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L'affaire Dracula Dracula, nous allons aujourd'hui essayer de. Va faire Dracula dépèce. J'entends mes avocats, psychiatres et médias, monsieur le Président, Maître Charvet, nous a habitués à toutes les façons possibles et imaginables. Tout le monde le sait, mais on ne sait rien.

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L'affaire Dracula, une série audio Cobo originale à retrouver sur Cobos comme Slash, Dracula. Elle raconte Christophe Hondelatte Je vais vous raconter aujourd'hui l'une des affaires criminelles les plus célèbres du XXe siècle une affaire de 1972, l'affaire de Bruay en Artois, le meurtre d'une adolescente de 15 ans, Brigitte Dauvers, fille de mineur. Cette histoire, je l'ai écrite avec Emmanuel Données. La réalisation est signée Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Cette affaire se déroule dans un décor particulier, à une époque particulière. Si vous faites abstraction de tout ça, vous allez passer complètement à côté de cette histoire. On est à Bruay en Artois, dans le Pas de Calais, en 1972. Autrement dit, dans un monde mythique fantasmé. La mine germinale, les gueules noires, les coups de grisou, les Therry, c'est ça. Bruay, en 1972. Une petite ville minière, mais en train de s'éteindre, de dépérir.

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Avant, il y avait jusqu'à dix huit puits de mine dans le coin. En 1972, il n'en reste qu'un en activité. Un seul. La fosse numéro 6. Et bientôt dans les corons, ces petites maisons de briques rouges collées les unes aux autres. Il n'y aura plus que des retraités et des chômeurs. Et c'est à ce moment si particulier de l'histoire de Bruay en Artois qu'un après midi d'avril 10 972, le 6 mai, vers 5 heures, on découvre le cadavre d'une adolescente, une fille de mineur, Brigitte Devert.

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Il faut que je vous dise où on l'a trouvé. Ça aussi, c'est important. On l'a retrouvé sur un terrain vague, un terrain vague qui, en quelque sortes, sépare les mineurs des bourgeois de Bruay. D'un côté, le Coran et de l'autre, les belles maisons. Et la première d'entre elles, la maison de madame, maïeurs marchande de meubles, qui a réussi une grande villa blanche que les gens d'ici appellent le château. Le terrain vague est pile entre le Coran et le château.

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Pile au milieu. Vers 5 heures. Des gamins jouent au football. Ils envoient le ballon un peu trop loin et ils tombent sur un cadavre vaguement dissimulé sous un pneu. Jean Piat, puis avoir leur lot Coso. On dirait quelqu'un pour prévenir les parents. Les parents préviennent le commissariat. Et quand les policiers arrivent, il y a déjà tout un attroupement sur place. La nouvelle a fait le tour du Coran voisin. Et quand les flics soulèvent le pneu, il y a toute une foule pour regarder par dessus leur épaule.

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C'est une jeune fille à moitié nue. Il ne reste que son chemisier, son soutien gorge a été arraché. Elle a le corps tout griffé, tout sale. Elle porte des marques autour du cou, comme si on l'avait étranglée et des entailles sur la tête profonde. Et là a lieu une scène terrible. Un homme sort de la foule thymine, tout le monde le connaît. C'est un mineur, Léon de Verre, et il dit aux gendarmes chercher Bolger chez Morphy, chez ma fille.

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Elle s'appelait Brigitte. Elle avait 15 ans et l'enquête sur sa mort va bouleverser Bruay en Artois. Pendant des mois et des années.

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Les policiers tout de suite, interrogent les parents. Ils ne l'ont pas vu depuis la veille au soir et c'est normal. Vers 5 heures et demie, Brigitte est allée dormir chez sa grand mère pour lui tenir compagnie. La grand mère habite juste de l'autre côté du terrain vague. Elle avait quoi, 700 mètres à faire? On l'a tué à ce moment là, a priori, quand elle a traversé le terrain.

