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Raconte Christophe Hondelatte. Bonjour a tous, je vais vous raconter aujourd'hui une affaire à double détente, deux affaires en une. En vérité, c'est une histoire qui se déroule à la fin des années 90 et au début des années 2000 en Corrèze, dans la région Eggleton. Au début, c'est l'histoire d'un homme qui tue des chiens 144 chiens morts et après, c'est un assassinat. Et tout ça, bien sûr, est lié. Et comme c'est une histoire très longue, assez complexe, pas de débriefing aujourd'hui.

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Uniquement une longue histoire que j'ai écrite avec Thomas Odoi. Réalisation Céline Debras.

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Christophe Hondelatte. J'aurais pu commencer cette histoire au début, à son vrai début, quand, en 1998, dans la région de Eggleton, en Corrèze, des dizaines et des dizaines de chiens meurent les uns après les autres, qui se mettent à baver, à vomir. Ils y passent tous. C'est le vrai début de cette histoire. Et moi, à la mort d'un chien, ça me suffit pour considérer que l'affaire est grave. J'aime les chiens comme des frères de l'humanité, mais je sais que tout le monde n'est pas du même avis.

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HondelaJe sais que certains pensent qu'un chien Sheitan, un chien, a perdu 10 de retrouvés, alors je me suis dit Si tu leur raconte une histoire d'un type qui tue des chiens, la moitié va décrocher un gars qui tue les clébard. Moi, ça ne m'intéresse pas. OK, on ne sera pas d'accord là dessus, mais c'est pas grave, il vous faut un cadavre, un cadavre d'humain et c'en est un aussi dans cette histoire. Mais c'est longtemps après.

[00:01:52]

Cette histoire de chien s'habillaient, bien sûr. Et c'est ce cadavre, évidemment, qui va donner à cette affaire tout son retentissement. S'il n'y avait que les chiens dans cette histoire, c'est vrai, je ne serais pas là à vous la raconter.

[00:02:14]

Le 25 août 2004, Fernand, qui habite la chapelle Espinasse, en Corrèze, se rend chez son cousin Marius Lac. Il essaye de l'appeler depuis la veille. L'autre ne répond pas. Marieuse. Marieuse, il fait le tour de la maison. Il pousse la porte d'une dépendance et trouve marieuse sur le sol, en short et en T-shirt dans une mare de sang. Le corps en partie recouvert par une brouette retournée. Il appelle les gendarmes. Celui qui a tué Marius est un sauvage, il s'est acharné sur lui et lui a donné des coups sur la tête.

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BIM, bim, bim! Et ils ont dû se battre parce que la montre de Marius est brisée et ses sandales sont à l'autre bout de la pièce. Un juge d'instruction est nommé et il examine les pistes. Il n'y en a pas 36. La première qui vient à l'esprit, c'est celle du cambrioleur du rôdeur. Mais bon, on fait le tour de la maison. On n'a rien volé. La deuxième piste est aussi vite refermée. Marius Lac est divorcé.

[00:03:32]

Une vengeance passionnelle?

[00:03:34]

Non, ça ne tient pas. La seule piste qui tienne est liée à son passé. Car Marius Lac, figurez vous, était gendarme. Il était à la retraite. Mais est ce que ça ne serait pas une vengeance? Et donc, on se met à fouiller dans les dossiers dans lesquels le gendarme Marius Lac a été impliqué. Et on s'aperçoit que juste après la fin de sa carrière, il a été un acteur important d'une affaire de chiens empoisonnés. Et le juge et les gendarmes se disent.

[00:04:15]

Et si c'était lié? Donc, il faut que je vous raconte cette histoire de clébard. Attention, je ne vous parle pas d'os chien empoisonnés. Je vous parle de plus de 140 chiens, essentiellement des chiens de chasse qui, d'un coup, se sont mis à baver, à vomir et qui sont morts dans d'affreuses souffrances.

[00:04:52]

Christophe Hondelatte. Cette histoire de chien empoisonné éclate en 1998. Le 30 août exactement, quand un homme se rend à la gendarmerie des gloutons en Corrèze, pour déclarer la mort de son chien. La première victime d'une très longue série. C'est certain qu'il a été empoisonné. Avant de mourir, il a bavé énormément. Il a vomi. Pauvre chien! Je l'aimais beaucoup. Vous savez, c'est un chien très fidèle. C'était vraiment une brave bête. J'aimerais bien qu'on retrouve celui qui a fait ça.

