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[00:00:02]

Hawtin raconte. Bonjour a tous, je vais m'attaquer aujourd'hui à un monument, une affaire autour de laquelle je tourne depuis des années et que je ne vous ai encore jamais raconté. L'affaire du docteur Petiot, condamné à mort pour 27 assassinats commis pendant la guerre, et c'est d'ailleurs tout le sel de cette affaire. Elle éclate en 1944 en pleine occupation allemande. Et Petiot qui est fou, mais pas totalement. On a bien joué. Il a tenté de faire croire qu'il était résistant et que tous ces morts étaient des collabos et des Allemands.

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Les crimes du docteur Petiot n'étaient pas politiques. Il a tué tous ces gens pour les détrousser. C'est une affaire absolument passionnante. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. Réalisation Céline n'embrasse.

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EUROPE1 Christophe Hondelatte. La scène inaugurale de cette incroyable affaire se joue à Paris à quelques mois de la fin de l'occupation, le 11 mars 1944. En fin d'après midi, la concierge du 22, rue Le Sueur, dans le 16ème arrondissement, appelle le commissariat.

[00:01:21]

Oui, voilà, je vous appelle parce que depuis hier, une horrible fumée noire sort de la cheminée de notre voisin. Au 21 de la rue empeste tout le quartier. C'est inquiétant. Vous êtes allés sur place chez votre voisin pour demander ce qu'il se passe.

[00:01:44]

Personne ne répond sur la porte. D'accord, madame, d'accord, nous allons vous envoyer deux agents. Deux agents cyclistes qui arrivent rapidement sur place. C'est un bel hôtel particulier. Et effectivement, il y a un mot sur la porte. Absent pour un mois s'adresser et faire suivre le courrier, 18, rue des Lombards à Auxerre. Et aussi les policiers tambourine à la porte. Pas de réponse. Et là, ils font trois pas en arrière. Mais d'où vient cette fumée noire, épaisse et puante?

[00:02:21]

Est ce que ça ne serait pas un feu de cheminée qui aurait couvé depuis le départ des propriétaires à Auxerre? C'est dangereux. Un feu de cheminée, ça peut se propager aux immeubles d'à côté. Ça peut mettre le feu à tout le quartier. Et donc, les policiers vont voir la concierge du numéro 23.

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Bonjour Madame! Est ce que vous connaissez l'occupant du numéro 21? Madame, oui. Pour sûr que je le connais, c'est le docteur Petiot. Il habite. Attendez, je cherche ça par là, au 66, rue Caumartin, et on peut le joindre au téléphone. Pigalle 77 11.

[00:02:59]

Les policiers vont tout de suite dans une épicerie équipée d'un poste de téléphone et ils appellent. Pouvez vous me passer Mademoiselle Pigalle 77 11 SVP? C'est une femme qui répond. Ca va venir, on l'envoie. Pendant ce temps là, un petit attroupement de voisins se forme devant le numéro 20. Et le temps passe et personne ne vient. Et à un moment, les deux agents de police se disent Si ça continue, ça va dégénérer. Ça va mettre le feu à tout le quartier et donc, il appelle les pompiers à la rescousse.

[00:03:47]

Les pompiers arrivent, ils dressent une échelle. Il grimpe jusqu'au balcon du premier étage. Ils cassent un carreau et ils pénètrent dans l'immeuble. Et une poignée de secondes plus tard, on les voit réapparaître à l'entrée principale relais. Venez voir, il y a du travail pour vous. Les policiers entrent dans l'immeuble. C'est par ici. Les pompiers emmènent les policiers jusqu'à la cave au nom de Dieu. Le sol de la cave jonché de morceaux de corps humains, y en a partout et dans la chaudière.

[00:04:35]

Ce sont des morceaux de corps qui brûlent. C'était ça la fumée noire et c'était ça l'odeur. Bon, toi, tu restes sur place.

[00:04:46]

Moi, je fais le l'opposent chercher du renfort. La nuit est en train de tomber et là arrive un homme tout essoufflé à bicyclette. Bonjour, bonjour, je suis le frère du propriétaire Maurice Patureau. Que se passe t il? Oh bien venait, suivez moi! Les policiers font descendre le frère à la cave et l'homme, figurez vous, a une explication. Mon frère, hébergez un groupe de résistants.

