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La seconde, Christophe Hondelatte, c'est l'un des récits les plus touchants de tout ce que je vous ai raconté. Celui d'Enora Malagré, tiré de son livre Un cri au ventre, que vous trouverez chez J'ai lu. Peut être est ce que vous ne connaissez pas Edora? Elle est célèbre pour avoir participé pendant des années à l'émission de Cyril Hanouna sur C8. Elle a fait aussi de la radio jouer au théâtre et un jour, elle a révélé qu'elle souffrait d'endométriose, une maladie taboue.

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Elle est très intime et elle le raconte de manière assez crue, comme personne n'en a jamais parlé. C'est une maladie de femmes que les hommes ne connaissent pas. En tout cas, c'était mon cas. Elle sera là, bien sûr, tout à l'heure pour le débriefe. J'ai écrit cette histoire avec Duhalde de Dieu le veut. Réalisation Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. J'ai dit la vérité en février 2017 dans un prime de l'émission Touche pas à mon poste sur C8. Ce soir là, il était question de dire la vérité. Un internaute m'a posé une question très intime. J'ai décidé d'y répondre franchement, t'as l'air amoureuse.

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Quand un enfant avec Doumé, alors peu. Il faut dire toute la vérité. C'est un peu tôt déjà. Et moi, j'ai un petit souci. C'est presque de la vérité. C'est que moi, j'ai une maladie s'appelle l'endométriose et j'ai d'autres soucis. C'est compliqué d'avoir des enfants pour moi.

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Ce soir là, j'ai accouché de tout leur.

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Je suis né en 1980 à Morlaix, en Bretagne, dans une famille où la maladie régnait en despote depuis des générations. Quand j'étais petite, les mamans de mes amis, les emmener à l'école et la mienne restaient parfois au lit. L'endométriose, déjà, à une époque où on n'en parlait pas. Et moi, je n'ai pas peur de le dire. Je suis un accident parce que quand elle est avancée, cette maladie compromet sérieusement les chances d'avoir un enfant.

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J'en sais quelque chose. Moi, ça fait dix ans que je joue. Et pourtant, ma mère, après d'innombrables fausses couches, a fait mentir les statistiques. J'ai grandi à Concarneau, dans le Finistère sud, à 100 mètres de chez ma grand mère maternelle, mamie Paulette. Elle était tout pour moi. C'était une femme indépendante et rebelle. Elle se revendiquait l'égale de mon grand père bien avant 68 et d'ailleurs, c'est lui qui était aux fourneaux et lui qui débarrassaient la table.

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Elle, elle portait des pantalons et elle remettait les emmerdeurs à leur place. Et elle aussi avait la maladie. Enfant, je ne savais pas de quoi ma mère et ma grand mère souffraient. Ce que je sais, c'est que moi, toute petite, plusieurs fois, on m'a tremper les pieds dans la fontaine de sainte d'Enora à Morlaix. Tout ça parce que la légende veut que ça d'Enora, prostituée de son état, avait reçu l'apparition de Joseph de sainte des flammes, qui l'avait guéri de la stérilité en lui baignant les pieds.

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Espoir, quand tu nous tiens.

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Jusqu'à l'âge de 28 ans, je vis heureuse comme une vraie petite brodeuse. Je me trouve belle avec mes sadresser qui semblent défier la mode. Mes fesses rebondies sur lesquelles on pourrait dîner à 2. Mais l'aurochs sauvage, mon ventre plat, mes cuisses musclées.

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Je me trouve jolie et je me sent tellement libre. Puis, 28 ans à l'époque, je suis animatrice sur Radio Nova et à. Un soir, sans préavis, la maladie me casse les jambes.

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Je transpire. Ça y est, la voilà qu'approchent une chaleur sourde qui me monte à la tête. On cogne sur Mettan, alors je me lève jouer n'importe quelle chanson de Nick Drake. Ça va me calmer comme un pansement. 7G. La première morsure arrive à coup de au niveau des ovaires. A droite à gauche, je mordeur dans mon ventre. En bas, ça crie des cris aigus. Je m'allonge sur le sol, sur le dos. Je manque d'air.

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Coup de couteau dans merlans. Je me replie en position fœtale. Je mandeure. Je bave, j'échoue. Ça crie dans mon crâne. Je crie aussi. Je réponds. La douleur se diffuse, elle attaque mes jambes, ça brûle. Gelures. Les contractions commencent. Au milieu coule le sang de mon vagin. Chagrinée, je rampe jusqu'aux toilettes. Je suis une larve malodorantes et sanguinolente. C'est Lourmarin. Putain, c'est loin. Je fais une pause.

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Nouvelles contractions. Je saigne Mangini et. Je laisse une trace sur le parquet. Je vomis. Je reprends ma route vers les toilettes.

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Je transpire. Je me hisse sur les toilettes. Une contraction. Je pousse, je me vide de mon sang. Je pousse du sang, Jacques ou descend. Je remets ma culotte. Je m'allonge par terre. Je rouvre les yeux. Je fonce jusqu'à la salle de bains. Mes médicaments, mes médicaments. Trouver la bonne drogue, la bonne dose. J'ai gagné, je vais me doucher, je vais me laver.

