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La seconde jusqu'à fin août. Depuis que cette émission existe, je savais qu'un jour, je vous racontera l'histoire de l'enlèvement du baron Empain. Et puis le baron est mort au mois de juin 2018. Alors je me suis dit Il ne faut pas traîner. Faut y aller. Et donc, je vais vous raconter aujourd'hui cette histoire qui va nous ramener à un temps où le rapt de grand patron était un sport national. Les années 70. Vous remarquerez d'ailleurs qu'aujourd'hui, les enlèvements contre rançon a complètement disparu de l'arsenal criminel pour une raison assez simple.

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D'ailleurs, ça ne marchait pas et on va le voir dans cette histoire au moment de la remise de la rançon. En général, les ravisseurs se faisaient pincer et ils en prenaient pour 20 ans. Pour le débriefe, j'ai choisi d'inviter celui qui fut l'avocat du baron à l'époque. Bonjour maître Jean-Yves Dupeux. Bonjour. Vous pensez que là où il est, puisqu'il est mort il y a quelques temps, il aimerait qu'on parle encore de lui parce qu il était cabotins, le baron Empain.

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Il était à la fois un peu cabotin, mais en même temps, c'est un homme très discret. Il avait vécu ces moments de manière très pénible. Il en reparler avec le recul, mais c'était quelque chose qu'il voulait oublier. Donc, je pense que la bienveillance dont nous faisons preuve ne lui aurait pas déplu. Et de là où il est. Après tout, peut être un peu se réjouir qu'on parle à nouveau de lui. Vous me confirmer que K.

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À chaque fois qu'on allait le voir, on ne regardait qu'une chose son petit doigt. C'était malheureusement où qu'on aille dans un restaurant, dans une réception. Tout le monde disait il y a le baron Empain et tout le monde fixait son œil sur le petit doigt. On comprendra pourquoi dans un instant. Voici donc l'enlèvement du baron Empain. Une histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard. Réalisation signée Céline Debroise.

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Christophe Hondelatte. J'ai un peu connu le baron Empain, figurez vous. C'était un homme délicieux, vraiment séducteur et séduisant, mais simple, très simple, riche, mais sans ostentation. Et vous savez ce qui me l'a rendu définitivement sympathique lorsque je suis allé le voir chez lui un jour pour qu'il me raconte. Il avait, dans le parc de son manoir, au nord de Paris, des cygnes en plastique. Le baron Empain, des cygnes rose et blanc plastoc.

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J'ai mieux compris ce jour là comment, à la fin de l'histoire, que je vais vous raconter. Le baron Empain en est arrivé à préférer la compagnie de ses ravisseurs à celle de sa femme.

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Et nous voilà donc au tout début de cette histoire, le 23 janvier 1978. A cette époque là, Edouard Jean Empain, Belge de naissance, et le PDG du groupe Empain Schneider. On disait à l'époque Schneider. Il a 41 ans. Il est grand, blond, avec des yeux bleus, un vrai play boy, des allures d'acteur hollywoodien.

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Et le voilà qui sort de chez lui, un immeuble bourgeois de l'avenue Foch, dans le 16ème arrondissement de Paris, pour aller au siège de son groupe, rue d'Anjou, dans le 8ème. Il est assis à l'arrière de sa Peugeot 604. C'est son chauffeur, Jean Jean Denis, qui conduit, lui, comme tous les matins. Il lit Le Figaro. A l'arrière, la voiture fait cinquante mètres, pas plus. Et soudain, une mobylette se couche sur la chaussée.

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Des hommes surgissent d'une camionnette garée en double file.

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Si tu veux pas scander on veut.

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Le chauffeur est jeté dans la camionnette et le baron menotté, bâillonné à l'arrière de la voiture. L'équipe passe la première et ils prennent le large. Voilà comment ça commence.

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Il est 11 heures ce matin. Le baron est dans sa voiture. Une Peugeot 604 404 du baron Empain est stoppée. Deux hommes de l'estafette. On arrache le chauffeur du baron de son siège. On le fait entrer de force dans la camionnette. D'autres ravisseurs montent alors dans la 604. L'un d'entre eux prend le volant. La voiture démarre sur les chapeaux de roue. Depuis, tous les policiers recherchent cette 1104 immatriculée 98 02 92.

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Le chauffeur, Jean-Denis, est libéré près de la porte Maillot. Il n'a pas grand chose à raconter. Les Gamondi, on ne veut pas vous faire de mal. C'est pas à toi qu'on n'en veut plus. Après, c'est entendu parler entre eux. Il y en avait un qui parlait allemand.

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On retrouve la 604 du Baron. Quelques heures plus tard, vide dans un parking souterrain. A l'intérieur, les flics ne trouve aucune empreinte, aucun indice. A ce moment là, Edouard Jean Empain est déjà loin ou il ne sait pas. Une pièce sombre dans une maison en ruine. Il est ligoté. On lui a collé un somnifère et quand il se réveille, il est dans le noir. Ses geôliers débarquent pour mort.

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On ne va pas tuer. Rassure toi! Mais on va couper un doigt pour l'envoyer à ta famille. Lui couper un doigt. Je me retrouve les yeux et la bouche barrée de sparadraps, une cagoule sur la tête, menotté aux chevilles. On saisit une de mes mains, on la pose sur une table en éloignant l'auriculaire des autres doigts. L'amputation proprement dite n'est pas douloureuse. On lui a coupé l'auriculaire pour l'envoyer à sa femme et l'impressionner.