[00:05:16]

Ces cadavres sont ceux de collaborateurs, de traîtres à la patrie d'Allemands. Voilà tout. N'en faites pas toute une histoire. C'est la guerre. Messieurs! Et là dessus, l'homme enfourche son vélo et il disparaît dans la nuit. Ce qu'on découvrira plus tard, c'est que cet homme n'était pas le frère du docteur Petiot. C'était le docteur Petiot en personne. Mais c'est trop tard et il a filé.

[00:05:48]

Le commissaire Georges Massu arrive sur place Massu à l'époque, c'est un aigle, c'est la vedette de la Crim et c'est ce qui a inspiré à Simenon le fameux commissaire Maigret. J'insiste sur l'un de ceux parce que Maigret est en vérité un savant mélange. Bref, le commissaire Massu entre en action. Bien messieurs, vous me fouillet toute la maison. Les policiers se mettent à fouiller pièce par pièce. Ils comprennent tout de suite que l'endroit n'était pas habité. C'est un bric à brac d'objets et de meubles dépareillés.

[00:06:33]

Tout est couvert de poussière. C'est humide. Personne n'habitait la personne.

[00:06:45]

Et là, d'un coup. Pas grand. Venez voir! Le policier qui appelle se trouve au fond de la cour où se trouve une sorte de cagibi. Venez, c'est à l'intérieur. A l'intérieur, il y a une fosse et dans la fosse, des dizaines de cadavres empilés les uns sur les autres, rongés par la Shoah, un charnier. Et comme il y a aussi des tas de vêtements et de chaussures côté moi sales tout de suite. Les policiers se mettent à compter les vêtements.

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24 25 26 26 à. Patron. 19 20. 21 manteaux de laine pour moi. Moi, j'ai compté 33 cravates de commissaire. Et moi, trois paires de chaussures. Moi, j'ai 79 Robbe. Vous vous rendez compte? 79. Et là, le commissaire commence à se dire Est ce qu'il n'y a pas là le nombre de morts quelque part entre 21 manteaux de laine et 79 robes? 79 morts, c'est pas possible.

[00:08:12]

En fouillant l'hôtel particulier, les policiers trouvent aussi une drôle de pièce à l'arrière, une sorte de réduis triangulaire pas très grand de mètre carré.

[00:08:22]

Il n'y a pas de fenêtre pour y accéder. Il y a une double porte et dans le mur, il y a un œil œil tons qui permet de voir à l'intérieur comme dans une cellule de prison. Et d'ailleurs, comme dans une prison, la porte n'a pas de poignée à l'intérieur. Elle ne s'ouvre que de l'extérieur. C'est une cellule. On a enfermé des gens là. Ça paraît certain. Mais qui?

[00:08:46]

A qui? Qui sont tous ces cadavres qui s'entassent dans la remise? À qui appartiennent ces bras? Ces gens? Ces têtes qui brûlent dans la chaudière? Le soi disant frère du propriétaire a dit tout à l'heure que l'endroit était un repaire de résistants et que les cadavres étaient ceux de traîtres, de collabos et d'Allemands. Mais le commissaire connaît le quartier. C'est un quartier allemand. Il y a des Allemands partout. On est à trois pâtés de maisons du siège de la Gestapo.

[00:09:17]

Des résistants ne seraient jamais venus s'installer là. Enfin, dans la gueule du loup nord, c'est à se demander si ce ne sont pas des résistants. Les morts, une prison secrète des Allemands. Et dans tous les cas, pour le commissaire Séchaud, c'est très chaud. Mais ça n'a pas l'air de l'impressionner bien.

[00:09:38]

Mais je crois qu'il va nous falloir rendre une petite visite au propriétaire des lieux, n'est ce pas? Le docteur Petiot, c'est ça ou la concierge vous a t il dit qu'il habitait? Au 66, rue Caumartin, commissaire. Bon, ce soir, c'est trop tard. Mais nous y serons demain matin à 7 heures. Bonne nuit! Le lendemain matin, le commissaire et ses hommes sont sur place à 7h du matin. Et pourtant, c'est dimanche. Bonjour.