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Les policiers de la police judiciaire de Lille prennent le relais du commissariat local et quand ils arrivent sur les lieux, ils tombent sur une petite foule des dizaines de curieux venus voir où ça s'est passé et piétinant allègrement au passage la scène de crime. En 72, on ne prenait pas toutes les précautions d'aujourd'hui. Il fouille malgré tout en rang d'oignons. Il ratisse tout le terrain. Il cherche l'arme du crime qui, d'après le médecin légiste, pourrait être une hache à hachoir ou une serpe.

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Un objet tranchant, en tout cas lourd. Il ne trouve rien, et pas non plus, d'ailleurs, les lunettes de Brigitte. Et ça, c'est bizarre parce qu'elle les avait toujours sur le nez. Ensuite, il essaye de reconstituer son parcours à 5 heures et demie. Elle part de chez elle. Ses parents disent qu'au passage dans la cuisine, elle prend une orange. Ça a l'air d'un détail, mais le légiste a retrouvé évidemment cette orange dans son estomac et le niveau de digestion permet de situer l'heure de sa mort aux alentours de 20 heures.

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20H30, donc, elle sort de chez elle avec son orange. Et là, elle croise une copine, Micheline, et plus loin, un garçon, Jean-Pierre. D'après ce qu'ils disent tous les deux, ils restent ensemble à discuter jusqu'à sept heures et demie. Et là, Brigitte repart en direction de la maison de sa grand mère. Une habitante de la rue de Rancher Court dit qu'elle la croise vers 8 heures moins 20. Son témoignage est essentiel parce qu'elle dit qu'elle n'était pas seule.

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Il y avait un gars au grand blond avec un pull à col roulé et il était de dos. Je n'ai pas pu le reconnaître, mais bon, il avait l'air normal. A mon avis, c'est quelqu'un qu'il connaissait. Après, plus personne ne la croise jusqu'à sa mort. Mais une dame de la rue de Ronchi court. Une infirmière qui rentrait du travail apporte un témoignage très intéressant. Elle est rentrée chez elle vers 8 heures 10 et elle n'a pas pu se garer comme d'habitude devant chez elle.

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Se garer, une voiture garée, une Peugeot 504 blanche, ça m'a contrarié.

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Alors, je l'ai remarqué. Elle a surtout remarqué qu'il y avait quelqu'un dedans, une silhouette. Elle n'a rien vu d'autre vers 10 heures et demie. Elle a regardé par la fenêtre. La voiture était toujours là, mais vide. Alors elle est allée voir avec sa petite lampe de poche. Elle a remarqué qu'il y avait une raquette de tennis à l'arrière et surtout, la bonne dame, a noté le numéro d'immatriculation 41 63 j 62. Les policiers appellent la préfecture.

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Oui, la police judiciaire de Lille à l'appareil, ça serait pour avoir le propriétaire de la plaque. 41 63 j. Q 62. Oui, j'attend. Pierre le Roi, vous dites? L. Eux r o i grec. D'accord, je vous remercie. Et là, stupéfaction, Pierre le roi, Pierre le roi, c'est le notaire de Bruay. Qu'est ce qu'il faisait là à cette heure là? Son étude de l'autre côté du terrain vague, rue de la République.

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Alors, tout notaire qu'il est. Pierre le Roi est convoqué par la PJ pour un interrogatoire de routine. Il s'agit de fermer une porte, comme on dit en langage policier. Il n'y a pas de suspicion particulière à son endroit. Alors pourquoi est ce qu'il se montre si nerveux devant les policiers? Le roi. Vous pouvez nous dire ce que vous faisiez le 5 avril vers 20 heures. Vers 20 heures. Je ne sais pas trop où j'étais, sûrement chez moi, pourquoi?

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Pourquoi? Parce que nous enquêtons sur la mort de la petite Brigitte de Vert, vous avez dû en entendre parler, non? Quoi? Ah non, non, non, j'en ai pas entendu parler. On sait que votre voiture était dans la rue de Rancher Cour le 5 avril vers 20 heures. Qu'est ce que vous faisiez là? Votre étude n'est pas là. Au SAV. C'est parce que j'étais pressé, j'avais un rendez vous, j'étais très en retard.

