Transcribe your podcast
[00:00:02]

La fréquence jusqu'à sandalettes. Je vais vous raconter aujourd'hui une affaire criminelle de 2011, l'affaire Anne Caudal, du nom de la victime, une jeune femme de 28 ans qui disparaît un jour de juillet 2011 dans la région de Rennes. Je ne veux pas vous en dire trop. Avant, même s'il me semble que cette affaire a le même ressort que la célèbre affaire Jean-Claude Romand, car c'est l'histoire d'un homme qui ment et qui, prisonnier de son mensonge, va jusqu'à tuer.

[00:00:32]

Et nous allons débriefer cette histoire tout à l'heure avec une avocate, maître Catherine Glon, du barreau de Rennes, qui est là au téléphone. Bonjour maître. Je ne vous présente pas au delà. Ça n'aurait pas de sens pour l'instant tant qu'on ne connaît pas l'histoire ni son issue. Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard. La réalisation est signée Céline Lebrun.

[00:00:53]

Repin, Christophe Hondelatte. Le dimanche 10 juillet 2011, à 9 heures du matin, un homme se présente à la gendarmerie de Bruges, dans la banlieue de Rennes. Il s'appelle Christophe Pied, d'où sa compagne Anne. Anne Caudal, 28 ans, a disparu. Je m'étais absenté quelques jours. Puis quand je suis rentré, elle n'était pas là et là, ça fait 48 heures que je n'ai aucune nouvelle. Ce qui m'inquiète, c'est qu'elle est enceinte. Elle est enceinte de trois mois et demi.

[00:01:28]

Vous avez tenté de la joindre? Ben oui, oui, j'ai appelé. J'ai envoyé des SMS. Elle répond pas. Elle ne serait pas enceinte.

[00:01:38]

On pourrait dire qu'elle a fait une fugue. On pourrait même penser qu'elle s'est suicidée. Mais d'après son compagnon, elle allait très bien. Il lui est arrivé quelque chose. C'est ce qu'il pense. Et donc, les gendarmes vont chez eux. Un appartement situé dans le centre de Bruges? Rien à dire. L'appartement y ranger la vaisselle est faite. Il n'y a pas de traces de lutte. Pas d'objets cassés. Il cherche son sac à main.

[00:02:00]

Elle est partie avec. Classique. Il se lance dans une enquête de voisinage dans l'immeuble où il habite. Malheureusement, en plein mois de juillet, beaucoup de voisins sont absents, alors ils laissent des petits mots dans les boîtes aux lettres, genre si vous avez remarqué quelque chose de suspect. Merci de prendre contact avec la gendarmerie. Vous noterez que les gendarmes prennent toute suite cette affaire au sérieux. Rien à dire, d'ailleurs. Dans la foulée, ils élargissent le cercle de leurs recherches.

[00:02:34]

Ils vont voir les commerçants.

[00:02:35]

Bonjour, vous connaissez cette jeune femme? Vous l'avez vu récemment? Non, non, merci.

[00:02:44]

Et à chaque fois, ils laissent une affichette avec une photo et le numéro de la gendarmerie. Ensuite, ils vont à Ploërmel, dans le Morbihan voisin. C'est Lacanne travail. Elle est fleuriste dans une jardinerie.

[00:02:56]

Elle vous a donné des nouvelles? Non, aucune. Entendu.

[00:03:06]

Et si elle avait fait une fugue, même enceinte, à trois mois et demi? Ma foi, c'est possible. Sauf qu'elle n'est pas partie en voiture puisque sa voiture est en bas de chez elle.

[00:03:16]

Elle a dû partir en car ou alors par le train. Les gendarmes vont voir les compagnies de cars. Ils vont voir les gens de la gare. Aucune réservation au nom d'Anne Caudal. De toute façon, entre nous, tous ceux qui la connaissent ne la voit pas Fugger. Anne Fugger Sakyapa, elle, était toute heureuse. Son bébé, son bébé, elle ne parlait que de ça. Moi, je la vois pas Fugger. Un Sanon est arrivé.

[00:03:46]

Quelque chose de grave. Forcément. Forcément, le perdant ne vous dit pas il est aux 400 coups. Très inquiet et une fois de plus, les gendarmes entendent son inquiétude et ils la prennent au sérieux. Coup de chance parce qu'il arrive souvent qu'ils envoient bouler les gens. Pas là. Et d'ailleurs, l'enquête change de mains. Les gendarmes de Brus passent le dossier à leurs collègues de la section de recherches de Rennes. Et là, changement de braquet.

