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Je ne sais pas combien d'heures j'ai passé à regarder des séries et vous d'ailleurs, vous êtes féru de séries que vous ne savez plus quoi regarder. Vous voulez tout savoir sur l'envers du décor?

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Vous adorez simplement qu'on vous raconte des histoires. Découvrez Séries lentes, le podcast d'Europe 1 Studio présenté par Eva Roque. Série Lentes, c'est le podcast qui vous conseille les meilleures séries du moment.

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Vous pouvez le retrouver sur Apple Podcast 10 heures ou sur votre plateforme habituelle d'écoute. Christophe Hondelatte J'ai choisi de vous raconter aujourd'hui, dans une version réécrite et rallongée, l'histoire d'un personnage mythique, Jean Lieb, qui, en janvier 1910, tue un policier en pleine rue à Paris. Avec une bonne raison, dira t il. Il voulait se venger d'avoir été injustement condamné. Une histoire dont vont s'emparer à l'époque les révolutionnaires, les anarchistes qui vont accompagner le bœuf jusqu'à la guillotine et faire de son histoire une cause politique.

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Le bœuf est devenu, un peu à son corps défendant, un symbole du petit peuple opprimé du début du 20ème siècle. Mais vous verrez, c'est aussi une histoire universelle qui pose une question qui court toujours aujourd'hui. Est ce qu'un hommage, justement condamnés à de bonnes raisons de se venger? Voici l'histoire de Jean le Bœuf. La réalisation de Céline. Christophe Hondelatte. C'est une histoire qui sent le tabac froid des estaminets, le sang séché des abattoirs, la sueur de l'ouvrier dans le quartier des Halles à Paris, en 1910.

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À l'heure où le travailleur sort du turbin dans ces années là, dans ce quartier là, on travaille sept jours sur sept samedis, dimanches compris. Et le samedi soir, eh bien, on va boire la paye de la semaine. On s'envoie tout le labeur dans le gosier. Le samedi 9 janvier 1910, rue Beaubourg, près des Halles, à la nuit tombante, quatre clients franchissent la porte du Troquet. La mère Navarre. Il y a là un apprenti cordonnier de 23 ans, Jean-Louis Babeuf, que l'on surnomme le bio, la grande Marcel, une prostituée de la rue Saint-Mary, 23 ans elle aussi, et deux de leurs acolytes patronnes.

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Mais nous, trois blancs et un Blanc. Quinze pour mademoiselle.

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Quand ils entrent chez la mère Navarre Jean Lebeuf, le cordonnier porte une grande cape noire en gros drap. Il s'assoit sous sa cape. Il sort un sac en toile et de ce sac, il tire des sortes de brassards de cuir hérissés de clous, des gros clous, quatre brassards.

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La scène ne passe pas inaperçue et c'est d'ailleurs comme ça que je vous la raconte. Il se retourne vers la grande Marcel Gavazzi, mais l'émoi et la grande Marcel commence par lui coller deux brassards aux avant bras, de gros brassard en cuir qui vont du poignet jusqu'au coude et qui sont donc hérissés de clous. Oui, c'est bon, mais moi, les deux autres gigote, tombent pas comme ça. Enfin, qui va nous écorcher tous les deux?

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Elle lui colle les deux autres autour des biceps. Et le cordonnier Lebeuf se retrouve harnaché comme un gladiateur devant tout le monde. Un samedi soir, dans l'une des tavernes les plus achalandées du quartier des Halles. Et qu'est ce qu'il va faire avec ça? A quoi ça sert tout cet accoutrement?

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Il Beuve Frommer, sa grande cape sur les épaules. On ne voit plus rien de tout l'appareillage qu'il a installé. Et Islais, allez, patronne LiveWire. Et ils sortent tous les quatre. Ils remontent la rue Saint-Martin et ils poussent la porte d'un autre troquet. Les caves modernes pour picoler encore, pour se donner du courage. Et cette fois, c'est du brutal. Mais nous, dans des Absa, avec la crème de prune, c'est la spécialité de la maison.

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Et l'absinthe, c'est bien connu, ça fait chauffer le cerveau assez vite. Le cordonnier Lioubov se met à parler fort, de plus en plus fort. Or, quoi que ce corps vienne me chercher les mouchoir, le poulet. Je me charge de réguler leur froid, leur sort. Est ce qu'il s'est trouvé un mouchard pour aller bavasser aux poulets du coin? Sans doute. Toujours est il que quelques minutes plus tard, un type rentre en sueur dans le bistrot.

