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Christophe Hondelatte Je vous raconte une affaire criminelle de 10 995. L'affaire Victor Seka, un assassinat absolument unique puisqu'il a été commis en s'inspirant d'un épisode de Colombo. Mais comme dans Colombo, le stratagème a été déjoué. C'est une histoire que j'ai écrit avec Thomas Audouard. Réalisation Céline. Christophe Hondelatte. Nous voilà le 14 juillet 1995, un dimanche dans la région de Sarcelles, au nord de Paris. Nadège Koskas chez une amie et normalement son mari Jean-Bernard doit la rejoindre.

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Ils ont prévu d'aller voir le feu d'artifice ce soir, mais pas de Jean-Bernard. Je ne comprends pas. On a déjeuné ensemble et il est rentré se reposer un peu à la maison qui devrait être là. Elle appelle le fixe de leur appartement de Sarcelles. Une fois, deux fois, trois fois, cinq fois. Je ne comprends pas. Ça commence à devenir inquiétant, non? Il faut qu'on aille voir à la maison ce qui se passe, c'est pas normal qui répond pas.

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Les deux femmes arrivent en bas de l'immeuble de Sarcelles. Ça a l'air éteint. Je ne vois pas de lumière. On monte, elle monte. Elle entre. JB J-B était là. Pas la moindre réponse. Elles font le tour de l'appartement et c'est la copine qui pousse la porte de la chambre.

[00:01:50]

Oh mon Dieu!

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Jean-Bernard gît inanimé sur son banc de musculation. Une grosse alters en travers de la gorge. La copine s'approche. Elle lui prend le pouls. Il est mort. Et Nadège, sa femme, se met à pousser des hurlements. Elle est en état de choc. Impossible de la calmer.

[00:02:17]

C'est la copine qui appelle les pompiers qui sont là neuf minutes plus tard.

[00:02:23]

Et ce sont eux qui enlèvent l'Altair, qui repose sur sa gorge. Il confirme que c'est trop tard, il n'y a plus rien à faire et un médecin vient constater le décès. C'est un arrêt cardiaque. Je pense qu'il a dû faire un infarctus en faisant sa musculation de court. Il devait être en poussée. Il a lâché son haltères. Il est venu s'écraser sur sa gorge.

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Et donc, sur le certificat de décès, il écrit. Mort accidentelle, c'est un accident, un accident idiot. De la faute à pas de chance. Nadège et Jean-Bernard ont deux enfants en bas âge, Romain et Benjamin, qui sont en vacances chez des amis. Nadège doit maintenant leur annoncer la nouvelle. Leur papa est mort. Allo! Comment tishri? Et on organise les funérailles. Normalement, mon histoire s'arrête là, mais en principe, les accidents, n'est ce pas?

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C'est pas mon truc. Trois jours plus tard. Le téléphone retentit au 36, quai des Orfèvres, siège de la police judiciaire. L'inspecteur de permanence décroche à l'autre bout du fil une femme. Allô, bonjour inspecteur! J'ai des révélations à vous faire sur la mort d'un homme. Oui, d'accord, vous pourriez peut être me donner votre nom. Non, je ne peux pas rester anonyme. Mon. Entendu. De quoi s'agit il? Mme Joly à Sarcelles, un homme est mort il y a trois jours.

[00:04:11]

Un homme.

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Vous avez son nom, Jean-Bernard CORCAS. On a cru que c'était un accident cardiaque. C'est un assassinat. Un inspecteur, c'est sa femme qui l'a tuée avec son amant et traîné pas. Ils vont incinérer le corps. Pas un assassinat. Là, c'est mon rayon. Ça serait donc sa femme avec son amant. Le 36, quai des Orfèvres fait passer l'info à la police judiciaire de Versailles, qui commence par appeler le commissariat de Sarcelles pour savoir si un certain Jean-Bernard Victor Seka est bien mort le 14 juillet.

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Corf Qu'abonder Wire. Oui, oui, je confirme un décès. Il appelle ensuite les pompes funèbres à écouter. La crémation doit avoir lieu aujourd'hui.

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Aujourd'hui, il ne faut pas traîner les flics de Versailles fonce au crématorium de Gonesse. Et quand il arrive, les employés des pompes funèbres sont en train de terminer la mise en bière.

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Stop, stop! On arrête tout. On a un mandat de justice.