[00:04:12]

Cinq jours après la disparition d'Anne Caudal, les gendarmes de Rennes mobilisent un hélicoptère, des plongeurs, des chiens et plus de 70 hommes. Ils ratissent tout le coin. Ils font fouiller les rivières, les étangs qu'ils font travailler, les chiens.

[00:04:28]

Rien. Rien, rien.

[00:04:38]

Je vous l'ai dit dans ce dossier, les gendarmes sont sur le coup depuis le premier jour, rien à dire, et pourtant, les proches d'Anne, en tête desquels on trouve son père et son compagnon, décide de mobiliser la presse. On est en plein été. Si ça se trouve, les journalistes n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent. Et c'est pas faux. Un matin, le père est sur Europe1.

[00:05:00]

C'est le flou le plus total. Donc aucune trace Riera, aucune piste. Tout est épluché. Le moindre indice est exploité. Mais bon, y'a rien, rien. On passe par des périodes complètement au fond du trou. Après, un petit indice, c'est l'espoir. Les journées passent comme ça.

[00:05:22]

La mère aussi parle aux journalistes. Trop cauchemard. On croit pas que ça peut arriver une horreur pareil. On n'a pas l'impression de chiffres. On a le temps, mais maintenant, c'est ça qui est dur. C'est qu'on attend.

[00:05:36]

Et le compagnon d'Anne, Christophe, est mobilisé lui aussi. Il demande juste qu'on montre pas son visage et qu'on ne donne pas son nom. Mais à part ça, il est d'accord pour s'exprimer. Et il donne par exemple une interview à France Bleu Armorique.

[00:05:50]

Malgré tous les témoignages, personne ne l'a vu. Ça permet au moins une fois le prix du CO2 légèrement plus malheureux que l'eau d'abandonner.

[00:06:08]

Et là, comment vous dire, c'est irrationnel. Mais tous les journalistes qui sont là le trouvent bizarre. Il en fait trop.

[00:06:17]

Quand il vous donne une interview comme ça, ils vous fixent pour vous convaincre. Il en fait trop.

[00:06:23]

Et donc, ils se disent celui là. Le compagnon d'Anne Caudal, ce Christophe Pied d'où il est pas net. Net. Pile au même moment, les gendarmes font le même chemin. Un soir, huit jours exactement après la disparition d'Anne Caudal, ils vont planquer en bas de chez lui, au pied de l'immeuble aux pieds d'où habitait avec Anne depuis deux mois. Et voilà le manège auquel ils assistent. Étonnant. Une voiture arrive. Elle s'arrête devant la résidence.

[00:06:58]

Au volant, une femme blonde. A ce moment là, Christophe Pineau sort. Il ouvre la portière passager. Il rentre. Il referme la porte et il l'embrasse, la blonde. Il l'embrasse sur la bouche. Une belle galoche lontemps.

[00:07:15]

Et puis, quelques minutes plus tard, il ressort. Il remonte chez lui. Elle gare la voiture et elle le rejoint. Les gendarmes la voient partir.

[00:07:23]

Le lendemain matin, Christophe Pidoux, le compagnon d'Anne Caudal, a donc une maîtresse. Bon, ça ne veut pas dire qu'il a assassiné Anne. Cela veut dire qu'il la trompe. En revanche, pour passer la nuit chez lui avec cette blonde, il fallait qu'il soit certain qu'Anne ne rentrerait pas subrepticement. Bah oui, les gendarmes, évidemment, ont relevé la plaque d'immatriculation de la blonde. Ils n'ont pas de mal à retrouver son identité. Et c'est marrant, elle est fleuriste, koman.

[00:07:58]

Alors, les gendarmes la font venir, elle, pas lui? Nous voudrions savoir, madame, quelles sont vos relations avec M. Christophe Piedvache? Comment dire on est quoi? Reconnaissez vous être allé chez lui récemment? Oui. Que s'est il passé cette nuit là? On a eu une relation. Une seule. Deux entre nous.

[00:08:26]

Demi surprise. On avait compris. Mais bon, c'est confirmé. Et le pire? Vous voulez connaître? Le pire, c'est que ce soir là, c'était l'anniversaire d'Anne.

[00:08:36]

C'était ses 28 ans, le pied doula. Non seulement il a une maîtresse. Il s'envoie en l'air avec une semaine après la disparition de sa compagne enceinte. Mais en plus, il fait ça le soir de l'anniversaire de sa chérie. Ça n'en fait pas un coupable, mais ça fait plus qu'un suspect. Et ça n'est rien à côté de ce que les gendarmes découvrent dans la foulée qu'il est marié. Christophe Pidoux depuis dix ans. Sa femme s'appelle Sophie. Elle a 41 ans.

