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Raconte Christophe Hondelatte. Je vous raconte aujourd'hui l'une des enquêtes criminelles les plus passionnantes de ce début de 21ème siècle. L'enquête sur l'assassinat en mars 2008 dans la région de Montpellier de Bernadette Bissonnet. C'est une affaire exceptionnelle par le milieu dans lequel elle se déroule, la grande bourgeoisie du département de l'Hérault, et par le trio qui commet le crime. Un mari multimillionnaire, un laveur de carreaux soumis et un vicomte. Un vrai vicomte. Le vicomte Amaury d'Harcourt. C'est une histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard.

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Réalisation Céline Lebrun. Christophe Hondelatte. Cette histoire se déroule chez les Bourges, à Castelnau le Lez, dans la banlieue chic de Montpellier. Un soir de mars 2008, Jean-Michel Bissonnet, un riche retraité qui habite l'une des plus belles villas du coin 25 pièces et une piscine intérieure. Rendez vous compte, rentre chez lui après sa réunion du Rotary Club. Il est 22 heures. Et voilà comment il va raconter la scène. Il franchit le portail, il se gare, il a son chien.

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Avec lui, le chien bondit de la voiture. Il se précipite vers la porte d'entrée. Et là, bizarrement, devant la porte, il se met à pleurer, à trembler. Bissonnet ouvre et là, il tombe sur le corps de sa femme dans l'entrée. Étendu sur le dos, dans une mare de sang.

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Gendarmeries, jécoute! C'est affreux, fab affreux. Pourquoi elle? Pourquoi toi? OK, je l'aimais. Monsieur, calmez vous, je comprends rien à ce que vous dites. Les gendarmes arrivent tout de suite à la villa et ils découvrent la scène de crime. Je bichonnés. C'est quoi cette serpillière? Moi, j'ai nettoyé un peu pour m'approcher de vous. Alors pour eux, affreux. Je suis désolé, monsieur. Est ce que vous pouvez me dire de quand date votre dernier contact avec votre femme tout juste avant ma réunion du Rotary?

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Je l'ai appelé pour lui dire que j'avais pris du chien avec moi. Il était keylor. Je dirai peu avant 20 heures. Pardonnez moi de vous poser cette question, monsieur, mais est ce que votre femme était en conflit avec quelqu'un? Est ce qu'elle avait des ennemis? Au. Je ne crois pas aux bonbons. C'est un cambriolage qui a mal tourné. C'est tout. On a déjà été cambriolé il y a deux ans. Et là, on s'aperçoit que la voiture de sa femme a disparu, un Toyota RAV4.

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Les gendarmes déclenchent tout de suite le plan Épervier pour tenter de la retrouver. Ça ne méritait pas puisqu'on retrouve la voiture garée dans une rue à quelques centaines de mètres. Très intéressant, d'ailleurs, la voiture. Le tueur a laissé des traces de sang. Est ce que c'est son sang? Ou est ce que c'est le sang de la victime? En tout cas, il y a du sang sur la manette du clignotant et sur la portière côté conducteur.

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Les Tics les experts de la gendarmerie s'attaquent à l'exploration de la Ville. Bernadette Bissonnet a été tué à coups de carabine de chasse à un premier coup au niveau du coude gauche, un deuxième au niveau de l'épaule droite. Il y a des plombs sur le sol et les volets roulants et criblé de petits trous, et les meubles et les murs autour sont constellé de petites taches de sang. Et puis, il y a donc cette serpillère avec laquelle le mari dit avoir un peu nettoyé.

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Pour quelles raisons exactement? Vous avez nettoyé Mathieu? C'est à cause du chien qu'a patauger dedans, alors j'ai nettoyé, je l'ai enfermé dans la chambre à eau et j'ai nettoyé un peu.

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Les experts trouvent tout de suite l'explication bizarre il n'y a aucune trace de patte de chien. On voit la trace des taches de sang qu'on a essuyées, mais aucune trace du passage du chien.

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Venez voir! Sur le tapis, un technicien vient de trouver ce qui ressemble à un petit bout de plastique. Il le prend du bout des doigts. Mais ce n'est pas du plastique que ça. C'est un ongle et un homme Blanchetier. Et ça a bien l'air d'être un ongle de pouce. Dans la foulée, on trouve aussi des petits morceaux de peau dans la pièce et même sur le plafond des bouts de doigts, les gendarmes regardent immédiatement le corps de Mme bichonné.