[00:05:25]

Nous voulons récupérer le corps pour une autopsie. Ils prennent un risque. La femme au téléphone a peut être à raconter n'importe quoi. N'empêche que les obsèques sont reportées. Alors, il y a toujours un peu d'embouteillage pour les autopsies en région parisienne et donc en attendant les résultats. Les policiers se rancard sur l'entourage de Jean-Bernard Witkowski et le 20 juillet, ils prennent sa femme Nadège en filature jusqu'au 18ème arrondissement de Paris.

[00:06:04]

Elle se gare, elle entre dans un immeuble. Ils se mettent en planque et ils n'attendent pas longtemps. Quelques minutes plus tard, ils voient sortir un homme de l'immeuble qui s'installe au volant de la voiture de madame, puis Tosca. Il démarre. Ils le suivent. L'homme a l'air sur ses gardes. Il jette des coups d'œil inquiets à son rétroviseur. C'est trop risqué. Il décide de le laisser filer et il retourne planquer devant l'immeuble. Une heure plus tard, il voit l'homme revenir.

[00:06:33]

Il se gare. Il entre dans l'immeuble et là, il passe à l'action. Ils entrent à leur tour dans l'immeuble. Ils trouvent l'appartement et ils sont. Ils ont en face d'eux l'homme, la femme et une autre jeune femme. Bonjour, messieurs dames. Police nationale Est ce que vous pourriez nous présenter vos papiers d'identité, svp? Et là, l'homme leur tend une carte d'identité au nom de Jean-Bernard Victor, car c'est votre nom. Oui, je suis le mari de madame.

[00:07:09]

Le pire, c'est qu'il ne ressemble pas du tout à la photo de la carte d'identité.

[00:07:14]

OK, on vous embarque tous les trois daté de cet instant, vous êtes tous les trois placés en garde à vue.

[00:07:26]

Et voilà donc les trois zozos, chacun dans un bureau à la PJ de Versailles. La jeune fille qui était avec eux s'appelle Elisabeth Tourteau. C'est la locataire de l'appartement et les relâcher assez rapidement. Passons à Nadège Victor Seka. Alors, madame, est ce que vous pouvez me donner votre emploi du temps du 14 juillet, svp? C'est à dire le jour où votre mari est retrouvé mort? J'ai été gené avec lui. On s'est quitté vers 15h, je suis allé chez une amie, puis après, on l'a retrouvé mort à la maison en fin d'après midi.

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Et le monsieur, alors, vous ne vous appelez pas Jean Bernard Victor? N'est ce pas? Non, je m'appelle Jean-Stéphane 16. J'ai 36 ans et là, les policiers, pas son nom au fichier. On comprend mieux pourquoi il n'a pas décliné sa véritable identité. Il est recherché depuis six mois. Un jour, il n'est pas rentré à la prison où il purgeait une peine de six ans pour trafic de drogue. Et comment vous retrouvez vous? Monsieur a utilisé les papiers de monsieur Victor Eska.

[00:08:44]

Je le connaissais. Je lui ai volé il y a six mois, comme j'étais en cavale.

[00:08:55]

Le casier de ce monsieur 16 ETP comme la Bible, le recel de détention d'armes, trafic de stupéfiants, tentative de vol à main armée, proxénétisme. Pas mal. Il ne lui manque que le meurtre au palmarès depuis sa naissance. Le type a passé plus de temps en prison qu'en liberté.

[00:09:15]

Qu'en est il de votre relation avec madame Victor Scams? Oh! On se connaît depuis tout petit. On a grandi ensemble. On a même eu une amourette quand on était ado. Et plus récemment, moi, quand je me suis mis en cavale, il y a six mois, j'ai repris contact avec elle et on est tombé amoureux fou. Pour les faits l'un pour l'autre, vous comprenez? On comprend, mais l'un pour l'autre. Jusqu'à quel point?

[00:09:54]

Bah, on vient de recevoir les résultats de l'autopsie réalisée à Garches, Jean-Bernard Veet Koskas a eu le larynx brisé, broyé, mais ça ne correspond pas du tout à la chute d'une alters, même lourde. On a appuyé, on a appuyé sur la barre, on l'a étranglée avec la barre de son alters. C'est un assassinat, mais il n'y a pas que ça. Il y a de l'alcool dans le sang de la victime et pas qu'un peu. Et puis, il y a aussi du Rohypnol, un sédatif puissant à forte dose, tellement forte que mélangé à l'alcool.

