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Cette histoire commence en 1940, pendant la guerre, dans un petit village de Bretagne, à quoi 12 km de Rennes, le village de Melesse. C'est là que vit la famille Labbé et le père Labbé. Tout le monde le connaît. C'est le facteur et un facteur. Dans ces années là, ça ne crache jamais sur un petit verre. Vous prendrez bien un petit gorgeous, monsieur l'abbé?

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Pas de refluent un verre par ci, par là et parfois deux ou trois. Un jour d'août 1940, le facteur l'abbé ne rentre pas de sa tournée. On le retrouve noyé dans le canal d'Ille et Rance et sa petite femme se retrouve seule avec quatre enfants, quatre enfants, dont une fille.

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Denise, la cadette, c'est elle qui nous intéresse aujourd'hui, quand débute cette histoire. Elle a 14 ans. A 14 ans, orpheline de père, Données doit donc travailler. Pas question de Nasser sur les bancs de l'école. Faut faire bouillir la marmite et donc elle est placée comme bonne à tout faire chez le boucher de Melesse, à s'occuper, entre autres, des enfants. Elle aime bien les enfants, Denise, 14 ans, 15 ans. Elle est jolie et les garçons commencent à lui tourner autour d'elle.

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Ma foi, il faut bien dire qu'elle n'est pas farouche. Tellement peu farouche que la femme du boucher n'aime pas trop ses manières, la petite goy.

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Je ne vais plus chez moi. Tu crois qu'elle donne l'exemple à nos enfants? Alors tu te débrouilles comme tu veux, mais tu m'en débarrasse le plancher tentant.

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Données ne reste pas bien longtemps au chômage, même si la guerre n'est pas finie. Elle trouve du travail dans une usine à Rennes. Elle est courageuse et méritante parce que vous savez ce qu'elle fait le soir après l'usine, elle a dû arrêter l'école. Eh bien, elle prend des cours du soir et elle passe tout son temps libre à la bibliothèque, ce qui lui permet, à 18 ans, à la fin de la guerre, de passer le concours du Service national des statistiques à Rennes, l'ancêtre de l'Insee.

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Et la voilà donc fonctionnaire à l'abri. Affecté à un poste de secrétaire. Et du coup, ça entre nous, ça ne la gêne pas. Elle doit quitter Melesse et les jupons de maman pour s'installer en ville à Rennes. Libre. Libre. Jeune, jolie et délurée dans une ville qui grouille d'étudiants. D'après vous, qu'est ce que ça donne? Elle fréquente. Et à ce petit jeu, en 1951, Denise tombe enceinte d'un jeune interne de l'hôpital de Lorient.

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A sa décharge, en 1951, les jeunes Françaises n'ont pas droit à la pilule. En Angleterre, elles ont déjà la pilule. Mais en France, prendre la pilule en 1951, c'est comme avorter. C'est un crime. Bref, Données est enceinte et ça tombe mal parce que son amoureux doit partir pour l'Indochine. Alors quand elle accouche en 1952 d'une petite fille prénommée Catherine, elle se retrouve seule.

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Et quand, un an plus tard, le bel interne rentre d'Indochine. Il a changé le mâle indochinois, il est devenu alcoolique. Et la petite Catherine, ça ne l'intéresse pas. Tu pourrais au moins la reconnaître, m'intéresse pas, mais tu pourrais me pousser enfin, c'est ta fille. Hors de question. Fin de la belle histoire. Donnea se retrouve donc fille mère, comme on dit à l'époque et dans les années 50, ça n'est pas très bien vu.

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Mais là où les choses se compliquent, c'est quand elle est muté à Paris aujourd'hui, elle prendrait Catherine avec elle. Elle se débrouillait à Paris, mais à l'époque, Paris, ça fait peur. Alors, Denise préfère la mettre en nourrice à la campagne, pas loin de Rennes, chez une madame Laurent. Et comme beaucoup de Bretonnes, le week end, elle fait des allers retours entre Montparnasse, Rennes, Rennes, Montparnasse. Je vous dis ça parce que plus tard, on dira que Denise n'aimait pas sa fille.

