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Christophe Hondelatte Je vous raconte le naufrage du Titanic à travers le témoignage d'un jeune rescapé américain de 17 ans qui s'appelle John Thayer. Témoignages que je tire du livre Rescapé du Titanic, édité par Ramsay en 1998. John Thayer, qui n'est pas parvenu à monter à bord d'un canot de sauvetage et qui a fini par sauter à l'eau juste avant que le navire ne sombre. La réalisation de Céline le brave.

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Christophe Hondelatte. Le 10 avril 1912, nous sommes quatre à embarquer sur le Titanic pour sa traversée inaugurale. Mon père John Borland Tailleur, second vice président des chemins de fer de Pennsylvanie. Ma mère, Marie-Anne Langhe Strength. Maurice Thayer, sa femme de chambre. Margaret Fleming et moi même. John Thái. Nous voyageons tous les quatre en première classe. Ce que j'ai ressenti en montant sur le bateau. Un immense sentiment de sécurité. Un remorqueur nous tire jusqu'à l'étroit chenal du port de Southampton.

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Et maintenant, ça y est, le Titanic est autonome. Il prend un virage à tribord et pour cela, il utilise son hélice de bâbord. Et là se produit un incident de mauvaise augure. Mais ça, on ne le saura que trop tard. L'hélice provoque un gros remous. Un bateau à vapeur américain de Saint-Paul, qui est amarré à un autre paquebot, se met à tanguer, à tanguer, à tanguer. Et soudain, ses amarres seront et le symbole se met à dériver droit sur le Titanic et à bonne vitesse.

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Il va nous heurter. Il est à dix mètres, cinq mètres, trois mètres, deux mètres et la Hoof des remorqueurs parviennent à le détourner. Nous faisons étape à Cherbourg, en France, puis à Queenstown, près de Cork, en Irlande. Et le mardi 11 avril, à une heure et demie du matin, nous nous lançons dans la traversée de l'Atlantique. Le temps est splendide. La statue de la Liberté nous attend. J'occupe une cabine de luxe juste à côté de celle de mes parents, sur le poncée côté bâbord.

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J'ai 17 ans. Évidemment, je parcours le bateau de long en large. Le dimanche 14 avril, quatrième jour de mer dès l'aurore, la journée s'annonce magnifique. Je passe la matinée et une partie de l'après midi à flâner d'un pont à l'autre avec mes parents. On croise l'armateur du Titanic, John Grossisse. Mais monsieur et madame trieur. Quel plaisir! Alors, comment se passe le voyage? Parfaitement bien. Mais on ne peut pas rêver mieux. Tout à l'heure.

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Nous passons aussi un moment avec Charles Hays, le président des chemins de fer canadien. Et puis, en fin d'après midi, je me souviens, nous croisons à nouveau sur le pont Wishes, mais pas mes amis. Nous allons bientôt croiser la glace. Je viens de recevoir un câble. Nous croiserons la glace. Je pense ce soir vers 9 heures. Rien d'anormal, rassurez vous à ce moment là. Le temps se met à franchir assez nettement et nous rejoignons nos cabines pour nous habiller pour le dîner.

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Au dîner, mes parents sont invités à une autre table et je dis une seule à la nôtre et j'en suis au café. Quand un homme la trentaine, maba. Bonjour, vous êtes seul. Moi aussi, je voyage seul. Je ne veux pas m'asseoir. Je me présente, m'étonnent Lang, je suis le fils du juge Charles Lang de Springfield, dans le Massachusetts, et on parle pendant une heure environ tous les deux en haut à l'occasion. D'accord avec plaisir.

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Et après, je vais me chercher un manteau et je sors faire quelques pas sur le pont. Il fait beaucoup plus froid que tout à l'heure. C'est une nuit sans lune, avec un ciel limpide. Piqueté d'étoiles qui brillent comme des diamants. Une petite brume flotte sur la mer. Je n'ai jamais vu et je ne verrai jamais plus la mer plus paisible que cette nuit là.

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Je rejoins ma cabine vers 11 heures et je passe voir mes parents à côté. Papa, maman, je me couche ma nuit et mon chéri ma nuit, mon rang dans ma cabine. Je passe mon pyjama. Je entrouvrent le hublot pour prendre un peu d'air frais, la brise légère. Je tombe de sommeil. Jusque là, les nuits précédentes, j'ai très bien dormi. Je remonte ma montre. Elle indique minuit moins le quart. Et là, je veux me glisser dans mes bras et je veux ainsi.