[00:10:32]

Ça a pu le plonger dans le coma quand on l'a étranglé. Il était dans le col tars. Et les policiers retournent voir les deux zigotos toujours en garde à vue, avec en main les résultats de l'autopsie. En commençant par Nadège parce que l'autre connaît la musique de la garde à vue. Il sera forcément plus coriace, alors que Nadège, c'est la policière Aurore Piana qui s'y colle. Et avant d'aller nous asseoir dans un coin de la salle d'interrogatoire.

[00:11:05]

Il faut que je vous en raconte une bien bonne. Cette histoire d'hommes est étranglée par son n'altèrent alors qu'il fait sa muscu. Bien, la policière, ça lui rappelle quelque chose. Figurez vous, car elle est fan de la série Colombo. Et justement, il y a quelques semaines, elle a vu un épisode de Colombo intitulé Exercice fatal. Elle s'en souvient très bien dans cet épisode. Un homme meurt, écrasé par son n'altèrent. Au début, on croit que c'est un accident et c'est un assassinat.

[00:11:42]

Alors qui des deux Nadège CORCAS ou Jean-Stéphane Seznec a vu cet épisode de Colombo et s'en est inspiré? Votre mari, madame, a été assassinée. Nous en avons la certitude. Un commentaire? Je vais vous dire toute la vérité sur cette affaire. C'est lui. C'est Jean-Stéphane qui a eu l'idée de supprimer mon mari. L'IDC, lui. Moi, je l'ai juste laissé faire. Ça serait donc lui. Et pourquoi l'avez vous laissez faire? Mme mon couple battait de l'aile.

[00:12:25]

Jean-Bernard avait plus de tendresse pour moi. Il était tout le temps pris à son travail et lui faisait vivre un enfer. La vie avec votre mari était difficile, plus difficile. Il était devenu invivable. Il était alcoolique. Il était violent avec moi. C'était plus supportable. Et Jean-Stéphane? Ciselez Dans ce contexte, Mme m'apportait justement tout ce que mon mari ne m'apporter plus. La policière lui demande de raconter comment ça s'est passé, ce qu'elle sait de l'assassinat de son mari.

[00:13:06]

Moi, tout ce que je peux vous dire, c'est ce qui s'est passé avant moi, je n'étais pas là quand ça s'est passé. Elle raconte que ils ont choisi le 14 juillet parce que les enfants n'étaient pas là. On a invité Jean-Stéphane à déjeuner. Ils se connaissaient bien avec mon mari. Et puis Jean-Stéphane l'a fait boire, marquer. Ce n'était pas difficile. Il a redemandé. Il a glissé le somnifère dans un verre. Après, je ne sais pas.

[00:13:38]

Je suis parti chez mon ami. C'est lui qui a. Enfin, je n'étais pas là, quoi. Bon, et si on allait voir ce qu'il en dit, lui? Comme prévu, c'est un coriace. On n'a tué personne, ni moi, ni Nadège. On y est pour rien. Pourtant, Nadège, qui est interrogée en ce moment, affirme que l'auteur de ce meurtre, c'est vous. Et elle précise la préméditation. Elle explique la motivation.

[00:14:17]

Pourquoi est ce qu'elle ferait ça? Moi, je ne sais pas. Elle a eu peur. Elle a peut être fait ça avec quelqu'un d'autre. J'en sais rien. Moi, je vois un avocat. Tout ce qu'il consent à reconnaître, c'est qu'il a bien déjeuné chez les Victor Seka le 14 juillet. D'ailleurs, Jean-Bernard a été odieux pendant le repas. Je suis parti avant le dessert. Dès qu'elle est restée seule avec lui. Bah oui, quand je suis parti, elle est restée seule avec lui.

[00:14:54]

On se retrouve donc avec deux versions contradictoires. Pour elle, c'est lui. Pour lui, c'est elle bon. On est au tout début de l'enquête.

[00:15:04]

Ce sera à l'instruction de les départager et de dire qui a vu l'épisode de Colombo et l'a reproduit en attendant à la fin de la garde à vue. Ils sont mis en examen tous les deux pour assassinat et écroué. Une juge d'instruction du tribunal de Pontoise est alors désignée et quand elle ouvre le dossier, elle s'étonne du manque de preuves matérielles. C'est bien joli cette histoire de Colombo, mais il faut plus que ça. Et donc, elle demande entre autres qu'on réentendre la jeune femme chez qui les deux tourtereaux ont été arrêtés.

[00:15:42]

Vous vous souvenez? Elisabeth Tourteau, est ce qu'on ne l'a pas relâché un peu trop vite? Celle là, à.

