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Hondelatte Raconte sur répandre avez contes disturbiose, la nouvelle série coup de poing de Polar plus seulement avec Canal+. Une expulsion ratée, un mort, une brigade dans la tourmente. Lahiya, l'enquêtrice obsédé par cette bavure, découvre une affaire qui bouscule tout sur son passage en Disturbed Turbigo. Ça tous les lundis, dès le 16 novembre, en exclusivité sur Polar Plus et en intégralité via Canal. Hondelatte Raconte. Christophe Hondelatte. Une affaire criminelle aujourd'hui, les fiancés de Fontainebleau, Gilles Naudé et Anne-Sophie Vandamme, qui disparaissent en 1988 au cours d'une randonnée dans la forêt de Fontainebleau.

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C'est une affaire que je ne vous ai pas racontée jusqu'ici parce que c'est une affaire non résolue et même plus que ça'est, c'est une affaire frappée par la prescription, c'est à dire qu'elle demeurera non résolue pour l'éternité. Et pourtant, il y a eu une enquête très longue. Il y a eu des pistes toutes avortées. Il y a même eu un procès qui s'est achevé par un acquittement au bénéfice du doute. Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard, réalisation Céline Le Bras.

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Christophe Hondelatte. Le matin du 31 octobre 1988, Anne-Sophie Vandamme et Gilles Naudet décide d'aller faire une balade en forêt. C'est le weekend de la Toussaint. Il fait beau. Ils sont venus passer quelques jours chez les parents de Gilles, à Bois le Roi, en Seine et Marne. Ils sont à, quoi, 10 kilomètres de la forêt de Fontainebleau.

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Ils préparent un pique-nique l'année mon chien. On va promener en voiture. Les parents de Gilles les voient partir en direction de Fontainebleau, dans l'Eure 304 Blanche. Ils ne les reverront jamais, plus jamais. Quand la nuit tombe, vers 18 heures, les parents commencent à s'inquiéter. Et qu'est ce qu'il faut? Enfin, je comprends pas. Ils ont dîné ce soir chez des copains. C'est pas normal. Et ils ont peut être décidé d'y aller directement.

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Tu te fais toujours du souci pour rien. Enfin, il faut qu'il se change et il faut qu'il prenne une douche. Non, je m'inquiète. En général, s'ils ont du retard, ils préviennent 19 heures, toujours rien.

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A 20 heures, Gustave, le père de Gilles, se met à appeler les hôpitaux du coin. Alors oui, bonsoir, voila, ma belle fille et mon fils sont partis en forêt ce matin qui ne sont pas rentrés. On est un peu inquiet. Est leur nom. Gilles Naudé et Anne-Sophie Vandamme y conduisaient une 304 Peugeot blanche. Non. Bon. Bien, je vous remercie. A la même heure débute le dîner chez leurs amis. Au début, il ne s'inquiète pas, mais le temps passe.

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21 heures, 22 heures. Et eux aussi commencent à angoisser.

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Le lendemain, 1er novembre, la soeur de Gilles décide d'aller sur place. Je sais d'où il part en général. Il part du parking de la feuille arrière, tu sais. Et puis après, il prend le GR 11 dans le massif des Trois Pignons. Tu vois, je vais aller voir. T'as pas un double des clés de la 304.

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Puis, les mois, on ne sait jamais. Sur le parking, la sœur tombe sur la 304. Fermée, elle loue. Là, rien d'anormal.

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Ce n'est pas un accident de voiture, s'il leur est arrivé quelque chose, c'est dans la forêt. Ils ont peut être glissé dans une crevasse ou alors ils sont tombés dans un marécage. A moins qu'ils se soient perdus. On peut se perdre en forêt de Fontainebleau, même si Gilles connaissait bien le coin. Quoi qu'il en soit, il faut prévenir les gendarmes. Cette disparition est très inquiétante. Les gendarmes laissent passer un peu de temps 24 heures. Et puis, le 2 novembre, deux jours après la disparition de Gilles et Anne-Sophie, il décide d'organiser une grande battue à partir du parking.