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Un choc très léger et ensuite l'impression que le bateau est dévié par bâbord, écarté par quelque chose. D'un coup, les machines s'arrêtent. C'est déroutant. Ce calme silence. Et là, j'entends des gens qui courent dans les couloirs et des voix étouffées par moment, les machines se remettent en route, mais pas comme d'habitude, sans les mêmes vibrations. Et puis elle s'arrête à nouveau. Je ne suis pas du twerking plutôt excité. En vérité, j'enfile un par dessus sur mon pyjama et des pantoufles.

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Papa, maman, je peux voir sur le pont ce qui se passe. Garçon, j'arrive. Je m'habille et j'arrive. Je vous rejoins.

[00:07:06]

J'arrive sur le pont, il fait un froid glacial, je fais quelques pas, je regarde par dessus bord, à l'avant, rien. Rien à signaler, rien qui ressemble à un iceberg. Si, si, des formes sur le pont inférieur. J'apprendrai plus tard que c'était des morceaux de glace. Mon père arrive à son tour et d'autres comme nous, qui veulent savoir ce qui s'est passé.

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Et là, on croise un membre de l'équipage. On vient de heurter un iceberg. Il est tout près. Normalement, vous devriez le voir et il est par là. Mais avec les lumières sur le pont, on ne voit rien. Et pourtant, la nuit est claire. Mais on ne le voit pas. Un quart d'heure plus tard, le Titanic se met à pencher à bâbord tout en s'inclinant vers l'avant. Mais personne, personne ne pense que la situation est sérieuse.

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Le Titanic est insubmersible. Il est minuit passé avec mon père. On quitte le pont et on regagne la coursive et le salon autour de nous. Les gens ne savent pas quoi penser. Et là, on croit l'armateur Ismay et l'un des officiers, Julie Andrews. C'est lui qui lâche le morceau. C'est mon Vaudémont, la vie. Le bateau ne va pas tenir plus d'une heure. Moi, je suis toujours en pyjama sous mon pardessus. S'il vous plaît, s'il vous plaît, merci.

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S'il vous plaît que tout le monde aille s'habiller et revêt un gilet de sauvetage, vous en trouverez dans vos cabines.

[00:08:44]

Quand on arrive à nos cabines, ma mère et sa femme de chambre sont déjà habillées. J'enfile à la hâte un costume trois pièces de tweed vers une veste de mohair. Et puis, je remets mon manteau. J'attache mon gilet de sauvetage constitué de gros morceaux de liège et par dessus, je mets un imperméable. Et tous ensemble, on court vers le salon du pont où il y a déjà beaucoup de monde. Et là, je croise mon nouvel ami Milken Lang, avec qui j'ai dîné au jaune.

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Est ce que je peux me joindre à vous et l'orchestre qui continue de jouer alors que personne ne l'écoute? On se retrouve tous sur le pont à ce moment là, ma mère aperçoit les feux d'un bateau au large, à bâbord. Je l'ai vu, j'en suis sûr. Elle n'est pas la seule, mais moi, je n'ai rien vu. C'étaient les feux de tête deux demain du Californien, un bateau vapeur américain. Il ne peut pas ne pas avoir vu les fusées de détresse que lancer le Titanic.

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Il ne peut pas ne pas avoir entendu le code CQDE qu'il diffusait en morse.

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Mais le capitaine n'a pas appliqué la plus vieille loi de la mer. Porter secours. Il aurait pu sauver 1.500 vies humaines.

[00:10:30]

Sur le pont, moi, l'équipage se met à retirer les bâches des chaloupes dans le calme. Ils ont l'air de savoir ce qu'ils ont à faire. Il est maintenant une heure moins, car le bruit autour est infernal, les fusées de détresse et la vapeur qui sort des soupapes de sécurité. Les gens qui crient la tension, qui montent. Au lieu de rester sur le pont, on décide d'aller sur la coursive où il fait plus chaud. Toutes les femmes à bâbord, les femmes à bâbord.

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Allergy, non? Eh bien, tout à l'heure, on dit au revoir à ma mère au sommet de l'escalier du pont. Et on la voit partir vers babord avec sa femme de chambre et avec mon père. On va à tribord et on attend des ordres qui ne viennent pas. Il y a là quatre canots de sauvetage, mais les hommes de l'équipage n'ont pas commencé à les descendre. On dirait qu'ils attendent des ordres. Il y a de plus en plus de monde.

