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La seconde Christophe Hondelatte, si vous n'avez jamais compris pourquoi Gérard Depardieu est un peu brut de décoffrage, alors je vous conseille d'écouter son histoire. Vous allez tout comprendre, tout et tout lui pardonner. Sans doute, je vais vous raconter son enfance à Châteauroux jusqu'à ses débuts au théâtre et au cinéma. Un récit que je tire directement de ses mémoires, publié chez IXO et aujourd'hui au Livre de poche. Ça s'est fait comme ça. La réalisation est de Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Quand j'avais 2 ou 3 ans, ma mère me disait en me caressant la tête avec amour avec un mot robot dire qu'on a failli tuer toi Roland. Leur dire qu'ils devait être Souilah. Heureusement qu'il est venu, igbos mignon.

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Oui, elle m'a raconté tout ça. La Villette, les aiguilles à tricoter, les queues de cerises, tous ces machins, son troisième enfant qu'elle ne voulait pas. C'est moi, Jira.

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Une fois que les contractions sont venues et puis que je suis sortie, il n'y avait plus de rancune. Ils m'ont aimée à leur façon, à leur manière, sans occulter ni les chagrins, ni les peurs, ni la honte. Les aiguilles à tricoter? Ça ne veut pas dire que tout ça a fait de moi quelqu'un de malheureux. Non, pas du tout. Mais ça a fait de moi quelqu'un qui est à l'affut de la vie. On habitait devant l'école, le quartier de L'homme, l'on à Château un deux pièces les uns sur les autres, une baraque où ça pue, le pot aux putain que ça bué, on ne l'avait pas.

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On se laver une fois par semaine.

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Chez nous, on disait pas bonjour. Jamais personne ne disait bonjour à personne. C'était comme ça, la vie. Tu l'apprenait en la regardant. Pas d'homos, jamais la vie. Tu l'apprenait en voyant dans la cuvette verte le vomi. Dédé, mon père qui rentrait librement quand il n'avait pas vomi dans la rue. Et tu l'apprenez quand tu voyais ma mère Lillet, toujours enceinte, qui se taper sur le ventre. Tout l'apprenez par les coups, les cris, les poignées de cheveux.

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Le DD René Depardieu mon père est né en 1923 à Mon Chevrier, un village berrichon de 400 habitants, puisqu'il a fréquenté un peu l'école. En tout cas, il n'a jamais su ni lire, ni écrire, ni jamais non plus.

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Trop parler Brunhoff. Borlon. Une forme de grognement qui ne débouchée jamais sur aucune phrase. Lillet, ma mère. L'image qui me vient, c'est celle d'une vache. Quand je pense à elle, je la vois en vache, les mamelles gonflées, le lait, le ventre énorme. Moi, je ne l'ai pratiquement connue que grosses enceintes, avec dans le regard cette résignation, ce fatalisme que l'on croise dans le doux regard des vaches laitières. En 45, tu met au monde Alain, l'aîné.

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En 47. Hélène, 24 ans, déjà deux enfants. Et c'est bien pourquoi tu ne veux pas de troisième. D'autant qu'en même temps qu'elle se découvre enceinte de moi, la l'Ilec découvre un secret qui lui klass le cœur. Son père est devenu l'amant de la mère du DD. Les deux vieux baise comme deux jeunes amants à quelques pas de chez nous. Ils sont en train de saloper son histoire d'amour. Elle a failli s'enfuir et quitter son Rohner pour trouver la paix ailleurs.

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C'était ça. Des aiguilles à tricoter. C'était l'envie de fuir. Seigneur, faites que ce troisième enfant ne vienne jamais que je puisse partir. Et moi, en naissant. Eh bien, j'ai volé les jambes de ma mère. Je l'ai empêchée de partir. Je l'ai condamnée à la résignation. Il faut quand même que je vous dise que pour moi, ma lettre n'a pas toujours été qu'une vache. On a eu quelques mois d'un bonheur insouciant. J'ai 5 6 ans.

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Elle m'assois à l'arrière de sa bicyclette et nous partons aux provisions. Il fait beau. Elle pédale dans une robe légère sous le soleil du printemps. Je l'entends chantonner et à ce moment là, elle est heureuse de vivre et je suis sûre que j'y suis pour quelque chose.