[00:06:26]

Pendant ce temps là, à Paris, ça s'agite. Je vous le dis, le type qu'on vient d'enlever n'est pas n'importe qui. Le groupe Empain Schneider emploie 150 000 personnes dans le monde. L'année dernière, il a réalisé 22 milliards de francs de chiffre d'affaires et le baron est un ami personnel du président Giscard d'Estaing. C'est un très gros poisson qui vient d'être enlevé, très gros, et dont on attend la demande de rançon parce qu'ils vont forcément demander une rançon.

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C'est à la mode, le rapt dans les années 70. Et ils finissent toujours par demander de l'argent. Alors, les flics s'installent chez le baron, avenue Foch, et ils attendent le coup de fil qui dira combien la PJ a été claire avec sa femme? Vous ne négocie pas en direct, tout passe par nous.

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S'il c'est quelqu'un chez nous qui décroche et il se fera passer pour un membre de la famille entendu, pas d'initiative personnelle, je vous en supplie.

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Les flics attendent jusqu'au soir si la lumière est restée allumée toute la nuit au 8e étage du 33, avenue Foch, dans l'appartement où attend la famille du baron Empain. Mais aux dernières nouvelles, le téléphone est resté muet et il ne semble pas que les ravisseurs du baron est due à un contact quelconque, ni avec la famille, ni avec les sociétés du groupe, ni avec la police.

[00:07:52]

Le coup de fil vient le lendemain, mais pas chez le baron, où siège du groupe Empain. Rejoindre la gare de Lyon, nous avons laissé un message et des instructions pour vous donner la consigne numéro 384.

[00:08:09]

On avait dit pas d'initiative personnelle, tu parles. C'est le numéro deux du groupe, René Ingen, qui est dans le casier 595. Voilà ce qu'il trouve d'abord la carte d'identité du baron. On n'a pas affaire à des plaisantins, ce sont vraiment les ravisseurs. Ensuite, un mot pour sa femme. Chère Silvana, ne t'inquiète pas trop, tout peut s'arranger. Je t'embrasse plus. Une lettre, une lettre écrite en lettres bâton. Le montant de la rançon est écrit dessus 80 millions de francs, c'est colossal.

[00:08:46]

Et enfin, un petit paquet, on l'ouvre.

[00:08:52]

C'est un morceau de toi, un morceau de l'auriculaire du baron. Et la lettre dit aujourd'hui, vous avez reçu un doigt, mais nous n'hésiterons pas par la suite à vous envoyer un pied ou un œil.

[00:09:26]

Ce soir, la famille et l'entourage du baron Empain ont peur. Ils savent que le baron est entre les mains de gangsters tout à fait déterminés. La preuve est définitivement apportée par le fragment de doigt, le morceau de l'auriculaire gauche découvert dans une consigne de gare. L'effet psychologique que recherchent les ravisseurs semble avoir été atteint. La famille Empain sait maintenant que les gangsters ne reculerons devant rien et on a de grandes craintes pour la vie du baron.

[00:09:52]

La femme du baron apprend qu'on a coupé un bout de doigt à son mari.

[00:09:55]

Il paraît qu'elle déclare Je ne reviendrai pas avec de l'argent vivant. Ils vont le tuer. Notez bien cette phrase parce qu'il y aura une suite, vous verrez. Et là, une semaine entière s'écoule sans aucune nouvelle aucune. Pas un coup de fil des ravisseurs, pas une lettre, rien.

[00:10:47]

Mais grâce aux livres écrits plus tard par Le Baron, on sait ce qui se passe pour lui. Ses ravisseurs l'ont placé dans une tente de camping, au milieu d'une pièce, dans un lieu sombre et froid, un endroit qu'il ne connaît pas. Dans l'attente, il est enchaîné en permanence, couché 24/24 sur un matelas gonflable. Quand les ravisseurs entrent dans la tente, ils ont des cagoules et ils obligent lui aussi à en enfiler une en permanence. Il proteste.

[00:11:15]

Eh bien non, il ne se plaint pas. C'est un grand patron au mental d'acier. Il a décidé de ne rien leur demander. En réalité, l'humiliation de cet état de dépendance totale est moins pénible à supporter que l'obscurité et l'oisiveté 24 heures sur 24. Je n'ai rien d'autre à faire qu'à gamberger au point de vue épreuve nerveuse. C'est costaud. Et quel est le sujet de sa gamberge? La rançon? Il connaît le montant 80 millions de francs et il sait que personne de son entourage ne va pouvoir réunir une telle somme.

[00:11:50]

Sauf sauf s'ils font un tour de table, s'ils s'y mettent à plusieurs.

[00:12:01]

Heureusement qu'il ne sait pas ce qui se dit de lui dehors, car une semaine après son enlèvement, La Presse, qui n'a rien d'autre à se mettre sous la dent, se régale de révélations sur sa vie privée.

[00:12:16]

Eh oui, les policiers de la CRIM, évidemment, se sont regardés sur ces relations, sur ses habitudes, sur ses amis et sur ses ennemis.

[00:12:24]

Et tout ce qu'il découvre se retrouve dans les journaux.

[00:12:29]

Par exemple, on apprend que le baron joue au poker qui lui arrive de poser sur la table deux cent mille francs d'un seul coup. Quel rapport avec son enlèvement? Sans doute aucun. Mais les journaux se délectent de ces révélations et ils tirent sans gêne des plans sur la comète. Le patron aurait perdu 11 millions de francs au casino ces derniers temps. 11 millions. Vous entendez? Allez savoir si ce n'est pas lui qui a organisé son enlèvement pour se renflouer?

