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[00:00:04]

Christophe Hondelatte. J'ai toujours pensé que ce qui est intéressant dans une histoire criminelle, c'est que le tueur nous ressent qu'il ait l'air en tout cas de nous ressembler, qu'il ait l'air normal et qu'en vérité, il ne le soit pas. Le tueur d'aujourd'hui est de ce bois là. Il a l'air sympa et c'est un salaud. En 2008, dans le Nord, il a massacré une jeune fille de 18 ans, Clélia Médinas, pour débriefer cette affaire tout à l'heure.

[00:00:32]

Je ferais appel à l'avocate Blandine Lejeune, du barreau de Lille. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard, la réalisation de Céline Debroise.

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Christophe Hondelatte. Un dimanche matin de février 2008, à Lambersart, la banlieue chic de Lille, dans le Nord, un homme promène son chien au bord de la TLE, une rivière devenue un canal, et à un moment, il remarque une trace rouge sur le sol rouge comme du sang. Il la suit. La trace va vers le canal et au bord du canal, il découvre le cadavre d'une jeune femme. Une image qu'il n'est pas prêt d'oublier. C'est une très jeune femme d'environ 20 ans.

[00:01:26]

Elle a le bas du corps qui trempe dans l'eau. Et tout le haut du corps, le buste, la tête hors de l'eau, le visage, le visage, le visage est défiguré.

[00:01:38]

Un carnage. Alors, il court au restaurant le plus proche. Et il appelle la police. Une équipe de la police judiciaire de Lille arrive sur place et juste après, un médecin légiste qui examine le corps. Elle a reçu des coups très violents sur la tête, c'est clair. Mais en plus, elle a été étranglée, votre gamine. Vous voyez les marques sur le coup? A votre avis, docteur? Elle a été violée. Je pense pas non.

[00:02:13]

Regarder fonder une, mais avec un ceinturons. Non, je ne pense pas, a confirmé à l'autopsie. Mais je dirais que c'est peu probable. Une chose intrigue les policiers de la PJ le fait que le corps soit à moitié dans l'eau, comme si le tueur avait été dérangé et qu'il n'avait pas eu le temps de le jeter tout entier dans le canal.

[00:02:41]

Alors, qui est cette jeune fille? On le trouve sur elle ni papier ni téléphone portable et aucune disparition de jeunes filles n'a été signalée dans le coin. Les techniciens en identification criminelle décide de ratisser toute la zone autour du cadavre et ils trouvent des mégots, beaucoup de mégots et aussi beaucoup de mouchoirs en papier. Et tout ça est ramassé et envoyé au labo dans l'espoir de dégager de l'ADN, sachant que l'ADN de n'importe qui qui est passé par là ces dernières semaines.

[00:03:12]

Les flics envoient aussi des hommes grenouilles dans le canal et à l'aplomb du corps, ils trouvent un cric à gaz que j'ai trouvé.

[00:03:23]

C'est bizarre, il est pas rouillé, secret et il n'y a pas de vase dessus. Et si c'était l'arme du crime? L'objet qui a servi à frapper cette gamine au visage?

[00:03:35]

C'est probable, car il y a dessus des traces de sang et ce cric devient tout de suite une pièce à conviction très importante.

[00:03:46]

C'est un cric de Renault Twingo 2. Il y a un numéro de série 65 47 795. Ah! Et ça, ça suffit à établir que ce cric a été fabriqué en Turquie en 2006 et qu'il a été livré à un fournisseur basé dans la zone. Avec un peu de chance, en plus du sang de la victime, il y a l'ADN du tueur de. L'autopsie du corps de la jeune fille a lieu le lendemain matin. Mon. Elle a bien été étranglée, mais c'est pas de ça qu'elle est morte.

[00:04:25]

Elle est morte des coups qui lui ont été portés sur la tête. Des coups qui ont sans doute été portés par le cric que vous avez retrouvé parce que vous voyez cette trace rectangle sur la boîte crânienne au niveau du front. Ça colle assez bien avec la forme du cric. Et les analyses de sang, qu'est ce que ça donne? Rien. Rien. Pas d'alcool, pas de drogue, pas de médicaments et rien dans les urines non plus. Quel âge, selon vous?

[00:04:57]

18 ans. La gamine était donc pleinement consciente quand on l'a tué et elle ne s'est pas défendue. Il n'y a pas de trace de défense sur ses bras et sur ses. À l'autopsie, a révélé aussi un indice intéressant sur le dos de l'une de ses mains, il y a un tampon. Vous savez, le genre de tampon qu'on vous colle à l'entrée d'une boîte de nuit et l'inscription est très lisible. Le Flybe Club est là. Les flics n'ont pas besoin de plonger dans leur ordinateur.

