Transcribe your podcast
[00:00:00]

Mercedes Benz, dis moi c'est ton utilitaire électrique là? Oui, mais alors ça veut dire que c'est le bon moment. Mais oui, c'est le bon moment, c'est le bon moment. Oui, bon, ben va chez Mercedes Benz utilitaires.

[00:00:08]

Au lieu de crier à Wéo, qui essaye conseils d'experts et solutions de financement pendant les moments, Biréli, avec les Litho Sprinter et Mercedes Benz, met tout en oeuvre pour que ceux qui le souhaitent puissent passer à l'électrique pendant le confinement. Notre réseau vous accueille uniquement sur prise de rendez vous pour les départements concernés Mercedes-Benz.

[00:00:27]

La seconde, Christophe Hondelatte, c'est l'un des récits les plus touchants de tout ce que je vous ai raconté. Celui d'Enora Malagré, tiré de son livre Un cri au ventre, que vous trouverez chez J'ai lu. Peut être est ce que vous ne connaissez pas Edora? Elle est célèbre pour avoir participé pendant des années à l'émission de Cyril Hanouna sur C8. Elle a fait aussi de la radio jouer au théâtre et un jour, elle a révélé qu'elle souffrait d'endométriose, une maladie taboue.

[00:00:59]

Elle est très intime et elle le raconte de manière assez crue, comme personne n'en a jamais parlé. C'est une maladie de femmes que les hommes ne connaissent pas. En tout cas, c'était mon cas. J'ai écrit cette histoire avec Duhalde de Dieu le veut. Réalisation Céline le bras.

[00:01:17]

Henrotin. Christophe Hondelatte. J'ai dit la vérité en février 2017 dans un prime de l'émission Touche pas à mon poste sur C8. Ce soir là, il était question de dire la vérité. Un internaute m'a posé une question très intime. J'ai décidé d'y répondre franchement, t'as l'air amoureuse.

[00:01:42]

Quand un enfant avec Douai? Alors un peu. Il faut dire toute la vérité. C'est un peu tôt déjà. Et moi, j'ai un petit souci. C'est presque de la vérité. C'est que moi, j'ai une maladie s'appelle l'endométriose et j'ai d'autres soucis. C'est compliqué d'avoir des enfants comme moi.

[00:01:58]

Ce soir là, j'ai accouché de ma.

[00:02:11]

Je suis né en 1980 à Morlaix, en Bretagne, dans une famille où la maladie régnait en despote depuis des générations. Quand j'étais petite, les mamans de mes amis, les emmener à l'école et la mienne restaient parfois au lit. L'endométriose, déjà, à une époque où on n'en parlait pas. Et moi, je n'ai pas peur de le dire. Je suis un accident parce que quand elle est avancée, cette maladie compromet sérieusement les chances d'avoir un enfant.

[00:02:40]

J'en sais quelque chose. Moi, ça fait dix ans que je joue. Et pourtant, ma mère, après d'innombrables fausses couches, a fait mentir les statistiques. J'ai grandi à Concarneau, dans le Finistère sud, à 100 mètres de chez ma grand mère maternelle, mamie Paulette. Elle était tout pour moi. C'était une femme indépendante et rebelle. Elle se revendiquait l'égale de mon grand père bien avant 68 et d'ailleurs, c'est lui qui était aux fourneaux et lui qui débarrassaient la table.

[00:03:15]

Elle, elle portait des pantalons et elle remettait les emmerdeurs à leur place. Et elle aussi avait la maladie. Enfant, je ne savais pas de quoi ma mère et ma grand mère souffraient. Ce que je sais, c'est que moi, toute petite, plusieurs fois, on m'a tremper les pieds dans la fontaine de sainte d'Enora à Morlaix. Tout ça parce que la légende veut que ça d'Enora, prostituée de son état, avait reçu l'apparition de Joseph de sainte Flamme, qui l'avait guéri de la stérilité en lui baignant les pieds.