[00:05:31]

Celui qui lui a fait ça, il va un peu vite, son chien a pu manger un truc qui traînait de la mort aux rats, par exemple. Ça arrive. Sauf que le type sort de la gendarmerie et un autre rentre. Voilà, je viens vous voir parce que mon chien a été empoisonné. Et dans la foulée, un autre. Et toute l'après midi du 30 août 1998, des propriétaires de chiens en larmes défilent à la gendarmerie dès que le ton pour raconter la même histoire, leur chien est mort dans d'atroces souffrances.

[00:06:17]

Les gendarmes enregistrent cette plainte en trois heures et tous décrivent les mêmes symptômes.

[00:06:23]

D'abord la bave. Ensuite les vomissements et le chien qui se mettent à pleurer. Agent qui fait des bonds, on sent qu'il souffre.

[00:06:31]

Et très vite, il meurt. Et tout ça, non. Fin août, c'est à dire à quelques jours de l'ouverture de la chasse dans une région où la chasse, la chasse, c'est sacré.

[00:06:55]

Quelques jours plus tard arrive donc l'ouverture de la chasse. Et là, les chasseurs repèrent assez vite le poison. Il y en a partout des boulettes bleues comme des boulettes de viande de chair à saucisse, mais bleue, que les gendarmes font tout de suite analyser.

[00:07:14]

Selon. C'est bon. J'ai les résultats des analyses que vous m'avez demandées pour peut être bleu. Là, c'est du Carbon Furon. C'est un pesticide qui est assez utilisé en agriculture. On en trouve en jardinerie, mais dilué à %100. Mais là, le produit est beaucoup plus concentré. C'est du 5. Je vous envoie mon rapport. Du carbo franc dilué à 5. Renseignement pris, c'est un dosage utilisé dans la culture des céréales, autrement dit, peu de chances d'en trouver en Corrèze.

[00:07:58]

La Corrèze n'est pas une terre de céréales et ses boulettes bleues, on continue d'en trouver tous les jours en septembre, en octobre, en novembre et plus seulement à Eggleton. Le périmètre s'élargit. Semaine après semaine, jusqu'à toucher cinq villages autour. Dès que le temps, les boulettes sont en général dispersées la nuit et, à bien y regarder, plutôt les veilles de week end et surtout dans les zones de chasse. Et donc, assez vite, les gendarmes pensent à un règlement de compte dans le monde des chasseurs.

[00:08:29]

Un chasseur qui, par jalousie, par vengeance, ne serait pas tuerait les chiens des autres. Alors, est ce qu'un conflit entre chasseurs dans cette région Eggleton en Corrèze? Eh bien oui, oui, ça apparaît tout de suite dans l'enquête. Il y a des bisbilles qui opposent les chasseurs de l'intercommunale de chasse Eggleton environ 250 chasseurs et ceux de la chasse privée de Roland Bodoni, un notable du coin. Ils seraient une dizaine. C'est un grand classique les riches contre les pauvres.

[00:09:13]

Il arrive que les chasseurs de l'intercommunale chassent sur les terres de Benzoni. Ils n'aiment pas ça.

[00:09:29]

Un paysan qui louait ses terres abandonnées et qui a cessé de les louer a eu un de ces bois brûlés et trois de ses juments et une de ses vaches sont mortes empoisonnées. Donc, il y a un contexte. On dit que bon, Donnea aurait dit un jour. Tu vas me pourrir la chasse. La bâche temporaire à la chasse. Et juste après, le chasseur en question a retrouvé des boulettes bleues le long de son parcours de chasse. Si vous ajoutez à ça qu'on a jamais trouvé de boulettes bleues sur la chasse privée de Benzoni, il y a donc un contexte.

[00:10:15]

C'est là qu'apparaît Marius Lac, le gendarme à la retraite dont on va retrouver le cadavre dans six ans, baignant dans une mare de sang. Il est le premier à penser à Roland Bourdonné dans l'affaire des chiens empoisonnés. A cette époque, il est déjà à la retraite, mais il l'appelle. Ses anciens collègues des gloutons. Intéressez vous à bourdonner. Je vous dis enquêter sur bourdonner. Mais il parle dans le vide. Bon, Bodoni est un notable.

