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Henrotin Delatte raconte. Bonjour a tous, il y a pile sentend débuter l'affaire Landru Henri Désiré Landru, le plus célèbre des tueurs en série français. Son nom, rien que son nom, a une place à part dans notre imaginaire. Landru incarne ce qu'il y a de pire, ce qu'il y a de plus cruel, ce qu'il y a de plus fourbe. Il est le mal absolu. Il a inspiré des livres, des pièces de théâtre, des films pour la télévision, pour le cinéma, le plus célèbre étant probablement celui de Claude Chabrol, sorti en 1963, et Charles Treiner.

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Il a consacré toute une chanson Landru, Landru, Landru, vilain barbu aux enfants et séduit les mamans.

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Je vais donc vous raconter l'affaire Landru, la vraie, qui est certainement moins romanesque que le mythe, évidemment moins romanesque. On a brodé depuislongtemps et oubliez, par exemple, qu'il avait été condamné sans preuve. Une chose que je veux vous dire au juste avant de commencer pour bien situer le contexte, l'affaire Landru éclate au printemps 1918. La France est donc encore en guerre. La boucherie de 14 18 n'est pas encore terminée et ce qui est pour moi un sujet d'éternel étonnement, c'est qu'alors que cette guerre va faire civil, plus militaire plus de 18 millions de morts, on va quand même trouver le temps et l'énergie de s'intéresser aux onze victimes de Landru.

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On aurait pu dire au prix des morts en ce moment, on classe, on enterre. Eh bien, pas du tout. On enquête, on arrête, on condamne et on guillotine. Et au final, cent ans plus tard, on se souvient tout autant de Landru que de la Première Guerre mondiale. Étonnant. Alors, comme beaucoup d'affaires criminelles, l'affaire Landru commence par une disparition. Un soir de mai 10 918, le maire de Gambler, un petit village situé en lisière de la forêt de Rambouillet, dans les Yvelines, reçoit une drôle de lettre signée d'une demoiselle Lacoste.

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Elle s'inquiète pour sa sœur Célestine Buisson. Elle est sans nouvelles depuis 8 mois. Quel rapport avec Gambler? Eh bien, justement, elle le dit dans sa lettre Ma sœur n'a pas donné de nouvelles depuis septembre 1917, où elle est venue s'installer dans votre charmant village avec son fiancé, monsieur Frémiot. Elle dit qu'elle lui a écrit plusieurs fois et qu'elle n'a reçu aucune réponse. Et elle ajoute Nous, relations ayant toujours été des plus cordiales, j'en suis amené à penser que je rédige simplement une adresse incomplète ou fausse sur mes enveloppes.

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Voudriez vous avoir l'obligeance de m'indiquer la bonne adresse? En 1917, j'ai accompagné ma sœur et monsieur frémi à Gambler et je suis à même de vous désigner la maison sans erreur. C'est une villa éloignée du centre, au bord d'une route.

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Mr Frémi, Mr frémis, le maire a beau se gratter la tête, il ne connait aucun frais Miers à Gambler et il en est sûr et certain. En revanche, la grande maison éloignée du centre et au bord de la route, il voit très bien de quelle maison il s'agit. C'est la maison de Mr. Tric dont parle la dame.

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Dites moi, mademoiselle, la maison d'Autriche. Elle est louée et non. Oui, oui, oui, monsieur le maire. Elle est louée à un certain monsieur Dupont. Et là, le maire se dit. Mais j'ai déjà reçu une lettre semblable. Voyons donc où les chemises, mademoiselle ou avant nobis la lettre que nous avons reçues l'hiver dernier.

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Ces gens qui cherchaient une dame qui avait disparu. Je vous la porte, monsieur le maire, et le maire prend alors une initiative qui va changer le cours de cette histoire. Il prend sa plus belle plume et il l'écrit à Mlle Lacoste. Mademoiselle, je tiens à vous signaler à toutes fins utiles que j'ai déjà reçu une lettre semblable d'une famille Pelet me demandant des renseignements de même nature au sujet d'une dame Collon dont je ne connais pas non plus l'existence à Gambler.

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Peut être auriez vous l'avantage à vous mettre en rapport avec cette famille dont je joins l'adresse à ma lettre en espérant que vous trouverez dans cette démarche quelques motifs d'apaisement. Je vous prie d'agréer, mademoiselle, l'expression de mes sentiments dévoués et républicain. Quand elle reçoit la lettre que fait Amélie Lacoste, elle écrit tout de suite à la famille Peley et il se rencontre, figurez vous. Et chacun décrit à l'autre le fiancé de sa chère disparue. Le nôtre? Le fiancé de ma sœur Freigné.