[00:09:05]

Ils ont deux enfants. Et quand je dis qu'ils sont mariés, ils vivent ensemble. Toto, Lolo et les enfants. À quoi va Km de Bru? Dans un petit pavillon de Châteaugiron, tout près de Rennes, avec barbecue ou entre amis, anniversaires des enfants, fêtes de famille.

[00:09:22]

Une autre vie, une double vie. Sacré coco, bite à roulette. On vous attend à la gendarmerie. Monsieur Pidoux. Il est suspect et elle suspecte sa femme, Sophie Pidoux. Imaginez. Elle découvre que son mari a une double vie et que son autre femme est enceinte. Alors, elle l'élimine et Sophie Pidoux, l'officielle, est convoquée par les gendarmes. Mme G, d'où vous étiez au courant que votre mari entretenait une relation avec Anne Caudal, la jeune femme qui a disparu à Brus?

[00:10:06]

Oui, oui, vous l'avez dit. En fait, pendant longtemps, je n'ai rien su, mais ça fait un an que je suis au courant. Vous en souffriez? J'en souffre d'autant plus que je sais qu'elle est enceinte de lui. Après, la seule chose que je voulais, c'est Christophe. Ne m'abandonne pas avec les enfants, alors j'ai décidé d'accepter la situation. Nous nous intéressons, madame, à la soirée du 8 juillet qui pourrait être la date de la disparition de Madame Caudales.

[00:10:34]

Où étiez vous le 8 juillet? Madame, que faisiez vous ce soir là? Le 8 juillet, j'étais à la maison avec les enfants et avec Christophe, votre mari était avec vous. Et le lendemain, 9 juillet. Le lendemain, on est allé à Rennes tous ensemble, on est allés faire des courses. Il est peut être temps d'interroger Christophe Pidoux. Pour l'instant, il n'est pas question de garde à vue. Il est juste convoqué, monsieur Pierre, d'où votre compagne Anne Caudal disparaît entre le 8 et le 9 juillet.

[00:11:12]

Est ce que vous pouvez nous dire où vous étiez? D'abord le 8 au soir. J'étais à la maison avec ma femme et mes enfants. Et le 9 dans la journée. On est allés en ville à Rennes, faire des courses. Vous pouvez nous dire précisément où vous vous garer et ensuite, quel est votre parcours en ville? Oui, oui, on a pris la rue Le Bastard. Ensuite, je crois à la place de la mairie. Et puis la place Hoche.

[00:11:38]

Vous n'avez rien remarqué de particulier. Et c'est bien ça le problème, car le 8 juillet, place Hoche à Rennes, il y avait un gros rassemblement. Coca-Cola fêtait ses 125 ans. Ça ne pouvait pas leur échapper. La place était bloquée. Or, ils n'en parlent pas, donc ils mentent tous les deux. Et ça se confirme sur les bandes vidéo de cette caméra placée sur le trajet qu'ils prétendent avoir emprunté. On ne les voit pas, ils n'apparaissent pas.

[00:12:08]

Ils n'étaient pas à Rennes cet après midi là. Ça, c'est sûr. Alors pourquoi monter?

[00:12:22]

Là dessus, les voisins de la résidence où vivait Anne Caudal et Christophe Pidoux rentrent de vacances et ils trouvent dans leur boîte aux lettres le petit mot des gendarmes. L'appel à témoins. Et ça tombe bien parce qu'ils ont des choses à raconter.

[00:12:36]

Je voulais vous dire. Dans la nuit du 7 au 8 Berckois, deux heures du matin, j'ai entendu une dispute. Des cris de femme et puis un bruit sourd comme une chute. Je pense que cela correspondait à une engueulade, une bagarre, quoi. Premier témoin, le deuxième dit à peu près la même chose. Il y a d'abord eu un cri. Et puis, après une chute à un bruit très lourd. Donc, Anne Caudal s'est disputée avec quelqu'un la veille de sa disparition et le bruit sourd pourrait correspondre à la chute de son corps.

[00:13:13]

Anne Caudal aurait donc été tuée chez elle vers 2 heures du matin, dans la nuit du 7 au 8 juillet. Mais par qui? Toutes les portes restent ouvertes par Christophe Ledoux, son compagnon, ou par Sophie Piedra, ou sa rivale, ou par les deux à la fois. C'est là que tombe un témoignage capital. Un couple vient raconter que le 9 juillet, le lendemain de la nuit fatidique, il se promène au bord du lac de Saulnières, pas très loin, un étang privé, qui plus est.

