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Raconte Christophe Hondelatte.

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Une affaire criminelle de 2006 aujourd'hui l'assassinat de Marcel Bouvard à la Doua Sérigné, en Bourgogne. L'histoire très émouvante d'une vieille dame qui meurt sous les coups d'un jeune garçon de 21 ans qu'elle considérait comme son petit fils et qu'il la tue pour toucher l'héritage. Mais pas que. Vous verrez. J'ai écrit cette histoire avec Christophe de Mazères laréalisation et de Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Je vous emmène en Bourgogne, au milieu des rangs de vignes de Nuits-Saint-Georges et d'Alex Corton, dans un gros bourg à environ 10 kilomètres de Beaune la Doit Sérigny, le lundi 17 avril 2006.

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Lundi de Pâques. Vers midi, les gendarmes débarquent chez une habitante du village, Marcelle Boubat, une habitante qu'ils connaissent bien.

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D'ailleurs, tout le monde la connaît dans le coin.

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C'est la veuve de l'ancien maire Charles Bouvard et Sylviane Dérangez Marcel. Comme ça, de bon matin, un jour férié, c'est pour la bonne cause. Quelqu'un a trouvé son portefeuille dans un bois. Il l'a rapporté à la gendarmerie. Ils viennent gentiment le lui rendre.

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Pas de réponse, mais comme le portail est ouvert.

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Les gendarmes entrent dans le jardin. Et puis, comme la porte du garage est ouverte elle aussi. Ils passent une tête ô merde!

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Au pied de l'escalier du garage.

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Un corps baigne dans une mare de sang. Une femme. Les gendarmes préviennent tout de suite leur chef. Oui, a priori, c'est la propriétaire, madame Marcelle Bouvard, bien réussi à faire partie de la.

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Alors, examinons la scène de crime ensemble. Le corps gît au pied de l'escalier, à environ un mètre de la dernière marche. Il est recroquevillé. Il présente des entailles importantes à la tête. La dame a perdu beaucoup de sang. Est ce que ça pourrait coller avec une chute dans l'escalier? Marcel Bouvard avait 79 ans. Elle a pu tomber. Elle vivait seule depuis la mort de son mari, il y a quatre ans. Elle est morte sans avoir pu appeler au secours.

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Eh bien non, parce que des gerbes de sang sur le mur, à l'angle de l'escalier, des projections, et ça, ça, c'est le signe qu'on lui a porté un coup ou plusieurs coups a priori sur la tête avec un objet genre Masse ou Hourdin. BAM bam donc, ça n'est pas un accident, c'est un meurtre. Les experts de la section de recherches de Dijon DÉBARQUES. Il cherche des traces. Traces de pas, trace ADN, empreintes digitales, rien, pas de désordre dans l'appartement au dessus du garage.

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En revanche, les fuites du téléphone ont été arrachées et dans l'entrée, il y a vanity cases vides qu'il contenait des bijoux. Ça se pourrait bien, mais étrangement, la vaisselle, les tableaux, les bibelots, tout ça a une certaine valeur.

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Et tout est encore là. Et puis, sur la porte, il n'y a pas de trace d'effraction. Comme si Marcel avait ouvert à ceux ou à celui qui l'ont tué. Dernière chose il manque sa voiture, une Laguna break bleu. D'habitude, elle est toujours garée dans la cour. Elle n'est pas là. Le corps de Marcel est d'emmener à l'Institut médico légal de Dijon. On pratique une autopsie. Le légiste identifie 14 plaies rien que sur la tête.

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Fracture du crâne, fracture des eaux de la face. Celui qui l'a tué n'y est pas allé de main morte. D'après le légiste, le tueur a utilisé un objet contondant. Comment l'envisagez? Lourd, forcément lourd.

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On retrouve la voiture dans un bois, le bois de la Borne, à environ 5 kilomètres de Sérigny, complètement calcinée.

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À l'intérieur, il ne reste rien. Tout est cramé. Tout ce qui reste, c'est un gros bout de verre dans le coffre. Et là, coup de pot en lisant le bien public, le journal local. Le lendemain, un pompier volontaire se souvient d'avoir vu une fumée dans la forêt. Samedi dernier. Quelle heure est il? Vous vous en souvenez? Oui, j'ai regardé ma montre une heure et demie. Donc, le crime a eu lieu le samedi avant 7 heures et demie.

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Or, ce témoignage peut être recoupé avec un autre, une voisine de Marcel. Or, je l'ai vu, je l'ai vu samedi dans son jardin. Il était 16h23. Et puis après, je l'ai vu. Donc, le crime a eu lieu le samedi de Pâques, entre 6 heures 20 heures, où la voisine l'aperçoit pour la dernière fois, et sept heures et demie alors où le témoin voit au loin la voiture brûlée dans le bois. Une fenêtre de soixante dix minutes, une heure dix.

