Transcribe your podcast
[00:00:01]

Il y a ceux qui voient le verre à moitié vide, les pessimistes et ceux qui voient le verre à moitié plein. Les optimistes comme Citroën qui, en cette fin d'année inédite pour tout le monde, proposent de faire le plein de prix exceptionnels. Car à quoi bon faire les choses à moitié?

[00:00:14]

Citroën vous accueille de nouveau dans ses points de vente en toute sécurité bénéficier d'offres exceptionnelles sur une sélection de modèles en stock disponibles immédiatement.

[00:00:21]

Ouvert ce dimanche, Citroën offre réservée aux particuliers, valable jusqu'au 31 décembre selon modèles disponibles sous condition de livraisons et d'immatriculations, voire conditions sur Citroën pour faire. On doit l'être, raconte Christophe Hondelatte. Bonjour à tous! Dans la catégorie des grands aventuriers, j'accueille aujourd'hui un homme absolument unique et exceptionnel qui s'appelle Christian Clot et que je salue. Bonjour à vous. Vous êtes Franco-Suisse le précise parce que vous avez un petit accent, il faut le dire. Je vais raconter dans un instant votre dernière aventure tirée de votre livre qui vient de sortir chez Robert Laffont, Au cœur des extrêmes.

[00:01:01]

Il s'agit en vérité de quatre expéditions que vous avez réalisées il y a presque deux ans en les enchaînant les unes derrière les autres. Un mois dans le désert, suivi d'un mois en Patagonie, puis un mois en Amazonie et pour finir, un mois en Sibérie. Il y avait là dedans, bien sûr, une part d'aventure pure, mais pas que vous avez voulu, en enchaînant ces quatre expéditions, mesurer la capacité du corps humain à s'adapter, c'est à dire à passer du chaud froid et du sec à l'humide.

[00:01:31]

Le fait que vous soyez là devant moi est un miracle. Vous avez failli mourir à plusieurs reprises. Je vais raconter tout ça.

[00:01:38]

La réalisation est comme toujours, signée Céline Lebrun Henrotin. Ondelettes raconte. Alors voilà, le défi que s'est fixé Christian il va la torturer. Sa carcasse. Il va enchaîner quatre expéditions de 1 mois chacune. OK, on s'arrête en quinze jours. Grand max entredeux. Il va commencer par un désert brûlant en Iran et enchaîné avec des canons frigorifiés en Patagonie. Ensuite, retour au chaud et humide en Amazonie. Et pour finir, un mois d'hiver glacé en Sibérie.

[00:02:21]

Sympa, non? Comment est ce que sa carcasse va encaisser le choc? C'est ça, l'enjeu de cette folie. Le corps de Christian va passer de plus 60 degrés à moins 60 degrés, 2 2% d'humidité à 100% d'humidité. Bon, c'est un baroudeur et il est dans la force de l'âge. Il a 44 ans, mais tout de même, est ce que ça va passer? Est ce que le corps va tenir? Eh bien, on va voir.

[00:02:58]

Et nous voilà donc en plein été au Sud-Est de l'Iran, aux portes du désert de d'acheter Lutte, l'un des déserts les plus torrides du monde, en moyenne à l'ombre cinquante sept degrés. Et à cette saison? N'espérez pas une goutte de pluie, un décor lunaire, trop de terres desséchées et de rochers sculptés par les vents. Et vous voyez la camionnette. Là bas, vous voyez le type qui en descend bas. C'est lui. C'est Christian Clos qu'il est en train de se faire déposer en voiture au point de départ de sa folle expédition.

[00:03:33]

Bonne chance à l'attention. Ouais, en fait pas Phil a dans un mois. Il y a quelque chose que je ne vous ai pas encore dit, il n'a pas le droit d'être là. Il n'a pas d'autorisation. La police iranienne lui a formellement interdit le voyage avec des arguments. Trop chaud? Et puis, il y a des terroristes et des trafiquants. Et puis des mines. Eh ben, il y va quand même en Iran. Il est gonflé.

[00:04:11]

Et le voilà donc qui s'enfonce dans le désert en tirant une petite charrette. Et oui, il part crapahuter un mois sous le cagnard. Il lui faut de l'eau 100 litres trois litres par jour et de la nourriture un kilo minimum tous les jours égalent 30 kilos. Et enfin, puisqu'il a décidé de mesurer les réactions de son corps, un peu de matériel. Mais à part ça, pas de téléphone ni de balise Argos à rien. Car il faut aussi mesurer sa capacité à réagir seul par tous les temps.

[00:04:42]

Et donc, il tire une petite charrette en bois montée sur des pneus de moto et il s'engage droit vers le sud pour 400 km dans le désert.

