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Delattre, raconte Christophe Hondelatte. Bonjour a tous, je vais vous raconter aujourd'hui une histoire qui a un certaine écho dans l'actualité du moment, puisqu'il est question de porter secours à des réfugiés et de les accueillir dans notre pays. C'est une histoire de la fin des années 70, l'histoire d'un bateau qui s'appelait l'Île de Lumière et qui est allé secourir les boat people vietnamiens qui fuyaient la prise du pouvoir par les communistes dans le sud du pays à la fin de la guerre du Vietnam.

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Et je vous préviens, si vous n'avez pas connu cette époque ou si vous avez oublié, vous allez sans doute halluciné quand je vous raconterai la résistance d'une bonne partie de la gauche à s'engager dans cette opération pour débriefer cette histoire. Qui de mieux que celui qui l'a imaginée, cette île de lumière, mener cette opération d'un bout à l'autre, dans une certaine adversité, au moins au début? Bonjour Bernard Kouchner. Bonjour, j'aurai beaucoup de questions, évidemment, à vous poser après ce récit que j'ai écrit avec Ségolène Hanotaux.

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Réalisation Céline Lebrun.

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Europe1 Christophe Hondelatte. 30 avril 1975. Après vingt années de guerre civile, les communistes du Nord-Vietnam, les Vietcongs ont gagné leur guerre contre les Américains qui occupaient le Sud. Les chars vietcong entrent dans Saïgon. La guerre du Vietnam est terminée et c'est là que commence notre histoire.

[00:01:39]

Au moment où le drapeau rouge flotte sur Saïgon qui devient Hô-Chi-Minh-Ville, un avec le drapeau vietcongs est actuellement en train de se mettre en position dans le carré Wat.tv. La reddition du général Minh Fall d'accord pour leur ouvrir les portes du palais et dont les canons. Waquet. Salut à population, vous êtes content qu'il arrivait à son amigo. Il salue la population incroyable. Qu'est ce que vous en pensez? Depuis la guerre?

[00:02:23]

La guerre est finie, mais les Vietnamiens communistes du Nord, qui viennent de prendre le pouvoir à Saïgon après vingt ans de guerre, ont des comptes à régler avec ceux du Sud. Il va falloir les mettre au pas, leur enseigner les valeurs du communisme et donc on ouvre des camps de rééducation et donc on confisque les biens des riches. A partir de ce moment là, les Vietnamiens du Sud n'ont plus qu'une idée fuir par milliers. Ils montent sur des bateaux, toutes sortes de rafiot, des gros, des petits.

[00:02:56]

Il faut débourser entre 2000 et 3000 dollars pour monter à bord. Les scènes de départ sont dantesques. Des familles entières, effrayées, prennent la mer. Leur idée est de trouver refuge en Malaisie, en Indonésie ou en Thaïlande. Mais horreur! La plupart des pays de la région leur ferme la porte. Seule la Malaisie les accepte au compte gouttes. Nous avons pris des sapins, mais pas après ça. Le bateau de pêche. Vous étiez combien sur ce bateau de pêche qui a quitté le yacht?

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116 personnes, dont 25 enfants et un enfant de 8 mois? Si une femme enceinte le voyage a duré longtemps, trois jours et deux nuits, les communistes ont laissé pas vivre.

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Pendant trois ans, vous entendez troisans l'Occident ferme les yeux sur ce drame humain épouvantable. Un tiers des boat people va mourir en mer. Pourquoi? Oh! Tout simplement parce qu'en 1975 76 77, il est impensable d'envisager que le communisme soit une folie. Dans ces années là, la gauche, et notamment la gauche française, est aveugle. C'est un reportage à la télé diffusé le 8 novembre 1978. Trois ans plus tard, au journal de 20 heures qui va enfin ouvrir les yeux d'une partie de la gauche, le reportage raconte l'histoire d'un rafiot rouillé, le rail Krang, qui erre depuis trois semaines en mer de Chine avec 2 000 564 réfugiés sud vietnamiens à son bord.