[00:05:31]

Ils connaissent très bien le flibustier à Lille, rue Gambetta, et ça n'est pas vraiment une boîte pour les vieux. Ça n'est pas un parc à buffles. Commander, c'est une boîte de jeu. Et donc, en sortant de l'institut médico légal, ils y vont tout droit. Dites moi, vous avez des enregistrements de vos caméras de vidéo surveillance. Oui, bien sûr. Quelle date? Samedi dernier, les policiers visionnent les bandes vidéo tins. Tiens, un voisin l'a.

[00:06:06]

Elle quitte la boîte à trois heures du matin, dites messieurs! Cette jeune fille là. Elle vous dit quelque chose? Non, non. Absolument rien. Les policiers montrent ensuite les images aux serveurs et aux vigiles. Personne ne la reconnaît, ça n'est donc pas une habituée.

[00:06:34]

Dans l'après midi, la police judiciaire décide de diffuser un appel à témoins et le soir même, le JT de France 3 à Lille relaie cet appel.

[00:06:50]

Le corps d'une jeune fille a été retrouvé hier matin sur les abords d'un bras mort du canal de la Deûle. La victime portait un gilet bleu, un tee shirt rouge, un boléro noir et une veste de cuir. Elle mesure un mètre soixante. Elle est de type européen. Elle a des cheveux châtains et elle portait un tampon de la boîte de nuit, le flibustier sur la main.

[00:07:11]

Quelques minutes plus tard, le téléphone sonne chez Carole, à Erquy Game, le 5, à 40 km de Lille. A l'autre bout du fil, un ami. Carole. Le Journal de la 3. Non, ils ont retrouvé une jeune fille morte. Apparemment, elle sortait du flibustier. Clélia, c'est sa fille de 18 ans. Et justement, elle n'a aucune nouvelle d'elle. Elle a appelé plusieurs fois depuis hier. Pas de réponse. Et elle était bien au flips samedi soir.

[00:07:49]

C'est elle qui lui a déposé avec sa copine Justine.

[00:07:55]

Alors disons que Carole a un très mauvais pressentiment.

[00:08:05]

Carole fait alors le tour de la famille. Personne n'a la moindre nouvelle de Clélia et une cousine très inquiète finit par appeler la police. Dites moi, mademoiselle, est ce qu'elle a percé au nombril de votre cousine dont vous êtes sans nouvelles, vous dit quelle est la couleur de ses cheveux? Mademoiselle! Maalé Chatain. Mais là, il vient de se faire des mèches il y a quelques jours. Alors depuis, je dirais qu'elle a des reflets roux. Mademoiselle, je ne peux pas vous en dire plus, mais nous aurions besoin de contacter les parents de votre cousine.

[00:08:44]

Carole débarque à la police judiciaire le lundi soir. Lendemain de la découverte du corps. Et là, on lui montre le blouson de la jeune fille du canal. Son tee shirt et son degen. SITL Baffer. On connaît donc maintenant le nom de la morte du canal. Elle s'appelle Clélia Médinas. Elle avait 18 ans. Elle était étudiante en comptabilité. Et maintenant, il faut reconstituer minute par minute son emploi du temps le samedi soir.

[00:09:37]

C'est moi qui l'ai conduite au flibustier quand on est parti de la maison, on devait passer prendre sa copine Justine sur le chemin. D'ailleurs, il y a m'engueuler parce qu'on était en retard flibustier, Clélia et Justine rejoignent d'autres copines qui les attendent. Et quand elle la débauche, Carole lui demande comment elle compte rentrer à la maison.

[00:10:04]

Elle m'a dit que Julia accompagnerait Julia, son ex, petit copain, son ex. Depuis quand ils sont sortis ensemble? Un an et. Il s'était séparé depuis six mois, mais ils étaient restés bons amis. Il a quel âge Saint-Junien Les Dobbs d'innovant, je crois. En examinant les appels passés depuis le portable de Clélia, on s'aperçoit qu'à trois heures et demie du matin, quand elle quitte la discothèque, Clélia téléphone à Saint-Junien. Il est donc le dernier à l'avoir vue vivante.

