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Christophe Hondelatte. Une histoire criminelle assez rare aujourd'hui puisqu'il s'agit d'un crime commis chez les grands bourgeois en 2009 à Grand-Champ, dans le Morbihan. Le meurtre d'Anne-Marie Le Couillaud. Je ne vous en dit pas beaucoup plus pour ne pas révéler la fin avant même d'avoir commencé. Mais disons qu'on est chez des gens qui ont beaucoup d'argent et qui, manifestement, en veulent encore plus. Voici donc l'enquête sur le meurtre d'Anne-Marie Le Couviour. Une histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard.

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Réalisation Céline Lebrun. Christophe Hondelatte. Avant de découvrir le cadavre, il faut d'abord que je vous plante le décor. Nous sommes en 2009 dans une petite ville du Morbihan, en Bretagne, Grand-Champ, chez des notables, les Le Couviour. Anne-Marie et Eugène Le Couviour. Eugène a été pendant plus de trente ans le maire RPR d'une petite ville voisine, Pluvigner. Maire, conseiller général et conseiller régional. Et c'est par ailleurs un homme d'affaires très connu dans le coin.

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Il a eu une grosse entreprise, une usine de lits médicalisés pour les cliniques et les hôpitaux. Il a employé jusqu'à 850 ouvriers. Il a revendu sa société il y a quelques années à un groupe américain qui a vendu 304 francs 58.000 montres. En effet, les notables et chez les REE, à une dernière chose que vous devez savoir avant d'entrer dans cette enquête. En 2009, quand éclate cette affaire, Regen a 90 ans et Anne-Marie, sa femme, 75.

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Ils sont mariés depuis plus de 35 ans sous le régime de la communauté de biens. Pour l'un et pour l'autre, c'est un remariage. Ils ont chacun trois enfants d'un premier mariage. Ils habitent une belle propriété, le moulin de la chaîné, et c'est là qu'on découvre le cadavre.

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Dans la nuit du 9 au 10 avril 2009, Eugène Le Couviour et son épouse vont se coucher vers 11 heures et demi et vers minuit. Anne-Marie est réveillée par un grand bruit. JEL gêne, réveille toi. J'ai entendu un bruit. On va. Anne-Marie soulève la première, Regen la suit. Et là, il tombe sur deux hommes qui les saucissonné l'un et l'autre aux pieds et aux mains avec des cerfs Fleix et du scotch et qui les bâillonne. Oui, le coffre, mais on n'a pas de coffre.

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Je vous jure. Au bout de dix minutes, les deux types s'en vont. Le vieil Eugène parvient à défaire ses liens et il se précipite vers sa femme qui est là, couché sur le ventre. Il la retourne, elle est inanimée, elle ne respire plus et Eugène comprend vite pourquoi autant lui, on lui a collé un bout de scotch sur la bouche. C'est tout autant. Elle et lui ont couvert tout le visage avec du scotch, du front jusqu'au menton.

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Elle ne pouvait plus respirer ni par le nez ni par la bouche. Elle est morte, étouffée. Jen appelle tout de suite les secours. Les pompiers arrivent. Ils pratiquent un massage cardiaque. On va, Anne-Marie Le Couviour est morte. Les gendarmes arrivent aussi. Couviour. Ils vous ont volé des choses, moi, ils m'ont pris ma chaîne autour de mon cou. Et puis ma chevalière, mais le reste, je sais pas. On découvrira dans les heures qui suivent qu'ils ont volé quelques bijoux qui étaient en évidence, mais pas les tableaux, pas l'argenterie, pas le liquide qu'Anne-Marie avait dans son sac 200 euros.

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C'est la première chose qui surprend dans cette affaire. Ça ressemble à un cambriolage qui a mal tourné. Mais pour quel butin? Trois fois rien. Il n'y a pas que ça qui intrigue d'entrée. Pourquoi est ce que Jeanne et Anne-Marie n'ont pas subi le même sort? Pourquoi les deux agresseurs ont mis un simple bout de scotch sur la bouche de jeunes alors qu'ils ont collé un masque adhésif sur le visage d'Anne-Marie qui recouvrait la bouche et le nez? Le type qui fait ça, qui pose un tel bâillon sur la bouche de cette femme, c'est qu'il va la tuer, non?