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Voilà ce que l'on a pour l'instant, je résume le meurtre commis en fin d'après midi le samedi. Celui qui a tué était costaud. Le légiste dit que l'arme du crime était forcément lourde. On ne fracasse pas un crâne comme ça. Faut y aller comme il n'y a pas de trace d'effraction. On peut penser que Marcel a ouvert à son tueur. Elle le connaissait, donc c'est sans doute un proche. Après le meurtre en vol, la voiture, on va la cramer dans le bois de la borne.

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Comment est ce que le tueur fait pour repartir? Il est à pile, sauf sauf. Il était deux.

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Donc, un broche costaud, possiblement aidé par un complice qui était dans le coin samedi en fin d'après midi début de soirée. Voilà ce qu'il faut chercher.

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Et là, coup de chance, parce qu'un proche justement de Marcel Bouvard se manifeste. Fabrice, son petit neveu, ou plutôt le compagnon de sa petite nièce. Voilà ce qu'il vient raconter.

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Je voulais vous dire, j'ai reçu un SMS, un drôle de SMS. Il a écrit. On sait que ses doigts. C'est ça le message. Je voulais vous prévenir quoi? Et qui vous a envoyé un SMS? Je ne sais pas ce que je ne connais pas. Il n'est pas dans mon répertoire. Vous faisiez quoi le samedi de Pâques? En fin d'après midi? Le samedi de Pâques? J'étais à la maison. Quelqu'un peut en attester? Bah non, non, je réfléchis.

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Personne n'est venu. J'étais chez moi. Comment voulez vous que je le prouve? Et oui, Fabrice était venu aider l'enquête. Il se retrouve suspect, forcément, et sa femme aussi d'ailleurs. Interrogé en ce moment dans la pièce d'à côté. Ils sont jeunes, ils sont proches. Il est costaud. Il a exactement le profil. On découvrira plus tard que le SMS provient de son beau frère, qui dit qu'il a voulu lui faire une farce. Alors maintenant, il faut que je m'arrête deux secondes pour vous expliquer les affaires de famille des Bouvard, Marcel et son mari Charles.

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L'ancien maire n'avait pas d'enfant génétique, mais il avait quelqu'un qu'ils considéraient comme leur fils. Je dis avait parce qu'il est mort lui aussi, petit Marcel, un neveu qui s'était trouvé orphelin à 8 ans et qu'il avait élevé. C'est une histoire assez triste parce que devenu adulte, Petit Marcel s'est mis à boire. Il était marié, il avait deux enfants. Sa femme a fini par se barrer avec les gosses. Et puis, un soir, il est allé dîner chez Charles et Marcel.

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Il est sorti bourré comme un coin. Il s'est tué dans un accident près du cimetière. Donc, à la mort du petit Marcel, qu'est ce qui reste comme famille ou Bouvard? Leurs deux petits enfants qui sont en réalité leurs deux petits neveux? Peu importe les enfants de leur petit Marcel, Marie, Madeleine et Geoffrey. Quand on parle des proches des Bouvard, il ne reste plus que ces deux là. Est ce qu'ils voyaient leur grand mère avant son assassinat?

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Eh bien, justement, non. Ni l'un ni l'autre, et pourtant, Marie-Madeleine vit à la doit à Sérigné, dans une maison qui appartient à Marcel. Mais il ne se voyait pas depuis la mort du petit Marcel. Et puis, après celle de Charles, le grand père, ils avaient tous les deux perdu le contact avec Marcel. Il paraît que Marcel en était très aigri, d'ailleurs. Dans le journal intime qu'on a retrouvé chez elle. Elle écrit Je suis seul au monde à jamais.

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Douloureux constat pour une femme qui, n'ayant pas pu avoir d'enfant, se retrouve finalement seule seule au soir de sa vie. Après, il y a des gens qui disent qu'elle l'a un peu cherché, qu'elle n'avait pas la fibre mamie gâteau, qu'elle n'était pas tendre, qu'elle n'était pas généreuse avec ses petits enfants alors qu'elle avait les moyens importants. Et la preuve que ça barder. Entre Marcel et ses petits enfants réside dans le testament qu'elle a laissé. Elle laisse sa maison à Marie-Madeleine, une toute petite maison qu'elle a dans le village, à Jaufré et tout le reste, une autre maison dans le bourg, ses trois résidences secondaires, ses deux vignes et tout l'argent qu'elle a sur ses comptes.