[00:10:48]

Il faut lui parler à ce garçon. Et vite. Pas besoin de le convoquer. Il se présente de lui même et voilà ce qu'il dit. Clélia m'a appelé pour que j'aille la chercher à la sortie du film pour la raccompagner chez elle. C'était comme ça que c'était convenu entre nous. J'y suis allé et j'ai d'abord ramené Justine, puis la déposer chez leurs quatre heures dix. Et ensuite j'ai ramené Clélia chez sa mère. Il devait être quatre heures et demie.

[00:11:32]

Et après? Pas après, je suis rentré chez moi. J'ai coupé mon portable pour pas être dérangé. Le lendemain matin. Je me suis coupé, je ne sais pas si ce garçon réalise que par les déclarations qu'il vient de faire à l'instant, il devient suspect. Il est idiot ou quoi? Elle n'est pas rentré chez elle puisqu'on l'a tuée et jeté dans la gueule.

[00:12:02]

Je vais vous expliquer ce qu'on a fait à votre ex-petit ami Clélia. On l'a étranglée, monsieur. On lui a fracassé le visage. Elle est méconnaissable. M. Le flic, évidemment, essaye de déclencher quelque chose, de faire jaillir une émotion de ce grand garçon qui est là devant lui. Échec et mat. Le dadais reste froid comme une merde de goujons. Vous n'avez pas l'air d'être très touché, jeunehomme par ce qui est arrivé à votre ami Clélia.

[00:12:37]

Je. Mais c'est vrai, je reçois rien, mais. Mon jeu était fini entre elle et moi, mais les Menez ou quoi? A quoi? Est ce qu'il joue? Il ne voit pas qu'il est en train de s'enfoncer. Mais à. A dater de cet instant, je vous place en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Clélia Médinas. Il l'a bien cherché entre nous. Vous êtes venus en voiture, monsieur? Garrido.

[00:13:12]

On va aller la voir. Je sais ce que vous vous demandez. La voiture, quelle marque? Patience. Enfin, laissez nous le temps d'y aller.

[00:13:21]

C'est laquel votre voiture? La Twingo que Hans. Vous avez la réponse. C'est une Twingo. Les policiers lui demandent de l'ouvrir. Moi, l'odeur, une odeur de détergent. Elle a donc été nettoyée récemment. Bien bien. Alors alors, où est le cric? Les policiers soulèvent le tapis de coffre et la roue de secours, mais l'emplacement du cric est vide. Il est mal barré. Et le gamin, il est très mal barré. Les flics font immédiatement venir leur expert.

[00:14:12]

Bon, les gars, on a besoin de savoir s'il y a des traces de sang dans cette voiture sans trop traîner, on a un suspect en garde à vue. OK. Et là, vous connaissez la potion magique, le blues star. Un produit qui révèle la moindre tache de sang, même après un grand lavage.

[00:14:30]

Bon. On a deux petites taches de sang, unissez vous, vous voyez sur la poignée côté conducteur. Et puis une autre là, sur la boucle de ceinture de sécurité, toujours côté conducteur. Mais je vous le dis tout de suite, ces taches de sang ne mèneront à rien. Ça n'est pas le sang de Clélia Médinas. En attendant, la garde à vue du jeune Julien continue. Pourquoi il n'y a pas de crise dans votre voiture? Monsieur Kouté, cette voiture, je viens de l'acheter depuis 10 jours.

[00:15:06]

Non, franchement, surtout, je j'ai acheté d'occasion dans une course automobile aussi. Il n'y avait pas de cric, il y en a jamais eu. Je l'ai sans doute acheté sans cric. J'ai jamais vérifié qu'il était là ou pas. Ah, là, il se défend bien. Là, on veut bien le croire. Et les policiers qui étaient parties vent debout sont comme vous, sont comme moi. Ils ont un doute. D'autant que les parents de Clélia, eux, n'y croient pas du tout.

[00:15:33]

Ni le père, ni la mère. Julien. Non, non, c'est impossible, enfin, Julio, c'est quelqu'un de très gentil, très doux, c'est un gars qui est toujours prêt à rendre service. Et puis, je n'ai jamais vu la moindre violence sur ma fille. Je le connais bien. Ça ne peut pas être lui. C'est forcément quelqu'un d'autre. Et les flics vérifient. Le gamin n'a pas de casier, il joue au football. C'est un bon joueur, semble t il.

[00:16:03]

Et tout le monde, tout le monde dit que c'est un mec bien, un mec qui n'est pas capable d'avoir commis un tel massacre. Mais les flics des formations professionnelles savent que parfois, les hommes ont deux visages. Vous voyez un visage avenant et puis un autre monstrueux. Et la juge d'instruction aussi. C'est le métier, que voulez vous? Et donc, elle met le jeune Julien, qui a une Twingo, mais qui n'a pas de cric en examen pour meurtre.