[00:03:50]

Espoir, quand tu nous tiens.

[00:04:00]

Jusqu'à l'âge de 28 ans, je vis heureuse comme une vraie petite brodeuse. Je me trouve belle avec mes sadresser qui semblent défier la mode. Mes fesses rebondies sur lesquelles on pourrait dîner à deux. Mais l'aurochs sauvage, mon ventre plat, mes cuisses musclées.

[00:04:17]

Je me trouve jolie et je me sent tellement libre. Puis, 28 ans à l'époque, je suis animatrice sur Radio Nova et à. Un soir, sans préavis, la maladie me casse les jambes.

[00:04:37]

Je transpire. Ça y est, la voilà qu'approchent une chaleur sourde qui me monte à la tête. On cogne sur Mettan, alors je me lève, je mets n'importe quelle chanson tonique. Drake, ça va me calmer comme un pansement. 7G. La première morsure arrive à bout de bras au niveau des ovaires. A droite à gauche, je mordeur dans mon ventre. En bas, ça crie des cris aigus. Je m'allonge sur le sol, sur le dos.

[00:05:16]

Je manque d'air. Coup de couteau dans Mivela. Je me replie en position fœtale. Je manque d'air, je bave, j'échoue, ça crie dans mon crâne, je crie aussi, je réponds. La douleur se diffuse, elle attaque mes jambes, ça brûle. Gelures. Les contractions commencent. Au milieu coule le sang de mon vagin. Je rampe jusqu'aux toilettes. Je suis une larve malodorantes et sanguinolente. C'est Lourmarin. Putain, c'est loin. Je fais une pause.

[00:05:52]

Nouvelles contractions. Je saigne. Mon gin est trempé. Je laisse une trace sur le parquet. Je vomis. Je reprends ma route vers les toilettes.

[00:06:02]

Je transpire.

[00:06:04]

Je me hisse sur les toilettes. Une contraction. Je pousse, je me vide de mon sang, je pousse du sang. Jacques ouche de sang. Je remets ma culotte. Je m'allonge par terre. Je rouvre les yeux. Je fonce jusqu'à la salle de bain. Mes médicaments, mes médicaments. Trouver la bonne drogue, la bonne dose. J'ai gagné, je vais me toucher, je vais me laver.

[00:06:44]

Elle est longue, ma course pour mettre un mot sur ma maladie. Il a fallu deux fausses couches et des années de douleurs pour composer un diagnostic. Mon gynécologue est passé totalement à côté de ce que je lui décrivez. Vous devriez aller voir un psychologue Madmoizelle. Il a dû me prendre pour une hystérique. Le deuxième gynéco que je vais voir? Kabiné, austère secrétaire de 230 ans. Je lui décrit les symptômes.

[00:07:13]

Les bonnes femmes, les bonnes femmes, Boren, c'est toujours un poème. J'ai dû voir Salgues gynécologue avant de rencontrer le bon. Et ce faisant, j'ai perdu 3 ans, ce qui est nettement moins que les 7 ans et demi en moyenne au niveau national.

[00:07:30]

Comment expliquer l'ignorance et l'indifférence du corps médical? Moi, ma chance, c'est d'avoir eu une mère atteinte du même mal et donc, à un moment donné, j'ai pu souffler le mot à l'oreille des gynécologues.

[00:07:44]

Ce n'est pas pour dire, mais je pense que l'endométriose. D'accord, je le pense aussi. Mais le problème, c'est que ça ne se soigne pas. Il faut prendre des antidouleurs. Et puis. Et puis serrer les dents. Par ailleurs, sachez que vous n'aurez pas d'enfants. C'est terminé. J'ai fini par trouver le bon bon médecin. Bon diagnostic. Bonne solution.

[00:08:16]

Je suis possédé par mon désir d'enfant au Broquet, il m'est arrivé de mimer publiquement le fait d'être enceinte, de glisser un coussin sont rompus et de dire au gré des conversations.

