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On raconte sur un Robin Quand tu Disturbed, la nouvelle série coup de poing de Polard, plus seulement avec Canal+. Une expulsion ratée, un mort, une brigade dans la tourmente. Lahiya, l'enquêtrice obsédé par cette bavure, découvre une affaire qui bouscule tout sur son passage en Disturbed. Tous les lundis, dès le 16 novembre, en exclusivité sur Polar Bleu et en intégralité via Canal. Raconte Christophe Hondelatte. Aujourd'hui, je vous raconte une histoire qui pourrait être la vôtre, qui pourrait être la mienne aussi.

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Car au fond, c'est une histoire tristement ordinaire, une descente jusqu'aux enfers de l'alcoolisme. Ce sera l'histoire d'un homme qui est là, assis en face de moi, qui s'appelle Lionel Barad Barjols, dans le Var. Bonjour, monsieur Barhein. Cette histoire, vous l'avez racontée dans un livre tourné d'enfer, écrit avec Vincent Di Serio et sorti il y a quelques mois aux éditions Au pays rêvé. C'est donc l'histoire de votre addiction à l'alcool qui commence avec votre première gorgée de bière à l'âge de 13 ans et qui s'achève avec votre sevrage à l'âge de 30 ans.

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Aujourd'hui, si j'ai bien calculé, vous devez avoir 47, 48, 48. Depuis deux jours. Depuis deux jours. Depuis, vous n'avez pas bu une goutte. Non, pas une seule. Pas une seule. Voici cette histoire que j'ai trouvé vraiment touchante. Parce que vous dites les choses avec beaucoup d'honnêteté et de franchise. Je l'ai écrite avec Quentin Mouchel. Réalisation Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Alors voyons, c'était déjà la première fois, la première fois que Lionel a bu de l'alcool, c'était à quel âge? À 13 ans? Oui, à 13 ans. L'été 83, à Barjols, dans le Var. Un soir, pour faire le mariole, il pique des canettes de bière dans le frigo familial et il va rejoindre les autres sur la place. Et il decagny une canette à la première gorgée de bière. Et tout de suite, je sais pas un bien être, c'est bon, c'est juste bon.

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Et puis, je suis grand. Maintenant, je bois de la bière. À part ça, ça n'a pas été une beuverie. Ce soir là, Lionel n'a pas pris de cuite. Pensez vous quatre canettes à 5 6Go? Mais c'était le premier contact et il a été agréable. Les cuites, ça vient après.

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Maintenant, Lionel a 15 ans. On m'étant 10 985. Les premières boum. Les Rita Mitsouko, The Cure, Indochine. Vous voyez les l'expo rouges qui balaient le sol et le plafond. Une boum, quoi. Bien sûr, on s'est débrouillé pour ramener des Bidouze et notre Lionel découvre que picolé est bien. Ça le désinhibe. Quelques bières dans le cornet et il tchatche. Il tchatche avec tout le monde. Ça fait marrer les filles et les filles.

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Quand elle se marre bien, c'est presque gagné. Bref, ça lui plaît. 2. Ça l'aide.

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C'était comme si on avait passé un cap. Si jamais on avait, on avait obtenu notre passeport vers l'âge adulte et c'était le genre d'intégration qui va se faire. Il y a eu aussi braver l'interdit puisque on est quelque chose de de sortir un peu, d'avoir une force de ça a pas au niveau du statut. C'est aussi vis à vis de la gente féminine ou des gens que je veux séduire. Un truc très particulier qui va me donner un peu genre de forme, de courage, de tout un tas de trucs.

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Au début, Lionel ne boit que pour faire la fête. Et puis, avec ses potes Éric et Olivier, ils prennent une sale habitude au collège. Après la cantine, à midi, ils se prennent un petit pastis, une pichenette, trois fois rien pour se donner du baume au coeur. Sauf qu'il a 15 ans et qu'il est en troisième. Gonin. Il n'y a pas que ça. Il est supporteur de l'Olympique de Marseille. Bien sûr, ils sont toute une bande à aller au match ensemble, souvent plus vieux que lui.

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Ils se retrouvent au bistrot près du vélodrome, et là, ça envoie. Or, qu'est ce que tu dis? T'es un Ricard? Un grand format, svp?

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A la rigueur était synonyme d'identité et il ne fallait surtout pas me donner du Casa ou du cinquantenaire. Parce que pour moi, j'avais opté. C'était le Ricard. Et attention, le contenant était aussi important. C'est à dire le verre qui était Ricard granulaires. Il ne devait pas être servi DASEN, ballon ou momi parce qu'il y avait quelque chose qui était bafoué dans mon identité sudiste. Et tout ce que je voulais prôner comme valeurs était aussi lié à cette étiquette quelque part.

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A 17 ans, Lionel choisit de devenir boucher comme ses parents, en alternance apprenti. Et donc, il gagne un peu d'argent. Pas des sommes astronomiques. Mais pas mal pour un ado qui vit encore chez ses parents. Il a de l'argent dont il sort à 17 ans normalement, et il n'a pas le droit d'aller en boîte. Mais d'abord, il le fait plus vieux. Et puis les videurs, ils sont cool, les videurs, ils sont très cool et les barmen aussi.

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Comme il a des sous, il lansky les Malibu ananas les uns derrière les autres. Jusque là, reconnaissez que ça ressemble à l'histoire de beaucoup de jeunes, à la vôtre, peut être à la mienne, c'est sûr. A part peut être les pastis à midi au collège. Ça, ça n'est pas très courant. Mais quand Lionel a 18 ans, il faut être lucide. Il boit le midi. Tous les midis, il boit pour faire la fête, il boit pour se préparer à faire la fête.

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Il boit pour fêter une victoire de l'OM et pour se consoler d'une défaite de l'OM. Bref, il boit tout le temps. Sa vie est devenue une litanie de Ricard. Or, ce n'est pas rare. Il est jeune, ça va lui passer. Il faut que Jeunesse ne soit pas Senan. Alors, attendez la suite. Il est amoureux. Il vient de s'installer avec Stella, une jolie brune, dans un HLM de Barjols. Lionel a 18 ans et parmi les nombreux avantages de la situation, il y a un voisin formidable dont il vient de faire la connaissance, Paul, un grand, très maigre, avec des cheveux longs bouclés à celui là.

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Il l'a repéré dès le premier jour. Un rigolo bon vivant comme il les aime. Et, à part ça, un ivrogne.

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Au début, il se faisait des soirées à quatre avec sa femme, à lui et avec Stella.