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Les doigts de Mme Bissonnet sont intacts. Très intéressant.

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Cela veut donc dire que le tueur s'est blessé au doigt en tirant et donc on a son ADN. Et si ça se trouve, on va très vite savoir qui s'est. Donc, c'est amateur déjà, l'usage d'un fusil de chasse suggère qu'on n'a pas affaire à un tueur professionnel, mais en plus, s'il s'est blessé, c'est qu'il ne sait même pas manipuler une carabine. En tout cas, on devrait avoir assez vite son ADN. À part ça, il y a un truc assez étonnant.

[00:06:25]

Il y a des gouttes de sang dans l'escalier qui mène à l'étage, des gouttes qu'on peut suivre comme le Petit Poucet jusqu'à une chambre. Qu'est ce que le tueur est allé faire à l'étage? Parce que ce qui est sûr, c'est que contrairement à ce qu'envisagée, le mari tout à l'heure, ça n'est pas un cambriolage qui a mal tourné. Tout est là les bijoux de Bernadette, l'appareil photo du mari, l'argenterie, les tableaux. Tout est là.

[00:06:53]

Les gendarmes trouvent même du liquide planqué dans un meuble de l'entrée. 18 18.000 euros, tout de même. On n'a rien volé. Et d'ailleurs, il n'y a pas non plus de trace d'effraction, ni sur la porte d'entrée, ni sur le portail de la villa. Elle connaissait son agresseur. Et si ça se trouve, elle lui a ouvert sans se méfier.

[00:07:24]

Le lendemain, le mari est convoqué à la gendarmerie pour être honnête.

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La veille, les gendarmes l'ont trouvé étrange et donc ils l'ont un peu dans le viseur. Commandé à Marie qui tue sa femme, c'est un classique et donc il arrive à la gendarmerie. Il est à peine assis, à peine assis, qu'ils se mettent à désigner un coupable, lui qui, la veille, ne connaissait pas d'ennemi à sa femme. Pour que je vous dise. Mon laveur de vitres est aussi un peu le jardin chez nous. J'ai des doutes sur lui.

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Asseyez vous, monsieur. Où on a tout notre tah. Il s'appelle Comment votre laveur de vitres jardinière? Méziane Belkacem Il m'a demandé de l'argent. Hier après midi, on s'est un peu accroché tous les deux. Il m'a demandé une avance de 5000 euros pour s'acheter une voiture. J'ai refusé. Bien sûr. Alors, il est parti, mais content. Pourquoi ce qui sort maintenant? Hier, quand les gendarmes lui ont demandé de raconter sa journée, il n'avait rien de particulier à dire et il a parlé de ce laveur de vitres jardinier.

[00:08:44]

Il a dit qu'il était venu travailler à la villa l'après midi. Il n'avait aucun soupçon le concernant. Il a même dit qu'il avait une totale confiance en lui. Et là, il accuse. Et vous avez les coordonnées?

[00:09:00]

Ce monsieur Belkacem? Non, non, je les avais, mais je les ai effacées. Bisa, le type se sent en droit de lui réclamer une avance de 5000 euros, donc il le connaît et l'autre n'a pas son numéro de téléphone. Bon, les gendarmes le retrouvent et ils le convoquent. Bonjour monsieur Belkacem, après asseyez vous! Et d'entrée, il remarque que l'homme porte un grand manteau aux manches très longues on ne voit pas ses doigts et pendant tout l'interrogatoire, il garde ses mains à l'intérieur de ses manches avant chō.

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Alors, discrètement, il monte le chauffage. Vous devez avoir chaud, monsieur Belkacem. Mettez vous à l'aise. Je vous en prie. Et l'autre finit par enlever son grand manteau. Il tente de cacher ses mains sous les aisselles en croisant les bras, mais trop tard. Les gendarmes ont vu un pansement. Il est blessé. Belkacem, il est blessé au pouce gauche. Vous êtes blessé, monsieur Belkacem? Ouais.

[00:10:04]

J'ai mis mon doigt dans la courroie d'alternateur, une voiture qui était en panne.