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Elle est longue, ma course pour mettre un mot sur ma maladie. Il a fallu deux fausses couches et des années de douleurs pour composer un diagnostic. Mon gynécologue est passé totalement à côté de ce que je lui décrivez.

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Vous devriez aller voir un psychologue. Il a dû me prendre pour une hystérique.

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Le deuxième gynéco que je vais voir? Kabiné, austère secrétaire de 230 ans. Je lui décrit les symptômes.

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Les bonnes femmes, les bonnes femmes et vos rêves, c'est toujours un poème.

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J'ai dû voir 5 gynécologue avant de rencontrer le bon. Et ce faisant, j'ai perdu 3 ans, ce qui est nettement moins que les 7 ans et demi en moyenne au niveau national. Comment expliquer l'ignorance et l'indifférence du corps médical? Moi, ma chance, c'est d'avoir eu une mère atteinte du même mal et donc, à un moment donné, j'ai pu souffler le mot à l'oreille des gynécologues.

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Ce n'est pas pour dire, mais je pense que c'est l'endométriose. D'accord, je le pense aussi. Mais le problème, c'est que ça ne se soigne pas. Il faut prendre des antidouleurs et puis puis serrer les dents. Par ailleurs, sachez que vous n'aurez pas d'enfant. C'est terminé. J'ai fini par trouver le bon bon médecin. Bon diagnostic. Bonne solution.

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Je suis possédé par mon désir d'enfant, au point qu'il m'est arrivé de mimer publiquement le fait d'être enceinte, de glisser un coussin sombrons, de dire au gré des conversations.

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Et oui, je suis enceinte depuis mes 20 ans.

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J'ai dû pissé une centaine de tests de grossesse juste pour m'entendre le demander à la pharmacienne à voix haute, distinctement, avec un large sourire, pour qu'elle comprenne que ça serait une jolie nouvelle.

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Bonjour, je voudrais un test de grossesse, svp. J'espérais un miracle, même si la maladie m'a appris à vivre. Des illusions permanentes. Aujourd'hui, je suis au bureau, je prépare mon émission de radio et je sais que je suis enceinte, mais 500 plus gros. J'ai des bouffées de chaleur. J'ai mal au coeur. Ça fait trois jours que je me dis que je suis enceinte. Alors, détour par la pharmacie. Bonjour, je voudrais un test de grossesse, svp.

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Retour à la maison.

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Je déchire l'emballage. Je rhine sur le bâtonnet positif.

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Je le savais. Je suis enceinte de 2 3 semaines, mais je retiens ma joie. Voilà ce que l'endométriose nous vole la joie. Prépare toi à souffrir. Ma grande, c'est comme un compte à rebours. La fausse couche annoncée, je sais, je sais que je vais le perdre. Je sais qu'il ne va pas pouvoir s'accrocher. C'est terrible de recevoir la nouvelle qu'on attend depuis toujours dans un brouillard d'idées noires.

[00:09:44]

Ce soir, je suis invité chez une amie à un grand dîner parisien, dans un grand appartement du 10ème arrondissement, avec des attaches lépreuse, des animateurs et des gens qui bossent dans la mode.

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Oh Nora, je suis tellement contente que tu sois là à table, on mange bio. La botte d'asperges en provenance directe du producteur a dû coûter 23 euros. Les serviettes sont brodées. Le fromage est truffé. Les convives sont intelligents, ils sont drôles. Ils sont très beaux.

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Et puis, juste avant le dessert, vient la question. C'est Damien, l'attaché de presse des Stars, qui me la posent sans délicatesse. Et toi, Hainault, t'as pas d'enfant? C'est fou. Je souris jaune et je serre la version censurée. Eh bien non, pas pour l'instant, pas pour l'instant. Drôle de façon de dire que t'as pas de mec, non? Et Gavin aura la quarantaine demain. Si tu attends trop longtemps, ce sera mort.

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Franchement, tu devrais essayer plutôt tôt.

[00:10:56]

Ce sera difficile. La tête me tourne et j'ai envie de hurler, mais je ne dis pas que je suis malade. La peur de passer pour une fille misérable et je leur sert ma phrase. En fait, moi, je ne veux pas d'enfant, je ne veux pas pour moi.

[00:11:15]

Stupeur et tremblements dans l'assemblée. Ce genre de dîner, j'envie tous les mois. En société, ne pas avoir d'enfant est une maladie. Quand on est une femme sans enfant, on est hors champ.

[00:11:32]

8 heures et demie, le réveil sonne. J'ai passé une nuit atroce. J'ai saigné sans interruption. Je me recouche, épuisé. 10 heures et quart. Je suis en retard. La douche pour me débarrasser de cette odeur de sang. Je suis à peine sortie de la douche que la douleur repart. Il faut tenir. Il faut tenir. Je n'ai pas le cœur à tapisser ma culotte avec une serviette format XXL.