[00:10:48]

En février 99, la saison de chasse se termine. Trente chiens sont morts et aussi quelquesheures d'ailleurs, et un mouton. Et l'enquête n'a pas avancé. Et pourtant, il y a du mordant sur cette affaire. Une cellule d'enquête spéciale a été créée. Treize gendarmes y travaillent à plein temps. On a installé des caméras vidéo de surveillance aux points stratégiques des territoires de chasse. On a même mobilisé à un moment des hélicoptères et installé des barrages routiers. Et tout ça n'a rien donné.

[00:11:37]

Après trois mois de pause, la recommence à sévir et il élargit son territoire à onze communes et on compte maintenant une centaine de chiens morts. On a trouvé des boulettes bleues jusqu'au coeur des villages, à Darmet, par exemple, dans la cour de l'école. Et là, ce ne sont plus les chiens qui sont en danger, ce sont les enfants. Jusqu'à ce qu'un jour, des villageois se manifestent. Je voulais vous dire j'ai vu une voiture près de chez moi.

[00:12:06]

Et je l'ai vu faire demi tour à un endroit où, le lendemain, on a retrouvé des boulettes. C'était un un Renault Express blanc. Je n'ai pas pu noter le numéro, mais la plaque. Je l'ai remarqué se terminer par RM 19. 19, c'est le département de la Corrèze et donc les gendarmes font tourner leurs fichiers d'immatriculation. Très intéressant en Corrèze, il n'y a que 14 personnes qui possèdent un trafic blanc dont l'immatriculation comprend les lettres R et M.

[00:12:44]

Et dans cette liste, il y a un nom qui saute aux yeux.

[00:12:51]

HENROTIN Christophe Hondelatte R.

[00:12:58]

M. 19 14. Renault Trafic de Corrèze ont une plaque qui se termine par R. M. 19. Dans la liste, il y en a un qui est plutôt connu dans le coin Roland Bourdonner, propriétaire de la chasse privée. Jusque là, personne n'avait vraiment osé l'accuser publiquement en dehors de ce gendarme à la retraite. Là, Marius Lac, c'est un notable. Ça explique. Les gendarmes n'ont pas le temps de le convoquer. Bourdonner se présente de lui même à la gendarmerie.

[00:13:31]

Bonjour monsieur. Je viens vous voir parce que j'ai une chienne, là, une vieille chienne, majesté. Elle est morte empoisonnée à la chasse. Les gendarmes prennent gentiment sa plainte, gigon au flanc. Dites moi, monsieur, bon Denis. Que faisiez vous vendredi soir? C'est ce soir là que les témoins ont vu le Renault Express faire demi tour devant chez eux, vendredi soir. J'étais devant la télévision, je me souviens, j'ai regardé un match de foot.

[00:14:05]

Un match de foot? Vous êtes sûr? Il n'y avait pas de match vendredi dernier. Maraichers, puisque je lis. Votre chienne, La Majesté? Dans quelles circonstances est elle morte? Elle s'est mise à barrer. Je l'ai mise dans la voiture, je l'ai amenée immédiatement chez le vétérinaire, mais c'était trop tard. Vous l'avez mise à l'avant. Ou à l'arrière de votre voiture. Aujourd'hui, derrière, c'est un Renault Express. Vous savez, il y a une séparation au milieu, loin derrière.

[00:14:40]

Pourquoi? On pourrait la voir votre voiture, monsieur Bodoni. On voudrait juste jeter un coup d'œil. Coup d'oeil. Il n'en est pas question. Face à suffirent. Vous commencez à me faire chier avec vos questions. Je suis venu porter plainte pour la mort de ma chienne. Je suis une victime.

[00:15:00]

Vous étiez et Roland Bodoni s'en va très énervé, mais les gendarmes, le Filoche discrète et Bodoni les conduit tout droit jusqu'à son pavillon de face.

[00:15:12]

Il se gare. Il en est là. Les gendarmes fouillent sa voiture.