[00:04:53]

Il voulait les déposer en Malaisie, mais la Malaisie est saturée de réfugiés. La Malaisie n'en veut plus, alors le onguent fait des ronds dans l'eau avec plus de 2 000 personnes à bord depuis trois semaines.

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Ils sont ballottés par la houle brûlé par le soleil. Entassés sur le pont et dans les cales, avec la faim au ventre et la maladie, deux femmes qui ont accouché jeudi dernier sont trop faibles pour valider leur bébé. Un véritable calvaire pour ces fugitifs du Vietnam, parmi lesquels il y a 2260 enfants et 680 femmes, donc.

[00:05:26]

Ce reportage passe à la télé et dans la soirée, le téléphone sonne chez le docteur Kouchner. A l'époque, c'est un jeune gastro entérologue de 39 ans. Il a participé sept ans plus tôt à la création de Médecins sans frontières. Au bout du fil, un couple d'intellectuels les Bruyelle.

[00:05:44]

Bonsoir Jacques broyat. L'appareil par l'armée. Mais j'avais vu le reportage sur les réfugiés. Oui, oui, oui, je crois que tout le monde l'a vu.

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C'était terrible. Cela fait des mois qu'on essaye d'alerter sur la situation au Vietnam. On veut faire quelque chose, alors on a pensé fait vous? On a vu ce que vous avez fait au Liban, au Biafra, avec Médecins sans frontières. Vous êtes des nôtres? Oui, oui, bien entendu. Alors venez demain soir, on réunit des amis et donc, le lendemain, le docteur Kouchner débarque dans cette drôle de réunion.

[00:06:21]

Il y a des dissidences soviétiques, des Vietnamiens qui ont réussi à se réfugier en France. Des intellectuels comme le jeune philosophe Bernard-Henri Lévy. C'est lui d'ailleurs qui prend la parole le premier. Il faut frapper les esprits. Je ne sais pas pourquoi ne pas attaquer l'ambassade du Vietnam ici à Paris. Mais les réfugiés se noient. Ce n'est pas l'urgence, Bernard, on dit que la moitié de ceux qui partent n'arrivent jamais nulle part. Depuis soixante quinze ans, la France a accueilli 50.000 réfugiés.

[00:06:51]

Elle doit faire plus. Et si on y aller et si on y allait, si on envoyait un bateau là bas en mer de Chine pour les repêcher? C'est le docteur Kouchner qui vient de parler. C'est son idée affréter un bateau qui naviguera dans les eaux territoriales et porterait secours aux Vietnamiens.

[00:07:16]

Et très vite, les réunions s'enchaînent. Un comité, un bateau pour le Vietnam est créé et jour après jour, il reçoit le soutien de personnalités de tous bords, de droite bien sûr, mais aussi de gauche, de cette gauche qui a ouvert les yeux dans le salon enfumé où se tiennent les réunions. L'arrivée de personnalités nouvelles est accueillie par des applaudissements. Messieurs dames, Montand est avec nous. Il vient avec s'ignorer et on espère Bardot.

[00:07:45]

Je viens de voir Jean-Paul Sartre. Vous savez quoi? Ils signent sans aucune réserve.

[00:07:51]

Fantastique. Il nous faut plus de politique, à mon avis.

[00:07:55]

Pour le moment, on a que Michel Rocard chez les socialistes et Bernard Stasi pour lui. Mitterrand. Vous avez demandé à Mitterrand? Oui, Bernard-Henri Lévy l'a contacté. C'est non. Il vient de gagner les municipales. Il ne veut pas risquer de rater ses négociations avec le Parti communiste pour son programme commun. Et il n'y a pas que Mitterrand qui manque à l'appel, des philosophes qui comptent, comme Gilles Deleuze ou Régis Debray ne veulent pas en être non plus pour les mêmes raisons que le Parti communiste.