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Et puis, la voilà de nouveau enceinte. J'ai 7 ans quand Catherine pointe le bout de son nez en 1955, d'aider les sorties se bourrer la gueule et la sage femme est bien contente de me trouver là. Tu vas me faire chauffer des bassines d'eau. Et puis apporte donc des serviettes. Allez y, poussez wez. Poussez, poussez, maman, pousse pousse. Quand la tête apparaît, eh bien, je fais comme dit la femme. Je tire, je tire avec elle.

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Tu peux y aller à. C'est du caoutchouc, mais pas peur. Allez, tire, tire, voilà, ça revient. Regarde si elle est pas belle, ta petite heure.

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Et c'est encore moi qui coupe le cordon et elle me la fout dans les bras. Alors, pour la faire respirer, toute la bascule wala, mais non, pas comme ça, regarde. Voilà, voilà. Comme ça, tu sauras faire la prochaine fois. Et puis le liquide qui descend du sang. Beaucoup de sang. Pas un truc jaunâtre. Une espèce de pot, tout ça. On a pas trop besoin. Alors tu récupère tout dans la bassine, puis tu vas jeter dans les toilettes.

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Tu vois, c'est pas bien difficile. C'est comme les bêtes. C'est pas plus compliqué. Et donc, en 1956, c'est moi qui sort, hérite du ventre de Limelette tout seul et c'est encore moi tout seul qui la couche de francs l'année suivante. Mais cette fois, la Villette nous fait une descente d'organes. Oh là, tu ne vas pas t'amuser, Atrix. Tu mets le tout bien à l'intérieur comme tu peux. Tu mets une couche bien serrée, sauf remet en place petit à petit pas ce bien faire.

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Les gens sont choqués, ils me font tout un cinéma. Comment un enfant de 7 ou 8 ans peut il a couché sa mère? C'est de la sensiblerie. En réalité, tu te poses pas plus de questions. Quand tu égorgent un mouton, tu le fais, puis c'est tout. C'est d'ailleurs un mouton à égorger. Je te regarde. Tu te prends par la patte. Il continue de te regarder. Le Petit-Port, c'est pareil. d'Eagle, il faut lui parler pour le calmer.

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Et au dernier moment, le couteau. Moi, ça me fait rien du tout. Ça ne veut pas dire pour autant que je suis sensible. Pourquoi j'ai quitté l'école là bas? Parce qu'on m'a accusé d'un vol que je n'avais pas commis. La caisse du maître d'école pour son cadeau de fin d'année. Comme j'étais le pauvre de la classe, on me l'a collé sur le dos. Forcément, un beau salaud. Celui qui m'a accusé, c'est celui qu'il avait embarqué.

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Et donc, à 10 ans, bah, je suis dehors, alors je regarde un peu entre les cuisses de la voisine, la même tête, et je me branle la main dans la poche. J'entre au cinéma sans payer dans les magasins, je ramasse ce qui me fait plaisir. Et puis, j'apprends à repérer les mecs pas clairs, les regards de vicieux. Et puis, j'apprends à sourire. Si tu souris pas, c'est que t'as peur. Et si t'as peur, c'est que t'es perdu.

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Les cités perdues, tu deviens une proie. Alors je souris de mieux en mieux pour montrer aux autres. Comme je suis confiant. Comme j'ai pas peur. Quand les forains ou les camionneurs avec des gueules de Lino Ventura Menil et toi. Je poursuis cette habitude, je réponds pognon, joli mon prix. On dirait que la Villette m'a vacciné contre la surprise. Si j'ai survécu aux aiguilles à tricoter. De qui? Est ce que je pourrais bien avoir peur de personne et surtout pas de moi?

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J'ai une confiance absolue en moi, en mon destin. C'est le fil tendu de ma vie.

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La première fois que j'ai vu la mer, c'était avec les supporteurs de la Berrichonne, le club de foot de Château.

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J'avais entendu dire qu'il avait joué contre Monaco, alors je me suis faufilé dans le cas de ne rien payer du tout. Je suis juste monté dans le cas.