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Deux cents hommes sont mobilisés. Ils remontent le GR 11. Ils ratissent le massif des Trois Pignons. Il ne trouve aucune trace du couple.

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Pas en vêtements, pas un objet personnel à rien. Et pas de trace non plus de leur berger des Pyrénées donnÃes. Et là, ça devient vraiment très inquiétant.

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Ils font une deuxième battue le 4 novembre, qui mobilise celle là sept cents hommes, autrement dit des moyens considérables, titanesques même. Messieurs, vous allez quadriller le terrain avec méthode, selon le plan qui vous a été distribué. Je vous demande d'être très vigilants. Nous recherchons des indices, même minuscules. Ils partent du parking des gendarmes à pied, d'autres à moto, d'autres même à cheval. On a fait venir le régiment de cavalerie de la Garde républicaine.

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Rendez vous compte. Comme il y a deux jours, ils partent du parking de la gare d'Hyères et ils s'enfoncent dans le massif des Trois Pignons. Ils ratissent une zone de 30 km carrés. Il fouille aussi les abords de la maison des parents de Gilles Les Naudé, chou blanc, chou blanc sur toute la ligne.

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C'est ce jour là que dans les journaux, Anne-Sophie Vandamme et Gilles Naudet deviennent les fiancés de Fontainebleau. Le temps passe deux jours, trois jours, quatre, cinq, six jours. À un moment, bien sûr, on se demande s'ils n'ont pas pu s'enfuir tous les deux. En amoureux, ça arrive. La fougue, la passion, ça peut faire perdre la tête. Mais là, Anne-Sophie est assistante sociale à Créteil, elle travaille pour l'office départemental HLM et Gilles est employé de banque au Crédit Mutuel de Créteil.

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On a affaire à un couple bien intégré, stable. Il projetait de se marier. Alors non, non, ils ne sont pas partis jouer les amoureux fou à l'autre bout du monde. Non.

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Et puis, pourquoi serait il parti sans leur voiture et sans leurs papiers d'identité? Avec pour seul viatique leur sac à dos de pique nique? Non, non. Décidément, l'hypothèse d'une fugue ne tient pas.

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Et celle d'une histoire de famille. Un règlement de comptes familial. Les gendarmes s'intéressent aux Naudé et aux Vandam, et non encore non. Le père Naudé Gustave est un garagiste à la retraite. Le père Vandam René est maire divers droite de la commune de Voisins le Bretonneux, dans les Yvelines. Il n'y a pas de cadavre dans le placard. Il n'y a pas de conflit entre les deux familles. Il n'y a pas de rancoeurs cuites et recuites dans aucune des deux familles.

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Ce sont des gens normaux, normaux.

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Maintenant, il faut que je vous présente un personnage qui va beaucoup compté dans cette histoire, c'est un journaliste, Christian Porte, qui travaille pour le journal local Le Républicain. Il a suivi les deux battus. Cette enquête l'intéresse et il a une idée. Car savez vous qui habite à quelques centaines de mètres de la maison des parents Naudé à Bois le Roi? Le président égyptien, figurez vous. Hosni Moubarak. Il possède là une résidence secondaire. Lui, honnêtement, il n'est pas là souvent, mais son fils.

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Là, il passe pas mal de temps. Et Christian Porte s'est aperçu en comparant des photos que le fils Moubarak ressemble à Gilles Naudet. Je ne dirais pas que ce sont des sosies parfaits, mais c'est vrai qu'ils se ressemblent.

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Et là, vous voyez où il veut en venir.

