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La seconde Christa Sandalettes. Voici l'histoire des Restos du cœur. Je vais vous raconter comment Coluche les a inventé ici à Europe1 en 1985, en utilisant bien entendu les archives sonores de cette époque et en vous signalant au passage la sortie d'un numéro exceptionnel du magazine Légende dont nous sommes partenaires. Consacré à Coluche avec des photos magnifiques. Et qui de mieux pour débriefer cette histoire que celui qui était son ami et son secrétaire particulier, Jean-Michel Wagons-Lits? Sachant que j'ai nourri mon histoire de quelques anecdotes tirées de son livre qui vient de paraître aux éditions Gründ.

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Coluche, agitateur social? La réalisation est signée Céline le brave. Christophe Hondelatte. Avant de vous raconter l'histoire des restos, il faut que je replace tout cela dans son contexte. 19 185. Mitterrand est au pouvoir depuis quatre ans et le résultat n'est pas fameux 2 millions de chômeurs et d'ailleurs, dans quelques mois, les Français vont envoyer balader la gauche. Chirac sera nommé premier ministre de Mitterrand. Vous situez pardon pour les marmot. Mais les vieux savent de quoi je parle.

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Et c'est dans ces eaux là qu'on se met à parler de nouveaux pauvres. Autrement dit, des chômeurs en fin de droits. On dit qu'en France, en 1985, 600 000 personnes ne mangent pas à leur faim.

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Misère! Remisait. C'est toujours sur les pauvres gens que tu Tasha obstinément.

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Voilà que Coluche s'empare du sujet. Remarquez, ce n'est pas la première fois qu'il vient sur le terrain de la politique. Il a été candidat à la dernière élection présidentielle. Il n'est pas allé jusqu'au bout. Il a renoncé quand il atteignait tout de même onze pourcent dans les sondages. Ça n'est pas rien. Il y a perdu des plumes dans cette aventure politique. Sa carrière en a pris un coup, mais les gens vont lui pardonner. Il l'adore bien au delà de ses 11 ans.

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Il l'aime pour son culot et aussi pour son air bonasse. On dirait bien se coller avec lui un comptoir et commander deux sauvignons. Et l'écouter raconter la France, soit la location tous les mois.

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Je vais m'acheter des travaux parce que dans ma tête, il y a des patrons en papier. Rien de plus agréable que ce torchon.

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Un jour de février 1985, le jour du paiement du tiers provisionnel des impôts. Il est 17 heures et Coluche est en train de goûter chocolat chaud et tartine.

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Il est, avec son secrétaire et son ami Jean Michel, hors garde près de 3 millions de francs. Imagine que tous les mecs comme moi qui ont du blé s'y mettent au point d'honneur bouffer à tous ceux qui n'ont plus rien.

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Et là, ils se tournent vers Anita, sa cuisinière qui s'affaire dans la cuisine. Anita, alors?

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Ô combien?

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Coluche dirait. À peu près 15 francs. Et là, ils se mettent à faire des calculs à 15 francs multipliés environ 200 000 personnes qui crèvent de faim.

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Ça fait 3 millions, c'est possible de trouver 3 millions en. Et là, ils se mettent à faire un dessin sur une feuille de papier, ils dessinent un plateau, c'est le plateau d'avion et ils dessinent aussi de la viande, des légumes, un dessert et une assiette et des couverts.

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Bah, tu vois, ça pourrait ressembler à ça, quoi, vous dit Michel.

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Ce n'est pas évident de se lancer là dedans. Ben écoute, j'aimerais quand même que tu te renseignes là tu vas Gazi se renseigne dès le lendemain. Il appelle de sa part des médias, des entreprises agroalimentaires et c'est peu dire que ça ne suscite pas un enthousiasme débordant. C'est trop tôt. Son image est encore ternie par l'aventure présidentielle et donc, dans l'immédiat, les choses en reste là pendant plusieurs mois.

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En vérité, à cette époque là, Coluche est en dépression. Un burn out, comme on dit aujourd'hui. Je me demande bien pourquoi, d'ailleurs. Bref, dix fois, dix fois, il a pensé à se flinguer. Même ses gosses ne le supporte plus. Et à côté, ce qui n'arrange rien, il picole et consomme toutes sortes de produits. Il dira plus tard J'ai mis le nez dedans. Et puis après, j'ai mis la tête et j'en ai eu plein les oreilles.

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Sachez le. Le Bedos, un coco, ça n'est pas du tout bon pour les dépressifs. Et puis les mois passent et Coluche va mieux. Et d'ailleurs, Eurosport vient de lui confier une nouvelle émission. Ça s'appellera. Il y en aura pour tout le monde.

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Bon, allez, va finir, mais on veut du bien. Je sens que je vais me remettre au boulot.

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Pour sa première émission à Europe1 en septembre 1985, Coluche fait installer un énorme tas de sable dans la rue François 1er. On est obligé de boucher la rue.

