Transcribe your podcast
[00:00:04]

Christophe Hondelatte. Voici l'histoire parfaitement ordinaire et donc parfaitement exemplaire d'un migrant, un jeune Afghan qui s'appelle Safy Mohammad et qui raconte dans un livre les 70 jours du périple de 10 000 km qui l'a mené de son village, pas loin de Kaboul jusqu'à Marseille, en France. Ce livre s'appelle Exil ordinaire d'un jeune Afghan et sa fille l'a écrit avec Giovanni Preavis Terras. Il paraît aux éditions Henry d'Ogier. J'ai écrit ce récit avec Toute duelle de Dieu le veut. Réalisation Céline Debroise.

[00:00:41]

Christophe Hondelatte. Je m'appelle Safi Mohammad, je suis né en 1991 à Manna, un village de 1000 habitants à 100 km au nord de Kaboul. Je suis pachtoune, c'est l'ethnie majoritaire en Afghanistan. Mes parents sont paysans. On a une petite parcelle, on cultive principalement du blé et de l'orge, et on a aussi quelques moutons dans le troupeau de la communauté villageoise. J'ai trois ans quand, en octobre 1994, les talibans commencent à mettre la main sur notre pays et toute mon enfance est marquée par eux par leur interdiction la télé, la musique, la danse, le sport et l'école.

[00:01:27]

l'École est interdite. Il n'y a que l'école coranique. Les instituteurs d'avant sont renvoyés chez eux et moi, je me suis privé d'école jusqu'à mes 11 ans.

[00:01:43]

Dans mon petit village, les talibans nous rendent visite une ou deux fois par mois. Ils arrivent à deux ou trois, ils fouillent les maisons, ils cherchent des armes et s'ils en trouvent, ils les confisquent et ils ont mon père à l'oeil. Il était membre du parti du commandant Massoud. Leurs ennemis? Et puis, il y a les attentats du 11 septembre et l'arrivée des Américains. Les talibans passent à la clandestinité et 11 ans et je peux donc enfin aller à l'école le matin.

[00:02:18]

L'après midi, j'aide mes parents dans les champs, j'apprends à lire, à écrire, à compter et aussi quelques rudiments de l'histoire et de la culture afghane. Je reste à l'école jusqu'à mes 18 ans. Et puis, en 2012, à l'âge de 20 ans, je passe un entretien pour rentrer dans la police pour sécuriser mon village. Les talibans ne sont plus au pouvoir, mais ils ne sont pas loin. Et donc, à partir de janvier 2013, je commence à travailler dans la police locale et comme on coopère avec l'armée américaine pour les talibans, je deviens un infidèle au service de l'ennemi et je participe à plusieurs opérations avec quatre opérations au total.

[00:03:08]

Quand les Américains et les autres armées étrangères quittent l'Afghanistan en 2014, les talibans reprennent du poil de la bête et d'autres groupes terroristes, notamment Daesh, font surface. Et là, je reçois une première lettre des talibans. Vous devez quitter votre travail dans la police et rejoindre les rangs des talibans sous peine de représailles. S'étonne l'ultimatum. Mais je l'ignore. Quelques semaines plus tard, une nuit vers 2 heures du matin, une voiture s'approche de notre maison, tous feux éteints, et je me réveille en sursaut.

[00:03:51]

J'entends ma mère pousser un cri sourd. Je comprends tout de suite. Les talibans viennent de tuer mon père. Et moi, pendant des semaines, je me sens coupable de n'avoir rien fait, mais je dormais. La vérité, c'est que je dormais. Je n'ai rien pu faire. Et quelques semaines plus tard, je reçois une deuxième lettre. Vous n'avez pas pris le premier avertissement sérieux, nous ne plaisante on pas? Et là, ma mère était inquiète pour moi.

[00:04:39]

Tu dois quitter le village, tu n'as pas d'autre solution, ça fait. Tutorats a des réfugiés à l'étranger. Les talibans ne sont pas humains. C'est le diable qui les guide.