[00:13:46]

Franchement, il y a zéro chance de rencontrer qui que ce soit. Ils sont en train de se balader et là, ils entendent un craquement dans le sous bois et ils voient une femme s'éloigner. Une brune, ça les intrigue, alors ils la suivent et il la voit rejoindre un homme au crâne dégarni. La brune monte dans une voiture rouge. Mais l'homme reste seul. Et ce n'est pas tout. Dans un taillis au fond d'un trou, il tombe sur un colis, un gros paquet bien ficelé dans un drap.

[00:14:17]

Un mètre 70 de long sur 50 cm de large. Vous l'avez ouvert ce paquet ou essayez de l'ouvrir? Non, non, mais j'avais un parapluie, alors j'ai touché la pointe de quoi je peux vous dire que c'était dur. Mais pour dire la vérité, on s'est dit que c'était peut être encore qui était emballé, quoi? Et le plus incroyable, c'est qu'ils sont partis dix minutes et quand ils reviennent, le colis a disparu.

[00:14:54]

Incroyable scène, je peux vous dire que ce n'est pas courant des gens qui tombent comme ça sur un duo en train de se débarrasser d'un corps. Vous avez noté la description. La femme était brune, l'homme était dégarni, la voiture était rouge. Si par hasard, ça colle à la description du couple est doux mari et femme, alors ils sont cuits. Ça serait dingue. Il l'aurait donc tuée avec sa femme. Quant au cadavre, on peut parier qu'il n'est pas très loin, pas très loin de l'étang de Saulnières.

[00:15:29]

En dix minutes, ils n'ont pas pu aller aux fraises.

[00:15:37]

Un dégarnie, donc, comme Christophe Pidoux et une brune comme Sophie Pidoux, qui, par ailleurs, a une voiture rouge. Trois semaines après la disparition d'Anne Caudal, on est tout près du but. Il est temps de les placer en garde à vue. Et l'un et l'autre, chacun dans un bureau, évidemment. En trois semaines, ils ont eu le temps de se caler. Louis, pour l'instant, il ne bouge pas. Il maintient le récit de son emploi du temps.

[00:16:04]

Sa visite à Rennes, il n'a rien à voir avec la disparition de sa compagne. Alors, passons à elle. Les gendarmes choisissent de ne lui laisser aucune porte de sortie. Mme Viennot, il se trouve que grâce à un témoignage que nous nous sommes procuré, nous savons que dans la journée du samedi 9 juillet, vous n'étiez pas à Rennes comme vous l'avez indiqué. Vous étiez avec votre mari non loin d'un étang à Saulnières. Que faisiez vous? Et là, Sophie Bidou se met à trembler comme une feuille.

[00:16:38]

Elle ne dit rien, mais les gendarmes voient que la question a fait mouche. Alors ils attendent sans rien dire. Et au bout d'un moment, elle éclate en sanglots.

[00:16:48]

C'est Teissonnière, mais on n'était pas là. Oui, c'est Christophe. Il m'a dit qu'il s'était engueulé avec un appartement, qu'il avait étranglé.

[00:17:02]

Et bien voilà, on y est. Il est temps de passer à la question suivante Madame Pidoux, est ce que vous pourriez nous conduire à l'endroit où vous avez déposé le corps d'Anne Caudal? Oui, il faut que chaque famille sache où elle est, qui retrouve son corps, quoi. C'est sûr que moi, je ne voulais pas que ça finisse comme ça. Eh bien, allons y! Sophie Pialoux est embarquée dans une voiture et elle conduit les gendarmes à Nouvoitou, une commune située entre Rennes et leur domicile de Châteaugiron.

[00:17:36]

Là, vous prenez le chemin de terre, arrêtez vous ici, on est le soir, il fait déjà nuit. Les gendarmes sortent leur lampe de poche. Ils balayent les alentours. On regarde là, entre deux troncs d'arbres, la trace d'un incendie. Ils s'approchent et ils voient des ossements carbonisés.

[00:18:00]

OK, on bouclé la zone jusqu'à demain matin et on demande aux TIG d'être là à l'aube. D'accord. Lithique les techniciens en identification criminelle, les experts de la gendarmerie nationale. Ils ne vont pas avoir beaucoup de mal à identifier le corps. Il y a un carnet de chèques juste en dessous et il est au nom d'un cauda rampant, midy.