[00:12:58]

Un. L'histoire du doigt coupé n'est évidemment pas étrangère à cette vilaine rumeur. Au poker, il paraît qu'on coupe les doigts des mauvais joueurs. Alors, dans ce grand déballage, évidemment, on tombe sur des maîtresses et sur une garçonnière. Tout ça dans les journaux. Imaginez la tête de sa femme Silvana et de ses enfants. Ils apprennent tout ça dans la presse. Et une fois de plus, souvenez vous de cet épisode parce que ça comptera beaucoup à la fin de l'histoire, vous verrez.

[00:13:50]

A ce moment là, une lettre arrive au domicile des employés, une lettre du Baron qu'on peut imaginer avoir été dictée par ses ravisseurs. Elle s'adresse à sa fille Patricia. Je vais te demander une preuve d'amour et de courage, celle de me sauver la vie. Voilà ce que tu dois faire. Prendre ma Mercedes, mettre la rançon, aller où on te dit et n'accepte en aucun cas d'être suivie par la police. Mettez vous à la place de la famille.

[00:14:18]

Edouard Empain leur demande expressément de ne pas prévenir la police. Que faire? Pendant plusieurs jours, ils ne disent rien aux flics. Sauf que dans cette lettre, le baron a glissé un message subliminal ils ne l'ont pas compris. J'ai délibérément et sans consulter sur ce point, ce qui me tenait la main fait pratiquement une faute d'orthographe par mot. C'est nettement supérieur à mon taux habituel, ne voulant pas payer ou laisser payer la rançon. J'espérais ainsi le faire comprendre à mes correspondants qui interpréterait cette anomalie comme un signe de connivence, donc de résistance.

[00:14:52]

Peine perdue. A l'extérieur, on a interprété cette profusion de fautes d'orthographe comme la preuve que mon état mental déclinait. Du coup, les policiers de la CRIM, quand ils sont informés de cette lettre trop tard, se disent la famille ne joue pas le jeu et donc ils placent tout le monde sur écoute. La femme est, tant qu'à faire, les dirigeants du groupe Empain. Excellente initiative parce qu'ils s'aperçoivent que le numéro deux du groupe, René Ingen, a entamé des négociations directes avec les ravisseurs.

[00:15:25]

Le montant que vous réclamez est excessif, il est strictement impossible de le retirer en espèces. Nous n'y arriverons pas. En revanche, si vous acceptez de réduire vos prétentions à 30 millions, nous pensons que nous pouvons y arriver. Tout cela dans le dos de la brigade criminelle. Le commissaire a violé le patron de la Crimée, furax. Vous êtes responsable? Il n'est pas question de payer une rançon. Vous entendez qu'il n'est pas question. Et il va dire la même chose à la famille.

[00:15:58]

Ne payez pas, ne payez rien et je vous le redis, ne vous occupez de rien. On se charge de tout. Il est hors de question que le crime soit payant, alors s'il le faut, nous remettrons une rançon aux malfaiteurs, mais elle sera factice. Cela fait maintenant 20 jours, presque 3 semaines que le baron a été enlevé. Et pendant ce temps, depuis trois semaines, Edouard Gemba est toujours enchaîné au fond d'une cave. Il est allongé sur un matelas gonflable.

[00:16:33]

Ça fait trois semaines qu'il ne s'est pas levé. Trois semaines qu'il n'a pas marché. Mais son sort s'est légèrement amélioré. Un jour, on lui donne du café chaud et une autre fois, une pomme et on consent à lui donner une lampe de chevet. Parce que jusqu'ici, il était dans le choix entre.

[00:17:10]

Un mois s'est écoulé le 20 février. Les ravisseurs reprennent contact avec le groupe Empain.

[00:17:16]

Ils veulent la rançon tout de suite, mais ils ont revu leurs prétentions à la baisse. 40 millions de francs, la moitié de ce qu'ils demandaient au début. Vous allez vous rendre à de la station de ski. Et là, nous prendrons contact avec de l'argent. N'est pas la police, mais les cadres du groupe AMPA ont retenu la leçon.

[00:17:42]

Ils préviennent la criminelle. l'Antigang s'installe discrètement à Megève. C'est un flic, l'inspecteur Jean Majri, dit nous, Chinois, qui remettra la rançon. Il se fera appeler Maso. Il se fera passer pour un collaborateur du groupe en.

[00:18:14]

Le 22 février, Mazeau est à l'hôtel Le Chalet du Mont d'Arbois. L'endroit est truffé de flics. Même les réceptionnistes sont des policiers mazeau. Avec lui, deux gros sacs remplis de billets. Enfin, c'est ce qu'il veut faire croire. En vérité, chaque liasse comprend un billet au dessus, puis un billet au dessous et au milieu yaks du papier journal. Il attend. Il attend un coup de fil d'un certain Félix le chat et il attend comme ça pendant 12 heures.

[00:18:43]

Pas d'appel et donc il rentre chez lui. Les ravisseurs font savoir au groupe qu'ils reprendront contact.

[00:19:22]

A ce moment là, le baron lui change de décor. On le déménage, on le met dans une caisse en bois, cloué comme un cercueil. La caisse dans le coffre d'une voiture et on l'emmènent dans une nouvelle planque. Et là, son sort s'améliorant un peu. Maintenant, il a du chauffage et surtout, il a la télé. Je ne suis pas mal ici, mais côté hygiène, j'ai encore un seau jaune pour voisin de chambrée et une dégaine de clochard.