[00:05:02]

Partir abandonner ma famille, je suis l'aîné, l'aîné d'une fratrie de six, mon père vient de mourir. Mon rôle est de prendre le relais, mais ma mère insiste. Et petit à petit, ça fait son chemin dans ma tête. Même si la vérité, c'est qu'en Afghanistan, tout le monde. Tout le monde y pense et migrés. Mais quand ça se concrétise, quand ça devient réel. C'est pas évident. Je commence par aller prendre conseil auprès de mes amis.

[00:05:42]

Ans en Europe, sa fille, bien sûr, l'Iran et la Turquie ne pas loin, mais elle quitte à partir pars en Europe. T'auras plus d'opportunités. Là bas, on en rêve tous de l'Europe. Va en Europe. Alors, un matin, je saute le pas dans un état second, je fais mon sac, je dis au revoir à ma mère, à mes frères, à mes sœurs, à mes amis et je monte dans un minibus pour cabots avec Armadas, un très bon ami qui connaît un passeur là bas.

[00:06:15]

Quatre heures plus tard, la camionnette nous dépose à Kaboul. Le passeur travaille dans un bureau de change. On y va tout droit. Il s'appelle Caer. Bonjour, car voilà, je t'explique la situation. Les talibans sont après mon amie qui est là, il doit partir en Europe et vite, et il veut voyager dans les meilleures conditions. Alors quel est ton prix et quel trajet tu proposes? Et surtout, quand est ce qu'il peut partir? C'est un dur que je suis plus cher que d'autres, mais avec moi, tu verras, ça sera une promenade de santé.

[00:06:58]

Je connais beaucoup de monde en Iran, en Turquie, en Bulgarie. Alors Lobry, c'est 9500 dollars. C'est à dire? J'ai un cousin qui est déjà parti là bas et il m'a dit que le voyage était infernal et qu'ils se sont fait arrêter et qu'ils ont été renvoyés en Afghanistan. Romeu, c'est qu'ils ont pris un passeur de pacotille. Ma parole, mon garçon est une parole de Pachtoun et moi, confiance. Je suis cher, je sais, mais tu payes la qualité.

[00:07:37]

Et moi, je le crois. Mais il faut négocier parce que 9500 dollars.

[00:07:42]

Moi qui gagne l'équivalent de 170 dollars par mois, il y a des passeurs qui demandent 6000 dollars. Mais à ce prix là, t'es pas sûr d'arriver. Ils vont te faire passer par la Grèce et tu auras traverser la mer. Et comme l'Afghanistan est un pays sans Merbah, les Afghans ne savent pas nager boiler puisqu'on se connait, je veux bien de faire un rabais 9000 dollars. Je ne suis pas riche, mais si t'es d'accord pour 7500 dollars jeux, je paierai assez rapidement à mon garçon.

[00:08:21]

Je descendrait pas en dessous de 8 000 100 dollars, la moitié en cash. L'autre moitié, quand tu arrives en Europe, tu l'enverra par ta famille. Sachant évidemment que si la famille ne paye pas, elle sera persécutée, traquée, voire tuée. On finit par se mettre d'accord pour huit mille dollars. Et maintenant, il ne me reste plus qu'à trouver cet argent. Il me faut quatre mille dollars pour partir.

[00:08:52]

J'ai un peu d'argent de côté que j'avais épargné en vue d'un éventuel mariage. Le reste, je dois l'emprunter. Ça me prend deux mois. Un ancien voisin de mes parents qui a ouvert une grande boutique de tissus à Kaboul il y a un an et demi, me prête une bonne partie de la somme. Ma mère me prête un peu de l'argent que mon père nous a laissé. Et puis, on vend quelques unes de nos bêtes. Et puis des amis.

[00:09:16]

Une quinzaine de personnes au total me prêtent un peu d'argent. Et quand j'ai, les quatre mille dollars pleuvaient tout de suite, payait le passeur. Et ils m'appellent le soir même. Thomas. Notre numéro de téléphone, les trois Roccat à appeler donneront des informations. On se retrouve deux jours plus tard à la gare routière de Kaboul. Mon sac à dos, j'ai trois pantalons, une veste, quelques vêtements, une paire de chaussures et un peu de nourriture.

[00:09:56]

Nous montons dans un bus, direction la province de Morose, anime Rose. On attend deux jours dans une auberge. Et puis un soir, on est près de 50. On monte dans trois pick up, entassés comme des chiens et on roule deux heures.