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Il est dégarni, avec une barbe en pointe et les yeux enfoncés qui paraissent regarder de travers.

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Carlos. C'est tout pareil. Il a le crâne dégarni et il a une barbe en pointe et des yeux foncés. Et vous avez raison de dire qu'il regarde de travers. C'est très bien dit.

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Les deux familles, manifestement, parlent du même homme et chacune d'une jeune femme qui n'a donné aucune nouvelle depuis des mois, donc elles vont ensemble porter plainte et c'est comme ça que commence l'affaire Landru européen. On raconte. Elle porte plainte à Paris auprès de la police et un inspecteur. L'inspecteur Adam débute une petite enquête et puis assez vite, il se rend compte qu'il va falloir qu'il aille sur place à Gambler, à 80 kilomètres au moins de Paris, à cheval avec tout le dérangement que causent la guerre.

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Et l'inspecteur Adam fait passer le dossier au gendarme du coin. Et trois jours plus tard, un gendarme à cheval. Le gendarme Jules Leiber débarque à Gambler en uniforme. Autant vous dire qu'il ne passe pas inaperçu.

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Alors, par où commencer? Vous vous souvenez que Mademoiselle Lacoste, qui est sans nouvelles de sa soeur, a raconté qu'elle est allée sur place chez son fiancé et qu'elle est capable de décrire la maison, une grande maison éloignée du centre, au bord de la route? Le maire dit qu'il n'y a qu'une maison qui corresponde à la maison de M. Treks. Alors, le gendarme va tout droit clopin clopant chez Monsieur Tric et M. Audric. C'est un ancienne entrepreneur de travaux publics, tout en rondeur et riche.

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Il n'habite pas là, mais il est là.

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Bonjour monsieur! Êtes vous le propriétaire lui même? Oui. En quoi puis je vous être utile? Je cherche à savoir qui occupe cette maison. Ce n'est pas moi. J'en suis le propriétaire, mais je la loue. Acquis à monsieur Dupont, mais je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu. C'est le cordonnier du village, Mr. Valet, qui a conclu l'affaire. Pour moi, il n'est pas là. Quoiqu'il en soit, j'en profité pour faire le tour du propriétaire.

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Justement, le gendarme file donc chez le cordonnier valet.

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Du bon. Je ne connais pas trop bien, je ne l'ai pas vu plus de trois fois. En tout cas, ce gars là, ça m'a l'air d'être sacré durant. Toujours en bonne compagnie. Le gendarme se lance alors dans un porte à porte dans le village et tout le monde lui dit à peu près la même chose. Le barbu là bas, vous savez, on ne voit presque pas. On voit encore sa compagne. Elles mettent jamais les pieds dans la rue.

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Le gendarme apprend aussi que ce monsieur Dupont a dit à plusieurs reprises qu'il habitait à Rouen, rue Darnétal. Alors il fait passer le message aux gendarmes de Rouen. Pas de Dupont à l'adresse indiquée. Ça devient compliqué. Et d'ailleurs, c'est exactement la conclusion à laquelle arrive le procureur. C'est trop compliqué pour le gendarme Ebbers sur son cheval. Et donc, retour du bébé dans le giron de la police. L'enquête est confiée au commissaire d'autels de la Sûreté qui, évidemment, ne sait pas qu'il vient de récupérer la plus belle affaire de toute sa carrière, celle qui le rendra célèbre pour l'éternité.

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Et en plus, il va avoir de la chance. Le commissaire d'Hotel quelques jours après qu'on lui ait refilé le dossier. Un matin, il reçoit un coup de fil à son bureau. C'est terminé. Il est décidé que le commissaire était en train de flâner dans un magasin de porcelaine, rue de Rivoli à Paris, au rayon faïence. Je l'ai vu. Vous vous rendez compte, monsieur le commissaire? Je l'ai vu. Le fiancé de ma sœur était là avec un passager.

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Mon chapeau melon. Je la connais tout de suite. C'était il y a cinq minutes. Elle est sortie tout de suite pour appeler d'un café voisin, donc c'est jouable. Le commissaire d'autels saute dans sa voiture et fonce sur place. Mais l'homme n'est plus là. En revanche, il a fait des achats et il a demandé qu'on les lui livre chez lui. Il a donc laissé un nom et une adresse. Monsieur Lucien Guillier, ingénieur, 76, rue de Rochechouart.