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Et puis c'est devenu des soirées à deux. La belle équipe Lionel et Paul en tête à tête, la baudruche au milieu, d'abord, de temps en temps. Et puis tous les soirs, ça a été déterminant dans le système où il y a eu des moments où on peut être.

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Moi, j'aurais voulu lâcher l'affaire ou en tout cas être omniprésent ou construire quelque chose d'autre avec mon épouse. Et que cette relation est extrêmement proche aussi de moi qu'on été voisines. Une cloison. Et c'est tout. Ben, en fait, même fatigué toutes les soirées à se transformer en beuveries, que ce soit en semaine comme en week end. Désormais, il n'y a plus un seul jour sans alcool. Du vin, de la bière, du pastis. Dans son livre, Lionel écrit comme le café le matin, le dessert après le repas, la tisane avant d'aller se coucher.

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J'adorais ce mode de vie. Et puis, il y a un moment. En 1994, Lionel a 24 ans où il faut bien quitter l'ami Paul pour aller faire son service. Attention, danger! Car chacun sait que le service militaire est l'occasion de beuverie mémorable. Le voilà donc à Draguignan. Pas emballé. Autant vous le dire. Alors, le soir, Lionel passe une petite tête au foyer. Salut les gars du nouveau, s'il te plaît! Mais le problème, c'est quand il part en manœuvre, en manœuvre.

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Il n'y a pas d'alcool là. Le soir, il se retrouve sous la tente à suer à grosses gouttes. On dirait qu'il a de la fièvre. Il tremble. Il est en manque comme un drogué dépendant, autrement dit alcoolique. Il ne va mieux que quand il rentre à la caserne et qu'il va faire un petit tour au foyer. Or, du moment, il nomos, s'il te plaît.

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Ça a été ma première expérience et j'ai identifié plus tard que c'était mon premier Mengue puisque lorsque je suis arrivé au mess, un peu comme aucun cheval rentra à l'écurie, donc au plus je me rapprocher de la bière. Au plus je commençais à avoir de l'énergie pour pouvoir marcher alors que j'avais été frappé 20km. Et lorsque je suis arrivé là, je me voyais quatre, mais très rapidement, histoire d'apaiser cette douleur. Et comme par enchantement, la grippe a disparu.

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Mais pour l'instant, il n'est pas alcoolique. Il est épicurien. Il aime les plaisirs de la vie. Il est bon. Vivant, quoi? Quand son service s'achève, il fait sa part. Une cuite mémorable. Il sort de la caserne, il fonce vers un bar et il s'en voit défiler. Une quinzaine de pastis pour commencer. Et puis du vin et de la bière. Et Sam Bourgeais Le Gone, c'est vrai qu'il encaisse, n'est jamais malade, à peine titubant.

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Un roc. Depuis qu'il est rentré de l'armée, Lionel fait quelques heures de ci de là dans la boucherie de ses parents et le reste du temps. Paul, il a retrouvé Paul. Ils ont recommencé à boire un verre de l'amitié. Sauf qu'il a changé. Il a l'alcool de plus en plus mauvais quand il est bourré. Il a son regard sombre comme fixe. Il se met à parler tout seul. Maugréer a râlé dans son coin, mélancolique et en même temps agressif.

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Aussi a changé. Le samedi soir, il sort en boîte avec Stella. Il boit, il boit, il boit. Et pour la première fois, ça dérape. Un type a maté sa femme. Oh là là, il se lève et lui met un gros coup de boule. BIM! Dans ce contexte, d'après vous, est ce que son couple va durer? Non, bien sûr. Ils viennent d'avoir un petit bébé. Ça aurait pu être un tournant, mais non.

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Il boit, il s'engueule, il boit tout le temps, il s'engueule tout le temps. Alors un jour, Stella se fait la malle avec le bébé et Lionel boit pour se consoler. Et quand il va en boîte, ce n'est plus pareil. Avant, il passait la nuit à plastronner, à rigoler en faisant des grands gestes. Maintenant, il finit vautré sur la table, gluants, la tête entre le seau à glaçons et les bouteilles vides. Et quand il ne sort pas le soir à la maison, devant la télé, il s'envoie trois bouteilles de pinard.

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Vous entendez plus de whisky à Barjols? On le traite, Porcheron.

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Pour vous dire, aux repas de classe des anciens du Collège, il n'est autorisé à venir qu'au dessert. Empocheront qui fait honte à tout le monde, qui a bien des amis qui essayent de le sortir de là. Vous vous souvenez d'Éric et Olivier, avec qui il buvait des pastis à la récré au collège? Un jour, il se pointe chez lui. Et Eric, le plat commune. Tu vois pas que tu fais la peine à tout le monde.

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Lionel, tes parents qui passe n'étaient pas là.

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Tu nous fais chier. Tu nous fais chier. Et les parents? Alors, les parents Bassey, leur fils? Ils sont compréhensifs. C'est la séparation avec Stella. C'est le bébé qui ne peut plus voir. Ça lui passera.

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Quelques dizaines de litres d'alcool plus tard, Lionel a 27 ans et il ne s'est pas arrangé et malgré tout, il rencontre une fille, Adèle, le coup de foudre. Il joue franc jeu dès le début. Il le lui dit Je suis alcoolo. Elle le prend comme il est cool. Il se marie. Oui, bien sûr. Mieux que ça. Ensemble, ils ouvrent une pizzeria. D'après vous, ça va marcher?

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La pizzeria Les Cubi de vin rouge à portée de main, il va les regarder combien de temps? Dès que sa femme a le dos tourné? Il fonce vers la réserve. Il attrape le cubi et il boit au goulot comme un morte. Soit vous pensez qu'elles sont bonnes, les pizzas. Après, il n'est même pas capable de noter une commande. Les clients se barrent en courant. C'est un fiasco. Ils sont au bord de la faillite.

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Jollès comme Thomas Muche au restaurant, ça a été vraiment la fin ou la fin, ou plutôt le début de l'enfer, puisque là, l'alcool est à profusion. Je peux aller le chercher dans la cave. Je peux tromper tout le monde avec. Bretonnante que j'achète des bouteilles pour le resto, même pour moi. Et là, Lionel voit bien que tous les regards sont braqués sur lui. Plein de reproches, sa femme, ses beaux parents. Alors, le dimanche, au repas de famille, il ne boit plus un verre.