[00:11:58]

Alors, j'enfile le plus gros tampon que j'ai Midy. Je fonce aux toilettes. Mon tampon n'a tenu qu'une heure. Pas le choix. Je mets une grosse serviette, une couche premier cachée de la machine. 15 heures. J'ai rendez vous au Ritz avec une marque de fringues qui veut que je sois son nez. J'écris, je commande un thé, je reprends un cachet. Les toilettes sont loin. Je finis par craquer. Changement de serviette. 17 heures.

[00:12:26]

Direction le plateau de Touche pas à mon poste. Je me sent sale. L'impression de sentir mauvais. Je passe au stylisme.

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Alors Raynor, j'étais prévu un pantalon blanc. Ça va, un pantalon blanc? Sans blague. Je refuse. 21 heures. Je dois foncer à la radio pour trois heures d'antenne. Et Enora le soir. Ecoutez la douleur des autres pour calmer la mienne. Passage aux toilettes, changement de serviette. Je serre les dents 23 heures. Je rentre chez moi ravagé. Quelque chose de rhum cul sec. Quelques lattes sur un joint, une fiole d'occupant et dodo.

[00:13:12]

Demain demain, ce sera peut être pire.

[00:13:27]

Un soir, dans Touche pas à mon poste, c'est l'apothéose. J'effectue en direct une chorégraphie de I'm Still Life for You de Britney Spears.

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Et là, l'endométriose attaque par derrière la salope, attaque Mirin, j'accélère, je me dérange. Le sang coule, mon visage n'exprime rien.

[00:14:04]

Le message est clair et pour le coup, la maladie est peut être une alliée. J'en fais trop. Il est temps de recouvrer ma dignité oubliée. J'entame le chemin qui va me mener jusqu'à la démission de Touche pas à mon poste. Ma mort médiatique dure six mois douillettes, plutôt tranquille, le téléphone ne sonne plus. J'ai toutes mes soirées. Je retourne au cinéma. Je revois mes amis. Je coûta la vie. Une vie normale après dix ans passés dans un tourbillon quotidien.

[00:14:44]

Même si les gens ne me parlent que de ça. Oui, Nora, bonjour. Pourquoi vous êtes partie?

[00:14:50]

Vous allez revenir un matin?

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On me propose de jouer dans une pièce de théâtre, Les montagnes russes Erika Schuss, après avoir fait l'histoire d'une fille qui cherche son père s'appelait et c'est comme ça que la lumière revient.

[00:15:10]

Celle qui apaise, celle qui réchauffe. Juste ce qu'il faut.

[00:15:24]

Pour une autre pièce, quelques temps plus tard, je dois aller essayer des costumes dans un garde du 20ème arrondissement où sont entreposés la plupart des costumes de théâtre. Ça sent la vieille fripes. J'enfile une culotte à froufrous, des bas, un corset et j'ai la nausée.

[00:15:43]

Je ne vois que mon corps bourré de la maline et suant de Rome. Et là, parce qu'elle, la costumière, ma porte une robe.

[00:15:51]

Tiens, elle aura cette robe rouge.

[00:15:54]

Ça fait des années que j'essaie de la faire porter à quelqu'un. Je n'ai jamais trouvé la bonne comédienne. Jouer le rouge, le rouge, c'est le sang entre mes jambes. Alors je desseilles sans conviction. Je m'approche du miroir.

[00:16:11]

Une apparition. Cette robe me fait l'effet d'un électrochoc. Je me regarde pour la première fois. Je vois tout les rides au coin des yeux. Mais ils sont toujours bleus, mes bras un peu mous, mais rigolos. Une femme de 38 ans à qui je décide ce matin là, de part d'où naît le temps de la souffrance et de la contrition, doit cesser. Bonjour à toi, petit corps abîmé, mais il est temps de réparer. Viens, on va danser, everybody!

[00:16:49]

Il n'en est pas au. Fairways de 50.000. Duquennoy, Reshma. Par ailleurs. Depuis trois semaines, tout mon entourage se demande pourquoi je souris constamment. Je suis enceinte, ce n'est pas la première fois.

[00:17:21]

Je connais le duo infernal Fausses couches, vraies angoisses. Mais cette fois, j'y crois. Mon corps réagit différemment. J'ai des nausées, mes seins font la taille des monts d'Arrée. J'ai la peau grasse. Alors naïvement, je me dis ça tiendra et donc pleine d'espoir. Je me rends chez mon gynéco pour la première éco graphie sur la table d'examen. Je souris, j'écarte, mais j'en vois.

[00:17:50]

Voilà, ne bougez plus. Détendez vous, je laisse la sonde pénétrer dans mon vagin. Le médecin fronce les sourcils. Nos regards se croisent.

[00:17:59]

Je ne vois rien dans l'utérus. Il y. Il cherche encore.

[00:18:07]

Malheureusement, le fait coincé dans la droite. C'est une grossesse extra utérine.

[00:18:15]

Je suis sonnée. C'est un deuil qui commence.