[00:10:19]

Il est blessé au pouce gauche entre les gouttes de sang dans l'escalier, était tout à gauche et les traces de sang sur la portière de la voiture étaient à gauche. C'est lui, c'est lui. Le mari avait raison. Et donc, changement de régime. Méziane Belkacem est placé en garde à vue. C'est un homme simple, ce Belkacem. Les gendarmes le cuisinent à petit feu sans le brusquer. Et il finit par cracher le morceau.

[00:10:46]

J'ai tué Mme Bichonnée. Et pourquoi alors? Y a un mois, deux hommes attendaient à la sortie de la villa et ils étaient habillés en noir. Ils avaient des lunettes noires et ils m'ont demandé de la tuer. Un classique des hommes en noir, bien entendu. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d'affaires ou les coupables accusent des hommes en noir et donc les gendarmes continuent de le cuisiner toujours à petit feu et à un moment, le laveur de carreaux jardinier Belkacem lâche un nom et c'est un tremblement de terre.

[00:11:24]

Monsieur Bichonnés. Il m'a demandé de tuer Mme. Le mari serait le commanditaire de l'assassinat de sa femme, Méziane Belkacem, qui lui a proposé 30 000 euros pour la tuer. Ça parce que tout de même, c'est Jean-Michel Bissonnet lui même qui a orienté les gendarmes vers ce laveur de carreaux jardinier. Il aurait dû se douter que l'autre allait cracher le morceau. Si c'est vraiment lui qui a commandité le meurtre.

[00:12:04]

Alors, est ce qu'il ment Belkacem ou est ce qu'il dit la vérité? Les gendarmes lui demandent de raconter minute par minute comment ça s'est passé.

[00:12:19]

Il arrive à la villa vers 20 heures 20 heures 30. Il ouvre le portail grâce à la télécommande que son patron lui a fourni. Il va tout droit dans le garage pour récupérer le fusil. Il le cache sous sa parka. Et là, il retourne devant le portail pour sonner.

[00:12:37]

Bonjour, voila, c'est Méziane, j'ai oublié mon téléphone, il entre à l'étage pour faire semblant de chercher son portable.

[00:12:48]

Il redescend. Elle est en bas de l'escalier. Il tire une première fois. Il décolla, elle se cache la tête avec les bras qu'elle crie maman et qu'elle tombe au sol. Et là, il tire une deuxième fois et elle est morte. Et il dit que c'est monsieur Bissonnet qui lui a suggéré de faire comme ça. Il monte à l'étage pour vérifier que les voisins n'ont rien entendu, qu'aucune fenêtre alentour ne s'est allumée.

[00:13:16]

Et c'est là que j'ai senti que j'avais mal au dos. Il y avait du sang qui coulait. J'ai nettoyé un peu et après monsieur Bissonnet, il m'avait dit de renverser des objets pour faire croire à un cambriolage. Mais je n'ai pas pu. J'étais quand même secoué parce que j'avais fait. Et ensuite, il dit que c'était convenu comme ça avec monsieur Bissonnet. Il est allé garer la Toyota RAV4 de madame dans une rue un peu plus bas.

[00:13:43]

Il m'avait dit de laisser le fusil bien en évidence sur la voiture. C'est ce que j'ai fait et après, je suis rentré chez moi vers Avignon.

[00:14:02]

Ah bon, il prétend qu'il a laissé le fusil dans la voiture, on ne l'a pas retrouvé. C'est très étrange. En tout cas, Méziane Belkacem a fini de raconter son histoire. Et donc, il charge son patron d'un bout à l'autre. Est ce qu'il faut le croire? Les gendarmes sont un peu circonspects. Une dernière question va finir de les convaincre que sans doute, ils devraient. Ni Tonon Belkacem, vous n'avez pas peur du cher. Assez amer, monsieur Bissonnet m'avait dit qu'il prendrait le chien avec lui à sa réunion.

[00:14:48]

Ah, ça, c'est convaincant! Jean-Michel Bissonnet a bien précisé que le chien était avec lui à sa réunion au Rotary Club et donc cela vient conforter le témoignage du laveur de carreaux jardinier. Il dit peut être la vérité.