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Ce n'est pas vrai. C'était une bonne mère qui se privait pour payer la nourrice et pour payer les billets de train et qui venait la voir tous les week end. Quand on interrogera plus tard la nourrice, Mme Laurent dira de Lise Mallet mais vraiment son enfant, on ne peut pas dire le dimanche, elle saute, elle devenait beau, venait voir sa fille. C'était une vraie maman. Jusqu'au jour où l'autre lui a tourné la tête. L'autre, l'autre, c'est celui dont elle rêve toutes les nuits un mari, un père.

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Pour Catherine, on ne peut pas lui reprocher de chercher un homme simplement. Il n'aurait pas fallu qu'elle tombe sur celui là. Voilà tout. Et c'est comme ça qu'elle se retrouve le 1er mai 1954, au bal du Café du Glacier, place de la Mairie à Rennes.

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l'Orchestre enchaîne les mambo et données un rendez vous avec un beau marin. Elle s'est pomponnée, elle entre dans le café et là, horreur, malheur. Le beau marin est au bras d'une autre fille. Le coup là bas, ça ne sera pas lui. Alors là, elle tourne la tête et un jeune homme lui sourit. Grand, mince, de beaux yeux verts emballés dans l'uniforme des officiers de Saint-Cyr. Je vous invite à danser. Mademoiselle, oui, vous volontiers.

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Comment vous appelez vous, Denise? Et vous? Je m'appelle Jacques. Jacques a 24 ans, il vient de sortir de l'école de Saint-Cyr Coëtquidan. Il est sous officier et il n'est pas que dragueur. Il est aussi cultivé. Il lui parle de ses lectures de Gide, Gabriele D'Annunzio Nite et du marquis de Sade. Et ça, ça aurait dû faire tilt. Le marquis de Sade. Mais elle ne se méfie pas. Il parle tellement bien, il parle tellement bien.

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Et quand elle danse avec lui, elle voit bien qu'il plaît aux femmes. Les regards autour d'eux sont envieux et ils dansent. Ils dansent tout l'après midi. Et d'entrée, elle lui dit Pour Catherine, tu sais, j'ai une petite fille de 2 ans. Elle s'appelle Catherine. Oh, c'est formidable. Moi aussi, j'ai une petite fille et je l'élève seule. Incroyable. Elle avait peur que Catherine lui fasse peur. Elle aurait compris. Au contraire, elle a trouvé l'homme de sa vie et elle en rêve toute la semaine, car ils se sont donné rendez vous samedi prochain pour aller danser à nouveau.

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Elle est folle amoureuse. Le week end suivant, ils dansent et ils passent leur première nuit dans une chambre d'hôtel et ils parlent si bien de l'amour. Tu sais, je crois que l'amour, c'est le plus pur des liens. Moi, je crois que l'amour se fonde sur l'abnégation totale. Tu ne crois pas. Tu vois. Moi, je suis un disciple de Nick. Je veux vivre comme un surhomme. Et au delà du bien et du mal, au delà des convenances, au delà de la morale étroite, tu comprends.

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A ce moment là, elle aurait dû se méfier. Elle aurait dû demander Mais qu'est ce que ça veut dire vivre au delà de la morale étroite? Elle n'a pas tilté. Elle n'a pas compris. Parce que voilà sur qui elle est tombée, la pauvre.

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Jacques Algarve Son histoire est intéressante. Il faut que vous sachiez deux ou trois choses sur lui avant que le grand pervers n'entre en action. Jacques n'a pas connu son père. Il a dû se contenter d'un père de substitution, un commandant d'infanterie de 70 ans que sa mère a fini par épouser le commandant Garons. C'est lui qui lui a donné son nom, Jackal Garons. A sa mort, la mère de Jack fait tout ce qu'elle peut pour lui offrir une bonne éducation.

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l'École Saint-François-Xavier, à Paris, puis il entre au célèbre lycée Louis le Grand, dont il est exclu à la Libération d'ailleurs. Son demi frère André ayant fait ami ami avec les Allemands, il dirigeait Radio Paris. Il a été fusillé en 46. Qu'importe, il obtient tout de même son baccalauréat et il entre à Saint-Cyr, la plus prestigieuse des écoles militaires.