[00:19:47]

Et il m'est toujours interdit de me lever. Quant à la télévision, rien de ce que j'y vois ne parvient à capter mon attention. C'est quelque chose qui fait du bruit et quand je parviens à y fixer mon regard, la réaction est douloureuse. Ce sont des images de liberté, des gens au bistrot qui parlent, qui trinquent ensemble, qui prennent leur voiture. Et quand on parle de moi, c'est pour dire à faire. Pas toujours, pas de nouvelles là dessus.

[00:20:13]

Nouveau déménagement en pleine nuit. On le remet dans sa caisse en bois cagoule, sparadraps, menottes. On clôt le couvercle et le baron se retrouve dans un garage, à nouveau sous la tente. Mais on lui laisse la télé et on lui donne des livres au pas de la grande littérature, des livres pornos, des séries noires et des polars.

[00:21:04]

Et le temps passe. Le 17 mars, ça fait sept semaines que le baron est prisonnier et le 17 mars, les ravisseurs prennent contact avec un ami du baron, Pierre Sadik, qui a l'avantage de ne pas être sur écoute.

[00:21:18]

Il vit en Belgique, mais change. Le numéro deux du barreau de Bruxelles à guenille va discrètement, sans prévenir.

[00:21:31]

Quiconque aime quelqu'un vous demande au téléphone.

[00:21:44]

De dans les jours qui viennent, la lettre arrive cinq jours plus tard, accompagnée d'un mot écrit de la main du baron.

[00:21:57]

Pas de police, sinon je serais mutilé d'une manière irréparable. C'est la vie ou la mort. La lettre fixant rendez vous au Fouquet's, sur les Champs Elysées, le lendemain à 14 heures. Et là, René Ingen prévient la criminelle et on remet en place le dispositif de Megève. Maso se fera passer pour un collaborateur d'Ampsin. Il doit attendre un coup de fil d'une certaine Charlotte Corday.

[00:22:24]

Le téléphone sonne au bar du Fouquet's à 14h15.

[00:22:30]

M.

[00:22:33]

Branchereau rapporte Otokoré à 15h20, Mazzone se mettait en route pour le muera, suivi par des voitures banalisées de police, et il s'attablent à Mara Téléphone pour vous nous remettre au Porte d'Auteuil.

[00:22:59]

Au fond de la poubelle, je vous entends Matsuo traverse au fond de la poubelle.

[00:23:05]

Il y a bien une enveloppe qui contient un plan. Il doit rouler à 50 km heure jusqu'à la porte d'Orléans et il y a un piège. Le plan prévoit qu'à un moment, il doit emprunter une voie de service, une rue à l'entrée de laquelle il est écrit interdit, sauf service.

[00:23:22]

Heureusement, Masoud a une radio à la porte d'Orléans.

[00:23:34]

Un rendez vous est fixé au café Le Rond Point, connu pour avoir trouvé une remorqueuse. Les instructions sont dans la boîte à gants dans la Renault 12.

[00:23:50]

Une lettre demande à Masoud de retourner à Paris aux Trois Obus, un café de la porte de Saint-Cloud. Et là. Nouveau coup de fil.

[00:24:01]

Maintenant, vous prenez le Coran et vous vous rendez à l'aéroport d'Orly. Rendez vous compte. Ça fait six heures, six heures que les ravisseurs baladent la brigade criminelle dans tout Paris et sa banlieue au Wilton.

[00:24:22]

Il est trop tard, on arrête ton routeur, on parle de local à demain, ça ne sera donc pas pour aujourd'hui, mais ça sera pour demain.

[00:24:40]

Et donc, c'est reparti. Le rendez vous est fixé à 18 heures. L'inspecteur Majri s'installe au parc Dewilde. Le téléphone sonne à 18h40.

[00:24:52]

Allô, allez remplir le réservoir d'essence de votre voiture et je vous donnerai les prochaines instructions.

[00:25:02]

Ma va faire le plein. Il revient au bar. 19H50. Nouveau coup de fil.

[00:25:08]

Maintenant, vous allez prendre la route vers Paris, sur l'autoroute. Pecher à la borne Peiffer. Je répète vos messages vous attendront au pied de la machinerie, reprend sa voiture.

[00:25:25]

Il roule vers la borne Bessel et il se gare sur la bande d'arrêt d'urgence. Il est 21h10 et voilà qu'un véhicule de dépannage se stationne juste derrière. Merde, ces agents de l'autoroute risquent de faire échouer les plans. Majri sort. Il va les voir pour leur expliquer qu'il n'est pas en panne, qu'il est flic et qu'il faut qu'il parte tout de suite. Il fait quoi 3 4? Pas. Et là, il se retourne et il voit deux types surgir de derrière la glissière de sécurité, sauter dans la R12 et démarré en trombe.

[00:25:57]

Et derrière tous les flics de la CRIM et de l'antigang qui se lancent à sa poursuite à la hauteur de L'élit rose, la RN12 ralentit. Elle s'arrête à la hauteur d'un mur antibruit. Les types, manifestement, n'ont pas réalisé qu'ils étaient suivis. Ils descendent, ils vont vers une porte qui est aménagée dans le mur antibruit et qui donne sur la banlieue. C'est par là qu'ils vont s'enfuir. Sauf qu'à ce moment là, un complice juché sur le mur tout en haut, voit les flics en voiture et en moto qui déboule et ils se mettent à les ravaler.