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Alors j'ai regardé ma montre. Il était 8 heures et demie. Je me suis garé au plus proche sans faire attention.

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Un rendez vous à 8 heures, Edmée. Bah, c'est que c'est un peu délicat. Je préfère pas en dire plus. Si vous voulez bien, mais il faut tout nous dire, monsieur le roi. On parle d'un meurtre, là. Avec qui avez vous rendez vous? Bon, enfin, j'avais rendez vous avec Monique Maillard à. Le notaire et l'amant de Mme Meilleur, la propriétaire du château, comme une Lise la marchande de meubles. Le problème, c'est que madame est en instance de divorce.

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Ça n'est pas encore fait. Donc ils sont discrets. Bon. Et après, ils expliquent que la nuit du meurtre ayant garé sa voiture loin de chez son amoureuse pour passer inaperçu, il a traversé le terrain vague vers 8 heures et demie, au bout du terrain. Il a sauté par dessus la haie pour arriver par la porte de derrière du château. Puisque vous êtes passé par le terrain, monsieur le roi. Vous avez vu le corps de la petite Brigitte?

[00:10:15]

Non. Maintenant, je n'ai rien vu du tout. Le problème, c'est qu'il dit qu'il est arrivé à 8 heures et demie. Et là, il ment puisque l'infirmière l'a vu dans sa voiture vers 8 heures 10. Vous allez me dire c'est chipoté, mais comme c'est au cours de cette demi heure là que Brigitte a été tuée, il vaudrait mieux pour lui que les horaires concordent et ils ne concordent pas. Et puis, il a dit qu'avant ça, il était passé chez lui pour se changer.

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Alors, on va interroger sa mère. Elle ne l'a pas vu. Du coup, il change de version. Finalement, il est arrivé un peu en avance. Qui se souvient maintenant? Il est resté dans sa voiture à écouter de la musique classique. Et puis, quand il a dit tout à l'heure qu'il n'était pas au courant du meurtre de la petite Brigitte, ce n'était pas vrai. Il a menti. Qu'est ce qui se dégage de tout ça, d'après vous?

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De tous ces petits mensonges inutiles? Ça le rend suspect, non?

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Pour le juge, en tout cas. Oui, ça le rend suspect. Il pense que c'était peut être lui, l'homme au col roulé, qui discutait avec Brigitte juste avant qu'elle ne soit assassinée. Et donc, il l'a inculpé pour le meurtre de Brigitte. Il inculpe et il l'envoie en prison. Oui, monsieur le notaire, membre du Rotary Club, il l'envoie en prison pour le meurtre monstrueux d'une fille de mineur en 1972. Ça va faire un sacré foin.

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Un notaire qui étrangle une fille de mineur. Quatre ans après 1968, dans une France nourrie à la lutte des classes. Laissez moi vous dire que ça ne passe pas inaperçu. Les journalistes déboule de partout. Et où vont ils quand ils arrivent? Et bien droit chez les verts, chez le père de la petite Brigitte et chez sa femme. Et qu'attendent les journalistes? Que tous les deux leur parlent du notaire?

[00:12:27]

Pour moi, c'est vraiment pas croyable. Un monsieur aussi haut placé. Est ce que votre fille connaissait monsieur le roi? Elle ne comprend pas parce que je n'étais pas une fille de rue. Il est arrivée quand elle sortait de chez sa grand mère. Elle allait devenir le même chemin qu'elle prenait. Sûrement surpris parce que c'était une vie que je n'ai pas abrogée comme ça. D'après vous, est ce que M. Le Roi serait capable de faire une chose comme ça?

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Non, monsieur. Qu'est ce qu'il faisait là et là?

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Commence à apparaître de manière assez diffuse, comme ça dans les corons. L'idée qu'il va s'en sortir parce que c'est un bourgeois, parce qu'il a des amis haut placés. Il paraît que quand il est arrivé au palais de justice, le procureur lui a serré la main figurez vous serrer la main et longuement avec ça. Ils se connaissent du Rotary club qui paraît.

