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Raconte Christophe Hondelatte. L'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui est peut être la meilleure histoire du monde, la meilleure histoire du siècle et même la meilleure histoire de l'éternité. Je vous le garantis, vous n'allez pas vous ennuyer et vous allez bien vous marrer. C'est une affaire de 1976. C'est l'affaire des avions renifleurs. Je ne vous en dit pas plus pour ne pas spoiler mon histoire. Je vous présente juste celui qui, tout à l'heure, nous allons débriefer ce récit.

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Le journaliste Pierre Péan Bonjour Pierre Péan, bonjour. C'est vous qui avez révélé cette affaire il y a 35 ans dans Le Canard enchaîné, avant d'en faire un livre chez Fayard. Vous nous direz ce qui à gratter derrière ce formidable polar? J'ai écrit cette histoire avec Quentin Mouchel laréalisation et de Céline Debroise Europa.

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Christophe Hondelatte. Je vous préviens, c'est une histoire de fou qui, normalement, doit vous faire rire et aussi pleurer, rire, parce que, ma foi, ça fait toujours marrer de voir mastodontes comme Elf-Aquitaine, l'un des plus grands corrupteurs de la planète, se faire pigeonner par deux larrons. C'est l'arroseur arrosé. Ça marche toujours, mais là où on pleure, c'est à la fin de l'histoire. Je vous préviens quand il faut payer l'addition 1 milliard de francs et là, c'est à la santé du con qui paye.

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C'est à dire à la nôtre. Parce que l a l'époque, c'est l'Etat, c'est le gouvernement, c'est le premier ministre Raymond Barre et tout en haut, c'est Giscard d'Estaing. Alors je vous raconte. Nous voici un matin de février 1976, à Paris, au siège d'Elf Aquitaine, le géant pétrolier russe Nerelas tombe près de la tour Eiffel et je vous emmène dans le bureau du patron Pierre Guillaumat. Il est 11 heures du matin et il a un rendez vous pour lequel il a fait venir quelques cadres de la direction générale, car c'est un rendez vous très prometteur avec deux scientifiques qui auraient inventé une machine pour détecter les gisements de pétrole.

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C'est l'ancien président du Conseil, Antoine Pinay, qui a suggéré à Guillaumat de recevoir ses deux inventeurs. Vous devriez les voir sans tarder, d'après ce que dit leur avocat. Maître, violez que je connais bien qui est un ami et ils ont un projet très prometteur. Une suggestion d'Antoine Pinay, l'homme qui a sauvé le franc français en 1952. Ça s'écoute. Et voilà donc à quoi tient ce rendez vous. Et d'ailleurs, tiens, les voilà avec leur avocat, maître, violez un mot d'ailleurs, avant le début de cette réunion sur ce maître violet.

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C'est un personnage assez obscur. C'est un ancien cagoulées, un collabo pendant la guerre. Il aurait des liens avec l'Opus Dei. Preuve, dit avocat, c'est une couverture. C'est un ancien agent secret du CS, l'ancêtre de la DG, et ce, pour tout vous dire. Chez Elf Aquitaine, dans ces années là, il y a tout un tas d'anciens du SDECE. Gardez ça dans un coin de votre tête.

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Les deux autres, je vous présente la grosse touffe de cheveux blancs. Là, avec les grosses lunettes, c'est un Belge, un aristo, un comte, Jean de Villegas. Il aurait un château près de Bruxelles. Lui, c'est celui qui finance, c'est celui qui chapeaute le projet. Mais ça n'est pas l'inventeur. L'inventeur, c'est l'autre à côté, avec les joues flasques, un Italien, Aldo de Soler. Et d'ailleurs, c'est lui qui prend la parole en premier.

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Melcer des nouveaux savoir, monsieur le Président. Je me présente, je suis physicienne nucléaire et j'ai donc mis au point une double système complémentaire qui permet de localiser des schismatiques de pétrole. Un premier système positionné dans le sous navions et l'autre au sol et sur le pâtissait Delta et Oméga. Et ça fonctionne pas flou gravitationnel. Et là, le compte de Vilgax le coupe. Oui, enfin, je préfèrerais que nous fassions une démonstration. On parle d'eau plutôt que de vous révéler le secret de notre fabrication.