[00:15:35]

Et à la vente de sa voiture par l'arrière, là où il a dit qu'il avait mis sa chienne malade à l'avant, il trouve des traces du poison. Et quand on analysera cette voiture, on trouvera des traces de carburant à 9 endroits, tous situés à l'avant de la voiture. Il ne pourra donc pas raconter que sa chienne qui, en vomissant, a laissé des traces puisqu'il dit qu'il a mise à l'arrière.

[00:16:06]

A moins qu'il ne change son témoignage et évidemment, c'est ce qu'il fait. Je vous ai dit que c'était à l'arrière que je l'avais mise. Non, c'est faux. Je me suis trompé. C'était à l'avant quand je suis allé chez le vétérinaire. Je l'ai mise à l'avant. Misérable parade qui ne tient pas longtemps parce qu'on fait analyser les traces retrouvées dans sa voiture. C'est du carburant pur. Il n'y a pas de mélange avec de la bave de chien ou avec du vomi.

[00:16:34]

Il est pur et il est dilué à 5 ans. Et donc le 14 février 2001. Roland Bourdonnaye est mis en examen pour actes de cruauté envers des animaux. Le juge le laisse libre, mais il lui est interdit de circuler dans le secteur où ont eu lieu les empoisonnements. Alors qu'il se ce Roland bourdonner, c'est un Corrézien pur souche né à Meymac en 1932. Fils de paysans qui n'a pas voulu reprendre la ferme familiale et qui s'est installé comme négociant en vins dans le nord de la France, mais en installant sa petite famille, c'est à dire sa femme et ses deux fils, rêgles dont il a fini par devenir lui même conseiller municipal.

[00:17:30]

Un notable de village à qui il est arrivé de jouer les Kobol. Une histoire parmi d'autres au début des années 80. Bourdonner a une maîtresse et dehors, il lui donne un coup de boule et il lui casse le nez. Et de deux, en pleine nuit, il force sa porte et il la menace avec un pistolet. Ça lui a valu de passer devant le tribunal et d'être condamné. Ça plante le personnage, un roitelet de province qui se croit tout permis, qui pense que grâce à ses relations, il se sortira de tout.

[00:18:02]

Vous avez compris maintenant pourquoi, malgré les soupçons de l'ex gendarme Marius Lac, personne jusque là n'a osé déranger monsieur Bourdonner. Sauf que là, il est mis en examen et le 4 juin 2003, il doit être jugé devant le tribunal correctionnel de Tulle pour avoir empoisonné, tenez vous bien, cent quarante quatre animaux domestiques. C'est un procès absolument hors normes. Songez qu'il va y avoir dans la salle d'audience toutes les parties civiles. Tous ces gens qui ont vu leurs chiens baver, vomir et mourir sous leurs yeux.

[00:19:08]

La salle du tribunal correctionnel est trop petite. L'audience doit avoir lieu dans la salle d'assises avec retransmission vidéo dans trois autres salles du tribunal. Arrive le jour J. Tout le monde est là et on attend bourdonner 8 heures, 8 heures et quart 8 heures et demie. Pas de bourdonner à 9 heures moins le quart. Son avocat va voir le président, monsieur le président. Mon client ne va pas pouvoir venir. Il vient d'être victime d'un accident apris. Il s'est fait renverser par une camionnette qui faisait marche arrière sur le parking de son hôtel.

[00:19:45]

Les gens n'y croient pas et le président du tribunal fait dépêcher deux experts à l'hôpital pour vérifier. Et puis finalement. L'audience est renvoyée à une date ultérieure. Ce n'est que reculer pour mieux sauter. Quatre mois plus tard, le 1er octobre 2003, Roland Bodoni est à nouveau convoqué devant le tribunal de Tulle. Et cette fois, il est là. Il arrive en Mercedes et il entre dans le tribunal, escorté par des policiers qui le protège. Sa défense est simplissime.

[00:20:33]

Je ne vois absolument pas ce que je fais ici. Je n'ai jamais fait de mal à des chiens. Deux témoins seulement acceptent de venir à la barre, dont l'ancien gendarme Marius Lac, qui raconte en détail les conflits de chasse, les insultes, les menaces. Vous savez ce qui m'a dit un jour? Un jour, il m'a dit Tu me fais chier, je vais te faire la peau. La vie. L'ex gendarme Marius Lac dit que Bodoni est un seigneur sur ses terres, dont les chasseurs ne seraient que des vassaux.