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On a roulé toute la nuit et le matin, en ouvrant les yeux, j'ai vu les montagnes, la terre rouge du Sud, les cyprès et, au détour d'un virage, la mer. C'était irréel. C'était tellement beau. J'ai couru à toutes les fenêtres pour continuer de l'apercevoir.

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Ça m'a porté ce voyage. Ça m'a porté pendant des mois. Voilà, je me disais plus tard je reviendrai, j'achèterais une maison. Le frère Jean mènerai toute la famille dans cet air lumineux, sur cette terre rouge et chaude sous ses pins.

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Alors maintenant, il faut que je vous parle des Américains, les Américains de Châteauroux, installés sur la base de l'OTAN à la Martinique depuis 1950. Ils ont été mon autre école. Ils m'ont sorti de la merde, ils m'ont ouvert au monde aussi loin que remontent mes souvenirs. Ils ont toujours été là. J'ai 7 ans et je suis fasciné par leur Djib, leur uniforme, leur chewing gum, leur pop corn, leurs cigarettes, leurs bars, leur musique et leurs rires, leur rire, surtout nous, le petit peuple de Châteauroux.

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On est gris, on est insignifiant à Cornille et triste. A côté de ces géants noirs ou blonds aux dents blanches, chahuteur et content de vivre.

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A 13 ans, je mesure déjà 1 mètre 75 pour 70 kilos et avec un grand sourire, j'entre sans invitation sur la base de l'OTAN.

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Je passe devant les planton sifflotant comme ça et là, je découvre l'Eldorado. Les magasins qui débordent de cigarettes, d'alcool, de gin, de teacher, de corned beef, de beurre, de cacahuètes. Mon premier poste est un Indien, Red Cloud Nuage rouge. C'est avec lui que je fais mes premiers achats de cigarettes. Deux cartouches dont je revends les paquets apparent au double de prix et en quelques semaines. Je suis aussi à l'aise sur la base de l'OTAN Kindia et de L'eau Haillot.

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Et d'ailleurs, maintenant, j'y rentre en voiture avec mes nouveaux potes, avec leur Buyck, leur Chevrolet. Et comme ça, je peux ressortir avec le coffre plein. Et bientôt, ma clientèle à l'hôtel restaurant Le Faisan, par exemple. On s'arrache mes cigarettes, mon whisky, mes vêtements made in you essaye. Et en une semaine, je gagne ce que le DD se fait péniblement en un mois.

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J'ai du pognon plein les fouilles, alors j'en glisse à la Villette à mes potes qui sont dans le besoin. Et puis moi, je dépense, je dépense. Et puis, question culture, je suis sans arrêt fourré dans les cinémas détudier en V.O. Sans sous titres d'Ari Call, Berth, Lancaster, mon idole. Et puis j'écoute Elvis en chair et en os, venues chanter pour les boys de l'OTAN. Et puis jazz et pas mal d'autres. J'apprends l'anglais, j'apprends la vie, je n'ai pas peur.

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Je continue de marcher sur mon fil sans trembler. Et puis, il y a eu les brosses. Alors là, pourquoi ces bourgeois? Cette famille raffinée et cultivée de Châteauroux m'ouvre t elle les portes de son hôtel particulier? Je n'en sais rien. Je ne leur cache rien, ni mes parents, ni mes petits trafics. Mais ce ne sont pas des bourgeois comme les autres, vous voyez? Les parents sont artistes, ouverts, curieux, totalement dénués de préjugés.

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Ce sont des parents comme j'en ai jamais vu, amoureux, aimants, respectueux l'un de l'autre, beau et curieusement intéressés par le garçon que je suis.

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Tu restaura bien dîner Gérard chez eux. On prend les repas en famille qu'on ne sabo pas à la figure comme chez nous. On se parle, s'écoutent et c'est touchant. La façon dont ces gens adoptent pas un mot pour me juger. Et au moment de me dire Orpois, reviens quand tu veux! Gérard, tu seras toujours le bienvenu.

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Moi, je suis un chien des rues. En tout cas, c'est l'image que je. Et pourtant, quand j'entre chez eux, je me sampo comme s'ils m'élever une fois pour les vacances. Il m'emmène dans leur maison d'Arcachon. C'est irréel. Si je ne suis pas complètement perdu. Eh bien, je le dois sans doute, Brossard qui m'ont permis d'entrevoir que la vie, la vie pouvait être différente. Mais petits trafics ne pouvaient pas durer des années. Le début de ma chute, c'est un mec qui me balance après s'être fait serrer par les douanes avec le coffre plein de cigarettes américaines, de fringues et de whisky Tortosa.