[00:10:18]

Que puis je pour vous? Comme une massue de la sûreté, Mme. Nous cherchons le docteur Marcel Petiot, c'est mon mari qui est parti depuis hier soir. Il a eu un coup de fil de la police et il est sorti. Je l'ai attendue toute la nuit sur ce fauteuil là. Il n'est pas rentré. On pouvait s'en douter. L'oiseau a disparu. Sur place, rue Lesueur, vu le nombre de cadavres, vous vous doutez que ça sent la mort dans tout le quartier et le commissaire ordonne l'évacuation des corps.

[00:11:00]

Sauf que ces hommes refusent d'y toucher. Je suis policier. Je ne suis pas croque mort. Et donc, on réquisitionne les fossoyeurs du cimetière de passer, ils viennent ramasser les corps et les morceaux de corps. Et le tout est envoyé à l'Institut médico légal de Paris. C'est le docteur Paul, médecin légiste attitré de la police judiciaire, qui se lance dans la reconstitution du puzzle avec pour objectif de chiffrer précisément le nombre de victimes. Le commissaire Massu vient le voir le soir même.

[00:11:33]

A massue, vous tombez bien. Joli travail de boucher, la découpe est artistique des Ronon. Il y en a combien, docteur? Je dirais 27 commissaires et il y a une bizarrerie. Abran, laquelle? Quelque chose que j'ai d'ailleurs observé récemment sur les morceaux de cadavres que l'on a repêché dans la Seine.

[00:11:57]

Allons bon! De quoi s'agit il? Il y a regardé des traces de bistouri sur la cuisse. Et à quoi ça peut correspondre? Il se trouve que les médecins légistes comme moi ont tendance à utiliser la cuisse des cadavres pour y planter le bistouri. Vous voyez, quand on ne s'en sert pas, quoi? C'est un peu comme notre peau de crayon. Nous plantons le bistouri dans la cuisse pendant que nous écartons les côtes, par exemple. Tous les médecins légistes font ça.

[00:12:29]

Et donc. Et donc. C'est un confrère commissaire, c'est un confrère qui a fait ses marques. Un médecin, mais le propriétaire des lieux, le docteur Petiot, est médecin. Immédiatement, le commissaire file à son domicile, rue Caumartin. Mais l'appartement est vide. Il n'y a ni monsieur ni madame. Les petiot, mari et femme se sont fait. La belle Georgette Petiot les a bien enfumés. Ce matin, elle s'est enfuie avec son mari.

[00:13:12]

En attendant, La presse se régale de cette histoire. Le Petit Parisien titre Une nouvelle affaire Landru, un médecin assassine des femmes et brûle leurs cadavres dans son chauffage central.

[00:13:24]

Ce n'est pas tout à fait la vérité. Les victimes ne sont pas que des femmes. Il y a des hommes aussi dans le lot. Le docteur Petiot n'est pas Landru. Quoi qu'il en soit, il faut le retrouver dare dare. La Sûreté lance un avis de recherche en précisant ce qui paraît une évidence qu'il est peut être dangereux.

[00:13:47]

On retrouve assez vite sa femme Georgette, petiots chez son père à Auxerre avec son fils Gérard, et à Auxerre aussi, on trouve le frère de Marcel Petiot, Maurice, qui est électricien, et on les ramène tous les deux à Paris, au quai des Orfèvres, pour un petit interrogatoire concernant la mère. Petiot ne dure pas longtemps. Dès la première question, elle s'évanouit. Figurez vous. Bien. On en est là à l'hôpital. On verra demain.

[00:14:16]

Mais le lendemain, elle ne sait rien. On a retrouvé des cadavres chez son mari. Alors vous savez. Moi, je ne sais rien des affaires de mon mari. Vous ne savez pas ce qu'est le fait de séjourner en. Il travaille beaucoup et moi, je m'occupe de notre maison. Fiscalement, est ce qu'elle dit la vérité? Allez savoir. Rien n'attiraient non plus du frère Maurice. Ben moi. Je suis au courant de rien du tout.

[00:14:45]

Ah bon? Entre temps, les policiers en ont appris une bien bonne. Concernant Maurice, il a livré chez son frère Marcel. Pas plus tard que la semaine dernière, de la chaux vive. Oui, monsieur, et pas qu'un peu 400 kilos. Il les a acheté à Auxerre. Il les a transportés lui même jusqu'à l'hôtel particulier de la rue Lesueur. Vous reconnaissez les avoir livré? C'est ça, oui ou non? Ben moi, mais moi, je croyais que c'était pour tuer les rats.