[00:15:54]

Et revoilà donc Elisabeth Tourteau, la copine chez qui le Tour a été arrêté face aux policiers. Comment connaissez vous monsieur Saiz, mademoiselle? Je l'héberge depuis qu'il est en cavale gratuitement. Vous faites ça gratuitement? Ah si oui, enfin, tu me donnes un peu de drogue. Quelque temps plus tard, en lisant le procès verbal, la juge se dit Est ce que ça serait pas elle, le corbeau? L'appel anonyme qui les a dénoncé, c'était une voix de jeune femme.

[00:16:28]

Elisabeth Tourteau a 30 ans et donc elle la convoque à nouveau dans son cabinet. Et elle fait bien parce que c'est elle. C'est bien elle qui a passé le coup de fil anonyme. Et puis, surtout, elle a recueilli les confidences de 16. C'était le lendemain, le 15 juillet. Il m'a dit J'ai tué Jean-Bernard. Il m'a dit Ça a été long. Il m'a même dit Les salauds mettent toujours du temps à mourir. Elle raconte aussi qu'avant, bien avant le meurtre, un jour 16, elle était chez elle et elle a reçu un appel d'un de ses amis qui est cardiologue à Marseille.

[00:17:06]

Et là, Jean-Stéphane, il m'a fait signe qu'il voulait lui parler. Alors je lui ai passé. Il s'est fait passer pour un scénariste de cinéma et il lui a demandé quel était le bon moyen d'éliminer quelqu'un. Et vous avez entendu que votre ami cardiologue a répondu oui. Oui, il a parlé d'une piqûre de chlorure de potassium, je crois. Il lui a dit que ça provoquait un arrêt cardiaque immédiat et que c'était indétectable dans les urines, mais que ça laissé une trace de piqûres.

[00:17:39]

Jean-Stéphane Pendant la conversation, il a noté tout ça sur un bout de papier. Un bout de papier? Ben voilà, un élément à charge, il faut le retrouver. Ce bout de papier. La juge n'a pas à chercher bien loin. Il était dans la sacoche de scellés qui a été saisie par les policiers. Et donc, ils le sortent. Ils le regardent en détail. Nos nuits sont décrites et les questions et les réponses.

[00:18:06]

Le temps qu'il faut pour mourir? Les traces gallèse. Les conclusions éventuelles en cas d'autopsie. C'est la preuve que Jean-Stéphane Ciselez a prémédité le crime.

[00:18:17]

Alors, la juge en parle bien sûr à celle qui est toujours aussi retors. Mais je vous dis que je travaille à l'écriture d'un roman, un roman policier. C'est pour ça que j'ai posé ces questions à auteurs et j'ai écrit des réponses sur ce papier. Moins, moins moins.

[00:18:38]

Les mois passent, les auditions se succèdent et les Stéphane Ciselez finit par reconnaître qu'il a bien élaboré cet assassinat avec la complicité de Nadège Whit Koskas, que c'est dans ce but qu'il a interrogé le cardiologue. Mais du coup, j'ai renoncé. C'était trop risqué, beaucoup trop risqué. Mais oui, oui, je vous confirme que ça m'a traversé l'esprit. Un pas en avant, un pas en arrière. Mais selon une instruction, 16 revient plusieurs fois dans le bureau du juge.

[00:19:19]

Dites moi, monsieur, ciselez vous aimez Colombo, l'inspecteur Colombo? Ah, j'adore madame le juge! Eh bien, nous pensons que vous avez été inspiré d'un épisode de Colombo, exercice fatal. Et là, il reconnaît qu'il a vu l'épisode en question qui s'est dit C'est le crime parfait et qu'il s'en est inspiré pour préparer le meurtre de Jean-Bernard rétorqua. Mais il n'est pas allé au bout. C'est ce qu'il dit.

[00:19:55]

Et maintenant, il faut éclaircir un petit mystère. La cerise sur le gâteau de cette histoire incroyable. Depuis le début, la juge et les policiers se demandent pourquoi et comment il y avait un banc de musculation chez les Victor Scars. Car tout le monde le dit, Jean-Bernard ne faisait pas de musculation. Ça n'était pas du tout son genre de soulever de la fonte à la maison de tout. Eh bien, figurez vous que Seznec a convaincu Nadège de lui offrir un banc de musculation pour la fête des Pères.