[00:05:02]

Le thermomètre affiche 56 degrés à l'ombre au soleil, soixante dix degrés et un vent brûlant se mettent à souffler. La journée, c'est l'enfer. Alors Christian décide de ne marcher que le matin et le soir. Et au milieu d'attendre, couché à l'ombre, sous une toile tendue par quatre piquets immobiles comme un lézard, en veillant à ne pas s'endormir au soleil. Vous savez pourquoi? Dans le cerveau, il y a des cellules graisseuses qu'on appelle les cellules grillade à 80 degrés.

[00:05:35]

Elle fonde. Elles fondent comme du beurre dans une poêle à frire. Un soir, Christian vient de finir sa soupe. Il s'apprête à aller se coucher et là, dans le noir, il voit deux yeux fluorescents. C'est un puma. A un moment, il disparaît. Mais cette nuit là, Christian ne dort que d'un oeil. Nous voici au douzième jour de sa première expédition. Christian constate que son corps s'habitue. Il souffre moins. Et d'ailleurs, il y a un signe qui ne trompe pas.

[00:06:11]

Il commence à admirer les couchers de soleil parce que jusque là, ils étaient tellement occupés à survivre. Il ne les voyait même pas. Christian est presque à mi parcours. Il est dix heures et demie et il vient de se boire un thé et il s'allonge sous la toile pour un petit somme. Dix minutes plus tard, un bruit de moteur. Christian se redresse. C'est un 4/4 Pajero rouge. La police. Des trafiquants? Des terroristes. Quoi qu'il en soit, il est trop tard pour s'enfuir.

[00:06:48]

Alors, il attrape son couteau suisse et il attend. Le 4/4 s'arrête à quelques mètres de lui. Quatre hommes en décembre, le doigt sur la gâchette de leur mitraillette européen, ont droit très.

[00:07:05]

Le chef s'avance, Christian connaît trois mots en farsi. Il se lance Robert, bonjour les. Ah non, non, non, non, pas Américains, Français, Français, pas américain. Que fais tu là? Je traverse le désert à pied, en expédition. Un challenge sportif. Le chef commence à fouiner dans le chariot il y a des cartes et de la technologie. C'est un espion. Christian tente alors son passeport avec son visa en bonne et due forme et un mot qu'il a écrit au cas où on le retrouverait inanimé ou mort.

[00:07:49]

Je m'appelle Christian Clot, je suis franco suisse. Je me suis lancé le défi sportif de traverser le désert du lute. Veuillez contacter un tel et un tel. En lisant ça d'un coup, le chef se détend. OK, ses hommes baissent leurs mitraillettes. Je garde mon passeport. Tu descends pas dans le Sud interdit. Trop dangereux? Je te laisse trois jours pour rentrer Ackermans au nord et je te rendrait ton passeport Ackermans. Bon, bon, d'accord.

[00:08:24]

Et là, les quatre types grams dans leur 4/4. Sud pendant ans, sinon tu meurs. Bye bye! Il s'en tire bien. D'accord, il n'ira pas au sud, il va couper par l'ouest et au bout de trois jours, 180km a tiré sa charrette dans le désert. Il arrive à Karmann épuisé. C'est la fin de son expédition. Tant pis. Il arrête avec 11 jours d'avance. Mais il ne s'en sort pas si mal s'il récupère son passeport le lendemain, après une bonne nuit dans un petit hôtel.

[00:09:06]

Il sort dans la rue pour prendre un café. Il fait dix mètres et là déboule le 4x4 rouge pile devant lui, et le chef lui tend son passeport avec un petit signe de la tête, l'air de dire chapeau et le 4 disparaît.

[00:09:25]

Et c'est la fin de la première expédition. Retour en France pour une batterie d'examens. D'abord à Paris, à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière de la Pitié-Salpêtrière Irem Prise de sang, puis au CHU de Caen. Et pour terminer, un examen physiologique et cardiologiques à Neuchâtel, en Suisse. Et après, il se repose un peu et repart. Il vient de cramer dans le désert. Il s'embarque pour le froid humide des fiente de Patagonie, au sud du Chili.

[00:10:06]

Et le voilà donc à point pour natalistes dans ce qu'on appelle la Patagonie marine. Ce sont des centaines d'îles collées côte à côte qui forment comme un labyrinthe de canaux marins. La météo exécrable, froid, humide, une pluie continue et Christian s'engage dans ce dédale en canoë kayak pour un mois. Il s'est préparé à un petit périple de 450 km à travers les fior jusqu'au détroit de Magellan. Et là, il veut rejoindre Punta Arenas. Dans quel état d'esprit était il?