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Et dans ce cas, ça n'est plus un cambriolage qui tourne mal. C'est un assassinat. Et c'est elle qu'on a voulu tuer, elle et pas lui. Pourquoi elle et pas lui? C'est ça la question. Et pour tenter d'y répondre, les gendarmes de la brigade de recherches de Vannes passent la villa au peigne fin. A priori, les deux cambrioleurs ont d'abord essayé d'entrer dans la maison en passant par la chaufferie et la cuisine. Il y a des traces de coups sur la porte, mais ils n'y sont pas arrivés.

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Alors, ils se sont rabattus sur la véranda et là, ils se sont acharnés sur les vitres anti effraction avec une hache qui est encore plantée dans la vitre.

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Tu note 1 2, 3 4, 5 6, 7 8. Neuf impacts sur la véranda du Notin. Neuf coups de hache sur la véranda et finalement un gros trou dans le bas de la vitre. C'est par là qu'ils sont entrés et ce sont ces coups sans doute, qui réveillent Anne-Marie qui dort à l'étage. Les gendarmes notent qu'une chaise est renversée dans la salle à manger. Ils trouvent un rouleau de ruban adhésif oublié dans la cuisine à l'étage. Il paraît clair que la porte de la chambre où dormait Eugène et Anne-Marie a été défoncée à coups de pied.

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Il y a une trace de chaussure près de la poignée. Mais à part ça, le reste de la maison est plutôt en or. Ça ne ressemble pas du tout à une maison que des cambrioleurs auraient mise à sac pour trouver des objets de valeur. Les tableaux sont accrochés sur le mur. Personne n'a cherché, semble t il, à vérifier s'il cachait un coffre fort. Drôle de cambriolage. Décidément. Pour le reste, Eugène Le Couviour a dit que les cambrioleurs étaient gantés et cagoulés et ça se confirme.

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On ne trouve aucune empreinte digitale ni aucune trace ADN dans toute la maison et on en revient à ce baillons qui a étouffé Anne-Marie. Un masque, un masque de squash qui lui recouvrait tout le visage du dessus des sourcils jusqu'au dessous du menton. Vater, un bout de scotch, tous de la même longueur et donc probablement prédécoupées, qui ont été collés les uns sur les autres jusqu'à former une sorte de plaque de scotch. Pour vous dire à quel point le dispositif est important, les gendarmes comptent que si on mettait bout à bout tous les morceaux qui ont servi à fabriquer ce masque collant, on aurait un ruban de scotch de six mètres de long.

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On a voulu tuer Anne-Marie Le Couviour en lui collant ce masque sur le visage. Ça paraît clair. On a voulu la tuer, elle, et pas lui.

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Quand tombent les résultats de l'autopsie d'un mari? Pas de surprise. Asphyxie mécanique. Elle est morte, étouffée, mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi des traces sur son cou. On a voulu l'étrangler et aussi des traces de coups un peu partout sur le corps et sur le visage. Et enfin, les liens au poignet étaient très serrés, au point de rentrer dans la peau. Le mari au jeune, lui aussi, a été ligoté aux poignets et aux pieds.

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Lui aussi a encore des marques, mais pas à ce point là.

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D'où cette impression, dès le début de l'enquête, que c'était elle le sujet et pas lui. Et cette impression est partagée dès le début par les enfants d'Anne-Marie. Je vous rappelle que dans cette affaire, les six enfants ne sont pas en comment. Eugène et Anne-Marie avaient déjà des enfants quand ils se sont mariés il y a 35 ans. Trois enfants chacun. Est ce que les gendarmes découvrent rapidement que ces enfants ne s'entendent pas du tout? Dès le lendemain du meurtre dans la villa qu'ils voient tout de suite, il y a deux clans les enfants d'Anne-Marie d'un côté, et les enfants Dōgen de l'autre, qui ne se parlent pas, qui se défient du regard.

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Et les gendarmes apprennent que ça ne date pas d'hier. Les trois enfants d'Eugène Le Couviour n'ont jamais apprécié leur belle mère. Ils n'ont jamais accepté que leur père refasse sa vie avec cette femme. Et cette rancœur dure depuis 35 ans. Alors, est ce que ça, ça peut éclairer ce meurtre? La haine recuite qui opposait ces deux clans dans une même famille dès le début? C'est une hypothèse. Les gendarmes commencent à se pencher sur le parcours du couple Le Couviour Eugène Le Couviour n'a pas toujours été riche.