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Quelqu'un a voulu s'en prendre à Hala Moubarak et il s'est trompé. C'est une piste qui ne tient pas bien longtemps parce que les gendarmes se renseignent. La Moubarak n'était pas à Bois le Roi ce week end là. Alors, à moins d'avoir affaire à des terroristes amateurs qui n'auraient pas pris la peine de vérifier que leur cible était sur place ce jour là. Ça ne tient pas. La piste égyptienne se referme.

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Reste la piste de l'accident de chasse. Le 31 octobre, veille de la Toussaint, c'était l'ouverture de la chasse. Alors, est ce que nos deux amoureux n'ont pas été victimes d'une balle perdue? Un accident, quoi. Des chasseurs qui tuent par hasard et qui font disparaître les corps pour ne pas avoir d'ennuis. Les gendarmes établissent que ce jour là, il y avait 55 chasseurs dans le secteur. Ils leur rendent visite un par un. Et comme il pouvait s'y attendre, il ne tombe pas sur de grands bavards.

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Les chasseurs n'aiment pas qu'on les soupçonne de tirer à tort et à travers. Donc, les gendarmes y vont avec des pincettes. Bien sûr, on sait que vous êtes quelqu'un de sérieux, si on vous interroge, ce n'est pas qu'on vous soupçonne. On se dit simplement que vous auriez pu voir quelque chose d'anormal.

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Remarquez, un intrus, vous êtes peut être témoin malgré vous. Un Atrus vous dira un braconnier, peut être les braconniers, nous, on les connaît pas ces gens là. Nous, on fait tout dans les règles.

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Il n'en est rien à rien. Ils n'ont rien vu, rien entendu, rien remarqué, sauf que le journaliste Christian Porte fait une rencontre fort intéressante. Un garde forestier du coin.

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Ce jour là, ça tirait dans tous les coins d ivoire ou même j'ai même reçu une balle dans la porte arrière de ma voiture. Vous êtes journaliste, a dit. La photo de l'Impact a montré dans le journal. Clic clac, Kodak Christians, Portefaix, la photo. La preuve que ce jour là, il y a bien eu des balles perdues.

[00:10:21]

Alors, si ce ne sont pas des chasseurs, est ce que ça ne serait pas les braconniers? Les chasseurs n'ont pas totalement Mantinée. Il y a pas mal de braconniers dans le coin qui barbote du gibier pour le revendre aux restos. En général, ils opèrent la nuit et donc plusieurs nuits de suite, jusqu'à environ la mi décembre. Les gendarmes planquent dans la forêt. Ils cherchent à pincer les braconniers et pourquoi pas l'assassin. Mais ça ne donne rien.

[00:10:46]

Une fois de plus, l'enquête est au point mort. Les fêtes de fin d'année arrivent. Ça fait deux mois que Gilles et Anne-Sophie ont disparu.

[00:11:00]

Depuis le 10 janvier 1989 au matin, des chasseurs sont attirés par leurs chiens vers un tas de branchages au lieudit La Mare, aux JO. Ils s'approchent et ils voient une main qui dépasse.

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Ils pensent tout de suite qu'il peut s'agir des fiancés de Fontainebleau.

[00:11:16]

Alors, ils ne touchent rien et ils vont prévenir les gendarmes près d'une zone marécageuse, écrivent les trois plaignants de la forêt de Fontainebleau. En début d'après midi, des gardes forestiers ont retrouvé des corps dissimulés sous des branchages. Trois cadavres, une femme, un homme et un chien en état de décomposition avancée à l'aube, à ne pas faire le rapprochement de cette macabre découverte avec la disparition, il y a deux mois et demi maintenant, des hangars dans le même secteur.

[00:11:46]

Quand les gendarmes arrivent sur place, la nuit est en train de tomber. On est au mois de janvier. La mare est gelée pour les gars. On fait rien soir. La scientifique viendra demain matin. D'ici là, vous me protéger, l'endroit, personne n'approche.