[00:10:44]

Eh bien, il est heureux. Figurez vous, il est amoureux de la Patagonie marine qu'il connaît les falaises immenses, le ciel gris bleu tourmenté et ses petits icebergs qu'on appelle les panneaux dont il faut se méfier parce que, poussé par les courants, ils peuvent fracasser le kayak. Et arrive la première tempête des trombes d'eau et de neige. Impossible d'avancer, alors il trouvera un coin protégé et y installe son campement. Le thermomètre indique moins 7, mais avec le vent et l'humidité, ça doit faire au moins 20 ressentis.

[00:11:20]

Et là, il met son casque et il décompresse. Après deux jours, le calme revient et Christian peut repartir. Les fiotte sont des labyrinthes. On ne sait jamais si il faut prendre à gauche ou s'il faut prendre à droite. Et donc, pour voir, Christian a la bonne idée de grimper sur un rocher de Caux, à 4 mètres de haut. Et ils s'accrochent à un tronc d'arbre. Et vlan! L'arbre cède et bim! Il dégringole et il finit 4 mètres plus bas sur le dos et l'arbre lui tombe dessus et il se fait une côte.

[00:12:06]

Et ça, il va le traîner jusqu'au bout. Ça fait mal. Une côte fêlée.

[00:12:14]

Le voilà dans le détroit de Magellan, qui est la porte d'entrée dans l'océan Pacifique, où il est accueilli par un groupe de dauphins. La mer est bleu nuit. Le courant tire tranquillement le kayak. On pourrait se croire au paradis. On aurait tort. Et d'ailleurs, Christian a un très mauvais pressentiment. La musique de l'eau a changé devant lui, à 300 mètres. L'eau se met à la potée, puis à gronder, et là déboule une énorme vague qui charrie des morceaux de glace de toutes tailles et se crée une sorte de tourbillon, un vortex qui aspire inexorablement le kayak.

[00:12:53]

C'est un phénomène très connu en Patagonie. On appelle ça un agosto. C'est un piège mortel. Il va crever là. Il donne de grands coups de rames. Il encourage son kayak très plus tard. Taabo. On va sortir de là et là. Un choc à l'arrière et un autre à l'avant. Le kayak est pris en tenaille entre deux gros glaçons et il chavire et Christian tombe dans l'eau glacée. Et là, un énorme glaçon l'assomme par derrière.

[00:13:25]

Il perd conscience. C'est fini. Il va mourir noyé, broyé, englouti, mais coup comme un pantin. Il se réveille, il va vers le kayak. Il veut l'attraper. Il lui glisse dans les doigts. C'est le combat de sa vie. Il la grippe à nouveau. Il se wyse dessus. Il rame. Il atteint la rive. Il est sauvé. Il installe sa tente. Il se déshabille entièrement. Il se glisse dans son sac de couchage.

[00:13:54]

Grelottant. Et il s'endort tout de suite quand il se réveille. Il est perclus de douleurs, mais rien de cassé. Et le kayak non plus. Alors, il va attendre que ce monstre d'Ango estoit se calme peu. EuropeUn Christophe Hondelatte. Et le voilà reparti dans la douleur. Heureusement, trois otaries viennent lui rendre visite. Sauts périlleux, pirouettes piqués. Elle lui redonne le moral et il arrive face au détroit de Magellan. Le passage entre le Pacifique et l'Atlantique.

[00:14:37]

Et c'est par là qu'il veut rejoindre Punta Arenas. Mais ça ne va pas être possible. L'entrée du détroit est démontée. Elle est impraticable. Une foule déchaînée venue du Pacifique s'engouffre à l'intérieur. Alors, il attend deux jours. On vain. Et là, il décide de faire demi tour pour trouver une autre route. Et donc, il remonte tout le canal qu'il vient de descendre et il débouche sur le grand Fior de Skirring. Et là, le vent devient complètement fou.

[00:15:06]

Des rafales à décorner un bœuf et à un moment, bob. Un coup de vent soulève le kayak et Christian se retrouve à l'eau et le kayak est emporté par la houle. Et il s'éloigne de lui. C'est peut être cela, mon destin. Rester là, me laisser prendre par ces eaux qui s'évertuent à m'attirer. C'est un bel endroit pour mourir. Je gagnerai le droit d'être un albatros. Mais avec la rage de vivre, il se met à nager et il attrape son kayak.

[00:15:36]

Il est sauvé et entre deux tempêtes, il l'atteint à l'autre bout du fior. Et le 30ème jour de son expédition, il trouve une immense plaine. Il voit des fermes. Il voit des gens de l'île. La cause? Voilà, voilà. Crucial. Il demande à téléphoner à Paris. Il n'a plus qu'à attendre qu'on vienne le chercher. Je ne parviens pas à imaginer que dans moins de quinze jours, je suis censé repartir en Amazonie. Je m'en sont parfaitement incapables.