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Et les gars? Je voulais prévenir au chaos. Mais il y avait koï au coin de la rue. Il y a bœuf, esquisse un petit sourire. Son plan a marché, car c'est un plan qu'il a en tête. Il ne sait pas coller ses bracelets cloutés aux biceps et à l'avant bras pour rien.

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Il se lève.

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Allez, venez, on y va!

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On vient de lui faire savoir que les cogne étaient au coin de la rue. Je savais bien qu'il ratera pas l'occasion. Je les avais prévenus quand ils m'ont ramassé, leur ai dit Vous m'avez fait. Je suis innocent. Quand je sortirai, le jour règlerait votre compte. Allez, on y va. Et là dessus, il sort son pressé. Il enfile la rue. Il a très bien vu les deux flics en planque sous un porche. Il passe devant sans les regarder.

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Il fait deux pas, trois pas. Et là, les deux agents se jettent sur lui. Qu'est ce qu'ils font? Eh bien, il l'attrape par les bras, forcément. Et il se transperce les mains sur ses bracelets cloutés. Il se retourne. Il tire sa ceinture, un grand couteau bien effilé. Une lame de cordonnier a tranché, comme on dit, et c'est là qu'il voulait en venir. C'est ça qu'il voulait. Hé bé! Il lacère le torse de l'un des policiers.

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Et Badre, il transperce la gorge de l'autre en pleine rue, et il se tire en courant. Et des policiers qui n'étaient pas loin se mettent alors à nous poursuivre. Et à un moment donné, il y a Beuve se retourne. Il sort un revolver de son froc. Deux policiers s'effondrent, une balle dans le ventre. Il tire un coup de plus. Et la brigadier se jette sur lui et le transperce de son sabre. Il y a Beuve s'écroule à genoux.

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Il lâche son arme. La lame lui a transpercé le poumon. On va chercher des secours. Il est emmené dans un fourgon à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, sur l'île de la Cité.

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À ce stade, qu'est ce qu'on a compris de ce qui vient de se passer? On a un type qui a des comptes à régler avec la police. Manifestement, en sortant du bistrot, il a dit Je les ai prévenus, je suis innocent. Quand je sortirai, je leur règlerait leurs comptes. A priori, c'est ce qu'il vient de faire. Il a buté du cogne, mais nous, on a un peu d'avance sur la police parce que eux, pour l'instant, ils ont un type à l'hôpital.

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Un drôle de zig hérissées de clous qui a voulu buter quatre policiers. A ce stade, aucun des quatre ans est mort. Mais il y en a un qui est plus près du bon Dieu que des nichons de sa femme. Si vous voyez ce que je veux dire, il y en a un qui est très mal en point. Le lendemain, à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, le commissaire Picot tente d'interroger Diabelli. Il le trouve à moitié inconscient dans son lit.

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Mais dès qu'il le voit, il y a. Beuve trouve l'énergie de vociférer comme un chien enragé. Vous êtes là, vous, bande de vacherin assassins? Ah ça, ça! Et là, il tombe dans les pommes. Rien d'autre à en tirer aujourd'hui. Le lendemain, Jean-Louis Babeuf est transféré à l'infirmerie de la prison de Fresnes. Et c'est là qu'il reçoit la visite du juge d'instruction Drappier ABL, qui a encore le lait de sa maman qui lui coule au bout du nez.

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Monsieur. Je dois vous informer que l'un des policiers que vous avez attaqué hier est décédé. Tant mieux. Aucun. Je regrette bien qu'il n'en est pas un autre de crever. Mais enfin, vous avez tué un agent qui ne vous avait absolument rien fait que vous croyez. Ils m'ont fait qu'Onfray pour rien. Voilà ce qu'ils m'ont fait l'année dernière. Ils méritent ça. l'Agence est restreindrait, tout le monde le connaissait dans le quartier des Halles à cause de sa carrure, on le surnommait bouledogue et lui l'a tuée.