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Il a démarré comme tapissier dans une usine de matelas à Paris. Et puis, il a créé sa propre entreprise dans le Morbihan. Il s'est mis à fabriquer des lits et des matelas, et puis des cuisines n'intéressant. En 1981, il dépose le bilan. Ce qui veut dire que quand Anne-Marie l'épouse en 1983, ça n'est pas un mariage d'argent. À l'époque, jen ai fauché comme les blés. Ce n'est qu'après son mariage avec d'ailleurs l'aide de ses deux fils que son entreprise devient florissante.

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Elle décroche un premier marché de lits médicalisés pour l'hôpital de Saint-Nazaire. Et là, sa société devient prospère, très prospère. Et puis, l'âge de la retraite arrivant en 1991, Eugène vend sa boîte à un groupe américain, Il Rroms, pour la coquette somme de 380 millions de francs 58 millions d'euros. Et ce qu'on découvre et qui peut peut être éclairer le crime. C'est qu'après cette vente allogène a procédé à un partage. Il a donné 18 millions d'euros à chacun de ses trois enfants.

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Argent d'ailleurs, que ses enfants ont en partie flambé. L'un s'est acheté une Ferrari, l'autre un yacht de 18 mètres, un autre bateau de 26 mètres et sa fille Catherine s'est acheté un château. Très intéressant, tout ça. Les enfants de Gênes ont reçu beaucoup d'argent et se dannemarie, non? Alors que je vous le rappelle, Eugène et Anne-Marie étaient mariés sous le régime de la communauté. Est ce que c'est ça, le contexte de crime?

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Le père Eugène raconte la scène suivante. Je vous rappelle qu'il a distribué à ses enfants une grande partie de l'argent résultant de la vente de son entreprise dès la fin des années 90. Et bien en 2006, ses deux fils le convoquent au restaurant. Ils veulent savoir ce qu'il a prévu dans son testament. Est ce qu'il va leur léguer le reste de sa fortune? Ou est ce qu'il a prévu de tout laisser à Anne-Marie, sa femme, qui est plus jeune de 15 ans?

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Peu gênée, furax.

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Il trouve que ses fils sont gonflés. Il leur a tout de même donné 18 millions à chacun. Alors, il se lève de table et il s'en va. Et il décrète qu'il ne veut plus les voir. Cette scène est édifiante et elle explique qu'en ce début d'enquête, les enfants d'Anne-Marie envisagent que les assassins de leur mère soit les enfants qu'Eugène. Ils en parlent entre eux. Moi, je devais qu'ils ont tué notre mère. C'est ce qu'il pense, mais maintenant, il faut le prouver.

[00:12:39]

Et là survient un rebondissement le 11 avril, deux jours après le meurtre d'un gendarme du coin, reçoit les confidences d'un homme et il prévient tout de suite le chef d'enquête et.

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Là, le gars veut rester anonyme, mais il m'a dit qu'il connaît les mecs qui ont commis les faits à Grand-Champ. D'après lui, ce n'est pas un cambriolage du tout. C'est clairement un meurtre.

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Le chef d'enquête demande à rencontrer cet informateur. Il se voit dans un bistrot de Quimperlé. Et voilà ce que le type raconte.

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Récemment, il a reçu les confidences de l'un de ses copains, Van, s'esclaffent le serre qui lui a dit qu'on lui avait récemment proposé un contrat pour rayer quelqu'un, une femme et que ce contrat, il l'a accepté et il l'a exécuté et qu'il a fait le coup avec un certain Gwénolé. Est ce que ça serait pas à eux? Les deux cambrioleurs? Comment en être sûr? Le témoin raconte des détails que seuls les assassins d'Anne-Marie peuvent connaître. Par exemple, il parle de lâche qui a servi à fracasser la véranda pour rentrer.

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Or, personne en dehors des gendarmes n'est au courant de ce détail. Il parle aussi du baillons, des mains attachées, des coups de poing. Le type, c'est tout sur le meurtre, tout. Et il raconte même que juste après le fameux 26 lasses qui était fauché comme les blés, s'est acheté une moto.