[00:18:21]

L'information nous est donc parvenue il y a moins d'une heure. Un corps a été retrouvé près de Rennes cette nuit. Et Pierre de Cossette. Il s'agit très probablement d'Anne Caudal, cette femme disparue il y a près de trois semaines. Oui, vous avez sans doute vu le visage de cette femme de 28 ans, enceinte de trois mois, volatilisé le 8 juillet à Brus, dans la banlieue rennaise, au cours de la nuit. Les gendarmes ont retrouvé un corps calciné sur la commune de Nouvoitou, à une vingtaine de kilomètres de Brus, la ville où elle vivait, et son compagnon est actuellement en garde à vue.

[00:18:48]

La disparition mystérieuse?

[00:18:56]

Alors, monsieur Piézo, est ce qu'il ne serait pas temps de passer aux aveux? Pierre Do? Qui êtes vous vraiment? Vous êtes un voleur, un assassin, un menteur, un mauvais mari. Je ne fais pas. En tout cas, je n'ai jamais dit ni même pensé que j'étais un homme bien. Lucidité. Alors voilà comment ça s'est passé.

[00:19:27]

Le soir du 7 juillet, il est avec Anne Caudal et elle lui fait une crise. Elle exige qu'elle quitte sa femme et il ne veut pas. Il y a une explication à ça. Il ne travaille pas, c'est sa femme qui l'entretient.

[00:19:40]

Il ne peut pas se permettre de quitter là dessus. Une dispute éclate. Elle dégénère en bagarre. Il la pousse. Elle tombe sur le coin d'une commode. Elle est au sol. Il se penche. Il se met sur elle et l'étrangle longuement des deux mains.

[00:19:58]

Chris. Arrête, arrête de penser à tes enfants et il continue.

[00:20:05]

Il sert, il sert et puis après, il dit qu'il reste prostré sur le lit, le temps de réaliser ce qui vient de se passer et qu'ensuite se pose la question comment se débarrasser du corps? Il est blessé au bras depuis un léger accident de voiture la semaine précédente. Il ne peut pas le porter tout seul et il rentre chez lui, à Châteaugiron. Ses enfants sont devant la télévision. Il entraîne Sophie dans le cellier.

[00:20:32]

Anne est morte. On s'est disputé, j'essayerais. Il dit qu'au début, sa femme refuse de l'aider, mais que pour la convaincre, il lui dit Si jamais tu montes pas, tu seras la première suspectaient.

[00:20:49]

Alors, à minuit, ils vont à brus tous les deux. Il enroule le corps d'Anne dans un drap. Il le descend par l'escalier de l'immeuble. Ils le mettent dans le coffre de la voiture et ils rentrent chez eux. Le corps passe la nuit dans la voiture. Le lendemain, ils vont d'abord essayer de s'en débarrasser au bord de l'étang de Saulnières. Mais là, ils voient bien qu'on les a vus. Alors, ils remettent le corps dans la voiture.

[00:21:12]

Ils rentrent chez eux, ils passent la soirée avec leurs enfants et le soir, ils repartent. Et ils vont déposer le cadavre à Nouvoitou. Il vit dans Jerricanes d'essence. Il craque une allumette. Et voilà. Et il se donne tous les torts. C'est moi qui ai eu l'idée de brûler le corps pour effacer les traces et celle de Sophie. Elle n'avait rien à voir dans cette affaire. Ça, c'est un point qui reste à préciser le rôle de sa femme.

[00:21:45]

Je vous demande deux secondes de vous mettre à la place du père d'Anne Caudal pendant des jours et des jours depuis la disparition de sa fille. Il n'a pas douté une seconde de la loyauté de Christophe Pidoux. Et là, il apprend que c'est lui qui l'a étranglé. C'est terrible, terrible. Il est effondré.

[00:22:06]

Une manipulation pareille, une comédie pareille, c'est impensable. Impensable. Je ne vais pas pleurer puisque nous nous a menés en bateau jusqu'au bout. Quand on côtoie quelqu'un avec quelqu'un pendant quinze jours, presque trois semaines et la semaine dernière, il avait encore amené un bouquet de roses sur la table. C'est incroyable. Il est parfait dans les crises de larmes. Il faisait des recherches avec nous. Il m'a piqué ma fille. Maintenant, il a plus aucun doute sur eux, sur le fait qu'ils soient impliqués dans cette affaire.

[00:22:45]

Bon, maintenant, ce qui importe, c'est que pour ma fille, pour moi, pour la famille et pour ses amis, il ne faut pas laisser passer ça, quoi. Je vais me battre maintenant pour qu'il en prenne un maximum pour moi qui fera plus de mal à personne.