[00:18:26]

Mme. Celui. On vient de faire l'amour. C'était merveilleux, mais j'ai une petite douleur dans le ballon. Je passe la main à l'entraînement, vagins.

[00:18:50]

C'est rouge, c'est la couleur dont j'ai horreur. C'est le malheur systématique. Une fausse couche encore. La nuit est rythmée par les douleurs des sortes de contractions. Mais la mort prend son temps. Et au matin, je n'ai pas expulsé la journée qui commence. Je la connais par cœur.

[00:19:31]

Je viens d'emménager dans un nouvel appartement plein de lumière et d'espoir. C'est un sanctuaire paisible. Je veux le préserver des mauvaises ondes. Je ne me livrerai pas ici à mon rituel mortuaire.

[00:19:44]

Je vais aller à l'hôtel. Allô, bonjour, je voudrais réserver une chambre pour tout de suite, la chambre est un peu miteuse.

[00:19:56]

Les murs sont tapissés de fleurs vertes et jaunes.

[00:19:58]

Les meubles sentent le vieux bois et la salle de bains est équipée d'une baignoire. C'est tout ce qui compte. Je sais quoi faire et comment le faire. C'est la quatrième ou la cinquième fausse couche. Puis arrêtez de compter. La cérémonie sacrificielle commence. Je pose une serviette au pied de la baignoire, une autre imbibée d'eau fraîche au niveau de ma tête. Mon pantalon, je m'allonge par terre. Elle va revenir. Je lassants. Ça y est. Ça y est.

[00:20:39]

Elle est là, la grosse contraction. J'ai mal Agrimer Shapes. J'ai chaud. Je transpire. Je me éponge le front avec la serviette humide. J'ai les yeux rivés au plafond un court instant. J'ai l'impression de tenir la main de toutes celles qui sont passées par là avant moi. Femmes de tous, pays de toutes couleurs, de tous les temps. Plutôt que de m'asseoir sur les toilettes, ma technique consiste à monter dans la baignoire. Je me accroupie en mode tenant à la faïence et je pousse quatre fois et à la quatrième poussée, je le sang qui jaillit de mon vagin.

[00:21:26]

Je sors de la baignoire, j'aurais un slogan. Je regarde le sac disparaître dans la canalisation et je vais m'allonger sur le lit étranger.

[00:21:42]

Et mes larmes se mettent à couler comme tout le sang que j'ai perdu sans fin, comme la tristesse qui m'habite.

[00:22:01]

Nous visons. Il y a quelques années, j'appelle Cyril Hanouna en pleine nuit, je viens de faire une fausse couche. Dis moi, Cyril, c'est possible que je vienne pas ce matin. Non, je n'ai pas pochés, ma chérie.

[00:22:43]

Je me rends donc au boulot à 5 heures du matin, une serviette épaisse dans la culotte et le ventre déchiré. Je serre les dents toute la matinée. J'ai mal, je suis ravagé par la tristesse, mais rien, rien n'apparait à l'antenne. Les humains ont cette capacité d'encaisser les pires horreurs en jetant un voile bryenne par dessus.

[00:23:13]

Voilà trois semaines que j'ai fait ma dernière fausse couche. Je pensais être remise et je me rends compte que ce n'est pas le cas. Je sent comme un épais manteau noir sur mes épaules. J'ai les yeux rivés vers le sol. J'ai la respiration saccadée. J'ai envie de me faire mal. Ça fait trois semaines que le sang coule en quantité astronomique entre mes jambes. Je suis déchiqueté de l'intérieur. J'ai mal de manière continue, sans une minute de répit.

[00:23:43]

Je suis tellement épuisé que je me tape la tête contre les murs, que je me griffent le ventre comme si je voulais en détourner la douleur.

[00:23:52]

Et ce soir, j'ai envie de boire, boire, boire et c'est ce que je fais, une bouteille de vin blanc. L'ivresse me gagne, l'anesthésie aussi. Pour la première fois depuis trois semaines, je m'endors sans douleur. Christopher. Trois soirs de suite, je bois des litres d'alcool pour étouffer mon infinie tristesse.

[00:24:24]

Et un soir, je suis tellement partie qu'on me vole mon sac que j'ai posé sur le parvis du Trocadéro. Plus de clé, plus de cartes, plus de portables. Le lendemain, au réveil. Douche froide, remise à niveau à risettes. Je dois stopper cette spirale destructrice, arrêter de plonger, de nager en apnée dans la merde. Chaque enfant, chaque adolescent que je croise est une souffrance. Je leur caresse la tête. Je pourrais être leur mère.

[00:24:58]

C'est pathétique. Mais les démons sont à ma porte. Je recommence à sombrer. Mais la bonne nouvelle, c'est que j'en prends assez vite conscience. La mauvaise, c'est qu'il m'arrive encore de boire. Augmenter la fréquence de mes séances chez le psy. Faire plus d'exercices de respiration.

