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Christophe Hondelatte voici l'histoire de celui qu'on a appelé Pierrot le fou. Pierre Bodein Pendant toute sa vie, cet homme a berné des dizaines et des dizaines de psychiatres. Ils l'ont dit, vous? Et puis non. Et puis finalement, oui. Et puis finalement, non, il n'est pas fou, mais c'est un psycho pates d'une perversité terrible qui a commencé comme braqueur et finit comme tueur pour le débriefe tout à l'heure. J'ai invité l'avocat de la famille de l'une de ses victimes, maître Thierry Moser, de Mulhouse.

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J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard, réalisation signée Céline Bras. Christophe Hondelatte. C'était une jolie petite fille blonde aux cheveux courts de 11 ans, Jeanne Cavill.

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Le vendredi 18 juin 2004, à Rhinau, en Alsace, dans la matinée, elle est allée se promener en vélo. Il faisait beau et chaud, le temps idéal. A midi, sa mère a battu le rappel pour le déjeuner à table avec 8 enfants.

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C'est toujours compliqué de rassembler tout le monde. Les jeunes mariés, avez vous? Il est les partis faire du vélo et n'est pas rentré. Si tu veux, je peux essayer d'aller la chercher du côté du tennis. Il va toujours. Le grand frère y est allé. Et effectivement, près du tennis, il a trouvé son petit vélo rose abandonné. Mais il n'a pas trouvé sa sœur. Il a appelé. Jeanne-Marie Jean-Marie. Elle n'a pas répondu alors à 14 heures.

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La mère a averti les gendarmes ils ont pris ça très au sérieux tout de suite dans d'autres histoires et il arrive que les gendarmes traînent des pieds. Pas là. Ils ont envoyé un hélicoptère pour la chercher dans l'eau et organiser des battues avec les gens du village pour la chercher d'en bas. Ils ont envoyé des chiens renifler son odeur à partir de l'endroit où on a retrouvé le vélo. Ils sont allés jusqu'au bord de la route et ils se sont arrêtés net.

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Et tout ça, c'était avant hier et on est toujours sans nouvelles de Jeanne-Marie. Et puis, trois jours après la disparition de Jeanne-Marie dans le village d'à côté, des enfants se mettent à raconter une drôle d'histoire. On a vu un drôle de truc dans la maison des. Si on regardait par dessus la clôture. Il avait mis une petite fille dans le coffre d'une voiture et il y avait plein de gens autour qui regardaient. Il raconte ça à leurs parents, qui s'empresse d'aller le répéter aux gendarmes.

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Et là, il faut que je vous explique les Vagner. Ce n'est pas un nom de famille, mais Vagner, c'est comme ça qu'on appelle les gitans en Alsace. Ce sont ceux qui font des paniers. Quoi? De la vannerie? Autant vous dire qu'ils n'ont pas la cote dans le village. Ni une ni deux, les gendarmes arrêtent les six vanniers qui vivent dans la maison, désignés par les enfants gardes à vue. Les gendarmes les ont ils secoués un par un?

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C'est possible. Toujours été le cas s'évitent. Il y en a un qui craque. Le plus jeune dont je dois vous dire qu'il est aussi légèrement débile. C'est mon grand frère Georges. Il a renversé l'article. Un accident. On était trois dans la voiture de combat, on en rembourseraient le corps. Bon, on l'a mis dans le coffre. Ah, c'était un accident! Et il est où le corps maintenant? On repeint d'abord, on l'a ramené de chez nous, on l'a entouré.

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Après qu'on l'a jeté dans la rivière, puis. On est aller le reprendre et puis on l'a jeté dans le Rhin. Donc, on ne retrouvera pas le corps tout de suite. Alors, le frère aîné George, celui qui est censé avoir eu l'accident? Qu'est ce qu'il en dit? Il est dans le bureau d'à côté. Tout sauf de conneries.

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Ce qui voudrait dire que le petit frère aurait inventé toute cette histoire. C'est possible parce que les gendarmes ont examiné à la loupe toutes les voitures du clan pasune. Aucune ne porte de marque d'un choc avec un vélo. On en est là quand, le 25 juin. Une semaine plus tard, une autre petite fille disparaît à 50 kilomètres de là, à Schirmeck. Julie charge 14 ans. Elle aussi part faire du vélo en début d'après midi avec sa copine Maud.