[00:10:15]

Tout le monde descend et on continue à pied dans la nuit et à l'aube, j'aperçois la barrière qui marque la frontière avec l'Iran. Et là, les trois passeurs qui nous accompagnent déterre des pinces qu'ils avaient enterrés là. Ils se mettent à faire un trou dans le grillage et on passe beaucoup plus facilement que je ne l'imaginais. Nos passeurs sont repartis, ils nous ont confiés à des Iraniens beaucoup plus autoritaire. Quand on vous donne des ordres, il faut les exécuter.

[00:10:54]

D'accord. Si la police arrête, vous vous ferez tabasser et ramener chez vous. Dans ce cas là, on ne pourra plus rien faire et il faut encore marcher et marcher. Je commence à avoir mal aux pieds. Et puis 4. Pickeu Paris On monte à 12 par voiture et dans un nuage de sable, on se met à rouler à 100 km heure jusqu'à un petit village et une grande maison abandonnée. Et là, on attend, affamés, apeurés.

[00:11:39]

Un pickup. Et puis des heures et des heures de marche. Et puis des taxis de vieux tacot. Et puis un bus. Et nous voilà à Téhéran. Ça fait dix jours que j'ai quitté mon village. Il faut absolument que je parle à ma mère, que je la rassure. Alors j'appelle mon ami Armanet qui court chez ma mère pour lui donner son portable. Maman, maman, c'est moi, c'est sa vie. On n'a pas parlé longtemps, mais ça nous a rassurés.

[00:12:08]

Réciproquement, il faut foncer. Il faut foncer, sinon on n'y arrivera pas. Il s'agit maintenant de passer d'Iran en Turquie, à la frontière. Un pick up arrive avec déjà cinq personnes à l'arrière. Et nous, on est 18. Alors je me précipite. À un moment, il y aura plus de place. C'est Raybaud, allez, cérébraux. Et là, le type se met à taper dans le tas avec un balai et on roule. Et ensuite, on marche.

[00:12:40]

Et au lever du jour, on arrive devant le grillage qui sépare l'Iran de la Turquie. Mais les passeurs, qui sont des Kurdes, ne le sont pas. Alors, il décide de changer de point de passage. Et c'est reparti. A un moment, je trébuche. Je me penche doucement. Je me dis ce sont des ossements d'animaux. Mais non, ce sont des squelettes d'hommes qui, comme nous, ont tenté l'aventure et qui n'ont pas eu de chance.

[00:13:10]

C'est effrayant. Vers midi, un des passeurs nous regroupe, non? Trois voitures en arriver ou devraient monter dans 30 secondes et nous attendrons pas, je vous préviens, ils vont rouler des minutes et ils vont vous déposer devant une butte. Là, vous devrez courir le plus vite possible pour franchir cette butte. De l'autre côté, vous serez en Turquie. J'ai donné tout ce que j'avais. Je suis arrivé le premier de l'autre côté. Je me suis couché.

[00:13:53]

Je suis en Turquie. Je m'approche du but. En Turquie, on est pris en charge par d'autres passeurs, encore des Kurdes. Ils nous mettent dans un bus pour Istanbul et quatre jours après, on met le cap sur la Bulgarie, prenaient tous des sacs poubelles. Il pleut beaucoup en Bulgarie. Un camion nous conduit directement à quelques kilomètres de la frontière bulgare et après, à pied. Et là, d'un coup sorti de je ne sais où arrivent deux voitures de la police.

[00:14:36]

La police bulgare. Dix policiers, dont deux qui pointent leur arme. Les passeurs ont jeté leur téléphone. C'est le seul objet qui pourrait les trahir. Ils nous fouillent. Ils nous prennent tout, tout. Une camionnette vient nous chercher et elle nous reconduit de l'autre côté de la frontière. C'est à dire en Turquie, où je me retrouve sans sac, sans téléphone, sans argent et sans ceinture.

[00:15:11]

Il m'a fallu trois tentatives pour arriver à passer en Bulgarie. C'est à dire en Europe, mais ça y est, je suis à Sofia, la capitale. Ça fait trente cinq jours que je suis sur la route.