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Il l'a tuée pour régler un compte avec la police. Pas avec ce policier là. Lui, il n'y était pour rien. Il l'a tuée pour tuer Recogne. Point. Alors, quelle est sa bonne raison de détester les flics? Qu'est ce qu'ils lui ont fait? Qui mérite un mort? Le juge Drapiers, bien sûr, lui pose la question. Oh, il veut bien raconter. De toute façon, il n'y a plus que ça qui lui trotte dans la tête.

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Ça remonte à l'année dernière. En 1909, il s'est retrouvé condamné pour proxénétisme.

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Tout ça parce se jeter à la colle avec une prostituée. Tu parles comme si on pouvait pas aimer une fille de rue. Je suis pas Makro, moi, je suis pas Julot. Et puis quoi encore?

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La voilà donc sa bonne raison de tuer un flic. Il faut donc que je vous raconte cette histoire qui remonte au printemps 1909, parce que ça va être tout l'enjeu de cette affaire chez le libraire. Est ce que le sentiment d'injustice que ressent un homme condamné à tort peut atténuer sa responsabilité quand, froidement, il tue un flic? La question est sérieuse, c'est sa tête qui est en jeu. Cette affaire, celle qui a déclenché sa colère, remonte au printemps 1909.

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A cette époque, il y a bœuf habite un hôtel pouilleux au 132, rue Saint-Martin. Il est cordonnier aux Halles et un jour, sa copine, la grande Marcelle, lui présente une brunette, une tape mineuse. Comme elle, Alexandrine, Dineen et Bœuf s'amourache de Titine. Sauf que la divine, elle, n'est pas complètement Léos. Elle a un jumeau qui s'appelle Gaston et Gaston voir sa dealing qui est une bonne gagneux. S'amouracher d'un cordonnier, ça ne lui plaît pas trop.

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Et un jour, il le dit alias boeuf et boeuf. C'est pas le genre à se laisser faire. Via Viens, on va régler ça entre hommes et comme deux coqs de basse cour. Les deux vont se battre à coups de couteau derrière l'église Saint-Merri pour les beaux yeux de Tidianes.

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Et là dessus, les flics débarquent. Une nuée de flics qui leur tombent dessus, comme la vérole sur le bas clergé. Et forcément, les flics leur demandent pourquoi ils se battent. Et les deux disent la vérité. Ils se battent pour Didyme et les poulets. Qu'est ce qu'ils en concluent? Que ce sont deux maquereaux qui se battent pour une fille? Et à partir de là, ils considèrent que le boeuf est un julot casse croûte. C'est un type qui fait turbiner sa gonzesse.

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Et deux flics de la mondaine en civil, en bourgeois, comme on disait à l'époque, se mettent à le surveiller de près par certains mots gras que tout le monde appelle beaux gosses et à force, qui a pour surnom la flûte. Leur boulot est justement et de passer les gars qui mettent les filles sur le trottoir. Et le 30 juillet 1909, ils disent qu'ils ont vu bidding lui donner de l'oseille. C'est ce qu'ils disent à moi. Je n'y étais pas, donc.

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Eh bah, c'est un maquereau. d'Idylle a beau protester. Mais ce n'est pas vrai. Enfin, Julot, c'est Gaston. Les deux autres ne veulent rien entendre. Ils envoient d'Udine à la prison de Saint-Lazare et ils font inculper Lebeuf pour vagabondage spécial, ce qui revient à le qualifier de proxénète. Jean-Louis Babeuf est jugé dans la foulée devant le tribunal correctionnel de la Seine, sur l'île de la Cité, et il se retrouve tout seul devant le juge.

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L'avocat qu'il s'est choisi n'est pas libre. On n'a même pas fait venir Delphine pour témoigner. Au cours de l'audience, il y a bien quelques témoins qui viennent parler en sa faveur. Son logeur, par exemple, c'est un client parfait, sobre, rangée. Je n'ai strictement rien à dire contre lui. Son patron aussi vient témoigner. Western ouvrier sérieux. Et, bon garçon à son labeur constant, ne lui laisse guère le loisir, je crois, d'être souteneur.

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Enfin! Mais que voulez vous que ça pèse face aux deux policiers de la Morden? Moi, je l'ai vu, nous l'avons vu, mon collègue et moi, elle lui a donné plusieurs fois le garde sa journée et elle lui a offert des cigarettes et des verres de vin. Dans le quartier des Halles. Ça n'est pas le procès du siècle, mais à la fin janvier, Beuve est condamné à trois mois de prison ferme et à cinq ans d'interdiction de séjour à Paris.

