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[00:00:02]

La fréquence jusqu'à sandalettes. Je vais me raconter aujourd'hui l'histoire d'une dame qui est en face de moi et que vous connaissez sans doute, surtout si vous regardez TF1 en tout début de soirée. Demain nous appartient, ça vous dit quelque chose?

[00:00:16]

Bonjour Charlotte Valandrey. Bonjour. Bonjour tout le monde. Comédienne, écrivaine et désormais aussi chanteuse d'ailleurs.

[00:00:22]

On écoutera tout à l'heure un extrait de votre nouveau disque, votre premier album qui sera bientôt, et vous serez d'ailleurs bientôt en concert. J'ai écrit votre histoire en m'appuyant sur deux de vos livres, L'amour dans le sang au Cherche-Midi et Celui qui suit et celui qui suit. L'amour dans le sang a été un best seller. Il est paru en 2005. Vous y avez révélé votre séropositivité, entre autres, et celui qui suit ces deux cœur inconnu, toujours aux Éditions du Cherche-Midi, paru en 2011, dans lequel vous racontez votre greffe du cœur et l'histoire absolument invraisemblable qui s'en est suivie.

[00:00:55]

Tout ça, ça fait une vie, une vie qu'on pourrait qualifier emmerdements maximum, mais ça serait, je crois, négligé. Votre énergie? Absolument incroyable. C'est votre vie. La voici dans cette histoire que j'ai écrite avec Claude Mandil. La réalisation est signée Céline Le Braz.

[00:01:17]

Christophe Hondelatte. Pour débuter cette histoire, je vous emmène sur une plage de Bretagne à l'été 1984, une plage du Val-André, charmante station balnéaire des Côtes d'Armor. Comme ça, vous le savez d'entrée, comment Charlotte a choisi son nom d'artiste? Elle a vécu la petite. Maintenant, elle y vient en vacances. Bref, elle est donc là, sur cette plage, le nez dans sa serviette à se dorer au soleil. C'est une ado. Elle a 15 ans, jolie, les yeux bleus en amande, une belle chevelure bouclée.

[00:01:51]

Et à un moment, au loin, sa mère l'appelle. Charlotte Charlotte, il y a un télégramme pour toi, c'est à ce moment là que sa vie bascule.

[00:02:06]

Charlotte rejoint sa mère sur la digue. C'est quoi ce télégramme qui regarde Véra Belmont, réalisatrice de cinéma, veut vous rencontrer? Merci de prendre rendez vous.

[00:02:19]

Il y a un numéro 16 42 33, 44 ans, trois étoiles dans les yeux. Une réalisatrice de cinéma veut la voir. Il y a quelques mois, poussé par une copine, elle avait fait des essais pour un film. Un film de Robin dévissent hors la loi. Mais ses parents avaient refusé.

[00:02:34]

Ils avaient trouvé le scénario trop violent. Cette Véra Belmont a peut être vu les images du casting.

[00:02:48]

Et donc, la voilà à Paris pour ce rendez vous toute seule. Elle a envoyé bouler ses parents. Je suis assez grande. Ça va. Bonjour, j'ai rendez vous avec Véra Belmont. Elle vous attend. Bonjour Charlotte. J'ai l'air de lui plaire, elle ne me quitte pas des yeux. Elle me fait parler, elle me complimente. J'apprendrai plus tard que les gens des arts ont le sens du compliment excessif comme un code, une surenchère, une exaltation.

[00:03:34]

Tu spontané, tu as une vraie nature était comment, à quoi l'insolence des enfants qui n'ont pas peur? C'est important pour le personnage que je cherche. Elle s'appelle Nadia. Tu voudrais être ma Nadia? Ben oui! En gros, c'est l'histoire d'une jeune militante communiste qui tombe amoureuse d'un journaliste doit toujours à la petite Coco. Ça s'appelle un rouge baiser et contente. On est vachement super contente même. Tu t'appelles Charlotte, Pascal? C'est ça? Oui, pourquoi?

[00:04:08]

Il faudrait trouver un nom plus exotique, comme un voyage vers quelque chose qui fasse rêver. Et là, je vous ai déjà vendu la mèche toute seule, elle va choisir Val André comme la plage de Bretagne qu'elle aime tant. Le tournage de Rouge Baiser commence trois mois plus tard avec Lambert Wilson comme partenaire et une réalisatrice un peu rude. Mais rentre chez toi, t'es nul. Pourquoi je t'ai choisi? Il y en avait des centaines, mieux toi, rentre chez toi.

[00:04:48]

J'en ai assez vu, Phil. Tout ça parce que Charlotte n'arrive pas à pleurer devant la caméra. À force d'engueulades, elle finit en larmes, coupais ma chérie qui était magnifique.

[00:05:02]

Tout ce que je t'ai dit, c'est pas vrai. Tu sais bien que je ne pense pas. Voyons, ma chérie. Bienvenue dans le monde du cinéma. En tout cas, Charlotte n'aura pas pleuré pour rien. Le film est un succès. La presse est dithyrambique.

[00:05:29]

Charlotte Valandrey, le nouveau visage du cinéma français. On l'entoure, on la fait. Elle est invitée partout. Dîner, coquetel, on la regarde, on la photographie, on l'aime. Elle est heureuse. David Bowie? Vous entendez? David Bowie la veut pour son prochain clip. Un vrai conte de fées. Et il ne manque plus qu'un prince charmant. Il arrive.

[00:05:59]

Et maintenant, elle a un agent. Et tant qu'à faire, elle a le meilleur.

[00:06:05]

Dominique Besnehard, de chez Art Media, l'agent des stars.

[00:06:09]

Et c'est lui qui lui dit Un jour ma plus belle robe et tu nous rejoint.

[00:06:19]

Nous attendrons ton craquelé, moi, Charlotte, ma chérie. Bonjour, Charlotte se présente Ioane, Ioane, Charlotte, Ioane. C'est un musicien de rock connu. Elle l'écoute en boucle. Quand vous connaîtrez la suite, vous comprendrez pourquoi je ne vous dis pas son nom en entier, le visage pâle, les cheveux noirs corbeau. Ce soir là, il a bu. Il est un peu bizarre, plane, transpire, mais il lui plaît tout de suite.