[00:25:32]

Pour mieux contrôler mes hormones capricieuses, il faut que j'arrive à faire la part des choses entre mon endométriose et mes pulsions d'autodestruction. Qui était là le premier, qui est responsable de l'autre? Je mélange mes souffrances, mais elles sont toutes à moi. La boisson est désormais bannie de mon appartement et de mes soirées.

[00:26:00]

T'as pas une bouteille quelque part? Non, j'en ai pas.

[00:26:06]

J'ai décidé de ne plus Fyé. Je ne peux plus. Cette fuite large n'est pas celle d'une femme libre. Je pense à ma mère qui, malgré ces années sanglantes, n'a pas sombré dans la dépendance pour autant.

[00:26:26]

Un 20 juillet, jour de mon anniversaire, je pose le pied au Sénégal, dans un petit hôtel au bord de la mer, à l'assaut Sorbonne. Et là bas, je parle encore et encore avec des femmes et elles finissent par me poser la fameuse question Pourquoi tu n'as pas d'enfants?

[00:26:46]

Je leur explique ma maladie, tout ce sang qui coule à l'intérieur et à l'extérieur. Et l'une d'elles, timide, me révèle entre deux gorgées de thé, qu'elle aussi perd beaucoup de sang et qu'elle a très mal dans mon égoïsme de femme blanche parisienne. Je n'avais jamais pensé à la réalité de toutes les autres dans le monde. Cette jeune femme a recours à des décoctions et à la prière. Le diable est dans la maladie. Elle n'a pas les moyens d'acheter des protections hygiéniques.

[00:27:20]

Je mélange de l'argile avec des bouche de vache et je tapisse le fond de ma culotte. Oui, combien d'entre nous berthelin leurs culottes de papier toilette?

[00:27:40]

Au Sénégal, je visite un orphelinat et je trouve des réponses en plongeant mon regard dans les yeux des enfants. En restant assise des heures et des heures sur le perron, en regardant les petits aller et venir.

[00:27:56]

L'adoption sera ma prochaine aventure, celle de ma vie la plus jolie, avec mon utérus malade et mes jambes bancales. Nous sommes prêts désormais à vivre la deuxième moitié de notre vie. Histoire tirée de votre livre d'Enora Malagré.

[00:28:24]

Un cri du ventre que l'on trouve aujourd'hui chez J'ai lu, je suis très, très ému par merci. Est ce que ça vous a fait du bien de faire ce livre?

[00:28:37]

Alors oui, ça a été la fin de ma psychanalyse. Oh, si l'on regarde. J'ai fait beaucoup d'économies depuis ce livre. Oui, ça m'a assez mal.

[00:28:51]

Ça a été salvateur. Bien sûr, c'est le nom est assez bien trouvé. Je me félicite. C'est vraiment un cri du ventre. J'avais besoin de le crier de cette façon, avec ces mots là que vous avez si bien retranscrit. Ces trucs là, c'est très cru. Parce que c'est aussi craint que la maladie l'ait.

[00:29:09]

J'avais, moi, pas vraiment lu d'ouvrage sur cette maladie. En tout cas, pas d'ouvrage que je me sentais concerné. Je ne me retrouvais pas dans les récits sur cette maladie. Alors, j'ai évidemment décidé de raconter ce qu'était le quotidien véritable de cette maladie. Alors, d'une part, pour aider les jeunes filles ou les femmes à identifier la maladie et d'autre part aussi pour que les gens se rendent compte que ce n'est pas une simple douleur de règles. C'est une maladie chronique, invalidante qui empêche réellement de vivre comme tout le monde.

[00:29:42]

Vous avez eu beaucoup de retours de femmes, j'imagine?

[00:29:44]

Oui, ça a été au delà de ce que je pouvais penser. Je suis très, très fière.

[00:29:48]

Je crois avoir aidé certaines et en tout cas, je suis sûre d'avoir libéré en tout cas la parole sur le quotidien. Cette maladie, je suis très content d'avoir fait ce bouquin, c'est sûr.

[00:30:00]

Sans entrer dans votre intimité, si ça vous emmerde, vous vous pouvez m'envoyer bouler. Où en êtes vous de votre projet d'adoption?

[00:30:07]

Alors on a, on attend vraiment avec mon compagnon. Le dernier moment pour entamer cette aventure, c'est à dire de vraiment avoir tout tenté.

[00:30:15]

Je dirais non comme Botmeur.

[00:30:19]

Oui, il me reste à ma mère, entre guillemets, malheureusement, nourrit cet espoir en voyant effectivement les beaux jours de la.

[00:30:27]

Une fois le seuil, encore une fois, je vais le faire jusqu'au bout. Là, maintenant, j'ai 40 ans, donc il y a vraiment un dernier espoir. Et ce qui est très compliqué quand on part sur l'adoption, qu'on soit une femme endométriose dite drogueries ou pas, c'est qu'on quitte quand même un chemin de croix compliqué pour en trouver un autre. Parce que l'aventure de l'adoption n'est pas simple non plus. Mais je pense que c'est plutôt vers ça que je me dirige et je ne vais pas tarder.