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Ces gens là se protègent. Je ne vous ai pas encore parlé du juge qui instruit cette affaire. Il faut pourtant parce que c'est un personnage essentiel de l'histoire. Le juge Henri Pascal de Béthune, tout petit, la figure toute ronde avec des lunettes. Dans cette affaire, tout le monde va l'appeler le petit juge. Il a une conception très personnelle de son rôle. Il est convaincu que le notaire est coupable. Alors il le répète à qui mieux mieux aux journalistes qui défilent dans son bureau.

[00:13:56]

Il adore les journalistes et tous les jours, il leur distille des informations à charge, bien sûr, contre le notaire.

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Il faut dire qu'en face, le notaire se défend très mal. Il sert à chaque fois une version différente de sa soirée du 5 avril. Il dit qu'il est passé par le terrain vague pour rentrer discrètement dans la villa de sa maîtresse sans qu'on le voit. Mais les gens disent qu'avant ça, il rentrait par la grande porte sans se gêner. Il dit aussi qu'il a attendu 8 heures et demie dans sa voiture pour laisser le temps au mari de Mme Maïeurs de s'en aller.

[00:14:36]

Mais le mari ne vient plus chez sa femme depuis belle lurette. Elle vit seule. Alors pourquoi est ce qu'il ment, si ce n'est parce qu'il est coupable?

[00:14:45]

Quatre jours après avoir inculpé maître le roi, le juge Pascal donne une conférence de presse à l'extérieur représente en privé. Je n'ai pas d'éléments nouveaux clients et trois semaines après le crime, le juge organise une reconstitution qui attire des milliers de curieux, comme au spectacle.

[00:15:22]

Et quand on sort le notaire du fourgon de police, les gens se mettent à nu et l'emmènent là où un témoin, une voisine, a vu Brigitte parler avec un homme en col roulé. Vous vous souvenez de ça? On lui fait enfiler un pull à col roulé et le juge se tourne vers la voisine. Ça correspond comme ça. Est ce que c'est ce que vous avez vu? Ah non, non, non, non, non, ce n'est pas lui même le roi est beaucoup plus corpulent que le gars que j'ai vu.

[00:15:51]

C'est pas lui. Hebron, le juge est un peu décontenancé à ce moment là, comme le dossier manque de preuves et que la reconstitution, il faut le reconnaître, a été peu concluante. Le procureur demande la libération d'une notaire. Et bien voilà, c'est la preuve qu'il est protégé. Voilà ce que disent les gens. Les bourgeois se serrent les coudes. A partir de ce moment là, l'affaire de Bruay en Artois devient une affaire politique incroyablement politique.

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Et pour comprendre, il faut se placer dans le contexte de 1972. Quatre ans après 68.

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Les gauchistes tendance maoïste sont à la fête et cette histoire de notaire qui tue une fille de mineur est une excellente occasion de réveiller la lutte des classes. Les Mao s'emparent donc de l'histoire de Bruay avec à leur tête une grande conscience de l'époque. Le philosophe Jean-Paul Sartre et son journal La cause du peuple, le 1er mai. Le journal titre Et maintenant, il massacre nos enfants avec un sous titre. Il n'y a qu'un bourgeois pour avoir fait ça. Et voilà donc les maos qui débarquent, abreuvée avec une camionnette et des piles de tracts et qui s'installent où ça bat sur le terrain vague où il crée un comité pour la vérité et la justice.

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Devant la camionnette, ils ont installé une petite table et posé dessus des cahiers d'expressions libres et toute la journée. Les gens viennent écrire dessus toute leur haine du notaire.

[00:17:44]

Faut le pendre par les couilles. Faut le découper au rasoir.

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Page après page. Coupable parce que notaire. Coupable parce que riche. Coupable parce que bourgeois. Et tous les soirs, les membres du comité vont apporter les cahiers à leurs héros. Le juge Pascal. Quelle époque, quelle époque de fou! Et comment on est loin de la justice.