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Et quand la fin de l'après midi arrive, Maud est rentrée, mais pas Julie. Vers 19 heures, la mère de Julie appelle Maude sur son portable Maude. C'est toujours avec Julie, tu peux lui dire qu'il est temps, qu'elle rentre chez lui peu avec elle. La mère refait le chemin en sondant les fossés du regard. Et puis elle prévient les gendarmes les mêmes, les mêmes que ceux qui enquêtent sur la disparition de Jeanne-Marie. Et tout le quartier se mobilise et on fouille, on l'appelle et on se dit que c'est peut être une fugue 14 ans, mais elle n'a rien emporté.

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Ni papier, ni argent, ni vêtements.

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Et les semaines passent. Une, deux, trois, quatre, cinq semaines jusqu'au 28 juillet, date à laquelle on retrouve le vélo de Julie dans la forêt. Dans un ruisseau, on ne voit que le guidon qui dépasse. Mais c'est bien son vélo. Ça n'est donc pas une fugue.

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Ce vélo, on l'a caché là, on l'a enlevée comme Jeanne-Marie. Et maintenant, les gendarmes font le lien entre les deux histoires. Quatre jours après la disparition de Julie, le 29 juin, des enfants se promènent au bord d'un ruisseau aval à 20 kilomètres de Rhinau, et regardent l'eau. On dirait une poubelle.

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Ça n'est pas une poupée, c'est la pauvre Jeanne-Marie. D'entrée, il n'y a aucun doute les petites chaussures bateau bleu et surtout son bermuda avec une étiquette à son nom. Un mois et demi plus tard, évidemment, le corps est décomposé, mais on voit tout de suite qu'elle a été étranglée et sans doute aussi violée avec d'étranges traces de couteau autour de son sexe.

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Est ce que ça peut être les Vagner Ralph, l'endroit où on a découvert le corps est à 30 km de l'endroit où le jeune a dit on s'est débarrassé du cadavre. Et par ailleurs, on peut penser que ce corps n'est pas là depuis la disparition de Jeanne-Marie. Non, c'est un endroit très passant. On l'aurait vu. Le petit corps de Jeanne-Marie a été déposé là récemment. Hier? Peut être. Or, les Vagner sont en taule depuis une semaine.

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Le gamin du clan à raconter n'importe quoi. C'est une fausse piste pour laquelle il était évidemment facile de s'engouffrer. Des Vagner? Pensez vous? Vous connaissez la blague? Si vous ne savez pas pourquoi vous les arrêter? Eux, ils savent toujours. C'est à ce moment là que les gendarmes font le lien avec une troisième histoire intervenue entre la disparition de Jeanne-Marie et celle de Julie. Une histoire que, jusque là, ils ne pouvaient pas relier aux autres à cause de l'âge de la victime.

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Edwige Valée, 38 ans. On l'a retrouvée nue dans un ruisseau à Indy Side, dans le même coin. Elle a été étranglée et surtout, elle avait des blessures au niveau du sexe, comme des coups de couteau, comme ceux qu'on a pu constater sur le corps de Jeanne-Marie. Les mêmes mutilations barbares. On aurait donc affaire à un même tueur qui tue indifféremment des enfants et des femmes adultes. Un tueur avec une manie très caractéristique des grands pervers.

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Est ce que Julie a subi le même sort? Pour l'instant, Julie Charles est introuvable, mais on a peut être une piste. Un témoin l'a vu le jour de sa disparition avec son vélo sur la route de Schirmeck. Vous voyez aucun mot là sur la départementale 204. Elle était là, elle parlait avec un type et il avait une voiture blanche. La marque, vous vous souvenez de la marque? Oh, je dirais une escorte, une Ford Escort blanche, une Forde escorte blanche et ben ça alors.

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Depuis quelques temps, justement, les gendarmes ont à l'oeil un type, un type louche qui vient de sortir de prison avec un casier long comme le bras, qui a justement une force d'escorte blanche. Pierre Bodein, tu ne vois pas que ça soit lui, ça pourrait. Et donc, ils l'interpellent et ils l'interrogent et une entire à rien. Et donc ils le rolla en se disant Toi, mon coco. A partir de maintenant, on tape à l'oeil.

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D'autant que près du corps de Jeanne-Marie, on a trouvé les débris d'un clignotant. C'est un clignotant arrière de forte escorte. Alors, dès sa sortie de garde à vue, il le Filoche, ce Pierre Bodein discret jusqu'à chez lui, une caravane sur le terrain d'un ferrailleur à Bourgueil, toujours dans le même coin. Et c'est à ce moment là que tombent les analyses effectuées sur des taches de sang retrouvées sur le vélo de Julie. Le labo a dégagé un ADN qu'il a passé au fichier des empreintes génétiques.