[00:30:54]

Entamé les démarches.

[00:30:55]

Très concrètement, au début de l'histoire, vous évoquez votre votre maman et votre grand mère qui sont atteintes de la même maladie. A partir de quel moment est ce que elles posent le mot d'endométriose sur ce qui leur arrive?

[00:31:11]

Alors je crois, ma grand mère, jamais votre grand mère. C'est quoi? Nous, on l'a su après l'appel. Ça commence. À l'époque, elle pensait que c'était juste des douleurs de règles, des règles douloureuses.

[00:31:21]

Oui, et c'est lorsque sa fille en a été atteinte qu'elle a finalement compris qu'elle avait eu pendant tant d'années. Mais elle était déjà ménopausées. Donc elle n'avait plus ses douleurs puisque à la ménopause, la mère s'impose. Voilà, je vous dis pas à quel point j'attends impatiemment cette femme de France qui, vraiment, attend ce moment comme au pied du sapin. Donc, je pense que pour ma grand mère, du coup, jamais. Et ma mère grâce, ça a quand même un entourage déjà un peu plus alerté sur ces questions là.

[00:31:51]

Découvert. Mais pour autant, maman n'en parlait pas un mot.

[00:31:56]

Un médecin a posé le mot endométriose sur la maladie de votre main.

[00:31:59]

Oui, mais vous savez, à l'époque, je pense que c'était déjà très tard. C'était déjà trop tard. Je crois que ça a été après ma naissance, mais jusqu'alors, elle n'avait pas de diagnostic et on puisse très rapidement, c'est à dire après moi, la maladie était tellement étendue qu'elle, elle a dû subir une hystérectomie, c'est à dire une ablation de l'utérus qu'elle règle la question qui règle la question. Sauf que lui, il faut quand même le dire.

[00:32:23]

Pour les femmes qui nous écoutent, hystérectomie n'est pas un remède à l'endométriose. Et parfois, effectivement, retirer l'utérus peut éviter la propagation de l'endométriose. En aucun cas un remède. Et c'était une autre époque. On pensait qu'en retirant l'utérus, ça soignait l'endométriose.

[00:32:38]

Voyez, c'était un autre temps, donc c'est une maladie héréditaire.

[00:32:41]

Alors non.

[00:32:43]

Je vais vous dire la vérité, Christophe. On ne sait pas d'où ça vient. Et surtout, il n'y a toujours pas de traitement. On ne guérit pas de l'endométriose aujourd'hui en 2021. C'est pour ça qu'il faut des sous pour la recherche, par exemple. Il n'y a aucun remède. On nous accompagne avec cette maladie, ce qui nous permet de mieux vivre. Par exemple, la pilule en continu, par exemple, certaines interventions chirurgicales. Mais en aucun cas on ne guérit aujourd'hui de cette satanée maladie.

[00:33:09]

Votre maman vous appelle Nora. A cause de ça? Nora Oui, est donc lui qui a donc été guéri de la stérilité? Oui. Tu parles! Alors c'est flashent qu'elle vous fait porter ce prénom sur ce qu'on se dit. Souriant, mais voilà, quel cadeau, quelle pression! Mais le merveilleux résultat qu'on connaît.

[00:33:28]

On en rit maintenant parce qu'il faut aussi en rire. S'agit pas d'être toujours dans la plainte et être victime, justement. Ne laissons pas la maladie gagner. Mais c'est vrai que parfois, dans les dîners familiaux, c'est une vanne qui revient très souvent.

[00:33:45]

Votre maman, je suppose qu'elle est la première que vous informer lorsqu'à 28 ans, vous avez votre oui.

[00:33:49]

Oui. D'ailleurs, elle m'avait déjà alerté un peu avant, quand je lui avais déjà fait part de nouvelles douleurs, de règles que je n'avais pas auparavant. Lors de ma puberté ou autre, c'est elle qui m'avait déjà glissé ce mot à l'oreille que je n'avais évidemment pas ni écouté ni entendu que j'avais vraiment balayé du revers de l'indifférence. Et puis là, après la deuxième fausse couche, je l'ai écouté avec un peu plus d'attention.

[00:34:13]

Entre votre puberté et ses 28 ans, tout était normal. A aucun moment vous n'avez cette.

[00:34:19]

Rien. Non, parce que d'une part, on n'en parlait que quand même très peu avec ma mère. C'est une maladie qui peut frapper à tout moment quand votre fille aura ses premières règles. Ça peut frapper à ce moment là. Ça peut frapper tout de suite à ce moment là et ça peut frapper à 40 ans. Ça peut frapper après un premier enfant. Après un deuxième enfant, un troisième. C'est ça le problème avec cette maladie. Il n'y a pas de règles.

[00:34:40]

Alors, vous racontez votre parcours de 3 années chez cinq gynécologues avant d'avoir le bon diagnostic. Ça veut dire que aujourd'hui encore, en France, il y a des gynécologues qui ne savent pas ce qu'est l'endométriose.