[00:18:15]

Alors, la justice, justement? Vous vous souvenez que le procureur lui même, constatant que le dossier contre le notaire est assez mince, sans preuves, a demandé sa libération? Le juge avait cinq jours pour répondre. Il fait traîner le suspense jusqu'au bout pour finir par annoncer avec un petit sourire J'ai décidé de le maintenir en détention.

[00:18:39]

Le procureur fait immédiatement appel. Là dessus, le 4 mai, les médecins légistes livrent un nouveau rapport sur le corps de Brigitte. Ils ont noté des traces de doigts sur les chevilles et sur les poignets. Ils suggèrent donc que le corps a été déplacé par deux personnes, une qui lui tenait les bras et l'autre les chevilles, et est vu par les maoïstes aux idées courtes. Qu'est ce que ça donne, d'après vous? Eh bien, la deuxième, c'est Monique Maïeurs.

[00:19:18]

C'est la maîtresse, c'est la marchande de meubles. C'est elle la complice. Les gens sont d'ailleurs allés écrire sur le mur de sa maison. La complice. Et là va se produire un petit miracle. Un témoin de dernière minute, un certain Clément Leblanc. Il était électricien. Il raconte que le soir du meurtre, il était en train de pisser dans un coin de la rue de Rancher Court et il a vu passer un homme et corpulent avec une fille de 15 ou 16 ans à son bras.

[00:19:53]

Incroyable! Pourquoi est ce qu'il ne le dit que maintenant? On est presque deux mois après le meurtre. Mieux que ça. Un peu plus loin, il est tombé sur une Peugeot 504 blanche qui était au volant. D'après vous? Une femme avec les cheveux courts, costauds? Mme Meilleur? Forcément. Mme Meilleur. Le petit juge se frotte les mains, alors il fait venir Mme Meilleur. Et ils la mettent au volant de la 504. Et il demande au témoin providentiel.

[00:20:27]

Vous la reconnaissez? Le témoin hésite un peu.

[00:20:31]

Oui. J'ai peut être elle, je ne sais pas trop. Cela peut correspondre. Qu'importe, le juge Pascal inculpe Mme Maïeurs de complicité. Il envoie en prison là dessus. Le lendemain, la Cour d'appel d'Amiens décide qu'il n'y a pas assez de charges contre le notaire et elle le libère et que vous n'avez pas reporter.

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La plainte n'avait pas du tout. Je ne vois pas d'autres clients dans le meilleur des cas, maintenant étant étant. L'auteur est bien évidemment un problème tout. Notez le vocabulaire du juge, la complice, l'auteur, le juge. Pascal ne s'embarrasse pas avec la présomption d'innocence, peu importe. En vérité, cette impartialité du juge est devenue tellement criante que la Cour de cassation décide de le dessaisir. Elle lui retire le dossier de Bruay en Artois et lui y voit une décision politique.

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Hamas en prison est immédiatement compris. Tous les moyens employés, les moyens inaccoutumée les plus inhabituels pour que le moteur soit blanchi, le moindre, j'ai tout de suite compris et même d'être blessé. Et pourquoi refuser d'aller le plus vite possible et agir en toute sérénité, en toute impartialité? Mais qu'on n'a pas regardé tout de même le roi qui disait Allez, l'intervieweur de mon cabinet, je sortirai devrait. Vous l'avez réalisé dans la foulée.

[00:22:45]

Monique maïeurs, elle aussi, est libérée. Et tant qu'à faire, on change aussi de services de police. Bye bye! La PJ de Lille, c'est la PJ de Paris, le 36, quai des Orfèvres, qui reprend le dossier à zéro. Et il faut attendre de très longs mois jusqu'au prochain rebondissement, le 18 avril 1973.

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Mesdames et messieurs, bonjour! Les habitants de Bruay en Artois peinent à y croire. Hier soir, un jeune homme de 17 ans et demi s'est accusé du meurtre de Brigitte Jean-Pierre Jean-Pierre Flahault.