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Je n'ai pas envie qu'on nous vole cette fabuleuse invention.

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Et là, je vous demande deux secondes de vous remettre dans le contexte. On est en 1976. En trois ans, le prix du pétrole vient d'être multiplié par trois. C'est la crise. C'est la fin de la belle épopée des Trente Glorieuses. La France est très dépendante du pétrole est à genoux. Souvenez vous, si vous étiez né. Le pétrole? Nous sommes obligés de l'acheter à notre cher trop cher. C'est notre richesse qui sauvera notre façon de vivre qui est menacée.

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Alors, que peut on faire? D'abord, mieux utiliser l'énergie, vous verrez. En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées.

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Et là, qu'est ce qu'il propose? Les deux y gomart l'indépendance énergétique de la France, rien de moins. Localisez des champs de pétrole et les exploités. Ne plus dépendre des pays arabes, c'est une telle promesse, sans doute, qu'on a envie de les croire. Surtout qu'à la fin du rendez vous, le comte de Villegas fait une proposition qui n'engage à rien.

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Je vous propose de financer le test.

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Vous nous rembourseraient quand on aura trouvé les premiers gisements. Eh bien, faisons le test! Et la démonstration a lieu assez vite après le premier rendez vous, en avril 1976, on teste d'abord la machine embarquée dans l'avion, le fameux procédé Delta. Elf-Aquitaine a choisi pour cette expérimentation une région, le sud ouest de la France, où elle a déjà identifié de tout petits gisements de pétrole. On va voir si la machine les repère. Un avion, un DC 3 décolle de Tarbes.

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A l'intérieur, Aldo Bonato et l'Italien est aux manettes. Il a installé ses machines qui s'étalent sur deux mètres de long et qui clignote comme un sapin de Noël. Et il manipule les dont il fait les branchements. Un savant fou et tout d'un coup, ça bip bip au bon endroit. Pile là où elle a déjà repéré du pétrole. Et au fond de l'avion, sur un petit écran en couleur, apparaissent des formes comme de grosses patates. Regardez, regardez, ce sont des gisements de pétrole.

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Paul Alba, le directeur de l'informatique de Elf, est là. Il n'en revient pas. Il est scotché. On est à 6.000 mètres d'altitude et la machine de Bonas de sol vient de détecter des gisements de pétrole dont on sait qu'ils sont à plus de 3 000 mètres sous terre 1 3 yab.

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Et ensuite, on teste le système Oméga, celui qui fonctionne au sol, sur terre. Et là, on se retrouve sous une tente avec toujours Bonas de Soly aux manettes. Seul, il a fichu tout le monde dehors. Il ne veut personne dans les pattes, mais à côté, il y a un camion où ils sont tous entassés. Et il voit apparaître sur un écran en couleur de grosses taches, la forme des gisements et des indications, leur profondeur, leur épaisseur, la teneur en hydrocarbures.

[00:07:51]

Paul Alba est subjugué. De retour chez Elf-Aquitaine, il raconte tout au patron cette invention, soit le truc du siècle.

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On ne peut pas passer à côté et là, ça s'emballe. Pierre Guillaumat, le président, perd d'un coup tout sens critique. Il veut signer un contrat tout de suite là maintenant, et personne pour lui refroidir la calebasse. Il n'y a qu'une dizaine de types au courant de l'histoire. On appelle aucun scientifique pour lui demander son avis. Le président de la République est consulté. Il donne son feu vert, sans moufté. Il s'est fait retourner le cerveau par Antoine Pinay.

[00:08:31]

On ne refuse rien à Antoine Pinay dans ces années là. On lui doit tant. Et donc, trois mois après le premier rendez vous. Deux mois après le premier test, en juin 1976, Pierre Guillaumat signe un contrat pour exploiter l'invention pendant un an. Un contrat à 400 millions de francs. Et avec qui? Avec la fille Salma. C'est une société panaméenne dont le seul actionnaire est le comte de Villegas. Les choses sont claires.

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Elf peut utiliser la machine pendant un an, mais hors de question d'expliquer comment ça marche. Voilà, c'est signé.