[00:10:25]

D'autels prend deux inspecteurs et il file sur place.

[00:10:31]

Il tombe sur la concierge Julie Gayet.

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Il n'est pas là et il est parti en voyage. Le commissaire d'hôtel rentre alors à son bureau avec un truc qui lui trotte dans la tête Guié Guié Guié, ça lui dit quelque chose. Et d'ailleurs, le non l'avait déjà accroché tout à l'heure au magasin de porcelaine. Il se met alors à fouiller le bulletin de police criminelle. C'est comme ça qu'on appelait à l'époque le fichier. Et il tombe sur un certain Henri Désiré Landru, dit Guillier, 51 ans, recherché pour escroquerie.

[00:11:11]

Et là, d'un coup, tout s'éclaire. Frémy, du pont Guillier, ne sont sans doute qu'une seule et même personne dont le vrai nom est Landru Henri Désiré Landru. C'est lui qu'il faut trouver maintenant dans tel poste. Deux inspecteurs devant le 76, rue Rochechouart. Il finira bien par rentrer.

[00:11:40]

La planque dure comme ça une semaine et puis un soir tard, le voilà qui s'approche. Seulement voilà, il est minuit passé et la loi interdit les arrestations après minuit. Donc, ce sera pour demain matin, à l'aube. Le lendemain, à 7 heures et demie pétantes, d'autels et ses hommes pénètrent dans l'immeuble. Ils montent au troisième étage. Sur la porte, une carte de visite, indique Lucien Guillier, ingénieur.

[00:12:12]

C'est une jeune femme blonde qui l'oronte et les policiers s'engouffrent dans l'appartement. Et ils tombent sur Landru. Il n'a pas ouvert la bouche qu'il a déjà les menottes aux poignets. Mais juste après, ils se mettent à jouer les outragés.

[00:12:27]

Chacun une violation de domicile. Quand vous faites est absolument illégal, calmez vous, monsieur Landru, vous allez devoir nous suivre. Et vous aussi, mademoiselle, vous venez avec nous, on vous embarque.

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La jeune blonde présente des papiers au nom de Fernande, s'égrainent. Elle a 26 ans, elle est célibataire. Les deux tourtereaux sont donc embarqués dans une voiture. Direction le siège de la brigade mobile, près de la Madeleine. Elle ne sait pas encore qui il vient d'arrêter. Dans quelques secondes, il va la voir. Face à lui, dans son bureau, et il va commencer à écrire l'une des pages les plus célèbres de l'histoire criminelle. Henrotin Delettrez compte.

[00:13:19]

Commencez par vider vos poches svp. Je ne m'appelle pas Landru, je m'appelle Guillier, Lúcia, Guilliers. Nous verrons, monsieur, nous verrons alors qu'avons nous? Eh bien, pas grand chose, un peu de monnaie, un mouchoir, un petit calepin de toile cirée et un curieux agenda dont les pages sont remplies d'une petite écriture serrée. Il faudra prendre le temps de le lire et à part ça, le type est coriace. Il maintient qu'il s'appelle Lucien Guilliers.

[00:13:52]

Il dit qu'il est né le 18 septembre 1874 à Rocroi, dans les Ardennes. Et à part ça, il ne dit rien si c'est n'avoue pas dans les 24 heures. Il va falloir le relâcher. Dans la pièce d'à côté, le commissaire d'autels s'intéresse maintenant à la maîtresse, la jolie blonde Fernande Séguret. Ses papiers sont en règle. Elle est inconnue des services de police et pour ce qui est de son amant, elle dit qu'il n'a jamais été violent avec elle, bien au contraire.

[00:14:26]

Bref, il n'y a rien à en tirer. Heureusement, pendant ce temps là, un policier a eu la curiosité d'ouvrir le calepin et l'agenda retrouvé dans ses poches. Dans le premier, il y a des chiffres, une sorte de comptabilité. On dirait que le type inscrit là dessus. Toutes ces dépenses et toutes ces recettes, même les plus infimes. l'Agenda est beaucoup plus intéressant. Il contient une liste impressionnante de noms des noms de femmes. Le policier la parcourt du doigt et il s'arrête sur deux noms.

[00:15:02]

Deux noms qu'il connaît. Anne Colon et Célestine Buisson. Ce sont les deux filles qui ont disparu à Gambler. Mais qu'est ce que c'est que cette liste? Et si les d'OFI qu'on recherche sont dans cette liste? Est ce que ce serait? Est ce que ce serait une liste de femmes qui a tué? Le flic tout de suite, prévient le commissaire d'autels. Auquel cas, on fait perquisitionner chez lui. Dans l'appartement de la rue Rochechouart, les policiers trouvent beaucoup de paperasse.