[00:15:13]

400 kilos pour tuer des rats? Le commissaire Massu n'aime pas qu'on le prenne pour un jambon. Mais il n'y a pas que ça qui laisse penser que Maurice, le frère du docteur Petiot, n'est pas étranger à cette affaire. Des voisins ont vu Maurice récemment sortir de l'hôtel particulier de son frère avec tout un tas de valises et les charger dans un camion.

[00:15:40]

Elles sont où ses valises petiots à un marché des amis à Courson? Dans le hall? Et comment s'appelle vos amis? Albert et Simone Zen. Bon, Massu envoie tout de suite des hommes chez ces Neuvas ou Zenn à Courçon. Et bien Maurice Petiot n'a pas menti. On trouve chez eux 49 Alise, 49. On les où. Elles contiennent des vêtements, des souliers et du linge de toilette. Vous comptez faire vite? On compte et il y a de quoi ouvrir un magasin de fripes 1691 pièces au total.

[00:16:20]

Et donc, on ressort Maurice Petiot de sa cellule de garde à vue et on lui demande une explication.

[00:16:26]

Et il en a une. Mais ces vêtements appartiennent à des Juifs, des Juifs que nous avons aidé à quitter la France et ils n'ont pas pu les emporter. Alors nous les avons stockés chez les Noirs en attendant leur retour après la guerre. Sur le papier, pourquoi pas? Mais est ce que ça ne serait pas plutôt les bagages des cadavres retrouvés chez le docteur? C'est plus probable. Et donc Georgette petiots et le couple Zahlen sont inculpés pour recel et Maurice petiots pour complicité d'assassinat.

[00:16:59]

Et ils filent tous les quatre à la prison de la Santé.

[00:17:08]

Dans ce début d'enquête en pleine occupation allemande, le commissaire Massu notait le marche sur des œufs en tant que commissaire de police. Il est censé collaborer avec l'occupant allemand. Et donc, si, comme le dit Maurice Petiots, le bon docteur a aidé des Juifs à fuir, il est censé le dénoncer à la Gestapo. Mais en même temps, on est dans une période particulière. On est au printemps 1944. Ça sent la fin de la guerre. On parle d'un débarquement imminent des Américains, alors on inverse si peu à dépouiller des Juifs s'il en a tué 27.

[00:17:43]

C'est le pire des collabos. Et donc, il est urgent de savoir si le docteur Petiot est un résistant. Oui ou non? Est ce que c'était un passeur? Eh bien oui, oui! Le docteur Petiot a bien été passeur et ça complique sacrément la donne. En mai 1943, il a été arrêté par la Gestapo pour avoir aidé des Juifs à fuir. En vérité, il est tombé dans un piège en mars 43. Les Allemands font volontairement sortir un prisonnier juif du camp de Compiègne.

[00:18:17]

Un certain Yvan Dreyfus. Et ils le filoche pendant des jours et des jours, jusqu'à ce qu'ils prennent contact avec un passeur pour fuir la France. Et le 19 mai 1943, il le voit prendre contact avec un certain docteur Regen. Là, ils veulent l'arrêter. Mais le docteur et son client réussissent à s'enfuir. Ils vont mettre deux mois à le retrouver. Ils arrêtent le docteur Eugène en mai 43 et ils découvrent que son vrai nom, c'est Marcel Petiot.

[00:18:55]

Et donc Petiots est arrêté par la Gestapo et jeté en prison. Il est interrogé et torturé. Il reconnaît qu'il fait partie d'un réseau qui envoie des juifs en Argentine, mais il dit qu'il n'est qu'un tout petit maillon. La Gestapo perquisitionne chez lui. Elle ne trouve rien, rien de compromettant. Elle le garde pendant plusieurs mois et en l'absence de preuves, elle le libère. Donc, Maurice Petiot ne ment pas quand il dit que son frère est un passeur de juifs.

[00:19:26]

Incroyable rebondissement parce que si ça se trouve, les 27 cadavres retrouvés chez lui, ce sont des Allemands. Ce sont de méchants occupants et comme plus l'enquête avance, plus on s'approche de la libération. Bien, ça change tout. Si ça se trouve, ça peut. C'est un héros.