[00:16:31]

Direction la prison.

[00:16:40]

Le lendemain, une dame qui se promène le long du canal de la Deûle tombe sur une serviette pleine de sang. Elle a entendu parler de l'affaire à la télé. Alors, elle alerte la police. La serviette est envoyée au laboratoire. Brende a identifié de l'ADN sur la serviette et on a passé l'ADN au fichier, ça matche. Un certain Rachid, 23 ans, a été condamné pour escroquerie, vol avec effraction et surtout pour agression sexuelle sur mineur. Tiens, tiens!

[00:17:16]

Eh bien maintenant, on a deux suspects et Rachid est immédiatement convoqué et il dit que par hasard, il s'est arrêté récemment pas loin des lieux du crime. Moi, ma voiture est tombée en panne. J'ai essayé de la réparer et je me suis coupé et je me suis chuis avec une serviette et j'ai jeté quoi? Est ce que vous connaissez Clélia Médinas? Oh, je la connais, la connais du flibustier! On s'est souvent croisés là bas, mais je ne vais pas vous faire lambiner plus longtemps.

[00:17:51]

Ce n'est pas lui la nuit du meurtre. Il était dans un avion, de retour d'un voyage en Algérie. A partir de là, plus rien pendant des mois, deux mois, trois mois, six mois, neuf mois, un an. Ça fait un an que Julien est en prison et il n'y a rien de nouveau contre lui. Du coup, au bout d'un an, son avocat demande sa libération normale et il l'obtient. Julien est libre. Mais la juge, au moins au début, ne va pas le regretter parce qu'elle vient de recevoir les résultats d'expertises complémentaires qu'elle a demandé sur les Kleenex retrouvés près de la scène de crime.

[00:18:39]

On est parvenu à dégager un ADN. Et par chance, cet ADN, on l'a en stock. Un certain Karim, 25 ans, qui est entré au fichier après une bagarre dans sa famille. Convocation immédiate de Karim en question. Bah oui, oui, les Boké. Ça m'est arrivé d'aller me promener au bord de la Deûle. J'allais jouer au foot avec mon fils. J'ai dû balancer un mouchoir. Je sais que ce n'est pas bien, en tout cas.

[00:19:07]

Vous avez quelle voiture à l'époque? Forde, une Ford Mondeo? Là aussi, je vous le dis tout de suite, ce Karim n'est pour rien dans cette histoire.

[00:19:22]

Dans cette enquête, depuis le premier jour, les flics de la PJ ont dans leur dossier une pièce qui leur suggère que Julien, le petit copain, n'est pas le gentil garçon que décrivent les parents de Clélia et d'autres. Il s'agit de l'audition de Justine, la copine qui était en boîte avec Clélia. C'est un témoin clé. Elle est avec Lélia, emboite à la sortie de la boîte et dans la voiture de Julien, qui les ramène toutes les deux chez elle.

[00:19:49]

Et voilà ce que Justine raconte. On est monté dans la voiture de Julien et à peine avions nous démarré que Clélia a reçu un SMS qui lui annonçait que Prescillia, une amie à elle, sortait avec Julien. Et dans le même procès verbal, la même Justine dit que Clélia ne l'a pas digéré et que dans la voiture, elle a hogge Julien, qu'il a souhaité qu'il y a eu des baffes, des baffes que Clélia a voulu alors sauter de la voiture et que Julien a menacé d'exploser sa voiture contre un mur et que du coup, quand elle est arrivée chez elle, Justine a proposé à Clélia de dormir chez elle et que Clélia a refusé.

[00:20:41]

Alors, dans ce PV, elle ne dit pas, évidemment, que Julien a tué Clélia, mais pas loin. Sauf que depuis le début, ces déclarations entrent en conflit, en quelque sorte avec celles des parents de Clélia, qui disent, eux, que Julien est un gentil garçon qui est très doux, qui est très calme et qui n'est pas capable d'avoir tué leur fille alors escortant après. Les parents pensent toujours la même chose. La juge a eu la bonne idée de vérifier.

[00:21:10]

C'est une excellente initiative, car un an plus tard, les mêmes, les mêmes racontent une autre histoire. Les parents de Clélia, maintenant, se souviennent que l'été dernier, en vacances avec eux au camping, Julien a plusieurs fois pété les plombs. Une fois, par exemple, je me souviens. Il avait oublié le badge pour accéder à la piscine. Du coup, le maître nageur a pas voulu le laisser entrer, qui s'est mis dans une de ses colères pendant les mêmes vacances au camping.