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Et le lendemain matin, les experts de la gendarmerie se mettent au travail. Délicatement, il retire une à une chaque branche et chaque feuille qui recouvre le corps. Première constatation les bruyères, les fougères, les branchages sur le corps sont frais, donc les cadavres ne sont pas là depuis longtemps. Les fougères sont encore vertes et les bruyères à peine fanées. On les a mis là récemment huit jours maximum.

[00:12:36]

Une fois les végétaux enlevés, voyons les cadavres. Il s'agit bien des corps des deux fiancés. Ils ont sur eux les vêtements qu'ils portaient le jour de leur disparition. Notez que les vêtements d'Anne-Sophie sont descendus et que ceux de Gilles, au contraire, sont remontés. C'est le signe qu'ils ont été traînés là avant d'être empilés. Autre chose les corps ne sont pas colonisés par les insectes ni dévorés par les charognards. Ils sont intacts, plus torréfiée, mais intacts.

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Donc, confirmation qu'ils ne sont pas là depuis longtemps. On les a stockés ailleurs pendant plus de deux mois et on les a mis là récemment. Ce qui rassure un peu les gendarmes parce que je vous rappelle qu'ils ont menées dans le coin deux battues et que les cadavres n'étaient pas là au moment des battues. On les amis là, bien après.

[00:13:29]

Alors, de quoi sont morts le médecin légiste révèle que les cadavres sont criblés de balles cinq balles dans le corps de Gilles, trois dans le corps d'Anne-Sophie et deux dans celui de donner le chien. Et ce ne sont pas des balles perdues parce que, d'après le légiste, elles ont été tirées à moins d'un mètre. Ils ont été exécutés à bout portant. Et d'après les Palestiniens, il y a plusieurs angles d'entrée des balles. Donc, il y aurait plusieurs tueurs, au moins deux qui ont tiré, sans doute simultanément, de deux endroits différents.

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Le calibre, le calibre des balles de 22 long rifle de marque unique modèle X 51 bis, c'est précis. Et ça, ma foi, ça n'est pas une arme de chasseur. Ça serait plutôt une arme utilisée par des braconniers. Dernière chose sur un rocher près du corps, il y a des traces de peinture verte. Regardez. On dirait qu'une voiture à un crochet ne croit pas. Il y a aussi des traces de pneus, une marque en général montée sur des 4/4, très répandue chez les chasseurs.

[00:14:46]

Je résume les corps ont passé deux mois ailleurs, hors de la forêt, mais où ils ont été amenés là récemment. 8 jours maxi en 4/4. Peut être par des chasseurs ou des braconniers. Mais alors, pourquoi? Pourquoi des chasseurs ou des braconniers auraient ils tué à bout portant deux jeunes gens? Et là, je suis au regret de vous annoncer qu'il va nous falloir faire un bond dans le temps phénoménal plus de dix ans pendant dix ans. Vous entendez?

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Rien ne passe une piste, pas le début d'une enquête. Les parents, pensez aux parents. Leurs enfants ont été assassinés, ont été exécutés même. Et on n'a aucune explication à leur proposer. Des supputations? Oui. Ah, les chasseurs, les braconniers. Mais en réalité, aucune preuve, aucun indice. Et ça dure comme ça. Jusqu'au 27 janvier 1999. Ce jour là, à Colombier, fontaine dans le dos. Très loin, donc, de la forêt de Fontainebleau.

[00:15:55]

Une vieille dame va voir les gendarmes.

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Bonjour! Voilà, j'ai entendu une dame de ma connaissance parler de son petit fils. Il aurait dit qu'il était responsable du meurtre de Fontainebleau. Pour dire qu'il a revendiqué le meurtre. En tout cas, c'est ce que j'ai entendu lire. Vous avez le nom de ce jeune homme? Oui, oui, il s'appelle Cédric. Le temps que l'information remonte aux gendarmes de Seine et Marne et là, ça fait ding ding. Parce que ce Cédrik nom de Dieu figure déjà dans le dossier.