[00:06:52]

Je suis amoureuse, je me donne corps et cœur pour la première fois. Ioane part en tournée et Charlotte l'accompagne au retour, il disparaît pendant quelques jours sans explication. Et quand il revient, il a l'air un peu perdu. Il a le regard un peu flou. Un ami, la prévenue. Fais gaffe, Charlotte. Il se drogue, ce mec. Elle s'en fiche. Elle est amoureuse. Et puis, un jour, au cours d'une balade dans Paris, Yohann lui dit Charlotte, il faudrait qu'on fasse une prise de sang ensemble.

[00:08:06]

Pourquoi pas pour savoir? Je ne comprends pas. Tu sais faire quoi? Tout le monde fait un test maintenant. Bon, OK, j'ai pas le temps. Je pars au Festival de Berlin demain. On verra quand je reviendrai. Charlotte va à Berlin. Elle reçoit un ours d'argent pour son rôle dans Rouge Baiser.

[00:08:28]

Et quand elle rentre, Ioane, lui, en repart et ils vont faire le test ensemble. Le résultat arrive par courrier sérologie vayer H. Négative, bien sûr. Qu'est ce qui peut arriver à 17 ans? Mais la lettre du labo précise qu'il faudra refaire le test ultérieurement et ultérieurement. Ce sera donc après son prochain film au Canada, dans deux mois.

[00:08:55]

Les passagers du vol Air France 712 à destination de Montréal sont priés de se présenter porte 15 pour embarquement immédiat. Deux mois sans Youen, elle est toute triste. Un jour, pendant son tournage, Ioane l'appelle. Charlotte. Yohann. Yohann, tu viens me voir quand? Je ne vois pas Charlotte. On va arrêter. C'est fini. Ce n'est pas grave. Pas grave, je suis largué, je t'ai frappé pour la première fois, je pense à mourir.

[00:09:59]

Quelque temps plus tard, une copine lui dit qu'elle va faire un test de sida, t'as pris des risques? Non, pas vraiment, mais j'ai couché avec quelques garçons sans capote, comme la moitié de Paris. OK, j'y vais avec toi parce que moi, j'ai fait le test il y a quelques mois, on m'a dit de leur faire. Le résultat arrive dix jours plus tard dans la boîte aux lettres. Un jour bizarre ce jour là, il vient de faire une photo pour un rouge à lèvres.

[00:10:28]

Elle a gagné deux cent mille francs en quelques heures. Elle rentre chez elle. Tiens, ton courrier, ma chérie! Elle ouvre la lettre Sérologie verrouillages positive. Je suis paralysé, ma tête se retourne à l'intérieur de moi. Pourquoi moi? Pourquoi ça? Pourquoi j'ai pas eu le temps de grandir? On ne m'a rien dit. J'ai juste entendu deux ou trois trucs à la télé. Je n'ai pas fait attention. Mais attention à quoi?

[00:10:59]

À l'amour? Il faut se méfier de l'amour. Il faut se remettre dans le contexte. On est à la fin des années 80. Il n'y a pas de traitement contre levillage dans ces années là. On lui donne quoi? 3 ans? 3 ans d'espérance de vie? Plus. Quand Charlotte le dit à ses parents, son père cherche un coupable et il est tout trouvé. Yohann et sa mère la sert juste dans ses bras. Elle ne pleurera pas devant moi.

[00:11:38]

Merveilleuse protectrice. La décision est prise, il faut rien dire.

[00:11:43]

Charlotte Rien. N'en parlez à personne. Pourtant personne.

[00:12:08]

Le problème, c'est qu'elle va le dire.

[00:12:10]

Elle le dit au réalisateur de son prochain film, Noce blanche, Jean-Claude Brisseau et Brissaud le répète au producteur et le producteur ce n'est pas possible avec le sida.

[00:12:23]

On ne pourra pas l'assurer. Je suis giflée, muette, stupéfaite. Je me remets très mal de cette trahison, de ce coup porté. Je bois très longtemps. Nous sommes en 10 989. Les appels deviennent moins nombreux. Les projets deviennent flous. Le désir se tasse.

[00:12:43]

Charlotte n'a même pas 20 ans. Dans les années qui suivent, Charlotte ne tourne plus pour le cinéma et pour tout dire, elle commence à douter de son talent. Cela dit, en 1991, elle a 23 ans. On lui propose un rôle dans une nouvelle série télé pour TF1, Les Cordier, juge et flic avec Pierre Mondi dans le rôle principal. Au début, la production était fin, n'en veulent pas une emmerdeuse. Elle se drogue en plus, elle ne va pas bien.

[00:13:25]

Jolie réputation, mais le metteur en scène insiste et ça marche. Elle joue Miriam, la journaliste, fille du commissaire Cordier. Et comme ça, elle reconquiert le cœur des Français, mais pas celui des producteurs de cinéma. Charlotte va rester quinze ans sans tourner au cinéma.

[00:13:52]

Et le sida? Bien pendant dix ans, il se tient à carreau 10 ans, elle fait des prises de sang régulièrement. Elles sont normales. Et puis, en 1995, elle a 27 ans. D'un coup, son taux de globules blancs s'effondre. Le processus est en marche et c'est son père qui, quelques mois plus tard, entend parler d'une nouvelle molécule qui vient des Etats-Unis, l'Alsec. Et c'est lui qui obtient un rendez vous avec le docteur Willy Rozenbaum.

[00:14:20]

Il lui faut un peu de temps pour accepter de prendre le nouveau médicament. Des cachets énormes et rond, difficile à avaler, impossibles à croquer. Leur goût est épouvantable. Son père, lui, pile tous les jours et ensuite, il les dilue avec un peu d'eau tiède et l'avale d'un coup. Et au bout de quelques mois, son taux de globules blancs remonte. Le virus recule. Pardon de ne pas avoir le temps de tout vous raconter les hommes qu'il a fui?

[00:14:52]

Les hommes qui ont peur, mais Oscar qu'elle rencontre en 1999, à qui elle dit tout et qui, quinze jours après leur rencontre, la demande en mariage et elle dit oui, ils ont une petite fille, Tara, son bébé miracle, comme elle dit, séronégatives. Le bonheur, qu'elle en profite.