[00:34:54]

Il y a une vraie errance à ce niveau là. Je pense qu'alors maintenant, ça va beaucoup mieux depuis que, justement, nous faisons beaucoup de bruit autour de cette maladie que des associations ont alerté les gynécologues quand même.

[00:35:06]

J'en ai fait part, j'en ai fait le plein, alors je suis pas seul avec mes collègues. Laetitia Milot, Umanis, etc. C'est vrai qu'on les a pas tellement lâchés. Moi, j'ai assisté, par exemple à des cours dans une certaine faculté parisienne, renommées que je ne citerai pas, où le cours d'endométriose n'était pas obligatoire. Et sur un amphithéâtre de 250 étudiants, il n'y en avait que 30 qui assistaient à ce cours. C'est vous dire l'indifférence autour de cette matière.

[00:35:27]

Nous sommes un peu en retard par rapport à nos collègues allemands ou nos collègues israéliens, nos collègues américains. On ne parle pas non plus aussi des médecines parallèles qui peuvent aussi aider les femmes qui sont atteintes d'endométriose. C'est vrai qu'aujourd'hui, ça bouge, ça bouge vite, ça bouge fort, mais il y a encore du boulot pour que les médecins puissent être un peu plus spécialisés dans cette maladie.

[00:35:46]

Ça veut dire qu'il n'y a pas de consensus scientifique sur la réalité de cette maladie ou, si non, il n'y en a pas. Je ne pense pas ça. Il y a des gynécologues qui sont contre, sont pas contre.

[00:35:56]

Je ne crois pas.

[00:35:57]

N'y croient pas. Ou alors quand on arrive, c'est vrai que la première chose, quand on arrive chez les gynéco, je caricature, mais à peine. Et quand on dit on a des règles abondantes et douloureuses, on s'entend répondre Ben c'est normal, les règles, ça fait mal. Alors les règles, c'est un peu douloureux, mais pas à se damner à ce point. Pas s'évanouir, pas à vomir, pas avoir la diarrhée. Ça, ce n'est pas normal.

[00:36:16]

Alors, je vous avoue que moi, en tant qu'homme, j'avais vaguement entendu parler de cette maladie d'ailleurs, essentiellement au moment de la sortie de votre livre. Mais en vérité, je n'en savais rien. C'est le cas, je pense, de la plupart des hommes.

[00:36:31]

Oui, c'est le cas de la plupart des hommes et aussi par des femmes, d'ailleurs.

[00:36:34]

Mais c'est vrai que pour les hommes, les règles, c'est autre qu'on comprend déjà.

[00:36:38]

Ça dépasse un peu ce qui est fait. Mais je vous remercie de parler aussi des hommes parce que cette maladie, quand on est en couple avec un homme, on la vie à trois.

[00:36:47]

Vous le dites toujours. Vous êtes en couple, peut être depuis un moment? Oui, mais vos hommes pressés, dont certains sont partis à cause de ça, il faut le dire.

[00:36:55]

Certains prennent leurs jambes à leur cou parce que parfois aussi, on a mal pendant les rapports sexuels. Le sang peut couler à tout moment. Et puis, c'est très compliqué de rencontrer quelqu'un et de assez rapidement lui offrir cette intimité là bas qui est assez peu ragoûtante. Alors certains prennent leurs jambes à leur cou. Mais pour rassurer nos auditeurs, la plupart restent. Il y a beaucoup d'hommes merveilleux qui se battent à nos côtés et j'aimerais en profiter pour leur faire un petit coucou amical et pour les remercier de leur patience.

[00:37:27]

Parce que cette maladie, elle envahit le couple et elle le fragilise. Alors, pour ceux qui restent à nos côtés, je voudrais dire merci.

[00:37:34]

Finalement, c'est un test intéressant pour savoir si l'homme vous aime ou pas. Il reste, celui ci passe par là. Avez vous remarqué que c'est le bon Luxen, bon gars? C'est que c'est le bon.

[00:37:44]

Vous racontez que l'alcool, à un moment, a été un refuge. Le rhum, ça marche?

[00:37:49]

Oui. Alors, en bonne Bretonne, on aurait pu penser que le jeune homme sur scène. Mais moi, je suis allé plutôt vers le rhum. Maintenant, ça a été terrible.

[00:37:56]

Ça a été à la fois. Vous le racontez très bien. Pour lutter contre les douleurs parce que ça anesthésie. Et aussi comme un anxiolytique face à une forme de dépression. Ou complètement.

[00:38:08]

Alors, je crois que j'avais probablement un terrain addictif à la base. On ne tombe pas dans l'addiction par hasard et je le dis un peu dans le livre et vous l'avez très bien exprimé en le récitant. Je ne sais pas qui est arrivé en premier. Oui. Vous êtes animatrice télé de radio, donc normalement, vous picolé? Oui, on est tous pareils.