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Et à Saint-Cyr, il a sa petite philosophie. Mes amis, les assos d'alcôves préparent aux futurs combats. Ce qui veut dire qu'il baise à couilles rabattues, et c'est comme ça que naît la petite Régine, sa fille. Sauf qu'il a menti comme un arracheur de dents. Il l'a laissé à sa mère. Il va en avoir de temps en temps, c'est vrai, mais il ne s'en occupe pas tout seul. Voilà l'oiseau. Et donc ils sont amoureux.

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Et assez vite. Garan, qui est un envouté, qui est un brouilleur, initie données à sa conception de l'amour. Tu vois données ce qu'il y a de beaux dans la l'amour, c'est que par amour, on peut accepter des humiliations.

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Séquence Sadik on dirait aujourd'hui un adepte du SM. Et elle? Elle est lobi. Elle est envouté. Elle est aveuglée. Elle est flattée du privilège qu'elle a de mériter ses attentions. Alors, chaque jour, elle se plie un peu plus à ses désirs, à ses caprices. Elle se dévoue et ça va crescendo comme ça, jusqu'à ce qu'il en arrive à des délires totalement pervers.

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Ma chérie, je vais te demander d'aller séduire des hommes dans la rue sans toi, libre. Fais toi plaisir, tu les ramène à la maison. Vous faites l'amour. Et moi, je suis caché. Je vous regarde. Mais il est encore plus pervers quand, juste après, il lui reproche son infidélité. Je souffre, ma chérie. Je souffre, je souffre de tels, car je veux que tu excusent. Excuse toi. Et comme il souffre, il la punit.

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Tu sais si je te punis, c'est pour être certain que tu m'aimes toujours. Il a aussi introduit de petits jeux dans leurs parties de jambes en l'air. Il lui fait des petites tortures dans le dos avec un petit canif qu'elle lui a elle même offert.

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Je trouve que c'est un jeu délicieux et excitant. Pas toi. Si, si, ça lui plaît, eh bien oui, ça lui plaît. Oui, ça lui plaît, elle aime ça. À ce petit jeu, il ne faudrait pas faire croire qu'elle n'est pas d'accord. Mais d'accord. Jusqu'où?

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Et c'est maintenant que ça dérape. Un soir d'août 1954, à Paris, dans un restaurant près de Notre-Dame, Denise donnÃes. Si je te demande de tuer ta fille par amour pour moi, tu le ferais. Denise est un peu décontenancé. Mais depuis qu'elle est avec Jacques, elle ne sait plus dire non. Elle ne sait dire que oui. Alors elle dit oui. Quelques semaines plus tard, Données est avec sa fille chez sa sœur Augustine à Rennes, pour lui coller la pression.

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Il lui envoie une lettre de rupture. Jean. Voilà ce qui t'attend. Si tu ne tiens pas ta promesse, il est monstrueux. Alors le soir, Denise va sur le balcon. Elle prend Catherine par la taille et elle la met au dessus du vide, au dessus du vide. Catherine, sa fille chérie, parce qu'il le lui a demandé. Parce qu'il l'a exigé. L'appartement est au deuxième étage. Elle va la lâcher. Et puis non, non, elle ne peut pas.

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Alors, elle la repose. Et après, elle appelle Jack pour s'excuser. Jacques, j'ai essayé, mais je ne suis pas arrivé. Je t'en supplie, ne quitte pas. Et lui, grand prince? Il lui dit l'accord. D'accord, je reste ma chérie, tu auras d'autres occasions de me prouver en amour.

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D'autres occasions? Oui.

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Elle aura d'autres occasions un mois plus tard, Données va voir Kathrin chez sa nourrice et elle l'emmènent se promener le long du canal d'Ille et Rance et elle arrive sur une passerelle et elle attrape Catherine et elle la jette à l'eau. Heureusement, un jardinier pas loin entend la petite crier. Alors, il planche à billets et il la repère. Voilà votre fille, madame, vous avez de la chance que j'étais là.

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Trois semaines plus tard, toujours chez la nourrice, Mme Laurent, une fois encore, elle emmènent Catherine se promener et elle fait exprès de la perdre. En pleine campagne. Et là encore, on la retrouve grelottant dans quelques centimètres d'eau au bord de la rivière.