[00:14:16]

Et donc, les gendarmes récupèrent le numéro de portable de ce 27, l'atmosphère non d'odieux. Il a borné à 23h30 le soir du meurtre près de chez les Le Couviour et dont, trois jours après le meurtre, 20s lasses. Lecerf est interpellé et placé en garde à vue. Le type est inconnu des services de police. Son casier judiciaire est vierge. Il a 36 ans. Il est chauffeur routier aussi, de temps en temps videur dans une boîte de nuit de Quimperlé.

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Et il se met à table tout de suite. Oui, il a accepté un contrat pour rayez, comme il dit Anne-Marie Le Couviour de la planète Terre 20 000 euros.

[00:14:57]

Et qui vous a proposé ce contrat? Un type qui s'appelle Louis Louis, comment? De toute façon, ce n'est pas lui le vrai commanditaire. D'après ce que j'ai compris, c'est sa patronne. Quelqu'un de la famille Le Couviour, une femme et une belle fille, je crois. Mais moi, je n'ai jamais eu affaire à elle. Moi, j'ai eu affaire qu'à Loïc. Louis Comment? On ne sait pas si le jardinier de cette femme. Il dit que c'est Loïc qui lui a donné le plan de la maison et que les instructions étaient très claires ne pas être violent avec monsieur, ne s'occuper que de madame et déguiser cet assassinat en cambriolage.

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Il m'a dit de prendre la chevalière de monsieur pour prouver que le travail avait été accompli. Quoi? Et après, il me donnait mon argent et il donne le nom de son complice, car il était deux. Il s'appelle Guénolé Guénolé Mäder et ensuite Wenceslas Le Cerf raconte dans le détail comment ils ont procédé. C'est lui qui achète le matériel cagoules, gants, rubans, adhésifs. Ils vont se garer pas loin pendant deux heures, ils attendent dans le parc de la ville.

[00:16:11]

C'est là qu'ils préparent leur matériel, qu'ils près découpent les bandes de ruban adhésif qu'ils collent sur leur manche de blouson prête à servir. Ils attendent que les lumières du rez de chaussée s'éteignent, puis celle de l'étage. Il enfonce la véranda à coups de hache. Ils entrent. Ils montent jusqu'à l'étage. Ils défoncent la porte et ils se retrouvent face à Anne-Marie. Les tourbeux, on lui a mis le scotch. Mais quand on est parti, je vous jure qu'un respirait encore.

[00:16:41]

Et il raconte que le lendemain, il va retrouver le fameux Loïc le jardinier sur un parking qui lui donne les bijoux. Et qu'en échange, l'autre lui remet une enveloppe de 20 000 euros 10 000 pour lui, 10.000 pour Guénolé Guéno, les Mäder, un chômeur de 26 ans et donc, à son tour placé en garde à vue. Et il joue les surpris. Elle est morte d'un. Ah bon, il dit que pour lui, ça n'était qu'un cambriolage, qu'il ne savait pas, qu'il y avait un contrat.

[00:17:10]

Il ne savait pas qu'il s'agissait de tuer Anne-Marie. Bon, bien maintenant, il ne reste plus qu'à identifier ce Loïc, ce jardinier qui aurait commandité le meurtre au nom de sa patronne. Et là, on saura qui est la patronne et on aura tout le monde. On aura toute la chaîne.

[00:17:41]

Et ce Loïc n'est pas difficile à identifier. Il n'y a qu'à remonter le téléphone de Van, s'esclaffent le cerveau. Il s'appelle Loïc Dugué, 42 ans, jardinier effectivement, et quatre jours après le meurtre. Il est donc placé en garde à vue. Vous savez pourquoi on vous place en garde à vue? Monsieur Nugget? Non, je n'en ai pas la moindre idée. Il fait l'idiot, mais en attendant, on découvre qui est son employeur. Vous n'allez pas le croire.

[00:18:10]

Jean-Jacques et Josiane Le Couviour, leur des fils et la belle fille d'Eugène. Ligué, vous connaissez bien le cerf. Je le connais à peine. C'est un tube que j'ai vu ou trois fois plus en amont. Et c'est pour ça que vous lui avez passé plus de 30 appels ces derniers jours. Pas de réponse. Le type refuse de s'expliquer. OK au suivant, puisqu'on connaît maintenant le nom de ses patrons. Le fils. Le Couviour Jean-Jacques et sa femme Josiane.