[00:21:47]

Les parents de Clélia se souviennent maintenant qu'un jour, il s'est fait traiter d'arabe par d'autres jeunes qui se sont moqués de lui en faisant le singe. Eh bien, Julien est rentré à la tente. Il a pris un couteau et il y est retourné. Ce n'est plus la même histoire. Pourquoi ils n'ont pas dit ça à l'époque? Et après? Il y a une copine qui raconte qu'un jour, Julien a tenté d'étrangler une de ses petites amies. Pourquoi elle aussi n'a pas dit ça plus tôt?

[00:22:17]

C'est fou cette histoire. Pourquoi tout ça est resté secret pendant si longtemps? Il doit être sacrément sympathique, ce Julien, pour que la mort de Clélia, il ait tous oublié de raconter tout cela. Du coup, la juge d'instruction demande une expertise psychiatrique et psychologique de Julien. Les psychiatres ne trouve aucune pathologie, mais les psychologues décèlent une impulsivité doublée d'une immaturité. Ils décrivent un garçon dont l'agressivité est incontrôlable. C'est compliqué. Un homme, ça a plusieurs facettes.

[00:22:59]

Ce garçon est à la fois très bien intégré et d'apparence sympathique. Et à côté de ça, c'est un impulsif violent et un violent incontrôlable. Sauf que lui, interrogatoire après interrogatoire, il dit toujours qu'il est. I know sans. La juge se lance alors dans une analyse très détaillée des portables de Julien et de sa victime supposée pour établir précisément leur parcours la nuit du crime, entre 3 heures sortie du flibustier et 8 heures et demie découverte du corps de Clélia.

[00:23:37]

A partir du moment où Clélia sort de boîte, les deux Julien s'échangent beaucoup de SMS. Et après, ils sont ensemble. Leurs téléphones accrochent les mêmes bornes et à 5 heures du matin, ils sont toujours ensemble. Julien ment quand il dit qu'il l'a déposée chez elle à quatre heures et demie et qu'il est rentré chez lui dix minutes plus tard, à 5 heures 10. Le portable de Clélia s'éteint et pile au même moment. Julien appelle sa petite amie du moment pris, Célia.

[00:24:11]

Et pourquoi donc? Et bien peut être pour lui dire Tu vois, je ne suis plus avec les miens et d'ailleurs juste après, pour vérifier. Priscilla appelle Clélia et elle tombe sur sa messagerie. Et pour cause. À cette heure là, sans doute, Clélia est morte. Et la suite? On ne peut que l'imaginer pour la tuer. Il l'étrangle et il croit qu'elle est morte. Et puis, quand il arrive au bord de la Dall pour se débarrasser du corps, il s'aperçoit qu'elle respire encore.

[00:24:43]

Et là, il sort sans doute son criquet. Et bam, bam bam! Il finit commandé avec une sauvagerie qui est peut être destinée à faire croire que c'est l'œuvre d'un fou. Et puis, il traîne le corps jusqu'à l'au delà. Il est peut être dérangé par je ne sais pas, moi, un SDF, et donc il renonce à la jeter à l'eau. Il prend son sac à main, il coupe son téléphone et voilà, ça se tient.

[00:25:10]

Mais ça serait mieux s'il avoue. Et il n'avancera jamais. Mais tant pis. On va quand même le juger devant la cour d'assises. Et donc, maintenant, je peux vous donner son nom. Il s'appelle Julien Sahi. Il est accusé de meurtre. Il risque 30 ans de réclusion criminelle. Son procès s'ouvre à Douai en juin 2011. Julien Saillé comparaît libre, ce qui offre toujours un petit avantage. Il n'est pas dans le box. Il est sur un banc devant et comme il n'a pas avoué et qu'il n'y a pas de preuve absolue dans le dossier, il a un coup à jouer.

[00:25:48]

D'autant que pour le défendre, il a enrôlé le meilleur des avocats. A qui a tort? Éric Dupond-Moretti? En face, sur le banc des parties civiles, il y a les parents de Clélia. En trois ans, ils ont complètement viré leur cuti. Ils sont maintenant convaincus à cent pour cent que Julien Sahi a tué leur fille. Mais le troisième jour. Coup de théâtre et erreur de procédure, le procès est ajourné. Et à la sortie du palais de justice, ça dégénère entre les deux familles.