[00:19:47]

Et arrive la libération. Les Américains débarquent en juin et en août 1944, Paris est libéré. Et dans l'enquête sur les 27 cadavres de la rue Lesueur, c'est un changement complet de perspective pour commencer. Le commissaire Massu est considéré comme un collabo et donc on lui retire l'enquête et on le jette en prison. Et on confie le dossier à un autre commissaire venu tout droit de la résistance. Le commissaire Henri Soutif, bien content de récupérer une grosse affaire comme celle là, Soutif se dit Si j'arrive à arrêter Petiot, je suis une vedette, je prends du galon et donc l'arrestation de Petiot devient sa priorité.

[00:20:29]

Il va lui tendre un piège. Il va le provoquer. Il fait publier dans le journal Résistance à la une un article dont le titre est petiots Soldats du rail. Il accuse petiots d'être un collabo et il attend en se disant ça va le blesser, il va bouger et c'est finement joué parce que petiots, réagit en octobre 44. Il envoie au journal un démenti. Non, je ne suis pas collabo, je suis résistant. Mon pseudo dans la résistance était numéro 46.

[00:21:09]

Et d'ailleurs, aujourd'hui encore, je suis officier chez les FFJ. Ah bon? Eh bien, vérifions le commissaire Soutif et envoyé une copie de la lettre à toutes les casernes tenues par les F.F.I. En région parisienne. Pourquoi en région parisienne seulement? Eh bien, parce que le journal Résistance n'est diffusé qu'à Paris et petiots a réagi très vite qu'il est donc dans le coin. Il n'est pas très loin, le commissaire de Mandos et fait fi de comparer l'écriture de la lettre de petiots à celle de leurs officiers.

[00:21:44]

Et ça marche. Une caserne de Saint-Mandé signale qu'elle a un officier qui a la même écriture et qui s'appelle le docteur François. 20Heures Val Soutif Envoie voit tout de suite ses hommes, l'arrêtait. Il tombe sur un barbu qui utilise des faux papiers. Et c'est le docteur Marcel Petiot. Sept mois et demi après la découverte des 27 cadavres de la rue, Le Sueur petiots est arrêté et tout de suite, il est interrogé par le commissaire Soutif en personne.

[00:22:15]

Et qu'est ce qu'il dit? Cela fait six mois que je sers la France comme il s'est vérifié. J'ai même personnellement participé à la libération de Paris. Et le pire, c'est que c'est vrai. Des témoins diront qu'ils l'ont vu sur les barricades. Il dit aussi qu'il y a un mois, il a été nommé commissaire instructeur chargé de l'épuration à la caserne de Reuilly, dans le 12e arrondissement. Et ça aussi, c'est vrai. Mais il prétend aussi avoir fait partie d'un réseau de résistance, mais parfaitement.

[00:22:49]

Mon réseau s'appelait Fly Tox.

[00:22:51]

Et là, on vérifie. Et là, il ment. Il n'y a jamais eu de réseau. Fly Tox, donc petiots est résistant, mais dans la dernière heure, oh, il n'est pas le seul. En octobre 44, on trouve des résistants à tous les coins de rue. Sauf que lui prétend qu'il a toujours été résistant pendant toute la guerre. Et ça, il n'en n'apporte aucune preuve.

[00:23:13]

Donnez nous des noms de personnes qui peuvent attester que vous étiez dans la résistance.

[00:23:17]

Monsieur Petiot, il est incapable d'en donner un seul.

[00:23:27]

Là dessus, on est dans une drôle de période, la France laver son linge sale et le commissaire Soutif est maintenant accusé d'avoir été collabo lui aussi, et donc on lui retire le dossier Petiot et on confie le dossier à un troisième commissaire. Le commissaire Pineaux et le procureur désignent un juge d'instruction, le juge Coletti, qui, d'emblée, considère que Petiot n'était pas résistant et il se met en tête de le prouver. Et pour cela, il organise ce qu'on appelle l'exposition petiots dans les locaux de la police judiciaire.

[00:24:00]

Il fait exposer le contenu des 49 valises retrouvées à Courçon et il demande aux familles de tous les disparus de la guerre de venir voir si, par hasard, ils ne reconnaissent pas un vêtement ou une paire de chaussures. L'exposition s'ouvre le 10 novembre 1944.