[00:15:17]

Les gendarmes lui pose alors des questions sur lui qui il est, d'où il vient, ce qu'il a fait dans sa vie. Il est né en Algérie. Belkacem, il a 49 ans. Il vit de petits boulots. Il prend tout ce qu'il trouve. Saisonnier, agricole. Homme d'entretien, jardinier, il bosse chez les Bissonnet depuis très longtemps. À peu près trois jours par semaine. C'est que la maison fait 400 mètres carrés. Il y en a des fenêtres à nettoyer.

[00:15:42]

Il raconte que ça fait des mois que Bissonnet, qui l'admire beaucoup parce qu'il est né en Algérie comme lui, lui propose de l'argent pour le débarrasser de quelqu'un. Mais ma femme avait était au courant qu'il voulait que je tue quelqu'un. Mais longtemps, il ne m'a pas dit Guy et il m'a dit que c'était sa femme juste le matin même. Mais ça fait longtemps qu'il disait qu'il a supporté Blume. Les gendarmes vont interroger sa femme, Madame Belkacem, dont il est d'ailleurs en train de se séparer.

[00:16:10]

Elle confirme. Qu'est ce qui ressort de tout ça? Eh bien d'abord que c'est un brave type, se belkacemi un peu naïf, un peu frustre surtout, mais qui a l'air de dire la vérité. Il n'a pas pu inventer tout ça. Ça saute aux yeux.

[00:16:40]

Et donc, le lendemain à l'aube, les gendarmes vont chercher Jean-Michel Bissonnet et ils le placent en garde à vue. Et l'interrogatoire commence sur les chapeaux de roue. Moshé Buissonnets Nous avons interpellé le responsable du meurtre de votre femme. Ah ben si, si, si, tu en garde à vue, alors. Qui m'accuse d'être le commanditaire? Réponse déroutante les gendarmes, il explique alors. De quoi l'accuse précisément Méziane Belkacem. Et là, ils m'ont tout de suite sur ses grands chevaux.

[00:17:15]

Moi, raconter ma vie de couple à un employé pour les vitres. Mais vous n'y pensez pas. Jamais de la vie. C'est pourtant ce que Belkacem nous a dit, monsieur, bichonné mes enfants, ma relation avec mon épouse était formidable. On est en était amoureux avec Bernadette. On ont voyagé beaucoup. On était un couple très épanoui. En fait, ce sont des sornettes.

[00:17:38]

Un couple très épanoui? Pas si sûr. Parce que depuis quelques jours, les gendarmes ont placé Bissonnet sur écoutes et ils l'ont entendu parler de sa femme assassinée avec sa cousine Lacôte. Bernadette. Elle est inoubliable, tu peux le dire. Elle m'a tellement merdé. Elle est inoubliable. Ça n'est pas comme ça en principe. On parle de sa femme assassinée, donc il ment quand il dit que tout allait bien avec sa Bernadette.

[00:18:26]

Le lendemain, ils sont présentés tous les deux à la juge d'instruction Méziane Belkacem est mise en examen pour assassinat. Jean-Michel Bissonnet pour complicité d'assassinat et il tous les deux à la prison de Béziers.

[00:18:52]

Et là, je peux vous dire que ça fait causer Bissonnet en prison, Bissonnet. Vous voulez dire du Rotary Club qui aurait commandité l'assassinat de sa femme? Mais en face, impossible. Un comité de soutien se crée sur le champ, d'autant que l'autre, depuis sa prison, hurle son innocence. Et puis, il a des enfants Jean-Michel Bissonnet, Marc et Florent. Et aussi, il n'y croit pas. Leur père a commandité l'assassinat de leur mère et il embauche un avocat qui dépose dès le 4 avril une demande de remise en liberté rejetée.

[00:19:38]

Et pendant ce temps là, les gendarmes se mettent à chercher le mobile. Pourquoi diable Jean-Michel Bissonnet aurait il fait tuer sa femme? Il a dit à sa cousine que c'était une emmerdeuse. Mais si on se mettait à tuer toutes les emmerdeuse, ça ferait du monde en moins sur la planète. Alors, qu'est ce qu'il y a dans leur histoire qui puisse expliquer qu'ils aient commandité son assassinat?