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C'est Depardieu qui met la ville. Les gendarmes ramassent pour la première fois longtemps la litanie de toutes les bagarres et des petites escroqueries dans lesquelles on m'a pris la main dans le sac.

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Ça fait beaucoup pour un petit gars de 16 ans seulement. Tu ne crois pas Depardieu? Je suis d'accord, mais pour le trafic de cigarettes américaines, ce n'est pas moi. Je n'aurais jamais trompé l'ado. Et ma chance, c'est qu'il ne trouve rien chez moi, même pas un mégot de Lucky Strike.

[00:16:18]

Finalement, je tombe pour un vol de voiture, un vol durant un an reprend pour une soirée. Pour vous mettre dans le droit chemin, monsieur Depardieu. La Cour vous condamne à 3 semaines de prison ferme. Eh bien, c'est en taule que j'ai la révélation qui va faire basculer ma vie. Elle vient du psychologue de la prison. J'aurais pu passer à côté, mais ça prend un écho phénoménal en moi. Tindemans sculpteur Gérard. Le sculpteur ne sait même pas dessiner.

[00:16:50]

Quelle importance géra a des mains puissantes, belles? Elles sont faites pour pétrir. Elles sont faites pour modeler ces deux petites phrases, mais électrisent de la tête aux pieds. Elles gonflement au coeur d'une fierté que je n'avais jamais ressenti et elles vont s'ancrer solidement quelque part entre le coeur et la tête. Je vaux mieux que le voyou que je suis en train de devenir. C'est la beauté de la vie. C'est une rencontre qui te rapporte plus que les dix années que tu as passées sur le banc de l'école à répéter bêtement ce que dit le professeur Deviens ce que tu es.

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Quand tu l'auras appris, nichaient, a écrit ça, je lui dirais plutÃt moi, le fils du Tedder de la Villette. Moi qui n'aurait pas dû naître, moi, le petit voyou du quartier de l'OM. Non. Je suis un artiste.

[00:17:47]

L'homme qui m'a sorti de Châteauroux quelques mois plus tard s'appelle Michel Pilorget, je le rencontre à la gare, la gare où je passe une bonne partie de mes journées et d'ailleurs, j'ouvre une parenthèse. C'est aussi à la gare que j'ai rencontré. Maurice est un type qui dépouille les morts. Il suit les enterrements des familles bourgeoises de Châteauroux. La nuit suivante, avant que la pierre soit posée, il va au cimetière. Il déterre le cercueil, il soulève le couvercle et il embarque tout ce qu'on a laissé de précieux sur le macchabée les bagues, les broches, les souliers.

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De temps en temps, je lui donne un coup de main. Bref, tout ça pour dire que c'est aussi à la gare que je rencontre ce Michel Pilorget qui doit avoir dans les 17 ans et moi 14. C'est un fils de médecin qui veut faire du théâtre. On devient potes et c'est sous son influence qu'un jour, je pénètre par effraction dans le Théâtre de Château où on donne le Don Juan de Molière.

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Quelle est ta pensée là dessus? Que d'Imagine tu de cette affaire? Moi, je crois, sans vous faire tort, que vous avez quelques nouvelles amours en tête. L'histoire ne m'emballe pas, mais la langue, la musique, des mots. C'est si étonnant que j'achète la pièce et que je me mets à la déclamer tout seul.

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On ne m'avait pas dit que les mots pouvaient faire jaillir de la musique. Michel devient mon premier véritable ami, le premier mec sur lequel je peux compter.

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A la fin de l'été 1965, je le croise à nouveau devant la gare. Par hasard. Je pars pour Paris. Gérard. Vais apprendre le théâtre. Tu sais bien depuis le temps qu'on en parle, turpault pas la tête. Je reviendrai. Pourquoi tu m'accompagnaient pas chez mon frère? On pourrait héberger. Et puis, c'est l'heure du travail et il s'en va. Mais ce qu'il m'a dit se construit petit à petit dans le bordel de ma tête. Monter à Paris.