[00:21:07]

Monsieur Lac. Pensez vous que M. Benzoni peut être l'empoisonner? Boires. Honnêtement, je n'en ai pas la preuve. On ne peut pas dire c'est lui. Par contre, je pense qu'il en est bien capable. Un jour, il m'a menacé avec un fusil. Bourdonner bondit de son box, mais c'est absolument faux. Enfin, n'importe quoi! Si vous êtes innocent, monsieur abandonné, alors d'où viennent les traces de Carbo Furon qu'on a retrouvé dans votre voiture?

[00:21:43]

C'est la question du procès. Bien, comme je l'ai indiqué pendant l'instruction. Ça vient des vomissures de machines. Bourdonner. Les analyses indiquent qu'il n'y a pas de traces de vomi ou de bave. C'est du carburant pur. Bien, peut être que ma chienne s'est fait rouler dehors avant d'aller à la chasse. Et après un ami du produit partout ou quoi? C'est le cas de Morieux. Or, ça, ça nous tient éventuellement que si la chienne était à l'avant.

[00:22:16]

Or, spontanément, il a dit que sa chienne était à l'arrière et après il a changé d'avis. Et d'ailleurs, deux témoins viennent dire qu'elle était à l'arrière, dont le propre fils de bourdonner.

[00:22:27]

Oui, monsieur le président. Je peux vous certifier que majesté était à l'arrière de la voiture. J'ai personnellement ouvert la portière. Pour que mon père puisse m'y installer, elle était à l'arrière. Le fils charge le père et à la fois le procureur. Je vous demande. De condamner monsieur Bodoni à la peine de deux ans de réclusion criminelle. C'est le max et le jugement tombe et Roland Bodoni est condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, et il devra aussi indemniser les victimes pour un montant total de 100 000 613 euros.

[00:23:25]

Evidemment, il fait appel. Et dans l'attente du deuxième procès, il reste interdit de séjour en Corrèze. Il s'installe donc à Fourmies, dans le nord de la France, là où il a son entreprise de négoce en vins. Le procès d'appel est fixé à octobre 2004 et deux mois avant Marius Lac, le principal témoin à charge de cette affaire, est retrouvé assassiné chez lui, le crâne défoncé. Je vous ai raconté ça tout à l'heure. Et immédiatement, on fait le lien, on a voulu faire taire le vieux Marius et Roland Bourdonné lui même, qui n'est pas idiot, appelle tout de suite son avocat.

[00:24:12]

Il a compris qu'on allait le soupçonner.

[00:24:21]

Et l'enquête sur la mort de Marius Lac commence sur la scène de crime sous le cadavre. Les gendarmes trouvent un morceau de papier. Est ce que ce papier n'aurait pas été oublié par le tueur? Dessus sont inscrits des noms de villes. Un itinéraire qui va de Paris jusqu'à Brive, en Corrèze. Et deux numéros de téléphone, dont celui de Marius Lac. Et puis tombe le témoignage de la fille de Marius Lac. Le jour où il a été tué, je me souviens, c'était vers 20 heures, au téléphone avec lui.

[00:25:01]

Et là, il m'a dit qu'une voiture arrivait, qu'elle était immatriculée 02. Or, cette voiture qui pourrait être une Alfa Romeo rouge, le cousin de Marius, celui qui a découvert son cadavre, dit qu'il l'a vue dans la cour de Marius avant le meurtre. Et d'autres gens du village aussi. La voiture aurait fait des allers retours dans le bourg l'après midi qui précède le meurtre. Il n'y a pas que ça. D'autres témoins ont vu un cycliste.

[00:25:29]

Ils l'ont forcément remarqué. On était en plein mois d'août et le type avait un anorak et un bonnet. Il s'est arrêté trois fois pour demander l'adresse de Marius Lac. Il y a encore mieux que ça. Une employée du péage de l'autoroute qui passe à côté raconte la scène suivante.

[00:25:46]

J'étais à mon poste au péage et là, j'ai vu un type qui m'a fait une de ses œuvres. Au moment de payer, j'ai vu qu'il avait du sang sur les mains. Il en avait aussi sur le visage. A quoi ressemblait ce monsieur, madame? Je dirais 60, 65 ans, le crâne dégarni, avec une grosse figure. Vous pensez que vous pourriez nous aider à faire un portrait robot? Oui, oui, je pense.

