dans la vie? Cette histoire là, ça vous a handicapé?

[00:37:34]

Non. Ça m'a aidée. Ça m'a rendue plus forte. Je relativise beaucoup qui va m'arriver quelque chose de ne pas me mettre à pleurer. Je ne me dis pas non est arrivée, Pierre, tu vas t'en sortir, t'inquiète pas, ça va passer.

[00:37:47]

Vous êtes imperméable aux petits événements de la vie?

[00:37:50]

Oui, je me laisse difficilement abattre et vous l'utilisez pour les autres aussi. Ça vous arrive de dire à des gens avec ce qui m'est arrivé, ton truc? Ta petite histoire d'amour? Ton copain qui a quitté? Ça va quoi alors?

[00:38:04]

Je ne dis pas comme ça. Je ne dis pas ce qui m'est arrivé, mais j'essaie de leur faire comprendre qu'il y a toujours pire dans la vie et que c'est juste passager. Parfois, tu vas arriver des épreuves. Tu penses que tu ne vas jamais trop élevé, mais c'est faux. Il faut juste avoir la patience et tu verras tellement.

[00:38:21]

Il y a une petite séquence qui est assez amusante et qui a surpris tout le monde. Manifestement, c'est que quand on vous demande de quel village trouvez, vous devriez répondre de Corbeil-Essonnes.

[00:38:30]

En vérité, c'est spontané.

[00:38:34]

Morisod de Corbeil-Essonnes?

[00:38:36]

Oui, mais je sais que quand on me demande de quel village Suzan, on s'attend à ce que je réponde. On ne demande pas d'où je viens de France en France. Tu viens d'où? Aux Comores, pour qu'on puisse savoir tes parents CQI?

[00:38:48]

La question est posée en comorien, j'imagine. Oui, la prospection était posée et vous parlez comoriens n'ont pas très bien.

[00:38:54]

Non, non, non. Enfin, j'ai une bonne maîtrise. Je comprends tout. Mais il y a certains mots que chez Fatiha, j'ai encore d'apprentissage à faire. Mais non, je savais ce qu'on attendait de moi comme réponse. C'est pour ça que j'ai répondu ça.

[00:39:10]

Il nous reste une ou deux minutes à passer ensemble. C'est l'occasion de parler des Comores, qui est votre votre pays d'origine? C'est un pays qui souffre beaucoup et qui a trouvé une bouée de secours, qui est à deux kilomètres. Qui est donc l'île de Mayotte? Les Comoriens rêvent d'aller en France. C'est là, tout près de notre côté commun, comme les Marocains d'Espagne. De l'autre côté de Gibraltar, vous comprenez?

[00:39:34]

Oui, je comprends. Je pense que c'est humain. Demain, j'arrive pas à nourrir tes enfants. Tu vas chercher une solution pour nourrir tes enfants n'arrivent pas à manger. Tu cherches une solution pour manger. Je trouve que c'est humain après. Certains comprennent et d'autres pas. Mais moi, je comprends la situation.

[00:39:51]

Vous comprenez ce désespoir qui les amène à traverser dans les kwassa kwassa pour aller à Mayotte? Est ce que vous comprenez, en tant que Française de Corbeil-Essonnes que de l'autre côté, à Mayotte, les gens disent stop quoi? Oui, après ça aussi, je comprends.

[00:40:06]

La situation n'est pas simpliste, elle n'est pas facile, mais je comprends les deux camps. Je comprends qu'on ne veuille pas se faire envahir entre guillemets par tous les Comoriens et je comprends aussi qu'on aille chercher son par ailleurs. Après, c'est aux politiciens de régler ce problème là et pas moi.

[00:40:28]

Vous auriez aujourd'hui le long d'aller vivre aux Comores ou d'aller faire quelque chose pour les Comores. Votre histoire, elle s'inscrit définitivement en France? Non, je pense que ça s'inscrit ici.

[00:40:40]

Après, j'aimerais bien faire quelque chose là bas. Pas pour leur rendre, mais sans leur rendre quoi? Non, mais je me sens un peu obligé, pas obligé, mais je sais pas comment expliquer de voir croire. Voilà une mission d'aller les aider.

[00:41:01]

Ouais, mais dans la banque et l'immobilier, y'a pas grand chose, c'est vrai.

[00:41:04]

Mais il y a toujours d'autres possibilités parce que vous vouliez faire médecine.

[00:41:08]

Quand on vous avait interviewé il y a quelques années sur Europe1, vous aviez dit Je veux être étudiante en médecine. Vous avez d'ailleurs commencé des études de médecine et ça, c'était une manière assez simple d'exercer un métier dans lequel vous pouvez aller rendre, recommanderont vous n'a pas pu aller au bout?

[00:41:25]

Non, ça ne s'est pas passé comme la plupart des gens en première année. Ça ne s'est pas très bien passé. Et puis après, j'ai découvert l'immobilier et ça m'a plu. Je suis Pannetier, mais je pense que quand on est rempli de bonne volonté, on peut accomplir plein d'autres choses.

[00:41:41]

Merci beaucoup. Bahia Bakari et votre livre, évidemment, qui a été édité il y a dix ans et reste disponible grâce à Internet. Nous, on l'a acheté sur Internet, donc ce n'est pas compliqué. On le trouve en général dans des boites comme Amazon. Des choses comme ça. Voilà. Ce livre s'appelle Bahia la miraculée. Pour ceux que ça intéresserait, il est édité chez Jean-Claude Gawsewitch. Merci beaucoup d'avoir, dix ans après, accepté de revenir sur cet événement qui vous a rendu célèbre et marqué à vie.

[00:42:11]

Merci beaucoup.

[00:42:12]

Elle a écrit des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.