[00:08:29]

Ce sont des bourgeois qui fuient le Vietnam, ce n'est pas le peuple. Le raisonnement est tordu et il est totalement décomplexé, comme dans cette interview du rédacteur en chef du journal l'Humanité, René Andrieu, sur Europe1 avec Ivan Levaï. Vous savez qu'ils ont payé des trafiquants un million de francs pour partir? Je vous assure que le vietnamien moyen, qui gagne environ 20.000 francs par mois, a acquis un niveau de vie extrêmement bas, ne peut pas se payer un voyage de ce genre, c'est à dire que vous avez au Vietnam.

[00:09:03]

Mais quand on se noie parce qu'on quitte son pays, je crois que peu importe l'origine, son origine sociale.

[00:09:10]

En face, Bernard Kouchner, qui a coupé depuis longtemps les ponts avec les communistes, s'insurge Ce qui est fantastique avec le Parti communiste, c'est qu'il a même accepté que la dissidence soviétique.

[00:09:21]

Pourquoi pas? Il le reconnaît. Il parle à la télévision. Mais le Vietnam est le dernier bastion du Vietnam. Il ne faut pas se tromper, n'est ce pas, alors que ces gens là ont véritablement pour que des femmes et des enfants s'embarquent ainsi sur des cargos? Il faut quand même qu'il y ait quelque chose à fuir, n'est ce pas?

[00:09:36]

Le 22 novembre 78, Bernard Kouchner et le comédien chanteur Yves Montand lancent leur opération Un bateau pour le Vietnam au journal de 20 heures Chez quelque chose pour la première fois, qui n'est pas, on peut le dire, politisés au sens strict du mot, qui est quelque chose qui fait qu'on se trouve dans une situation qui est inacceptable, en tout cas, est inacceptable pour moi. Les gens meurent si on ne vient pas annéesde, ou encore 350 personnes qui se sont noyées d'affréter un bateau sur lequel on pourra recueillir ces gens qui viennent du Vietnam pour essayer de les secourir.

[00:10:19]

Sur le plateau du JT, Kouchner annonce que pour lancer le bateau, il lui faut 20 mille francs par jour. Alors, il donne une adresse à Jeune Vignier où on peut envoyer un chèque. Et il l'assure comme Médecins sans frontières sera de la partie. Mais en vérité, c'est loin d'être gagné à la réunion qui suit, les copains de MSF se révoltent. Le ralliement des vedettes a du mal à passer. Mais c'est quoi ce truc? Brigitte Bardot?

[00:10:52]

Vous allez sauver les bébés phoques et Louis Mariano? Ah, vous n'avez pas lu Louise Mariano? Votre bateau, c'est un dîner en ville. Ce n'est pas un sauvetage. Pourquoi est ce que vous ne prenez pas le France? Ah! Et c'est là que l'un des fondateurs de Médecins sans frontières, Xavier Emmanuelli, a inventé une expression qui restera et qui va coller aux basques de Kouchner. Pour le reste de sa vie, Bernard, c'est plus un bateau pour le Vietnam.

[00:11:20]

Truc, c'est un bateau pour Saint-Germain-des-Près. Et donc, Médecins sans frontières ne sera pas du voyage.

[00:11:28]

Et Kouchner, au passage, claque la porte de MSF qu'il a contribué à créer.

[00:11:37]

Mais toutes ses pérégrinations font perdre beaucoup de temps. Ça fait un mois que le comité Un bateau pour le Vietnam a été créé. Les dons ont commencé à arriver, mais il n'y a toujours pas de bateau. L'opération patine. C'est un témoignage venu du terrain qui va raviver le projet. Le philosophe André Glucksmann est allé avec sa femme Françoise en Malaisie. Il en rentre et là bas, il a découvert une mine, une toute petite île malaisienne de 1 kilomètre carré.