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C'est lui, c'est Pierre Bodein. Connu jusque là comme braqueur en série, sorti de prison il y a quatre mois à peine, actuellement en liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire le lendemain matin, les gendarmes vont l'arrêter et il le traîne en garde à vue.

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Met en garde à vue Bodein ni. Oh, je suppose que je folau! Je n'ai rien à voir avec cette histoire. Pourtant, son ADN a bien été retrouvé sur le vélo de Julie et Julie a disparu. Ça suffit pour le déférer chez le juge d'instruction. Et ça suffit aux juges pour le mettre en examen et le coller en prison. Et là, on découvre l'animal, son passé. Pierre Bodein a 57 ans. C'est un vannier lui aussi, mais pas un vannier qui tressent des paniers, un voleur, un braqueur qui a quasiment passé toute sa vie en prison.

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Et quand il n'était pas en prison, il était en hôpital psychiatrique. Et en feuilletant son dossier, on découvre des expertises psychiatriques réalisées à l'époque, et notamment une réalisée en 1989, après son arrestation pour 16 braquages. Il faut absolument que je vous raconte cet épisode.

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En 1989, Pierre Bodein est expertisé par le psychiatre Henri Brunet.

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Il vient le voir à la prison et il le trouve très agité et incohérent, confus. Je vous. On m'a dit que je voulais. Moi, je vais d'abord m'acheter un hélicoptère. Verdict du docteur brûlèrent. Pierre Bodein est psychotique, possiblement schizophrène. Or, on ne juge pas les psychotiques. La France fait un honneur de ne pas juger les fous. Et donc, Pierre Bodein est interné. Et une fois hospitalisé, il plonge dans un état régressif complet.

[00:13:23]

Il ne marche plus. Il lui faut un fauteuil roulant. Il ne peut plus pisser lui même ni déféquer. C'est un légume intégral. Tellement légume que le 11 décembre 1992, il se fait la malle par la fenêtre du réfectoire.

[00:13:43]

Villa Berner tout le monde. Son état végétatif était un simulacre. Le même jour, Brodin, en cavale, attaquent un automobiliste armé d'un pistolet à grenaille et lui balance deux décharges de grenaille dans le visage. Le lendemain, il braque une banque and design. Personne ne bouge. Il prend un salarié en otage et sous la menace, il se fait remettre vingt mille francs et il prend la fuite. Le même jour, il s'achète un fusil de chasse dans une armurerie et cinq boîtes de cartouches.

[00:14:23]

La nuit suivante, les flics repèrent à Colmar. Une course poursuite s'engage. Les policiers se mettent à tirer. Bodard réplique au fusil à pompe. Il vise un policier à la tête touché. L'officier s'en sortira par miracle et il s'échappe à nouveau. Le lendemain, il nous donne un signe qu'il est aussi un prédateur sexuel. Il enlève une femme, il la viole plusieurs fois et il la relâche. Et juste après, il tombe sur un barrage. Il ne force nouvelle fusillade et Bodein parvient à s'enfuir dans un bois.

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Les gendarmes pénètrent dans le bois par dizaines avec des chiens, des motos et au dessus, un hélicoptère. Il le coince. Fin de la cavale. Vous voyez à quel genre de zozos nous avons affaire?

[00:15:17]

Alors, il est fou ou pas? Il est psychotique, schizophrène. Coupat mérite t il le surnom de Pierrot le fou?

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Dans les années qui suivent, il y a débat. L'une des stars de l'expertise psychiatrique de l'époque, le docteur Bornstein, le rencontre juste après ses trois jours de cavale. Alors était le psychotique, docteur? Eh bien non, d'après Bornstein. Non, il est Geico pates, mais rien de plus. Tôt déséquilibré mental. Mais ça n'entre pas dans le champ des troubles psychiatriques qui dispense de la cour d'assises. On peut le juger et donc on joue.

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En 1995, Pierre Bodein comparaît devant la cour d'assises de Colmar pour ses hold up. Il arrive tout tremblant dans le box des accusés, la bouche ouverte, la démarche branlante. Quand on lui pose des questions, il dit n'importe quoi. Il faut comme rendre la mobylette qu'on voulait. Les experts psychiatres pensent qu'il simule. On raconte une scène étonnante. Un jour, il a mangé ses excréments. Il serait donc prêt à tout pour montrer qu'il est fou et à la fin, il prend 30 ans pour les 16 holdup.