[00:23:00]

En attendant, Christophe Pidoux est mis en examen pour assassinat et sa femme pour dissimulation de preuves. Et ils filent en prison tous les deux.

[00:23:19]

Les obsèques d'Anne Caudal ont lieu quelques jours plus tard à Muzillac, dans le Morbihan. Plus de 600 personnes y assistent.

[00:23:27]

l'Église de Muzillac n'était pas assez grande pour accueillir tous ceux qui ont voulu rendre un dernier hommage à Anne Caudal, dont le cercueil était entouré de milliers de fleurs pendant la cérémonie religieuse. Floriane, sa meilleure amie, qui a voulu s'adresser à elle une dernière fois au nom de tous ses proches et a rejoint notre monde. Nous n'avons pas de mots assez forts pour exprimer le manque. Tu ne laisse pas de temps à autre. Pendant son homélie, le père Jean Fresneau a voulu quant à lui dénoncer les violences faites aux femmes en France tous les trois jours dans notre pays.

[00:24:05]

Une femme meurt, victime de violences conjugales, pourvu que la mort de l'anneau de son enfant ne soit pas rendue inutile par notre inaction, notre blé et notre indifférence. Parmi les proches, Sophie se tient à l'extérieur, une fleur blanche à la main. Cet ami de la famille a du mal à retenir sa colère. On a espéré jusqu'au bout, jusqu'au bout, et on a tout ce qu'il faut pour faire croire qu'on est toujours rangée alors qu'elle savait très bien qu'elle ait de la colère.

[00:24:42]

Depuis sa cellule de la prison de Rennes, Christophe Pidoux adresse des lettres désespérées à sa femme. Il n'y a pas de mots assez forts pour dire la honte et la douleur qui en moi. J'ai ôté la vie à Anne et au bébé. J'étais entraîné dans une merde immonde et j'ai foutu en l'air nos vies. Je ne peux malheureusement pas dire pardon, hein, mais je te le dis à toi.

[00:25:06]

Mais le 24 août, Christophe Piédroits se pend à la fenêtre de sa cellule. Il n'y aura donc pas de procès dans cette affaire. Enfin, pas de procès devant les assises. Le suicide de l'accusé entraîne l'extinction de l'action publique commandée. Mais il y aura tout de même un procès devant le tribunal correctionnel en juin 2014. Le procès de Sophie Pidoux pour dissimulation et destruction de preuves. Elle comparaît libre. Bien sûr, elle est sortie de prison juste après le suicide de son mari.

[00:25:44]

Elle explique à la barre s'être laissé prendre dans un engrenage. Son avocate a dit qu'elle était sous l'emprise de son mari et à la fin, les juges la condamne à trois ans de prison, dont un an avec sursis. Normalement, elle doit donc faire deux ans de prison ferme, mais son conseil obtient un aménagement de sa peine. Elle n'ira pas en taule et sera placée sous bracelet électronique.

[00:26:14]

Je suis justement pour débriefer cette histoire avec l'avocate de Sophie Pidoux, l'une des rares finalement à connaître ce dossier qui n'a pas eu d'autre destin judiciaire que ce procès en correctionnelle. Maître Catherine Glon, du barreau de Rennes, votre cliente maître est condamné à trois ans, dont un an avec sursis. Les juges ont considéré que son rôle au fond, était très secondaire. C'est ce que dit cette décision de justice.

[00:26:41]

Mais il est vrai que son rôle n'est pas le contraire. Jamais Mme Thibout a porté la main sur une femme. Elle a été entraînée malgré elle dans un drame auquel elle n'a pas contribué. Qu'est ce qu'elle dit du rôle de son mari?

[00:26:57]

Comment elle le juge d'ailleurs? Comment elle juge son mari? C'est assez tragique. Il s'est suicidé.

[00:27:03]

Elle a toujours eu beaucoup de mal à la fois à comprendre ce qui se passait. Elle a été le jouet au fur et à mesure des événements, mais elle n'a rien eu à décrire. Combien elle n'est que les actes de son mari était monstrueux. Elle le charge au procès. Non, ce n'était plus le lieu et puis le moment, je pense que la dignité qui était due à Mlle Caudales et à ses parents exigeait que l'on reste dans une grande modération.