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L'idée est d'avoir une pensée pour tous ceux qui ont été privés de bord de mer cet été. Il fait installer des chaises longues et des parasols et il est là, en short, avec un bob vissé sur la tête. Et c'est parti. Générique.

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En parallèle, Coluche rejoint la bande des chanteurs sans frontières qui se mobilisent pour l'été au pays. Vous vous souvenez de cette rengaine?

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Jamais ils ne savent plus, sourit. Les enfants, tu as embarqué sur. Il a pu y voir. Il Coluche reçoit des centaines de lettres qui disent tous à peu près ceci C'est bien beau de vouloir aider la terre entière, mais faudrait peut être commencer par s'occuper de nos chômeurs. Et là lui revient l'idée des restaurants, des repas gratuits pour l'hiver pour ceux qui n'ont pas de quoi bouffer. Et le 26 septembre 1985, sur l'antenne d'Europe1, ça donne ça.

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Et j'ai une petite idée comme ça. Si des fois, il y a des marques qui m'entendent, je ferais un peu de publicité tous les jours. S'il y a des gens qui sont intéressés par sponsoriser une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris, par exemple, on est après dans les grandes villes de France. Nous, on est prêt à aider une entreprise comme ça, qui ferait un resto, par exemple, qui aurait comme ambition au départ de faire 2000 3000 couverts par jour gratuitement.

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Et après, il faut bien s'organiser. Et donc, il crée une association. Il en est le président et son éternel complice, Jean-Michel Bengazi, en est le secrétaire général. Et après se pose la question du nom Aldo, un des co-animateur de son émission sur Europe1, qui dit pourquoi on n'appelle pas les cantines de.

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Ouais, pas mal, mais Paul Lederman, le producteur de Coluche, n'est pas très emballé quand ne sait plus trop misérabilistes ou faudrait quelque chose comme les restaurants du coeur.

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C'est bon, ça? Ah, les restaurants du coeur!

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À partir du moment où l'idée est lancée. Ça change complètement le ton de l'émission sur Europe1. Il y a moins de vannes, c'est plus sérieux.

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Je suis parti de l'idée que après le gala qu'on avait fait pour l'Afrique, il y a beaucoup de gens qui nous ont écrit ici en disant Mais qu'est ce que vous faites à l'intérieur puisque vous faites si bien à l'extérieur? On s'est dit effectivement, d'abord, ça correspond à une grande demande. D'autre part, c'est une très bonne idée. Voyons si on ne pourrait pas faire des restaurants gratuits. C'est un gros boulot, une énorme entreprise.

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On va faire appel à tous les bénévolat et dès les premiers jours, le standard d'Europe1 ex plan de Jean Poiret.

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Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Par radio!

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Europe1 Les patrons, qu'est ce qu'ils en pensent de tous? Raffut. Philippe Gildas, le directeur, est à fond derrière Coluche. Il veut coller à son époque. C'est une belle occasion, mais à part ça? Pour être honnête, il y a aussi quelques rabat joie qui n'approuvent pas la démarche. C'est du tapage, c'est démago. C'est Coluche qui se tire du col et aussi, sans doute un peu gaucho. Bref, quoi qu'il en soit, Gildas s'offre à Coluche une émission tout entière consacrée à son projet de Restos du cœur, le 14 décembre 1985.

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Bonjour, alors ça va, ça va bien, c'est aussi, ça va doucement. Mais il y a combien de temps? Combien de temps? A lancé l'idée. Je ne sais pas.

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Il y a deux mois, il y a plein de gens en France qui n'ont pas de quoi se nourrir et c'est désolant avec le nombre d'auditeurs qu'on sait pouvoir toucher. Cette radio, normalement, ça devrait nous permettre de récupérer un milliards de centimes et donc de nourrir un million de personnes rien qu'avec cette matinée.

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Alors, je vous l'ai dit, tout au long de cette matinée, énormément de vedettes vont passer. Ou bien nous appeler au téléphone. Parce que c'est vrai qu'à 6h25, juste avant de prendre la route, ils peuvent se contenter de nous appeler au téléphone.

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Je pense qu'on a déjà quelqu'un en ligne à leur arrivée au pouvoir en parler. En revanche, Coluche à lui est formidable comme argument de Noël. Des gens qui n'ont pas l'occasion de manger généreux.

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Dans la foulée, Coluche, qui ne sait pas trop comment s'y prendre, appelle Jacques Attali, le sherpa du président Mitterrand. J'ai besoin d'aide.

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Monsieur Attali, je voudrais notamment pouvoir utiliser les stocks agricoles de Bruxelles, mais là, il faut que je vous explique ce que sont ces stocks agricoles.

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Il s'agit de lait et de beurre que la communauté européenne stocke pour éviter l'effondrement des prix et qu'elle finit en général pas détruire comme promis par Attali. Coluche obtient un rendez vous avec le ministre de l'Agriculture et vous n'allez pas le croire. Il arrive dans son bureau, il s'assoit face à lui et il dégaine un gros pétard, un jouet énorme qu'il allume.