[00:15:38]

Des lettres, des factures, des notes. Et au milieu, ô divine surprise, un permis de conduire au nom de Landru. L'oiseau ne pourra plus dire qu'il s'appelle qui est. Et voilà aussi un contrat de location pour une remise à Clichy, toujours au nom de Londres.

[00:16:00]

Entretemps, D'autels s'est fait remonter le casier judiciaire du monsieur Landru et fiché depuis 10 904 pour au moins quatre condamnations pour escroquerie. Il n'a jamais été arrêté et il est donc en cavale. Excellente nouvelle. On va donc pouvoir prolonger sa garde à vue. Alors, Monsieur Landru, et là d'autels lui balance le permis de conduire sur la table et Landru est bien obligé de capituler. Entendu. Je suis bien horie des événements de rue, née le 12 avril 1869, et je me doute bien que la police mes recherches, mais je n'ai rien à voir avec votre histoire.

[00:16:42]

Vous savez pourquoi j'ai essayé de dissimuler mon identité. Je suis un escroc et vous le savez aussi. Mais à vous de prouver que je suis un assassin. Et si nous parlions de cette liste de noms de femmes, Monsieur Hollande, rue. Eh bien, ce sont des clientes. Je suis brocanteur et j'achète et je revends des meubles que je stocke d'ailleurs dans mon entrepôt de Clichy. Ce sont des clientes.

[00:17:09]

Ras le Barbies, barbichette et retors à cette coriace. La deuxième journée de garde à vue Ecoles et d'autels n'en tirent rien de plus. Son bras droit, l'inspecteur Belin, dira plus tard C'est un moment pénible pour un policier que celui où il doit abandonner au juge d'instruction un individu qu'il croit coupable et qui n'a pas encore avoué tout ce qu'il attend de lui. Il ne reste que quelques heures de garde à vue dont elle décide alors d'emmener Landru dans sa maison de gambler.

[00:17:40]

Il se dit qu'avec un peu de chance, ça va faire une sorte de déclic.

[00:17:47]

Alors, cette maison m'a vu dehors. C'est une belle maison bourgeoise, mais à l'intérieur, ça, c'est une autre histoire. Les pièces sont quasiment vides, à part quelques vieux meubles dépareillés, et il y règne un fichu désordre. Alors, qu'est ce qu'on va pouvoir lui mettre sous le nez pour le faire réagir? Un policier aperçoit un petit qu'Onfray, une sorte de coffre à bijoux. Il le ramasse. Dessus sont inscrites deux initiales c. L. Comme Célestine, Lacoste et Dossou.

[00:18:24]

Il y a une petite étiquette qui indique, bâillonne et il se trouve que c'est dans cette charmante cité qu'est née Célestine. C'est ballot. Monsieur Landru? Eh bien non. Non, il ne comprend pas et il n'a rien à dire.

[00:18:43]

Bon, il est donc temps de le conduire devant le procureur, demande à lui de prendre la suite quand l'inspecteur Bolin lui remet Landru et lui glisse à l'oreille. Le procureur. Je viens de vous confier le plus grand criminel du siècle. Il a du nez. L'inspecteur Bolin, mais c'est parce qu'il sait maintenant ce que signifie la liste du carnet. Tenez, prenez par exemple cette page Kushner idem, Crozatier, Ave, Barbelées, Jaume, Paskal et Marche à pied.

[00:19:21]

C'est pas très dur à déchiffrer Crusher, CJAD, Kushner. Elle a disparu et idem. C'est sans doute son fils qui a disparu en même temps. Crozatier, Crozatier, c'est le nom de la rue où habitait Marie Angélique, qui a disparu elle aussi. Et Havre. C'est là qu'est née Berte et dont on est aussi sans nouvelles. Comme les quatre autres femmes qui suivent André Barbelées, Louis et Joséphine, Jaume, Annette, Pascal et Marie-Thérèse marchÃ.

[00:19:51]

Elles sont toutes parties de chez elles un jour en disant qu'elles allaient se marier et elles ont toutes disparu. Et là, je vous ai donné huit noms, mais il y en a des pages et des pages. Vous voulez savoir combien? Deux cent quatre vingt trois noms au total, dont elle a bien essayé de lui fourrer le carnet sous le nez pendant cet interrogatoire. Et ça, monsieur Landru? Vous en dites quoi à. L'autre s'est contenté de sourire.