[00:26:21]

Une bagarre éclate. Il faut la police pour les séparer. Un nouveau procès s'ouvre un an plus tard, en mai 2012, toujours à Douai. Mais cette fois, c'est la présidente de la cour d'assises oblige Julien Sahi à aller s'asseoir dans le box des accusés. A part ça, rien ne change. Il dit toujours qu'il est innocent. Il traite la famille médinas et les témoins qui le charge de menteur. Et quand un témoignage ne l'arrange pas, il était facile.

[00:26:52]

Mais un témoignage vient plomber sa défense. Celui de Priscillia, sa petite amie, au moment des faits. Je regrette beaucoup d'avoir. Envoyé ce SMS pour dire à Clélia que je sortais avec Julien. Du coup, je me sens. Peu responsable, je m'en veux. Je m'en veux énormément. Et là, l'avocat général Luc Frémiot lui pose une question. Mlle. Est ce que vous pensez que Julien Saillé? Et coupable du meurtre de Clélia? Oui, j'en ai la conviction absolue, j'en suis certaine.

[00:27:38]

Longtemps, je n'ai rien dit parce que. J'avais peur, quoi? J'avais peur du mot aussi. À la fin, l'avocat général requiert vingt années de réclusion criminelle et maître Dupond-Moretti entre en scène. Oui, il y a contre Julien Sahih ce qu'on appelle un faisceau de présomptions de culpabilité. Il pour eux, il n'y a aucune preuve qu'il n'y a pas plus de raison de penser qu'il l'a tué que de raison de penser qu'il ne l'a pas tué. On peut tout autant imaginer que Julien a déposé Clélia au rond point d'Erquy Le Cercle, à quatre heures et demie du matin, et qu'il est rentré chez lui pour dormir et que Clélia est tombé ensuite sur un arc déséquilibré.

[00:28:28]

Vous n'avez pas de certitudes?

[00:28:31]

Et donc, vous ne pouvez pas le condamner. Assaillies, levez vous, je vous prie, comme le prévoit le Code de procédure pénale. Vous avez la parole en dernier. Nous écoutons.

[00:28:48]

Il ne dit pas un mot et après trois heures de délibéré, il est déclaré coupable et il prend 20 ans de réclusion criminelle.

[00:28:59]

Et là, il se tourne vers les médinas, paraît t elle sourire.

[00:29:04]

Vous savez la vérité, toute façon, je vais ressortir. Et puis, il se tourne vers sa propre famille. Pas de larmes. Pas de cris. On est innocent, on va s'en sortir. Il file en prison. Evidemment, il fait appel et un an plus tard, à Saint Thomert, il écope de la même peine de 20 ans. Voilà donc pour ce récit que je vais débriefer maintenant avec vous. Maître Blandine Lejeune, vous êtes avocate de la partie civile dans ce dossier.

[00:29:44]

C'est à dire avocate de la famille de Clélia. Peut être un mot pour commencer sur ce verdict. Vingt ans. À deux reprises. Alors je sais que parmi les gens qui nous écoutent, beaucoup vont dire il s'en sort bien tout de même, vu la violence des coups portés par mes pensées, mes parents, donc les miens.

[00:30:03]

Les parents de Clélia ont pensé que c'était quand même une peine qui était à la mesure de son crime. Il faut savoir qu'il était très jeune 19 ans et que, surtout, il contestait les faits et il avait toujours la crainte d'un éventuel acquittement qui ils était bien évidemment soulagés. C'est à dire que je me suis dit ça en écrivant l'histoire.

[00:30:24]

S'il avait avoué, il aurait sans doute pris plus cher. Pas forcément. Peut être qu'il avait avoué. Au contraire, il aurait eu une espèce de prime à la vue. Il était très jeune et n'avait pas de casier judiciaire. C'est difficile avec. Il avait avoué. En tout cas, ça aurait été plus, entre guillemets, facile à supporter pour les parents. Les publications de ce garçon tout au long de cette procédure ont été très, très difficiles à vivre.

[00:30:53]

Qu'à aucun moment, il ne lâche rien. Rien, rien, strictement rien. Y compris devant quand même cette preuve accablante qu'est la présence du cric en amont du corps de Clélia Chriqui, qui a servi à la frapper et donc à la tuer et correspond exactement au numéro de série de son véhicule. D'ailleurs, on se dit que sans le Christ, il aurait pu passer à travers, c'est à dire n'avoir pas de bons joueurs. Il trouve pas le cric.