[00:27:36]

Elle en parle comment? Elle en parle comme d'un homme effectivement qui l'a trompée, trahie, puisque ses pieds doux avaient des vies successives, adultères dont elle ignorait tout. Elle n'a connu l'état de grossesse de Mlle Caudal que la veille du drame et elle était déjà assommé par cette nouvelle puisque son mari lui soutenait qu'il allait revenir quitter cette compagne et qu'il disait provisoire. Et d'ailleurs, il lui avait promis de revenir le jour où il a annoncé la grossesse. Donc, passé par ces récits successifs, elle est surtout restée dans la stupéfaction d'être aux côtés d'un homme qui, finalement, elle n'a jamais connu.

[00:28:23]

Est ce qu'elle formule le chance comme étant manipulateur? C'est qu'elle sait ce qu'elle éprouve profondément, mais elle a, elle n'arrivait pas véritablement à apposer des mots sur ce qu'elle avait vécu. Et il faut se souvenir aussi que c'est le père de ses deux enfants et qui est fou. Il ne faut pas injurier l'avenir à vis des deux enfants issus de ce couple qui l'aiment pour légitimer son suicide.

[00:28:51]

Elle, le français, elle en parle comment? On a vécu directement cette situation puisque Pidoux était détenue. Son épouse également, évidemment dans un autre établissement, et nous avons été prévenus tout de suite à la fois moi et Gentil ou Tié, qui assistait cette jeune femme avec moi. Il a fallu lui annoncer. Et elle aurait trouvé les mots pour le directeur de la prison, qui l'a fait d'abord et immédiatement, presque dans le même temps, nous sommes venus pour essayer d'amortir ce qui était un autre choc.

[00:29:31]

Il faut se souvenir que cette femme qui est une femme qu'on a bien connu et qui voulait Nattier moi, je crois qu'on peut dire une femme à la fois ordinaire, mais très bienveillante, très douce, assez en retrait, avait vécu une histoire horrible et complètement hors norme et était à nouveau assommé par la disparition du père, de l'enfant et d'un homme qui ne rendrait jamais compte comptes sans que le juge d'application des peines a été facile à convaincre parce que elle est tout de même condamnée à deux ans de prison ferme.

[00:30:01]

En vérité, elle n'y va pas en prison.

[00:30:04]

Jamais, après un mois de préventive préventive sur un choc, on imagine mal que rien ne destinait à se retrouver dans un milieu très difficile. Et tout le monde s'accorde pour dire que la prison n'était pas la réponse. La fonction pénale dans la fidélité. On parle de dissimulation de preuves. On ne parle d'aucune atteinte physique sur Anne Caudal. C'était une peine, au contraire. Hébert extrêmement sévère. Deux années d'emprisonnement ferme, mais elle n'était pas Kapla. Réparez ni rien ni personne et elle a donc accompli sa peine sous surveillance électronique.

[00:30:48]

Je vous propose une lecture de cette histoire qui me rappelle en modèle réduit le complexe de l'affaire Jean-Claude Romand. C'est l'histoire d'un homme enfermé dans ses mensonges, enfermé dans sa double vie, qui, au fond, ne trouve pas d'issue pour régler ça que de tuer l'une des deux. Est ce que ça colle?

[00:31:08]

Vous avez raison, mais au delà, le mensonge est la pire des prisons. Il faut se souvenir que, bien sûr, il y a la dramatique affaire de roman. Et plus récemment, finalement, nous l'avons vu après d'autres, une affaire ou l'affaire d'un vol. Cet homme est présumé innocent, mais aurait une cale pour participer aux recherches, pour avertir la police, pour faire part de son inquiétude, pour s'exprimer auprès des médias. Nous avons rencontré le même phénomène.

[00:31:38]

Il est finalement plus répandu qu'on le croit et est totalement incroyable.

[00:31:43]

Oui, c'est à dire que pendant quinze jours quand même, Christophe Pidoux va pleurnicher au côté de la famille d'Anne Caudal. Il participe activement aux recherches. On a même entendu cette interview qu'il donne à France Bleu Armorique, absolument stupéfiante, dans laquelle il dit Elle doit souffrir plus que nous. Il est normal qu'on se mobilise, etc. Quoi?

[00:32:00]

Oui, il y a une forme de definit le tricot. Il a une forme de dédoublement de personnalité qui m'a beaucoup frappé. Dans que vous avez appris aujourd'hui, c'est l'attirance qu'il y a dans la voix de ce monsieur incroyable qui n'était pas lui, qui avait connu Ségeste, qui tenait en dehors. Peut être qu'il en était persuadé. Finalement, c'est ce qu'on appelle alors ça un nom.