[00:15:21]

Mais l'un des problèmes avec la trithérapie, c'est qu'elle est très agressive pour le cœur.

[00:15:27]

Ça fait deux ans qu'elle gobe ses cache ton t et un jour, un jour, elle ressent une douleur atroce dans la poitrine, comme un coup de poignard et juste après, un deuxième. À l'hôpital Saint-Antoine, le diagnostic du cardiologue est terrible. Vous avez fait un infarctus. Votre cœur est nécrosée. Vos artères sont bouchées. Votre cœur ne fonctionne plus qu'à dix pour cent de ses capacités. On l'hospitaliser. Elle continue à maigrir. Elle ne pèse plus que 36 kilos.

[00:15:56]

Le médecin est absolument catégorique. Il faut vous greffer Charlotte. C'est votre seule chance. Et donc, il faut trouver un donneur, un greffon. Combien de temps? Une semaine en mois, 3 mois? Personne ne sait.

[00:16:23]

Un mois passe. Le 4 novembre 2003, le téléphone sonne. Bonjour Madame, Hôpital de la Salpêtrière. Nous avons un greffon pour vous, vous l'acceptez. Oui, tout de suite. Un donneur vient de mourir dans six heures. Le greffon sera périmé. Charlotte entre toutes suite au bloc et après dix heures d'opération.

[00:16:49]

Un nouveau coeur bat dans sa poitrine et c'est après qu'on lui dit Charlotte. On aurait attendu deux semaines de plus. Je ne vous cache pas, c'était foutu. Suivent six semaines de rééducation réapprendre à se lever, à marcher, à se remuscler, réapprendre à manger, pas de sucre, pas de sel, pas de gras et surtout, en plus de la trithérapie. Elle doit prendre des médicaments anti-rejet. Elle a compté. Ça fait vingt cinq comprimés par jour au total.

[00:17:28]

C'est violent. Parfois, elle vomit le repas et les cache, non? Ajoutez à ça la cortisone qui l'a fait grossir de partout, des seins, du ventre, du visage. Une vraie grenouille, constate t elle en se regardant dans la nasse. Mais le greffon a pris. Cela dit, dans la foulée, son couple explose et Charlotte se retrouve seule à Paris avec sa fille, sans travail, sans projet, sans argent. On ne veut plus de moi et j'ai décidé noir.

[00:18:12]

De temps en temps, on l'invite à une première. Elle voit bien le regard fuyant des gens qui n'existent plus. On ne me demande même pas comment je vais. Tout le monde s'en fout. J'ai l'impression d'être invisible. Alors, un jour de 2005, elle décide de ne plus attendre. Le métier ne veut pas d'elle et c'est elle qui ira vers les autres, vers tous ces gens qu'elle croise dans la rue et qui lui disent. Or, on regrette bien de vous voir à la télé.

[00:18:38]

C'est à ce moment là qu'elle écrit son premier livre, L'amour dans le sang, dans lequel elle révèle sa séropositivité au grand public. Trois cent mille exemplaires, un best seller. L'histoire sera adaptée à la télévision. Elle est heureuse. Elle a retrouvé l'amour du public.

[00:19:05]

Et là se produit quelque chose de tout à fait spécial. Ça se passe deux ans après sa greffe cardiaque. A cette époque là, elle vit avec le médecin qui la suit depuis sa greffe. Steven Steven l'euros, son premier amour calme.

[00:19:28]

Une nuit, elle fait un rêve terrible elle conduit une voiture à toute allure sur un grand boulevard battu par la pluie. Il y a un nouveau né à l'arrière de la voiture qu'il a les yeux fermés. Sa main sur le volant porte une bague qu'il ne connaît pas. Des phares l'aveugle. Le rétroviseur devient rouge, rouge, sang. Et puis il devient noir. Et là, une immense lumière vient brûler toute l'image et ses mains s'embrasent.

[00:19:54]

Et elle se réveille.

[00:19:56]

Steven est à ses côtés. Charlotte, réveille toi, réveille toi, tu fait un cauchemar. J'étais, j'étais dans une voiture, il pleuvait et calme toi, calme toi, maintenant, je suis là, rendort toi. Attends, attends, ce n'était pas ma voiture, ce n'était pas ma bague non plus. Et ce cauchemar revient, et même le jour maintenant, elle a des visions de mort effrayantes. Alors on parle à sa psy et sa psy, lui dit Charlotte.

[00:20:33]

Libérez vous de toutes les interrogations que vous pouvez avoir au sujet de votre donneur. Je crois que c'est le moment. Et là, Charlotte reconnaît qu'elle a envie de connaître l'identité de son donneur et pourquoi vous avez envie de savoir? Pour remercier. Pour comprendre d'où vient ce cœur, un peu comme on cherche ses origines. Sur les conseils de son agent, elle va alors voir un voyant Pierre. Le voyant lui prend la main. Vous êtes enceinte? Non.

[00:21:21]

Je vois un nouveau né. Cette étrange sent une autre vie en vous. Et là, elle lui dit les choses. J'ai été greffé du coeur et il lui raconte ses rêves. Et là, le voyant lui dit Je vois, je vois des lettres, beaucoup de lettres et une enveloppe, une enveloppe importante.

[00:21:43]

Ouvrez cette lettre, elle est bleue. Ah, c'est vrai, je reçois beaucoup de lettres depuis mon livre, quoiqu'il m'en reste plus de 800 à lire, je n'ai pas eu le temps. Il y en a une ou deux Bleues. Lisez les. Troublant, très troublant. Elle en parle à Steven, bien sûr, Charlotte. La voyance n'existe pas. Trouve moi un voyant qui donne le chiffre du loto. J'y crois.

[00:22:27]

Et bien sûr, elle se met à fouiller dans le tas de lettres reçues chez son éditeur à la recherche d'une lettre bleue. Elle ne va pas trouver de lettres bleue, mais une lettre blanche écrite à l'encre bleue. Je vous laller, chère Charlotte. Je connais le coeur qui bat en vous. Je l'aimais, je n'ai pas le droit de vous contacter. Pardonnez moi de m'adresser à vous de manière anonyme. Lorsque j'ai accepté que le cœur de mon épouse soit prélevé pour sauver une autre vie, je ne pensais pas un jour connaître l'identité de l'être receveur.