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Plus 100 francs d'amende.

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Et donc, il y a Beuve Fils à la prison de Fresnes pour exécuter sa peine jusqu'au bout. Il en sort trois mois plus tard et malgré l'interdiction, il revient à Paris. On peut le comprendre. Il a besoin de travail. Il sait qu'il va en trouver dans son quartier, les Halles. Mais la police le repère et le renvoie un mois de plus à Fresnes. Il en ressort en novembre 1909, la rage au ventre. Humiliée, en colère.

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On va retrouver la trace d'une lettre qu'il envoie pile à ce moment là à un copain de régiment. Charles, j'ai juré de me venger. Je me vengerait. Je suis tout ce qu'on voudra, excepté un souteneur. Je les ai prévenus. Ils ont agi avec moi comme des lâches dans l'unique but de m'empêcher d'être à Paris. Et ça, je ne l'accepte pas.

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Et donc à sa sortie de Fresnes en novembre, puisqu'il est interdit de séjour à Paris. Jean-Louis Babeuf s'installe aux portes de la capitale, à au nord de Paris. Il y a des champs. Il y dort à la belle étoile et le jour, il vend des cartes postales sur le faubourg du Temple. Et le jour et la nuit, il cultive patiemment sa rancœur. Il fomente sa vengeance. L'idée des brassards cloutés parce que tout de même, quelle drôle d'idée lui est venue en lisant un feuilleton policier dans le magazine Je sais tout.

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L'histoire d'une bande l'étrangleur qui sévit la nuit sur les docks de Londres. Et pour se protéger, les jeunes bourgeois ont pris l'habitude de se mettre autour du cou un collier de cuir garni de pointes. C'est de là que ça vient. Le fabriquer n'a pas été très compliqué. Il sait travailler le cuir puisque c'est son métier. Ensuite, il aiguise son tranchez qu'il achète un revolver. Tant qu'à faire en acier trempé avec cinq balles blindées de 8 mm. Toutes ses économies y passent et un jour, il va dans le quartier des Halles avec son revolver, son couteau, ses brassards bien cachés sous sa cape.

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Et il recherche ses deux ennemis. Les policiers M-O granivores, beau gosse et la flûte. Ceux qui l'ont qu'Onfray. Ce qu'ils l'ont humilié, il va les tuer tous les deux. Entretemps, il a retrouvé d'Udine, bien sûr, mais à l'hôpital, salement amoché par son vrai Julot, Gaston et sa colère monte, monte. Et le 9 janvier, il tombe sur ses deux policiers qui ne sont pas les bons. Mais tant pis et ça finit dans un bain de sang.

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Voilà, vous savez tout. Et à partir de là, toute la question est de savoir si ça mérite la mort pour la justice. En 1910, je vous le dis tout de suite, ça ne fait pas un pli. Sa tête roulera dans la sciure. Mais pour l'opinion, pour l'opinion, c'est une autre histoire.

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Le 11 janvier 1910 ont lieu les obsèques de l'agent de police Célestin Derez, bouledogue. Le cortège part de la caserne de l'île de la Cité. Il y a du beau linge. Le chef du gouvernement en personne est là, figurez vous. Aristide Briand et avec lui, une bonne partie de son gouvernement et des généraux. Et le préfet Lépine. Et aussi, et surtout, des centaines de policiers en tenue. Le cortège traverse la moitié de Paris pour rejoindre le cimetière de Montparnasse.

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Depuis deux jours, l'histoire fait la une de tous les journaux, pour la plupart des canards, y a bœuf est un salopard, c'est un malfrat sanguinaire et son harnachement, évidemment. Ces bracelets de cuir et ses clous ont frappé les esprits. Le quotidien Le Journal, par exemple, parle d'un Apache aux brassards de fer. Les Apaches, c'est comme ça qu'on appelle à l'époque les marlou. Le matin, titre La vengeance de la page et l'éclairent, réclame une sanction exemplaire.