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Cela vous dérange pas, j'espère. Moi, c'est de l'herbe. On sait ce que c'est l'herbe au ministère de l'Agriculture. Bon, le ministre socialiste. Il arrive tout droit de mai 68. Il en a vu d'autres et ensuite dans un nuage de bœufs. Coluche lui présente son projet avec passion.

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Je travaille des sortes de supermarchés gratuits qui ouvrirait l'hiver pendant trois mois.

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Vous pouvez nous aider pour qu'on ait accès aux stocks de Bruxelles. On aurait inhalé. Écoute avec attention. Ça lui plaît bien. L'idée est bonne, mais il trouve que Coluche aborde tout ça avec un peu d'amateurisme.

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Je connais quelqu'un qui pourrait peut être vous aider à gérer tout ça. Vous allez brasser beaucoup d'argent et il vous faut un gars sérieux.

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Le quelqu'en s'appelle Paul Oudar et n'allez va plus loin. Il trouve aussi un QG pour les restos dans la tour Montparnasse. SVP plaît. Il débloque une grosse subvention en guise de cagnotte de départ et il lui promet de s'intéresser au problème des excédents alimentaires. On parle rarement du rôle dans Inhalés dans cette affaire. Que justice soit rendue. Et la machine se met en marche et c'est un succès. Tous les jours, les auditeurs d'Europe1 envoient des dons. Il y en a même qui viennent directement rue François 1er apporter leur contribution.

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Il y a des prostituées de la rue Saint-Denis qui ont fait une collecte. Bon ben maintenant, pour organiser tout ça, le défi, c'est de créer un réseau pour acheminer la nourriture dans les régions. Et c'est là qu'entre en scène Alexandre Lederman, le fils de Paul, le manageur de Coluche. Il est étudiant à l'USDP, l'Ecole supérieure de commerce de Paris. Lui et ses copains vont s'occuper de la logistique. En moins d'un mois, ils parviennent à monter un réseau de 22 écoles de commerce.

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Des comités régionaux et locaux se mettent en place, des équipes de marketing téléphonique, des lieux de stockage, de distribution. La machine est lancée.

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Le premier resto est inauguré à Lille le 9 novembre 1985 et Coluche avec toute sa bande de la radio. Il a invité le maire de Lille, Pierre Mauroy, ancien premier ministre, ancien premier sinistre, comme il disait à l'époque Mauroy.

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On a besoin des services municipaux, on a besoin de locaux. Il y aura un local dans lequel on va stocker la nourriture. Et puis, on la distribuera aux gens qui passeront donc tout ça du bas, du 21 décembre jusqu'au 21 mars. On espère distribuer 200.000 repas par jour en France. L'ambition, quoi.

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Mais je vous trouve grave. J'ai l'habitude de vous entendre vraiment raconter des histoires, mais là, ça fait déjà.

[00:15:10]

Mais Coluche n'est pas pleinement sort, il a peur de manquer d'argent et c'est là que lui vient l'idée d'enregistrer une sorte d'IMS des Restos et d'emblée, un nom s'impose Jean-Jacques Goldman, évidemment. Après un de ses concerts, Coluche vient le voir dans sa loge Oyono.

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Il nous faudrait une chanson pour Les Restos du cœur, un truc qui cartonne comme tu sais faire ça. Oui, oui, Michel, bien sûr. Mais pour quand?

[00:15:38]

Bah, pour la semaine prochaine.

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Une semaine plus tard, Goldman apporte une cassette à Coluche, qui choisit des vedettes pour chanter le futur tube des Restos Platini. Montant de Michel Drucker. De ceux qui n'ont plus rien sans idéologie, discours baratin compromettra pas toujours du grand soir, mais juste pour les verts à manger et à tous les recalés de la vie de chômeurs, les privés. Les experts ne partagent pas son amour. C'est en fait égoïste demain, on peut aussi la. Dans la foulée a lieu la fameuse émission du 14 décembre 85 sur Europe1, du matin jusqu'au soir, à 6 heures du matin.

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Philippe, Gildas, Maryse et Coluche prennent l'antenne.

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Si vous voulez envoyer de l'argent, s'il vous plaît, 50 francs minimum, c'est à la fois où on peut ou on ne peut pas. C'est vrai, on ne peut pas, bien au contraire. On viendra trouver de l'aide dans ce coup de coeur dans les restaurants de Coluche. Mais si vous pouvez 50 francs, c'est déjà bien plus. C'est encore mieux. Et il faut l'envoyer par chèque.

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Donc, aux Restaurants du cœur, il n'y a pas de doute les 10 minutes. Coluche fait un point sur l'argent collecté dans le hall d'Europe1. C'est un défilé, un môme qui vient vider sa tirelire. Et puis des célébrités qui viennent déposer leurs chèques. Michel Sardou, par exemple.

[00:17:24]

Je n'ai pas mon carnet de chèques. Tu veux combien? Il n'y a pas de chiffres. C'est toi qui décide. Depuis les briques en cher. Voilà. Remercie, cabales. Il y a déjà 300 mille francs et à la fin de la journée, cinq millions de francs et une semaine plus tard, le 21 décembre, ouvre le premier resto du coeur de la région parisienne, à Gennevilliers, dans le 92.