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Je vous l'ai dit, on n'a pas consulté de scientifiques au camp, mais on n'a pas non plus vérifié qui étaient ces deux zozos. Et pourtant, il fallait moins d'une heure pour découvrir quel d'Eaubonne Patroller n'est pas plus physicien nucléaire que vous et moi. Il a dit qu'il a inventé une longue vue avec un capteur sonore capable de voir et d'entendre des astronautes dans l'espace et un rayon qui peut détruire des bombes atomiques. Il délire son vrai métier. Vous savez ce que c'est, son vrai métier.

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Il est réparateur de télé. Allo Rano en Italie, son village natal, réparateur de télévisions. Quant au comptes de vie Légasse, c'est un illuminé qui annonce la fin du monde pour l'an 2000. Il dit qu'il y aura des élus et que les extraterrestres viendront les chercher pour les sauver. Pour vous dire à quel point ils sont dingos tous les deux, ça fait des années que le compte finance les recherches de Bonas, de Solis, le réparateur de télé.

[00:10:15]

Il l'a annoncé sur un système pour Dessalines, l'eau de mer et un autre pour détecter les nappes phréatiques. Tout ça pour apporter de l'eau à l'Afrique. Ils sont dingos, ils sont complètement maboule et ça prenait 5 mn de le vérifier. Et le président Elf-Aquitaine, avec l'assentiment du gouvernement et du président de la République française, vient de leur faire un chèque de 400 millions de francs. Elle est pas belle, mon histoire. Et les gaz? Dès qu'il touche son gros chèque?

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Qu'est ce qu'il fait? Il dépense. Il fait des folies, au sens littéral du terme.

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Il commence par faire retaper son château de Riviéra, près de Bruxelles, et là, il fait installer un centre de recherche fondamentale et ensuite, il achète un bateau et dans la foulée, quatre avions, dont un Boeing 707, pour lesquels il fait construire un hangar de 2 000 mètres carrés sur l'aéroport militaire de Bruxelles. Et après, il embauche une équipe, une grosse équipe, une quarantaine d'employés, des pilotes d'avion, des mécanos, des techniciens et à la tête de tout ça.

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Il met Bonas au sol et le technicien réparateur de télévision comme chez Elf Aquitaine, on ne sait pas qu'ils sont cinglés tous les deux.

[00:11:43]

On est rassuré. On se dit s'ils investissent autant d'argent, c'est qu'ils sont sûrs de leur coup. Et à l'automne 1976, c'est parti. L'opération commence pour de bon. L'avion survole d'abord la mer d'Iroise, au large d'Ouessant, dans le Finistère, puis l'Aquitaine, puis le golfe de Gascogne, puis la Camargue, le Languedoc, le Jura et la Suisse. Et régulièrement, ça. Et sur l'écran, dans l'avion, on voit apparaître les formes, les patates, les gisements de pétrole.

[00:12:15]

Et en décembre 1976, l'avion survole Montaigut, dans le Gers, et apparaît sur l'écran une énorme tache en forme de salamandre 9 kilomètres de long sur un de large et 100 mètres de haut. Le tout à 3800 mètres sous terre. Le jackpot, il n'y a plus qu'à creuser.

[00:12:54]

Et donc, on creuse ou plutôt on fort 3.800 mètres de profondeur à rien. Pas un millilitre de pétrole, 4 000 483 mètres de profondeur, toujours rien. Puis Elf-Aquitaine, on commence à bouillir. Mais bon, il y a une explication. La terre, j'aborde le forage est tombée au mauvais endroit et entredeux Geismar. Et chez Shelf et au gouvernement, tout le monde gobe cette explication, sauf peut être le nouveau président d'Elf, Elf-Aquitaine, Albin Chalandon.

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Il vient de remplacer Guillaumat, atteint par la limite d'âge. Mais on se fiche complètement de son avis, car on a gardé Guillaumat dans un coin. C'est toujours lui qui s'occupe de ce projet stratégique.

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Et pendant ce temps là, sur les indications de la machine, on continue de forer au Gabon, au Maroc, dans des zones improbables, dans du granit et on ne trouve rien. Et quand Elf Aquitaine demande décontaminé Gas, l'autre devient tout rouge. Si vous n'avez pas confiance, je prends avec mes claques et je m'en vais voir les Arabes ou les Américains. Je suis sûr qu'ils vont trouver la mention très intéressante. Et comme il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, eh ben on leur trouve des excuses.