[00:15:32]

À Sofia, je suis accueilli dans une maison par des Bulgares, un couple avec trois enfants qui arrondissent les fins de mois.

[00:15:39]

Interdiction de sortir. Et oui, on est en Europe. Si je me fais arrêter, on va prendre mes empreintes digitales et je devrais rester ici en Bulgarie. C'est comme ça que ça marche. Le règlement de Dublin, ça s'appelle. L'étape suivante, c'est la Serbie et en Serbie, je me fais passer par la police et ils prennent mes empreintes. Mais c'est sans conséquence puisque la Serbie n'est pas dans l'Union européenne et nous laisse le choix.

[00:16:14]

Vous avez la possibilité de demander l'asile ici en Serbie. Dans le cas contraire, vous avez deux semaines pour quitter le territoire. Et il nous laisse repartir. Et là, je vais tout droit à la gare routière dans l'idée de prendre le car pour Belgrade et à la gare routière. Au guichet, je tombe sur une jolie blonde, la vingtaine. You want cigarettes. Je ne fume pas, c'est dommage. Et là, il m'expliquait la wi fi dans son bureau que je peux me connecter.

[00:16:48]

Je l'ai appelé ma mère, alors elle me fait entrer dans son bureau. Et là, il y a un lavabo et des toilettes. Allez y si vous voulez, quand je sors, elle m'a fait du café, je n'en ai jamais bu du café, on boit du thé chez nous.

[00:17:08]

Cette rencontre, c'est un souvenir inoubliable. Dans mon pays, on parle pas une jeune fille aussi facilement.

[00:17:20]

J'ai pu parler avec ma mère par Facebook en vidéo.

[00:17:29]

Mme. Pas de recette, tu manges bien. Tout va bien, maman, tout va bien. J'ai passé le plus dur. Tu sais, je suis là en Europe. Ici, tout sera plus simple. Au 55ème jour de mon périple. Je franchis la frontière avec l'Autriche et me voilà à Vienne et j'ai faim. Je cherche un endroit pour manger et là arrive une voiture de police. Ils nous demandent notre nom. Je pourrais mentir, mais je donne le vrai parce que je suis résigné.

[00:18:11]

Je voulais aller en Europe, j'y suis. Pourquoi pas l'Autriche? Je suis dans un pays riche. Un pays moderne. Pourquoi ne pas rester là? Et je me retrouve en prison est la condition pour sortir, c'est de demander l'asile. Nom, prénom, âge, pays d'origine. Ils prennent maison, empreintes et au bout de 6 jours, ils nous emmènent tous dans un camp. Et là, ils me donnent une carte avec un numéro à deux chiffres.

[00:18:45]

Et mon nom? Je suis officiellement résident du Réfugies Cap de Vienne. Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais mon arrivée en Europe, mais je suis l'Ebre.

[00:19:07]

Dans ce camp, on est plus de 5 000 réfugiés pour 4000 places, pour dormir, pour manger, pour se doucher, c'est compliqué. Faut batailler, mais au moins, ça occupe nos journées. Le deuxième jour, je veux sortir, aller voir le centre ville de Vienne commencer à découvrir ce pays où je vais vivre. Mais je bute sur des policiers. On ne peut pas sortir comme ça. Il faut une permission. Je suis rincé. Je suis coincé dans ce camp gris et bétonné.

[00:19:37]

Le quatrième jour, après une visite médicale, je peux enfin sortir pour aller dans le centre de Vienne. Il y en a pour deux heures de marche, alors je me mets en marche et plus j'avance, plus je me dis je ne parle pas allemand, je connais pas du tout les lieux. Toutes les routes se ressemblent. Je vais me perdre et là, je sens monter comme une angoisse et je fais de mythos et je rentre au camp. Je ne vais pas rester ici, je vais reprendre la route.

[00:20:12]

l'Europe dont je rêvais dans mon village, c'était pas l'Autriche, c'est l'Italie, c'est l'Angleterre, c'est la France. Alors le lendemain, j'achète un billet de train pour Milan. Ça fait 67 jours que je suis parti, je dors tout le voyage et j'arrive à Milan à 9 heures du matin. Que c'est beau la gare, la cathédrale et la langue. La langue italienne à l'oreille, c'est très joli. J'aurais bien goûter un plat italien, mais mes compagnons veulent un plat de chez nous.