[00:20:12]

Je voulais aider Jean-Michel Bissonnet est un Piednoir. Né à Oran en 1947, il se marie avec Bernadette en 1978, à l'âge de 31 ans. Il fait fortune dans l'immobilier. Très vite, il revend sa société en 1998, à l'âge de 61 ans. Il est riche, ce qu'il avait. Une maîtresse. Eh bien, a priori, non. Est ce qu'elle avait un amant? Non plus. Est ce qu'il a pu la tuer pour des histoires d'argent?

[00:20:42]

Eh ben non. Il était marié sous le régime de la séparation de biens, et pas du fait de Jean-Michel Aulas. Bernadette était riche, elle aussi de famille. Il gérait donc leurs deux fortune côte à côte. La tuer ne lui rapporte rien. Il n'y a que la maison qu'il avait en commun. Et pour la garder, il devra donc racheter la part de sa femme aux héritiers, c'est à dire à ses enfants. Un million, peut être deux.

[00:21:07]

Franchement, pour lui, ça n'est rien. Il ne peut pas l'avoir fait tuer pour l'argent. Donc, il n'y a pas de mobile et ça, c'est très rare. Le juge se dit qu'il passe à côté de quelque chose, mais quoi? Ça n'est d'ailleurs pas le seul mystère à ce stade. Où est passé l'arme du crime? Belkacem dit qu'il la laisse en évidence dans le RAV4. Or, quand les gendarmes découvrent la voiture, le fusil n'y est pas.

[00:21:38]

C'est un mystère, ça aussi. Si on veut croire que le laveur de vitres jardinier n'a pas menti, pourquoi est ce qu'il mentirai là dessus? Ou alors, qui? Qui a pu subtiliser le fusil dans la voiture après le meurtre? Et pourquoi? En reprenant leur dossier d'enquête, les gendarmes se disent qu'il reste une zone d'ombre. C'est un point dont je ne vous ai pas encore parlé. Jean-Michel Bissonnet, quand il raconte l'après midi du crime, dit que dans l'après midi, avant d'aller à sa réunion au Rotary Club, il reçoit la visite chez lui de son père spirituel, le vicomte Amaury d'Harcourt, un aristo de 83 ans fauché comme les blés, mais issu de l'une des plus grandes familles de la noblesse française.

[00:22:34]

Ils ont une relation très forte. Bissonnet et lui, filiale puissante. Est ce que le Vicomte, même si ça paraît absolument incroyable à 83 ans, pourrait être celui qui fait disparaître la carabine? Et pourquoi? Les gendarmes vont le voir dans son château de Saint-Leu, OJ dans l'urne et il lui demande ce qu'il a fait quand il a quitté Jean-Michel Bissonnet, donc un peu avant 19 heures. Il faut que je vous dise que l'après midi même, nous sommes allés ensemble avec Jean-Michel, achetez une veste polaire que je souhaitais acquérir.

[00:23:24]

Nous sommes rentrés à la Ville et quand il est parti à ces réunions, j'ai moi même pris la route de Saint-Clément de Rivière. Je devais aller dormir chez un ami et en route, je me suis aperçu que j'avais oublié ma veste et je suis retourné à la villa. J'ai sonné à trois reprises, je crois. Je pensais que Bernadette était là. Pas de réponse, donc. Je suis rentré chez moi. Bon, pourquoi ne pas le croire?

[00:23:59]

Le juge le fait tout de même placé sur écoute. Et à l'entendre, jour après jour, les gendarmes le trouvent, stressait de plus en plus stressé. Et un mois et demi après le meurtre, ils se disent ça y est, il est mûr. Et donc, ils le mettent en garde à vue à la gendarmerie de Bléneau, dans l'Essonne. Et comme les gendarmes ont entendu dire que l'oiseau est ma femme, ils le mettent dans les pattes de l'une de leurs collègues et c'est très payant d'entrer.

[00:24:32]

Le vicomte lâche son copain Jean-Michel. Oui, oui, c'est lui qui l'a fait tuer. Bien entendu que oui, ça fait 3 4 ans qu'il me parle de la liquider. Ha oui, il disait qu'elle n'était jamais contente de rien et ne la supportait plus. Harcourt Avez vous, d'une manière ou d'une autre, participé vous même à ces évènements? Oui, oui, il m'a demandé d'aller récupérer le fusil dans la voiture et de le faire disparaître. Ce que j'ai fait les jeter dans une rivière voisine.