[00:20:24]

Monsieur le commissaire, vous me permettrez quand même de trouver curieux que l'on veuille absolument me coller sur le dos. Le meurtre de quelques personnes avec qui, je l'avoue, j'ai eu quelques aventures et qui ont disparu alors que d'autres que j'ai également connues sont venus se présenter à vous. N'est ce pas?

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Et ça, c'est vrai depuis que la presse est au parfum de l'arrestation de Landru. Pas un jour ne passe sans que des femmes écrivent au juge pour lui dire qu'elles sont prêtes à témoigner contre lui. Mais de fait, elles sont vivantes et c'est un argument pour lui. La presse de l'époque, je dois vous le dire, se régale de cette histoire c'est le petit Journal qui a une longue tradition dans le fait divers qui en parle.

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Le premier importante arrestation à Montmartre, la première brigade mobile, a arrêté hier à Paris, en plein Montmartre, grâce à des dénonciations anonymes. Un individu très élégamment vêtu, presque complètement chauve, mais portant une abondante barbe noire. Cet homme qui avait mis croîtront la science de l'hypnotisme au service de ses mauvais instincts, était recherché par plus de dix parquets de tous les points de France. Le lendemain, nouvel article du Petit Journal avec ce titre choc et faux Landru inculpé de dix assassinats et dans la foulée, c'est la surenchère Landru le tueur de femmes, Landru, le barbe bleue de gamblers.

[00:21:59]

La Presse, pour tout dire, se régale d'autant plus de cette histoire qu'elle lui permet de se distraire un peu du traité de Versailles qui vient de signer la fin de la Première Guerre mondiale. Il reste à savoir qui est ce Landru? EUROPE1, On raconte! Alors, qui est ce monsieur Landru que l'on soupçonne d'avoir tué des femmes, possiblement de 183 femmes, en attendant d'éventuels aveux? L'enquête de la Sûreté tente de reconstituer son curriculum vitae.

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D'abord, à la base, Landru est un prolo. Son père était chauffeur et sa mère couturière. Il a grandi dans le quartier de Belleville, à Paris. Gruppo Ebla, qui a changé de nom et qui s'appelle aujourd'hui rue Simon Bolivar. Enfance heureuse, d'après ce qu'on croit savoir. Scolarité chez les frères de la rue de Breton Villiers. Bon élève, brillant en dessin et en mathématiques. Et à côté de ça? Enfant de chœur à l'église Saint-Louis, en l'île et même à un moment, sous diacre.

[00:23:08]

Et là, on a envisagé qu'il devienne prêtre, qu'il entre au Séminaire. Mais devenir prêtre suppose la chasteté. Or, le jeune Landru s'intéresse très tôt aux femmes. Enfin, pour l'instant à une femme, Marie-Catherine, que sa mère a eu la bonne idée d'héberger chez elle. Il a 18 ans et il en est raide dingue amoureux.

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Et un jour, à la sortie de la messe, il va la voir et il le lui dit. Et il promet de l'épouser dès qu'il aura fait son service militaire. Le service militaire à l'époque, c'est trois ans qu'il part faire au 87ème régiment d'infanterie de Saint-Quentin. Mais les deux tourtereaux n'attendent pas le mariage pour faire craques et Marie-Catherine lui annonce qu'elle est enceinte. Et donc ils se marient. Et c'est une fille. Ils l'appellent Marie Henriette. Après son service, Landru, qui n'a pas fait d'études, devient commis d'architecte, puis comptable, puis employé de commerce, puis cartographe, manufacturier, couvreur, plombier, mécanicien.

[00:24:16]

Landru change de métier tous les quatre matins. Ces temps instable. Après Marie-Henriette Viento, deuxième enfant, puis en troisième. Et quand arrive le quatrième, le couple commence à avoir des problèmes d'argent. Et c'est à ce moment là que Landru bascule dans les escroqueries pour faire bouillir la marmite. Et il faut que je vous raconte sa première escroquerie parce que l'homme est vraiment rusé.

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Il prétend avoir inventé une bicyclette à pétrole et il se propose de la commercialiser dans toute la France. Alors il lance une grande campagne de publicité nationale qui spécifie que toute commande doit être accompagnée d'un mandat représentant un tiers du prêt. Vous devinez la suite. Il encaisse l'argent, beaucoup d'argent et il disparaît sans jamais avoir livré la moindre bicyclette à pétrole. Il n'a jamais eu autant d'argent. Les gens, bien entendu, se plaignent et il est arrêté, condamné pour escroquerie à trois ans de prison et 500 francs d'amende.