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Elle le lègue à sa famille, à elle, a des cousins, alors que du vivant de Charles, il n'était question que les gamins héritent de tout. Elle a changé son testament sans le leur dire. Notez le bien dans son journal intime. On trouve une phrase terrible ne rien laisser à Jaufré. Marcel a déshérité ses petits neveux. C'est ça, le contexte de cet assassinat.

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Et donc, Fabrice, celui qui a reçu le SMS, c'est le compagnon de Marie Madeleine. Et pour l'instant, vous avez compris. Ils sont tous les deux dans le collimateur des gendarmes. Et Jaufré, alors? Le deuxième petit nœud, le plus jeune. Il a 21 ans. Il habite dans le Doubs, à environ une demi heure de la Doit, à Sérigné. Les gendarmes le convoquent à son tour.

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Alors mentionne Que faisiez vous le samedi de Pâques en fin de journée? J'étais chez moi, je n'ai pas bougé de l'après midi. Quelqu'un pourra le confirmer. Bah oui, oui, ma copine Lucy, quand elle est rentrée, je ne sais pas. Vers les 7 heures, j'étais à la maison.

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La copine Lucie est interrogée à son tour. Qu'avez vous fait le samedi de Pâques, mademoiselle? L'après midi, je suis allée à la maternité avoir une copine qui avait accouché. Je suis allée avec un copain qui s'appelle Antonie. Vous êtes rentrée à quelle heure? Je ne sais pas. Vers 17 heures, Geoffrey était là. Ah oui, oui, oui, il était à la maison. Donc, elle confirme la libido, Jaufré. Mais elle peut mentir.

[00:11:56]

Les gendarmes vérifient auprès de ses Antonie avec lequel elle serait allé à la maternité. Dites moi, monsieur! Lucie dit qu'elle est allée à la maternité avec vous le samedi. Vous confirmez? Bah oui, je confirme, oui. Elle dit que vous l'avez raccompagné vers 19 heures. Est ce que c'est le cas? Ouais, même quand on a croisé Jaufré, il était dans la voiture de son copain Johnny. Même quand on s'est croisés, il nous a rattrapé.

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Il était furieux que j'ai passé l'après midi avec lui. Il est jaloux, alors il nous a tapé le scandale. Il a même voulu me donner un coup de boule. Intéressant, ça veut dire que Geoffrey et Lucie mentent. Ils n'étaient pas à la maison ou chez lui. À 19 heures, il était en voiture avec son copain Johnny. Là dessus, les gendarmes se font remonter les fadettes deux jours après le relevé détaillé et géolocalisé de son portable.

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Ça prend toujours un peu de temps, mais le résultat est bien intéressant à 18h30. Le portable de Jaufré accroche une antenne relais à Bonn, laquelle antenne arrose le village de la Doua. Sérigny, donc. Jaufré était sur les lieux du meurtre à l'heure du meurtre. 21 ans. Le quasi petit fils de Marcel, elle a eu du nez quand elle a écrit un mois avant d'être assassiné dans son journal intime Ne rien donner à Jaufré.

[00:13:30]

Alors, pour quelle raison Jaufré aurait il tué sa quasi grand mère? Ah ben, ça coule de source, l'héritage. Il ne savait pas que Marcel ne lui avait laissé qu'une toute petite maison. Il pensait toucher le gros lot et l'enquête va révéler que Jaufré est sans le sou, qu'il passe ses journées à fumer des pétards, qu'il n'a pas de travail qui vient de se faire virer pour faute. Voilà le mot pile. A priori, il comptait sur l'héritage.

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Et maintenant, est ce qu'il va avouer, un mois et demi après le meurtre, Jaufré, 21 ans, sa copine Lucie, 19 ans, et son ami Johnny sont placés tous les trois en garde à vue. Jauffret commence par nier en bloc. Il ne comprend pas ce qu'il fait là. Sa copine Lucie, en revanche, apparaît d'entrée beaucoup plus fragile. C'est une pauvre gamine qui finit par cracher le morceau. C'est Geoffrey, c'est Geoffrey, qui a tué sa grand mère.

[00:14:35]

Un retour dans le bureau où Jaufré est en garde à vue. Jeune homme, votre amie Lucie vient d'indiquer sur procès verbal que vous avez tué votre grand mère avec la complicité de votre ami Johnny qui vous aurait conduit sur place. Qu'avez vous à dire là dessus? Il craque. Il craque assez vite, il raconte qu'effectivement, il a demandé à son ami de Johnny de l'emmener chez Marcel en lui promettant une petite rétribution, qui se sont garés pas loin, qu'il a hésité et que c'est Johnny qui lui a dit allez voir.