[00:32:28]

Ça s'appelle le clivage psychiatrie et c'est un phénomène que les pénalistes connaissent bien. Il y a des gens qui sont capables de mentir de bonne foi d'une certaine manière. C'est à dire qu'au moment où ils le disent, ils croient quoi?

[00:32:38]

Oui, on est un phénomène physique très étonnant dans lequel, effectivement, on devient convaincu de ce qu'on dit et on est décorrélés de la réalité. On rencontre souvent comme avocat ou je faisais moi aussi le parallèle avec l'affaire Daval.

[00:32:55]

Alors ce qu'on peut imaginer, c'est si, au fond, un homme, c'est l'impression qu'il donne. Vous allez me dire ce que vous en pensez, mais un homme qui a un sentiment de toute puissance. Moi, j'ai une femme. Moi, j'en ai deux moins. J'ai autant de maîtresses que ce que je veux. Et puis, d'un coup, ça s'effondre. Et là, la blessure est tellement profonde.

[00:33:14]

Son narcissisme est tellement atteint qu'il n'y a pas d'autre issue que de se suicider. Je pense que c'est assez vrai, il n'aurait pas pu affronter une audience qui l'aurait confronté à une image de lui même qu'il n'aurait jamais accepté. Alors je dis ça avec précaution parce que cet homme n'est pas connu. Evidemment, il n'y a jamais de confrontation, mais sa femme a dû vous en parler. Oui, mais une fois de plus de sa femme, je pense. N'a jamais pris conscience de ce mode de fonctionnement incroyable, il faut, il faut se souvenir quand même que c'est à la gendarmerie qu'elle a appris les liaisons successives de son mari, dont elle ignorait tout.

[00:33:54]

Elle ne connaissait pas cette. Quelques années après, a contribué ensemble qu'elle avait côtoyé un homme, finalement oui, un autre homme, pas celui qui apparaissait comme un homme aimant, un bon père de famille. Elle avait une relation adultère, mais qui promettait qu'il allait revenir.

[00:34:15]

Mais c'est exactement ça qu'on appelle un pervers narcissique.

[00:34:18]

L'expression est totalement galvaudée. Aujourd'hui, chacun envoie au coin des bois, mais ça, ce n'est pas si courant que ça. C'est quelqu'un qui se pense comme le centre du monde, qui établit une relation perverse avec tous les gens qu'il rencontre. Et là, cette perversion va buter sur la révélation du mensonge et l'effondrement de l'homme Narcisse.

[00:34:36]

Effectue une analyse pertinente maintenant. Québec Comme vous le dites, il faut se méfier de l'expression pervers non bien galvaudé et bien utilisée par des gens pour savoir de quoi on parle. Mais il n'y a pas eu le temps d'une expertise psychiatrique.

[00:34:51]

Malheureusement, dans ce dossier, on est d'accord. Il y a une expertise psychiatrique de ma cliente.

[00:34:57]

Les clients de votre cliente, mais mes pas de Christophe Pidoux. Alors en même temps, il y a un truc qui est assez stupéfiant, c'est que les journalistes qui y rencontrent Christophe Pidoux pendant la durée des recherches disent qu'il semble qu'il pénètre. Et ça, ça prouve que quand même, le clivage n'est pas bien installé. Ça sonne faux.

[00:35:19]

Oui, parce que à vouloir tellement faire que des gens expérimentés comme ceux de votre métier ont des intuitions très fortes d'une personnalité qui n'est pas écotoxiques. On peut, on peut dissimuler plein de choses par la parole, mais sans doute pas par la gestuelle et le regard.

[00:35:41]

Puis, il y a une autre scène qui est absolument stupéfiante et qui est aussi très révélatrice. Je pense de cette toute puissance qu'il pensait avoir tout de même le fait qu'il couche avec sa maîtresse. Une semaine après la mort d'Anne dans leur appartement, alors qu'il peut imaginer sa femme ayant été convoquée par la police par la gendarmerie, qu'il est dans le viseur à Bonnerue, il reçoit quand même chez elle. Lui, il passe la nuit avec quoi? Comme s'il pouvait jamais rien lui arriver.

[00:36:11]

Impunité totale. Problème sur le plan moral, on a été stupéfait d'apprendre qu'à parler le fait que le jour de l'anniversaire de sa compagne, comment accumule la confusion et l'inconscient et qu'elle a expliqué quel dommage qu'on n'ait pas eu, au fond, la vérité de cette triste histoire à travers une enquête.

[00:36:37]

Une enquête pénale et un procès d'assises où des centaines d'histoires disponibles se laissaient sans écoute et surtout ottintoise Issers.