[00:12:06]

Pullo, bidon à trois heures de bateau de la capitale Kuala Lumpur. Un rocher couvert de jungle sur lequel le gouvernement malaisien entasse plus de trente mille boat people vietnamiens. Glucksmann est rentré avec une évidence c'est là qu'il faut aller. Il n'y a plus rien sur cette île.

[00:12:30]

Ils vivent entassés, les enfants se couchent le soir sur la plage, sur les excréments. Il n'y a pas d'hôpital, il n'y a pas de médicaments, rien. Et pourtant, il y a des médecins parmi les réfugiés. Il leur faut un hôpital. C'est insensé. Et si on leur apporte à l'hôpital? Tu veux dire sur un bateau? Oui, un navire hôpital, on va les soigner sur le bateau. Bernard Kouchner est emballé par l'idée. Bien sûr, ce n'est pas le même projet qu'avant.

[00:12:58]

On sauvera moins de vies qu'en parcourant la mer de Chine à la recherche de boat people. Mais c'est un beau projet. Et donc maintenant, il faut trouver d'urgence un bateau.

[00:13:12]

Ça y est, on l'a trouvé, le bateau.

[00:13:15]

Un armateur de Nouvelle Calédonie propose de mettre à disposition un navire, l'Ile de Lumière. Il faut dire que sa femme est vietnamienne. l'Île de Lumière est un cargo. C'est un caboteur de 85 mètres de long qui fait d'habitude la liaison entre Nouméa, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Mi avril, l'île de Lumière arrive dans le port de Singapour. C'est un beau bateau blanc. Le commandant est un Normand rond barbu, François Herblain. Et maintenant, il y a du boulot.

[00:13:45]

Il faut en faire un hôpital. Cinq médecins et une infirmière débarque de Paris avec tout le matériel et dans la chaleur moite du port de Singapour. Ils se mettent à aménager des cales. Ici, un bloc opératoire, là, une salle de radiologie, ici, un dortoir de Senlis et à l'avant, dans les cales réfrigérées, la morgue et le stockage des médicaments. 50 ouvrières chinoises cimentent les ballasts qui seront remplis d'eau potable.

[00:14:19]

Et le 19 avril 1979, au petit matin, l'île de Lumière arrive au large de l'îlot de Pullo Python. Ce minuscule îlot de Malaisie sur lequel s'entassent maintenant 34 mille réfugiés vietnamiens Kouchner et les autres ont sorti les jumelles. Et ce qu'ils aperçoivent au loin est absolument stupéfiant. On ne voit même plus le sable de la plage. Des milliers et des milliers de Vietnamiens s'entassent sur le rivage. Des familles entières et du bateau. On entend leur clameur. Et plus le bateau s'approche, plus on sent leur hauteur acre.

[00:15:00]

Bernard Kouchner se tourne vers ses compagnons et maintenant, on osera dire que nous nous sommes trompés.

[00:15:08]

Livre de lumières, Claude. Première équipe, Kouchner en tête. Accoste sur l'îlot. Les Vietnamiens brillent de joie. Ils s'appelaient dix semaines sur la plage.

[00:15:19]

L'arrivée du groupe est évidemment une émotion, une curiosité. Trévi, le bateau. On les attendait, on les espérait depuis des semaines. Les premiers réfugiés, en majorité des femmes et bébés, sont les premières victimes. Il y a eu une épidémie de rougeole, beaucoup de boulot bidon qui ne fait qu'un kilomètre carré.

[00:15:46]

La densité humaine y est incroyable.

[00:15:50]

Nous avons fait une maison en bambou en bois à la maison. Pour combien de personnes? L'eau est une personne, personne. Elle fait qu'elle surveille cette maison à pomper l'eau. McCarey. Ça fait un mètre carré par personne sur deux étages, parce qu'il y a. Le problème, c'est qu'il n'a pas de place à bilangue. Il n'y a pas de place, mais nous sommes heureux d'être installés ainsi puisque vivre avec les communistes.