[00:17:55]

Ça va aller un peu froide. C'est quoi, les restaurants du cœur? Une première minute à perdre dans quelques heures. Six cents repas gratuits vont être distribués à Gennevilliers, au nord de Paris, sous un chapiteau. Au menu Friant peuvent le faire gâteau orange.

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Le premier à se présenter est un monsieur tout endimanchés avec sa femme et son enfant. J'ai faim, quoi. J'ai Ramadier, mais je n'ai pas de.

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Le principe est simple. Coluche dit que c'est la forme la plus humaine qu'il ait trouvé, celui qui vient. Passe devant le comptoir. Il dit ce qu'il veut autant qu'il veut, y compris pour sa voisine, et personne ne lui demande de vérification. Il ramène ton chez lui et il n'est pas obligé de dire qu'on le lui a donné. Il peut dire que ça vient de Prisunic. Bon, pour être honnête, ce premier jour est un peu poussif.

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On ne se bousculent pas au portillon. Il n'y a pas autant de monde que prévu. Et pourtant, on est à la veille de Noël et il y a du foie gras.

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Mais les musulmans n'en veulent pas. Il n'y a pas de porc dans tous les cas là. Alors avec ce foie gras, les bénévoles finissent par se faire un casse croûte réconfortant.

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Les journalistes grincheux, on n'en manque jamais, parlent de fiasco. Patience, patience, ça prend du temps. Le temps du bouche à oreille et d'ailleurs, quelques jours plus tard, le 3 janvier, le resto de Gennevilliers a distribué 60 000 repas. Coluche soulignait Il faut passer à la vitesse supérieure. Il veut atteindre un objectif de 200 000 repas par jour. Alors, il va voir TF1, qui lui propose une émission spéciale le 26 janvier 1986. L'émission de TF1 permet de récolter Écoutez bien Baath 6 millions de francs.

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À cette occasion, Coluche lance une idée une loi qui permettra de déduire les dons aux restos de ses impôts.

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Il faudra encore deux ans après sa mort pour qu'elle soit votée. Mais maintenant, ça y est, les restos ont assez d'argent pour boucler la première saison et quand la première campagne s'achève, à la fin de l'hiver 1986, ils ont servi huit millions et demi de repas. Coluche et son équipe se réunissent une dernière fois dans le bureau de la tour Montparnasse. Ils se tournent vers son gestionnaire, Paul Oudart. Des mois.

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Il reste combien dans les caisses? Un million et demi pourquoi faire un chèque à l'ordre de l'abbé Pierre? Mais trois mois plus tard, le 19 juin 1986, Coluche est mort mort dans un accident de moto près de Grasse. Il avait 41 ans. Il nous a fait rire ce soir.

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Coluche est mort, mais son oeuvre va se poursuivre. Les Restos du cœur ont inventé un après midi de septembre 85 sur un repas collecte désormais plus de 100 millions d'euros. Il accueille près de 900 000 personnes. Il distribue plus de 130 millions de repas, dont près de 2.000 centres et antennes animées par près de 75 000 bénévoles.

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Tiens, tu me tiens! Celui qui a raison. Je te tiens ce soir à la maison. Voilà, j'ai conclu mon histoire avec cette chanson qui est l'hymne des restos, la campagne des Restos du coeur 2000 21, qui a été écrit par Slimane pour débriefer cette histoire. Je suis donc avec son ami et secrétaire à l'époque. Jean-Michel Wagons-Lits, auteur d'un livre absolument passionnant sur Coluche, est totalement unique puisque vous étiez à l'intérieur de la machine Coluche, agitateur social qui vient de paraître aux éditions Gründ.

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Ça consistait en quoi, d'ailleurs, être secrétaire de Coluche? Ah oui, ça, c'était une grande question.

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Parce que le jour où il m'a demandé de le devenir, je m'étais j'avais un peu peur de le faire. Ça consistait si vous voulez aussi bien conduire la voiture, lire la presse, débriefer avec lui les rendez vous auxquels j'assistais systématiquement ou systématiquement. En gros, c'était en même temps un rôle de conseiller et de copain indispensable à pas ça. Sans amitié, ça ne peut pas marcher. Et puis en même temps, bah voilà, il fallait aller laver la bagnole.

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Et puis, en même temps, c'est quelque chose que je trouvais très formateur, c'est à dire aussi par là, y passer le message qu'en fait, il n'y a pas de petites choses à faire, que tout ce qu'on fait est important. Il n'aurait pas pu faire tout ça, c'est à dire 5+ le reste de sa carrière, sans avoir une sorte de sparring partner pour quelqu'un qui est là et qui le cadre peut être un peu. Oui, oui, encore.