[00:14:17]

Ils ont fait une formidable découverte fondamentale, mais leur machine n'est pas tout à fait au point. C'est tout. C'est ça le problème. Et donc, on va les aider à développer la machine. Elle demande à mettre la main dans la machine, à ouvrir les capot et à voir comment ça marche. Et en face, le comte de Villegas se dit d'accord, mais c'est un nouveau contrat. Et le 24 juin 1978, on signe un nouveau contrat à 500 millions de francs de plus 500 plus 400 Elf-Aquitaine à lâcher pour l'instant 900 millions de francs.

[00:14:54]

Et ensuite, on fait venir de jeunes ingénieurs, des polytechniciens et pendant une semaine, Bonnotte Soly, le réparateur de télé, leur donne des cours. C'est surréaliste.

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L'avion interagit avec l'appareillage. Et puis, les tubes transforment le flot gravitationnel en flot électromagnétique.

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De Soly parle aussi de Graviton, qui passerait à travers la matière de flux gravitationnels et de flux électro magnétiques. Il raconte tout cela avec un aplomb incroyable et en face, les crânes d'oeuf ne comprennent rien, mais prennent des notes en se disant C'est une nouvelle théorie.

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C'est un nouveau regard sur la physique.

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Pourquoi pas? Et après, on reprend les explorations, les polytechniciens sont dans l'avion, ils vont même au château, près de Bruxelles, travailler avec Bonas de soleil et un jour, ils vont voir Paul Alba, le responsable de l'opération chez Elf Aquitaine Gotham Al-Bab.

[00:16:04]

La théorie d'Aldo Bonas, de Soly et, comment vous dire, très éloigné de ce que nous connaissons de la physique. Nous ne sommes pas en mesure d'en saisir les rouages.

[00:16:14]

Et bien travailler davantage Bonsant. Ce que nous essayons de vous dire, Mr. Alba. C'est que cette histoire n'est pas claire du tout. Peu importe, le 5 avril 1979, elle organise une démonstration pour le président Giscard d'Estaing, qui se déplace en personne à Sudreau, en Champagne, sur un site pétrolier d'Elf Aquitaine.

[00:16:39]

Dans une petite cabane en bois, Bonnat de Solea lance sa machine et il annonce Monsieur le président, je vais vous montrer ce mec là où la tige de métal qui se trouve à 700 mètres sous terre.

[00:16:53]

Et on attend. Et ça ne marche pas. Attendez, attendez, il y a quelques réglages à faire. Le président patiente une demi heure et puis une lumière s'allume sur l'écran. Il faut tuer. On voit une cavité dans cette cavité, un objet métallique.

[00:17:14]

On l'avait annoncé, un objet.

[00:17:15]

L'objet était là, dans la voiture qui le ramène à son hélicoptère. Giscard d'Etat Guillaumat pas franchement convaincu. Mais bon, s'il y a une chance sur mille fois la saisir. Le ministre de l'Industrie, André Giraud, lui non plus, n'est pas convaincu. Alors, il décide de soumettre Bonato Soly à un test, un test qui a lieu le 25 mai 79 à Rueil-Malmaison, près de Paris. Giraud a fait venir pour cette expérience un physicien, un vrai venu du Commissariat à l'énergie atomique, Jules Horovitz.

[00:17:52]

Et c'est lui qui fixe l'enjeu du test.

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Vous voyez cette règle métallique? Eh bien, je vais la placer derrière le mur et nous allons voir si votre technologie permet de la voir.

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Il brandit la règle au bon moment et puis il passe dans la pièce d'à côté sans rien dire. Il casse la règle en deux et il revient dans la pièce.

[00:18:18]

Et au bout de quelques minutes, la règle entière apparaît à l'écran.

[00:18:23]

La fumisterie est révélée et Bonas de Solís a beau se défendre, la distorsion de l'image, c'est parce que l'appareil est dans un environnement nouveau.

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Cause toujours mon coco. Car maintenant, les techniciens de Help! Démontent la machine pièce par pièce. Et là, ils tombent sur le poteau rose des magnétoscopes dans la machine. Il y a des magnétoscopes qui renvoient vers l'écran des images enregistrées. Les patates censées représenter les champs de pétrole étaient soit des dessins, soit des photos prises en amont et projetées ensuite sur l'écran. C'est l'arnaque du siècle et on pourrait en rire pendant des heures si l'épopée n'avait pas coûté près d'un milliard de francs.