[00:16:31]

C'est un braconnier. Il était sur place le jour de la disparition. Et entre nous, il a le profil. C'est un zinzin des armes qui va régulièrement jouer à la guerre du Vietnam en forêt de Fontainebleau. Il porte 24/24 un treillis militaire. Il est solitaire et il a fait un stage dans une armurerie et donc il se serait vanté d'avoir tué les fiancés.

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Cédric est interpellé chez lui, en région parisienne, le 11 février 1999. Il a 27 ans. Il en avait 17 au moment des meurtres. On fouille son domicile et sur quoi escomptons au milieu de tout un arsenal de carabines et de revolver. Une fan de long rifle de modèle unique modèle 51 bis. C'est l'arme des meurtres, s'il l'avoue, il est cuit. Au début, il dit qu'il n'était pas à Fontainebleau le jour des meurtres. Et puis, après quelques heures de garde à vue, il reconnaît que peut être un jour, il ne sait plus quand.

[00:17:43]

J'étais avec Marcel. On était sur le plateau, j'ai vu une ombre, j'ai tiré deux cartouches avec ma 22. C'est possible que ça tombe en bas. C'était une personne. Quelques heures plus tard, deuxième version, en plus de son ami Marcel, Cédrik implique son père. On était tous les trois en poste avec mon père dans la ravine du Plateau de Coquis Bus Wilko Quibus. On a entendu un bruit dans les feuillages et Marseille nous a dit de tirer.

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À ce moment là, mon père et moi, on a fait feu. Moi, je dirais j'ai tiré à quatre reprises et mon père, deux, trois fois. Et après, on s'est aperçu que c'était un homme. Et dans une troisième version, Cédric dit qu'il n'était qu'avec son père. Ajoutez à cela qu'il donne des détails assez troublants. Il décrit notamment les cris poussés par les victimes. Ça ne s'invente pas, ça et les vêtements qu'il portait.

[00:18:43]

Et ça, c'est plus troublant parce que ces détails ne sont jamais parus dans La Presse. Il n'a pas pu les inventer.

[00:18:52]

Alors, est ce que la carabine 22 long rifle qu'on a retrouvé chez lui est l'arme du crime? En théorie, c'est facile à dire. Toutes les armes laisse une trace caractéristique sur les balles, toutes. Sauf que là bas, c'est râpé. Cédric a modifié le canon et il a passé la culasse à la lime et à la toile Emry. Donc, pas de preuve matérielle. Il faudra se contenter de ces aveux. Sauf que ces aveux, il revient dessus devant la juge d'instruction.

[00:19:27]

Moi, je vais avouer sous la pression des gendarmes, ils m'ont insulté, ils m'ont giflé, ils m'ont même écrasé le pied pour que je parle.

[00:19:36]

Ce n'est pas moi, classique, classique, mais il faut le croire dans cette reculade, il a quand même donné beaucoup de détails et donc la juge le mette en examen pour homicide volontaire et l'envoie ou gnouf. Dix ans après. De même d'ailleurs que son père et son ami Marcel. Pas pour longtemps pour ce qui est des deux derniers. Ils ont un alibi. Ils sont, relâchaient Cédric et présenté à des experts psychiatres. Ils établissent que c'est un rebelle qui se prend pour Rambo, qui est fasciné par les armes.

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Il diagnostique des troubles du comportement, mais rien qui puisse lui éviter un procès.

[00:20:14]

Il y aura donc un procès. Le procès de Cédric s'ouvre à Evry en novembre 2001, devant la cour d'assises des mineurs, puisqu'il avait 17 ans au moment des faits, et c'est d'ailleurs aussi pour cela que je n'ai pas le droit de vous donner son nom. Dans le box, Cédric est mutique, prostré. Ses avocats plaident qu'on lui a extorqué ses aveux et en face, on dit que ses aveux sont trop complets pour avoir été inventés et donc fait venir à la barre les gendarmes qui ont recueilli les aveux.