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Loger chez lui, ça serait une bonne sortie, non? Pour moi qui suis spécialiste des sorties de secours et pas seulement par les cinémas. Ma décision est prise. J'ai enfourne mes trois chemises et mes deux DJing dans un sac. J'embrasse le DD qui est encore bourré et la l'Ilec qui verse une larme. Et je saute dans le premier train pour Paris sans avoir évidemment de quoi payer le billet.

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PROSUN Préparer sa mort, tout Yamoussa sa m'emporte. Au début, je glande du matin au soir. J'entre ici et l'âge. Je me fait des potes dans des bars de la montagne Sainte-Geneviève. Et puis, un jour, Michel me propose de l'accompagner à l'école de théâtre où il suit des cours au TNP.

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Pourquoi pas? Je passe de trois jours assis à côté de lui, sans rien comprendre de ce qui se dit sur scène rires. Les élèves jouent des extraits de pièces dont je ne connais même pas le titre. Mais il y a toujours la musique des mots. C'est étrange. J'arrive de mon Berry, j'ai ma gueule de bûcheron, mon nez de boxeur, mes cheveux longs. Je fais peur aux vieilles dames à la tombée du jour, mais la musique de Racine me bouleverse.

[00:21:12]

Et puis, un jour, le professeur ma remarque toi, je ne t'ai pas encore entendu, bien on voit par là, alors. Je vais te donner une fable de La Fontaine un jour jusqu'à demain, pour apprend que à dire sur scène? D'accord. D'accord, sauf que juste après les Jeux, je n'y pense plus. Et le lendemain, classé pas. Ben, fait nous une impro, alors trois gars, on t'écoute. Et là, là, je commence à rire de bon coeur.

[00:21:48]

Ha ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Les autres sont pliés en quatre.

[00:22:13]

Formidable, formidable.

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Et voilà comment je passe cette année 65 66 au cours du lin en dilettante.

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J'apprends des petites choses, je peux faire rire, je peux marcher sur scène. J'ai de la présence, comme dit le prof, mais je n'ai pas les mots. Le fantôme de DD qui n'a jamais su me formuler une phrase marrante. A cette époque là, on me trouve tous les soirs au Polytech, sur la montagne Sainte-Geneviève, derrière le Panthéon, où je croise Coluche qui est encore maigre comme un clou. Et Lavilliers? Avec sa guitare. Mais ce sont pas eux.

[00:23:01]

Mes potes, mes potes se sont les travelo, en particulier Paulette. Paulette, elle a fait Diên Biên Phu dans la région. Elle a un manteau léopard, une choucroute blonde sur la tête, des talons hauts. Et elle me suis sûr à l'oreille T'en fais pas, mon poulet. Un jour, je t'aurais. Et dans ce bar, il y a aussi la nièce d'un réalisateur de cinéma qui s'appelle Roger Leenhardt. Il s'apprête à tourner un court métrage.

[00:23:39]

Il cherche un comédien pour incarner un pique nique et lui a parlé de moi. Alors, il vient me voir et il m'engage. Je te donne 500 francs pour une journée de tournage. Et là, tout de suite, je vais aller acheter un réveil parce que je ne sais pas pourquoi t'as une tête à travailler. Faudrait pas que tu me plantes le tournage. Et là, je bute sur mon gros problème. Je suis incapable de dire mon texte.

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D'abord, je comprends pas le sens des mots et je bégaye. Je bougonne. Remontants pas. On ne comprend pas. Et donc, Leenhardt est plutôt content de ma prestation, mais il a fait doubler ma voix. À la rentrée 1966, Michel quitte le cours du lin pour un autre cours, le cours de Jean-Laurent Cochet au Théâtre Edouard 7. C'est lui, Jean-Laurent Cochet, qui va faire de moi un comédien, mais ça, c'est un autre épisode de mon histoire.

[00:24:43]

Je vous la raconterai peut être un jour. J'ai tiré ce récit des mémoires de Gérard Depardieu, publié chez XO et aujourd'hui au Livre de poche.

[00:24:57]

Ça s'est fait comme ça, des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute. Et si on pouvait y faire?