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l'Apache est roi, on le détrône. Mais il y a quelques journaux communistes et anarchistes qui voient dans Libé le symbole d'un prolétariat opprimé et poussé à bout. Un journaliste, notamment, enfourche ce cheval. Il s'appelle Gustave Hervé. Il est le patron du journal La guerre sociale. C'est un socialiste révolutionnaire. Laissez moi vous lire un peu sa prose. Je trouve que dans notre siècle, Davoli et Dabbashi, il y a Beuve à donner une bonne leçon d'énergie, de persévérance et de courage à la foule des honnêtes gens, à nous mêmes révolutionnaires.

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Il a donné un bel exemple tous les jours, il y a d'honnêtes ouvriers qui sont victimes de brutalités policières, d'erreurs judiciaires grossières. Entendez vous dire que l'un d'eux soit vengé? Et donc, on commence à organiser des rassemblements sur les lieux du crime des révolutionnaires de tout poil. Ils viennent défendre Lieb. Il faudrait que tous les mecs d'ici soient comme Yaba. Le coup sera vite nettoyé de tous ces flics qui veulent nous faire un l'influencent. J'étais là, moi, quand il a tiré à ce moment là bas, j'aurais bien donné tout mon sang pour lui.

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L'illuminé qui vient de proférer ses propos est immédiatement interpellé et inculpé pour apologie du meurtre. Mais il y en a d'autres. Celui là ne doit pas avoir plus de 16 ans encore reflètera. Mais c'est pas mal. Oh, dans des endroits, bien d'autres. Et lui aussi finit au poste. Mais il continue d'y avoir du monde derrière Wilber. Une semaine après son coup de sang dans le quartier des Halles, l'agent Février, celui qu'il a blessé, est en patrouille rue Quincampoix.

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Un type lui saute dessus avec un couteau. Vengeance pour le policier en réchappe de peu.

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Mais en face, le pouvoir est ferme. Le juge ordonne l'arrestation de la grande Marcel puisqu'elle était là puisqu'elle a aidé les Babeuf à enfiler ses brassards. Ce sont beaux gosses et la flute qui s'en charge. Mais il ne trouve personne pour témoigner contre elle. Alors, ils sont obligés de la relâcher. Après quoi, d'ailleurs, elle disparaît. Elle ne répondra pas à la convocation du juge. Elle ne témoignera pas au procès. On dit qu'elle a quitté le trottoir et qu'elle est devenue couturière à Belleville.

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Et donc, finalement, Boeuf est renvoyé seul devant la cour d'assises de la Seine pour violences, tentative d'homicide et homicide volontaire au pluriel. Et quand on le lui dit, lui, il n'a pas bougé d'un iota. Bah moi, je veux bien monter sur l'échafaud, à condition que la justice reconnaisse qu'elle s'est trompée en me condamnant pour vagabondage spécial. Mais avant de le juger, lui, on va juger son principal soutien. Je voulais aider, le pouvoir a décidé de sévir et donc il traine Gustave Hervé, le patron de l'hebdomadaire.

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La guerre sociale devant le tribunal pour provocation au meurtre et apologie de crime. Et ça donne lieu à un procès très chaud. L'avocat du journaliste a fait citer 70 témoins pour dénoncer la brutalité des policiers et les magouilles de la brigade mondaine, dont un responsable de la CGT.

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Je parle ici des ignobles individus qui peuplent l'Afrique. Retireraient Est ce que vous avez dit, monsieur? Pas du tout. Vous m'avez fait jurer de dire toute la vérité. Bauge l'a dit. Moi, retirez vous balado. Et là, le type de la CGT s'accroche à la barre et il faut deux gendarmes pour le décrocher et l'emporter sous les cris ulcérés des militants, et à la fin, ça ne fait pas un pli. Le juri, déclare Gustave Hervé, coupable, sans circonstances atténuantes.

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Il prend quatre ans de prison ferme et 1000 francs d'amende, la plus lourde condamnation jamais prononcée à l'égard de la presse sous la Troisième République. Et vous savez ce que fait Gustave Hervé? Le lendemain, il publie dans son journal le nom et les adresses des douze jurés qui l'ont fait condamner. Et maintenant, on va juger Lisbeth Doreau les révolutionnaires se sont emparés, mais qui, lui, n'a jamais exprimé la moindre opinion politique? Jamais, ils s'en fichent de tout ça.