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Bon, je trouve ça un peu prétentieux. Dire que j'ai plus raisonnables que lui. Oui, oui, je sais pas. J'étais jeune, c'est difficile de se juger, mais il fallait surtout quand on était 3 au fond. Agir là dessus. Moi, je ne m'occuper que de cette partie du volet social et politique, finalement. Et puis la radio aussi, où je faisais la revue de presse, était ledermann. En fait, on était un peu tous les trois pour faire tous les restos.

[00:24:55]

La campagne présidentielle, etc. C'est à trois avec, on va dire, je dirais le début Ex-Machina Paul qui s'occupait des médias, Bermane, Paul Lederman, etc. Dont l'avis était très, très important pour Coluche. Et puis moi qui était là au jour le jour, qui était là tout le temps. S'il n'y avait pas eu cet accident de moto, il serait resté à la tête des restos où il aurait passé la main pour passer à autre chose.

[00:25:18]

Grande question. On avait prévu quelques temps avant sa mort, quand on en a discuté. D'abord de faire une fondation qu'on voulait appeler la Fondation du cœur. Et le but de cette fondation, c'était de distribuer des fonds, mais aussi une manière de faire qui voulait à toutes les associations qui souhaitaient distribuer de l'aide alimentaire en France. Le but n'était pas de lui. Reste aux Restos. Le but, c'était que chaque année, on passe sur des revenus.

[00:25:43]

En fait, bien sûr, de revenus. On pensait que la loi arriverait plus vite. Moi, j'ai mis quand même un peu deux ans à l'obtenir, mais lui pensait que la loi allait arriver assez vite. Mais le but, effectivement, c'était.

[00:25:53]

Il ne fallait pas faire carrière au resto parce que la scène, quand même, devait lui manquer à cette époque là. Oui, il était prévu qu'il aille au Zénith au mois de septembre suivant et il est en train de travailler sur ces sketches. Quand il s'est tué, il était dans une villa dans le midi et travailler là dessus. La première chose qui saute aux yeux, c'est le côté très spontané, très amateur aussi de cette idée de resto. Quand il demande à Anita combien ça coûte un resto, un repas, un repas auquel lui répond ça coûte 15 francs.

[00:26:25]

Il le savait pas. N'empêche.

[00:26:27]

Bah non, non, non. Et puis, ce n'était pas simple de se dire parce qu'en fait, il y avait quand même mille autres conditions. Il avait dit combien ça coûte un resto, un repas qui en même temps soit bien et en même temps qu'il ne soit pas cher Boyer. Et c'est vrai qu'à l'époque, il vivait dans le luxe et on vivait tous dans luxe. Donc, forcément, on ne savait pas quoi.

[00:26:45]

Et puis, quand il fait ses dessins sur son plateau, c'est enfantin. C'est en disant Mais ce n'est pas pro. Si vous voulez.

[00:26:51]

Pour moi, c'était très, très pro parce que c'était quelqu'un qui cultivait le sens de l'artisanat. C'était un homme qui avait un très, très grand respect pour tout ce qui est l'artisanat et le fait d'avoir une idée de faire un dessin. En plus, ça correspond aussi à la logique du monde du spectacle. Au départ, quand on a une idée pour faire un film ou un artiste, on dessine un truc, etc. Si vous laissez, on était des saltimbanques, ça, c'est clair.

[00:27:14]

Donc, on sent une énorme sincérité et un grand amateurisme. Et donc, n'allez à cette idée de lui mettre dans les pattes. Paul Oudart, qui, à l'époque, était un des patrons du groupe Le Sieur des suites. Plus précisément, met trois personnes. Qui est donc Paul Oudart, qui est un retraité de l'agroalimentaire? Qui était été embauché? Sieur Francis Bour et Jacques Mariette, qui étaient trois hauts cadres de l'agroalimentaire, mais où on nous fait comprendre qu'effectivement, c'est mieux qu'il soit avec nous.

[00:27:41]

Au début, les relations avec eux sont très, très simples. Mais là, ils sont bien cadrés et ils sont bien cadrés. Et pour eux, on est des rigolos. On a fait ce qu'il pensait très, très vite. On va laisser tomber ces excès sur leurs épaules que ça va échoir. En fait, ils vont vite se rendre compte que ce n'est pas du tout le cas. Coluche est très, très bien où il va. Il y a aussi beaucoup d'amateurisme dans cette émission de radio sur.

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Ça a l'air d'être un bordel intégral. Malheureusement, nos patrons, un jour, a eu l'idée saugrenue de jeter une partie de nos archives à la poubelle, donc on n'a pas pu retrouver la totalité des émissions, mais les quelques extraits qu'on a entendus, il n'y avait pas de conducteur, il n'y avait rien de préparé. On est d'accord.

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Donc il y avait juste moi. J'avais Mardyck Press à faire, qui était calé au début d'émission. Ludo qui devait faire le jeu vidéo. Aldo, qui nous préparer les chutes. Y avait aussi Nono. On était quatre. Puis Maryse. Comment dirais je s'occupait du timing. Pouet pouet. Et puis, mais quand même, ont bossé les émissions en Borbón au bon moment.