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Ce n'est pas le moment de reculer. Qu'il a mis des gants qu'il est allé frapper, elle ne l'aurait pas reconnu, figurez vous. Ils sont allés parler dans le salon. À un moment donné, elle s'est levée pour aller chercher quelque chose dans le garage des photos. Elle a pris l'escalier. Il l'a poussée.

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Et après, il a attrapé l'arme du crime, un jéroboam, une bouteille de 3 litres de vin et pâme. Il lui a collé des coups de bouteille sur la tête. Et après, il a simulé un cambriolage et il a coupé les fils du téléphone. Il a volé les bijoux et il est parti avec la Laguna rejoindre son ami Johnny, qui l'attendait près de la gare. Et ensemble, ils sont allés au bois de la Borne, dans la boîte à gants de la voiture.

[00:16:02]

Geoffrey dit qu'il trouve le portefeuille de Marcel, qu'il le vide à 20 euros les deux carnets de timbres et qu'il le jette. Et après, il brûlent la voiture et Tony le ramène. Voilà, il a tout avoué. Il va dormir en prison. Mais maintenant, il nous reste à comprendre pourquoi un gamin de 21 ans un peu paumé, en est arrivé à tuer une vieille dame qui, quoi qu'il en dise, était un peu sa grand mère.

[00:16:28]

En tout cas, celle que son père aimait comme une mère. L'héritage, c'est une explication, mais ça n'est pas toute l'explication. Ça ne dit pas comment un gamin de 21 ans se retrouve à tuer une vieille dame à coups de jéroboam 14 coups minimum. BIM, bim, bim! Qu'est ce qui peut expliquer cet orage au cours de l'instruction? Geoffrey ne va livrer d'explication qu'à une seule personne, la psychologue qu'on lui envoie à des fins d'expertise. Et c'est très intéressant.

[00:17:06]

Jaufré, du haut de ses 21 ans, tient sa grand mère comme responsable de l'alcoolisme de son père. Le petit Marcel, elle, le laissait boire. Elle l'a laissé se détruire. Elle l'a laissé détruire son couple. Il a gardé Jaufré, un traumatisme de l'alcoolisme de son père. Combien de fois c'est moi? Jaricot a 6 ans, 7 ans, je disais Papa conduit assez vite, papa ralentit. Papa, garde ta droite. C'est horrible, il était bourré, il conduisait comme un fou.

[00:17:45]

Mieux, Jaufré tient sa grand mère pour responsable de la mort de son père. Vous vous souvenez que le père meurt dans un accident de voiture en sortant d'un dîner chez ses parents adoptifs? Elle l'a laissé partir sous. Elle l'a tuée. Elle a tué son père. Voilà ce que pense Jaufré. Et voilà donc ce qu'il dit à la psychologue. Pas au juge d'instruction, juste à la psy. Mais c'est une explication qui figure au dossier et on verra si les jurés de la cour d'assises y seront sensibles.

[00:18:18]

Au passage, vous remarquerez que l'arme du crime devient pour le coup psychanalytique. Il tue sa grand mère, qu'il juge responsable de l'alcoolisme de son père, avec un jéroboam de.

[00:18:40]

Comme dans toutes les enquêtes criminelles, une reconstitution est organisée sur place chez Marcel. Et elle est intéressante parce que Jauffret change un peu de discours. Il laisse entendre que c'était un accident, qu'il était venu pour parler avec Marcel, que le ton est monté, qu'ils se sont empoignés, qu'elle est tombée dans l'escalier par accident, même si après, il reconnaît que oui, il l'a frappée avec le jéroboam.

[00:19:12]

A Barça, l'enquête s'intéresse au rôle du copain de Johnny. Quel est son niveau de participation au meurtre? Il dit qu'il était dans sa voiture dehors, qu'il n'a rien vu, qu'il ne savait pas que Geoffrey voulait tuer sa grand mère. Il prétend aussi qu'il n'a pas participé à l'incendie de la voiture. Sauf que le juge ne le croit pas et il décide de le renvoyer lui aussi devant la cour d'assises. Et Lucie aussi, d'ailleurs. Même si les deux restent libres dans l'attente du procès.

[00:19:42]

Pas pour longtemps. Parce que quelques mois plus tard, Lucie et Yoni, qui étaient censés ne pas se parler, ne pas se rencontrer avant le procès, se font pincer dans un accident de voiture en sang. Et du coup de Johnny, qui a violé les conditions de son contrôle judiciaire, se retrouve lui aussi en taule. Dernière question avant le procès le meurtre a t il été commis avec ou sans préméditation?