[00:11:33]

Les passagers de deuxième et de troisième classe viennent d'arriver sur le pont. John venait avec moi. On va aller voir si votre mère a trouvé un canot de sauvetage. Pour ça, il faut passer par le couloir. Et là, on tombe sur le maître d'hôtel de notre salle à manger. Est ce que vous avez vu ma femme? Je viens de la voir. Elle est encore sur le pont. Il y a un problème avec les canots de bâbord.

[00:11:58]

Comme le bateau penche bien, ils penchent eux aussi. Il est impossible de les atteindre. Tout le monde descend vers le pont aérien. Vous montrez dans les canots là bas. On descend vers le pont inférieur tous ensemble avec ma mère et sa femme de chambre. Et quand on arrive dans le salon du pont, au moment de passer la porte, des gens se glissent entre nous et mon père et ma mère sont emportés par la foule. Elong et moi, on n'arrive pas à les rattraper.

[00:12:35]

Je n'ai jamais plus revu mon père. Il est maintenant une heure 25 du matin, l'avant du bateau s'est beaucoup enfoncé et l'eau recouvre maintenant toute la proue. Le Titanic ne gîte plus à bâbord, mais légèrement à tribord. L'équipage a commencé à embarquer des passagers dans les canots et allez, descend des chaloupes de 60 personnes environ. Mais les officiers hésitent à les remplir. Elles sont à 15 mètres de l'eau. Ils ont peur que les cordages seront. Le premier canot descend avec 12 personnes seulement à bord et les suivants avec pas plus de 40 personnes.

[00:13:25]

Et bientôt, on les voit à 500 mètres de nous qui flotte sur le pont. Les gens sont assez calmes. J'envoie avec une bouteille de gin Gordon à la main. Vide d'autres.

[00:13:46]

Les derniers canaux sont chargés à ras bord. Et là, les gens commencent à se bousculer. C'est devenu chacun pour soi et je vois M. Vismets, l'armateur, monter de force à bord de ce qui houart du restaurant, tente alors de sauter dans un bateau à partir du pont. Le commissaire de bord leur tire carrément dessus. Il ne les touche pas, mais les deux sont éjectés du canot avec longue. On s'interroge Qu'est ce qu'on fait?

[00:14:15]

Ecoute, le bateau est en train de plonger vers l'avant. J'ai percé, on prend une chaloupe. On n'avait aucune chance d'atteindre l'eau. De toute façon, ils viennent de mettre le dernier canot à l'eau. Qu'est ce qu'on fait? On devrait se jeter à l'eau. C'est notre seule chance. On descend par les cordages qui penche et après, on nage jusqu'au canon. Non, pas ça. L'eau est glacée à deux degrés. Au moins, on ne survivrait pas.

[00:14:50]

On reste jusqu'à deux heures du matin à parler et je ne m'en sors pas long. Et vous? Oui, vous pourrez dire à mon père combien je l'aime, mais au fond de moi, je me dis qu'on a une chance, une chance. Il faut nous tenir à l'écart de cette foule, éviter l'effet de cession que produira le navire quand il sombrera. Il est maintenant près de deux heures moins le cas et le Titanic continue de s'enfoncer vers l'avant. De plus en plus vite, l'eau atteint la passerelle du commandant.

[00:15:26]

Elle la recouvre d'une bonne vingtaine de mètres et la masse des gens à reculer vers la poupe, émerger une masse humaine hébété, sans espoir. Le rugissement de la vapeur s'arrête d'un coup et on entend comme un grondement sourd qui monte des entrailles du Titanic. Et le bateau se met à pencher à l'avant. Il s'enfonce. L'eau se précipite vers nous à ce moment là avec l'onde. On est à la hauteur de la deuxième cheminée. Notre idée est de se jeter à l'eau.

[00:15:55]

Quand le bateau coulera, on se jettera au dernier moment, quand, quand on sera à quelques mètres de l'eau. Et c'est maintenant. Bonne chance, non? Bonne chance, John! J'enlève mon manteau. Longuette, déjà grimpé sur le bassin Singa, et il se laisse descendre le long d'un cordage. Je m'assois sur la rambarde face au large. Je suis à trois ou quatre mètres de l'eau et je saute.

[00:16:24]

Je saute le plus loin possible, à mon avis, dû être aspiré vers l'intérieur. Je ne l'ai jamais revu. Alors que moi, j'attends à l'extérieur de l'entonnoir formé par le tourbillon, le froid, le froid est horrible.

[00:16:38]

Je m'enfonce très loin dans l'eau glacée, très loin. Je remonte à la surface.