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C'est là que, pour échapper à la prison, il change de nom une première fois et il enchaîne avec une nouvelle escroquerie et une nouvelle condamnation. Et là, là, il va en prison. Pensez vous que ça le calme? Pas du tout, car c'est depuis sa prison qu'il invente encore une escroquerie. L'idée lui vient en lisant un journal de petites annonces. Dans sa cellule, des veuves tentent de se recaser. Elles seront sa prochaine cible. Dès qu'il sort de prison, il publie une annonce dans L'Écho du Nord.

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Paul Morel, 40 ans, industriel à Amiens, recherche l'âme sœur et une femme mord à l'hameçon. Elle s'appelle Jeanne, isolerait et d'entré. Il lui promet le mariage. Et en attendant, il lui soutire 10.000 francs. Et il disparaît. La dame porte plainte. Retour en prison. Landru en ressort. À la fin de l'année 1912, il replonge tout de suite sans changer de technique. Il s'intéresse toujours aux veuves et il les appâte une fois de plus avec des petites annonces.

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Monsieur Sérieux désire se marier avec veuves ou incomprises de 35 45 ans. Vous apprécierez ce clin d'oeil aux incomprises et quelques jours avant que n'éclate la guerre de 14. Une dame, Jeanne Kushner, mord à nouveau à l'hameçon. C'est son nom qui est en haut de la liste. Dans le petit carnet de Landru, elle est sa première victime. Elle a 34 ans. Elle vit seule avec son fils de 17 ans, André. Elle lit tous les jours les annonces matrimoniales et elle répond à son annonce.

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Et Landru, qui se fait appeler à cette époque, Raymond Dillard, lui fixe rendez vous dans les jardins du Luxembourg.

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Très chère madame, je suis très honoré que vous ayez répondu à mon annonce viendriez vous avez votre fils dans ma maison de Vernouillet? Mais bien entendu, avec un immense plaisir. Le Salongo sait bien y faire et on ne reverra ni Jeanne couchaient, ni son fils sombraient. Un peu plus tard, c'est une Thérèse Thérèse Laborde l'Inn, une veuve de 46 ans, qui prend le même chemin. Et puis Marie-Angélique Ghilas, une gouvernante de 52 ans. Elle est aussi invitée à Vernouillet et elle aussi disparaît.

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Et après Landru ou la fameuse maison de Camber où il invite Berte, Anne, André, Célestine, Louise, Anne-Marie et Marie-Thérèse qui disparaissent à leur tour. Et les autres noms de la liste ont elles disparu elles aussi? Les 283? Eh bien non. La plupart d'entre elles sont vivantes.

[00:28:24]

Les policiers de la Sûreté mettent un peu de temps à les retrouver, mais elles sont vivantes et toutes racontent la même chose. Elles ont répondu à ces annonces et le commissaire arrive à la conclusion que s'il ne les a pas égoutiers, c'est sans doute parce qu'elles n'étaient pas assez riches. Parce que c'était ça, son mobile. C'était l'argent. Elles n'étaient pas assez riches et pas assez naïves, et sans doute trop protégées par leur entourage.

[00:28:52]

A la fin de son enquête d'autels, s'arrête finalement sur une liste de onze victimes. Alors, où sont elles passées? Parce que c'est une chose d'envisager qu'elle a été tuée. Mais encore faut il le prouver.

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On fouille donc de fond en comble les deux maisons de Vernouillet et de Gambler, et la pêche est forte, intéressante. On y trouve des cendres dans la cheminée et surtout dans la cuisinière. Ces cendres, on les tamise et apparaissent d'abord des morceaux d'os environ 4 kilos de débris d'os brûlés que l'on confie à un médecin légiste qui tente de reconstituer le puzzle. Selon ses conclusions, il y a là des morceaux qui proviennent d'au moins trois têtes si différentes et 5 pieds différents.

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Le tamis fait aussi apparaître des dents quarante sept dans différentes. Et enfin, on trouve dans les cendres tout un tas de choses qui n'ont pas brûlé des baleines de corset, des boutons, des épingles, des broches. Et enfin, pour prouver qu'il est possible de faire disparaître des corps en les brûlant dans cette cuisinière d'hôtel, va chercher chez le boucher une tête de mouton et un gigot. Et ils les mettent à brûler dans la cuisinière de la maison à gambler.