[00:24:18]

Elle attire les foules. Les gens, pensez vous, sont très excités par toute cette histoire.

[00:24:24]

Une couturière, notamment, est là, qui reconnaît l'une de ses robes. Mais je suis certaine que c'est moi qui l'ai faite. Cette robe. Et pour qui? Vous vous en souvenez? Ah oui, bien sûr. Et d'ailleurs, je ne l'ai pas revu depuis. Elle a disparu. Elle s'appelait Paulette. Grippées. Et de haine. Et ce n'est pas fini. Moi, je suis absolument formel, ce costume appartenait à mon mari. Et comment s'appelait votre mari Joachim deChine?

[00:25:01]

Et là, il y a un petit problème, monsieur Petiot Joachim Guiheneuf, qui a disparu, était juif d'origine polonaise.

[00:25:10]

Il était fourreur rue Caumartin, tout près de chez vous. Le juge se frotte les mains. Le masque vient de tomber et Mme Gucci innove, raconte comment son mari et le docteur se sont rencontrés. Eh bien, c'était en janvier 1942, au moment où vous savez où cette loi nous a contraints d'afficher sur notre vitrine que nous étions juifs.

[00:25:32]

Mon mari est allé voir le docteur pour qu'il nous aide à nous enfuir et il lui a versé 25 mille francs et je me souviens, il lui a demandé d'emporter avec lui le plus possible de valeur. Il est allé au rendez vous le 2 janvier. Il était convenu que je le rejoigne plus tard en Argentine. N'ai jamais revu. Mais. Et là, on se dit qu'il les a tuer tous pour les volets, car dans les valises, on n'a retrouvé que des vêtements.

[00:26:06]

Il n'y a pas d'argent, il n'y a pas de bijoux et il n'a pas tué que des juifs. D'ailleurs, il a aussi tué pour les voler tout un tas de truands, de collabos qui avaient détrousser des juifs et qui cherchaient à fuir pour aller planquer leur magot. L'argent, c'était ça son mobile amassé accumuler, stocker le maximum d'argent. Et d'ailleurs, on s'aperçoit qu'avant l'occupation, le docteur Petiot, déjà, ne songeait qu'à s'enrichir. Il vendait des ordonnances de morphine à des toxicomanes.

[00:26:48]

Et donc petiots à la lumière de tous ces éléments et réinterroger en pure perte. Je n'ai plus rien à vous dire. Je vous ai déjà du tout lors de mon premier interrogatoire. J'étais résistant pendant toute la guerre et tout le reste n'est que conjectures. N'est ce pas? A un moment, le juge le confronte à madame Gucci Nof, Salò, vous avez tué mon mari. Mais non, madame, vous lisez trop les journaux et donc on le ramène en prison, la prison où il s'est mise à écrire un livre, figurez vous.

[00:27:23]

Pas du tout sur son affaire, ni sur les accusations qui pèsent sur lui. Non, un livre sur la probabilité dans les jeux de hasard, un délire. En vérité, il n'y a qu'à lire la première page. Les recherches ont été exécutées par le docteur Regen, ex-chef du groupe de résistance Fly Tox, et les erreurs dans les opérations ont été commises par le docteur Marcel Petiot. Et la suite est du même tonneau. Ceci est un livre sérieux que j'ai composé pour m'amuser, car je suis un de ces vicieux que le travail amuse.

[00:27:55]

Tant mieux si vous le lisez sérieusement, il vous amusera. Je vais vous apprendre à gagner au jeu, dit mensongèrement de hasard.

[00:28:08]

C'est un livre complètement délirant dont il est impossible de suivre le fil. Et c'est normal, il ne s'est jamais lui même à donner au jeu et il n'est pas non plus mathématicien, ni de près ni de loin. Ce livre est une divagation et ça ouvre une hypothèse. Est ce que le docteur Petiot ne serait pas fou? Ce qui est amusant, c'est qu'à la fin du livre, il s'amuse lui même de cette idée. Je tiens, pour vous rassurer, à vous informer que trois experts m'ont reconnu sain d'esprit.