[00:26:27]

Roland Bourdonner, bien sûr, est interrogé sur son emploi du temps le jour du meurtre. Là, vous n'allez pas pouvoir m'impliquer. Je suis allé au commissariat de Fourmies, dans le Nord, pour porter plainte à la suite d'une dégradation de ma voiture. Voilà le procès verbal. C'est ce qu'on appelle un alibi en béton, mais ça n'empêche pas les gendarmes de placer Bodoni sur écoute. Et voilà ce qu'ils entendent dans une conversation qui date du 6 septembre avec un de ses copains du Nord, Alain.

[00:26:58]

Les nouvelles sont bonnes. Roland. Oui, les nouvelles chambres à tout va bien, on se donne rendez vous demain à midi pile au double numéro, le double numéro.

[00:27:10]

Qu'est ce que ça veut dire? L'appel vient de Bar de Fourmies, dans le Nord, un bar qui appartient à un certain Alain Bouchon.

[00:27:31]

Le lendemain, jour du rendez vous téléphonique, les gendarmes les prennent tous les deux en filature Bourdonnaye à Brive Corrèze et Baudchon à Fourmies, dans le Nord, et à midi pile. Il les voit tous les deux se passer un coup de fil depuis deux cabines téléphoniques. Ça alors? Et pourquoi n'utilise t il pas leur portable? Ces deux là continuent à cacher. Est il pensable que Roland Bodoni et recruter un homme de main, Alain Baudchon, pour venir tuer en Corrèze le vieux Marius Lac, principal témoin à charge de l'affaire des chiens?

[00:28:27]

Parce que tout de même, ils ont l'air très proches ces deux là. Les gendarmes comparent leurs fadettes, c'est à dire le relevé de leurs portables respectifs. En trois mois, Bodoni et Baudchon se sont appelés 48 fois et étrangement, leurs conversations de portable à portable cessent le jour du meurtre de Marius Lac, c'est à dire le 24 août.

[00:29:01]

Alors, question maintenant, escale à Brochot à une Alfa Roméo rouge? Non. Les témoins disent que l'Alfa Romeo, qu'ils ont vu rôder dans le coin le jour du meurtre, était immatriculée 02. C'est à dire dans le département de l'Aisne nord. Ce département, il y a 2400 Alfa Romeo de couleur rouge. Les gendarmes. Entre les coordonnées de tous les propriétaires dans un logiciel informatique et il croise ces données avec les numéros de téléphone portable identifiés sur le portable de Donis et de son ami Beauchamps.

[00:29:42]

Et là, ça marche sur un numéro.

[00:29:46]

Un propriétaire d'Alfa Romeo Rouge qui figure sur le listing de téléphone de l'ami Alain Baudchon. Les gendarmes vont voir ce monsieur. On voit cette voiture. Ce n'est pas moi qui me concerne, je l'ai prêtée à un ami. Il s'appelle Comment votre ami? Alain Baudchon excellent surtout que cette Alain Bouchon ressemble comme deux gouttes d'eau au portrait robot. Il est petit, il est costaud, il a le crâne dégarni et il a ce qu'on appelle une grosse figure.

[00:30:31]

Alors voyons maintenant, via son téléphone portable, ce qu'a fait Alain Baudchon le 24 août, jour du meurtre. Bah voilà, on y est a la bouche. On a fait l'aller retour entre Lens et la Corrèze. Son portable a accroché tous les relais sur le trajet et son parcours correspond parfaitement à celui qui est inscrit sur le petit papier qu'on a trouvé sous le cadavre. Montargis, Gien, Bourges, Châteauroux, Limoges, Brive, Tulle, c'est lui.

[00:31:02]

C'est lui, l'assassin de Marius Lac. Et c'est un ami dabandonner. Les gendarmes seront cardes à Fourmies, dans le Nord. Le type a plutôt bonne réputation, mais son bistrot est en faillite et au téléphone un jour, il dit à ses copains alors qu'il est sur écoute. Boychuk. J'espère que ça va aller mieux. J'attends une grosse rentrée d'argent en liquide, une somme que lui donnerait par exemple Roland Bodoni, le prix d'un contrat sur Marius Lac.