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Un peu de femmes, Lionel? Non? Non, merci. De l'eau, vous? C'est touchant, tout le monde est content, sauf qu'il triche. Il a rempli le coffre de sa voiture de cannettes de bière et dès qu'il peut, il va sans vider une. Il avait déjà fait le plein avant le repas. Rassurez vous. Et quand il va au ski avec beau papa et belle maman, ils emmènent ses provisions.

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On était parti à la montagne parce que son père avait un chalet là bas et déjà dans ma besace de ski alpin. Je partais toujours avec une ration suffisante de bien être sur trois télésièges. Je n'allais pas me retrouver sans ma précieuse bouteille.

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Et voilà comment Lionel est arrivé à faire croire à tout le monde qu'il n'était plus alcoolique. Les naïfs.

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Et le subterfuge marche comme ça pendant deux ans, pendant deux ans. Lionel, tout le monde. Personne ne s'aperçoit qu'il picole en cachette. Enfin, si Adel s'aperçoit bien un jour qu'il tape dans la caisse de la pizzeria pour aller au bistrot, c'était un accident qui va se reprendre. Promis. Et puis, Adel tombe enceinte. Et là, tout le monde se dit c'est ce qu'il lui faut. Un deuxième enfant, ça va lui ouvrir les yeux.

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Le jour de l'accouchement, il déboule à la maternité, saoul comme un cochon. Oh, il est homophonie, ça.

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Et je veux voir mon fils. Il n'est même pas en état de porter le nourrisson dans ses bras. Alors, avec tact, son beau père lui dit. Gonin T'es fatigué! Je pense qu'il faut que tu ailles te coucher, c'est mieux comme ça, tu verras ton fils de même quand tu seras en forme. Et quelque temps plus tard, Adèle tombe sur l'une de ses planques, l'une de ses nombreuses planques de bibine, et elle en a marre elle aussi.

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Et elle attrape son bébé et elle claque la porte. Et de deux!

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Et Lionel doit retourner vivre chez papa maman malheureux bien sûr, malheureux de ne pas avoir su retenir Adel, malheureux de ne plus voir son fils. Alors il accepte de se faire hospitaliser pour une cure de sevrage. Non pas qu'il veuille vraiment arrêter, mais disons pour rassurer les autres, pour donner le change. Pour leur faire plaisir. Pour montrer qu'il est plein de bonne volonté. Mais au bout d'une semaine de cure, le médecin est imprudent. Ecoutez Lionel, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vous propose de poursuivre ce traitement chez vous.

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Chez lui, il est ravi, il rentre et c'est reparti comme en 40. Adel ne fera pas marche arrière.

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C'est fini. Alors pourquoi se retenir?

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Pourquoi une nuit? Il rentre complètement rond chez ses parents. La tête penchée, les yeux qui regardent ses chaussures, il met trois plombes à mettre la clé dans la serrure. Surgit son frère David. Peutelle, Yonnel, regarde toi, regarde toi, Lionel, t'as vu ce que t'es devenu? Tu n'arrives même plus à ouvrir la porte. Tu te rends compte que tout le monde est malheureux. Pas ça. Tes enfants, peut être pensent à tes parents?

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Ah non, pas. Et le lendemain, son père lui dit. Il faut que tu retournes à l'hôpital, c'est normal que tu rochegude. C'est comme la cigarette, faut plusieurs tentatives pour réussir.

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Alors il fait sa valise et il retourne à l'hôpital. Mais une fois de plus, c'est surtout pour rassurer les autres.

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Lui, l'idéal est surtout pas d'arrêter. Elle est de plutôt essayer d'être de nouveau bien entouré. Quand j'ai une femme qui me correspond. Et de faire plaisir.

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Et il fait comme ça des allers retours entre l'hôpital et la maison. Et un médecin, un jour, pose un diagnostic. Ecoutez Lionel. Vous êtes ce qu'on appelle un dépressif suicidaire, ce qui veut dire en gros qu'il boit pour se suicider à petit feu et devant tout le monde. Mais qu'est ce que ça change? Il sort. Il rentre chez papa, maman et ils se remettent à écumer les bars. L'alcool m'était devenu aussi indispensable que leur que je respire.

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Mon passé, ne serait ce que quelques minutes. C'était comme me retrouver en apnée. Un soir, il passe chez Adèle. Il veut la reconquérir. Alors, il sort le grand jeu. Il a changé.

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Elle lui répond froidement Ecoute, Lionel Focant, divorce.

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Il n'a plus rien à perdre puisqu'il a déjà tout perdu. Alors, il poursuit sa descente aux enfers. Oui aux enfers, parce que maintenant, chez ses parents, son père l'a collé au grenier sur un matelas troué avec un seau pour ses besoins. On ne veut plus voir sa trogne chez ses parents. Il n'y a plus une seule goutte d'alcool dans toute la maison. Ils ont fait le tour des bistrots de Barjols pour prévenir. Tout le monde ne lui servait plus à boire.

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Alors, vous savez ce qu'il fait puisqu'il n'y a plus rien à picoler, ni à la maison, ni au village. Il se met à boire de l'alcool, à brûler. Le manque est tellement fort. Je vais commencer à titiller le collaborez. Au départ, je vais sentir. Puis je passe le pas et j'avais commencé à me alcoolisé avec ça. Et je vais Minko régulièrement avec ce truc là, car je ne peux pas me payer et trouver de quoi apaiser cette pulsion de bois et cette dépendance extrêmement forte.

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J'avais commencé de prendre ça, alors je vais tenter diverses goo puisque j'ai quand même essayé Grenadines gourmande. J'ai essayé pas mal de trucs d'un il qui passe.

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Parti comme c'est parti. Lionel ne va pas vivre vieux, sauf si il a un déclic. Et en l'an 2000, Lionel a 30 ans et à la Fête de la musique de Barjols, il est bourré comme un coin et à la terrasse d'un bistrot, il se jette sur un groupe de musiciens et il pique les baguettes du batteur. Et il se lance dans un solo, genre qui fait saigner les oreilles.

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Il se croit drôle, mais quand il relève la tête, les gens le regardent avec de la pitié. Il a été ridicule.

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Il a honte parce qu'il est sourd. Ça, c'est sûr, mais ça ne l'empêche pas de ressortir le regard des gens. Une fois, il décide de postuler pour faire serveur dans son restaurant. L'entretien avec la patronne ne se passe pas au téléphone.

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Lui, il est certain d'avoir fait bonne impression. Mais à la fin de l'entretien, la patronne lui dit Je suis désolé, on ne recrute pas les jobs.