[00:25:14]

Le vicomte fait un dessin dans l'endroit, on envoie des plongeurs et il trouve le fusil, donc il n'a pas monté. On a l'arme du crime. C'est un fusil de chasse à canons juxtaposés, cillé, dont le numéro a été Limet est dessus. Le labo isole un ADN et c'est celui de Méziane Belkacem. Et donc, le vicomte Amaury d'Harcourt est à son tour mis en examen pour complicité d'assassinat. Mais à la différence des deux autres, il reste libre sous contrôle judiciaire, mais libre.

[00:25:51]

La juge d'instruction pense qu'il n'a pas encore touché. Et là, il faut que je vous parle du vicomte Amaury d'Harcourt parce que on tient là un personnage absolument incroyable. J'en ai raconté des crimes. Je n'ai jamais vu pareil oiseau. Jamais qu'il surgisse au milieu de ce crime passionnel est assez surréaliste. D'abord, on a là un représentant de la très grande noblesse française, Amaury d'Harcourt descend tout droit de Bernard le Danois, un Vicoin qui conquiert la Normandie en l'an 900.

[00:26:47]

C'est lui qui crée la lignée des d'Harcourt qui se sont battus. Cent ans plus tard, avec Guillaume le Conquérant, on a définitivement pas affaire à un noble de pacotille. Et avec ça, Amaury d'Harcourt a eu une vie absolument romanesque, résistant à 17 ans, engagé dans les commandos de choc de De Lattre de Tassigny à 19 ans, blessé en Allemagne et après la guerre. Grand voyageur, notamment en Afrique. En 1953, il est au Gabon.

[00:27:19]

Il tombe gravement malade. Il est condamné. Certains sont bloqués. Le curé vient lui donner l'extrême onction. Mais un sorcier le sauve en le fouettant avec des plantes. Véridique. Et avec sa marié trois fois un enfant, une fille de sa première femme. Le vicomte est aussi adepte de la chasse à courre. Giscard d'Estaing a chassé chez lui. Où est monsieur? Et quand il est devenu président, il en a fait son conseiller des chasses présidentielles.

[00:27:54]

Bref, Amaury d'Harcourt est une sorte de légende qui serait donc mêlé à cet assassinat chez les Bissonnet. C'est incroyable, incroyable tout ça. À 83 ans. Quoi qu'il en soit, maintenant qu'il est mis en examen, Amaury d'Harcourt fait l'objet d'une enquête et dans ce cadre, la juge lui envoie ce qu'on appelle un enquêteur de personnalité, en l'occurrence une enquêtrice qui débarque au Château de Sinterrogent en juillet 2008, un peu à impressionné forcément, par le château magnifique.

[00:28:37]

Sauf que le vicomte habite une toute petite maison à côté. Parce que un château, c'est bien beau. Mais l'hiver, on s'y caille les miches. Et donc, elle entre dans sa petite maison. Elle s'installe dans son salon et ils se mettent à parler tous les deux. Et elle sent tout de suite qu'il est au bout du rouleau, comme quelqu'un qui saurait travailler de l'intérieur par sa conscience. Il est très croyant. Amaury d'Harcourt et il a pas tout dit.

[00:29:00]

Et devant l'enquêtrice de personnalité, il se débat. Loan complètement. Bravo Madame! Je vais dire la vérité, j'étais là juste avant de créer. Incroyable, il raconte. Dans l'après midi qui précède le crime, il participe dans le garage de la ville là à une répétition du meurtre avec Méziane Belkacem et avec Jean-Michel Bissonnet. Pendant un quart d'heure, Bissonnet explique point par point à Belkacem ce qu'il doit faire. Et le vicomte Amaury d'Harcourt est là et lui donne des conseils puisqu'il est chasseur.

[00:29:43]

Il dit tranquillement à Belkacem comment il doit tenir l'arme. Il a directement participé à l'assassinat.

[00:29:57]

Et alors qu'il raconte tout cela, l'enquêtrice de personnalité, il n'arrête pas de dire. Mais comment j'ai pu faire ça, mais comment j'ai pu faire ça? Et donc, évidemment, l'enquêtrice de personnalité prévient la juge et quelques jours plus tard, le vicomte Amaury d'Harcourt se retrouve dans le cabinet de la juge d'instruction où il renouvelle ses aveux en y ajoutant une scène. La cerise sur le gâteau il a croisé Belkacem après le crime. Et donc, il était là pendant le meurtre.