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Lui, il s'est juste vengé. Son ressort est intime. Il n'est pas politique.

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Le procès de Lebeuf s'ouvre le 4 mai 1910. Regardez le voilà qui entre dans le box. Pas l'homme au brassard de fer a perdu de sa superbe. Il est tout pâlot. Il est tout tassé. Il a mis un costume bien coupé, avec un col rigide bien blanc et une cravate bien noire. Il a l'air d'un clerc de notaire. Pas du tout d'un révolutionnaire. Voyez il le signe que tout ce qui se passe autour de lui. Toute cette agitation politique le dépasse un peu.

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Je vous le redis, Genlis Babeuf n'est pas révolutionnaire. Et d'ailleurs, à chaque fois qu'on l'interroge sur le meurtre du policier Doray, lui, il en revient à son idée fixe, à son honneur. Mais non, je ne suis pas un souteneur. ROME condamnant On a commis une erreur judiciaire, j'ai été interdit de séjour pour ça. Je préfère la guillotine.

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Si cette condamnation était injuste, M. Pourquoi n'avez vous pas fait appel? Bonne question qui le laisse croire, mais on rappelle qu'il n'avait pas d'avocat lors de son premier procès. Personne pour le conseiller. Alors, ce qu'on attend, bien sûr, c'est le témoignage des policiers, de ceux qui l'ont fait condamner pour Makro Tages, l'agent Morra, le fameux beau gosse, s'avance à la barre. Il entre tout de suite dans le vif du sujet. Nous avons acquis la conviction que c'était un souteneur avéré, c'est un mort.

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Mais je ne demande pas monsieur Alexandrine Pigeon. Vous donnez chaque jour 5 francs. Mais on ne fait pas venir Didi là bas, pas plus que son julot Gastón. De toute façon, ça n'est pas le sujet de ce procès. Le sujet, c'est le meurtre du policier. N'aurait il n'y en a pas d'autres.

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Et le verdict ne fait aucun doute. Genlis Babeuf est sans surprise condamné. Et vous savez ce qu'il dit à l'énoncé de la sentence? Manacor. Vous m'avez condamné, c'est comme ça, ça, c'est pas comme souteneur devant la guillotine et jusqu'à la dernière goutte de mon sang, je proteste que je suis innocent. Je ne suis pas un souteneur.

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Gustave Hervé écrit dans son journal Je demande à tous les hommes et toutes les femmes de cœur qui ont suivi cette angoissante affaire de venir crier leur indignation autour de l'échafaud.

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Et ce qui va se passer juste après est assez incroyable. C'est un morceau de l'histoire de la gauche française à ne pas juger, bien sûr, avec des lunettes d'aujourd'hui. Petit à petit, Gustave Hervé, le journaliste, parvient à rallier à la cause de Lebeuf non seulement les révolutionnaires et les anarchistes, mais aussi les socialistes et les radicaux du gouvernement. Et c'est ainsi que Jean Jaurès lui même prend la parole le 16 juin, au cours d'un meeting à Paris.

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Je demande solennellement au président de la République de bien vouloir user de son droit de grâce. Derrière toute la presse de gauche, Ombret et sa pétitionnaire et sa manifest, et ainsi petit à petit, la cause de Lya Boeuf rallie d'anciens dreyfusards de renom, des académiciens, des scientifiques du beau monde à Paris comme en province, et tous se tournent vers le président de la République Armand Fallières, qui est un abolitionniste qui est opposé à la peine de mort.

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Logiquement, il doit gracier YAB. Mais au moment où il va prendre sa décision, le préfet de police vient le voir. Monsieur le président. Si vous grâcié, que les choses soient bien claires. Je vous remets ma démission. Prenez conscience que j'ai toute la police avec moi, monsieur le président. Il a tué un policier, ne l'oubliez jamais. Et le 30 juin 1910. Contre toute attente, le président Armand Fallières rejette le recours en grâce.

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Le journal La guerre sociale titre à la une. L'IAB va être exécuté tous devant la guillotine. Le 1er juillet 1910, à 2 heures du matin, on installe la guillotine sous les remparts de la prison de la Santé dans la cour. Et comme on craint des émeutes, on a mobilisé tout autour 800 policiers qui forment une sorte de cordon de sécurité, avec aussi des gendarmes à cheval et la Garde républicaine et l'armée qui se tient en réserve au cas où.