[00:26:29]

Et les flics répliquent. Et pendant ce temps, les gangsters essayent de s'enfuir. L'un d'eux est abattu et l'autre est neutralisé.

[00:26:51]

Le ravisseur abattu est vite identifié. Il s'appelait Daniel Duchâteau. Quant à celui qui a été arrêté. Son nom est Alain Cayol. Il est blessé. Il a pris des balles dans le bras, mais il est en état d'être interrogé et il se retrouve le soir même dans le bureau du commissaire aux violées. Le but est évidemment de lui faire dire où est le baron. Pendant trois heures, Cayolle fait le dos rond. Mais au bout de trois heures, il craque.

[00:27:20]

OK, OK, je téléphone à mes complices, mais vous ne regardez pas le numéro que je compose. Vous ne cherchez pas d'identifier les paroles paroles. Ottavio Lee lui tend le téléphone de son bureau et il détourne ostensiblement la tête.

[00:27:49]

Allo, c'est moi! Je suis chez les flics. Jamais vous toucherez la rançon, donc vous libérer le baron, c'est foutu. Sinon, ça va être la guerre. Là dessus, Cailliau le raccrochait, il est bon commissaire, c'est bon à 99%, ils vont le libérer. Est ce que Cayol a vu qu'il y avait un petit magnétophone accroché au téléphone du commissaire? Peut être, mais pas sûr. En tout cas, grâce à ce magnétophone qui a enregistré la composition du numéro de téléphone, il ne sera pas difficile à des experts de remonter aux numéros et donc de localiser les ravisseurs qui sont sans doute avec le baron.

[00:28:30]

Mais ça ne servira à rien puisque entretemps, le baron est libéré par les ravisseurs. Quelques minutes après le coup de fil, ils le sortent de la planque par un soupirail cagoulé et menotté, le mettre dans une voiture.

[00:29:00]

Le baron reconnaît le moteur caractéristique d'une 4L et il s'aperçoit aussi que le conducteur fait quatre fois le tour du pâté de maison pour le perdre. La voiture roule, elle s'arrête. Çà et là, les ravisseurs lui glisse un billet de 10 francs dans la main. Le baron a toujours sa cagoule. Il entend la 4L qui s'éloigne. Il enlève sa cagoule. Rendez vous compte. Ça fait soixante trois jours qu'il est cagoulé et il se retrouve au bord d'une route en pleine nuit et il se met à marcher avec difficulté.

[00:29:36]

Ça fait deux mois qu'il vit couché, sans bouger. Il marche. Et là, il aperçoit une bouche de métro dont il est à Paris. Et avec les 10 francs, il s'achète un ticket et il prend le métro et il descend à Opéra. Et là, avec les pièces qui lui restent. Il appelle sa femme au téléphone. C'est moi, ils m'ont libéré. Je suis place à l'opéra, vient me chercher quelques minutes plus tard, Silvana Rampa, accompagnée d'un policier, débarque devant l'opéra.

[00:30:11]

Le baron est là, en survêtement hirsute, adossé à un réverbère. Il monte dans la voiture et il éclate en sanglots.

[00:30:27]

Il est beau.

[00:30:28]

Il vient de passer soixante trois jours en enfer. Et elle, qu'est ce qu'elle lui dit? Je savais que tu allais sortir ce soir. On va aller déposer plainte au Quai des Orfèvres. Aucun mot d'affection, aucune tendresse. Ne parlons pas d'amour. Froide, glaciale. Le baron est exténué, mais à ce moment là, il se dit Cette femme n'est plus ma femme. Je vais la quitter dans la voiture. Après soixante trois jours de captivité, il lui vient comme une évidence qui va quitter sa femme?

[00:31:12]

Pour roder son labrador, Love lui fait plus la fête que sa femme, sa femme, qui voulait qu'il aille tout de suite au quai des Orfèvres. Pas question. Il appelle la brigade criminelle. S'ils veulent l'interroger, ce sera chez lui.

[00:31:43]

Dans les jours qui suivent, Le Baron est pris en charge à l'hôpital américain de Neuilly. On s'occupe de son doigt mutilé qui n'a pas si mal cicatrisées que ça. Mais il a perdu 20 kilos. La dernière planque dans laquelle il était détenu est localisée. C'est un pavillon de Savigny sur Orge, dans l'Essonne. On y arrête huit personnes plus duchâteau, le mort a priori. Il était donc neuf dans le coup à la Cayol. Son frère François, un proxénète marseillais appelé Georges Bertoncini, sa femme et son beau frère et un certain Bernard, qui ont le baron, lui découvrent tout ce qui est raconté sur son dos pendant sa captivité.

[00:32:23]

Le poker, les maîtresses, la garçonnière. Et surtout, il découvre que sa femme et ses associés avaient fait le pari qu'ils ne reviendraient jamais. Sa femme ne lui parle pas de ses ravisseurs. Elle lui parle de sa garçonnière.

[00:32:44]

Pendant sept mois, il va se mettre au vert aux Etats-Unis, loin de sa famille, loin de l'entreprise, avec un ami, et au bout de sept mois, il revient avec l'illusion de reprendre les rênes de son groupe.