[00:18:42]

Tous les deux sont interpellés et tous les deux sont placés en garde à vue dans deux salles séparées et au fond, des andouilles. Ils ne comprennent pas ce qu'ils font là. Ils n'ont rien fait. Sauf que pendant ce temps là, le jardinier a eu le temps de réfléchir une nuit en cellule de garde à vue. Ça a attendri, commandée. Et quand arrive le matin, il craque. C'est bien moi qui ai demandé d'éliminer Madame Le Couilleau.

[00:19:16]

Et là, il balance sa patronne, Josiane Le Couviour. C'est elle qui lui aurait demandé de tuer sa belle mère. Elle dit qu'au début, il a pensé remplir le contrat lui même. Il a imaginé, trafiqué les freins de sa voiture. Et puis, il n'a pas eu le courage. Alors, il a recruté un homme de main. 20, s'esclaffe le cerf qu'il a engagé pour vingt mille euros. Il dit qu'après la remise de l'argent, il est allé voir Josiane Le Couviour chez elle, à Larmor-Plage.

[00:19:44]

Il a voulu lui remettre les bijoux qu'elle n'a pas voulu prendre. Il les a donc enterrés dans la propriété. Il dit exactement où les gendarmes Yvon et sous les yeux médusés de Jean-Jacques Le Couviour. Il déterre deux petits sacs qui contiennent les bijoux de son père et de sa belle mère. Il n'était pas au courant. Jean-Jacques Le Couviour, fils Dōgen, semble découvrir que sa femme Josiane est peut être la commanditaire du meurtre de sa belle mère.

[00:20:22]

Josiane, qui est toujours en garde à vue, finit par craquer à son tour. Enfin, en partie, elle reconnaît qu'elle a commandité le cambriolage, mais pas le meurtre. Elle prétend que le but de l'opération n'était absolument pas de tuer Anne-Marie, mais uniquement de récupérer des documents, en l'occurrence le testament endogène qui était au coffre. Le juge d'instruction, manifestement, ne la croit pas. Il considère qu'il a suffisamment d'éléments pour l'inculper de complicité d'assassinat et il l'envoie en prison.

[00:21:04]

Alors, qu'est ce qui aurait pu pousser Josiane, qui n'est que la belle fille d'Eugène Le Couviour, a commandité l'assassinat de sa belle mère, a priori dans le dos de son mari. Lui n'est pas inquiété. Il est sorti libre de sa garde à vue. Ce qui est étonnant dans cette affaire, c'est que d'abord, elle n'a pas du tout le profil. Josiane, elle, est catholique pratiquante, avec un coeur gros comme ça. D'après ce que disent les gens, par exemple, elle paye la cantine des enfants dont les parents n'ont pas les moyens et elle accueille chez elle des enfants de milieux défavorisés.

[00:21:43]

Ça ne colle pas du tout avec le portrait d'une femme prête à tuer pour récupérer un héritage.

[00:21:49]

Et par ailleurs, elle ne récupère rien du tout. Elle est mariée avec Jean-Jacques Le Couviour, mais sous le régime de la séparation de biens, elle n'hérite elle même de rien. Quoi qu'il en soit, elle s'accroche à son scénario et elle va s'y accrocher jusqu'au procès. Il n'a jamais été question de tuer Anne-Marie. Elle voulait juste récupérer le testament chez ses beaux parents. Et d'ailleurs, au fil des mois, son jardinier, Louis Dugué, s'aligne sur ce scénario.

[00:22:27]

Lui aussi finit par dire qu'il n'a jamais été question d'assassiner la belle mère. Il ne s'agissait que de récupérer des documents. Le testament en Céto.

[00:22:49]

La mort d'un mari est un accident. Ça n'était pas prévu. Sacré retournement tout de même de la part d'un type qui a répété au moins dix fois aux gendarmes, aux procureurs et aux juges d'instruction que le but était de tuer Anne-Marie. D'autant plus que le testament, on l'a retrouvé. Il était dans le bureau d'Eugène Le Couillaud. S'il avait voulu le prendre, il l'aurait pris. Le scénario de Josiane, auquel vient de se rallier son jardinier, semble ne pas tenir, il tient bien moins que le scénario d'un meurtre commis pour s'assurer que l'argent du patriarche resterait bien dans la famille Le Couviour, qu'Anne-Marie Marine le récupèrerait pas.