[00:16:28]

Et pourtant, le voilà au départ de sa troisième expédition à Manado, au nord ouest du Brésil, aux portes de l'Amazonie. Taux d'humidité 100% 40 degrés en moyenne. Le choc thermique. Son idée est de relier à pied et en raft deux rivières d'un immense parc naturel, le parc Jarreau, 300 km dans la forêt vierge. Il gonfle son rap portable et vogue la galère. Pendant trois jours, tout va bien. Il longe la berge tranquillement et du coin de l'œil, il voit que ça bouge sur la terre.

[00:17:14]

Un caïman qui se jette à l'eau sous le bras, pile au moment où il passe un coup de mâchoire. L'orage se dégonfle et Christian finit en pâtée pour Caïman. Mais où rien ne se passe au bout de trois jours. Fini la croisière. Il faut couper par la forêt à pied, à la machette, avec un barda de 60 kilos sur le dos. Ah oui, le rap, plus un hamac pour dormir, plus une bages, plus tout le matériel scientifique et la nourriture, ça pèse un âne mort.

[00:17:49]

Donc, il pose son sac. Il taille son chemin dans la végétation à coups de machette. Et puis, il revient chercher son sac et ainsi de suite pour éviter de tourner en rond. Il marque son chemin comme le Petit Poucet, avec de petit ruban rouge et blanc. Je vous l'ai dit, il fait plus de 40 degrés, mais avec l'humidité, la température ressentie est proche de 75 degrés, la brûlure de l'air trempée se répand dans mon corps à chaque respiration, roule sur ma peau, bouche mes narines en brouillant mon regard.

[00:18:26]

Son cerveau souffre. Il n'est pas assez refroidi. Alors, du coup, Christian s'oblige à faire quelques exercices mentaux juste pour vérifier que sa cervelle marche encore. 4 Plus de +8 égalent 14. Putain, une seconde, je suis pas très fair, mais bon, ça va. Quand vient le soir, il tend son hamac. Il fait ses relevés scientifiques, mais ne dort que d'un oeil et il a bien raison parce qu'un matin, il se réveille. Il s'apprête à poser pied par terre une tarentule juste en dessous.

[00:19:06]

Immobile, énorme. L'air d'attendre quelque chose, il la chasse comme il peut. Et depuis, chaque matin, en se levant, il passe une bonne demi heure à inspecter son campement. Ce soir, au milieu de la forêt amazonienne, c'est Noël, figurez vous. 24 décembre 2016. Et là, il a un petit coup de mou. Il se sent loin. Seul sa famille et ses amis lui manquent. Il a tellement envie de parler qu'il parle à son hamac ou à son raft à voix haute.

[00:19:39]

Ça fait presque 10 jours qu'il pleut sans s'arrêter. Mache faire ses ramollit, flétri presque partout, plus encore au pied. Il massacre toute la journée. Les chairs profondes sont peu à peu atteint. Avantage la pluie fait grossir les rivières et donc respire. On peut utiliser plus souvent son rap. Il avance plus vite et au 27e jour. La forêt s'éclaircit, le ciel s'ouvre et débouche sur le Rio Negro, un fleuve énorme de quatre kilomètres de large.

[00:20:12]

Il ne lui reste plus que vingt dix kilomètres à parcourir. Ils arrivent pile dans les temps àdestination. Le 3 janvier 2017, il rentre à Paris pour ses batteries habituelles d'examens et après un nouveau choc thermique, c'est le froid de Sibérie qui l'attend. EUROPE1 Christophe Hondelatte. Et on retrouve Christian quinze jours plus tard en Sibérie, plus précisément en Yakoutie, à 1500 km au nord du lac Baïkal. C'est l'endroit le plus froid de la planète après l'Antarctique. Et pas de pot.

[00:20:57]

Dès qu'il pose le pied dans la neige, il tombe malade. Une fièvre carabinée. Impossible d'avaler quoi que ce soit. Impossible aussi de dormir. Il est au bout du rouleau, mais pas question de Canée. Il se requinque à coups d'antibiotiques. Et c'est reparti. Et cette fois, c'est à ski qu'il se lance en tirant un traîneau derrière lui, au passage du dernier village râga du coin, le mettant en garde. Une vague de froid arrive très dangereux en montagne.

[00:21:30]

Et puis, rivière dangereuse, un autre choc de glace claquaient. Si tu tombes tes morts, OK, OK, je fais attention. Car vous avez compris que Christian, en général, n'en fait qu'à sa tête. Il franchit les premières montagnes et maintenant il glisse sur la fameuse rivière gelée, la toux marras. Au septième jour, une vague de froid s'abat sur toute la région. Moins 60 degrés. Mes voies respiratoires sont plantées de couteaux mouvants. Mon cœur veut lâcher prise et mon cerveau tourne au ralenti.