[00:23:01]

J'aime voir en vous la preuve éclatante que tout cela a été utile. Ma femme avait un grand Nord. Puisse t il vous porter bien loin. P.S. Si jamais meler tu me manques douloureusement à chaque instant, j'hésite à te rejoindre. Signé X, un incroyable terrifiant. D'autant qu'en fouillant dans le tas de courriers, elle trouve une deuxième lettre plus précise encore. Ma femme a été victime d'un accident à Paris dans la nuit du 3 au 4 novembre.

[00:23:36]

Maintenant, Charlotte a lieu Paris et une date. Et dans ces lettres anonymes, il y a donc la date de l'accident, la nuit du 3 au 4 novembre 2003 et le lieu Paris. Et là, c'est pas compliqué, il n'y a qu'à chercher dans le journal Le Parisien. Le numéro du 4 novembre 2003 évoque un accident de voiture dont la victime est une femme de 30 ans qui serait décédé dans la nuit à l'hôpital St. Paul. Qu'est ce qu'elle fait?

[00:24:18]

Elle va voir le directeur de l'hôpital Saint-Paul. Ecoutez madame! Même si un coeur a été prélevé ici cette nuit là, il peut très bien avoir été greffé sur quelqu'un d'autre. Loin de Paris, cesser de penser avec certitude que cette femme et votre donneur ne vous focalisez pas sur son identité.

[00:24:36]

En ce moment, Charlotte joue au théâtre, une pièce qui s'appelle La mémoire de l'eau. Un soir, elle reçoit dans sa loge un bouquet, un bouquet de violettes qui a porté ça.

[00:24:49]

Un très bel homme aux cheveux brun aux yeux bleus, beau sourire. Le lendemain, sa partenaire sur scène lui dit Charlotte, t'as vu ce soir l'homme au deuxième rang? L'Incognito bouffait des yeux. Non, non, elle n'a pas vu.

[00:25:04]

Mais dans sa loge, des bouquets de violettes arrivent tous les jours. Un jour, un homme vient frapper à sa porte. Il s'appelle Liane. Il est architecte et il est fan. Il a vu ses films, ses émissions de promotion, lu son livre. Elle va boire un café avec lui. Et là, elle ose lui demander.

[00:25:23]

Au fait, vous n'êtes pas veuf, veuve? Oh mon Dieu, non! En plein divorce seulement.

[00:25:36]

Tant mieux. Ils se revoient le lendemain, le surlendemain et commencent une belle histoire d'amour, ça dure comme ça un an et puis un jour, elle va fouiller dans ses affaires et elle trouve un dossier et elle ouvre le dossier. Dedans, il y a des coupures de presse qui racontent sa greffe cardiaque et surtout, il y a un certificat de décès d'une jeune femme de 30 ans en date du 4 novembre 2003. Yann n'est pas divorcé. Yann était le mari de celle qui lui a donné son cœur.

[00:26:07]

C'est dingue, c'est dingue, c'est dingue. Elle couche avec le mari de sa donneuse. Alors, est il amoureux ou psycho? Qu'y a t il vraiment? Qu'elle l'aime, elle? Ou est ce qu'il aime son ancienne femme, Charlotte? Laisse le dossier bien en évidence sur le bureau. Et elle s'en va. Elle va le quitter. Bien sûr, il la rappelle, Charlotte.

[00:26:35]

Parler même en achetant, elle lui fixe un rendez vous à l'hôtel Lutétia. Il l'arrivee, il veut l'embrasser. Elle refuse et il se met à parler. Tu sais. Mis Virginis de tout mon coeur était tout pour moi le soir de l'accident, quand je suis entré dans sa chambre. Son coeur battait encore. Son cerveau était mort. Je n'ai jamais pu savoir qui avait été greffé du coeur de ma femme. Puis j'ai lu ton interview dans le journal.

[00:27:14]

J'ai vu ton énergie à la télé. Les lettres et les lettres, c'était toi. Nous lettre. Les lettres. N'était pas de lui. J'ai fait exprès de rester là. Charlotte Valandrey, parce qu'en fait, je ne savais pas très bien quoi faire de cette fin de votre livre qui nous laisse un peu en plan. Les lettres n'étaient pas de lui. Il était de qui? Ah ça, je ne peux pas savoir.

[00:27:49]

Mais je voulais surtout une tirade qui, vous qui nous écoutez, restez avec nous parce que la suite va être beaucoup plus drôle.

[00:27:57]

C'est là que je vous adore, c'est à dire que vous ne vous laissez pas plomber par le même, par l'histoire.

[00:28:02]

Là bas, la façon dont vous la raconter? Si j'avais regardé mes pieds plombés, mais aujourd'hui, je vais super bien, donc on se fait, on se laisse plomber.

[00:28:14]

Les lettres n'étaient pas de ce n'est pas que plombant, mais de cœur inconnu. Je pense que c'est aussi plein de nouveaux. Vos livres sont pleins d'humour et plein de tendresse. Maintenant, apprécions l'histoire, mais l'histoire en elle même, y allez. Je ne sais pas si elle est plombant.

[00:28:27]

D'ailleurs, elle va raconter que finalement, je vois bien que vous les avez bien lu, ce qui est vrai. Mais c'est vrai que c'est bon.

[00:28:36]

Voilà. Donc maintenant, on va bien.

[00:28:38]

La vie est belle. C'est là que le traité de qui? Mais je ne peux pas savoir. On peut émettre l'hypothèse qu'elle soit de lui, de Yann. Certainement. Il y a des chances.

[00:28:47]

Au point où ils étaient deux si on avait découvert. Mais comme après, dans les livres, on raconte son histoire. On raconte ce qu'on a vécu et après, il y a toujours une toute petite part. En tout cas, dans les quatre premiers, je dirais toujours une petite part de roman. Ça, c'est normal.