[00:30:28]

Il lui a demandé. Comment ça s'est passé? Belkacem. Et Belkacemi a répondu Pas bien, monsieur le Vicomte, pas bien. Et le laveur de carreaux lui donne alors l'arme pour aller l'acheter. Terrible aveu. Et vous noterez d'ailleurs que Méziane Belkacem, le tueur qui a tout avoué, qui assume le meurtre, n'a jamais parlé de tout ça. Il n'a rien dit de la présence du vicomte dans la villa avant et pendant le meurtre. Le bougre l'a protégée comme un manant protège son seigneur.

[00:31:00]

Brave Belkacem, il n'a fait qu'obéir à deux hommes qu'il respectait trop.

[00:31:14]

Mais si le vicomte Amaury d'Harcourt, travaillée par sa conscience de bon chrétien, choisit finalement d'assumer sa part de crime, Jean-Michel Bissonnet, lui, continue de jouer les maris éplorées. Il est innocent du fond de sa prison. Il le dit et il le répète tous les jours. Et il multiplie les demandes de remise en liberté. Une, deux, trois, quatre, cinq. Il dépose jusqu'à dix neuf demandes qui sont toutes rejetées. Et toutes sont soutenues sans réserve par ses enfants, qui ne veulent toujours pas y croire, et par son comité de soutien à 500 membres au total.

[00:31:50]

Tous les grands bourgeois de Montpellier sont derrière lui. Dans un réflexe de classe absolument insupportable, il semble penser qu'un riche ne peut pas tuer sa femme, c'est évident. Ils vont même jusqu'à financer un sondage.

[00:32:05]

Figurez vous qu'ils ont commandé un sondage réalisé par un institut officiel auprès de 500 personnes. Avec cette question seriez vous choqué? Pas que Jean-Michel Bissonnet soit libéré? La réponse est non. Près de 50 pour cent un sondage pourrait influencer une décision de justice. C'est une première en France, mais Jean-Marc Darrigade, l'avocat de Jean-Michel Bissonnet, réfute toute idée de lobbying. Scientifiques. L'argument qui nous est systématiquement opposé la liberté de nommer les gens.

[00:32:42]

Les juges, autant vous le dire, n'ont pas beaucoup apprécié le coût du sondage. Quand l'instruction se termine, ils ont la certitude que Jean-Michel Bissonnet, malgré ses dénégations, malgré les pressions de ses amis, malgré le sondage et le grand ordonnateur de l'assassinat de sa femme. On verra s'il craque au procès.

[00:33:13]

Et le procès s'ouvre le 27 septembre 2010 devant les assises de l'Hérault à Montpellier, dans une salle pleine à craquer. Cette histoire a fait les choux gras de la presse pendant des mois.

[00:33:25]

C'est parti pour un mois, cinq semaines, noté d'entrée que les trois prévenus n'ont pas le même traitement. Jean-Michel Bissonnet et Méziane Belkacem sont dans le box et tous les soirs, ils rentrent dormir en prison alors que le vicomte Amaury d'Harcourt, lui, comparaît libre. Il n'est pas dans le box des accusés. Avec les deux autres, il est assis dans un fauteuil Voltaire, vêtu d'une incroyable veste de velours à larges rayures jaunes aristos jusqu'au bout. Et si vous les regardez les deux dans le box, vous serez assez surpris.

[00:34:05]

Jean-Michel Bissonnet, qui prétend que Méziane Belkacem, l'accusateur, ne montre aucune animosité envers lui. Ils sont là, coude à coude, à un millimètre l'un de l'autre, Toto lolos, sans que ça ne paraisse les gêner une seule seconde. Très étonnant et édifiant, peut être.

[00:34:29]

Un procès d'assises démarre en général par l'examen de la personnalité des accusés. Et là, on voit défiler à la barre la cohorte des amis de Jean-Michel Bissonnet qui viennent tous défendre sa bonne moralité. C'est le quatrième jour que tout bascule. L'avocat général présente à la cour une liasse de documents qui semblent montrer que depuis sa cellule, Jean-Michel Bissonnet a tenté de subornation. Un témoin, un dénommé Lolos, à qui il a demandé de raconter à gros mensonge. Il lui aurait demandé de venir dire qu'il a été contacté par le vicomte d'Harcourt pour éliminer Bernadette.