[00:22:11]

Une lumière rouge clignote dans ma tête, accompagnée d'un bruit de sirène annonçant un pronostic vital engagé. Cette nuit là, il ne dort pas. Il dit que c'est la pire nuit de sa vie. Au matin, un rayon de soleil fait remonter un peu la température de 10 degrés moins 50 sur ses skis.

[00:22:38]

Christian chante à pleins poumons Sunstein, de Saint-Saëns. Chaque année, la vague de froid dure une douzaine de jours. Un matin, au réveil, Christian ouvre sa tente.

[00:22:57]

Devant lui, un petit oiseau tout blanc, tout soyeux, qu'il gazouille par moins 56 degrés. Un autre jour, c'est un loup qui pointe sa truffe à l'orée d'un bois. Un gros loup blanc de Sibérie. Il lui jette un coup d'œil et il replonge dans la forêt. Il ne reste plus à Christian que quelques jours à tenir. Mais la rivière Temara donne des signes de faiblesse.

[00:23:22]

C'est une rivière très particulière. Elle est parfois alimentée par des courants d'eau chaude et même très chaude 30 degrés en profondeur. Et ça, c'est un coup à faire craquer la glace. Christian est au vingt sixième jour de sa dernière expédition. Il en a plein les bottes. En toute logique, il faudrait attendre que la glace se consolide. Mais tant pis. Tant pis, il tente sa chance. Il se lance à toute vitesse sur la glace ramollie. Il essaye de se faire le plus léger possible.

[00:23:50]

Et ça passe. Ça passe, ça passe ou ça casse claque. Il tombe à l'eau. Et là, le problème, ce n'est pas l'eau. Elle est à 25 degrés. Le problème, c'est quand il sort à moins 50. Il va se transformer en statue de glace. Il va geler sur pied.

[00:24:13]

Il sort du trou.

[00:24:14]

Et là, il se met à courir courir avec ses skis aux pieds. Ses vêtements se mettent à geler. Ses mouvements se ralentissent. Il sait qu'il y a une cabane de pêcheur pas loin. Il est passé devant tout à l'heure. La porte est ouverte. Ils se ruent à l'intérieur. Il arrache ses vêtements gelés. Il enfile des vêtements secs et il se glisse dans son sac de couchage.

[00:24:40]

Il allume son réchaud, il se fait un thé et deux bouillotte. Il est sauvé et le 30ème jour de son dernier périple, il tombe sur une route. Il arrive à un village et il appelle Paris. Allo! C'est moi. Je suis arrivé en retard l'entracte quand j'ai osé raconter aujourd'hui la dernière aventure de l'explorateur franco suisse Christian Clot quatre expéditions enchaînés les unes derrière les autres. Que vous racontait Christian dans un livre qui s'appelle Au cœur des extrêmes? Je voudrais qu'on commence par le désert du d'acheter Lutte en Iran.

[00:25:21]

Vous l'avez choisi parce que c'est le désert le plus rude de la planète.

[00:25:26]

Un jour, c'est un désert. C'est le désert le plus chaud actuellement depuis dix ans. Et là, les constantes les plus élevées, un des plus secs. On a des deux à 5 d'humidité en journée, ce qui veut dire que c'est très faible. En gros, toute l'humidité du corps est cherche à sortir dans l'air pour alimenter l'air. Buvez des litres et des litres toute la journée. Oui, j'ai 7 litres d'eau par jour. C'est parce que j'ai dit tout à l'heure vous embarquez 300 litres, mais en vérité, il y a des points d'approvisionnement.

[00:25:52]

Et comme je ne peux pas tirer tout, c'est la seule étape où j'ai fait ça. On a déposé 100 litres d'eau au mieux, parce que j'ai déjà 160 kilos à tirer et que ce serait difficile de tirer plus. Et donc, vous buvez combien de litres par jour? J'ai environ 7 litres par jour avec lesquels je dois tout faire. Donc, évidemment, je me lève pas beaucoup. C'est principalement pour la boisson et pour préparer les repas. L'eau, il faut en boire en continu, sinon vous déshydrater.

[00:26:17]

Alors, il faut boire continue quoi que durant la journée? La température est tellement extrême que ce que je bois se transforme immédiatement en vapeur. Donc, elle n'a pas le temps d'aller dans les douches quand même. Non, mais ça va. Ça va tout de suite transpirer, que ça va s'évaporer immédiatement du corps. Donc ça n'a pas le temps de d'hydrater mon corps. Cette eau là, je l'appelle. Elle me fait du bien un petit peu.