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C'est la troisième fois que Catherine échappe à la mort, alors qu'elle a compris. Elle est ce qu'elle a senti, Catherine, que sa maman voulait la tuer? C'est difficile à dire. Elle n'a que deux ans, mais c'est possible. Quelque temps plus tard, Jack annonce qu'il s'absente. Chérie, je dois aller à Chalon sur Saône rejoindre mon régiment. Et il ajoute plus pervers que jamais. J'espère qu'à mon retour, tout sera en ordre. Une fois de plus, elle dit oui, oui, tout sera en ordre.

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Une fois, chaque parti données va passer quelques jours, c'est sa soeur abandonnes. J'espère que quand je rentrerai, tout sera en ordre. L'après midi du 8 novembre, Denizet seul avec Catherine et elle lui dit Viens, vient, ma chérie, viens, vient, l'avait à pomper dans la lessiveuse et la prend par la main et elle la conduit à la cuisine. A cette époque, il n'y a pas de machine à laver. La lessiveuse, c'est un grand bac et plein d'eau que l'on fait chauffer sur un trépied à gaz.

[00:15:46]

La lessiveuse est là, posée à même le sol, Denise attrape Catherine par les chevilles. Elle la renverse, elle lui enfonce la tête dans l'eau. La petite se débat longtemps. Denise ne lâche pas. Elle tient les deux petites chevilles d'une main ferme.

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J'espère que quand je rentrerai, tout sera en ordre. Elle est en train de mettre les choses en ordre maintenant. Catherine ne bouge plus lentement. Denise remonte son petit corps dégoulinant. Elle est figée, tétanisée. Elle vient de noyer Catherine, noyée comme son père. Mais voilà qu'on sonne à la porte. C'est sa soeur. Maintenant, il va falloir expliquer. C'était un accident, c'était un accident. Elles la mettent tous les deux sur la table de la cuisine.

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Elle appelle les pompiers et un médecin. Mais c'est trop tard. Le lendemain, Données envoie un télégramme à Jacques Garons Catherine, décédée à bientôt, j'espère.

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Et trois jours après, les voilà qui se retrouvent à Paris le 11 novembre 1954 et l?

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Elle a fait ce qu'il lui a demandé. Elle s'attend à ce qu'il soit content. Elle a fait tout ça pour qu'il soit content. Et lui, il l'accueille froidement et il lui dit Je suis très déçu. Denise. Ça ne me fait rien, rien, ça n'est pas suffisant pour que nous ayons une intimité totale. Et trois jours plus tard, trois jours, il lui dit. Ecoute Denise, c'est fini entre nous, je te quitte. Et le piège vient de se refermer sur données parce qu'évidemment, si le zigoto la lâche, c'est parce qu'il a senti qu'elle est devenue encombrante.

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Une mère meurtrière, si ça sort, si quelqu'un porte plainte, si la gendarmerie enquête sur ce crime. C'est dangereux. C'est dangereux pour lui, pour sa réputation, même s'il n'a tué personne. Il a les mains propres et donc il se carapace façon crabe. Cela dit, il n'a pas tort parce que ça commence à causer dans l'entourage de Denise. Tous ces accidents successifs, ça fait jaser. Et le 23 novembre, Denise est convoquée à la gendarmerie qui l'interroge sur les circonstances de la mort de Catherine.

[00:18:54]

Elle répète que c'est un accident et il la laisse repartir. Et qu'est ce qu'elle fait en sortant? Elle appelle Jacques Imorou interroger Jacques. Oui, oui, ils ont des doutes. Du coup, ils brûlent toutes leurs lettres, toutes sauf une, une lettre dans laquelle Données lui écrit ça ne sera pas facile avec Catherine. Sa grand mère est toujours avec elle et le 6 décembre, Denis se retrouve devant un juge d'instruction et elle craque assez vite. Oui, c'est moi qui l'étude J'ai tué ma petite gâterie, mais c'est lui, c'est Jackal Garance.

[00:19:35]

C'est lui qui m'a obligé à la tuer, qui m'a dit que ça serait une preuve d'amour suprême. C'est pour ça que je l'ai fait. Au début, pour être honnête, le juge pense qu'elle est folle, mais il fait quand même perquisitionner la chambre d'un gars et il tombe sur la fameuse lettre, la seule qu'il ait conservée, pensant que ça, l'accusé, elle, ne l'impliquer en rien. Mais le simple fait qu'elle lui est envoyé, cette lettre l'applique dans le meurtre et le juge prend alors une décision assez gonflé.