[00:29:03]

On ne peut pas écrire mot à mot tout ce qu'on a vécu. Du coup, bien sûr que peut être, ce n'est pas elle. On ne peut pas. Moi, ça m'a rassuré. Pas sûr que ce soit la femme de Yann Moix, j'aime. Ça me rassure de penser ça. Il n'y avait rien de d'évidences, un plein de preuves et de choses qui montraient que c'était certainement Virginie, puisque je l'appelle Virginie. Oui, mais après? Au bout du compte, même si c'est un de %0,5, comme disait le médecin il y a un moment donné, on peut quand même jamais savoir.

[00:29:32]

Il était un peu mytho être si finalement vous êtes resté avec lui un petit moment quand même?

[00:29:38]

Non, là, à ce moment là, j'ai arrêté, puis on Servier un peu, mais ça m'a vacciné. Puis, comme j'étais déjà vacciné, pas mal de choses. Adolescente, je dois vous dire que tout ça, en tout cas, ne facilite pas les histoires d'amour dans la vie d'une femme.

[00:29:51]

On sent un garçon quand même. Même si on est très touché, si son histoire est vraie, on est touché par sa démarche. Elle est bouleversante, mais néanmoins, elle est perverse.

[00:30:00]

Je sais pas ce qu'elle est. Je ne sais pas si, à sa place, je n'aurais pas fait la même chose. C'est difficile de rencontrer quelqu'un, du dire. Je pense que vous avez le cœur de la femme que j'ai perdu, mais j'aimerais qu'on a dîné ensemble. Peut être qu'à ce moment là, on n'aurait rien vécu du tout. Vous même passé un an. Qui était quand même formidable. Je serai certainement partie en courant.

[00:30:17]

Donc vous attiré pas mal de gens formidables, mais pervers? J'emmenais, attireraient. Je vous dis que cette histoire, cette dernière fin, cette histoire, est la plus celle qui m'était arrivé adolescente. Parce qu'il n'y a pas que celle avec Ioane. Oui, il y en a d'autres avant BAILS, entre autres Génin, qui m'aimait beaucoup et qui m'a dit qu'il aimait Métro. Donc il me laissait, puis s'est suicidé le jour de mon anniversaire.

[00:30:39]

Donc, voilà plus qu'avant. C'était avant Ioane et une première expérience sexuelle qui s'est très mal passée, où j'ai fini à l'hôpital, anesthésié. Enfin, moi et la personne qui vient me voir après ce genre de jeunes. Quand on vient d'une famille en plus, c'est plutôt neuf, plutôt normal, équilibré, équilibré, même si on ne parlait pas beaucoup. On parle aussi beaucoup, pas mal.

[00:31:01]

Après, on est greffé, après on vit ça.

[00:31:04]

Voilà ça, ça, on maider.

[00:31:08]

Après, on met des protections. Et après, faut aller faire tomber ce que c'était. C'était une armure que j'avais face n'est même plus une armure. Je ne sais pas ce que j'allais dire.

[00:31:17]

Avec le recul, vous avez donc raconté presque toute votre vie. Au grand point.

[00:31:22]

Pas mal, surtout d'encombrer puisque dans le dernier, je raconte aussi inutile de raconter.

[00:31:28]

Livre après livre, si c'était à refaire, vous le referiez ou il y a eu un moment où vous êtes dit J'ai déconné d'avoir livré mon main, Timité.

[00:31:38]

Dans mon dernier livre, je parle de l'optimisme. Vrai, puisque c'est un livre de développement personnel et c'est basé sur le fait qu'un moment donné, ça sert à rien de regretter les choses puisque on ne vit pas dans le passé. Et ça ne sert à rien de se projeter et de vivre sur des statistiques dans le futur parce qu'on ne les connaît pas. Donc, je ne vais pas dire que c'est arrivé en cinq minutes non plus de penser comme ça.

[00:31:56]

Mais aujourd'hui, en tout cas, à l'heure actuelle ou depuis un an, je vis l'instant présent. Il m'est arrivé bien évidemment des moments où je me suis dit oui, si on n'avait pas parlé, ce que j'aurais retravaillé, ce que j'aurais fait, si c'est là.

[00:32:08]

Mais voilà, comme je vous le dis, ça sert à rien. Et puis au moment, en 2005, quand j'en ai parlé, je venais greffer. Il y avait eu des rumeurs à l'époque, en effet, de Jean-Claude Brisseau, comme quoi j'avais le sida, il fallait le dire.

[00:32:21]

Donc ça, c'était assez parce que je n'ai jamais eu de signe extérieur de ça. J'ai continué à sortir. Je sortais d'une époque. On sortait quand même beaucoup. J'avais bon appétit. On voyait bien. Les gens ne pouvaient pas se douter.

[00:32:35]

Que cette rumeur ait pu être vraie, donc elle est passée, elle sait à celle là, elle est morte, mais au moment où j'étais greffée et que je faisais 35 kilos, je me suis dit Si jamais on me prenait en photo, qu'est ce que les gens vont dire? J'ai eu peur que cette rumeur revienne et que là, pour le coup, on disait elle est vraiment malade. Donc, c'est parti du principe que je préférais dire que j'avais été greffé et qu'en même temps, il était.

[00:32:58]

C'était peut être le moment aussi de parler de ma séropositivité puisque de toute manière, ça me bouffer la vie pour pouvoir en parler.

[00:33:05]

Non, mais moi, je crois en la puissance de l'intimité. Donc je me dis waouh! Une vie où tout est dit de votre premier amour.

[00:33:12]

Jusqu'à aujourd'hui, il y a des gens que les prénoms ont changé.

[00:33:15]

Oui, bien sûr, mais moi, ça me gêne. Ça vous gêne pas les noms?

[00:33:21]

Après, dans mon intime personnel, je suis beaucoup plus pudique et même à apprivoiser parce que je me livre très difficilement Nicoullaud maintenant.

[00:33:32]

Mais c'était une sorte de survie, en fait, de raconter ma vie, de raconter mon en tout cas le premier, de raconter ce que je cachais depuis des années. Si j'avais continué à le cacher, ça m'aurait bouffé de l'intérieur et je ne sais pas comment j'aurais fini. Donc, de toute manière, ça valait le coup de le tenter. Et les gens ont été. Bien sûr, il y a eu la curiosité, mais je pense que les gens étaient aussi très touchés parce que c'était au moment des cordiers.