[00:26:35]

Mais si l'on boit trop et que je n'ai pas assez d'eau pour la nuit, elle me sert à rien. Je bois très peu la journée. Je vais m'y hydrater dans les heures fraîches de nuit qui sont à 30 degrés environ. La glou glou glou glou. Vous pouvez boire là. Je me réveille toutes les heures pour pouvoir boire et bien hydrater mon corps, pour que je vais redémarrer la journée et soit prêt à le faire les 15 premiers jours.

[00:26:52]

Vous ne voyez pas la beauté des couchers de soleil?

[00:26:54]

Qu'est ce qui se passe après les 15 premiers jours? Pendant les sept, huit premiers jours? Je suis tellement envahi. C'est tellement dur, tellement violent dans ces conditions, que la seule pensée que j'ai, c'est ne craque pas. Tiens, bon, c'est lui qui voit vote. La douleur, c'est lutter contre la peur, c'est lutter contre tout ce qui peut m'arriver. Et là, je suis tellement focalisé. On peut presque compressant un effet tunnel de biais cognitifs qui fait qu'un moment donné n'est plus capable de voir autre chose qu'un seul élément.

[00:27:19]

Et là, je suis en plein dedans et effectivement, je vois plus rien d'autre. C'est quelque chose qui vous était déjà arrivé parce que ça fait longtemps que vous baroudé. Vous êtes en explorateur depuis que vous avez 20 ans?

[00:27:30]

Oui, ça fait un petit moment et j'ai déjà connu des choses terribles. Mais je n'avais jamais connu cette incapacité à m'adapter, à comprendre le milieu. Là, j'ai poussé quelque chose qui va trop loin et je ne m'étais pas attendu à ce que des températures comme ça, on a connu des 40 degrés. Des fois, on va même sur la plage à Saint-Tropez, en plein plein midi. Quand on est en plein cagnard, il peut faire des 40 degrés, donc on pense qu'on sait ce que c'est.

[00:27:57]

On ne se rend pas compte qu'en réalité, là, j'avais 40 degrés à l'ombre et en été, je vais 50 degrés à l'ombre. Ça n'a rien à voir et chaque degré est une torture supplémentaire. Quand vous arrivez en Patagonie, est ce que la chaleur que vous avez emmagasinée en Iran vous est utile pour affronter le froid et l'humidité ou au contraire s'étendre, handicap qu'on on aimerait bien voir avec une pile corps chargée des décharges? Malheureusement, non, le corps raisonne pas comme ça.

[00:28:27]

Le cerveau encore moins. Donc, on a au contraire, ça peut être un handicap. Certes, le corps, il s'est préparé à pouvoir résister à une certaine température qui est très chaude. Et là, tout d'un coup, on lui dit tout ce que t'as mis en place, ça sert à rien. On fait exactement l'opposé, donc il est soumis quelque chose qu'il ne comprend pas très bien. Il y a un temps d'adaptation. Oui, la Patagonie m'a surpris parce que je dirais c'est là qu'on voit.

[00:28:47]

Peut être qu'on est transformé par notre propre imaginaire des choses. C'est l'endroit, je connais le mieux. J'ai déjà fait des répétitions régulièrement dans les canaux marins de Patagonie. Donc je pense que je suis à peu près adapté à ce milieu là. Gyver ont confiance et savent mieux qui me Nocé. Un défi que je n'imagine pas. De par les vents, de par le froid de part. Et surtout, c'est ça. Le plus compliqué, c'est la variabilité en une seule journée, des dizaines de changement de climat, de température, de violence qui surviennent.

[00:29:14]

On ne sait jamais ce qui va arriver. Ça, pour le cerveau, c'est quelque chose qui est terrifiant parce qu'il est incapable de se projeter vers l'avant. Mais ce qui est intéressant, c'est que c'est parce que vous arrivez dans le désert iranien à 60 degrés que c'est plus dur pour vous dans cette région que vous connaissez.

[00:29:28]

A priori, pas justement. On a choisi de faire cette succession pour voir effectivement la succession de changements, mais on pense qu'il n'y a pas forcément une influence directe à la fatigue, peut être de l'un à l'autre. Cela dit, effectivement, c'est un changement et je suis quand même influencé par le fait que mon cerveau s'était préparé à quelque chose et qu'il vit quelque chose de différent. Donc oui, c'est ce qu'on essaie de comprendre. Comment est ce que le cerveau est capable de se réaffectée et de se réadapter et de trouver des solutions alors qu'il expose un système totalement différent de ce qu'il avait imaginé?