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Aucun problème avec l'alcool. C'est dingue, ça veut dire qu'au son de sa voix, elle a su qu'il était alcoolique et toutes ces petites humiliations posées les unes à côté des autres vont finir par générer un déclic.

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Il fait plusieurs cures à l'hôpital. Quand il ressort, il replonge, mais il n'y va plus seulement pour rassurer ses proches. Il y va pour lui et maintenant il participe à un groupe de parole gens alcooliques, anonymes et chacun témoigne devant les autres. C'est pas évident. La plupart des types autour de lui ont la soixantaine. Et lui, il a 30 ans. Au début, c'est dur de parler devant tous ces vieux. Mais petit à petit, il se sent plus à l'aise.

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Et puis, il a trouvé un soutien. Le docteur de son village, le docteur Nicolau, un médecin à l'ancienne, investie dévouée. Pas du tout spécialiste de l'alcoolisme. Il n'y connaît que dalle, mais il écoute. Il n'écoute juste.

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A l'hôpital, on lui a prescrit un nouveau médicament. l'Espérance, c'est un médicament qui bloque l'assimilation de l'alcool par le corps à la première gorgée. On est malade comme un chien entre nous. Des fois, il ne le prend pas. Un soir, il rentre chez ses parents, complètement pété. Il a vomi sur son T-shirt et il a la tête en sang. Et le lendemain matin, sa mère le réveille. Il est dans un état comateux et elle lui fourre le médicaments dans la bouche de force en lui écartant les mâchoires.

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A partir de maintenant, tu m'entends, je vais te regarder chaque jour avaler ton médicament, Lionel.

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Ce médicament, il est maintenant obligé de le prendre tous les matins.

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Je vais prendre ce médicament, alors au début, je me nafis prescrire, là aussi de manière inconsciente, pour rassurer encore une fois mes parents qui croient que je suis sous Aspérule. Mais je vais développer des stratégies où je garde une pensée dans la bouche et les recracher, cette molécule, jusqu'au moment où ma mère s'aperçoit du subterfuge et me voit en train de dire continue à boire alors que ces médicaments ne permettent plus la consommation. Elle va s'apercevoir comme ça que je ne bois pas, mais je le crash et à reprendre l'initiative.

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Non seulement je vais mettre la main dans la bouche, mais je vais vérifier que tu lavalley et grâce à ce médicament, il ne peut plus boire. C'est déjà ça et il ne boira plus jamais. Il va mettre des années à se reconstruire. Mais depuis ce matin là où sa mère lui a fourgué le médicament dans la bouche, il n'a pas bu une goutte.

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Voilà donc pour cette histoire ça va Lionel, ça va où ça colle, ça colle bien et ça colle bien. Ça secoue un peu, gamin comme ça à la radio. C'est vrai que c'est quelque chose d'assez émouvant, mais ça colle juste, ça colle juste et ça tient depuis 18 ans et ça tient depuis 18 ans. Oui, effectivement, ça fait du temps. Non seulement je ne consomme plus, mais en même temps, je suis très heureux de ce que je fais et de ce que je suis devenu.

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Et même, je dirais que je suis pas très fier d'avoir arrêté de boire parce que je n'ai jamais fait que me sauver la vie. Je me suis occupé de ma propre peau et effectivement, il y en a jamais aujourd'hui beaucoup de bénéfices, mais plutôt ce que j'en ai eu fait maintenant, c'est à dire mettre au service des autres. Et prenez ce discours là.

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Est ce que c'est dur de résister encore aujourd'hui, 18 ans après, alors ça l'est plus du tout. Mais il faut le voir aussi de cette façon là. Souvent, on me dit quand je vais dans des baptêmes ou des mariages, on me dit que c'est pas trop dur de rester sans alcool. Le Noël, le passé, c'est champagne. J'aime aussi souvent prendre la controverse en expliquant que ce n'est pas dur d'être de l'autre côté, c'est à dire dans la mentalité des gens.

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On se voit tous comme étant dans un alcool festif, alors que dans la situation qui était la mienne, les deux, les deux chambres étaient très compliquées. Arrêter, c'était dur, mais continuer l'était tout autant, voire plus. Les gens ne vous voient pas à la radio, mais ceux qui vous suivent, par exemple via Facebook, qui vous suivent via le site Europe1.fr en vidéo, voient votre tête. Vous avez une tête de bon vivant?

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Encore merci. Mais je continue à être un très, très bon vivant. Tout au moins, je l'espère. C'est à dire que vous avez une tête de type qui picole, qui boit pas tous les jours, mais vous avez une tête de type qu'on peut traîner au bistrot pour passer une bonne soirée.

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Mais on peut me traîner au bistrot en boîte de nuit ou au restaurant, et je pense être toujours de très bonne compagnie. Je n'ai absolument rien à voir aujourd'hui avec ce produit et je ne suis pas du tout en train de blâmer, au contraire, les consommateurs d'alcool. Mais voilà, j'ai une histoire qui me permet de rester. Je pense ce bon vivant et j'ai retrouvé le goût à la vie. Et je suis là aussi pour prôner que la vie en alcool est possible et que c'est une vraie vie.

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C'est une vraie vie. C'est ça qui a peut être compliqué à me mettre dans la tête et à me convaincre que la vie sans alcool était une vraie vie. Vous buvez quoi à la place?

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Maintenant, je bois essentiellement de l'eau pétillante, une petite dédicace à ma femme. D'ailleurs, quelques jours après moi, par rapport à ce truc pour faire de l'eau plate et du café, je ne suis pas trop attirée par autre chose. Rien de sucré. Oh, je ne sais pas ce qui m'intéresse.

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J'ai bu des trucs chez Jus de fruit sucré du coca, mais au moment où là aussi, je pense que ce que j'ai raconté avant hier, un chapitre de la vie d'Yves Saint Laurent et Saint Laurent, quand on la sevré de l'alcool, il est devenu addict au Coca-Cola.

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Ah non, ça, ça n'a pas été écrit au sucre alors que j'ai toujours plus ou moins mangé. Mais là aussi, je pense que j'ai encore des démons et des addictions qui peuvent me rester. Mais disons que celle ci est le mode socialisent pas. Elle me fait avoir un petit bidou, mais elle me des pas. Alors du coup, c'est devenu votre métier de lutter contre l'alcoolisme, dans les entreprises notamment. Vous êtes consultant en addictologie. Vous avez passé un diplôme universitaire d'addictologie et vous vous faites le tour des entreprises?

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Exactement.