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Dans cette société patriarcale de l'après guerre, où il est d'usage que l'homme soit tout puissant, il inculpe lui aussi pour complicité de meurtre par abus d'autorité. Et plusieurs fois, il les met face à face dans son bureau. Elle, elle dit qu'elle a été manipulée. Si je suis un démo, il est le diable et il mérite d'être à mes côtés dans le châtiment. Ah oui, il mérite, lui, tout ce qu'il trouve à dire.

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C'est une folle. C'est une obsédé sexuel que je regrette d'avoir eu une liaison avec elle. Peu importe les dénégations d'Algarve, on le juge, au moment où il boucle son dossier, pense qu'il a sa responsabilité dans le crime. Sans lui, Données n'aurait pas tué Catherine. Bien sûr, c'est elle qui a commis le geste irréparable. C'est elle qui tient les deux petites chevilles de sa fille. C'est elle qui ne les lâche pas, mais c'est lui qui l'a remonté comme une pendule.

[00:21:12]

Lui qui l'a rendue folle au point qu'elle a tué sa fille, alors dans une décision extrêmement moderne pour l'époque. Il les renvoie tous les deux devant la cour d'assises. Tous les deux, ce sera aux jurés de départager les responsabilités de l'un et de l'autre. Seront ils condamnés tous les deux? Ou sera t elle condamné seule?

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Le procès des deux amants s'ouvre deux ans après le crime, en 1956, devant la cour d'assises du Loir et Cher à Blois. Le premier jour, on tire au sort les jurés et on se retrouve avec sept hommes, tous cultivateurs. On imagine leur tête quand ils vont devoir entrer dans les méandres de la relation amoureuse sadomasochiste de Denise et de Jacques.

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Évidemment, pour ce procès, il y a un monde fou. Beaucoup plus de public ne peut contenir la salle les badauds qui vous parlent de Blois en même temps qu'un orages violents avec la tête au dessus de Blois. La cour faisait son entrée au tribunal. Il était 14 heures 20. Les accusés sont là. Denise Labbé, Imad Péré dans un tailleur noir, les cheveux blonds relevés d'un bandeau sur les tempes, les lèvres tremblantes. Elle est à tel point oppressé qu'elle ne pourra répondre que par monosyllabes au premier interrogatoire d'identité.

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Des gendarmes l'entourent et lui cachent la vue. À l'autre extrémité du box des accusés, où est assis Jacques Garons, les cheveux bruns taillés au rasoir. Le front très large. Celui qui a une attitude fort différente, qui s'élève au ton si fine qu'elle semble à peine dessiner. Elle défie cependant qu'une espèce de Turine permanent Jackal garons le port de tête haute semble sur de lui même. Il écoute avec attention la lecture de l'acte d'accusation, puis l'appel des quantités moins qui viendront tour à tour déposées devant la barre.

[00:23:00]

Il est 15h30 lorsque le président de la cour d'assises, Monsieur Le Coq, entame l'interrogatoire des accusés et retrace pour chacun d'eux les étapes de leur vie jusqu'au moment du crime. Denise Labbé fait entre ses doigts un mouchoir. Ses mains tremblent. Elle ne peut s'empêcher de voir en face d'elle, à terre, la lessiveuse qui est placée, la pièce à conviction.

[00:23:18]

Ce projet mobilise les deux plus grands avocats de l'époque, données et défendu par Maurice Garçon, qui est par ailleurs membre de l'Académie française et de notoriété publique. Un passionné des affaires de sorcellerie. Il a écrit tout un tas de livres sur le sujet et au fond, sa cliente n'a pas été ensorcelé par son amant. Quant à Jackal Garons, il sera défendu par maître Florio, célèbre pour avoir défendu le docteur Petiot.

[00:23:48]

Tous les deux sont arrivés de Paris tels des seigneurs, dans des voitures avec chauffeur, accompagnés de secrétaires. Ça promet du spectacle. Et d'ailleurs, certains sont venus au spectacle. On a vu débarquer de Paris des vedettes venues pour assister au procès. La comédienne Nicole Courcel et Elina Labourdette et la chanteuse de music hall Colette, tandis que le président lit l'acte d'accusation éclatant. Orage terrible. Fermez les fenêtres, dépêchez vous! Et ensuite, c'est l'électricité qui lâche et la salle se retrouve plongé dans le noir.