[00:29:55]

Le double tourbillon. La langue Ostwald. Manquait franchement de laisser votre peau. Vous êtes un miraculé sur ce coup là, vous commettez des fautes qui sont dues à votre corps, à votre cerveau.

[00:30:08]

Assurément, puisque la Mostra, c'est une chose que je connais. Ça existe en Patagonie, à plusieurs endroits, des étroits tu avec beaucoup de profondeur, donc ça crée des tourbillons. Je sais ce que c'est. L'endroit où j'arrive en kayak, c'est l'identification du lieu, aurait dû m'indiquer tout de suite. Attention, Christian est arrivé, un homme postera et je le vois pas parce que le cerveau est congelé, parce que je suis trop fatigué. Sans doute parce que le cerveau est en train de penser à autre chose, parce qu'il est affecté à d'autres tâches et que sans doute, l'épuisement qu'il subit par rapport à tout ce qu'il s'est passé jusque là l'empêche de complètement analyser la situation avec acuité en traquant ses repas.

[00:30:43]

Je vous ai raconté aujourd'hui la dernière aventure de l'explorateur franco suisse Christian Clot quatre expéditions enchaînées les unes derrière les autres, racontées dans un livre au cœur des extrêmes. Un mois, donc, dans le désert iranien, un mois dans les canaux marins de Patagonie, un mois en Amazonie brésilienne et, pour finir, un mois en Sibérie. Je n'ai pas eu le temps de raconter ces examens que vous faites tous les soirs parce qu'une fois que vous avez marché skier, etc.

[00:31:09]

Toute cette journée, vous passez combien de temps le soir à ces examens physiologiques qui sont des relevés pour vos recherches?

[00:31:15]

Je mets environ deux heures par jour de travail scientifique. L'idée du projet Adaptation, c'est vraiment ça, c'est de se servir de ces milieux extrêmes comme des accélérateurs du changement pour voir comment on est capable de s'adapter. Et pour la toute première fois, on ne fait pas ça seulement sur le corps et sur le cœur, sur les poumons. On fait ça sur le cerveau. Non, pas psychologiquement, mais physiologiquement. Comment se transforme le cerveau humain face à des conditions comme ça?

[00:31:39]

Mais vous n'avez pas de Reims avec vous pour vous faire un IRM sur place. Malheureusement, c'est là le truc incroyable, c'est qu'avec toutes nos technologies d'aujourd'hui, on est toujours incapable de voir le cerveau fonctionner en situation réelle. Au milieu de la Sibérie, on utilise électroencéphalogramme. On utilise des systèmes qui voient l'oxygène. Vous avez un électron? Quand on a des choses comme ça, exactement. Mais par contre, le vrai cerveau, celui qu'on va en profondeur, c'est l'IRM qui le montre.

[00:32:00]

Donc pour ça, juste avant et juste après chaque traversée. Je passe des IRM qui permettent effectivement de comparer les deux moments, de voir ce qui a changé, ce qui a augmenté, ce qui a baissé. Et puis, ce qu'on fait sur le terrain pendant les deux heures par jour va permettre d'expliquer en partie pourquoi on voit ces changements. Alors, par exemple, vous avalez tous les jours une petite capsule éclairant à la fois votre température et un certain nombre de variables de votre système digestif.

[00:32:23]

On a une capsule qui va permettre à la température centrale. C'est très nouveau là aussi et c'est fondamental parce que tout corps vivant à une température centrale, c'est la première chose qui existait du corps. Les bactéries, c'est très robuste, donc la moindre variation de 0 1 degré d'une d'opérateur central donne une information. On a aussi des systèmes qui voileux les battements cardiaques, mais le rythme entre chaque battement, pas simplement le rythme cardiaque, on voit le rythme pulmonaire.

[00:32:46]

On voit plein de choses et donc l'activité cérébrale. Ça, c'est ce qu'on appelle les études intégrative. Ça permet de voir l'ensemble d'un système fonctionner. C'est fabuleux de voir ça. Vous vous faites aussi des prises de sang, des prises de sang, des prises d'urine, des choses analysées parce que vous pouvez ramener des échantillons. Malheureusement, c'est très difficile de conserver des échantillons. En l'occurrence, on était des buvards dans lesquels on va encapsuler le sang, qui permettent de les préserver et de l'analyser en retour.

[00:33:12]

Quand on les prochaines expéditions, on va développer des outils qui permettront d'analyser le sang sur place parce qu'il se dégrade un tout petit peu, même dans les buvards en Sibérie.

[00:33:19]

Le matériel, je crois, ne fonctionne pas avec une feuille de papier et un crayon à Bonnevay à moi 60°C, les ordinateurs, toutes les batteries, ça, ça laisse un peu à désirer. Il utilise la bonne vieille méthode papier pas stylo à cannelle et crayon.