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J'ai passé plusieurs diplômes. Le sujet m'a intéressé puisque dans mon histoire de vie, je reconnais un deuxième temps. C'est que j'ai quitté le métier originel de restauration dans lesquels j'évoluais pour partir dans le travail social. Vous n'avez jamais été boucher, d'ailleurs? Aussi, je suis resté boucher pendant 14 ans, mais ce n'était pas vraiment le métier pour lequel j'étais. J'avais les meilleures chaussures au Mazzara. Je n'étais pas bien habillé, mais bien dans le personnage et dans ses baskets.

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Là, j'ai opté pour le travail social et notamment l'autisme ou le handicap. Et très rapidement, j'ai été curieux et poussé encore une fois par mon épouse. Ma troisième et actuelle nièce. Donc, j'ai opté pour un peu ce que je pouvais donner en terme de travailleur social spécialisé dans les addictions. J'ai fait un diplôme universitaire, effectivement, mais je ne me suis pas contenté de ça. Et aujourd'hui, je me définis. J'aime bien me définir comme étant un étudiant.

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Justement, je dois avoir une dizaine de diplômes, des diplômes ou certifiant que je continue à m'intéresser sous les divers aspects thérapeutiques. J'étudie, j'étudie, j'étudie et j'essaye non pas de lutter contre l'alcoolisme, mais plutôt d'accompagner ceux qui en souffrent. Puisque arracher les vignes ou fermer les bars, c'est vraiment ce qui me caractérise. Je préfère être et m'assurer que les parcours de vie, il y a des jeunes qui ont des soucis et qu'ils sachent éventuellement qu'on peut en sortir et qu'on peut se faire aider par des spécialistes.

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Tout le système, notamment des Alcooliques anonymes. Ce type d'associations, il y en a plein d'autres qui font ce travail là en France. Et justement, basé sur ça. C'est à dire? Ce sont d'anciens dépendants qui parlent aux dépendants actuels?

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Oui, tout à fait. Je pense que les mouvements d'entraide, effectivement, et le vécu de l'individu est quelque chose qui peut être extrêmement intéressant, voire vraiment porteur et générateur de motivation chez les gens parce qu'on parle vrai. On appelle ça. D'ailleurs, les experts en alcoologie appellent ça les patients experts. Maintenant, j'aime bien moi le couper. Pour avoir travaillé longtemps dans le monde associatif, pas de alcooliques anonymes, alcool assistance à une autre association, sœur.

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Je ne l'ai plus prônée en disant que le vécu sans théorie n'est rien. Donc, il faut aussi adopter quelques techniques et savoir de quoi on parle. On ne peut pas aider les gens se contentant de raconter sa vie. C'est d'ailleurs aussi ce que j'ai fait dans ce livre, c'est à dire que. L'histoire finit bien, comme le dit d'ailleurs Maurice Morgane. Heureusement que je connais la fin du livre parce que je crois que j'aurais pas lu, ça finit bien, mais ce qu'on doit voir à travers ce truc là, c'est que on ne peut pas se contenter de ça.

[00:29:42]

Il faut aussi que l'individu adopte et sache quelles sont les techniques, quelles sont les théories, comment ça fonctionne. Pour être aidant, il faut à mon avis associer les deux mon vécu. Quand je fais de l'information ou des interventions, je pense authentifie le dialogue au dialogue puisque je couple le savoir théorique à des schémas imagés et que je tire de mon histoire avant que j'oublie Christophe. Jacques Chirac a même remercié l'écrivain parce qu'il faut préciser que j'ai cité son nom à Vincent et cité dans la mesure où il a bien su capter mon esprit.

[00:30:14]

Et je sais que ça fera plaisir à sa maman de l'entendre. C'est un personnage bien atypique. Sans quoi ce livre n'aurait jamais eu lieu. Je voudrais qu'on revienne, Lionel, à la première gorgée de bière. Quand vous avez 13 ans, c'est une scène à laquelle on s'identifie parfaitement bien parce que on a fait exactement la même chose. Beaucoup d'entre nous ont volé des cannettes de bière dans le frigo de vos parents et vous allez les boire en douce.

[00:30:38]

Et puis arrive 15 ans au pastis, à la récréation, au collège. Vous êtes en troisième. Ce qui m'intéresse bien la dedans, c'est d'après vous. Qu'est ce qui fait que vous vous plonger dans l'alcool alors que Eric et Olivier, vos copains qui boivent le même pastis à la même récré au collège, sont au contraire ceux qui vont venir? Vous soccupent vous secouer plus tard? Pourquoi vous? Et pas, pourquoi pas eux?

[00:31:04]

Je pense aujourd'hui et j'aime bien récupérer les schémas de Lionel Palomino qui nous y sommes faits, tout simplement. C'est l'histoire qui va faire ça. Donc, le voyage que j'ai fait lors de cette première bière, qui a été pour moi fort agréable, m'a permis tout de suite de se coucher avec cet état là et du coup, j'ai voulu le reproduire à plusieurs reprises et le réutiliser dans d'autres circonstances, avec une autre histoire de vie marquée par les mêmes émotions.

[00:31:27]

Et du coup, c'est qui a été déterminant. Après, on sait aussi qu'il y a une prédisposition dans ma famille. On a un peu de fragilité où mon grand père était déjà alcoolique, alcoolique. Oui, c'est quelque chose qu'on a pu voir. Je pense que mon oncle avait quelques soucis avec le produit, donc c'est quelque chose qui est omniprésent dans notre famille. Il y a cette fragilité à la base d'insécurité, comme le dit Rémi Boobs, qui a préfacé mon livre et qui est un ami qui est très juste, mais qui n'est pas un traumatisme, juste une instabilité.

[00:31:51]

Et puis moi, ça a été vraiment un coup de foudre, comme si on est tombé amoureux.

[00:31:54]

Vous êtes hypersensible? Ça se voit au premier coup d'œil. Oui, vous êtes ce qu'on appelle un gros nounours. Je suis un gros nounours.

[00:31:59]

Je suis sensible aux marques sur les émotions. Effectivement, c'est quelque chose qui me caractérise, même si quelquefois, on a un peu peur de moi par rapport à mon look. Mais par rapport à ces choses là, c'est vrai que j'ai plutôt tendance à être gentil.

[00:32:08]

Je décris de look tatouages, boucles d'oreilles et chapelet autour du cou et j'appelais au crâne rasé. Fait vous êtes garçon? Boucher? Boucher, vous êtes garçon?

[00:32:18]

Henschel suis dans ce look là.

[00:32:22]

Est ce que c'est le produit qui vous inspire? Ou est ce que vous accrochez un problème sur le produit?