[00:33:56]

Et Merriam, il l'aimait vraiment beaucoup et je pense que personne ne pouvait se douter un instant que justement, je cachais ça. Et du coup, ça m'a permis de faire des salons, d'aller à la rencontre du public, de voir l'amour qu'il avait pour moi. Ils m'ont beaucoup encouragé, ils m'ont beaucoup aidé, ils m'ont énormément aidé. Quand on fait un bas salaire, évidemment, on gagne aussi sa vie. Donc, c'était assez bien que vous le disiez vous même que je l'aurais poussé, l'interco.

[00:34:23]

On voit aussi que le bouquin vient un moment où vous avez besoin de sous. C'était bienvenu.

[00:34:27]

C'était bienvenu aussi, mais on pensait pas mal. Je pensais jamais qui marcherait comme ça.

[00:34:31]

Je voudrais qu'on revienne sur le personnage de Ioane. Je pensais à Dominique Besnehard. Moi, je me dis que le type qui m'aurait fait rencontrer un être aussi finalement maléfique dans ma vie. Mais je voudrais toute ma vie. C'est avec lui que vous avez tourné l'adaptation pour la télévision de cette histoire. Vous en voulez vous en même temps?

[00:34:52]

Le temps passe. Je ne me suis jamais posé de questions. En fait, c'était quelque chose que j'ai réglé, mais c'est vrai. En plus, j'ai encore des trucs à régler, même si on ai réglé pas mal. Donc, je ne me suis jamais posé cette question véritablement. Je me la suis posée par rapport à Yoann. Bien évidemment, ce que je lui en veux, etc. Et puis, c'est pareil. Je me suis dit maléfique.

[00:35:14]

Le mot, je le trouve trop fort parce que je ne savais pas.

[00:35:18]

A cette époque, on savait vraiment très peu de choses de cette maladie et je pense que c'était la psy qui le suivait qui lui avait demandé de faire un test. Et il s'est trouvé que ce test était positif. Elle lui a dit de me dire de le faire, mais il n'a pas fait l'amour avec moi pour me contaminer. Donc, c'est pas quelqu'un droguet, c'est quelqu'un qui était malheureux, c'est quelqu'un qui était fragile. C'est quelqu'un qui n'avait pas confiance en lui.

[00:35:41]

C'est un gamin. C'était quelqu'un qui me faisait attendre des heures avant d'arriver à notre rendez vous. C'est quelqu'un qui s'amusait avec une voiture télécommandée. Non, ce n'est pas quelqu'un de magnifique et je pense que pour cette raison, je lui ai pardonné parce qu'il est là, parce que l'intention n'est pas méchant. C'est quelqu'un qu'il n'avait pas aimé, qui me manquait certainement d'amour, qui souffre et qui souffrait. Et moi, de mon côté, j'ai manqué aussi beaucoup de choses pour être capable d'attendre un mec pendant des heures et des heures sans lui dire va te faire voir.

[00:36:12]

Ton corps était fragile tous les deux. On s'est rencontrés là dessus parce on est responsable de rien. Non, pour moi, il n'est pas responsable. D'ailleurs, il en est mort ou il est mort au regard de ce qui s'est passé dans ces années là. Vous êtes une miraculée parce que votre génération contractant le sida dans ces années, la fin des années 80, cette espérance de vie de trois ans qui était annoncée? Vous dites trois ans.

[00:36:38]

Je était même incapable de dire quoi que ce soit. C'était 15 jours, un mois, trois mois, six mois, un an, trois ans et je ne pas.

[00:36:44]

Et vous, vous avez géré ça avec une forme d'insouciance? Oui, oui, oui, sûrement. D'inconscience, oui, aussi de jeunesse? Oui.

[00:36:52]

Et puis, j'ai senti que si ne fonctionnait pas comme ça, je me sortirai pas. Donc, de toute manière, ces trois éléments, il fallait les regrouper en un tour de main et il fallait fonctionner comme ça. Donc, c'est un instinct de survie aussi.

[00:37:01]

Vous pensez que c'est ça qui a fait reculer le virus? Moi, je ne différencie pas l'esprit du corps. Donc, je pense que si j'avais passé dix ans à me dire tous les matins, j'étais séropositive, à regarder, à écouter les statistiques, à me dire, à voir que les gens mouraient autour de moi. Dès qu'on parle avec quelqu'un, ils connaissent au moins entre une et dix personnes qui moiraine de ça. Je n'aurais pas tenu le coup.

[00:37:21]

Alors qu'en fait, moi, je l'ai mis de côté. Je me suis dit Tu vas rester tranquille, tu vas là, on va être pote, mais on ne va pas te voir très souvent. Et j'ai passé mon temps à me dire que j'allais bien, que mon corps allait bien.

[00:37:34]

Je le regardais. Allait bien. En tout cas pendant 10 ans, et c'est ce que j'appelle aussi le début de l'optimisme. Vrai, pendant 10 ans, il ne s'est rien passé en vivant normalement et en me disant que j'étais comme tout le monde et que rien n'avait changé. Ça m'a permis de tenir 10 ans jusqu'à ce que les premières trithérapies qui marchent arrivent. Donc oui, je suis forcé d'y croire.

[00:37:58]

Brissaud, vous lui en voulez?

[00:38:01]

Oui, oui, oui, je lui en veux forcément. Maintenant, il révèle le secret. Mais je pense qu'il est plus malheureux que moi au bout du compte. Parce que je primesautier. Vanessa Paradis était très bien. Je n'en sais rien. Peut être que moi, je n'aurais pas tenu le coup sur son âge, mais ce qu'il a fait, la façon dont il l'a fait. En tout cas, elle est pas belle. Et puis finalement, qui aujourd'hui?