[00:28:38]

Attendez on Skoda quand on a dit C'est dans un grand bordel, en bossaient beaucoup les émissions.

[00:28:44]

J'avais 3 4 heures à éplucher toute la presse pour repérer sur ce que l'on allait si vous voulez pointer les contradictions. Ensuite, ça passait à Aldo. Il lui trouver les chutes où il y avait du boulot. Ha oui, oui, bien sûr, mais on sait bien que dans nos métiers, faire le bordel, c'est surtout avoir beaucoup travaillé avant hier. Alors, il y a aussi cette scène absolument surréaliste que tout le monde retiendra. C'est ce moment où il a allumé un pétard dans le bureau du ministre de l'Agriculture.

[00:29:11]

Je ne sais pas dans son bureau.

[00:29:12]

Oui, bien sûr, j'étais là. Non, Nandan, c'était en fait. Il nous avait invité à dîner. C'était chez lui, non au dîner, dans la salle à manger officielle du ministère. Alors on est débarqué, on est nous. Et puis on avait aussi. L'équipe devait être cinq ou six. Et effectivement, à la fin du repas, il y a des gens qui allume une cigarette. Bon, bah, lui, c'était un pétard, mais la fin du repas?

[00:29:32]

Et alors? Ce qui était marrant, c'est que pendant ce temps là, il y avait une discussion, si vous voulez. Et Nallet et sa femme. Il regardait ailleurs que les regards n'étaient pas fixes. Les regards regardaient un peu la ligne bleue des Vosges.

[00:29:45]

Alors après, ce qui est fascinant, c'est la manière dont les auditeurs se mobilisent autour de lui. Comme si, au fond, la générosité des gens qui probablement, était éternelle. Je crois que tous avaient besoin d'être catalysé comme ça par quelqu'un. Il fallait quelqu'un pour lancer l'appel et ça marche.

[00:30:03]

Si on s'est lancé l'appel et parler aux gens, je pense que c'est ça le génie de Coluche. C'est à dire? C'est l'art de pointer quelque chose que peut être on a vu, mais qu'on n'a pas formulé et de le rendre évident. Et ça, c'est c'était en fait, c'est ça. C'était un observateur du monde qui l'entoure. Et tout d'un coup, en trois phrases, il est capable de vous rendre quelque chose qui paraissait hyper compliqué, très simple à comprendre.

[00:30:27]

Et puis, ça montre la voie où il faut aller, quoi? Et puis, il sait parler aux gens simples. J'ai eu droit à beaucoup de gens complexes, intellectuels, bien sûr, mais il sait parler aux gens simples. D'ailleurs, c'est ce qui s'entend dans ses sketchs, mais qui parle naturellement de toute manière. Un type qui est très, très intelligent, qui, contrairement à ce qu'il dit, est plus cultivé que ce qu'il disait parce qu'il a beaucoup lu, mais pas lui même.

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C'est lauthenticité. Finalement, je pense que lauthenticité, les gens l'entendent.

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Il y a ensuite l'épisode de l'invention de l'hymne des Restos du cœur. D'ailleurs, on va remettre un peu pour le plaisir. J'ai ma mauvaise conscience. Ça n'empêche pas de dormir. Et pour tout dire, ça gâche un peu les plaisirs. Ce n'est pas vraiment ma faute s'il y en a qui, enfin? Mais ça le deviendra si on n'y change rien. La célèbre chanson des Restos du coeur signée Jean-Jacques Goldman, il les force Goldman quand même. Il sort un tube en une semaine.

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Ouais, ouais. Surtout que moi, mon souvenir est un peu différent. Qu'est ce que vous racontez? Mais je pense que peut être que, à mon avis, les deux sont vrais.

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Finalement, c'est qu'au début, quand Coluche a l'idée, on est au bureau, dans notre petit bureau, rue François, 1er aéroport Repin, et il se lève.

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Il lève la tête et dit en regardant Aldo et Ludo parce que c'était eux qui connaissaient bien la musique, etc. C'est le meilleur faiseur en ce moment et d'une seule voix, ils disent Mais c'est Goldman, c'est toujours un joker.

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Mais oui, ça, les grands, ça n'a pas bougé. Alors il demande à notre secrétaire On a une secrétaire qui s'appelait Anne. Trouve moi son numéro et l'appelle tous bonjour. On se connait pas. Il ne connaissait pas. Il ne connaissait pas. Il le connaissait pas, lui dit Voilà ce que vous pourriez faire, un disque, etc. C'est vrai que c'était prêt hier. Ça serait génial. Enfin bon. Mais rien de ce côté là.

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Et après moi, j'ai entendu cette version où il serait venu le voir dans la loge. A mon avis, les deux des deux sont vrais. En tout cas, ce jour là, ça m'a marqué. Il a raccroché en disant Il va nous faire un tube. Une semaine après, c'était là. C'est quand même assez magique. Il y a la fameuse émission d'Europe1 du 14 décembre. On est donc à une semaine pile poil de l'arrivée de l'hiver officiel.