[00:19:10]

Et donc, maintenant, vous vous dites des têtes vont tomber. Le scandale va éclater. Et Bannon, en tout cas, pas tout de suite. Ils ont tellement honte.

[00:19:28]

D'abord, en juillet 1979, le contrat est rompu et Elf-Aquitaine parvient à récupérer la totalité des 500 millions engagés lors du dernier contrat. Mais pour les 400 millions du premier contrat, c'est plus compliqué. Devil Légasse a flambé une bonne partie de l'argent. Il en a même donné à des oeuvres caritatives. Alors, les avions et le bateau, il y a le hangar. Elf récupère tout ça. Et là, vous vous dites, ils vont porter plainte. Les deux zozos vont être arrêtés, interrogés, incarcérés et jugés.

[00:20:02]

Ce sont des escrocs? Pas du tout. L'affaire est enterrée. Ils ont tellement Ron!

[00:20:14]

Sauf que deux ans plus tard, le pouvoir bascule à gauche. En 1981, Mitterrand est élu président de la République et au fil des mois, les socialistes découvrent le pot aux roses. En 1982, l'administration fiscale met son nez dans les comptes d'Elf Aquitaine et un journaliste du Canard enchaîné, Pierre Péan, entend parler de l'affaire au détour d'une conversation avec des hauts fonctionnaires du ministère de l'Industrie. Et le 22 juin. L'histoire est à la une du canard Elf, victime d'une escroquerie à 100 milliards de centimes.

[00:20:52]

La tragique histoire des avions renifleurs qui ne reniflé rien.

[00:20:58]

Au début, ça n'intéresse pas les journalistes. Quelques lignes dans le monde et dans Nice-Matin, rien de plus. En revanche, il y en a un que ça branche. Henri Emmanuelli, le secrétaire d'Etat socialiste au Budget. Il convoque l'ancien patron d'Elf, Pierre Guillaumat, et l'autre se met à table. Il lui raconte tout, tout. Et Emmanuelli découvre qu'en 1981, la Cour des comptes a rédigé un rapport sur cette affaire et que Raymond Barre, le premier ministre de l'époque, l'a tout simplement enterré.

[00:21:35]

Et ça aussi, ça sort dans le canard. Le 21 décembre 83, une affaire d'Etat, la disparition à la Cour des comptes d'un document très gênant pour Giscard et Barre et dans la foulée, à l'Assemblée nationale. Emmanuelli accuse Giscard d'Estaing et Raymond Barre de forfaiture. Giscard se défend au journal de 20 heures de TF1. Quand ce secrétaired'Etat à Hyères prononçait ces accusations vis à vis de la Cour des comptes, institution de la République, concernant le fait que peut être à l'Elysée ou peut être à Matignon, on avait détruit ce rapport parce qu'il contiendrait des informations compromettantes.

[00:22:13]

Il avait posé aucune question au premier ministre, à mon ancien premier ministre ni à aucun de mes collaborateurs.

[00:22:19]

Chirac, ancien ministre de Giscard, parle de coups bas pour la droite, mais je reproche à M. Mitterrand. Je reproche à M. Mauroy l'exploitation misérable et politicienne et contraire aux intérêts nationaux, au prestige de la France et au prestige de l'une de ses plus grandes entreprises nationales, d'une affaire qui ne méritait pas d'être mise.

[00:22:39]

Ainsi en est, et la gauche commence à dire où est passé l'argent? Quel est le but de cette opération? Est ce que ça n'était pas de détourner des fonds publics, par exemple pour financer la campagne présidentielle de 1980? En janvier 84, le Parlement crée donc une commission d'enquête. Mais Mitterrand veille à ce que Giscard ne soit pas convoqué, considérant qu'il était en fonction et donc couvert par son immunité. Et la Commission rend son verdict en novembre. Elle lav Giscard de toute responsabilité.

[00:23:12]

Elle désigne Raymond Barre comme responsable politique de ce fiasco, mais ça ne va pas plus loin. Il n'y aura pas de poursuites. Il n'y aura pas de procès et il n'y aura finalement que la honte pour punir les responsables de ce fiasco.

[00:23:29]

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