[00:38:23]

Je n'ai pas dit qu'elle ferait presque dire qui il est maintenant. Je pense que j'ai bien pu Bulut. Belle image d'une plus belle âme que Jean-Claude. Jean-Claude Brisseau, donc. Il l'a dit, mais c'est pareil. Et je pense qu'il l'a dit parce qu'il était complètement. Il était perdu. Je pense à part moment où je lui ai dit ça. Donc, lui, il a comme tous les autres et comme il devait entendre, dire que peu de faille s'est peut être dit oui, c'est une claque dans les pattes avant le tournage, donc il en a parlé aux producteurs et que je pense.

[00:38:50]

Non, non, pas pour le coup. Non, pas essayer de rencontrer tout ça. Là où je lui en veux à ce monsieur, c'est qu'il n'a même pas appelé pour me le dire. C'est que j'ai compris ça des mois plus tard.

[00:38:59]

Donc là, oui, il y a cette rumeur et ce qui reste malgré tout un mystère. Est ce que c'est la rumeur qui met en quelque sorte un terme à votre carrière à ce moment là?

[00:39:12]

Ou est ce que c'est le fait que ça arrive à plein de comédiens d'avoir laissé ça? C'est quoi la rumeur?

[00:39:19]

C'est la rumeur était très bien parti. Je ne vois pas pourquoi on propose un moment où je n'ai pas fait noce blanche alors que tout le monde pensait que j'allais faire et que c'était prévu comme ça. Quand je pense que les gens qui se poser la question ont forcément leurs dires, elle a dit ça à Jean-Claude Brisseau. Donc, pourquoi quand on fait le casting? En effet, pour les cordiers, juger flics deux ans après, la productrice m'a dit oui, mais vous vous droguer.

[00:39:42]

J'ai relevé mes manches pour lui dire Regardez moi depuis que j'ai pas de piqûre et en plus, je suis quelqu'un qui, encore aujourd'hui, ne boit pas. Alors, il a dû m'arriver de boire. 16 ans, 17 ans. Même avant, quand j'étais en Bretagne, pendant les vacances, à 14 15 ans, j'ai bu du whisky, oui, pour savoir ce que c'était. Mais depuis, donc depuis l'âge de 17 ans, j'ai très peu bu.

[00:40:01]

Depuis 20 ans, je ne bois pas une goutte d'alcool. Je ne me suis jamais drogué. J'ai essayé la coke une fois à cause d'une fille à qui je vivais, alors j'en ai pris 15 jours dans ma vie, donc c'était vraiment injuste. Et finalement, tout ce qui me blesser énormément, c'était l'injustice qu'on me portait. C'étaient les c'étaient des choses. Comment on pouvait penser ça de moi alors que finalement, j'étais tout l'inverse? Comment on pouvait et d'ailleurs avec Ioane.

[00:40:25]

Et ça me permet d'en parler. S'il y a des jeunes qui nous entendent des jeunes, c'est que c'est beaucoup mieux d'être séronégatives que séropositif, bien évidemment, et que moi, j'ai fait et j'ai fait l'amour une dizaine de fois avec ce garçon. Donc plus que ça, non? Donc voilà, ça fait quand même très attention. C'est pas mal du tout.

[00:40:43]

Est ce que vous saviez que la prise a été fragilisée, votre cœur? Est ce que vous aviez été informé de ça? Non, parce que moi, c'est la lecture de votre livre qui me fait découvrir à l'époque. Non, pas du tout.

[00:40:56]

Non, non, je ne savais pas.

[00:40:57]

On ne disait pas non Pillon lorsqu'on a aperçu quelques années après. Pas forcément tout de suite. Et puis, il y avait peut être aussi. Il n'y avait pas de génétique chez moi pour ça. J'aime à penser aussi qu'en dehors de lasanté ou de la trithérapie, ce qui n'avait pas été le cas, j'ai vécu tellement d'émotions dans ma vie. Et comme je suis quelqu'un de rentières, donc quand ça va bien, ça va très bien. Et puis quand ça ne va pas, ça ne va vraiment pas.

[00:41:21]

Quoi que je pense que mon coeur aussi. Et même si c'est un muscle et c'est un muscle, j'étais fatigué qui j'en avais fait voir de toutes les couleurs.

[00:41:30]

Vous avez préparé la relation psychologique avec le greffon? Non, pas du tout. Pas du tout. Non, pas du tout.

[00:41:36]

Parce que c'est Gonnord. On ne parle pas du Moyen Âge.

[00:41:39]

Ce à faire 15 ans cette année. Rien qu'au début des années 2000 et au début des années 2000, on greffe encore une jeune femme et on ne lui dit pas que peut être, ça va être compliqué pour elle de penser que ce coeur qu'il a fait vivre vient de quelqu'un d'autre. Non. On vous dit pas ça? On vous dit pas que la rééducation, c'est dur. On vous dit pas. On vous dit pas grand chose, en fait.

[00:41:59]

Vous gardez quelle image des médecins? Vous les avez beaucoup fréquentés, qui continuent à les fréquenter? Sans doute.

[00:42:03]

J'ai simplement envie de dire à ceux qui ont besoin de se faire soigner ou d'être suivi de ne pas forcément s'arrêter aux premiers qu'on vous conseille parce que c'est le plus renommé ou le meilleur. Vos cheveux sont, ils sont très bons et il y a des gens qui sont humains. Des médecins qui sont humains et sympathiques.

[00:42:18]

Donc faut le chercher, en tout cas. Moi, je me sens mieux depuis que je les ai trouvés. Vous les avez pas toujours trouvés? Non? Ils font souvent leur métier.

[00:42:25]

Bien sûr, ils nous guérissent. Mais après ce qui se passe dans notre tête, dans notre corps, on s'en fiche, on le vit mal et ils ont trop de choses à faire. Et ils ont d'autres gens à suivre. Ils? Mais tout la vie vous a amené à connaître, ou peut être sans doute à connaître, puisqu'il restera toujours un mystère là dessus. Le nom de votre donneuse, qu'est ce que vous pensez du coup de la loi qui l'interdit et d'ailleurs de l'attitude du directeur de l'Hôtel-Dieu qui vous dit mais non, la loi l'interdit et la loi est la raison l'interdit.

[00:42:54]

Alors c'est vrai que je suis très, très partagé. C'est quand j'ai voulu le savoir. Ça a été beaucoup plus simple qu'on me le dise. Et ça m'a rassuré, en tout cas, de lever ce doute. De penser, en tout cas, que c'est que cette personne. Maintenant, je pense que c'est.