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Il a décidé que ça serait le 21. Le lancement du premier resto ne dérogera pas à cette règle. Europa fut donc une émission spéciale qui dure toute la matinée, qui est animée par Philippe, Gildas et Maryse. Et donc, Coluche donne d'ailleurs une émission qui dure toute la matinée. Je crois que ça n'a jamais existé. Ça peut sembler que du temps. Pierre Bellemare avait, je ne sais pas, mais je l'entends. Il se marre, commence après guerre, est finie.

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Il n'y a pas. C'est ça, c'est ça. C'est un temps, je sais est un temps long.

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Les stars qui viennent donner publiquement leur obole se font un peu reluire quand même sur le ton de Coluche. Oui, mais c'est le jeu. Parce que Sardou, là, il flambe un peu. Oui, me, combien tu veux 100 patates? C'est vrai qu'on peut aussi ne pas dire combien. Mais bon. Mais en même temps, c'est le jeu. C'est à dire que c'était aussi la création des Restaurants du coeur. C'était aussi montrer que les saltimbanques font quelque chose et que ce métier là, c'est aussi des gens généreux.

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Il y avait ça aussi, alors il y a aussi. Je veux citer les noms que j'ai cités Mireille Mathieu, Michel Sardou. Y avait Linda de Souza dans cette émission. C'est comme une madeleine de Proust. Il y avait Christophe, il y avait Yves Montand. Il y avait Daniel Guichard, mon vieux. Il fallait en être à l'aventure. Je peux vous en citer d'autres, Balavoine. Il y avait Rika Zaraï.

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Il y avait Enrico Macias.

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En fait, tout ce qu'on appelle la variété toch entrer. l'Armée était là, mais il était là. Moi, j'ai bien senti si vous voyez ce que je veux dire. Je n'ai pas senti que les gens venaient pour la photo. Donc, les gens sincères, d'accord, ils se faisaient pas reluire sur le dos. C'est pas ce que j'ai ressenti, mais oui. D'autant qu'on leur proposait un projet absolument unique de chanter tous ensemble.

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Vous parlez des Enfoirés, c'est beaucoup plus tard? Oui, ça, c'est plus tard. Mais là, j'étais déjà plus. Llamas vient visiter les. J'ai démissionné des Restaurants du coeur. Deux ans après la mort de Coluche, Les Enfoirés, c'est un an après moi. C'est donc l'ouverture du premier resto à Lille, du 12ème à Gennevilliers. Et là, ce qui est saisissant quand même, c'est qu'évidemment, chacun en avait entendu parler de la misère, mais qui était au fond répartie sur le territoire.

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Là, tous ces gens se sont donné rendez vous au même endroit et c'est là l'addition de la misère qu'on voit qui fait la queue devant les restos.

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Oui, sauf que quand on y est allé au début du mois de novembre, je crois. De fait, c'était répétition générale. C'est à dire qu'on a visité toutes les infrastructures, tous les moyens de stockage, etc. Etc. Tout était prêt, mais ils n'ont pas démarré avant nous. Ils attendaient qu'on leur donne le top le 21 décembre. En fait, vous voulez? Quand on est vu à Lille, on a vu que la Ville était capable de totalement, comme vous venez de le dire, mobiliser pour une cause en étant l'arme au pied, si je puis m'exprimer ainsi.

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Coluche, dont les Restos raviva un peu, beaucoup ou pas du tout.

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Beaucoup, mais beaucoup. Comment? Ecoutez, c'est pas dur. Je vais vous donner notre emploi du temps. Tous les matins, en gros, de 9 heures à une heure de l'après midi, on est au resto. Lui et moi. De toute manière, quoi faire dans les bureaux pour organiser un boulot énorme d'organisation?

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On fait un comité stratégique avec des néo ruraux. Oui, mais ça aussi, on va dans les centres. Surtout lui, parce que sa présence dans les centres, c'est ce qui galvanise les gens, c'est à dire quand même. L'idée aussi des restos, c'est quand même que une rencontre peut changer une vie. C'est aussi de voir que quelqu'un qui est autre, qui est tout en haut, a aucun problème avec quelqu'un qui, en ce moment, est dans une merde noire.

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Et que tout ça, ça peut changer quoi? Pendant tout l'hiver, il y va tout, bien sûr. C'est toute manière. Ça s'est pour lui quasi obsessionnel. Les Restos. Pour lui, c'est. Par rapport à sa vie, c'est une revanche profonde. Ça s'est donné, il faut qu'il donne tout ce qu'il a pris et ça, c'est dans sa tête. Alors il y a une idée qui traverse ce projet qui est absolument génial et qui va à l'encontre de tout ce qu'on faisait jusque là.

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C'est à dire qu'on ne pose pas de questions à celui qui reçoit de la nourriture.