[00:16:25]

Le problème majeur, c'est l'eau. l'Armée malaisienne ne livre de l'eau que deux fois par semaine, alors les réfugiés creusent le sable pour faire remonter de l'eau boueuse.

[00:16:34]

L'eau est très mal frappe. Elle est un peu jaunâtre, la couleur de la terre, la faire rester très longtemps et les poussières, la terre, même Chornet. Et puis, nous devons faire un fêterait à travers quelqu'un pour avoir l'eau. Et ils continuent d'arriver des bateaux tous les jours des miraculés. Un million de Vietnamiens seraient morts en mer de Chine, noyés dans la tempête, brûlés par le soleil ou tués par les pirates.

[00:17:16]

Les pirates sont l'enfer des boat people.

[00:17:18]

Ils se jettent sur les bateaux. Ils savent que les Vietnamiens ont emporté avec eux toutes leurs économies de lors qu'ils ont souvent cousu dans leurs vêtements.

[00:17:27]

Alors ils les dépôts jusqu'aux derniers grammes d'or et ils les abandonnent à leur sort. Et Bernard Kouchner rentre à Paris. Parce que maintenant, il lui faut de l'argent, il rentre pour mobiliser les donateurs.

[00:17:46]

Chaque jour nous apporte son lot de malades sélectionnés par les médecins vietnamiens qui comprennent Baloji. Absolument fantastique, c'est à dire des tuberculeux au stade presque terminal. Malheureusement, des fièvres typhoïde, des bronchites, des diarrhées extraordinaires, de la malnutrition chez les enfants et l'échec influe.

[00:18:04]

Et il n'y a pas que ça. Des dizaines d'autres journalistes que ceux d'Antenne 2 qui sont là depuis le départ veulent aller sur place. l'Ile de Lumière a réussi à braquer l'attention de l'Occident sur le sort des réfugiés de Pullo Bidan. Mais en juin, la Malaisie fait une annonce spectaculaire. Elle ne veut plus de Vietnamiens. Elle n'en veut plus quand elle veut les remettre à la mer, ce qui revient à les condamner à mort. Et l'équipe de l'Île de Lumière va profiter des caméras braquées sur elle pour lancer l'acte 2 de son opération.

[00:18:39]

Tenter de convaincre le gouvernement français d'accueillir tous ces gens en France, il faut convaincre Giscard d'Estaing.

[00:18:55]

Kouchner est donc rentré en France et il organise une grande sauterie à l'hôtel Lutétia, à Paris. Son idée est de mobiliser quelques grandes consciences pour faire plier Giscard. Le comédien chanteur Yves Montand est en première ligne.

[00:19:10]

Il est inadmissible. Shiste no 8. L'équipe, quand on ne savait pas. J'avais une excuse. Là, on se fait avoir eu pour effet de faire quelque chose. Nous avons envoyé ce bateau, nous. Nous, on avait quand même quelque chose dérisoire, mais on l'a fait. Rien du tout. Il y a des gens qui sont en train de crever. Ils vont essayer de sauver tout.

[00:19:37]

Yves Montand, c'est pas mal, mais Kouchner a deux autres cartes dans sa manche. Il a aussi fait venir le philosophe Raymond Aron, libéral de droite anticommuniste. Aron est parfaitement à sa place, mais ça n'est pas tout. Il attend un autre invité qui d'ailleurs, se fait un peu attendre Jean-Paul Sartre. Dix ans que le philosophe n'a pas parlé publiquement. Sartre a soixante treize ans. Il est quasiment aveugle. Lui et Raymond Aron sont fâchés depuis trente ans.

[00:20:09]

Si Kouchner parvient à les mobiliser côte à côte pour les boat people, d'abord, ça va faire une sacrée photo. Et Giscard ne pourra pas dire non.