[00:30:15]

Et ils prouvent ainsi que la graisse entretient la flamme et permet de réduire une tête de mouton en poudre noire. Quelques zoos.

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Bah voilà, voilà un dossier bien ficelé. L'instruction a duré un peu plus de deux ans. Il ne reste plus qu'à juger M. Henrotin de la raconte.

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Le procès de Henri Désiré Landru, qui a maintenant 50 ans. S'ouvre le 7 novembre 1921 devant la cour d'assises de Versailles. La salle d'audience est pleine à craquer. Le Tout-Paris se presse pour assister au procès du chef. C'était comme ça à l'époque. On allait au spectacle de la cour d'assises. On aperçoit la princesse Hélène de Grèce, la petite fille du prince de Monaco, l'ambassadeur de Chine et aussi la romancière Colette, l'acteur Raimu et la star du music hall Mistinguett.

[00:31:15]

Falbala, la cuisinière de la maison de Gambetta.

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Et posée au beau milieu du prétoire, une petite porte s'ouvre sur le côté droit du tribunal et entre deux gendarmes. Et voici Landru. Le journaliste en Ribeiro écrit alors Un crâne chauve fait une tache blanche devant un mur vert. Les épaules suivent, courbées, molles, secouées d'un frisson. L'homme est là, debout, chancelant, aveuglé grâce à l'artifice du coiffeur. Le Barbe bleue montre un visage correctement encadré, d'un poil bien jardiné. On le croyait brun.

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Il est blond, le teint rose, crème vers les temps.

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La seule lecture de l'acte d'accusation dure trois heures et lui? Pendant ce temps là, comment est ce qui réagit? Et bien honnêtement. Il n'a pas l'air concerné. Il sourit même quand il entend le greffier évoquer ses 283 conquêtes. Satisfaction de Don Juan? D'autant que cette longue liste de femmes et son argument numéro 1, puisque la plupart de ces femmes sont vivantes et que la police a pu les interroger. Il n'y a pas de raison que les 11 autres ne réapparaissent pas un jour ou l'autre.

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C'est son argument. Et les Haussman, alors qu'on a retrouvé dans la cuisinière, ce sont des ossements d'animaux. Voilà tout. Et donc, d'entrée, Landru joue les innocents, outragé, comme il l'a fait devant le juge, devant le procureur et devant le commissaire d'hôtel.

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Je suis un homme qui défend sa tête. J'ai pu faire des bêtises dans ma vie, mais je n'ai pas de sang sur les mains. L'une de ses phrases restera célèbre J'ai fait disparaître quelqu'un. Eh bien ça alors si vous croyez ce que racontent les journaux. On fait venir à la barre des psychiatres pour juger de son état mental. Ils disent tous qu'il est responsable de ses actes. On fait aussi venir des voisins de la maison de Vernouillet et de la maison de gambler.

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Est ce qu'ils ont senti quelque chose, une odeur? Oui, enfin, nous aurons enfin un peu. Bref, rien de pressé. La parole est aux avocats de la partie civile. Maître Surcouf représente la famille Kushner. Ils plaident en premier et ils s'adressent directement à Landru. Je n'ai pas à savoir. Si vous avez étranglé Landru Ciliés, dépecer ou brûler vos victimes. Mais quelles qu'aient été leur genre de mort, vous êtes comptable de ces femmes.

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Vous les avez conduites à l'abattoir. Ensuite, l'avocat général Joffroy en rajoute une couche son réquisitoire durant toute une après midi, Landru n'a pas eu pitié de ses victimes. Pourquoi aurait on pour lui une commisération quelconque? La mort là bas, croyez moi, c'est le seul châtiment en rapport avec d'aussi grand crime. Est ce suffisant pour expier? Il faut bien dresser la guillotine quand elle devient indispensable à la sécurité publique. Messieurs les jurés, je vous en conjure, n'hésitez pas frapper sans faiblesse.

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Cet assassin n'a pas d'excuse. Landru demeurera dans les annales du crime. L'assassin de onze créatures humaines qu'il a tué pour les voler. Je vous le dis, messieurs les jurés, je vous adjure de faire votre devoir dans toute son inexorable vigueur, dans toute son implacable justice.