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Mais après miracle, sur une faute de procédure, il obtient la cassation. Nouveau procès en 1996 à Strasbourg. Et là, changement total d'attitude. Il est frais comme un gardon. Il ne fait plus semblant d'être fou. Il s'excuse même. C'est un autre homme. Et du coup, il prend un peu moins que la première fois 28 ans de prison. Donc donc, en principe, on en est débarrassé. Jusqu'en 2012, je dis en principe parce que vous savez vous que sans doute, il a replongé en 2004 Julie, Jeanne-Marie et Derive.

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Comment s'est il trouvé dehors en 2004, 8 ans avant l'échéance?

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Eh bien d'abord, son avocat a fait du zèle. Il a repéré une toute petite faute de procédure qui a ramené la peine de 28 ans à 20 ans. Et puis, après ma foi, Bouda s'est plutôt bien comporté en prison. Il a donc bénéficié de remises de peine. Vingt ans sont devenues 17ans et juste après, une grâce présidentielle général et habituel traditionelle a ramené la peine de 17 à 14 ans. Et à la fin, en 2004, dernier coup de pouce, on lui a fait encore un petit cadeau une année et on l'a libéré au bout de 13 ans, 13 ans au lieu de 28.

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Voilà, voilà qui est. Et d'où vient le zigoto qui a sans doute tué dès sa sortie de prison, en 2004, Jeanne-Marie, Aiderez et Julie. On retrouve le corps de Julie Scharff le 3 juillet 2004 dans un petit ruisseau. Il porte les mêmes blessures, les mêmes mutilations au niveau du sexe que les deux autres. C'est très troublant à ce petit rituel macabre et ce n'est pas le seul point entre les trois affaires. Vous noterez que les trois corps ont été retrouvés dans l'eau.

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Mais il y a encore plus troublant. Prenez une carte du coin et collez une punaise sur chaque endroit où on a retrouvé les corps. Une, deux, trois. Punaise! Et bien, vous noterez que les lieux de découverte des corps sont à égale distance de la caravane de Pierre Bodein Dingo Dingo.

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On finit par trouver du sang de jeune Marie dans Saint-Fort Deswarte et aussi un tout petit poil qui appartient à Edvige. Et comme en fouillant le terrain où il vivait, on tombe sur des couteaux tachés de sang.

[00:20:08]

Alors y'a plus de doute, Pierre Bodein. Quelques semaines après sa sortie de prison, a tué trois fois en une semaine. Les psychiatres n'ayant pas réussi à se mettre d'accord, on va donc le juger pour les trois meurtres de 2004. Son procès s'ouvre le 11 avril 2007 devant la cour d'assises de Strasbourg. Et dans le box, il n'est pas seul. Le juge d'instruction n'est pas arrivé à dédouaner totalement les vanniers de Rhinau dans le meurtre de Jeanne-Marie. Alors il a renvoyé tout le monde devant la cour d'assises avec Bodin.

[00:20:45]

Seize personnes, quelle galère! Vous vous rendez compte? À chaque fois, il faut les interroger un par un. Et comme ils sont tous rongés par l'alcool et tous à moitié neuneu, ça prend un temps fou. Je ne l'ai jamais vu dans l'eau, j'ai jamais vu dans l'optique du Maryland aux nombreux. On perd notre temps. Il n'y était pas, Bodein était seul. Alors, concentrons nous sur lui. Lui qui est assez là dans le box avec ses cheveux longs filasse et Guillemain un jour une chemise blanche.

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Et le lendemain, une rose. Et le surlendemain, à nouveau la blanche il n'a que deux chemises, noterait. Il nie. Il remet au président un document d'une dizaine de pages intitulé 30 alibis. C'est la preuve, pense t il, qu'il n'a commis aucun des meurtres. Et c'est assez vain parce que dans le dossier, on a des preuves ADN. En veux tu, en voilà. Et on a son téléphone qui atteste que le jour de l'enlèvement de Jeanne-Marie, il était à rénos, qu'il perd son temps.

[00:22:04]

Mais jour après jour, ils ne lâchent rien. Ils refusent de détailler son emploi du temps. Il n'a commis aucun crime. C'est un complot, c'est une machination. Les gendarmes, lorsqu'ils ont mis mon ADN sur le vélo de la petite Julie, l'ont. C'est le gendarme qu'on veut.