[00:28:39]

Mais comme ceux ci se sont expressément refusés à me laisser examiner le leur desprix. Je ne sais pas si l'on peut tenir le moindre compte de leur appréciation. Délire total. Et le pire, c'est que depuis sa prison, il le fait imprimer ce livre à compte d'auteur et il le met en vente.

[00:29:08]

À part ça, le juge Coletti estime qu'il est arrivé au bout de son enquête. Il annonce que son instruction est close et il demande le renvoi du docteur Petiot devant les assises. Seul au début, il avait songé, souvenez vous. Aussi, devant les assises, sa femme ne Hazen et surtout son frère Maurice Morize, qui livre à la chaux vive Morize qui emporte les valises. Eh bien, il y a finalement renoncé. Il a délivré en leur faveur une ordonnance de non-lieu.

[00:29:38]

Et donc, on jugera Petiot et Rignac petiots pour homicide volontaire ou plus rien commis avec préméditation, tapant avec pour objet la soustraction frauduleuse de vêtements, d'objets personnels, de papiers d'identité et d'une partie de la fortune des victimes. Alors, avant d'aller nous installer dans quelques instants sur les bancs de la cour d'assises de la Seine pour assister à son procès. Deux ou trois remarques tout de même dans le dossier du juge Goretti, il y a d'étranges lacunes. Comment Marcel Petiot a t il tué tous ces gens?

[00:30:14]

Et bien, on n'en sait rien. Les autopsies n'ont pas permis de le dire et lui ne l'a pas dit non plus. On se dit que, peut être, il les a droguées sous prétexte de les envoyer à l'étranger. Il leur a fait un vaccin. Peut être une overdose de morphine, mais c'est une pure supputation. Pour le défendre devant la cour d'assises, petiots a embauché le meilleur avocat de Paris, maître René Fleuriot. La date du procès est fixée.

[00:30:41]

Il aura lieu le 18 mars 1946 et plus la date approche, plus La Presse s'en délecte. Je vous lis quelques titres Le docteur Petiot, Hitler clandestin, le docteur Petiot Landru, 1946. Le matin du procès, un jeune chroniqueur de la radio télévision française qui s'appelle Frédéric Potières, fait monter la pression.

[00:31:04]

N'ayons pas peur des mots bon marché. Tout le monde l'appelle, s'accusaient, triomphales, chaumontois, croquant soigneusement Čačak. La vérité, c'est qu'il a l'air costume croisé, nœud papillon ou le cheveu hirsute. D'emblée, il fait son numéro. Je ne suis pas le seul médecin à avoir tué des patients ou encore visant les magistrats qui accuse.

[00:32:12]

Peut être que j'ai les mains sales, voyez vous, mais moi, je n'ai pas prêté serment au maréchal Pétain. Et à la pause, figurez vous, il se trouve des gens dans le public pour venir lui faire dédicacer son livre, son livre de fou. Ce n'est plus un procès, c'est guignol.

[00:32:41]

Au deuxième jour d'audience, il continue son numéro. Vous me dites que j'ai tué 27 personnes, mais c'est faux.

[00:32:49]

J'en ai tué 63, tous traîtres à la France, collabo et nazis. Dans la foulée, on s'interroge sur sa santé mentale en rappelant un épisode qui est antérieur à la guerre. En avril 36, Marcel Petiot vole un livre à la librairie Gibert, boulevard Saint-Michel. Il se fait pincer et ses propos sont tellement fous. Il prétend notamment avoir inventé une machine qui fait des miracles contre la constipation qu'on le met à l'asile, à l'asile d'aliénés. Il y passe six mois et ce n'est pas le seul épisode qui fait douter de son équilibre mental.

[00:33:25]

On raconte devant la cour d'assises qu'en 1914, il a 17 ans. Il vole tout le courrier d'une boîte aux lettres. Deux cents lettres, on le montre à des psychiatres. Il le trouve aussi perturbé et nerveux. Et il le déclare Écoutez bien. Irresponsable pénalement, il n'a donc pas été jugé. Autre épisode qui fait douter de sa santé mentale. En 1917, Marcel Petiot a 20 ans. Il se bat dans les rangs de l'armée française. Quand il rentre, il est examiné par des psychiatres.

[00:33:58]

Ils établissent qu'il souffre de neurasthénie, de dépression et de mélancolie. Et à ce titre, il obtient une pension d'invalidité.