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Et c'est un moment, je dois vous le dire, très dérangeant parce qu'il se mette à transpirer comme des bœufs.

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Est ce que je pourrais avoir un verre d'eau? L'un des gendarmes frôle même l'évanouissement. Il réclame une chaise et allez voir, je vous le dis franchement, on se dit qu'il est possible qu'il ait un peu secoué. Le jeune Cédric pour obtenir des aveux dans la foulée. Cédric lui même raconte que ce sont eux qui lui ont soufflé le nom du lieu dit, où il dit avoir tiré sur une ombre.

[00:21:18]

Ils m'ont fait une charade. Le plateau de Quibus. Ils m'ont fait Vignier, Koke, PQI, puis buz. C'est eux qui m'ont soufflé, non? Les jurés sortent de cette séquence avec un gros doute. Alors, à la fin, l'avocat général a beau réclamer trente ans de réclusion criminelle, c'est le doute qui l'emporte. Et d'ailleurs, c'est la règle en principe à la cour d'assises. Le doute doit profiter à l'accusé et Cédric est acquitté. Les parents de Gilles et d'Anne-Sophie, évidemment, sont catastrophé.

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Ils accepteraient peut être le verdict si, en échange de l'acquittement de Cédric, on leur proposait un autre coupable. Mais malheureusement, on ne va pas trouver d'autres coupables. Enfin, la justice n'en trouvera pas. Le journaliste Christian Porte, lui, va trouver des suspects, mais trop tard.

[00:22:16]

Et alors, est ce que l'enquête reprend après ce fiasco judiciaire? Eh bien non, parce qu'il n'y a pas d'autres pistes. Et donc, à un moment, quand il n'y a pas d'autres pistes, on classe, on range le dossier sur une étagère. Tant pis, ce sera un crime sans coupable. Ça arrive. Sauf que le journaliste Christian Porte, lui, ne veut pas lâcher l'affaire.

[00:22:44]

Vous vous souvenez que les corps ne sont pas restés dans la forêt pendant deux mois et demi? On en est sûr, ils ont été stockés quelque part pendant deux mois. Ou bien Christian Porte a une idée il y a des maisons dans la forêt, des maisons forestières. L'une d'elles, la maison nommée la Vendée, était occupée à l'époque du drame par un agent de l'Office national des forêts.

[00:23:07]

Eh bien, quelques semaines après la disparition des deux fiancés, il a obtenu sa mutation dans le sud de la France, à Montpellier. Louche. Et puis, son chef de service s'est suicidé cinq ans plus tard. Est ce qu'il était au courant? Est ce qu'il savait quelque chose? Le journaliste va en parler aux gendarmes qui se rancard sur le cas de cet homme. On leur dit que le type était dépressif, que son suicide n'a rien à voir.

[00:23:37]

OK.

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Et puis voilà, le temps passe. Il n'y a plus d'enquête puisque le dossier est classé et en 2011 arrive la prescription. C'est terrible pour les parents. Ça veut dire qu'à partir de maintenant, même si on trouve un suspect, ça ne sert plus à rien. Il ne pourra plus y avoir de procès. C'est fini. FI Ni. Et pourtant, il y en a toujours un qui ne lâche pas l'affaire Christian Porte. C'est l'enquête de sa vie.

[00:24:19]

Il a écrit deux livres sur le sujet et après la publication du dernier, Les vérités interdites d'un fiasco judiciaire, il reçoit deux appels, deux appels qui désignent tous les deux un coupable. Avec un bémol les deux témoins tardifs veulent rester anonymes par peur de représailles. Cela dit, même s'ils acceptaient de balancer le nom d'un nouveau suspect, qu'est ce que ça changerait? Les faits sont prescrits, prescrits, sans justice. Il ne pourra pas y avoir de vérité et donc il n'y aura jamais de vérité dans cette affaire.

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