[00:22:27]

Et on en revient bien sûr à la question l'éternelle question. Les experts psychiatres se relaient à la barre. Est il fou? Ils ne sont toujours pas d'accord, mais ce qui ressort, en gros, c'est que c'est un manipulateur qui joue au fou sans être fou. À la fin, l'avocat général soulève. Je vous demande de condamner Bodein à une peine de perpétuité incompressible de manière à ce qu'il ne bénéficie. D'aucun aménagement de peine. L'avocat de Bodeux, enfermé par les dénégations de son client, ne peut rien plaider d'autre que le complot de la gendarmerie.

[00:23:28]

C'est assez vain. Le délibéré dure 24 heures. Ça, c'est très rare. Et la Cour condamne Pierre Bodein à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine incompressible de 30 ans. C'est le Mac. Il fait appel. Un nouveau procès est organisé en septembre 2008 à Colmar. Il est toujours dans le déni et sa condamnation à la perpétuité réelle est confirmée à ce moment là. Il a 61 ans. Il part pour 30 ans minimum. Il mourra en prison.

[00:24:11]

Voilà donc pour l'histoire de Pierre Bodein, qu'on appelle sans doute à tort Pierrot le fou. Je ne sais pas si c'est votre avis, maître Mozet. Vous étiez donc tout à fait dans ce dossier l'avocat de la famille de Julie Scéance. C'est un surnom usurpé?

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Absolument, absolument. Il ne le mérite pas. Il n'est pas approprié ce surnom. Moi, je dirais plutôt le roublard, le manipulateur, le faussaire, le. Moi, je l'appelle vrai comme ça.

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En vérité, vous vous êtes croisés combien de fois dans la cour? Devant la cour d'assises? Quatre fois, quatre fois. J'ai beaucoup fréquenté professionnellement, si je puis dire, cet individu. J'ai plaidé quatre fois contre ce gaillard là. J'ai plaidé donc deux procès qui suivaient sa cavale de 1992 que vous avez raconté. J'étais deux fois contre Bodein à l'occasion de crimes abominables du printemps 2004. Puisque vous, raconteurs de mots et des différents procès, si vous ne souhaitez pas la totalité.

[00:25:01]

Mais ça m'intéresse de savoir si vous avez senti, lors du procès de la cavale, sa dangerosité. Parce qu'à ce moment là, oui, c'est un menteur. Il a quand même tiré sur un flic au fusil à pompe. Il a failli le tuer, mais il n'a jamais commis de meurtre, de caractère sexuel.

[00:25:17]

Oui, au premier procès, effectivement, que le mal. Il vous fouille les communes légumes. Il veut qu'on s'apitoie sur lui. Il nous prend vraiment pour des imbéciles. Moi, j'ai dit que c'était un simulateur absolument remarquable. Les jurés ont suivi, ont condamné et vous l'avez dit excellemment. Ensuite, nous avons le procès numéro 2 suite à un pourvoi en cassation malheureusement réussi de Bodin lors de ce deuxième procès à Strasbourg 1996. Monsieur Boyden n'est plus gagas, mais monsieur Baudet est un symptôme.

[00:25:46]

Il a rencontré liquident à la prison. J'ai écrit La Sainte Vierge et Repentis les Bourlet de remords. Il veut adopter un comportement absolument parfait dans l'existence. Il voudrait qu'on pitois sur ces belles paroles. Donc vraiment, il nous prend une fois de plus pour des imbéciles.

[00:26:02]

Parlons de la peine à laquelle il est condamné à l'issue du dernier procès, c'est à dire à la perpétuité dite réelle. C'était la première fois que l'on condamne un homme à cette peine qui vient d'être instauré en France sous Jacques Chirac, quelques années plus tôt. Alors, il faut expliquer que c'est donc une peine de perpétuité incompressible.

[00:26:23]

Mais il y a quand même une possibilité de sortir au bout de trente ans, c'est à dire qu'après 30 ans, il faut faire au moins 30 ans. À partir de trente ans, on remet le compteur à zéro et éventuellement Esquibien. Éventuellement, on peut bénéficier d'un aménagement de peine. Donc, c'est bien la première fois que ça a été utilisé en France. J'ai revu cette situation quelque temps après, lors du procès que j'ai plaidé contre Fourniret. Si je me souviens bien, oui, Fourniret à Charleville-Mézières.

[00:26:44]

Donc, je reviens à ce procès de Strasbourg de 2007. Trois mois de procès les vani dans le box, plus moddeurs. Vagner acquittés. Vous l'avez dit parfaitement bien. Moi, ce que je retiens de ce procès, ce sont deux choses qui m'ont frappé. Première chose, c'était la violence absolument insoutenable des débats, visiblement. Est ce dont d'ailleurs, ça ne me dérange absolument pas? Bien au contraire. Et il me considère comme l'auteur, l'un des auteurs du complot dirigé contre lui.