[00:32:57]

Je me trouvais pour l'actionnaire prépondérant. De plus gros, il ne l'est pas, mais il n'est pas possible de diriger funèbre contre le baron Empain. Ce n'est pas possible. On va donc diriger avec le baron Empain. Il va pas y avoir de têtes qui vont tomber, mais il ne va pas y avoir de modifications importantes. Simplement, disons que comme tu reviens, il va bien falloir me faire une place. Et jusqu'à maintenant, je me suis relativement peu accommodé place de conseiller technique ou de chrysanthèmes.

[00:33:29]

Mais très vite, il s'aperçoit que René Ingen n'a pas l'intention de lui rendre sa place et sa femme non plus, d'ailleurs. Et donc, comme prévu, il va la quitter. Et il va aussi renoncer à diriger le groupe Empain à Genève. Trois ans plus tard, bien sûr, s'ouvre le procès devant la cour d'assises de Paris. Procès au cours duquel les accusés se passe la patate chaude. Ils ne sont que des hommes de main. Ils ne sont que des exécutants.

[00:34:03]

Et malheureusement, ils ne peuvent pas donner le nom de leurs commanditaires. Procès qui sera marqué par l'attitude incroyable du baron. Il leur a pardonné. Il ne cherche pas à charger la barque. Il sait ce que c'est que d'être enfermé. Il n'a aucun intérêt à les envoyer en prison pour longtemps. Et au bout de douze jours d'audience, Cayol prend vingt ans, Bertoncini, 15 ans et les autres. Des peines plus légères de plus de cinq ans.

[00:34:32]

Et à la sortie du tribunal, on voit Jean Edouard Empain partir main dans la main avec Jacqueline, sa nouvelle compagne. Dans son livre, il écrit peut être n'était pas spécialement fait pour la vie qui était la mienne.

[00:34:46]

Il continuera donc le business, mais loin de Genève. Et il mourra quelques mois après Jacqueline, qui l'aura accompagné jusqu'au bout de sa vie.

[00:35:04]

Voilà donc pour cette histoire et je suis avec Jean-Yves Dupeux. Vous avez été l'avocat du baron Empain pendant toute cette époque. Et vous avez été son avocat à ce procès absolument incroyable. Qu'est ce qui vous demande de tenir comme position, vous, au procès? Il faut bien voir que pendant les trois mois de sa séquestration, il a été épouvantablement sali. Il a été épouvantablement sali parce que toutes les investigations, comme vous l'avez relaté, toutes les investigations sont dirigées sur sa personne.

[00:35:43]

Et alors qu'il est le chef d'une entreprise considérable, je crois qu'il y a pas aujourd'hui d'entreprises en France dans cette puissance là et dans des domaines très stratégiques, alors qu'il est le grand chef d'entreprise. On apprend sur lui qu'il joue et qu'il a perdu de l'argent. On apprend sur lui qu'il a des maîtresses. On apprend beaucoup de choses sur lui. Et comment dire? L'opinion exagère tout, c'est à dire, à l'époque qu'il n'avait pas Twitter.

[00:36:14]

Il n'avait pas les réseaux sociaux, mais ça fait rien. Le petit doigt qui est coupé, c'est forcément une vengeance d'un jeu de l'ouïe de quelqu'un à qui il doit de l'argent.

[00:36:27]

Le rapt, c'est lui qui en est l'organisateur.

[00:36:29]

Ça s'écrit. Je l'ai lu. C'est lui qui en est l'organisateur parce que ça va lui permettre de rembourser ses dettes.

[00:36:35]

Il y a tout un tas de choses qui sont écrites et qui vont épouvantablement salir son image.

[00:36:42]

Donc, il vous demande quoi alors? L'objet de ce procès, c'est d'une part d'être partie civile et de démontrer la culpabilité de ceux qui se prétendent être des lampistes.

[00:36:56]

Mais c'est aussi et surtout, c'est d'ailleurs la part que j'ai. J'ai en charge, c'est de rétablir son image, de réhabiliter la personne du baron Édouard Jean, pas de dire que c'est un homme, de démontrer toutes les qualités qu'il a eu, toutes les qualités dont il a fait preuve d'ailleurs, dans cette épreuve terrible de démontrer l'humain qu'il y a en lui.

[00:37:19]

Et il est très humain, comme vous l'avez dit. Il ne fait pas preuve de haine à l'égard de ces accusés. Il est face à eux tous les jours. Il les regarde, mais sans haine. Je crois que les uns ou les autres l'ont dit.

[00:37:33]

Sa réhabilitation passe par cette mansuétude, d'une certaine manière, par ce pardon. Est ce que c'était vraiment un passant?

[00:37:39]

Non, on ne peut pas dire il avait tellement souffert. Que dire que c'était un pardon? C'était peut être un peu aller au delà de ce qui était véritablement ses pensées, son émotion du moment. Mais il a expliqué d'ailleurs que c'est là qu'est née l'expression syndrome de Stockholm. Il a expliqué que pendant un temps, il avait vécu deux mois et demi avec ces gens là et que et il avait considéré que eux, c'était finalement ceux qui le maintenaient en vie, ce qui était les bons, alors que les méchants étaient ceux qui étaient dehors, c'est à dire sa famille, les associés, les membres du groupe qui eux, en revanche, ont compté sur sa mort et ne voulaient absolument pas régler la rançon.

[00:38:23]

Donc, il y a eu cette espèce de syndrome de Stockholm. C'est à ce moment là que le mot est apparu et qui?