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On lui demande pas de justifier sa pauvreté en culture ou pas. Ça, c'est au cœur du débat, j'imagine. Entre donc, non. Entre nous, on est totalement d'accord, mais au cœur du débat. Plus tard, après sa mort, comme moi, je m'en irai. Mais ça, c'est une autre histoire. Mais l'idée principale des restaurants, c'est que c'est la dignité, c'est à dire qu'une personne pauvre ou un pauvre. C'est quoi? C'est pas seulement manquer d'argent, c'est manquer de contact, c'est manquer de confiance en soi, c'est manquer de tout.

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Donc, si un truc qu'on peut faire, c'est faire en sorte que la personne soit digne dans ce qu'elle fait. Et la première des dignités, en l'occurrence, c'était l'anonymat.

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Ça va à l'encontre des pratiques d'organisations comme le Secours populaire Secours catholique à l'époque, qui fonctionne surtout sur des revenus. Finalement, vous avez tant de revenus si vous êtes en dessous, que vous avez droit, si vous êtes au dessus. Vous n'avez pas droit. Oui, il y a deux trucs. C'est que le Secours populaire, c'est, à part les restos, la seule organisation laïque. Les autres sont des organisations religieux et religieuses. Donc, ils ont la volonté d'avoir un message spirituel à mettre en plus dans l'assiette.

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Si vous voulez alors que le Secours populaire? Je pense que c'est plus proche philosophiquement de ce que l'on a fait. Nous, on était même des anar pour appeler un chat un chat. Alors, après le fait de se dire c'est un supermarché où les gens vont venir se servir au lieu d'être un restaurant. C'est vrai que c'est un choix philosophique profond, mais parce que c'est la même chose que les trois mois. Pourquoi trois mois et trois mois? C'était parce qu'à l'époque, on va dire les voix d'extrême droite s'entendaient déjà très, très fort et c'était le discours sur l'assistanat.

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Donc l'important, c'était de montrer que pendant trois mois, on allait aider les gens et qu'après un bref, ce genre de la voilà, voilà. Le but, c'était en gros de pouvoir manger gratuitement pour avoir de l'argent, pour s'acheter des fringues et aller chercher du boulot. Mais vous aviez des ennemis à l'époque vous coûter la vie? Oui, bien sûr. Qui fait un?

[00:38:17]

Je ne veux pas d'Enora, moi non plus. Les profils, disons, bas.

[00:38:22]

C'est à dire qu'il y a eu très vite l'accusation de faire de la pub la Borbón. Ils étaient mal vus par toute une partie, on va dire je n'aime pas. Le mot B2 de l'establishment français a été mal lu par une partie des élites, à cause de ça aussi, qui n'est évidemment pas de la vulgarité. Mais les gens confondaient. Et donc, il y a eu des gens qui disent c'est encore un coup pourri pour se faire de la pub.

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Donc, il y avait des ennemis, mais les ennemis, comme dans la campagne présidentielle, qui se trouvaient aussi bien à droite qu'à gauche. S'il n'y avait pas une découpe politique, si vous voulez, il y avait surtout les couples, élites et peuple. L'idée de départ, c'est que ça dure. Est ce qui pouvait imaginer que en 2021, en 2020 2019, il y a encore des restos et des restos dont le pouvoir d'influence est de plus en plus grande?

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Ou est ce que dans son idée, il fallait que ça s'arrête très vite parce que la misère serait vaincue?

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Si vous voulez, c'était difficile d'avoir cette pensée là. En aucun cas, il y avait une pensée durée parce que en fait, nous, ce qu'on n'a pas vu à l'époque, mais je pense que c'est normal, c'est qu'on était dans une énorme restructuration de l'économie. L'économie a changé de nature. La France passait d'un État en gros nation qui se débrouiller tout seul à ouvrir ses portes à la mondialisation. Et ça a laissé des centaines de milliers de gens sur le carreau.

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Cela n'aurait peut être pas eu conscience. Nous, on pensait que les choses allaient peut être redevenir comme avant, en sachant que c'est en réalité. On sait aujourd'hui que c'est impossible puisque l'évolution est inscrite dans l'histoire. Donc, on ne s'est pas posé la question de la durée. La question qui se posait, c'était qu'est ce qu'on fait après? Effectivement. Après, on a eu une conversation très peu de temps avant sa mort. Il s'est dit Il faut qu'on fasse un truc sur le chômage, sur le chômage de longue durée.

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Alors là, il avait une idée. Bon, moi, j'ai cherché à creuser. J'ai tenté de mettre en place quelques années plus tard, mais c'est une autre histoire. Mais si vous voulez, la notion de durée n'existait pas. Voilà toute manière, l'année suivante, ça serait une fondation et l'organisation qu'on avait sucrée grâce au souffle de Coluche, elle devait se donner à tout le monde.

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Merci Jean-Michel Ragazzi, mais infiniment. Je rappelle ce livre que vous avez coécrit avec Alexandre Fiévet, livre passionnant qui paraît aux éditions Gründ. Coluche, agitateur social? Je rappelle aussi ce numéro de légende numéro 3 qui sort ces jours ci et qui est entièrement consacré à Coluche, avec des photos magnifiques, des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.