[00:31:54]

Les gendarmes, les gardes à l'œil tous les deux. Leur idée est de les passer au moment où Bourdonnaye va remettre le prix de son contrat à bout touchant, la main dans le sac. Et donc, ils patientent. Mais il ne se passe rien et au bout d'un moment, il décide de les interpeller tous les deux. Le 19 octobre 2004, Alain Bouchon est convoqué au commissariat de Fourmies. Il arrive à 8 heures du matin et il est persuadé que sa convocation est liée à la liquidation de son bistrot.

[00:32:20]

Il ne se méfie pas et il tombe sur des gendarmes de Corrèze. Au même moment, d'autres gendarmes vont chercher Roland Bodoni dans un hôtel de Fourmies où il a ses habitudes. Et il le voit sortir de l'hôtel avec sa valise abandonnée. Gendarmerie nationale. Veuillez nous suivre svp à dater de cet instant. Vous êtes placé en garde à vue dans une affaire de meurtre. Où se trouve votre voiture? Sa Mercedes est dans un garage. Les gendarmes la fouille et il trouve une grosse somme en liquide 5050 euros.

[00:33:11]

Bourdonnaye est alors installé dans une voiture et ramené directement en Corrèze. Mais pendant ce temps là, Alain Baudchon se met à table. Roland m'a dit qu'il était victime d'une cabale. Il m'a dit qu'on l'a accusé à tort d'avoir tué des chiens. Je ne pouvais pas savoir. Il m'a demandé de l'aider. Il m'a donné le nom d'un pays. Il m'a dit que c'était le chef de la bande des gens qui l'a accusé à tort. Au début, j'ai refusé.

[00:33:43]

Puis, il a insisté, a insisté. Il marsolais pour ainsi dire. Alors, j'y suis allé une première fois. C'était au mois de décembre. Il m'a fourni un revolver 7 65. Et puis, j'ai pas trouvé où habitait ce monsieur Marius Lac. J'ai tourné et j'ai tourné. Je n'ai pas trouvé. Alors je suis rentré à Fourmies. Moi, je pensais qu'on en resterait là, mais il m'a relancé. Il m'a dit Tu seras bien payé.

[00:34:12]

J'avais des problèmes d'argent. J'ai fini par y retourner. Le. Bourdonnaye, alors en garde à vue. Qu'est ce qu'il dit? Mais enfin, je n'ai rien à voir avec cette affaire de meurtre. C'est infernal. N'empêche que sur la base des aveux de Bauchau, ils sont mis tous les deux en examen et écroué. Deux mois plus tard, le juge d'instruction organise une reconstitution. Elle dure six heures et pendant six heures, Alain Baudchon collabore totalement.

[00:34:54]

Il refait tous les gestes du meurtre. Il dit qu'il a commencé par donner un coup de poing à Marius Lac, qui se sont trouvés tous les deux à se bagarrer par terre, que Marius Lac a voulu attraper une hache qu'il a réussi à la lui arracher. Et bam, il l'a frappé, frappé jusqu'au coup fatal à l'arrière de la tête. Bodoni Alors, qu'est ce qu'il a à dire face aux accusations de son ami? Lui, il est toujours dans le déni.

[00:35:34]

Il n'a rien demandé à Alain Baudchon. Et si Alain Baudchon est allé tuer Marius Lac, c'est de sa propre initiative. Peut être pour lui soutirer ensuite de l'argent. Et il a un argument il n'était pas prévu que Marius Lac témoigne au procès en appel dans l'affaire des chiens. Pourquoi donc l'aurait il fait tuer alors? Zébrés? Marius Lac n'était pas convoqué au procès en appel. Et d'ailleurs, il approche ce procès alors avant d'être éventuellement jugé pour meurtre.

[00:36:05]

Roland Bodoni va d'abord comparaître en appel dans l'affaire des chiens empoisonnés.