[00:31:25]

Qu'est ce qu'il advient de ça, tu tantriques?

[00:31:26]

C'était difficile, mais il y avait quand même. Il y avait quand même les coups de téléphone, les chassés croisés entre lui et Priscilla. Il y avait quand même les SMS. Il y avait quand même sa présence à l'extérieur jusqu'à 5 heures du matin.

[00:31:41]

Au delà de ce qu'il avait déclaré lui même, puisque lui dit qu'à 90 ans, j'ai dit tout à fait et en plus, il prétend, a laissé Clélia au bord de la route, au bord d'une route nationale sur laquelle il est impossible de marcher quand on est piéton. Même ça, c'était complètement invraisemblable et j'aurais aurait voulu dire que quelqu'un aurait attrapé Clélia à 500 mètres de son domicile, s'informait un kilomètre, l'aurait embarqué en mais à Lambersart. Tu écoutes CRIQ à Lambersart?

[00:32:15]

Ou en tout cas, avec un objet contondant et jeté dans la Deûle sans même avoir tenté une agression sexuelle. Il aurait vraiment joué de malchance. C'est sûr que le cric était effectivement accusateur. C'était quand même très difficile, d'autant que ce cric correspondait à sa Twingo.

[00:32:31]

Rien de très frustrant, évidemment, pour les parents de le dire. On ne connaît pas le scénario du meurtre. La juge d'instruction fait des hypothèses. Je suppose qu'à la cour d'assises, on fait des hypothèses, mais en vérité, on ne sait pas exactement où il la tue. Dans quelles conditions? Si effectivement, on arrive au bord de l'eau, l'adolescent est encore vivant et que c'est là qu'ils sont lourdes de conséquences.

[00:32:49]

En vérité, on ne sait pas et vous l'avez très bien résumé. Je pense qu'après, on fait des suppositions qui collent assez à la réalité, qui sont interpellant, puisque le médecin légiste avait dit que la compilation avait pu provoquer qu'un simple évanouissements, expliquer que peu il l'avait décrit morte et que, arrivée sur les bords de la Deûle, un endroit qu'il connaissait bien puisqu'il n'y avait que l'arrivée pas très loin. Et il avait eu d'ailleurs l'audace de mentir en disant qu'il ne connaissait pas cet endroit alors qu'il était arrivé quelques années auparavant.

[00:33:21]

Après, tout, redescend de là et il allait au sport dans ce coin là, avec les professeurs dont il connaissait l'endroit où il y avait quand même. Il y avait quand même beaucoup d'éléments, même si, bien sûr, c'est toujours préférable pour les parties civiles d'avoir des aveux.

[00:33:36]

Alors évidemment, ce qui est très intéressant dans cette histoire, c'est ce basculement de la famille de la victime qui, au début, ne peut pas croire que c'est Julien, de l'ex petit copain qui, guide au fil de l'enquête, bascule dans la certitude que c'est lui. Vous avez été spectatrice de ça? Peut être même actrice?

[00:33:52]

Non, car en plus, tout ce qui se passe, c'est que effectivement, ils ont eu ces mots alors qu'ils sont entendus par la police judiciaire dans un état de sidération totale, puisqu'ils viennent d'apprendre la mort de leur fille. C'est surtout la mère, d'ailleurs, qui lui annonce qu'on stockera puisque Julien, il s'entendait bien. Et puis, qu'est ce que vous voulez? Avec le temps, les souvenirs reviennent, les souvenirs de scène, de larmes, de cris.

[00:34:19]

Il y a des disputes dans la chambre de ces incidents qui ont eu lieu. Alors forcément, on ne sait pas tellement qu'ils vont changer d'avis. Dans un premier temps, ils ne peuvent pas imaginer puisque effectivement, il confie qu'il. Sauf que loin d'être amis, j'étais encore très amoureux. Vous? A partir de quand? Des doutes qu'ils ont songé bien à appeler rapidement, très, très rapidement, quand il a été mis en examen et qu'il y avait cette trace aussi.

[00:34:50]

On va trouver une trace de sang sur la patte de Julien, qui aura changé de vêtements qui auraient lavé ses vêtements, sauf les baskets. Et on va retrouver une petite tache de sang qui s'avérait que son Clélia quand même. Donc, au fur et à mesure de l'enquête, je pense que là, quand ils ont eu les éléments, les cris, le sang, le fait qu'il ait lavé ses vêtements, qu'ils aient nettoyé sa voiture de fond en comble, moukhtars qui réagit quand même.