[00:23:32]

A propos de combien d'argent parle t on? On parle de 12 millions d'euros.

[00:23:49]

A partir de maintenant, tout va se jouer devant la cour d'assises. Quel scénario? Les jurés vont ils retenir celui d'un assassinat ou celui d'un cambriolage qui tourne mal? Alors, avant d'aller nous asseoir dans la salle de la cour d'assises de Vannes, qui va juger dans un instant tout ce petit monde et trancher entre la thèse de l'assassinat et celle du cambriolage qui tourne mal? Vous avez peut être envie de savoir ce que j'aime, Le Couviour? Le patriarche pense de tout ça.

[00:24:21]

Sa belle fille, la femme de son fils, est accusée d'avoir commandité l'assassinat de sa femme. Comment gère t il tout ça? Au début, le clan Louviaux fait front. Ils ne veulent pas croire que Gentianes a pu faire ça et tout le monde se replie sur la position de Georgiades. C'est un accident. Ce n'était pas prévu. Et d'ailleurs, quand Josiane demande à sortir de prison dans l'attente de son procès, ce qu'elle obtient. Eugène lui même vient assister à l'audience de remise en liberté.

[00:24:56]

Et puis, à l'approche du procès, ça se dégrade. Le clan se coupant en deux, Eugène et sa fille Catherine ne croient plus à la thèse de l'accident. Ils prennent leur propre avocat. Et donc, quand le procès s'ouvre le 21 mai 2012 devant la cour d'assises de Vannes, deux clans se font face de part et d'autre de la cour d'assises. A gauche de l'allée, il y a les deux fils. Le Couviour, dont le mari de Josiane.

[00:25:25]

Et à droite de l'allée. Il y a Eugène, sa fille Catherine et les trois enfants d'Anne-Marie.

[00:25:33]

Pendant tout le procès, les quatre prévenus s'alignent tous sur la thèse de l'accident. On voulait juste récupérer des papiers. On ne voulait pas tuer Anne-Marie Procé, qui est marquée par les excuses de Josiane. Je voulais dire à Pappé que je regrette. J'ai beaucoup de chagrin. Je vous demande pardon, papy? Je n'ai pas voulu la mort d'Anne-Marie. Des excuses, mais pas d'aveu. Elles en restent à la thèse de l'accident. Et le verdict? Étonnant, les jurés non plus n'ont pas retenu la thèse de l'assassinat.

[00:26:13]

Ils se sont repliés sur la thèse du cambriolage qui tourne mal, mais les peines sont celles d'un assassinat. Elles sont très lourdes. Dix huit ans pour 25, cela ne sert l'exécutant. 15 ans pour le complice Guénolé Mader, 8 ans pour le jardinier Loïc Dugué. Et pour Josiane, alors? Et bien, Josiane prend 15 ans pour complicité de séquestration et de vol avec violence. Pas pour assassinat. Verdict très étonnant. Qui dit qu'elle n'est pas complice d'un assassinat, mais qui lui colle une peine très lourde, qui est en quelque sorte dit l'inverse.

[00:26:51]

Quoi qu'il en soit, Josiane fait appel. Nouveau procès un an plus tard, devant la cour d'assises d'appel de Rennes. Même contrition de Georgienne à la barre. Je regrette ce qui s'est passé. C'était horrible. Je n'ai jamais, jamais voulu le décès d'Anne-Marie. Jamais. Je voulais simplement récupérer les dossiers. Mais à la fin, les condamnations sont encore plus lourdes qu'en première instance. 20 ans pour Vanessa, cela se resserre. 15 ans pour Guénolé Mäder, 9 ans pour le jardinier Loïc Dugué et 16 ans pour Josiane Le Couviour.

[00:27:28]

Un an de plus qu'en première instance. Mais pour les jurés, ça n'est toujours pas un assassinat. Et cette affaire se termine donc sur une cote mal taillée. L'histoire d'un cambriolage qui tourne mal, mais qui, tout de même, se solde par des peines très lourdes. Comme si les jurés avaient dit On n'a pas la preuve qu'il voulait tuer Anne-Marie, mais on en a l'intime conviction.

[00:27:52]

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