[00:23:18]

Vous vous souvenez? C'est avec lui que Brigitte a parlé longuement le soir du crime, pendant qu'elle mangeait son orange. En sortant de chez elle, Jean-Pierre, tout le monde le connaît. Abreuvée, c'est un orphelin élevé par son frère et il a avoué mais dans quelles conditions? Les policiers parisiens lui ont tendu un piège. En vérité, ils ont fabriqué un faux procès verbal, un témoin bidon qui prétend l'avoir vu sur les lieux du crime. Regarde Jean-Pierre.

[00:23:46]

Il y a un témoin qui, à vingt cinq, dit qu'il t'as vu sur le terrain avec Brigitte. Pas vrai, suis un menteur. Allez Jean-Pierre! Il y a un autre témoin qui dit que c'est bien toi. Il t'a reconnu. Alors, sous pression, Jean-Pierre craque. Chez Bermont Brigitte. Moi. L'homme avec le col roulé que vous cherchez Chaumois. Mieux que ça, c'est lui qui possède les lunettes de Brigitte, il les a cachées dans un fauteuil chez sa mère.

[00:24:25]

Les policiers vont vérifier. Elles y sont.

[00:24:38]

Et là, autant vous dire que les parents de Brigitte n'y croient pas une seconde. Pour eux, c'est toujours le notaire qui est coupable et vous ne pouvez toujours pas la culpabilité de Jean-Pierre.

[00:24:49]

Cela ne va pas tant que vous ne l'avez pas à moi. Et puis, je peux vous dire que c'est moi qui ai commis le crime et non la mère. Les lunettes, vous l'avez compris, sont une preuve accablante pour Jean-Pierre. Le problème, c'est que ni la mère ni la grand mère de Brigitte ne les reconnaissent, ces lunettes. Et puis, ces aveux ne tiennent pas debout. Jean-Pierre a dit aux policiers qu'il avait rendez vous avec Brigitte sur le terrain.

[00:25:24]

Un rendez vous galant, qu'ils se sont chamaillés, qu'elle est tombé, qu'elle ne respirait plus, qu'il a eu peur et qu'il a décidé de maquiller l'accident en crime sadique. Le problème, c'est qu'à aucun moment, il n'a dit qu'il l'avait étranglée. Or, elle a été étranglée et on le lui fait remarquer. Alors il corrige au chevron. On respire encore. Elle m'a dit des choses méchantes, alors je l'ai étranglé avec mes mains. Avec ses mains, mais Brigitte n'a pas été étranglée à mains nues.

[00:26:04]

Elle a été étranglée avec un foulard a priori. Oh oui, chevret! En fait, il y avait un faux l'emportèrent, alors j'ai chargé. Les aveux de Jean-Pierre sont totalement bancals et le juge Pascal, qui a été dessaisi mais qui n'en est pas pour autant muet, s'en régale.

[00:26:23]

Une chose qui ne m'a pas surpris, il ne m'a pas surpris. Il a peu à peu le caractère de quelqu'un qui doit avouer quelque chose. Même qu'il n'a pas fait et que son caractère, qui aime brouiller les pistes et pavaner comme un coq au milieu des filets, est tout heureux, tout heureux et ravi d'être mêlé à cet appel lors d'une reconstitution.

[00:26:45]

Un an plus tard, les gestes de Jean-Pierre ne collent pas du tout avec les constatations des médecins légistes et d'ailleurs. Quelques mois plus tard, il revient sur ses aveux. Il a menti. Ce n'est pas lui qui a tué Brigitte Devert. N'empêche qu'on va quand même le juger pour le meurtre à huis clos puisqu'il était mineur. Et il est acquitté. Ce n'est pas lui. Et depuis? Depuis, il ne s'est rien passé. L'affaire a été classée en 1981.

[00:27:16]

Le juge Pascal est mort en 1989. Le notaire est mort en 1997 et depuis 2005, l'affaire est définitivement prescrite. Le crime de Bruay restera une affaire sans coupable, quoi qu'il arrive.

[00:27:34]

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