[00:35:15]

Même si on ne peut pas prouver que ce sont ces traces de sang, je crois que là, comme s'il avait eu accès à la procédure, oui, il y avait quand même suffisamment d'éléments.

[00:35:25]

Mais on entend aussi que la juge d'instruction et les policiers ont du mal à basculer. Vous, vous le connaissez? Julien Seillier Il est si sympathique que ça pour qu'on ait du mal à imaginer qu'il ait commis un crime alors méconnu, accusé devant une cour d'assises.

[00:35:39]

Donc, on a du mal à trouver sympathique quelqu'un qui aurait un billet d'humeur pour être mis dans l'échange. Il est assez virulent quand même. C'est quand même assez virulent. Échange et partage. Mon avis est très subjectif. Mon avis est très subjectif. Je ne trouvais pas particulièrement sympathique, mais il n'était pas non plus Laporta, Gloria, Yaounde.

[00:36:02]

Chose, évidemment, Blandine Lejeune qui m'amuse. Dans cette affaire, c'est que vous vous retrouvez face à Eric Dupond-Moretti, devenu par la suite garde des Sceaux. C'est intéressant parce que c'est une histoire entre lui et vous. Dans beaucoup d'histoires, puisque vous êtes originaire de la même région, vous vous êtes retrouvé face à face. Ça m'intéresse parce que lui, il est souvent en défense. Vous vous êtes quasi systématiquement partie civile et je voulais savoir ce que vous pensez de cette affaire de lui.

[00:36:30]

On dit que c'est un avocat hors norme. Peut être l'un des plus grands avocats de l'histoire contemporaine. Qu'est ce que vous avez à dire là dessus?

[00:36:37]

Je souscris complètement. Je me suis retrouvé aussi assez souvent du côté de la défense, même si je suis aussi moitié partie civile. Je me suis retrouvé parfois à ses côtés dans le procès d'Outreau, par exemple. Et puis, j'ai eu l'honneur d'être sa collaboratrice, sa première collaboratrice. J'ai appris le métier avec lui. Effectivement, un avocat hors norme est un avocat qui peut faire peur. Et c'est sûr que le choix du failli n'était pas anodin. C'est sûr que les parents.

[00:37:06]

Forcément, quand vous voyez pour mon équipe, ils font faillite. Et il a fait des incidents d'audience et il a déployé mon client. Il l'a fait. Il a fait son travail. Mais qu'est ce qu'il va dire? Dupond-Moretti a de plus que les autres. C'est. Puis il impressionne énormément. J'avais peut être cette chance de ne pas être ni effrayé ni impressionné, mais qui pour moi, qui le connaît bien. Et même si je connais son talent, je sais aussi comment il l'exerce.

[00:37:38]

J'avais quand même un dossier dans lequel je pense que il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'éléments à charge qu'il a fait qu'effectivement, il ne lâchera rien. Il n'hésite pas à faire des incidents qui secoue les témoins, alors ça s'est passé un peu comme ça.

[00:37:55]

On dit aussi qu'il sait parler aux gens de manière absolument exceptionnelle.

[00:37:59]

Quand je dis les gens, c'est les jurés, les gens simples, les gens ordinaires. C'est un avocat d'élite qui sait parler aux gens simples.

[00:38:07]

Oui, oui, c'est un grand plaideur. Il ne plaide pas. Vous voyez comme comme peut être certains avocats ou la vieille école. Il a des plaidoiries extrêmement charpenté. Il y a vraiment la sens du verbe et c'est effectivement toucher les gens et dire des choses. Et puis, il faut aussi déstabiliser les policiers parce que c'est là que la plaidoirie est un procès d'assises. Énormément de l'attaque frontale tout au long du procès. Et enfin, il est excellent.

[00:38:40]

Il était, devrais je dire, il reviendra. Avocat? Jour, sans doute.

[00:38:45]

Peut être, nous espérons. Mais ça, c'est son choix. Votre souvenir à moi? Je ne vais pas dire je préfère un avocat. Je suis ravi qu'il soit garde sceaux et je suis son parcours qui est un parcours difficile. D'ailleurs, la place qu'il occupe, mais non au soir, je veux dire que nous sommes quand même nombreux au Barreau à être très fiers qui soit derrière notre garde des Sceaux.

[00:39:12]

Merci beaucoup de nos jeunes d'avoir accepté de débriefer cette affaire.

[00:39:17]

L'enquête sur le meurtre de Clélia Médinas des centaines d'histoires disponibles, ses remplaçants écoute et surtout ottintoise. 16.