[00:20:26]

Si ces détails sordides, ce sont leur propre fille, 3 ans et 7 ans, qui, le jour de la fête des Pères, lui ont offert la bouche en coeur. L'arme du crime, c'est macchia vélique. Et quand Jean-Bernard reçoit le cadeau, il aurait dit Oh bah, ça tombe bien, le médecin m'a recommandé de faire de l'exercice.

[00:20:54]

A ce stade, vous noterez que Jean-Stéphane Ciselez a reconnu qu'il avait préparé le meurtre, pensai le meurtre que Colombo et son inspirateur. Mais il n'a pas dit qu'il avait commis le meurtre. D'ailleurs, lors d'un dernier rendez vous chez la juge, je suis resté deux heures dans l'appartement pour savoir ce que j'allais faire et au bout de deux heures, je suis parti. J'ai laissé tomber. Mais depuis sa prison, il commet des imprudences. Il écrit à Nadège et les lettres sont interceptées.

[00:21:27]

J'ai accompli les actes parce que je t'ai cédé pour te faire plaisir. On n'avait pas d'autre solution si on voulait vivre tranquille. Tu as fini par me piéger. J'ai craqué devant ta détresse. Ce qui revient à signer des affreux. L'instruction est terminée, elle a duré trois ans. La juge a maintenant une idée précise de ce qui s'est passé le 14 juillet 1995.

[00:22:01]

Et voilà donc le scénario retenu par la juge le 14 juillet, Jean-Stéphane Ciselez entraîne son camarade Victor SCAP dans une tournée des bars et de Ricart SVP. Évidemment, c'est 16 l'éclairage aux alentours de midi. Les deux compères sont de retour à l'appartement des Victor, Seka, Jean-Bernard et saoul comme un cochon au milieu du déjeuner. 16. l'Église du Roy Hall dans un verre de rosé. À la tienne, Jean-Bernard!

[00:22:36]

Quelques minutes plus tard, Jean-Bernard Victor Ska s'endort dans son assiette ciselée, le transporte jusqu'à la chambre. Il l'allonge sur le lit. Il le change pour le mettre en tenue de sport et pour parfaire son alibi. Nadège quitte l'appartement vers 5 heures et demie. Et vous savez qui est la copine chez qui elle va passer la fin d'après midi? La mère de Jean-Stéphane? Ciselez. Pendant ce temps, Ciselez est seul dans l'appartement. Il étrangle Victor FKA avec Labarde Terre.

[00:23:06]

Et il téléphone à Nadège. Bon, c'est vrai, on a la trace de l'appel. Et puis, aux alentours de 19h30, Nadège commence à faire son cinéma et elle s'inquiète. Je ne comprends pas. On a déjeuné ensemble et il est rentré se reposer un peu à la maison qui devrait être là. Elle passe cinq coups de fil chez elle et elle finit par convaincre son ami de l'accompagner sur place une fois dans l'appartement. Elle s'arrange pour que ce soit elle qui découvre le corps et après, elle joue la veuve éplorée.

[00:23:43]

Et quand le médecin signe le constat de décès accidentel, ils sont convaincus tous les deux d'avoir commis le crime parfait. Voilà le scénario retenu par l'instruction. Reste le mobile. Nadège CORCAS dit que son mari était alcoolique et violent. Bossan n'est confirmé par personne, ni par les proches, ni par les enfants. Non, le vrai mobile, c'est l'argent, bien sûr. Comme toujours, Nadège touche une assurance vie de 535 000 582 francs 80 000 euros.

[00:24:25]

Nadège et Jean-Stéphane voulaient refaire leur vie. Il semble qu'ils avaient en projet d'ouvrir un bar au Mexique. Ça ne dit toujours pas qui est le cerveau du plan. Alors que disent les experts psychiatres? Eh bien, ils disent que c est un sociopathe froid, calculateur, manipulateur, alors que Nadège est une femme soumise, dépressive, fragile. Elle a le profil d'une suiveuses. Elle s'est faite entraîner et donc, à la fin de l'instruction, Nadège vit Tosca, est renvoyée devant la cour d'assises pour complicité d'assassinat et Jean-Stéphane Ciselez pour assassinat.

[00:25:16]

Le procès a lieu en octobre 2000 devant la cour d'assises du Val d'Oise, à Pontoise. Et dès l'ouverture, la présidente annonce qu'un témoin clé ne sera pas là. Elisabeth Tourteau, elle, s'est suicidée quelques jours plus tôt parce que depuis qu'elle avait dénoncé le duo, elle vivait dans la peur. Elle recevait des menaces par téléphone, par courrier. Elle s'est fait agresser dans la rue. On l'a rouée de coups et on peut imaginer que c'est celle qui a commandité tout ça depuis sa cellule de prison.