[00:38:28]

Qui a fait que. Il avait un curieux sentiment, quelque chose qui était assez ambigu à l'égard des uns et des autres. Mais il ne faut pas se leurrer, c'étaient des accusés, c'étaient des voyous, c'étaient des gens qu'ils avaient fait souffrir et à qui, qu'on le veuille ou non, ils en voulaient. Ils ne demandent pas qu'on efface l'ardoise. On veut justice, ils veulent justice, mais il n'en rajoute pas. Si vous voulez. Et ça, c'est quelque chose qui a fait un effet formidable.

[00:38:56]

D'abord sur tous les journalistes qui étaient présents, et puis sur la cour d'assises et sur les jurés. C'était, on le voyait et moi, je le voyais jour après jour. Le changement de paradigme qu'il y avait chavagnac d'objets. Oui, absolument. Il les a séduits comme instits le faisait. Il les a séduits.

[00:39:13]

C'était un homme très séduisant, très séducteur, mais il les a séduits sans sans faire de démagogie.

[00:39:20]

Si vous voulez ça, c'est quelque chose qui était très estimable. Alors, qu'en est il exactement? Des attentes de sa femme et des dirigeants du groupe. L'idée générale qui court, c'est que ni l'un, ni l'autre, ni Ingen, ni Sylvana ne s'attendait à ce qu'il revienne et que psychologiquement, il s'était préparé à sa mort. Il était donc déjà passé à la suite. Il confond le retour du baron, les a un peu surpris et pris de court.

[00:39:49]

Oui, il faut bien voir que moi, j'ai vécu. J'ai vécu de près tout ça puisque j'étais dans le cabinet d'avocats qui était l'avocat traditionnel de la famille Empain. Il faut bien voir que on m'a considéré et je dois dire que je me mets dans ce haut. On a considéré que qu'il serait mort et qu'il s'était tué, qu'il serait exécuté et que les laviolence extraordinaires veulent agir avec le même moi. J'ai cru et donc que c'est vrai que plus on pensait qu'il avait su qu'il avait des infections du fait de cette espèce de l'amputation, l'amputation du doigt est sans soins, etc.

[00:40:32]

Bon, c'est vrai que on s'est dit c'est peut être fini.

[00:40:36]

Bon, et je pense que du côté des dirigeants du groupe. Deux qui était René Ingen? Il y avait un peu aussi ce sentiment. Je ne sais pas du côté de sa femme. Ce que l'on sait, c'est que du fait de toute l'enquête qui a tourné autour de la personnalité du baron Empain, elle a appris des choses qu'il n'était pas agréables à apprendre. Maître du jeu, je veux qu'on s'arrête là dessus. Est ce qu'il y avait avant l'enlèvement du t'engages avec sa femme?

[00:41:07]

Parce que quand on relit la scène, on se dit quand même c'est dingue. Comment est ce qu'il peut décider dans la voiture, après soixante trois jours de détention, de quitter sa femme?

[00:41:18]

Pour autant que je sache, il n'y avait pas eu plus de tangage dans ce couple là que dans beaucoup d'autres couples. Mais le baron a des sérieuses raisons d'en vouloir à tous ceux qui sont de sa famille et spécialement à sa femme, parce que à ses yeux, on a mégoter.

[00:41:42]

On a essayé de barguigner une rançon alors que sa vie dépendait du versement de cette rançon.

[00:41:50]

Ce n'est pas de leur faute. C'est autant violent qui leur interdit. Bien sûr, mais à l'époque, lui ne le sait pas. Et c'est principalement à sa famille qu'il en veut. Il en veut à sa mère. Il pense qu'il valait 40 millions.

[00:42:04]

Oui, je pense que c'est ça qu'il faut quand même savoir. Un moment, comme vous l'avez relaté, il y a une somme de 30 millions de francs qui est proposée et proposée aux ravisseurs. Je ne sais pas si vous voyez ce que 30 millions de francs 78, ça représente aujourd'hui en 2018, mais c'est à peu près 50 millions d'euros. Bon, c'est beaucoup d'argent pour tout le monde. Néanmoins, il refuse. Et donc, voyant cela, le baron Empain se dit c'est pas possible.

[00:42:34]

Ce sont des gens qui m'ont lâché.

[00:42:36]

Oui, ils m'ont lâché et il leur en veux.

[00:42:41]

Encore une fois, c'est l'émotion. Il faut voir l'état dans lequel il est.

[00:42:44]

Quand il descend à la station Opéra qu'il appelle sa femme qui tombe sur un policier d'ailleurs au téléphone et que le policier vient avec sa femme et que là, au lieu de l'emmener avenue Foch où il a besoin de se reposer, la l'avait, etc.

[00:42:57]

On veut l'amener au quai des Orfèvres. Il fait. Il fait une scène dans la voiture, fait une décompensation au fait des compensations. Et c'est sans doute là qu'il se dit avec Sylvana, qu'il a beaucoup aimé son.

[00:43:09]

C'est vraiment un couple qui a été fusionnel avec Silvana. C'est fini. Vous les avez divorcés, vous? Oui, oui, vous meijer tout à l'heure pendant la pub. Qu'à chaque rendez vous dans votre cabinet, il se rouler une pelle.

[00:43:22]

Pas comme ça. J'aime cette expression, mais il avait beaucoup d'affection l'un pour l'autre. Et je dois dire d'ailleurs que moi qui n'ai dû faire que deux ou trois divorces dans ma vie d'avocat, j'avais rarement vu un divorce qui se passait aussi bien.

[00:43:35]

Ne chargeons pas trop Sylvana? Peut être. Il a été un tard, il a été un peu injuste et il était. Mais il était sous le coup d'une telle émotion qu'on ne peut pas lui en vouloir.