[00:08:28]

Et oui, je suis enceinte depuis mes 20 ans. J'ai dû pissé une centaine de tests de grossesse juste pour m'entendre le demander à la pharmacienne à voix haute, distinctement, avec un large sourire, pour qu'elle comprenne que ça serait une jolie nouvelle.

[00:08:47]

Bonjour, je voudrais un test de grossesse, svp. J'ai espéré un miracle même si la maladie m'a appris à vivre. Des illusions permanentes. Aujourd'hui, je suis au bureau, je prépare mon émission de radio et je sais que je suis enceinte, mais son plus gros. J'ai des bouffées de chaleur. J'ai mal au coeur. Ça fait trois jours que je me dis que je suis enceinte. Alors, détour par la pharmacie. Bonjour, je voudrais un test de grossesse, svp.

[00:09:26]

Retour à la maison.

[00:09:28]

Je déchire l'emballage. Je rhine sur le bâtonnet positif. Je le savais. Je suis enceinte de 2 3 semaines, mais je retiens ma joie. Voilà ce que l'endométriose nous vole, la joie préparatoire à souffrir. Ma grande, c'est comme un compte à rebours. La fausse couche annoncée, je sais, je sais que je vais le perdre. Je sais qu'il ne va pas pouvoir s'accrocher. C'est terrible de recevoir la nouvelle qu'on attend depuis toujours dans un brouillard d'idées noires.

[00:10:06]

Ce soir, je suis invité chez une amie à un grand dîner parisien, dans un grand appartement du 10ème arrondissement, avec des attaches lépreuse, des animateurs et des gens qui bossent dans la mode.

[00:10:21]

Oh Nora, je suis tellement contente que tu sois là à table, on mange bio.

[00:10:29]

La botte d'asperges en provenance directe du producteur a dû coûter 23 euros. Les serviettes sont brodées. Le fromage est truffé. Les convives sont intelligents, ils sont drôles. Ils sont très beaux.

[00:10:41]

Et puis, juste avant le dessert, vient la question. C'est Damien, l'attaché de presse des Stars, qui me la pose sans délicatesse. Et toi, Hainault, t'as pas d'enfant? C'est fou, ça. Je souris jaune et je serre la version censurée. Eh bien non, pas pour l'instant, pas pour l'instant. Drôle de façon de dire que t'as pas de non et Vegas aura la quarantaine demain. Si tu attends trop longtemps, ce sera mort.

[00:11:16]

Franchement, tu devrais essayer plutôt. Ce sera difficile. La tête me tourne et j'ai envie de hurler. Mais je ne dis pas que je suis malade. La peur de passer pour une fille misérable.

[00:11:30]

Et donc, je leur sert ma phrase. En fait, moi, je ne veux pas d'enfant, je ne l'ai pas pour moi.

[00:11:37]

Stupeur et tremblements dans l'assemblée, ce genre de dîner. J'envie tous les mois en société. Ne pas avoir d'enfants est une maladie. Quand on est une femme sans enfant, on est hors champ.

[00:11:54]

8 heures et demie, le réveil sonne. J'ai passé une nuit atroce. J'ai saigné sans interruption. Je me recouche, épuisé et car je suis en retard. La douche pour me débarrasser de cette odeur de sang. Je suis à peine sortie de la douche que la douleur repart. Il faut tenir. Il faut tenir. Je n'ai pas le cœur à tapisser ma culotte avec une serviette format XXL.

[00:12:20]

Alors, j'enfile le plus gros tampon que j'ai Midy. Je fonce aux toilettes. Mon tampon n'a tenu qu'une heure. Pas le choix. Je mets une grosse serviette, une couche premier cachée de la machine. 15 heures. J'ai rendez vous au Ritz avec une marque de fringues qui veut que je sois son nez. J'ai écrit, je commande un thé, je reprends un cachet. Les toilettes sont loin. Je finis par craquer. Changement de serviette. 17 heures.