[00:32:28]

Non. Au départ, c'est juste le produit et le statut qu'il me donne le bénéfice. D'ailleurs, c'est aussi pour ça que l'on a appelé ce livre tourné dans. Au delà de l'hommage à Renaud que j'admire et que j'aimerais bien rencontrer parce que je suis convaincu de pouvoir y apporter que j'essaye d'en sortir, c'est pour ça que je suis assez content de pouvoir apporter quelque chose. J'aimerais connaître, moi, rencontrer au delà de l'homme que j'adore, j'admire. J'aimerais beaucoup rencontrer cet homme là.

[00:32:49]

Dans un deuxième temps, c'était à, c'est à dire c'est un peu Mi-Vallon. Au départ, ça n'avait pas à une tournée d'enfer et en même temps, c'était aussi quelque chose qui était vraiment tourné au début. Allez vous faire cette tournée, c'est à dire quelle est vraiment d'enfer en termes d'émotions? Elle m'apporte tellement de choses. C'est tellement génial d'en quand c'est positif. C'est positif dès le départ et après, je vais en enfer. Mais sur le moment, ça me fait rire.

[00:33:10]

On ne sait pas trop exactement où il est et je redis tout le temps c'est le poids. Finalement, il est omniprésent. Il a été tantôt bien, tantôt mal fait. Ça a été vraiment l'enfer.

[00:33:18]

Par contre, pour moi, je m'intéresse au diagnostic de ce médecin. Il vous dit vous êtes un dépressif suicidaire, donc dépressif tout court. La fin de la dépression étant le suicide. Vous étiez donc dépressif, hypersensible. Est ce que l'alcool n'a pas permis d'accrocher une forme de névrose? Je pense pas pour le côté dépression. Est ce que c'est l'alcool qui l'a provoqué? Alors, j'aime à croire moi même aujourd'hui, par rapport à ce que je me fixe.

[00:33:46]

C'est ce que j'ai appris diverses sur les diverses formations que j'ai pu faire. L'alcool est un dépresseur du système nerveux central. Sa direction parle. Théoriquement, je n'ai jamais rencontré de personnes alcooliques qui ne soient pas dépressives. Ils sont forcément dépressifs puisqu'ils sont sous dépresseurs. Donc aujourd'hui, quand on entend qu'un alcoolique et dépressif. Heureusement que ça, c'est un peu comme si jamais on disait un diabétique sans sucre que c'est l'alcool qui vous rend dépressif. Dans le cadre où là où j'étais, c'est la relation que j'ai l'alcool qui me rendait comme ça.

[00:34:12]

D'où, encore une fois, des diagnostics médicaux ou des rencontres d'experts qui n'avaient d'expertise que leur propre vécu. Donc, c'est totalement faux. Forcément, j'étais dépressive. J'ai tourné à des doses d'alcool qui ne pouvaient me rendre bricoleur. Et lorsque j'ai arrêté de picoler, c'est bizarre. Mais la dépression s'est arrêtée là, côté bien quelque chose. Méfier des diagnostics hâtifs étant donné que ce type d'addiction provoque forcément de la dépression parce qu'on dit toujours il boit parce qu'il a un problème.

[00:34:38]

En fait, il a un problème parce qu'il boit. C'est sûr que c'est souvent le cas. Malheureusement, dans ce pays, je vais citer le professeur Rudesses puisque je ne suis pas médecin. Il faut faire très attention à ne pas trop secouer les ego. Mais le professeur me dit clairement que 80% des populations françaises s'arrêteraient d'être dépressifs, impose, enlevèrent. On a un gros problème de consommation d'alcool dans ce pays. Sauf que là encore, on est sous l'omerta et on est sur quelque chose et qu'il faut se cacher.

[00:35:00]

Le diagnostic n'est pas bon, c'est tout. Il faut se poser une question avant de dire on est dépressif, de regarder quelles relations avec ce type de produit. Donc, votre voisin que vous avez appelé Paul, mais qui s'appelle pas Paul. Vous avez changé tous les prénoms, y compris ceux de vos épousant dans votre récit. Il vous a fait plonger. Alors, il ne faut pas le dire comme ça non plus parce que il y a contribué.

[00:35:21]

Ce n'est pas lui qui a contribué. C'est ce que j'ai mis en lui d'ailleurs. Pas seulement vous l'avez cité comme étant un. Je ne sais pas si Bernard, ça reste un ami et il est encore aujourd'hui mon ami. Il continue à rester mon ami, mais j'y crois toujours et peut y arriver. Je prends des consommations, je le vois nettement moins et je pense qu'il a toujours des consommations. Mais ce n'est pas Bernard, ce pas Paul que je connais.

[00:35:39]

Le prénom maintenant, c'est la relation.

[00:35:41]

C'est moi ce que j'y mets dedans. Il n'est pas fautif dans ce qu'il y a dans ce qui m'est arrivé. Je suis seul, seul responsable de ça. C'est moi qui met le curseur, c'est moi qu'il aime aussi. Je me suis absolument régalé avec ce gars et je me régale encore avec ce gars. Sauf moi. Moi, ce que j'ai mis dedans, c'est trop pour moi. Et puis, j'ai basculé du mauvais côté. D'ailleurs, vous avez basculé et pas lui.

[00:35:59]

Il n'est jamais vraiment devenu une Embolique. Comme quoi c'est bel et bien lié à l'histoire, comme mes potes Eric, Olivier ou d'autres. Il y en a qui ont basculé, peut être aussi là dedans et qui basculeront encore. C'est l'histoire. C'est vraiment cette relation qu'on entretient avec qui va poser un souci. Il ne faut pas aller chercher des traumas. Il ne faut pas aller chercher les histoires de vies cassées. Toutes les bonnes raisons. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais rencontré de personnes qui ont des addictions, qui n'ont pas de bonnes raisons d'en avoir les bonnes raisons.

[00:36:22]

Elles seront toujours là. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment ils peuvent troquer ces bonnes raisons et trouver autre chose, un autre chemin, entre autre possibles, comme j'ai pu le faire. Vos parents? Oui, j'ai l'impression qu'ils ont joué un rôle vraiment important. On les sent très aimants et donc assez. Ils vous pardonnent beaucoup de choses. Ils vous lâchent pas 90% des parents. Vous aurez foutu dehors à coups de pieds, aux pieds, à coup de pied, au cul.