[00:34:10]

Mais vous allez me dire si les vous, comment est ce qu'il a décroché son diplôme de médecin? La question est posée pendant le procès et la réponse est terrible pour tous ceux qui ont été ses patients quand il est rentré de la guerre de 14. Marcel Petiot a bénéficié d'une procédure accélérée pour les anciens combattants. Il est devenu médecin en trois ans seulement. Et donc, petiots est il fou, aliénées, comme on disait à l'époque? On fait venir des psychiatres à la barre naturellement, et ils reconnaissent ses antécédents psychiatriques.

[00:34:45]

Mais eux, ils le déclarent responsable de ses actes. Le procès peut se poursuivre.

[00:35:06]

Par ça, on en apprend des belles. Pendant ce procès, on apprend que par deux fois, au début des années 30, Marcel Petiot a déjà été soupçonné de meurtre une première fois sur sa bonne, qu'il avait mise enceinte et une deuxième fois sur l'une de ses patientes. Mais par deux fois, il a obtenu un non-lieu. Et lui, que fait il? Dans son box, pendant qu'on parle de lui, pendant qu'on raconte ses exploits et Bridor, figurez vous, il dort à poings fermés.

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La scène devient grotesque quand son avocat lui même, maître Fleuriot, s'endort lui aussi en pleine audience. Ce procès est décidément un cirque.

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On arrive à la fin et l'avocat général entame sa plaidoirie. En présence d'un drame aussi effroyable. Je ne peux, en abordant ce débat, dominé un sentiment d'horreur. Jamais, en effet, affaire aussi tragique ne fut soumise aux délibérations d'une cour d'assises dans toutes les périodes de sa vie. Petiot a su se faire passer pour un démon, pour un déséquilibré. Il n'est rien de tout cela. Il est un simulateur et un homme dénué de tout sens moral, petiots.

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Vous êtes un assassin sadique. Vous êtes un cambrioleur odieux. Voilà ce que vous êtes. Alors que la justice suive son cours et que petiots aille bientôt retrouver ses victimes. Il est 15 heures, la parole est à mettre Florio. Avocat de la défense et il a fort à faire petiots, qui n'a rien reconnu, ne lui laisse pas d'autre choix que de plaider l'acquittement. Sa plaidoirie a duré presque sept heures. Qu'il ne soit pas comme les autres, qu'il ait un tempérament, qu'il ne soit pas comme le nôtre, c'est entendu qu'il ne soit pas normal, je vous le concède, mais ne me dites pas que c'est un assassin.

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Je remets petiots entre vos mains. Je suis certain que vous répondrez non à toutes les questions qui vous seront posées. A neuf heures et demie du soir, les jurés se retire pour délibérer et ils reviennent. A minuit. L'audience est reprise. Monsieur Marcel Petiot. La Cour vous condamne à la peine de mort. Le 25 mai 1946, Marcel Petiot est réveillé à 4 heures et demie du matin. On lui propose un dernier verre de rhum. Il refuse.

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On lui propose une dernière cigarette. Il l'accepte, il la fume. On le conduit dans la cour d'honneur de la prison de la Santé. Son avocat, Maître Fleuriot, est là, ainsi que le président de la cour d'assises et, bien sûr, le bourreau des fourneaux. Avant de monter sur l'échafaud, le duo se penche à l'oreille de son avocat. J'aimerais que vous gardez un bon souvenir de moi. Ne regardez pas, ça ne va pas être beau.

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Ce seront ses derniers mots petiots est ensuite enterré au cimetière d'Ivry, dans le carré des suppliciés. Il n'a droit ni à une stèle ni à une croix. Et n'allez pas le chercher là bas aujourd'hui. Ces ossements n'y sont plus. A une dernière chose on n'a jamais retrouvé le butin du docteur Petiot. Tout ce qu'il a volé à ses victimes? Jamais.

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Je profite de l'occasion pour vous conseiller un très bon livre sur l'affaire petiots, dont j'ai tiré pas mal d'informations. L'effrayant docteur Petiot de Claude Quétel chez Perrin. Et pour une vision historique plus complète, je vous renvoie à l'excellente émission de Franck Ferrand sur France 3, il y a quelques années. L'ombre d'un doute.

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