[00:12:48]

Direction le plateau de Touche pas à mon poste. Je me sent sale. L'impression de sentir mauvais. Je passe au stylisme.

[00:12:57]

Alors Enora, je t'ai prévu un pantalon blanc. Va un pantalon blanc. Sans blague, je refuse. 21 heures. Je dois foncer à la radio pour trois heures d'antenne. Et Nora le soir. Écouter la douleur des autres pour calmer la mienne. Passage aux toilettes, changement de serviette. Je serre les dents 23 heures. Je rentre chez moi ravagé. Quelque chose de rhum cul sec. Quelques lattes sur un joint, une fiole d'occupant et dodo. Demain demain, ce sera peut être pire.

[00:13:49]

Un soir, dans Touche pas à mon poste, c'est l'apothéose. J'effectue en direct une chorégraphie de allias Moslehi for You de Britney Spears.

[00:14:11]

Et là, l'endométriose attaque par derrière la salope, attaque Mérin, j'accélère, je me dérange. Le sang coule, mon visage n'exprime rien.

[00:14:26]

Le message est clair et pour le coup, la maladie est peut être une alliée. J'en fais trop. Il est temps de recouvrer ma dignité oubliée. J'entame le chemin qui va m'amener jusqu'à la démission de Touche pas à mon poste. Ma mort médiatique dure six mois. Douillettes, plutôt tranquille, le téléphone ne sonne plus. J'ai toutes mes soirées. Je retourne au cinéma. Je revois mes amis. Je coûta la vie. Une vie normale après dix ans passés dans un tourbillon quotidien.

[00:15:07]

Même si les gens ne me parlent que de ça. Oui, Nora, bonjour. Pourquoi vous êtes partie? Vous allez revenir un matin.

[00:15:16]

On me propose de jouer dans une pièce de théâtre, Les montagnes russes. Après avoir fait l'histoire d'une fille qui cherche, son père s'appelait et c'est comme ça que la lumière revient.

[00:15:32]

Celle qui apaise, celle qui réchauffe. Juste ce qu'il faut.

[00:15:46]

Pour une autre pièce, quelques temps plus tard, je dois aller essayer des costumes dans un garde du 20ème arrondissement où sont entreposés la plupart des costumes de théâtre. Ça sent la vieille fripes. J'enfile une culotte à froufrous, des bas, un corset et j'ai la nausée.

[00:16:05]

Je ne vois que mon corps bourré de la maline et suant de Rome. Et là, parce qu'elle, la costumière, ma porte une robe.

[00:16:13]

Tiens, elle aura cette robe rouge.

[00:16:17]

Ça fait des années que j'essaie de la faire porter à quelqu'un. Je n'ai jamais trouvé la bonne comédienne. Jouer le rouge, le rouge, c'est le sang entre mes jambes. Alors je desseilles sans conviction. Je m'approche du miroir.

[00:16:33]

Une apparition. Cette Europe me fait l'effet d'un électrochoc. Je me regarde pour la première fois. Je vois tout les rides au coin des yeux, mais ils sont toujours bleus, mes bras un peu mous, mais rigolos. Une femme de 38 ans à qui je décide ce matin là de part d'audience, n'ait le temps de la souffrance et de la contrition doit cesser. Bonjour à toi, petit corps abîmé. Il est temps de réparer. Viens, on va danser, everybody!

[00:17:11]

Il n'en est pas aux. Far West, ça devient noir. Par ailleurs. Depuis trois semaines, tout mon entourage se demande pourquoi je souris constamment. Je suis enceinte, ce n'est pas la première fois.

[00:17:43]

Je connais le duo infernal Fausses couches, vraies angoisses. Mais cette fois, j'y crois. Mon corps réagit différemment. J'ai des nausées, mes seins font la taille des monts d'Arrée. J'ai la peau grasse. Alors naïvement, je me dis ça tiendra et donc pleine d'espoir. Je me rends chez mon gynéco pour la première éco graphie sur la table d'examen. Je souris, j'écarte mes gens. Voilà, ne bougez plus.