[00:20:20]

Et d'ailleurs, voilà Jean-Paul Sartre qui arrive à la salle Féau la salle fait et Jean-Paul Sartre tend la main à Raymond Aron et la photo est là. Sartre, qui jusque là a apporté un soutien sans faille à tous les régimes communistes de la Terre, prend la parole.

[00:20:39]

J'ai toujours été ami des Vietnamiens et j'ai considéré que leur situation actuelle était épouvantable et qu'il fallait que les Anglais interviennent. Il ne s'agit pas de politique ici. Je vous dirais même que politiquement, on ne va pas chercher les opinions de ces hommes qui ont pu être contraires aux nôtres autrefois. Ils n'aiment pas le régime qui était établi, mais cela ne nous regarde pas. Regarde eux et des populations vietnamiennes sont désormais en danger mortel et ce sont OMS hommes. Faut secourir parce que ce sont des hommes.

[00:21:16]

Le ralliement de Jean-Paul Sartre à la cause de l'Ile de Lumière va beaucoup peser sur la suite. Le 26 juin 1979, Giscard invite le comité de l'Ile de Lumière à l'Elysée. Giscard hésite. Il s'adresse à Sartre. Et vous, qu'en pensez vous? Maître. Le premier des droits de l'homme. Monsieur le président, c'est le devoir pour certains d'aider les autres à vivre. Glucksmann prend le relais. Monsieur le président, il y a plus de 80.000 réfugiés en Malaisie.

[00:21:48]

Ils sont en train de tous les remettre à la mer. Si on ne fait rien, ils vont tous mourir.

[00:21:54]

Très bien, nous reprendrons 2000 sachant tout ce que l'Île de Lumière pourra ramener.

[00:22:07]

C'est un feu vert et dans la foulée, Jacques Chirac, maire de Paris, propose d'en accueillir deux mille de plus. François Mitterrand annonce que 20 mille places sont ouvertes dans les villes socialistes. La politique, toute la politique vient de basculer du côté des boat people. Enfin, l'île de Lumière, qui était jusque là bateau hôpital, va devenir ce que Kouchner rêvait d'en faire depuis le début. Un bateau de sauvetage, un bateau qui va repêcher les réfugiés refoulés par la Malaisie et les ramener en France.

[00:22:45]

En mer de Chine, les cargos, les pétroliers, tous les navires de commerce ont pour consigne de ne pas répondre aux appels de détresse des Vietnamiens. Alors les premiers à fouler le pont de l'île de Lumière se laissent tomber de joie, d'épuisement. Ils sont sauvés. Pendant des semaines et des mois, l'Ile de Lumière parcourt la mer de Chine. Il recueille à bord des grappes humaines épuisées mais sauvés. Et en France, où l'on se moquait encore il y a quelques mois de l'opération, L'accueil des réfugiés se prépare et le 10 juillet 79.

[00:23:25]

Trois avions en provenance de Malaisie atterrissent à Roissy. Le premier est affrété par le Secours catholique, le second par la Ville de Paris et le troisième par le Parti socialiste. Pour éviter le mélange d'Aéroports de Paris et l'arrivée de milliers de mineurs, l'Acura, les numéros et les numéros 4 accueil de la part des catholiques n'est pas la première fois que les organisateurs rappellent régulièrement accueille du côté de la mairie de Paris, l'état major des accueillir a a. Bernadette Chirac, maire de Paris, avait lui même regardé.

[00:24:17]

Et c'est là, dans le satellite numéro 1, que Bernadette Chirac repère une petite fille seule, en larmes. Elle s'appelle Anne Hidalgo et les Chirac accueilleront chez eux. L'épopée de l'Ile de Lumière va se poursuivre pendant des mois. La France accueillera au total 124 000 réfugiés vietnamiens.

[00:24:40]

Des centaines d'histoires disponibles auprès de centres d'écoute et surtout ottintoise.