[00:36:47]

Alors là, ils ont eu aussi cette 7E7 de l'enfant lors de moments de doute. Mais comme je l'ai su que plus tard, en fait, ces stratégies et métier de, il savait aussi que j'étais un gogo et il jouait avec moi en disant On va le matador lui faire croire qu'il est seul. Un Zajac de 14 pourra récupérer, saura exactement où il est. Ils ont été très fins. Maintenant, je pense qu'ils ont été patients, alors ils sont parents.

[00:37:09]

Lorsqu'un parent lâche son gosse, ben oui, il y en a qui font qu'il faut. Effectivement, ils n'ont pas eu cette façon de faire parce qu'ils avaient sa culture dans leur famille.

[00:37:19]

Peut être de l'alcoolisme, alors?

[00:37:21]

Il y a cette culture déjà, et les comparaisons ont été faites. Maintenant, je ne suis pas mon grand père, je suis Lyonnais. Donc forcément, l'histoire de mon grand père n'est pas la mienne. Mais souvent, j'ai été comparé à comme j'ai été comparé à mon parrain, comme j'ai été comparé à beaucoup, j'étais comparable à moi même. Mais mes parents? Effectivement, ils sont déterminants. Comme mon frère David, mon frère Aurélien qui, par leurs actions l'une dans l'autre, qui avait au moins volé une partie de sa jeunesse, a pu tourner le dos, ce qui était tout à fait légitime.

[00:37:47]

Ce n'est pas parce qu'on ne parlait que de vous et j'étais un peu devenu le point central et je sais avoir énormément fait souffrir les miens. Je crois que j'ai même fait souffrir mes ex-femme dont je parle. Elles ont eu à prendre des décisions par rapport à cette situation qui a mené, moi, dans le sillage qui était le mien dans mon histoire. Et j'ai pu, je ne suis pas partie tout seul dans ce voyage là. J'ai fusillé mon monde, mon père, pendant longtemps.

[00:38:10]

Il y a eu beaucoup de mal à vivre cette situation. Ma mère a gardé de l'énergie, mais qui a mis aussi beaucoup, beaucoup d'elle, mon frère qui a joué aussi un rôle très important. Mes deux frères, donc. Chacun y a essayé d'y aller de la sienne, mais sans vraiment savoir à quoi il avait affaire. C'était un fléau et on n'avait pas vraiment de gens qui nous expliquent. Et j'ai tendance à dire d'ailleurs aujourd'hui, dans le métier qui est le mien et dans toutes les investissements que j'ai, mais que je suis un peu devenu ce qui m'a manqué sur Twitter.

[00:38:34]

Marie-José dit l'alcool détruit les couples et les familles. D'accord avec ça. Vous comprenez vos deux femmes?

[00:38:42]

Bien sûr qu'aujourd'hui, quand je le vois de ma façon, je ne peux que valider l'idée que le fait qu'elle soit partie et que la vie avec moi n'était pas possible, c'est effectif. Mais si je reviens sur oui, ça détruit tout ce qui est autour de nous. C'est ça le problème. On ne part pas tout seul dans ce type de voyage en Allemagne.

[00:39:01]

Tout le monde, Lionel. Il faut qu'on parle de ce médicament parce que je me doute de ce que les gens ont pensé. Est ce qu'un médicament peut tout résoudre? Est ce que en deux secondes, mon mari qui picole s'y prend de la spirale? Ça va s'arrêter et son problème sera réglé.

[00:39:18]

Alors effectivement, Christophe, il faut bien revenir parce que j'ai été noté, en aucun cas. Donc, il n'y a aucune médication pour l'alcoolisme, même si jamais la pharmaceutique et les médecins aujourd'hui ont trouvé d'autres molécules. Elle est une molécule, certes, qui m'a aidé, moi, mais qui n'est en aucun cas thérapeutique aujourd'hui. Moi, dans ce que j'ai pu apprendre, c'est que seule une psychothérapie peut faire. Le médicament peut aider, la médecine peut aider lors du sevrage tout un tas de trucs, mais on n'a pas vraiment de réponse médicale.

[00:39:44]

Sadirac, c'est une maladie un peu singulière, comme le disait Fouquier, puisqu'elle nécessite l'implication totale du malade. Seul lui va pouvoir trouver un autre chemin. Cela dit, j'aime bien me promener, Sekou, de troquer, troquer son addiction contre des expériences émotionnelles correctrices. Un gros, souvent. Ce que je dis, c'est que ces hommes là, comme j'étais, sont des hommes qui sont pleins. On dit d'eux qu'ils sont pleins d'un coup. Il va falloir qu'ils arrêtent.

[00:40:06]

L'alcool donne du coup ce qu'ils sont vides. Que va t il falloir qu'ils se remplissent et du coup, on se remplit. Alors je me suis rempli, moi, de plein de choses indifférentes à la mort de mes gosses, l'attention que j'ai pu leur mettre à la guitare, à la lecture. Chacun son chemin. D'où le fait que je revienne sur l'idée que dans l'approche que je me fais de l'addiction, mais aussi de toute autre pathologie et autres malaises de vie.

[00:40:28]

C'est l'individu qui doit arriver à se sentir responsable de ça et à trouver son orientation parce que chacun de nous sait ce qui est bon pour lui. Et seul lui le sait donc. D'où le domaine d'expertise dans la relation à l'addiction. Pour moi, ce n'est pas la bonne. Il s'agit d'une collaboration. C'est le malade qui doit trouver ce à quoi il va pouvoir se réinvestir et ce en quoi il va quitter cet habit là. Des personnes alcooliques ou de sous addictions pour pouvoir trouver autre chose.

[00:40:54]

Et ça, lui seul sait ce qu'il va aimer. Et il va falloir qu'il s'occupe de plusieurs champs, pas que de son corps. Malheureusement, la réponse est souvent dans la pathologie. En France, c'est faire en sorte que le corps aille mieux. Mais on oublie que le psychologue psychologique aille mieux que le social, mieux que nos relations avec les autres, aille mieux que notre environnement est mieux, que notre éthique aille mieux. Et donc, il va falloir aller travailler sur plusieurs champs.

[00:41:19]

Et pour moi, quand on sort de l'addiction, c'est recouvrer la totalité des champs et pas une seule. C'est pas quand j'ai arrêté de boire que je suis allé mieux, Christophe Canned. Enfin, j'ai été dans mes baskets et j'étais convaincu que tous les champs étaient de nouveau bien remplis. Qu'on comprenne bien, c'est l'alcool qui vous avait vidé de tout ça ou vous étiez vide de tout ça et vous avez bu?