[00:18:14]

Détendez vous, je laisse la sonde pénétrer dans mon vagin. Le médecin fronce les sourcils et nos regards se croisent.

[00:18:21]

Je ne vois rien dans l'utérus. Il Hiroto. Il cherche encore. Ça y est.

[00:18:29]

Malheureusement, le fait coincé dans les dents. La trompe droite. C'est une grossesse extra utérine.

[00:18:37]

Je suis sonnée. C'est un deuil qui commence.

[00:18:48]

Mme. Suivent. On vient de faire l'amour. C'était merveilleux, mais j'ai une petite douleur dans le ballon. Je passe la main à l'entraînement, vagins.

[00:19:12]

C'est rouge, c'est la couleur dont j'ai horreur. C'est le malheur systématique. Une fausse couche encore la nuit, rythmée par les douleurs des sortes de contractions. Mais la mort prend son temps. Et au matin, je n'ai pas expulsé la journée qui commence. Je la connais par cœur.

[00:19:53]

Je viens d'emménager dans un nouvel appartement plein de lumière et d'espoir. C'est un sanctuaire paisible. Je veux le préserver des mauvaises ondes. Je ne me livrerai pas ici à mon rituel mortuaire.

[00:20:06]

Je vais aller à l'hôtel. Bonjour, je voudrais réserver une chambre pour tout de suite, la chambre étant un peu miteuse.

[00:20:18]

Les murs sont tapissés de fleurs vertes et jaunes.

[00:20:21]

Les meubles sentent le vieux bois et la salle de bain est équipée d'une baignoire. C'est tout ce qui compte. Je sais quoi faire et comment le faire. C'est la quatrième ou la cinquième fausse couche. Puis contraint. La cérémonie sacrificielle commence. Je pose une serviette au pied de la baignoire, une autre imbibée d'eau fraîche au niveau de ma tête. Mon pantalon, je m'allonge par terre. Elle va revenir. Je lassants. Ça y est. Ça y est, elle est là.

[00:21:02]

La grosse contraction. J'ai mal Agrimer Shapes. J'ai chaud. Je transpire. Je me éponge le front avec la serviette humide. J'ai les yeux rivés au plafond un court instant. J'ai l'impression de tenir la main de toutes celles qui sont passées par là avant moi. Femmes de tous, pays de toutes couleurs, de tous les temps. Plutôt que de m'asseoir sur les toilettes, ma technique consiste à monter dans la baignoire. Je me accroupie en mode tenant la faïence et je pousse quatre fois et à la quatrième poussée, je le sang qui jaillit de mon vagin.

[00:21:48]

Je sors de la baignoire, j'aurais un slogan. Je regarde le sac disparaître dans la canalisation et je vais m'allonger sur le lit étranger.

[00:22:04]

Et mes larmes se mettent à couler comme tout le sang que j'ai perdu sans fin, comme la tristesse qui m'habite.

[00:22:21]

Le. Il Bizos dit.

[00:22:51]

Il y a quelques années, j'appelle Cyril Hanouna en pleine nuit, je viens de faire une fausse couche. Dis moi, Cyril, c'est possible que je vienne pas ce matin. Non, je n'ai pas pochés, ma chérie.

[00:23:05]

Je me rends donc au boulot à 5 heures du matin. Une serviette épaisse dans la culotte et le ventre déchiré. Je serre les dents toute la matinée. J'ai mal. Je suis ravagé par la tristesse, mais rien, rien n'apparait à l'antenne. Les humains ont cette capacité d'encaisser les pires horreurs en jetant un voile bryenne au dessus.