[00:33:35]

Est ce que la chaleur d'Amazonie vous aide à supporter le froid de Sibérie? Toujours pas. Toujours pas. Malheureusement, toujours.

[00:33:42]

On aimerait bien, non? Par contre, ça va m'aider. l'Amazonie, c'est que c'est dans un milieu qui me fait très peur. C'est peut être le milieu qui m'inquiète le plus parce que c'est mieux que je connais moins. C'est mieux fermer les baies et de réaliser que les bestioles. Finalement, on arrive très bien à s'y adapter, que les choses se passent bien, que la vie est possible. Va me donner aussi à chaque fois qu'on dépasse une peur.

[00:34:01]

On renforce nos capacités comme un muscle conformeraient dans le cerveau. Donc, on est mieux capable ensuite d'aller affronter de nouveau. Et ça, c'est peut être la vraie leçon de tout ça. N'hésitez pas à affronter vos peurs parce que vous apprenez à vous renforcer pour vous adapter. Qu'est ce que vous préférez? Le chaud et le froid? Le froid? J'ai l'impression.

[00:34:18]

Moi, ma nature, c'est le froid. Mais après avoir connu les mois au moins 60 degrés, moi, ça concerne l'attente en Sibérie. Je dois dire que je n'avais jamais connu aussi une telle douleur dans le froid. Néanmoins, je pense quand même que le froid, on est des animaux en tant qu'humain, plus fait pour aller vers le froid ou très chaud. On a des systèmes adaptatifs mieux fait pour ça. D'ailleurs, on peut aussi s'adapter aux méthodes des vêtements.

[00:34:39]

Le froid reste plus fonctionnellement adaptable. Mais là, on parle de froids qui sont tellement extrêmes et que j'espère qu'on ne connaîtra jamais.

[00:34:46]

Mais vous dites quand même, à un moment donné, pronostic vital engagé quand vous êtes à 60 en Sibérie?

[00:34:50]

Oui, c'est des températures qui sont tellement extrêmes que la moindre erreur. Quelques minutes, tout va geler. Les poumons se gèle. Je respire de l'air tellement froid que le poumon se gèle, que les mains se gênent. Chaque geste est complexe. Donc, oui, il faut avoir une vigilance totale à cet opérateur avec la douleur et la fatigue. Cette vigilance, justement, elle est prise en défaut.

[00:35:10]

Pourquoi ce que vous allez sur cette glace fragile? C'est une bêtise. Il ne faut pas le faire, mais vous le faites quand même. Mais c'est le seul passage à ce moment là. Il y a des forêts très denses autour des montagnes autour. Le seul passage, c'est cette rivière. Et effectivement, je suis à trois jours de la fin. J'ai envie d'avancer parce que je sais que sinon, je serai en retard et j'ai envie de terminer cette expédition.

[00:35:30]

Je vois bien que ce n'est pas idéal comme condition. Mais voilà, je suis poussé et c'est là l'erreur qu'on fait souvent quand on croit que quand on est un peu pressé, quand on va aller trop vite, quand on veut finir quelque chose. Bien souvent, on fait la petite erreur qu'il ne faut pas. Ça aussi, c'est des vraies leçons de. On doit toujours garder son sang froid, sa vigilance, son écoute et surtout écouter les ressentis qu'on a.

[00:35:50]

On les écoute pas assez, on n'écoute plus assez. Aujourd'hui, on confie souvent nos décisions à des systèmes, à des intelligences artificielles. Non, gardons cette capacité d'écouter nos sensations parce qu'elles nous disent toujours quelque chose qui est vrai. Mais il n'y a pas de cabane de pêcheurs. Vous ne l'avez pas vue, cette cabane de pêcheur? Vous vous retrouvez en statue de glace.

[00:36:11]

S'il n'y avait pas cette cabane, j'aurais monté une tente. J'aurais mis mon réchaud à l'intérieur, j'aurais chauffé. Voilà, c'est à chaque fois. Il a mis. Il y a une issue. Il y a toujours une issue. Simplement, faut jamais l'oublier. Je me demande si la conclusion de toute cette histoire, ce n'est pas que le corps humain est absolument formidable et adaptable à tout le corps est formidable, mais le cerveau est extraordinaire. On a un organe d'une fabuleuse hallucinante qu'il faut développer.

[00:36:36]

Il ne faut pas hésiter, curieux, à aller voir des choses nouvelles. Plus on se confronte à nouveau, plus haut développent nos cerveaux. Niaux serait capable de faire pratiquement n'importe quoi parce que le corps tombe. C'est le cerveau qui donne la force. Et là, croyez moi, personne ne sait toute la possibilité qu'on nous. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.