[00:20:53]

Alors, on se rabat sur un snack pakistanais. Le patron est un Pachtoune. Il est là depuis des années. Bon, en Italie, c'est bien facilement des papiers. Mais pour le travail, il n'y en a pas trop. Il ferait mieux d'aller en France. Mais attention à Vintimille, passer la frontière, c'est pas facile. Et donc, je vais à la gare et j'achète un billet pour la frontière pour Vintimille.

[00:21:27]

Arrivée à Vintimille, j'achète immédiatement un billet pour Nice, en France, mais la frontière est fermée.

[00:21:35]

Alors, je sors de la gare et je tombe sur un camp de la Croix-Rouge. Je passe la nuit à mal dormir sous la tente. Et le lendemain, je décide de tenter ma chance avec un Pakistanais rencontré dans le hall de la gare et lui l'a imité. Écoute mon idée, on va s'acheter chacun un journal. Ici, il y a un contrôle et on fera semblant de le lire. Mais attention, faudra pas que je mette côte à côte.

[00:22:02]

Le train arrive, on grimpe dans un wagon et quelques minutes plus tard, le train s'arrête et la police française monte. Et un policier français se dirige droit vers moi. Passeport. Et il me sort du train et il me fouille et il me renvoie en Italie. Mais j'ai servi de diversion et mon copain a pu passer, donc c'est faisable. Je retente ma chance. Trois jours plus tard, avec quatre autres Afghans, le train s'arrête. La police monte et une heure plus tard, je suis à Cannes.

[00:22:44]

Je vais pour sortir de la gare. Et là, je bute sur un mur de policiers et je me fais arrêter par trois gendarmes. Et quand ils me fouillent, ils trouvent mon billet de train Vintimille, Gand. J'aurais dû le jeter. Du coup, il me confie à la police italienne. Les policiers italiens me font monter dans une voiture en route pour la frontière. Mais sur l'autoroute, ils s'arrêtent à la sortie de Roquebrune-Cap-Martin. Vous n'avez qu'à descendre là, Vintimille.

[00:23:18]

J'ai à quelques kilomètres, mais là, vous êtes en France. Alors faites comme vous, comme vous voulez quoi? Ça les arrange.

[00:23:26]

Les Italiens, qu'on ne rentre pas en Italie. Mais il fait nuit où aller? J'hésite. Et finalement, moi et les autres, on retourne à Vintimille.

[00:23:44]

Jamais deux sans trois, j'ai compris le système. Il suffit d'insister pour que ça marche. Alors le lendemain, avec deux compères, je rachète un billet pour Nice. La police monte dans le train, mais cette fois là, elle me laisse passer. Et années, je sors de la gare sans problème. Mes compagnons de voyage veulent poursuivre vers Paris, mais le billet de train pour Paris est trop cher pour moi. Mon écoute Sarris, si tu veux pas venir avec nous à Paris.

[00:24:15]

Moi à Marseille, appelle ce numéro. C'est un ami d'enfance. Tu lui dira que tu n'en a pas. Tu verras, il a un appartement. Il est très hospitalier, il hébergera. MARSEILLE Je ne sais pas trop où serait dans ma tête, c'est plus loin que Paris. Alors je vais aux guichets. Billet pour Marseille, svp? Oui, ce sera 34 euros.

[00:24:46]

34 euros, mais c'est beaucoup moins cher que Paris, donc c'est moins loin et deux heures de train plus tard. J'arrive à la gare Saint-Charles de Marseille. Je sors sur le parvis. Je me plante en haut des grands escaliers. Je regarde la ville. On est le 24 juin 2015.

[00:25:09]

Ma nouvelle vie commence ici et maintenant. J'ai tiré cette histoire du livre de sa fille Mohammad et de Giovanni Privateur, un exil ordinaire d'un jeune Afghan qui paraît aux éditions Atelier Henry Dauger.

[00:25:38]

Des centaines d'histoires disponibles sur vos plates formes d'écoute et sur Europe1.fr.