[00:20:12]

Est ce que c'est un assassinat? C'est important parce que si c'est un assassinat, Geoffrey risque perpétuité alors que s'il n'y a pas préméditation, il risque trente ans de prison maximum. Arrivé au bout de son enquête, le juge d'instruction pense que le meurtre était prémédité. C'est donc un assassinat pour au moins deux raisons. D'abord, dans les mois qui précèdent, Geoffrey a dit à plusieurs reprises qu'il allait s'en prendre à sa grand mère. Il le dit notamment à Lucie, qui le répète donc qu'il y pensait depuis longtemps.

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Puis, deuxième élément accablant quand il descend de voiture pour aller vers la maison de Marcel. Geoffrey enfile des camps. Il a beau dire, depuis la reconstitution, qu'il est allé la voir pour parler qu'il ne voulait pas la tuer. Pourquoi? Mais il décamps six années pour ne pas laisser d'empreintes sur la bouteille, sur le jéroboam. Donc, pour le juge, c'est clairement un assassinat. Et Geoffrey est renvoyé devant la cour d'assises pour assassinat. Et du coup, son copain Johnny est renvoyé pour complicité d'assassinat et Lucie est renvoyée pour recel.

[00:21:20]

Figurez vous. Elle n'a pas participé aux faits. Elle n'était pas là, mais elle a récupéré les timbres qui étaient dans le portefeuille de Marcel. Un autre juge d'instruction aurait laissé passer ça. Pas celui là. Ils seront donc trois dans le box devant la cour d'assises.

[00:21:51]

Le procès s'ouvre un peu plus de deux ans après le drame, pour cinq jours devant la cour d'assises de la Côte d'Or à Dijon. Drôle de procès, vous savez pourquoi? Parce qu'il y a personne sur le banc des parties civiles. Personne. D'habitude, il y a toujours de la famille qui paye un avocat pour défendre la mémoire de la victime ou pour demander au passage une réparation financière. Y'a personne. Le banc est vide et disons que ça joue d'emblée en faveur de Jauffret.

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Et vous voyez qu'elle n'était pas une mamie gâteau. Cette Marcel Puskás? Personne, puisqu'il n'y a personne pour s'en souvenir.

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A côté de ça, Geoffrey et son avocat plaident le coup de folie. Il s'engueule. Ça dégénère. Elle tombe. Elle tombe accidentellement dans l'escalier. Et après? Oui, seulement après. Effectivement, sur un coup de folie, il la tue à coups de bouteille. Il avait tellement de comptes à régler avec elle. Elle avait tué son père. Voilà en gros la ligne de défense de Geoffrey, qui prend un petit coup dans l'aile quand débarque à la barre un témoin surprise, un vendeur de voitures de luxe qui dit que Geoffrey est venu le voir après le meurtre avec son copain de Johnny.

[00:23:09]

Il m'a dit qu'il allait avoir une grosse rentrée d'argent. Et qu'il était intéressé par un coupé sport. Les 70.000. Ce témoignage aurait été accablant si la visite chez le concessionnaire avait eu lieu avant le meurtre. Mais comme elle a eu lieu après le meurtre, disons qu'il est gênant, mais qu'il n'est pas déterminant. Jaufré pouvait penser légitimement qu'il a l'intégrité d'une partie des biens de sa grand mère.

[00:23:44]

Arrive la fin du procès. L'avocat général réclame 30 ans pour Geoffrey et 8 ans pour Johnny. Et il passe l'éponge pour le vol de timbres de Lucie. Mais au final, le verdict est beaucoup plus clément. Les jurés ont manifestement été touchés par la défense de Geoffrey. Il est condamné à 20 ans. Johnny est acquitté et Lucie relaxé. A ce moment là, évidemment, Geoffrey n'a aucun intérêt à faire appel. Il s'en sort bien. Sauf que l'avocat général, lui, considère que le compte n'y est pas.

[00:24:16]

Et donc, c'est lui qui fait appel.

[00:24:27]

Deuxième procès, donc, en septembre 2009 devant la cour d'assises de Saône et Loire, il y a toujours personne sur le banc des parties civiles et d'ailleurs, le président s'en étonne. D'entrée. Je me rappelle une histoire de clochards où la famille était quand même présente. Celle de Marcel Bouvard est absente. Je ne savais pas que c'était possible. Et à la fin, le verdict est beaucoup plus lourd pour Geoffrey. Il écope de 25 ans au lieu de 20, assorti d'une peine de sûreté des deux tiers.

[00:24:59]

En revanche, pour d'Ionie, bis repetita, il est acquitté des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur un point. FR.