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Et à chaque éclair, on voit apparaître pendant quelques secondes le visage des deux accusés. Quand la lumière revient. Le procès peut commencer. La phrase l'injonction de S'attarderont se retrouve d'entrée au cœur du procès. Le président Coq appelle une peine qui réunissait les deux dans d'un restaurant à Paris. Il a repris un peu de pouvoir pour elle même. Il m'a dit Vous avez créé la garde. Ce n'est pas vrai. Le président, nous cherchons à interpréter ce qui a été compris par Denis Labbey.

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Vous n'avez pas réfléchi aux différences de milieu de culture entre vous et L. Jackal? Garons Beaucoup depuis dix mois, le président, les responsabilités terpènes. Mais là, il ne s'agit pas d'interpréter. Il s'agit de paix et de modèle. l'Abbé est loin d'être bête. Proposer de créer au restaurant entre la poire et le fromage est invraisemblable. l'Abbé, bien sûr, mais courtois, invraisemblable, lempêche. Pas très vrai. Et puis, il n'y a pas encore Jackal Garons.

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Un jour chez moi, il m'a dit J'ai pensé abandonner ma fille de patron qu'on ne retrouve jamais. Rappelez vous de l'abbé Étamine il en l'appliquant, en fréquentant beaucoup le président, le coq, le rappel à l'ordre et Jackal garons damée. Oui, mais têtu réplique. Difficile d'être président quand, depuis des mois, on a une accusation comme celle là sur la tête. L'hebdomadaire Détective décrit Denise dans le box.

[00:25:56]

Tout habillé de noir, il triture nerveusement un mouchoir blanc dans ses mains. C'est une langue tremblante et résignée. Mme Laurent, ma nourrice, j'ai appelé à la barre. Mme Jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Lever la main droite, je vous prie et dites je le jure. Nous vous écoutons, Mme. Est pour dire la vérité. Je haïssais données pour ce l'arrivée fait. L'appli était tellement mignonne! Mais maintenant, maintenant que je sais, je la comprends et je la plains.

[00:26:37]

Quand arrive la fin du procès, l'avocat général Guez et sans aucune pitié, un enfant est mort. Denise Labbé était sa mère, alors n'exigerait contre elle. La sanction la plus grave. Je vous demande de condamner Mme Labbé à la peine capitale. Denise Labbé baisse les yeux. Elle est blanche, ses lèvres sont crispées. On dirait qu'elle sanglote intérieurement. Jackal Garon, lui, est toujours aussi fier. Il est plus nerveux qu'il n'a jamais été depuis le début du procès, mais doit le trahissent.

[00:27:09]

Tous deux savent maintenant que leur sort est entre les mains des quatre avocats. Tous deux ont leurs dernières paroles du procureur général. Je demande la mort pour Denis Labbé, les travaux forcés à perpétuité pour Jacques Alghero. L'avocat de Denise, Maurice Garçon, fait une brillante plaidoirie. Il raconte sa vie laborieuse, les sacrifices qu'elle a faits pour sa fille. Il l'a fait passer, Bruna, inculte, intellectuellement limité. Elle n'a pas compris. Elle ne l'a pas compris.

[00:27:39]

Et puis, l'avocat de Jackal Garons, maître Fleuriot, plaide à son tour. Avez vous des témoins? Monsieur le procureur, prouvant que les conversations téléphoniques entre Denise Labbé et Garons sont celles que rapporte Denise Labbé? Vous n'avez pas de témoin?

[00:27:53]

Maître Fleuriot, ajoute Jacques. N'a tué personne. Que peut on lui reprocher d'aimer la philosophie? Il ne s'agit que d'un jeu qui a mal tourné. Jack n'a jamais eu un geste, une parole laissant entendre qu'il voulait la mort de la petite fille, ce qu'il lui disait, ce qui lui écrivait, c'était des idées, c'était des concepts de a tout compris de travers. Elle a pris tout cela au premier degré. Le garçon n'a pas tué le condamné.