[00:16:43]

Mes poumons sont en feu, mais je n'ai pas bu la tasse et je me mets à nager le plus loin possible. Je suis à 40 mètres du Titanic, je nage, je nage et je vois le paquebot dans une sorte de halo. Et soudain, on dirait qu'il se coupant de son milieu.

[00:17:05]

La deuxième cheminée se soulève dans un nuage d'étincelles. Il tomba quoi? Sept, huit, neuf mètres de moi? Les remous qu'elle provoque m'entraine à nouveau vers le fond. Je me débats. Je remonte les bras au dessus de ma tête pour me protéger de tout ce qui pourrait me blesser. Et là, sous mes doigts sont quelque chose de tout. Neuf fermes d'arrondis, un bateau, le fond de liège d'un bateau pliable retourné. Et là, je vois quatre ou cinq hommes qui tentent de grimper sur cette coque.

[00:17:37]

J'essaye de me lancer hors de l'eau, mais je suis à bout de force. S'il vous plaît, s'il vous plaît, quelqu'un peut me donner la main. Quelqu'un me tend la main et je me retrouve sur le fond retourné de ce bateau. Accroupi et on vit face au Titanic. A quoi va mettre? Le bon regarder légèrement vers notre radeau et je voyais les gens agglutinés à l'arrière. Ils devaient être près de 1500 à s'accrocher par grappes qui finissaient par tomber au fur et à mesure que les 80 mètres formant l'arrière du bateau se levaient dans le ciel à ce point.

[00:18:27]

Le paquebot sembla faire une pause et restait suspendu comme cela pendant un temps qui me parut durer plusieurs minutes. Pivotants peu à peu sur son axe, il se détourna de nous comme s'il voulait cacher à nos regards le pont et le monstrueux spectacle qui s'y déroulait. Et nous nous en a navigueront. Mais on est de plus en plus entraînés par cette masse pivotante. Je lève les yeux. On est sous les trois énormes hélices et là, dans un fracas, le patron.

[00:19:08]

Je ne me souviens pas du tout ce que nous avons pu dire, crier ou raconter de fous sur notre coque retournée, mais je me rappelle le soupir qui s'exalte de nos poitrines quand le bateau eut disparu. Une minute s'écoule dans un silence de mort.

[00:19:38]

Au secours, je vous en prie, quand je les entends crier comme ça pendant 20, 30 minutes. Et puis, plus rien et aucun des canaux à demi remplis qui sont là, je les vois n'essayent de s'approcher pour leur porter secours. Aucun. Ils ont entendu les cris. Ils n'ont pas bougé. Comment on peut expliquer ça? Nous, on a un maximum de gens à se hisser sur notre coque retournée. On est 28. Maintenant, je fus à genoux et derrière moi, quelqu'un tienta mes épaules et on chante des cantiques et on récite des prières.

[00:20:56]

Avec nous, sur la coque retournée, il y a un rôle Grind, l'un des opérateurs radio du Titanic. Je sais que j'ai réussi à avoir plusieurs bateaux tout à l'heure et notamment le Caravaca. C'est un bateau à vapeur. Je lui ai donné notre position. Il va arriver patience et il va arriver. Il devrait être là vers 4 heures et on devrait voir ses lumières. Il avait raison un peu avant 4 heures, on aperçoit à l'horizon les feux de têtes de mât de Carpathia et on lui fait une ovation.

[00:21:33]

Mais on dirait qu'il fait du surplace. Et puis, quand le jour se lève, on le voit s'approcher des canots de sauvetage et hisser les rescapés à bord. Et pendant ce temps là, on s'enfonce.

[00:21:46]

Vers 6 heures et demie, quelqu'un sur la coque trouve un sifflet. Ça y est, ça y est, les autres canots nous ont vus et deux canot à moitié remplis de femmes s'approchent à coup d'aviron. C'est long. Le premier canot finit par embarquer la moitié d'entre nous et le second charge le reste du groupe. A ce moment là, le soleil perce à l'horizon et je comprends que je vivrai encore.

[00:22:18]

Quand je me hisse à bord du Carpathia, vers 6 heures et demie, la première personne que je vois en haut de l'échelle, c'est ma mère. Où est votre père, John? Les Parvus, maman?

[00:22:41]

Ils m'ont servi du café arrosé de Branders. Je n'avais jamais bu d'alcool, j'ai eu l'impression d'avaler des braises et achevée par l'alcool. J'ai dormi jusqu'à midi.

[00:23:06]

J'ai tiré ce récit du livre Rescapé du Titanic, édité par Ramsay. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.