[00:23:35]

Voilà trois semaines que j'ai fait ma dernière fausse couche. Je pensais être remise et je me rends compte que ce n'est pas le cas. Je sent comme un épais manteau noir sur mes épaules. J'ai les yeux rivés vers le sol. J'ai la respiration saccadée. J'ai envie de me faire mal. Ça fait trois semaines que le sang coule en quantité astronomique entre mes jambes. Je suis déchiqueté de l'intérieur. J'ai mal de manière continue, sans une minute de répit.

[00:24:05]

Je suis tellement épuisé que je me tape la tête contre les murs, que je me griffent le ventre comme si je voulais en détourner la douleur. Et ce soir, j'ai envie de boire, boire, boire et c'est ce que je fais. Une bouteille de vin blanc. L'ivresse me gagne. L'anesthésie aussi. Pour la première fois depuis trois semaines, je m'endors sans douleur. Christopher. Trois soirs de suite, je bois des litres d'alcool pour étouffer mon infinie tristesse.

[00:24:46]

Et un soir, je suis tellement partie qu'on me vole mon sac que j'ai posé sur le parvis du Trocadéro. Plus de clé, plus de cartes, plus de portables. Le lendemain, au réveil. Douche froide, remise à niveau à risettes. Je dois stopper cette spirale destructrice, arrêter de plonger, de nager en apnée dans la merde. Chaque enfant, chaque adolescent que je croise est une souffrance. Je leur caresse la tête. Je pourrais être leur mère.

[00:25:20]

C'est pathétique.

[00:25:31]

Mais les démons sont à ma porte. Je recommence à sombrer, mais la bonne nouvelle, c'est que j'en prends assez vite conscience. La mauvaise, c'est qu'il m'arrive encore de boire. Augmenter la fréquence de mes séances chez le psy. Faire plus d'exercices de respiration.

[00:25:55]

Pour mieux contrôler mes hormones capricieuses, il faut que j'arrive à faire la part des choses entre mon endométriose et mes pulsions d'autodestruction. Qui était là le premier, qui est responsable de l'autre? Je mélange mes souffrances, mais elles sont toutes à moi. La boisson est désormais bannie de mon appartement et de mes soirées.

[00:26:22]

T'as pas une bouteille quelque part en journée?

[00:26:28]

J'ai décidé de ne plus Fyé. Je ne peux plus. Cette fuite large n'est pas celle d'une femme libre. Je pense à ma mère qui, malgré ces années sanglantes, n'a pas sombré dans la dépendance pour autant.

[00:26:49]

20 juillet, jour de mon anniversaire, je pose le pied au Sénégal, dans un petit hôtel au bord de la mer, à l'assaut.

[00:26:57]

Et là bas, je pars encore et encore avec des femmes. Et elles finissent par me poser la fameuse question Pourquoi tu n'as pas d'enfants?

[00:27:08]

Je leur explique ma maladie, tout ce sang qui coule à l'intérieur et à l'extérieur. Et l'une d'elles, timide, me révèle entre deux gorgées de thé, qu'elle perd beaucoup de sang et qu'elle a très mal dans mon égoïsme de femme blanche parisienne. Je n'avais jamais pensé à la réalité de toutes les autres dans le monde. Cette jeune femme a recours à des décoctions et à la prière. Le diable est dans la maladie. Elle n'a pas les moyens d'acheter des protections hygiéniques.

[00:27:42]

Oh, je mélange de l'argile avec des bouche de vache et je tapisse le fond de ma culotte. Oui, combien d'entre nous berthé leurs culottes de papier toilette?

[00:28:02]

Au Sénégal, je visite un orphelinat et je trouve des réponses en plongeant mon regard dans les yeux des enfants. En restant assise des heures et des heures sur le perron, en regardant les petits aller et venir.

[00:28:19]

L'adoption sera ma prochaine aventure, celle de ma vie la plus jolie, avec mon utérus malade et mes jambes bancales. Nous sommes prêts désormais à vivre la deuxième moitié de notre vie. J'ai tiré cette histoire du livre d'Enora Malagré chez J'ai lu un cri du ventre. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.