[00:34:59]

Que va pouvoir dire l'avocat de Londres pour le défendre? Il a choisi une star de l'époque, maître de Moro Giafferi, qui choisit de plaider le doute. Et si Landru était innocent? Et c'est l'une des disparues ou plusieurs refaisait surface. Maître de Moroder, Ferry va jouer un coup durant ce procès. Un coup qui est resté célèbre, l'un des plus beaux coups d'avocats de toute l'histoire. Écoutez le. C'est du grand art. Mampuya, n'est ce pas?

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Il est accusé d'avoir fait disparaître onze femmes sans aucune preuve. Mesdames et messieurs ces femmes, les voici. Et à ce moment là, d'un coup d'un seul. Toute la cour d'assises se met à regarder vers la porte et Moro Giafferi de triompher, pourvoyait. Je vous ai vu tous tourner la tête.

[00:35:55]

Vous voyez que vous êtes saisis par le doute pour croire qu'une femme que mon client est accusée d'avoir assassiné peut entrer par cette porte toute.

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Et il poursuit lorsque monsieur l'avocat général a évoqué devant lui l'image de la guillotine et de son couperet. Avez vous remarqué le regard de cet homme et si vous l'avez fait, vous avez dû vous dire que ça n'était pas une attitude cynique qui l'observait, mais celle d'un individu à qui tout est devenu indifférent. Il avait le regard de la bête blessée qui affiche le mépris de la mort. Extraordinaire plaidoirie. Moroder a very puisaient. Il est rincé, il va s'asseoir sur son banc et en passant, il se penche à l'oreille de Landru.

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Tu courages Landru? Du courage? C'est mauvais, c'est très mauvais. Enfin, comme c'est d'usage, le président demandera à Landru s'il souhaite ajouter quelque chose. Oui, monsieur le Président, Monsieur l'avocat général, et je l'en remercie, a bien voulu reconnaitre que si j'avais des vices et aucune vertu, il restait cependant en moi un sentiment noble. Celui de la famille et du foyer. Il a reconnu que j'avais l'amour de mes enfants et de mon chez moi bien au nom de ce seul sentiment honorable qui m'est reconnu.

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J'affirme que je n'ai tué. Personne. À 18h40, le jury se retire pour délibérer. Les jurés regagnent leur banc. Le président se lève aux 48 questions posées aux jurés. Les jurés à la majorité absolue ont répondu oui en conséquence. Monsieur Henri Désiré Landru, vous êtes condamnés à la peine capitale. L'avocat de Landru tente un pourvoi en cassation rejeté, il essaye d'obtenir une grâce du président de la République, Alexandre Millerand. Il refuse. Et donc, le 25 février 1922, à 5 heures 25 du matin, on va chercher Landru dans sa cellule de la prison de Versailles.

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Il refuse tout. La messe qu'on lui propose, le verre de rhum qu'on lui tend et la dernière cigarette. Le procureur lui demande à nouveau s'il n'a pas une révélation à faire avant son exécution. Des aveux, peut être. Je suis un homme qui va mourir. Je n'appartiens plus à ce monde. Alors, je ne répondrai pas à cette demande que je suis en droit de trouver injurieuse. Landru se tourna ensuite vers son avocat. J'emporte mon secret, maître.

[00:38:59]

C'est mon petit bagage. Ce seront ses derniers mots la guillotine a été dressée dehors, sur la place des tribunaux. Le bourreau est là. Il s'appelle Anatole déblaient.

[00:39:14]

Le journaliste André Salmon raconte La porte noire s'ouvre à deux battants. Le voici précédé du bourreau et flanqué de ses aides. Son cou est nu, le col de sa chemise blanche largement échancrée, mais le ciseau de Blair lui a laissé sa fameuse barbe. Il est très pâle, mais il ne flanche pas, tout le maigre petit corps étendu jusqu'aux lèvres, même bandé comme une corde d'arc. Landru, que l'aumônier a suivi jusqu'au seuil, regarde franchement la guillotine.

[00:39:48]

Il a franchi d'omettre. Il s'est arrêté. Ses yeux brillent une dernière fois de cet éclat qui laisse incertain les meilleurs psychologues. On le saisit. Il est précipité sur la bascule. Mais le maigre Landru est si léger que, malgré la poussée, le poids du corps ne fait pas jouer automatiquement l'appareil. Une seconde au moins. C'est cool. Mais le bourreau ne perd pas de l'œil sa manette. Le couperet Honshū. Le bruit, ce bruit terrible, unique, du lourd couteau déclenché à temps vue.

[00:40:19]

Seulement, peut on l'affirmer en un éclair, tout est terminé. Il est 6 heures et 4 minutes et Landru est mort, emportant avec lui ses secrets.