[00:28:29]

C'est criminalisée, linspiration. Pourquoi ne pas poursuivre les écrivains qui ont inspiré le Garons à poursuivre, par exemple, Gabriele D'Annunzio, qui a écrit L'Innocente, qui est l'histoire d'un couple qui a tué un enfant? C'était l'un de ses livres de chevet.

[00:28:46]

Belzec nous parle de. A 20h15 ce soir, toutes les plaidoiries et les contre plaidoiries, puisque Maître Fleurieu a repris la parole d'après maître Maurice Garçon, était terminé à 20h15. Le président Lecocq adressa aux deux accusés la traditionnelle question Avez vous quelque chose à ajouter? Denise Labbé Antonova tremblote, Chota. Monsieur le président, je vous demande pardon. Après l ACAL, garons droit et ferme de débit un peu précipité, déclara Je fais avoir du mal à Mlle.

[00:29:20]

l'Abbé Jean revendique la responsabilité morale, mais jamais je ne lui ai demandé de tuer son enfant.

[00:29:27]

On s'approche du verdict. À 22h25, après plus de deux heures 10, les jurés d'abord, puis la cour ont pris place dans la salle d'audience. Tous les visages étaient graves. Le président se leva. Voici, ditil, des réponses données aux questions affirmatives à la majorité sur toutes les questions. Circonstance atténuante pour les deux accusés. Denise Labbé Travaux forcés à perpétuité, Jackal Garon, vingt ans de travaux forcés. Denise échappe donc à la peine de mort.

[00:30:22]

Les jurés lui ont accordé les circonstances atténuantes. Ils ont considéré qu'elle avait été manipulée. Elle est donc condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Les jurés ont considéré que Jacques Alghero avait eu un rôle majeur dans ce crime. Il prend vingt ans de travaux forcés. Le procès est terminé. Les deux condamnés sont t'emmener. Quelques instants plus tard, les deux condamnés quittaient le palais de justice. J'étais alors dans la cour où attendait la voiture cellulaire. Dehors, une foule d'au moins 2000 personnes grondait.

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Je suis maintenant devenu flatté, même Proconsulaire fait demi tour, Va maintenant est toujours là, corpulente de bonheur. En maintenant, la règle a parlé de l'Europe dans les jours qui suivent le verdict.

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L'affaire fait encore la une des journaux parce que ce verdict, au fond, a touché la société française au plus profond. Elle a condamné un homme pour avoir perverti une femme. C'est un verdict extrêmement moderne qui vient heurter de plein fouet la France face aux pratiques de l'après guerre. Louis Bolze, journaliste déjà très réactionnaire, défenseur par conviction de L'homme face à la femme, écrit dans Paris Presses. C'est la justice humaine. Elle repose sur une idée pure et des moyens douteux.

[00:32:14]

L'affaire Al Garons ne pouvait être jugée que sur des interprétations psychologiques. Dans Le Figaro littéraire, l'écrivain André Breton commente le verdict avec dédain, étant donné la constitution du jury de Blois. On ne pouvait s'attendre à un verdict moins dur et plus nuancé. Il est dérisoire de demander à être terre à terre comme ceux qui composaient le jury, de sanctionner un crime dont les mobiles dépassent de toute évidence leur compréhension. Dans un livre publié quelques années plus tard, l'écrivain Marcel Jouhandeau, qui n'aimait pas les femmes et leur préférait les hommes et qui avait flirté avec les Allemands, écrit ceci Il n'a pas assisté au procès, mais il a un avis.

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Ces deux êtres venus de couches sociales très éloignées l'une de l'autre, ne parlent pas des mêmes choses. Données n'est certes pas intelligente ni vulgaire, mais rien ne l'a préparé à soutenir certaines conversations, à entrer dans des subtilités intellectuelles qui faisaient les délices d'un garons provinciale et étrangère à toute culture littéraire et philosophique. Elle demeurait comme abasourdi, ahuri, empêchée de comprendre l interpréter selon ses petits moyens. Vous verrez dans toutes ces fadaises la preuve que ça fait longtemps que les journalistes et les écrivains disent des conneries sur des affaires qu'ils ne connaissent pas.

[00:33:36]

Le 21ème siècle n'a rien inventé en la matière. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, Denise Labbey a fait finalement un peu moins de 25 ans de prison. Elle a été libérée dans les années 70.

[00:33:54]

Christophe Hondelatte.