[00:38:27]

Qu'est ce que j'aime votre métier depuis toujours? C'est sûr qu'on est assez tenté, mais là, alors là, évidemment, j'avais un peu. On m'a tendu un peu le bâton, un peu plus. Mais c'est vrai que ça a été un refuge pendant trop longtemps et c'est une spirale. C'est un tel anesthésiant. Et puis en plus, quand je n'avais pas vraiment de solution et que je méconnaissait encore ma maladie, et quand les médicaments ne faisaient plus effet.

[00:38:50]

Vers quoi on se tourne vers l'alcool.

[00:38:52]

Vous avez replongé parfois plusieurs fois, mais plusieurs fois à La Rochelle.

[00:38:58]

Alors parfois avec délice, parfois avec honte. On est là. Malheureusement, je ne peux plus boire. Du coup, j'ai été trop loin.

[00:39:05]

Les antidouleurs aussi sont addictifs. Parce que vous, à Maline, c'est un opioïde de la morphine. Alors complètement est alors là pour le coup.

[00:39:14]

Évidemment, je suis tombé aussi accro à ces saloperies. Alors là, c'est la médecine qui vous tente quand même pas souffrir non plus?

[00:39:21]

Non, bien sûr. Mais non, le truc, c'est que ce n'est pas le bon médicament. C'est à dire qu'on nous, on nous bourre d'antalgiques de faire. Maintenant, je sais que les médecins ont fait des efforts, mais moi, je fais partie de cette génération. C'était vraiment un cachet. Et Holly, mébon. Le problème, c'est qu'un cachet, puis deux, puisque ça nous fait plus d'effet tant la crise, en plus, grossit avec le temps.

[00:39:38]

Puisque la maladie s'étend, elle s'étend, elle s'étend alors pas pour tout le monde.

[00:39:43]

Mais moi, en l'occurrence, je n'en ai pas que dans l'utérus. J'en ai dans la vessie, dans les jambes et je ne suis pas la seule à souffrir être au stade 4 de cette maladie. Le dernier stade, du coup, est bien.

[00:39:53]

Plus elle s'étendait, plus je me prenais de cachets et on arrivait en décrocherait facilement. Non, non, non, c'est très dur d'un an.

[00:40:00]

Il faut être très solide psychologiquement. Il faut être accompagné. Moi, je n'ai pas fait ça toute seule. Évidemment, j'ai été accompagné dans ma vie personnelle par un entourage bienveillant et un petit ami fabuleux, mais par évidemment un psy. Et j'ai fait ce qu'il fallait faire. Je me voyais partir. Je me voyais vraiment partir dans ses addictions là.

[00:40:16]

Alors vous rencontrer très, très bien là. La pression sociale pour avoir un enfant est une pression que toutes les femmes ont à peu près connues, toutes celles qui ont trouvé un copain 17 au 23. Elles ont connu ça.

[00:40:29]

Vous avez coiffer Sainte-Catherine à plusieurs reprises, comme on dit, et vous vous répondez? Évidemment, ce n'est pas fait pour moi. Le problème, c'est que vous avez une envie profonde. A côté de ça, il y a aussi des femmes qui n'ont pas envie d'avoir complètement.

[00:40:42]

Je crois que c'est très important aussi d'arrêter de penser que notre utérus appartient à tout le monde. Ça ne me pose jamais la question. Un homme? Bien non. Qu'on ait envie d'avoir des enfants ou pas, il y a forcément un moment où notre utérus fait l'objet d'une discussion. C'est quand même hallucinant. Pardonnez moi, les testicules des garçons ne font pas l'objet de discussions à table. Dommage.

[00:41:01]

Dommage, mais oui, ça serait peut être moins réjouissant. C'est vrai, vous avez raison, mais c'est complètement dingue. Et donc, effectivement, moi, par honte et par pudeur, je préférais dire je n'en voulait pas. Je ne sais pas pourquoi. D'ailleurs, c'était un peu bizarre.

[00:41:13]

En tout cas, il se trouve que moi, personnellement, j'en avais envie. J'en ai envie, mais alors c'est chevillé au corps et c'est un drame absolu pour moi. Il n'y a pas un jour, encore aujourd'hui, au moment où je vous parle ou je ne me réveille pas le matin. En espérant que cela va m'arriver. C'est le drame de ma vie et vous avez la certitude, parce que c'est une vraie question qui n'est jamais posé, qu'un enfant adopté sera votre enfant parce qu'on a le droit de dire non.

[00:41:39]

Ça aussi, il y a des tas de femmes qui ont adopté et qui n'ont pas osé reconnaître que c'était plus difficile.

[00:41:45]

Oui, c'est vrai que c'est un sujet tabou qui mériterait une aussi longue émission. Avec vous, j'ai fait déjà. Ça ne m'étonne pas.

[00:41:52]

Eh bien bravo! Parce que c'est un immense tabou. Pour ma part, vous avez cette certitude. Mon Dieu, elle est dans mon ventre alors que je ne vais pas le porter.

[00:42:01]

Je suis très heureux d'avoir porté votre récit. Nora Malagré tiré de ce livre Un cri du ventre, aux éditions J'ai lu désormais des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.