[00:25:47]

Et à la fin, les jurés retiennent le scénario de l'instruction Jean-Stéphane Ciselez est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté, et Nadège Victor Scars prend 13 ans pour complicité.

[00:26:13]

Lui fait appel et il prend la même peine trois ans plus tard. Nadège sort de prison en 2007. Vous imaginez bien que ses fils n'en veulent? C'est pas simple. Quelques semaines plus tard, elle se suicide chez l'un de ses fils en avalant des médicaments et se suicide lui aussi en prison. En 2010, quatre morts donc dans cette affaire, alors qu'il lui était si simple de ti, c'est. Voilà doute pour cette histoire. Alors, je vous ai parlé de Horrors Piana, qui était à l'époque inspectrice de police à la police judiciaire de Versailles et qui a eu cette intuition concernant Colombo.

[00:27:02]

Elle est là, au téléphone, avant que vous nous raconter. Vous êtes aujourd'hui commissaire. D'ailleurs, vous célébrez vos 30 ans de police avant que vous nous raconter comment vous avez fait le lien avec Colombo. Peut être un mot sur cette issue extrêmement rare, c'est à dire que tous les protagonistes de cette histoire se sont suicidés. Est ce que ça vous a surpris, ça à l'époque?

[00:27:23]

Oui, tout à fait. C'est certain qu'une affaire comme ça dans sa carrière de l'investigation policière, c'est assez rare. Et d'avoir cette fin qui est quand même assez tragique. Je veux dire que tout le monde s'enlève la vie. En fait, ces trois là, on est sur trois suicides pour des raisons différentes. C'est vraiment quelque chose un petit peu d'extraordinaire.

[00:27:41]

Est ce que ça colle avec les gens que vous avez eu en face de vous au cours de cette enquête? Est ce qu'ils avaient ce profil? Cette fragilité?

[00:27:50]

S'agissant d'un autre témoin, Isabelle Tourteau, c'est certain qu'elle était quelqu'un qu'elle incarne, fragile. J'ai vraiment déploré son décès parce que cette idée en est un, est en partie responsable de tout ce qu'il avait fait subir des menaces et des représailles lourdes pendant l'assaut d'instruction qui l'a conduit à ce geste ultime. C'est vrai que c'était quelque chose de dramatique pour nous. Concernant les autres protagonistes, je serais plus surprise de la fin de M. Seznec, finalement, puisque c'était quand même lui qui avait une assurance à la personnalité qui nous absolument pas pensé qu'il pourrait avoir ce geste ultime.

[00:28:26]

Il ne présentait pas de fragilité, quoi. C'est une surprise.

[00:28:29]

Ça a été une surprise pour nos enquêteurs parce qu'il a été d'une certaine froideur et d'une certaine distance, bien campé sur ses positions pendant tout le temps de l'enquête de flagrance. Et puis après, au cours de l'instruction. Et ce n'est pas une issue qu'on aurait envisagé. Ce coup de génie que vous avez eu, c'est le fruit du hasard.

[00:28:49]

Vous regardez là l'épisode de Columbo par hasard. Vous êtes vraiment fan de Columbo?

[00:28:54]

Design de Columbo fait partie de mon enfance et de la culture policière, je dirais. Et c'est ce qui a bercé mes années d'investigations judiciaires police criminelle. Et je pense que c'était quand même j'en étais fan dans cette technique d'enquête. C'est quelque chose qui Colombo, en fait. On avait le meurtre et on savait qui était l'auteur et on remonter dans le temps. Et c'était assez novateur dans la façon d'exprimer l'enquête.

[00:29:18]

En fait, je suis surpris parce que je pensais que Froncements, un officier de police, ne regardait jamais de film policier tant le récit policier était éloigné souvent de la réalité.

[00:29:30]

Cette affaire nous fait mentir. Christophe Akissi en avait quelqu'un qui, fiction, s'est rapprochée de la réalité totalement en ce qui se passe dans le cours de l'instruction. En fait, on a cherché toutes les façons. On avait travaillé effectivement, vous l'avez dit, sur la préméditation. Et il a recherché le meilleur scénario. Et effectivement, quand on est tombé, moi, je suis vraiment tombé sur ce lien avec cette émission télévisée, cet épisode. Je me suis carrément dit il nous l'a fait parce que ça me parlait tellement incroyable qu'on puisse, au vu des émissions de télé, le reproduire à la réalité.