[00:27:11]

Et les méchants, ce sont les gendarmes, les méchants journalistes et moi même. Briche en bonne compagnie, ça me va très bien. Donc des débats très rudes. Il veut mener le procès, il veut présider le procès et c'est absolument incroyable au moment de plaider. Il va se boucher les oreilles. Moi, je vais m'approcher de lui en parlant encore plus fort. Il se met à hurler. Il est expulsé de la salle. Enfin, c'est assez pittoresque.

[00:27:35]

Deuxième souvenir? Moi, j'ai dit beaucoup sur sa personnalité. J'ai fait valoir que ce n'était pas seulement seulement le braqueur repenti qu'il disait être. Mais c'était essentiellement le délinquant sexuel, le prédateur sexuel, le pédophile qui s'en prend à des petites jeunes filles, les petites gamines 10, 11 ans, 12 ans ou que c'est ou 14 ans. Voilà ce que j'ai plaidé hier. À ce moment là, Saint-Laurent-des-Eaux, fous furieux, hurlaient. Et comme dit, il a été expulsé de la salle suite à son comportement absolument inouï.

[00:28:05]

Bon, ça, c'est le premier procès. Maintenant, j'ai vécu le deuxième que je peux aussi vous relater en trois mots.

[00:28:10]

Il a complètement changé de registre. Mais au final, on ne le croit plus. Même si, lors d'un deuxième procès, il avait en général beaucoup plus équilibrée et plus oui.

[00:28:19]

Deuxième procès. Il a d'ailleurs changé d'avocat et cette fois ci, il joue. Il veut jouer à la rationalité. Il veut faire une meilleure impression. Il veut présenter les arguments soi disant rationnels. Il veut donc effectivement raisonner de façon absolument artificielle et nous présenter des alibis. Ou que 16, ça ne marche pas davantage. Il est à nouveau condamné à la même peine. Il fait un pourvoi en cassation, se pourvoit en cassation, échoue. Fort heureusement, il y a là comme Baudelaire est un procédurier infatigable.

[00:28:52]

Le pourvoi en cassation ayant échoué, il fait une action devant la des droits de l'homme européen des droits de l'homme, loi procéduriers où ce sont ses avocats qui font un zèle légèrement maladroit quand même.

[00:29:04]

Parce que je pense que tu pense que l'avocat en la boudaient. Alors, BAUDAIS est un type, je crois, très exigeant, dixit ses avocats. Il est à la tâche chez mes confrères. Malheureusement, ce veulent bien être maltraités. Ce que je déplore, ça, c'est un autre problème. Bon, bref, il fait une action devant la juridiction supranationale. Strasbourg, La Cour européenne des droits de l'homme. Il échoue et il pourrait s'arrêter. Il pourrait s'arrêter?

[00:29:33]

Non, il fait encore un pourvoi en révision.

[00:29:36]

Il ne va pas pouvoir réaliser ce qu'il était. Fou, fou, fou. Alors là, la Ligue arabe se soit lancée là dedans.

[00:29:41]

C'est faire perdre du temps à la justice, mais c'est se foutre du monde. Et alors? On ne veux pas être méchant avec mes confrères. Enfin, certains avocats font des choses tout à fait extravagantes. Moi, je le déplore effectivement. Il un pouvoir élision qui est bâti sur du sable. C'est plaidé récemment. J'y suis allé à Paris devant les magistrats de la Cour de cassation. Et là, ils viennent raconter des imbécilité. Ils sont bons, voire élision a été évidemment rejeté.

[00:30:08]

Mais moi, je dis que tout cela, ça fait des souffrances absolument innombrables et répétés vis à vis des victimes, des familles, des victimes. C'est intolérable et je suis vraiment choqué par le comportement de cet individu. Alors il continue d'ailleurs à me choyer. Je le dis ironiquement, bien entendu, puisqu'il m'envoie régulièrement des courriers plutôt menaçants. Je sens à mon égard, mais ça, je m'en fiche royalement ici m'entend et je tiens à le lui faire savoir.

[00:30:33]

Je m'en fiche totalement de ces messages stupides.

[00:30:36]

Revenons deux secondes au quantum de la peine. C'est donc la première fois qu'on voit un homme à la perpétuité réelle dans ce pays. Pour le coup, vous trouvez que c'est adapté?