[00:41:42]

Non, je pense que j'étais déjà rempli de plein de choses. Je suis rentré dans l'addiction parfaite, parfait par part, bon vivant par l'épicurien, je redis j'ai une belle et une belle complicité avec cet alcool qui m'a apporté aussi du très, très bon troisième mi temps du foot du jour à Barjols, dans cette cité ouvrière. J'ai des souvenirs avec l'alcool qui sont merveilleux. C'est que justement, dans ce voyage là, c'est un peu aussi l'une des thématiques du livre, ce message de prévention.

[00:42:08]

C'est quoi, cette relation là qui, au départ, est très plaisante et traiterai? On va dire intégrer dans la société française peut se transformer en cauchemar. En gros, on pourrait dire que j'ai commencé mon voyage dans l'addiction par une croisière et j'ai fini par un naufrage. Mais la croisière, je ne l'ai pas oublié.

[00:42:25]

Le reste, c'est quelque chose de très agréable, la part la dedans culturel. Vous racontez extrêmement bien que le pastis, par exemple, qui a été un des premiers points d'accrochage de votre alcoolisme, vous était en quelque sorte suggéré par la culture du Sud complÃtement.

[00:42:44]

C'est à dire que chez nous, boire le Ricard, c'était quelque chose d'extrêmement bien perçu. Il y avait cette identité sudiste qui me tient encore aux basques aujourd'hui parce que j'aime à croire que la France est riche de ses départements et de ses régions et que c'est quelque chose qu'on a gardé. Donc, je fais passer un message aussi. L'identité départementale est pour moi quelque chose de fondamental dans notre pays. Vous êtes Varois, Varois et je respecte Total, les Bretons, les Nordistes.

[00:43:07]

C'est à dire que j'aimerais d'ailleurs que les élus l'entendent. Ce qui est beau dans ce pays, c'est cette multiplicité de départements et de cultures. Parce que c'est la culture du Sud qui vous encourage à boire d'une certaine manière le ricca sous qu'on boit au comptoir festive et conviviale, etc. Mais la vérité, c'est qu'on boit aussi à Besançon. On boit aussi à Nevers, qu'on boit aussi. Et dans la Manche. Et ainsi de suite. Exactement.

[00:43:32]

Et chacun est allé là où il est né de sa petite histoire. On sait désormais que les Geeti et la bière abaya, la drogue, l'alcool, plutôt la bière. Les Bretons vont aller dans la pole position. Vous allez voir les mecs des Châteauroux qui vont dans tel ou tel produit. À ce moment là, chacun y va de sa position. En tous les cas, on voit bien qu'il y a une Alco identifiée sur chaque département et qu'on a tous effectivement une histoire commune avec ce produit là.

[00:43:51]

La France est un produit qui s'alcooliser et qui est de culture alcoolique depuis des siècles et je continue à prôner l'idée qu'on doit le rester puisque c'est notre patrimoine, le vin et tout ce qu'on veut avec. Mais j'ai tendance à dire que c'est pas le temps chez Ferrero qu'il faut bouffer du couscous tous les jours. Ferrero, c'est le chocolat, mais ça peut être aussi. Sgarbi, c'est le couscous exactement. Dans l'idée, c'est arrêter de toujours taper sur le produit.

[00:44:13]

Le produit, certes, c'est ce qu'il est. On sait ce qu'il vaut, mais on peut avoir une consommation modérée. L'idée, c'est de vraiment essayer, de prôner et de mettre ce problème là un peu sur la table. On dit que c'est une priorité d'État. Ce n'est pas le cas dans la réalité du terrain. C'est pas comme ça qu'on le perçoit. C'est quelque chose d'extrêmement meurtrier. On n'a pas vraiment de réponse dans les départements, on se voile la face, on se voile la face comme comme sur beaucoup de choses, notamment sur les addictions, le français, et je pense à beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses à faire.

[00:44:41]

Comment ça s'est passé avec nos enfants? Ils sont porteurs de votre histoire. Évidemment, vous ne les avez pas beaucoup plus petit. Oui, vous vous êtes rattrapé. Vous nous avez dit ça tout à l'heure, un peu plus vieux. Quand vous êtes sorti de l'alcool, vous avez renoué avec eux et aujourd'hui, ils ont une place centrale dans votre vie. Il picole?

[00:44:59]

Oui, tous les deux. Et loin de moi l'idée de les empêcher de faire ça. Mais je suis toujours très vigilant par rapport à ce qu'ils ont à faire. Très, très, très regardant sur la manière dont ils utilisent ces produits très proches d'eux par rapport à ce truc m'étonne pas toujours parce qu'encore une fois, nul n'est prophète en son pays. Mais je pense qu'ils retirent quand même quelques trucs et je leur réviserait peut être peut être un voyage, un voyage négatif par rapport à ce truc, c'est à dire que picolé, festif, ça passe.

[00:45:32]

Ouais, enfin, c'est ça. C'est ça qu'il faut s'arrêter. Complètement facile, Défago, mariage gagnant et un match de foot, etc.

[00:45:39]

Du moment où cet alcool ne se transforme pas en défaite, on a vu combien de mariages ou de baptêmes qui étaient au départ partis sur de la chaleur humaine se former un bastons. Donc, on voit bien aussi tout ce que ça peut générer comme comportement fou qui arrive à disloquer les familles et les relations. Et tout ça. Donc, il faut être très vigilant quand on utilise ce produit là. Voilà ce que c'est que moi, je pense aujourd'hui. Ce n'est pas ne pas l'utiliser, c'est l'utiliser à bon escient, savoir à quoi il nous sert et éventuellement se prévenir de ses conséquences.

[00:46:07]

C'est d'ailleurs souvent ce que je dis, c'est qu'on ne prévient pas des consommations. On prévient la conséquence. J'ai jamais vu des gens qui ont des problèmes d'alcool. Ceux qui ont des problèmes avec les conséquences de l'alcool. Si jamais il n'avait pas de conséquence de cet alcool, personne n'aurait le problème. Donc c'est tout ce qui va induire qui va poser soucis. Merci, merci. Merci Lionel Barra d'avoir passé ce milieu d'après midi avec nous. Votre livre s'appelle Tournée Denfert.

[00:46:28]

Il doit pas être facile à trouver parce que vous dites votre éditeur est tout petit. Il s'appelle Au pays rêvé, l'éditeur. Vous l'avez écrit grinçant, dit sérieux.

[00:46:34]

Grâce à Internet, on peut retrouver des tas de choses partout, des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.