[00:36:16]

Christophe Hondelatte. Le procès en appel dans l'affaire des chiens empoisonnés est programmé pour le 3 février 2005 à Limoges. Et à l'approche de ce procès, ça se complique pour Roland Bourdonner. D'abord, le procureur le mettant en examen dans une deuxième vague d'empoisonnement, ce qui veut dire qu'il y aura encore un procès. Mais ce n'est pas tout. Le procureur de la République fait savoir aux avocats de bandonéoniste qu'il a trouvé un nouveau témoin à charge. Un marchand d'insecticide de Fourmies, dans le Nord, qui raconte qu'il a vendu du Carbon furetant, a abandonné la preuve qui manquait au dossier.

[00:36:53]

Bourdonner a prétendu qu'il en avait besoin pour son maïs. Il lui en a acheté pendant quatre ans, entre 1998 et 2002, pile à l'époque des empoisonnements de chiens Bodoni. Et puis.

[00:37:18]

Arrive le 3 février, jour du procès. Les filles de Marius Lac sont là, évidemment, elles veulent voir sa tête et on attend comme la dernière fois. Sauf que là, il est en prison et il ne peut pas se soustraire à la justice. Eh bien, si le président reçoit un message de sa prison, Roland Bourdonné s'est suicidé ce matin. Les surveillants sont allés le chercher dans sa cellule à 5 heures 55. Ils l'ont retrouvé pendu dans la salle.

[00:37:57]

Les gens sont fous de colère et notamment les filles de Marius Lac.

[00:38:01]

Ce n'est pas juste mon père. C'est franchement pas juste, ni pour les gendarmes qui avaient fait du super travail, ils étaient là. Pris au piège par lâcheté, il s'est pendu je ne sais pas quoi, mais c'est pas juste, on leur.

[00:38:20]

Bodoni a laissé une lettre à son avocat dans laquelle il explique qu'il s'est donné la mort parce qu'il était accusé à tort. En vérité, il n'a pas voulu faire face à la justice.

[00:38:41]

Et donc, dans l'affaire des chiens, sur le plan purement judiciaire, il n'y aura pas de coupable. L'action publique est éteinte. Alors vous avez droit de ne pas avoir de doutes, mais sur le plan pénal. Moi, je n'ai pas le droit de vous dire aujourd'hui que Roland Bodoni et l'empoisonner de ces 144 chiens. Certes, il a été condamné en première instance, mais l'appel a remis les pendules à zéro. Et idem pour le meurtre de Marius Lac.

[00:39:10]

Finalement, Roland Bodoni n'est pas, au regard de la loi. Le commanditaire de cet assassinat, à une différence près, c'est que dans cette affaire, il y avait deux accusés et ils en restant à la Brochot. Et lui n'échappera pas à la cour d'assises. Même s'il va se retrouver seul dans le box. Le procès d'Alain Beauchamp s'ouvre en mai 2007 devant la cour d'assises de Tulle. Quand Baudchon rentre dans le box, c'est une bête prise dans les phares d'une voiture et regarde ses chaussures.

[00:39:47]

Il triture ses doigts en l'absence de données qu'il doit faire face seule. Même si le fantôme de Benzoni est assis à côté de lui, ce n'est qu'un fantôme qui n'a pas à rendre compte au début du procès. L'avocat de Bendtner est là et il prétend se constituer partie civile à l'audience. C'est très gonflé à vouloir faire passer bourdonner pour une victime. Et puis quoi encore? La Cour, naturellement, refuse. Tout l'enjeu de ce procès est néanmoins de savoir si Alain Baudchon traverse toute la France pour tuer Marius Lac à la demande de Bourdonner ou 6C de sa propre initiative.

[00:40:28]

Lui prétend qu'il était mandaté et s'est petit à petit. La thèse qui s'installe, ce petit bonhomme là, rondouillard, n'a pas pu commettre un pareil crime sans qu'on l'ait remonté comme une pendule. Alors, est ce qu'il voulait vraiment le tuer? Ou est ce qu'il est venu lui donner une leçon puisqu'il avait un revolver et qu'il ne l'a pas utilisé? La question se pose et c'est ça la théorie que vont développer ses avocats. Bourdonner lui a donné une arme.

[00:41:11]

Il s'en est débarrassé. Il est arrivé chez Marius Lac les mains vides. Donc, il ne voulait pas le tuer. C'est bien tenté, mais ça ne passe pas, car Alain Bouchon est condamné à 22 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de Marius Lac.

[00:41:48]

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