[00:30:46]

Monstre, c'est très bien. Moi, je trouve ça très bien. D'ailleurs, je suis. Vous avez tout relaté excellemment le cheminement procédural suite à la décision de 1994. Le pourvoi en cassation qui aboutit. Ensuite, les remises de peine et patati et patata. Moi, je trouve que c'est choquant. Les 28 ans qui viennent, je crois 12 ou 13 ans, mais c'est absolument inouï. C'est absolument choquant et je suis tout à fait satisfait de cette loi qui durcit la répression pour des criminels aussi chevronnés que Boudat.

[00:31:19]

Je pense qu'il faut respecter les intérêts des familles. Je pense qu'il faut protéger efficacement la société. Alors parlons de sa folie.

[00:31:29]

Il y a eu toute sa carrière, sa terrible carrière en débat entre psychiatres sur son cas. Il n'est pas le premier au sujet duquel on débat entre psychiatres. Vous n'allez tout de même pas me dire vous avez déjà dit un mot là dessus, tout à leurs médecins. Mais que Boudin est un type normal, il n'est pas normal.

[00:31:47]

Il a effectivement des perturbations psychologiques, ça, c'est évident. M'enfin, il a su effectivement induire en erreur gravement un psychiatre strasbourgeois dont vous avez cité le nom. Et il a trompé ce spécialiste de la médecine mentale et je le déplore. Les autres psychiatres ont été beaucoup plus clairvoyants en lisant. Certes, cet individu présente des perturbations. Il n'est pas comme vous et moi, mais il est dangereux et, il faut l'avouer, très sérieusement à l'œil. Voilà en gros ce qu'on on peut le juger et on doit se mettre à bosser.

[00:32:18]

Vous êtes un vieux de la vieille de la cour d'assises. Qu'est ce que vous pensez en général? Des expertises psychiatriques?

[00:32:26]

Je n'ai pas la compétence d'un psychiatre, bien entendu. M'enfin, je fais des observations. Première observation pour déclarer un bonhomme non responsable au plan pénal, il faut quand même, à mon avis, du solide. Ils n'ont pas des éléments incertains, comme l'a admis ce psychiatre strasbourgeois. Donc il faut du solide, il faut du solide et je pense que cette condition n'a pas été remplie. Bon, ça, c'est ma premiere observation. Deuxièmement, à partir 2ème observation, à partir du moment où un individu est déclaré irresponsable, ne pouvant donc être condamné pénalement, il faut au minimum que cette situation donne lieu à des mesures de sûreté.

[00:33:02]

Il faut que le gaillard déclaré irresponsable, soit suivie de façon étroite par les autorités compétentes pour l'empêcher de récidiver, de faire à nouveau du mal. Mais il n'est pas question de le remettre bien gentiment dans la nature en disant Mon petit bonhomme, alors tu fais ce que tu veux. Ça, c'est criminel et on n'a pas le droit de faire des choses comme ça. Et on a fait ça pendant certaines années, pendant qu'un certain nombre d'années meisenthal encore.

[00:33:26]

Mais j'entends que vous dites qu'il ne faut pas juger des fous à eux seuls. Ou il y a celui qui va juger des fous parce que pour être déclarés responsables d'une infraction. Il faut avoir eu une certaine lucidité, la conscience de commettre l'infraction, la conscience de transgresser la loi. Bon, je dis que Baudelaire avait parfaitement conscience et il fallait le juger et le condamner. Et c'est très bien. Mais si quelqu'un est démuni de cette lucidité à ce moment là, on ne peut pas le condamner pénalement.

[00:33:55]

Ça ne veut pas dire qu'on lui fiche une paix royale. Ça veut dire qu'on va lui imposer des restrictions à sa liberté, des mesures de contrôle, ce qu'on appelle des mesures de sûreté. Je l'ai dit à l'instant, mais pas question de le laisser dans la nature en train de gambader pour. Des infractions gravissimes pour revenir, donc un boudin. Vous êtes certain que c'est un roublard qui a joué au fou, ce qui est étonnant parce qu'il n'est pas d'une intelligence suprême et néanmoins, ils savent jouer au fou au point de berner par plusieurs psychiatres.

[00:34:27]

Il y a eu débat. Il y a eu dans certaines, dans certaines affaires, des entre psychiatres. L'on disait il est schizophrène.