[00:35:09]

Sauf que Lolo a lâché le morceau. Et la cour est là, médusée. On se tourne vers lui. On se dit ça va le déstabiliser, ses propre fils. Regarde, stupéfait, il va avouer. Et Banon? On m'accuse par le mensonge. Je me défends par le mensonge, voilà tout. Et là, ces filles s'effondrer quittent la salle d'audience et les avocats de Jean-Michel Bissonnet sont déstabilisés. Il leur a menti. Et donc il décide de le lâcher qu'il se trouve de nouveau avocats.

[00:35:43]

Le procès est reporté.

[00:35:50]

Il reprend toujours devant les assises de Montpellier. Trois mois plus tard, il reprend par le témoignage des gendarmes qui ont mené l'enquête et à chaque mot qu'ils disent, on entend Bissonnet dans son box. Qui dit menteur, menteur. Mais les gendarmes sont convaincants, très convaincants. Et on en apprend de belles au fil de l'audience sur Jean-Michel Bissonnet, qui continue de se faire passer pour un bon mari qui aimait sa femme. Les gendarmes ont exploré son ordinateur personnel et ils ont découvert que sous le pseudo de Le Fennec 34, Jean-Michel Bissonnet fréquentait des sites pornos, des sites hétérosexuels sadomasochistes et des sites homo sexuels sur lesquels il cherchait un homme de 35 50 ans BCBG.

[00:36:48]

Les avocats de la partie civile s'en donnent à cœur joie.

[00:36:52]

C'est bien la preuve que Jean-Michel Bissonnet était satisfait dans son couple. Vous l'avez LAV Movil. Un bémol tout de même que soulignent les avocats de Bissonnet. Il a créé ce profil, mais en vérité, il ne l'a jamais utilisé. Il n'a échangé aucun message, n'est entré en contact avec personne.

[00:37:19]

Les journées d'audience passent dans son box, Bissonnet est de plus en plus agité, à la limite de l'hystérie, et ça ne joue pas en sa faveur. D'autant que les deux autres sont parfaitement calmes. Et il assume. À la fin, les avocats plaident le doute. Mais en vérité, plus personne n'a de doutes. Et le verdict tombe le 11 février. Jean-Michel Bissonnet prend plus que le tueur. Il est condamné à 30 ans, alors que Méziane Belkacem prend 20 ans et le vicomte Amaury d'Harcourt, 8 ans.

[00:37:56]

A l'annonce du verdict, Jean-Michel Bissonnet s'évanouit et en quittant le prétoire, il crie Justice de merde, justice de merde!

[00:38:07]

Et bien sûr, il fait appel. Et du coup, l'avocat général fait appel pour les deux autres nouveaux procès, donc devant la cour d'assises de Carcassonne, en novembre 2011, avec de nouveaux avocats, Jean-Michel Bissonnet a enrôlé un ténor du barreau de Paris, maître Jean-Yves Liénard, qui, au lieu de plaider l'innocence à tout prix comme les avocats du premier procès, choisit de le défendre contre lui même. Comment voyez vous, j'ai ressenti très profondément que le sens de mon devoir était d'ouvrir une porte, celle de l'hypothèse de la culpabilité de M.

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Bissonnet. Et si monsieur Bissonnet était coupable? Que faudrait il penser?

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Il laisse entendre l'hypothèse de la culpabilité de son client, son avocat. Vous allez me dire c'est une trahison? Et bien pas sûr. Parce qu'au moment du verdict, ça change tout. Bissonnet gagne 10 ans de prison. Il est condamné à 20 ans comme Méziane Belkacem. Et le vicomte voit sa peine confirmée. 8 ans. Condamné à 20 ans, Jean-Michel Bissonnet a été libéré en conditionnelle au bout de neuf ans. Il est libre aujourd'hui, alors que Meziane Belkacem, lui, est toujours en prison.

[00:39:41]

Le vicomte Amaury d'Harcourt a été libéré au bout de quinze mois. Il est mort en octobre 2018. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.