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Et des pompiers aussi. Au milieu de la nuit, toute une foule commence à se rassembler sur la place Denfert-Rochereau, toute proche. Tous les révoltés de l'époque sont là des ouvriers, des syndicalistes, des anarchistes, des socialistes et aussi, bien sûr, des Apaches. Tous les Apaches de Paris. Ceux du quartier des Halles. Ceux du Marais et tous ceux qui viennent de derrière les fortifications. Les relégués les plus amères, les gilets jaunes de l'époque.

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Tiens, regardez là, vous l'avez reconnu, Jean Jaurès est là en personne, le directeur de l'humanité tient là, à côté de lui. Vous le voyez, le gars là, avec sa casquette, c'est Picasso, le peintre. Et là, là, c'est l'écrivain Blaise Cendrars et le petit gamin là qui doit avoir dans les cinq ans. Il s'appelle Jean Vigo. C'est un futur cinéaste. Son père est anarchiste. C'est lui qui a créé le journal La guerre sociale.

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Il a voulu montrer à son fils de 5 ans ce qu'était la justice bourgeoise. Il y en a un autre qui est venu assister à l'exécution de Leboeuf, il n'est pas encore très connu, mais ça ne va pas tarder. Il s'appelle Vladimir Ilitch Lénine. C'est un révolutionnaire russe. Il est en exil à Paris. Bref, il y a là toute une foule de gens en noir et de drapeaux rouges. Le préfet Lépine a tout prévu, mais il a oublié un détail.

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Il y a des travaux boulevard Saint-Jacques et des centaines de pavés bien taillés à portée de la main. Cet imprudent, monsieur le préfet, car ces gens sont très remontés.

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À 3 heures du matin, le procureur de la République vient chercher le bœuf dans sa cellule. Il demande une plume et une feuille de papier. Pauvre maman! Ma dernière heure était arrivée. Je te laisse cette mèche de cheveux et je te demande encore pardon.

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Dehors, la foule gronde. Et soudain, deux coups de feu, un inspecteur de la sûreté s'écroule, mort, et la foule applaudit. Bravo! Le préfet Lépine ordonne immédiatement la dispersion. Il fait charger sabre au clair, avec l'autorisation de tirer à balles réelles si besoin. En face, on se met à lancer des paris. Et par miracle, il n'y a pas d'autre mot.

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Pendant ce temps là, dans la cour de la prison de la Santé, le bourreau déblaient. Bruce Lee a beau faire la guillotine, il a refusé la présence d'un curé, mais le curé est là quand même. Il y a bœuf, a les mains liées dans le dos. Il a la tête en avant. Deux êtres du bourreau déblaient, le font basculer sur la planche. Et une dernière fois, il dit. Ce n'est pas mon exécution qui fera de moi un souteneur.

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Je ne suis pas. Et la lame chute sur son cou dénudé. Le lendemain, sous le titre La mort d'un brave, le journal La guerre sociale est créé. Ils ont assassiné le bœuf, mais il leur a fallu toute une armée pour protéger leur guillotine, leur bourreaux et ses aides. Que l'on prenne garde d'avoir seulement ravivé et décuplé le mépris et la haine séculaire des policiers au cœur de la classe ouvrière. Trente ans plus tard, le poète Jean d'Esnon écrit ce texte en argot destiné à devenir une chanson, mais qui n'a jamais eu de musique.

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Il s'intitule À la caille, ce qui veut dire en colère rue Aubry, le boucher, on peut te foutre en l'air, Bouzillé était tapin, t'étonne, c'était Creff ou se faisant trancher des soeurs Cominco. Bellaiche, portant barrettes, endeuille sous des nichons Rieder. On peut te maquiller de béton et de fer. On peut virer ton blaze et dégommer Taddei. Ton casier judiciaire aura toujours en flèche Lya Boeuf, qui fit risette un matin à déplaire à Sorgues.

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Aux innocents, les esgourdes m'en. Son fantôme poursuit les flics. Il les esquinté par van. Il l'ordonnée s'appeler guillotinée, mais il bécarre malgré eux. Il court la belle, laissant en rade, dit Russa et hirondelles, que de Salam Aubry, tatous aux résignées.

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