[00:34:33]

L'autre point d'alkyle. J'ai vécu quatre procès contre cet individu. Premier procès. Il est. Il se présente comme un complet givré. Deuxième procès. Il se présente comme un type bien normal, mais repenti, qui aime Jésus, prit la Sainte Vierge, etc. Qui veut bien se comporter? Troisième procès il se présente comme un type qui veut raisonner, qui est innocent, qui veut discuter les charges, puis à pied, etc. Dont il a un type intelligent, capable de lire à dossier et de discuter.

[00:35:03]

Un dossier qui a abouti à un procès kifkif bourricot. Il se présente de la même façon, donc il a quand même une capacité à un registre de commodité, de comportement face à la justice qui est absolument sidérant. Et alors? Je vous raconte une anecdote, c'est qu'à un moment donné, je me suis fichu de lui lors du procès. Je crois que c'est le dernier procès à Colmar où je lui dis voilà, je vous présente mes excuses et sous estimez vos capacités criminelles.

[00:35:30]

Je n'ai pas réalisé que vous étiez aussi doué au plan criminel. Au départ, il n'a pas compris l'ironie que je déployait. Il a même bredouillé à la merci. Et lorsqu'il a compris que je me suis chez lui inutile, il est devenu absolument furieux.

[00:35:44]

Alors, il y a quand même quelque chose d'ente dans cette histoire sur laquelle je n'ai pas pu aller tellement plus loin. Parce que parce que c'est dit comme ça dans l'enquête. Mais personne n'a l'air de s'y être attardé. Il y a ses rituels et ses marques qu'il fait autour du sexe de chacune de ces trois victimes qu'il tue, je le rappelle à quelques jours d'intervalle les unes des autres. Il y a le fait qu'on retrouve les trois corps immergés dans l'eau.

[00:36:11]

À chaque fois, il y a le fait. Encore plus troublant que le lieu de découverte de ces trois corps se trouve à égale distance, au kilomètre près de la caravane où il vit. Ça suscite quoi chez vous?

[00:36:26]

C'est très simple en ce qui concerne les mutilations, dont les parties sexuelles. Ça a été fait pour empêcher les investigations expertes. Elle et moi, je suis convaincu que ces malheureuses ont été violées et lorsqu'il est rapidement trouvé un viol?

[00:36:39]

Non, je dis, mais je suis convaincu du fait que j'ai dit je suis convaincu du fait que ça n'a pas pu être démontré par des experts médecins légistes en raison notamment des mutilations de la région sexuelle, donc celles qui s'étaient dépensés pour évidemment gêner les experts.

[00:36:56]

Mais évidemment, mais bien sûr, pour les tenir en échec. Et le fait de placer les malheureuses, les corps de ces malheureuses dans l'eau, c'est fait exprès parce que notre grand ami Bodein, que nous aimons beaucoup. Ironiquement, notre bonheur. Il sait parfaitement que l'eau peut altérer l'ADN et peut tenir en échec également les investigations expertes.

[00:37:18]

Et le fait que les corps sont à égale distance de sa caravane. Vous voyez ce que cela suscite comme comme pensée, c'est à dire? C'est la caractéristique des tueurs en série. Oui, je partage votre humanité non rationnelle parce que ça n'est pas rationnel. On peut en enterrer une à 5 km et l'autre à deux. Ça ne change rien. Lui les met toutes à égale distance.

[00:37:38]

Ça ne m'étonne absolument pas. Vous savez ce que je veux dire? On l'a pas dit dans cette émission. Mais alors Bodein, c'est un type qui était absolument obsédé par la question de la virginité, n'est ce pas? Il voulait absolument des petites victimes vierges, des petites jeunes filles. Et cette obsession de la virginité. J'ai retrouvé ça chez Fourniret lorsque j'ai plaidé contre Fourniret à Charleville-Mézières, alors ça s'est aussi très, très troublant. Ça m'a laissé un grège méditatifs et je voudrais dire que c'est à dire dominateur commun, si ces deux criminels épouvantables que sont Bouda et Fourniret.

[00:38:13]

Pour vous, on a affaire à un tueur en série encensant à Mirabel? Indiscutable. C'est un tueur en série responsable qui doit être condamné. On l'a condamné, j'en suis fort aise et donc je jeveux espérer. C'est un peu sévère ce que je vais dire, mais je vous pensez que ce monsieur va terminer son existence dans l'établissement carcéral? Je lis clairement, même si ça peut déplaire à certains bons esprits. Je m'en fiche, je dis ce que je pense.

[00:38:43]

Merci Thierry Moser. Vous dites toujours ce que vous pensez.

[00:38:46]

Depuis le temps qu'on se connaît, des centaines d'histoires disponibles et remplaçant l'écoute et certains Attertois.