[00:30:05]

Et c'est la seule fois que j'ai connu ça de ma carrière.

[00:30:08]

J'imagine que les gens qui nous écoutent se posent la question jusqu'à quel point est ce que les deux crimes se ressemblent? J'ai retrouvé donc ces extraits de cet épisode de Colombo.

[00:30:18]

Ne sais pas si vous connaissiez Dean Stafford? Connaissiez le pauvre ami mort.

[00:30:25]

Rien de ce qu'on sait, c'est qu'il travaillait avec une grosse Altair et qu'il a pu s'évanouir ou glisser simplement. La balle lui a écrasé la trachée artère. C'est vraiment navré.

[00:30:42]

La voix de Peter Falk. Jusqu'à quel point est ce que les deux crimes se ressemblent? Celui de Colombo et celui de Ciselez Mme Victor?

[00:30:52]

Que c'est uniquement sur le mode opératoire. Le banc de musculation avec l'utilisation de la barre sur la trachée où là, on a effectivement, il en conclut, dit très bien sur un évanouissement, un arrêt cardiaque. C'est exactement ce qui a conclu le médecin légiste. On n'arrive pas à noyer le dossier des l'impatient Colombo qui lui rebondit sur un lacet et fait à l'envers. Si vous vous souvenez bien, non, c'est pas ce qui nous fait déterminer que ce sont les auteurs.

[00:31:18]

En fait, c'est la réalité. C'est pas comme ça.

[00:31:22]

Il y a des choses à apprendre pour une policière. Si Colombo?

[00:31:25]

Ah oui, c'est quelqu'un qui a une équité dans le travail. Ainsi, il revient en arrière quand tous les crimes. Moi, j'adore cette façon là d'arriver sur une scène de crime et de tout observer. Tout élément, en fait, est porteur pour lui d'un début de résolution de l'enquête et c'est vraiment cet environnement là. Je pense que c'est ce que j'ai appliqué dans mon travail aussi des policiers et après une. Il ne lâchera rien jusqu'au bout, il va jusqu'au bout du bout, c'est quelque chose qui me plaît parce que ce n'est pas parce que je fonctionne comme moi.

[00:31:56]

Les deux protagonistes de cette affaire, vous vous les avez vu? Vous les avez rencontrés? Moi, j'ai toujours du mal à me faire une idée de ce qu'ils sont. Est ce qu'il s'agit d'idiots ou de gens futés?

[00:32:08]

Quant à Nadège, je pense que c'est une femme qui est dans la souffrance, qui a imaginé avoir une vie meilleure avec quelqu'un d'autre. Je pense sincèrement qu'elle était dans cette dynamique là et elle est tombée sur cette idée. Du coup, elle a manipulé. Je pense qu'il y avait un esprit beaucoup plus délicat avec quelqu'un qui était connu des services de police et qui avait quand même du grand banditisme. Je pense que lui, il était là dedans et elle a vu quelque chose de nouveau arriver à l'amour et une nouvelle vie, sans en mesurer forcément les conséquences.

[00:32:38]

Parce que je pense que là, elle a perdu le sens du fait qu'elle soit maman, qu'elle qu'elle ait des enfants quand même son mari. C'était quand même pas non plus le monstre. Et je crois que la fin a été il qu'un elle a été confrontée à la vraie réalité de dire que oui. Et elle est complice d'un meurtre.

[00:32:54]

C'est Madame Bovary qui s'ennuie et qui trouve quelqu'un qui, d'un coup, exalte sa vie et qui vous suit sans sans réfléchir, sans en mesurer.

[00:33:04]

Croyez moi, c'est ce qu'elle m'a inspiré tout au long des auditions que j'ai faites, qui ont été longues et difficiles. Et je suis rentré dans Takrit avec cette dame parce que je pense qu'elle avait des choses à dire. Pour autant, elle n'a pas forcément tout expliqué, mais elle a quand même expliqué ce qu'elle a vu au mieux qu'elle a pu. Et elle a après. Et il y avait quand même cet amour, quelque chose auquel elle croyait. Je pense qu'il a tenu jusqu'au bout de la garde à vue, jusqu'au bout du procès.

[00:33:31]

C'est un sale exalté parce que c'est quand même un truc absolument dissidence. Offrir ce banc de musculation, c'est Altair, son mari. La fête des pères, c'est d'un cynisme.