[00:43:09]

Je pense que c'est une bonne loi aussi parce que il vaut mieux s'approprier le plus vite possible. D'abord parce que c'est des opérations, quelle que soit la greffe, mais en tout cas celle du cœur. C'est très long, c'est plein de choses.

[00:43:25]

Il faut pas perdre d'énergie. Voilà exactement.

[00:43:27]

Et du coup, je conseillerai en effet de ne pas perdre d'énergie ailleurs. Et si, si, si. Cela ne m'était pas arrivé. Si je n'ai pas rencontré Yann, si j'avais cherché de mon côté, si je m'étais aperçu que cette personne, je ne sais pas moi, avait maltraité son enfant était si j'en sais rien.

[00:43:45]

Oui. A la Lombez, vous êtes tombé sur quelle bas?

[00:43:48]

On sait ce qu'on supporterait. Je ne suis pas sûr que j'aurais supporté de me dire que j'avais le cœur de quelqu'un qui n'était pas une belle. Personne n'était pas quelqu'un de bien qui était serait très difficile pour moi en tout cas.

[00:44:00]

Donc, a priori, la loi ne vous dérange pas? Non, non, ça, ça a préconiser qu'on la garde tel quel. Puisque vous avez l'expérience d'être, onpourrait à ceux qui le veulent vraiment. Et si la famille en face est d'accord aussi. En ayant des discussions, des entretiens avec quelques affaires, avec des jeunes, un accompagnement, peut être, ça devrait être au cas par cas.

[00:44:24]

Vous croyez vous? Avril. J'ai cru. En tout cas avant, avant Pierre, avant Pierre.

[00:44:30]

J'y croyais, mais on a tous envie d'y croire. À un moment donné, je crois. Quand on va voir un voyant toute manière, c'est qu'on n'est pas très en forme en général. Ce qu'on a envie d'entendre des choses positives, sinon on n'y va pas. On n'a pas besoin. Donc j'ai aimé croire à des moments que quand on me tirait les cartes, comme disait oui, ça y est, ça arrive. Vous allez travailler, vous allez rencontrer quelqu'un.

[00:44:49]

On sort, on se dit ça y est, j'ai rencontré quelqu'un, voilà. Mais je trouve que pendant tout ça, c'est que si la personne est un peu précise, eh bien, on peut aussi attendre pendant un an, deux ans, dès qu'on rencontre un blonde et qu'on rencontre quelqu'un d'une situation ou quelqu'un qui ne sait pas qui fait le sport qu'on nous a décrits dans les cartes à ce moment là, on va le chercher. Alors qu'en fait, la plupart du temps, d'accord.

[00:45:09]

Bah oui, parce qu'on ne peut pas savoir si on pouvait prédire vraiment l'avenir.

[00:45:13]

Mais là, il a touché juste. Il était assez fort. Oui, c'est vrai, il était très fort. Même la lettre n'était pas bleue. Avec les voyants, on veut toujours oublier ce qu'il peut avoir pour ne retenir que ce qu'il veut.

[00:45:24]

Donc, la lettre n'est pas bleue, mais l'écriture est bleue et le papier était un peu bleuté. Il y a des gens qui ont de fortes intuitions. Il y a des gens qui sont qui, qui sont très forts en psychologie et de toute manière. Quand vous arrivez dans une pièce, il y a des il y a des ostéopathie ou des énergéticien même qui peuvent vous dire à peu près ou même complètement ce qui est bancal chez vous. Donc, pourquoi pas?

[00:45:43]

Quelqu'un de très fort, intuitivement, ne serait pas, ne serait pas, ne pourrait pas vous dire ce qu'il ressent? Si vous manquez d'amour, si vous avez plutôt que vous avez envie de travailler. Si Pierre était incroyable, on m'a souvent donné son numéro, mais il ne voulait pas non plus. Il s'est retiré.

[00:45:58]

Merci Charlotte Valandrey d'avoir accepté de revenir sur cette vie incroyable qui est la vôtre? Non, ça fini parce qu'on a raconté dans l'histoire qu'un jour, David Bowie veut que vous soyez dans le clip. Vous avez tourné ce clip jamais passé en France?

[00:46:12]

Non, mais ça vous a peut être ouvert un horizon parce qu'il m'avait dit que je devrais chanter. Il vous a dit que vous aviez une jolie voix. J'avais une jolie voix que je devrais chanter un jour.

[00:46:22]

C'est devenu Symbioses. J'adore, c'est le symbole d'un notre pays, comme on dit bien jusque là. Album de mini album de cinq titres. Je croise les doigts pour qu'ils voient le jour un jour. Pour l'instant, moi, je l'ai en main. Je me suis autoproduit sur ces cinq titres avant la sortie de mes concerts des potes sur mon Instagram. Pour ceux qui le veulent. Et c'est une envie que j'avais depuis l'âge de 15 ans de chanter. Et le cinéma est arrivé avant.

[00:47:12]

Avant la musique. Donc, voilà, ma vie a été ce qu'elle a été. Et puis, depuis un an, je revis parce que je retravaille. Je retourne en tant que comédienne dans ma vie nous appartient parce que j'ai pu écrire son dernier livre. Chaque jour, j'écoute Battre mon cœur, où je parle d'optimisme. Je donne les clés qui m'ont permis de tenir debout jusqu'à aujourd'hui. Je ne suis pas épaisse et tout ça m'a permis aussi de faire cette paix et de vivre enfin le rêve que j'avais.

[00:47:38]

Que j'ai toujours eue. Merci.

[00:47:40]

Merci beaucoup, Charlotte. Merci d'avoir atteint ce moment là, de revivre aussi tout ça à travers mon récit.

[00:47:47]

Il était très bien fait et il m'a donné la larme à l'oeil.

[00:47:51]

Et puis, pour tous ceux qui traverse des moments difficiles, voilà qu'on est allé chercher en vous les ressources que vous avez. Je m'en suis sorti, tout le monde peut s'en sortir et la vie est cruelle. Mais elle est belle aussi.

[00:48:01]

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