[00:43:45]

Alors, il y a quelque chose qui est très intéressant, c'est que le portrait qu'il fait pendant le rapt du baron est le portrait d'un flambeur, d'un cynique, d'un séducteur, d'un joueur, d'un trompeur. Et qu'à l'inverse, après le rapt, il devient d'un coup un modeste, un attentif aux autres, un homme au cœur ouvert. Est ce que c'est une conversion sincère? J'ai l'impression que oui. J'ai l'impression que cette épreuve a profondément changé l'homme et que après, il place l'essentiel ailleurs.

[00:44:18]

Je vous confirme que oui. Ce sera quelque chose d'extrêmement malheureux dans sa vie. Ça lui coûte son mariage, elle lui coûte sa situation, ça lui coûte, ça lui coûte ses actions parce qu'il va mal les vendre.

[00:44:33]

Mais il va vraiment changer de vie. Il va quitter le monde de la haute industrie et de la haute finance puisque dans le groupe, il y avait les deux Yoopies. Absolument.

[00:44:45]

Il va quitter cette espèce de comment dire, dinstallation avec voiture, chauffeur, vacances sur des yacht, fréquentations de toutes les têtes couronnées du globe, etc. Et il va devenir une personnalité, disons le, beaucoup plus authentique. Moi, je ne l'avais pas connu avant lui. À l'époque, tout jeune, je vais avoir avec lui les relations humaines, des relations que j'aime beaucoup parce que j'aime beaucoup les gens, très authentique. Et donc je le vois se transformer.

[00:45:20]

Je le vois se transformer, notamment alors avec la rencontre qu'il a avec Jacqueline, qui va devenir sa nouvelle compagne et qui va l'accompagner jusqu'à sa mort récemment.

[00:45:30]

Et il est juste après ce rapt, avant qu'il revienne aux affaires. Mais il sait bien qu'il revient aux affaires. Il va essayer de reprendre, mais ça ne marchera pas. Avant sera petit par sept mois aux Etats-Unis et il fait venir avec lui. Vous avez dit un de ses amis. Mais il faut être qui aime aller voir. C'est en fait ce qu'on pourrait appeler son frère de lait, qui était le fils des gardiens du château de sa famille et qui est un garçon extrêmement modeste, qui a quinquina, qui n'a pas d'argent, qui n'a pas de diplôme, qui n'a pas de situation.

[00:46:11]

Il a ajouté tout, tout l'argent jeté. Il a tout jeté, bien revenir à l'essentiel et y revient. Et il part avec ses amis. Et ils vont passer six ou sept mois aux Etats-Unis dans des conditions extrêmement modestes. On peut supposer à boire des coups et à payer exactement et aller à des matchs de football américain. Il m'a raconté beaucoup de choses qui se sont passées à ce moment là et il profite de la vie.

[00:46:33]

Et puis après, il aura une vie très différente. Alors, il y a un épisode, un dernier épisode que je veux que je veux qu'on raconte. C'est que quand Alain Carriole sort de prison, il le rencontre pour lui pardonner. Là, pour de bon, il le rencontre en face à face. Il vous a parlé de cette rencontre? Oui, oui, tout à fait. D'abord, Alain Cayol sort de prison assez longtemps après près puisqu'il a été lourdement condamné.

[00:47:01]

Et il écrit un livre. Il a écrit un livre dans lequel il se fait reluire, dans lequel il fait reluire, mais dans lequel il a il a cette expression je ne sais pas si c'est dans le livre.

[00:47:10]

Je crois que c'est dans le livre ou dans une interview qu'il a donnée à peu près.

[00:47:14]

Il a dit de fréquenter le baron Empain. On avait tellement de respect pour la personnalité extrêmement solide qu'il était que finalement, c'était le syndrome de Stockholm à l'envers. Ça ne s'est pas challenger, ça a changé nous aussi.

[00:47:30]

C'était lui. Il était nous, ladmiration. Nous avions presque de la déférence à son égard.

[00:47:35]

Bon, je veux bien croire que c'était très exagéré, exagéré. Lorsque les chefs nous l'appellerons le matin vivre, ils l'ont fait vivre dans le noir, absolument épouvantable pendant deux mois et demi. C'était une personne ne voudrait voir ça. Il m'en a parlé. Je ne sais pas comment ce peut être dit ou je ne sais pas qui a organisé ce déjeuner. Ce n'est pas le baron Empain qui en a pris l'initiative. Mais ça n'était pas pour le baron Empain lorsqu'il m'en a dit.

[00:48:05]

Ça n'était pas un élément essentiel de sa vie et ça n'était pas non plus un élément essentiel de la suite de cette affaire.

[00:48:12]

Ça n'était pas une démarche profonde. Non, mais Gilles n'a pas refusé la rencontre avec son ravisseur, Alain Cayol Paris.

[00:48:19]

En plus, il y avait une certaine forme de curiosité, m'a t il dit, parce qu'il était curieux de savoir de parler avec ce type. De savoir comment. Comment les choses s'était passé, c'était préparé, etc. Je vous remercie beaucoup.

[00:48:30]

Jean-Yves Dupeux d'avoir commenté cette affaire là, peut être pour la dernière fois de votre carrière, finalement, parce qu'on viendra un jour où on arrêtera de raconter l'histoire du baron Empain.

[00:48:40]

Oui, c'est ce que je me dis chaque fois que je participais à la radio télévision. Alors peut être pas. Merci infiniment.

[00:48:48]

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