[00:33:44]

Sinon, on a trouvé ça effectivement très, très, très sordide comme position pour monter ce scénario. Mais là, on a quand même un petit doute à mon époque que je me souvienne que je ne suis pas sûr qu'à elle, elle était forcément au courant de toute la chose. Comment elle allait se passer si vous voyez ce que je veux dire, c'est à dire que je pense que elle a été complice, d'une part, qui en fait en disant ami film médicament pour entraîner, pour faire des choses.

[00:34:08]

Mais qu'est ce qu'il a fait dans la chambre et comment passer? Je ne suis pas sûr qu'elle ait vraiment été présente au moment des faits. J'ai toujours eu ce doute là dessus parce que je pense qu'elle était quand même. Elle avait peut être pas forcément envie de voir les choses, c'est à dire qui ne lui aurait pas parlé du scénario de Colombo.

[00:34:22]

Il n'y aurait pas dit on va lui offrir le banc de musculation comme ça. On va simuler un accident cardiaque qui lui tombe sur la démence.

[00:34:31]

Si vous me demandez mon avis, je pense que non. Elle n'était pas forcément au courant de tout ce qui lui a coûté sa sortie de prison.

[00:34:37]

Alors évidemment, c'est quelque chose que vous ne voyez pas, moi non plus. Sa sortie de prison au moment où il retrouve ses deux enfants, c'est un moment bouleversant. Évidemment, ils en veulent énormément. Elle a tué leur père et elle va se suicider si l'un d'entre eux.

[00:34:51]

Quelle tragédie!

[00:34:53]

Ou Cartagène dans la police judiciaire, à l'enquête. Ça s'est bien passé. Bien après, bien évidemment, mais il avait suivi ce dossier et c'est vrai que je me suis dit comment on peut en arriver à tant de choses. Elle a été mon rongé par le remords et ses enfants ont quand même des stigmates dans leur vie aussi. Ça a été compliqué d'affronter tout ça et je pense qu'elle est arrivée à une dose de potabilité, à mon avis, qu'elle ne pouvait plus faire face.

[00:35:15]

Vous savez, moi, cette année auront bientôt 30 ans de police. J'ai envie de vous poser la question. Vous conseilleriez aujourd'hui à une jeune femme de se lancer dans une carrière d'officier dans la police comme ça? C'est une belle vie. Vous vous des contraintes?

[00:35:31]

Non. Je crois que si j'étais faite, j'ai fait 15 ans en l'investigateur judiciaire. Je pense que c'est quelque chose qui me tient au coeur. Je suis un policier avec une éducation intérieure, des convictions. Je suis à ma place. Je pense que c'est un très, très beau métier. Il y a des contraintes, c'est difficile. Mais être au service du public et pour voir la justice de cette façon là et au mieux qu'on peut, parfois avec les moyens qu'on a aussi ou la chance.

[00:35:57]

Je crois que moi, je ne ferai pas marche arrière en tous les cas.

[00:35:59]

Mais vous connaissez donc la part noire de l'homme? Est ce que ça vous met en décalage avec vos amis qui ne sont pas policiers? Ou peut être n'avez vous que des amis policiers, finalement?

[00:36:09]

Non, j'ai une vie avec des gens qui ne font absolument pas la police et heureusement, parce que je pense que l'on voit beaucoup de misère. On voit beaucoup de choses qui sont assez dramatiques, assez dure. Il faut pouvoir encaisser tout ça et je pense sincèrement que la vie à côté, on ferait un honnête professionnalisme, le virer et préserver sa vie privée à côté. Et effectivement, avec d'autres professions, on est des fois un peu en décalage de ce qu'on voit, mais je pense qu'on peut l'expliquer.

[00:36:35]

Les gens, du coup, ont une perception autre de la société et du monde dans laquelle on vit. Des gens vous posent des questions? Le soir, au dîner Stari, mais j'ai quand même un devoir de réserve après les affaires qui ont été brûlées. On peut en parler, mais je pense qu'il faut les éveiller, surtout à laquelle les gens peuvent être conduites parce que des fois, les assassinats sont des gestes de désespoir. Ce n'était pas fait d'aller sur les lettres de désespoir passionnel, donc il y a des choses.

[00:37:01]

Je pense qu'il faut rester dans le monde tel qu'il est et l'approcher et le faire partager aussi. Ça serait. Je vous remercie beaucoup au commissaire pianotent d'avoir accepté, tant d'années après deux de partager votre expérience sur cette affaire.

[00:37:19]

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